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TEXTE BAC 10 « 

Une Charogne » : développement de l’explication linéaire – plan semi-rédigé

Barrer dans l’annonce du plan de l’introduction le I) Le rappel du


souvenir d’une macabre découverte (strophes 1 à 4).

Dire à la fin de l’« unité du passage » : « le poème commence par le rappel


du souvenir d’une macabre découverte : celle d’un cadavre d’animal gisant
en plein air. Le passage que nous étudierons est situé après, à la strophe
5. »

Par conséquent, le II) L’évocation de l’animal en putréfaction (strophes 5


à 9) devient le…

I) L’évocation de l’animal en putréfaction (strophes 5 à 9)

1) Une animation du cadavre par le mouvement (strophes 5 et 6)


• Nouvelle actualisation de la vision par les démonstratifs (déjà présent au
vers 9) déterminants « ce ventre » v.17, « ces vivants haillons » v.20, « ce
monde » v.25 et pronom : « tout cela » v.21.
Spectacle paradoxal de la vie (cf images de génération). Transfiguration de
la laideur en beauté. La poésie redonne vie au cadavre. Sorte d’hypotypose,
tableau si vivant qu’il donne l’impression que l’objet est présent.
• Animation de la charogne :
verbes de mouvement: « bourdonnaient » (v.17), « sortaient » (v.18), « coulaient » (v.19),
« descendait, montait » formant une antithèse (v.21), « s’élançait » (v.22), « en se multipliant » (v.24)
registre épique avec au vers18 les « bataillons : image guerrière de la strophe 5 tout entière.
alternance alexandrins / octosyllabes qui mime ici flux et reflux des « mouches » et des
« larves », en position de rejet au v.19).
Spectacle total avec le bruit présent avec un son« pétillant » (v.22).
Comparaisons liquides : « qui coulaient comme un épais liquide » (v.19), « comme une vague »
(v.21), puis plus loin « comme l’eau courante » (v.26) = liquéfaction des chairs
Horreur soulignée par le rejet de « De larves » v.19 qui matérialise bien l’action de couler.
En outre, les deux strophes se closent sur l’idée d’une vie (paradoxale ici) : « vivait en se
multipliant » v.24 cf vers 20 « vivants haillons » : c’est bien la poésie de Baudelaire qui donne vie à
ce cadavre.

2) Une animation par les arts (strophes 7 et 8)


Baudelaire a recours au chp lex de l’art pour évoquer cette charogne à laquelle il veut conférer la
dignité d’objet poétique.
• C’est la « musique » qui est évoquée à la strophe 7 avec les rimes « musique » / « rythmique »
(V.25-27). Sonorités en [v] qui créent un mouvement musical (déjà aux v.17 à 20 : allitération en [v]
et au vers 13 en [s]) → cela crée une « étrange musique » (v.25)
Les monosyllabes à la rime « vent »/ »van » scandent également la strophe.
• La peinture est présente à la strophe 8 avec la métaphore filée créée par les expressions
« formes » (v.29), « ébauche » (v.30), « toile », « artiste » (v.31): Baudelaire dépasse le simple
réalisme (reproche du procès) pour aboutir à une vision onirique : « les formes s’effaçaient et
n’étaient plus qu’un rêve » : effet d’effacement, d’estompement.
Référence au genre pictural de la vanité, tableau caractéristique de la peinture baroque représentant
le caractère éphémère de la vie humaine par des objets tels que le sablier, le crâne, les fruits
pourrissants, les fleurs fanées...

3) Suite du jeu de regard : le point de vue de la « chienne » (strophe 9)


• Nouveau persg féminin : « une chienne » v.33 à la fois double de l’animal décomposé et double de
la femme (?). La diérèse porte certainement sur le mot « chienne », ce qui irait dans le même sens
que la référence à la « femme lubrique » (v.5) à laquelle fait penser cette charogne.
• Humour de cette strophe ? En tout cas, elle se situe dans la droite ligne de l’évocation des aspects
les plus infects de la carcasse dont la chienne commence à décomposer le « squelette » en
« morceau[x] » de viande. Le contraste avec la suite n’en est que plus fort.

