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[NB/ Le terme « agonie » vient du grec ancien qui prend le double sens de « combat » et de
« concours ». L’agonie désigne donc la dernière lutte de la nature contre la mort et par
extension, l’état d’un mourant juste avant la mort. ]
Les deux expressions « une force singulière » et « dernier éclat de vie » qui ouvrent le 2e
mouvement marquent la détermination de R à posséder Pauline malgré son état. Les verbes
d’action et de volonté « jeta x2 » ; « brisa », « voulut », dont il est sujet soulignent la puissance
extraordinaire qui l’anime alors qu’il est aux portes de la mort. L’exagération de son transport
est également affirmée par l’hyperbole de son comportement : « jeta la porte à terre ». R ne
contrôle plus sa raison, ni ses gestes qui semblent le dépasser, et fait preuve d’un dernier élan
de force décuplée.
La détermination et l’énergie sont exacerbées par l’attitude de Pauline qui, en voulant se tuer,
offre en réalité un tableau extrêmement sensuel d’elle-même. En effet, les termes qui la
décrivent évoquent davantage une scène d’amour qu’une tentative de se donner la mort. Elle
se présente « à demi nue, se roulant sur un canapé », voulant « se déchirer le sein ». Plutôt que
d’apaiser la fureur de R, c’est l’inverse qui se produit, puisqu’elle attise d’autant plus le désir de
ce dernier. Son attitude semble lascive : elle se montre elle-même animée par une passion,
mais qui va à l’encontre de celle de Raphaël : « cheveux épars, épaules nues, vêtements en
désordre ». Pauline représente Thanatos, là où Raphaël aurait souhaité l’Eros. Cette envie de
Pauline trouve son aboutissement dans l’hyperbole « mille beautés » dont la proposition
subordonnée relative « qui augmentèrent son délire » vient rappeler l’effet produit sur le
mourant.
Cependant, R est avant tout sous l’emprise de la passion comme le souligne l’expression « ivre
d’amour ». Il ne semble plus contrôle ses actes : il se « jette », tel un animal, sur Pauline
devenue « proie », avec « légèreté », antithèse qui dénote le combat entre pulsion amoureuse
et volonté de vivre.
Enfin, le chp lex de la mort « prompte mort, s’étrangler, serrer le nœud, lutte avec la mort,
horrible désespoir » est intimement lié à la description sensuelle de Pauline : les deux idées
sont développées conjointement, révélant le combat entre le désir et la mort.
CCL/ Ce dénouement aux tonalités fantastiques autant que réalistes frappe le lecteur par sa
dimension théâtrale : la scène, pleine de cris et de fureur, mêle le désir à la mort, Eros à
Thanatos. Elle s’achève sur une lutte violente des héros contre eux-mêmes. La mort de R est le
point d’aboutissement de la thèse philosophique développée dans l’ensemble du roman : les
désirs, excessifs, épuisent l’énergie vitale et détruisent les hommes.