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Ebauche explication 2 (à compléter avec le commentaire)

« Une Charogne »
Baudelaire

Introduction à rédiger

Le poème Une Charogne est extrait du recueil Les Fleurs du mal de Charles Baudelaire.
Le poème fait partie de la section « spleen et idéal ».
    Dans ce poème, un couple en promenade tombe sur une charogne, qui devient le sujet
du poème de Baudelaire.

Problématique : Comment Charles Baudelaire, dans son poème Une Charogne,


pressent-il qu'au fond de la laideur peut germer l'ébauche de la beauté?

Strophe 1 
Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux :
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,

Baudelaire associe  la beauté et la mort . Dans la première strophe, on retrouve ce


mélange du beau et du laid avec les deux premiers vers qui sont mélioratifs : « ce beau
matin d'été si doux », alors que les vers 3 et 4 sont péjoratifs : « au détour d'un sentier
une charogne infâme ». « âme » qui désigne la femme aimée est opposée à « infâme » de
la même façon que « cailloux » est opposé à  «doux ». L'antithèse « soleil rayonnait sur
cette pourriture » et la comparaison d'une fleur avec une carcasse accentue encore une
fois la laideur et la beauté dans le but de montrer que les deux sont indissociables.

Stophe 2
Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.

Les associations de l'érotisme et de la mort (Eros et Thanatos) sont ici présentes


- Allusions à connotations sexuelles : « jambes en l'air, femme lubrique »
- « brûlante » -> double sens, celui de la fièvre qui conduit à la mort, mais aussi celui du
feu du désir.
- « son ventre » -> siège de la sensualité de la femme

Strophe 3

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,


Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint ;

Antithèse qui crée des chocs d'atmosphère et marque la distance ironique : « soleil
rayonnait sur cette pourriture »
Ironie du verbe « cuire » :déplacement vers le culinaire alors qu'on n'a pas faim devant un
tel tableau

Stophe 4 :

Et le ciel regardait la carcasse superbe


Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.

- Personnalisation du ciel ; le tableau devient spectacle devant l’oxymore « carcasse


superbe »
La comparaison avec la fleur renvoie au titre du recueil
Glissement à une lettre près de « s’épanouir » à « s’évanouir »

Strophe 5

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,


D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons

Le tableau de l'horreur
- Lexique de la vermine exagérément développé : « mouches, larves… »
- Réorganisation de la vie à partir de la matière de la mort comme le montre la métaphore
« noirs bataillons ».
Sorte de description hyperbolique.

Strophe 6

Tout cela descendait, montait comme une vague


Ou s'élançait en pétillant
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant

Gaieté ironiquement associée à ce monde de la décomposition : « en pétillant, vivait en se


multipliant » (paradoxe de la vie qui naît de la mort, effet presque surnaturel, renforcé par
étrange musique ») + « vivants haillons »
Les verbes de mouvements et la comparaison avec la vague rendent ce tableau vivant 

Stophe 7

Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,


Une ébauche lente à venir
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.

- Affirmation de la fonction de l'artiste par comparaison au peintre : il recrée une réalité


idéale à partir de l'ébauche que laisse le réel : « les formes s'effaçaient »… « l'artiste
achève » : son travail est celui de la reconstruction de ce que le réel détruit.
Trois dernières strophes :

Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,


A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !

Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,


Apres les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine


Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés !

Le faux éloge romantique, la vraie comparaison cynique

Le champ lexical de la femme aimée est très présent : «mon âme »(v1); « Etoile de mes
yeux, soleil de ma nature/Vous, mon ange et ma passion »(v39 et v40); « ô la reine des
grâces »(v41); « ô ma beauté »(v45). Le poète nous montre alors les sentiments forts qu'il
a pour cette femme. Lorsqu'il dit « Etoile de mes yeux, soleil de ma nature », il fait deux
métaphores sur les astres pour mettre en valeur la beauté de la femme. Il utilise les
adjectifs possessifs « ma », « mes », »mon », pour montrer l'attachement qu'il a envers
celle pour qui il écrit.
- Multiplication des apostrophes et des désignations romantiques et élogieuses, célébrant
la beauté de la femme, divinisée : « reine des grâces, soleil de ma nature, mon ange,
étoile de mes yeux » ? reprise des expressions traditionnelles.
- Mais tout ceci est en opposition au langage cru de la comparaison avec la charogne :
«  vous serez semblable à cette ordure…horrible infection ».Annonce de la mort :
memento mori (souviens-toi que tu vas mourir ) 
La charogne l’emporte sur la femme, le « je » sur le « vous » et le « nous »

Conclusion
La sublimation par l'écriture

- Valeur didactique du poème Une Charogne : il montre par l'exemple de cette description
de la charogne la technique qui est la sienne pour recréer la beauté à partir de la
décomposition. Il ouvre cette décomposition par des procédés hyperboliques
(exagérations des horreurs décrites) pour mieux expliquer son travail de recomposition par
l'écriture et la sublimation.
- Le poète reconstitue « l'essence divine » de ce que le réel, donc le temps, détruit : « les
amours décomposés » sont recomposés dans le poème et l'univers qu'il réinvente.

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