II) La mise en garde du poète à la femme aimée et l’affirmation des pouvoirs poétiques
(strophes 10 à 12)

1) Mise en garde à la femme aimée (strophes 10 et 11)


• Décrochement énonciatif visible au tiret (v.37). Adresse à la femme aimée interpelée par le pronom
pers. « vous »
On reste dans la droite ligne du « morceau [que la chienne] avait lâché » (v.36) avec les vers 37 et
38 qui replongent le discours dans l’ « ordure » (v.37) et l’ « infectIon » (diérèse), mot du champ
lexical de la décomposition (« ordure » v.37, « infection » v.38, « moisir », « ossements » v.44,
« décomposés » v.48 – mots pour la plupart situés à la finale des vers).
Rupture de registre avec les vers suivants qui constituent un discours amoureux (ou plutôt fausse
rupture puisque le but de Baudelaire est, au contraire, de montrer la continuité entre la femme et la
carcasse).
• La femme est idéalisée par un vocabulaire très valorisant :
métaphores des astres au vers 39 (« Etoile de mes yeux, soleil de ma nature », formules
stéréotypées de la poésie galante)
vocatif lyrique « ô » aux vers 41 et 45 (poésie lyrique traditionnelle)
« Passion » employé au vers 40, support d’une diérèse en accentuant l’importance
Voir aussi les passés simples pleins de préciosité (v.1 et 16 : « nous vîmes » et « vous crûtes ») qui
rappellent les excès de cette poésie. Excès en effet car Baudelaire en fait trop ici et procède à une
PARODIE de discours galant. Pour preuves : les
rimes marquées par la présence de l’antithèse
« infection » / « passion » (v.38-40) avec une
DIERESE. Voir également les rimes
provocatrices « grâces » / « grasses » (v.41-43)
et « vermine » / « divine » (v.45-47).
• Mise en garde au futur de l’indicatif à valeur
prophétique* [= futur utilisé pour annoncer un
avenir inéluctable] : « vous serez » (v.37, 41),
« vous irez » (v.43), « mangera » (v.46) : la
femme deviendra à son tour un cadavre →
renouvellement du memento mori, expression
latine signifiant « rappelle-toi que tu vas mourir ».
Les connecteurs logiques donnent de la force et de la conviction au propos : « et pourtant » (v.37),
qui marque la fin de la distance de la femme avec le cadavre, ou « Alors » (v.45). L’adverbe « Oui ! »
(v.41) renforce encore cette prise de position forte d’un poète en position de supériorité. Celui-ci
renvoie la femme aimée à sa nature mortelle.
Pourquoi ce renouvellement du memento mori ? Pas de carpe diem, adage du poète latin Horace
conseillant de cueillir le jour comme dans « Remords posthume », autre poème du recueil (à lire).

2) Affirmation des pouvoirs poétiques (strophe 12)


Le caractère mortel de la femme – et des autres hommes – fait ressortir le pouvoir d’immortalisation
du poète.
Affirmation d’une personnalité (pronom personnel « je » au vers 47) isolée du reste de l’humanité. Au
futur mortel qui attend la femme s’oppose le passé composé du poète qui vient de finir son poème.
C’est à la dernière strophe que la 1ere personne apparaît avec un poète qui affirme avoir gardé trace
de « [s]es amours décomposés », à savoir de la femme vouée à la pourriture, mais sauvée in
extremis par les pouvoirs poétiques. C’est aussi grâce à la poésie que le rappel du moment vécu est
possible, moment qui sera conservé pour la postérité jusqu’à nous.
Jubilation de la ponctuation expressive [ !] du dernier vers ?
Le poète, comparable à Dieu, conserve l’ « essence divine » : pouvoir de création, de régénération
qui l’égale à Dieu.

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