Vous êtes sur la page 1sur 2

Explication 3 

: « le poison »

Pour l’intro :
- Poème 49 de « Spleen et Idéal »
- Consacré aux « paradis artificiels » et à la femme – poisons permettant de supporter l’existence et de
transformer le spleen, le malheur, en moments heureux.
- Poème composé de 4 quintils qui alternent alexandrins et heptasyllabes

Projet de lecture : éloge paradoxal de poisons, qui ont le pouvoir d’embellir l’existence, mais restent
inquiétants et dangereux

Mouvements :
- Deux premières strophes : éloge du vin et de l’opium, « paradis artificiels »
- Strophes 3 et 4 : éloge de la femme
→ poème construit sur une gradation vers le poison le plus dangereux

Explication :

1) Premier mouvement :
 Strophe 1 : éloge du vin
 Pouvoir de transformation : cf verbes d’action
 Pouvoir d’embellissement cf antithèses renforcées par des hyperboles, assonance en
[u]
 Pouvoir magique : cf vers 3 – le vin stimule l’imagination (cf « portique fabuleux »)
et ouvre sur un ailleurs merveilleux – émerveillement, embellissement
 Description du vin : métaphore qui associe l’or et la couleur rouge, symboles de
richesse, couleurs chaudes qui reflètent la chaleur provoquée par le vin + bien-être
 Comparaison vers 5 : moment de bien-être, « ciel nébuleux » = brouillard, brumes,
enveloppement – action bénéfique du vin, de l’ivresse qui transforment la réalité –
hallucinations qui font quitter la réalité et transfigurent le monde de façon magique et
merveilleuse.
 Le choix de l’alternance alexandrin (vers pair) et l’heptasyllabe (vers plus court,
impair) crée une sorte de déséquilibre qui mime les effets de l’alcool ou de la drogue
dans les strophes suivantes

 Strophe 2 : éloge de l’opium


 Pouvoir d’agrandissement, d’ouvrir sur l’infini : cf verbes d’action (préfixe ad- vers)
+ hyperboles. Pouvoir de transgresser le réel (rendre possible l’impossible) cf
agrandir l’infini vers 6, 7 et 8. Pouvoir de dépasser l’angoisse (angustia) et les limites
de l’existence
 Voc. Abstrait : pouvoir plus mental et spirituel que physique (à la différence du vin)
 Ambivalence du poison + marquée que dans la première strophe (gradation de
dangerosité) cf verbe « creuser » porteur de connotations négatives, vers 9 oxymore +
sens négatif de la préposition « au-delà ».
 Décuple les capacités de l’ « âme, mais dangerosité

→ éloge du vin et de l’opium, deux « poisons » qui ont le pouvoir de transformer le monde et l’existence.
Etape supplémentaire strophes 3 et 4 : poison le plus nocif, et le plus puissant

2) Deuxième mouvement : consacré au pouvoir et à la dangerosité de l’amour, à travers l’évocation


d’une figure féminine.
 Strophe 3 : pouvoir des yeux de la femme
 La strophe commence par « tout cela ne vaut pas », qui consacre la supériorité de la
femme sur le vin et l’opium. S’adresse directement à la femme aimée cf déterminants
possessifs.
 Célébration des yeux de la femme : vers 12 répétition + yeux miroirs cf métaphore du
lac + « se voit à l’envers » → yeux de la femme aimée = miroirs de l’âme du poète →
âme sœur – yeux nourrissent l’imagination du poète cf « mes songes viennent en
foule » (hyperbole), impression de facilité du travail de l’imagination rendu par le
verbe « venir) + vbe « se désaltérer » = connotations positives – les yeux (et l’amour)
viennent combler un désir, un manque, une aspiration. Poison = vital – la femme agit
sur l’âme. Répétition de « tes yeux » exprime aussi l’avidité du poète à l’égard de ce
« poison »
 Mais insiste surtout sur les dangers des yeux : femme fatale. Association
métaphorique au poison (v. 11) + enjambement qui reflète écoulement du poison (v.
11 et 12). Dangers évoqués de façon métaphorique : «lacs » (risque de noyade »),
« gouffres amers » (vertige ». Image à l’envers = perte des repères, image troublée de
soi, perte d’identité ? « gouffre » = danger mystérieux, invisible, menace de mort

 Strophe 4 : pouvoir de la salive de la femme


 L’évocation de l’aspect délétère de ce poison se poursuit et s’amplifie dans la dernière
strophe. Cf répétition de « tout cela ne vaut pas » (= gradation encore). Morsure
évoque le serpent (v. 17). Salive = métonymie pour désigner la bouche, accentue
l’analogie avec le poison. Antithèse : « salive qui mord » souligne le caractère
paradoxal de ce poison. Relatives expriment les dangers de cette salive. Cf « plonge
dans l’oubli », + « vertige » + dernier vers – ivresse de l’amour qui conduit peu à peu
vers la mort. Effet non sur le corps, mais toujours sur l’âme, comme le vin et l’opium.
 Ambivalence marquée par oxymores et antithèses : vers 16, 17. « terrible prodige » =
hyperbole, pouvoir magique, femme ensorcelle l’homme, qui cède à ce désir malgré
son caractère mortel. Vertige rendu par l’enchaînement des propositions v. 18 à 20.
Mime un mouvement vers la mort. Salive = poison + baiser = ambivalence.
Ambivalence aussi de l’oubli (positif et négatif)

CCL : poème qui reflète le goût de Baudelaire pour les paradoxes. Le poison permet de fuir la réalité,
source de spleen, et de laisser entrevoir l’idéal ; mais il se révèle aussi destructeur. Poème représentatif de
l’alchimie poétique : transforme des drogues, nocives, en substances vitales ; mais en montre également les
effets pernicieux. Poème subversif aussi : amour mis sur le même plan que le vin et la drogue, femme fatale
et dangereuse.

Vous aimerez peut-être aussi