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Semestre : 3
Département : Langue et Littérature françaises
Professeur : Abdelouahed Hajji
Année universitaire : 2023/2024
Commentaire composé (2) /Acte IV, Scène 6
PHÈDRE
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Avec Phèdre, Jean Racine devient l’un des grands dramaturges du XVIIe siècle. Son
écriture est profondément inspirée par le classicisme, une tendance à l’ordre et à
l’équilibre. En ce sens, Phèdre respecte les règles du théâtre antique. C’est une pièce
de théâtre inspirée des grandes pièces de l’Antiquité. Elle met en scène les péripéties
d’un amour incestueux entre l’éponyme Phèdre, épouse du roi de Trézène, et son beau-
fils Hippolyte
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de l’interrogatoire révèle le caractère vulnérable de Phèdre, qui croit que les amours
d’Hippolyte et d’Aricie sont connues de tous sauf d’elle-même. Elle se fait ainsi passer
pour la victime d’un complot, une conspiration soutenue par le vocabulaire de la
dissimulation : « trompé mes yeux », « furtive ardeur », « séduire », « Dans le fond des
forêts allaient-ils se cacher ? ». L’histoire de Phèdre est une projection fantasmée.
La présence des verbes négatifs reflète l’état critique du personnage : « n’était qu’un
faible essai du tourment que j’endure ». De plus, il y a une antithèse entre la félicité des
amants et le désespoir de Phèdre. L’interjection « Hélas ! » souligne la désillusion de
l’héroïne, désillusion appuyée par la différence entre l’image idyllique de l’amour entre
les amants (Hippolyte et Aricie) et sa souffrance. Le bonheur et la légitimité de l’amour
du couple Hippolyte-Aricie sont soulignés par le lexique de la lumière : « jour » et
« clair ». L’évocation de l’aube suggère également le topos de la rencontre matinale
entre les amants. Ce tableau met l’accent sur la source du malheur de Phèdre : le
caractère interdit de son amour pour Hippolyte. L’amour d’Hippolyte pour Aricie, en
revanche, est légitime, comme l’expliquent les mots « pleine licence » et « innocence ».
Il s’agit d’un lexique positif qui reflète la sérénité de la relation.
Ce tableau harmonieux dressé par Phèdre lève le voile sur son désespoir, comme
l’illustre la dislocation du pronom tonique à l’initiale du vers « Et moi », qui marque la
rupture entre l’idylle d’Hippolyte et le malheur de Phèdre, malheur appuyé par
l’opposition : « Triste rebut de la nature entière ». Le jugement négatif porté par
l’adjectif exprimant une forte émotion négative souligne à bien des égards l’isolement,
et met en scène la culpabilité et le désir de pitié. En effet, ce jugement fait appel au
registre pathétique.
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L’antithèse entre le jour et la nuit reflète le caractère tragique de Phèdre. Si la lumière
définit l’amour d’Hippolyte et d’Aricie, la nuit renvoie à Phèdre. « Je me cachais au
jour, je fuyais la lumière ». Ce parallélisme met en évidence les éléments négatifs qui
donnent un sens négatif à l’évocation de la nuit, et expliquent la culpabilité de Phèdre.
Le triste tableau de la vie de Phèdre est aggravé par le champ lexical de la mort : « La
mort est le seul dieu que j’osais implorer ». Il s’agit de rendre compte du désespoir de
Phèdre par l’évocation de la mort. On note également la confusion des sentiments du
personnage. Son désespoir atteint son paroxysme lorsqu’elle évoque le bonheur des
amants.