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SPLEEN IV -LES FLEURS DU MAL-

Charles Baudelaire
xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxCharles Baudelaire

Introduction:
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Publié en 1857, Les Fleurs du Mal possède une première partie intitulée "Spleen et
Idéal". Le titre, oxymorique tout comme celui du recueil, pointe les deux
tendances par lesquelles Charles Baudelaire, poète français du XIXème siècle, se
sent attiré.
"Spleen IV" est un poème issu de cette partie et s'inscrit dans une série de poèmes
consacrée à la mélancolie. Le poème évoque une lutte tragique et inégale entre
deux allégories: l'Espérance et l'Angoisse dans une crise radicale dont l'issue est
fatale puisque c'est l'Angoisse qui gagne.

Je vais procéder à la lecture du poème:


Nous pouvons constater que le texte se divise en xxxxxxxxxxxxxxxxxxxC
2 mouvements:
I. L'installation du Spleen (3 premières strophe)
II. La crise intérieure et la défaite de l'âme du poète (strophes 4 et 5)
Tout au long de cette analyse nous essayerons de répondre à la problématique
suivante:
Quelle vision du monde Baudelaire nous donne-t-il à voir dans ce poème?
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I. L'installation du Spleen
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- Le poème commence par poser le cadre temporel d'un univers inquiétant à


travers la conjonction de subordination "quand" (v.1)
- La première strophe évoque une sensation d'écrasement, d'étouffement, par le
biais de la comparaison "comme un couvercle" (v.1) qui donne l'impression du
rapetissement du ciel souligné par les adjectifs épithètes "bas et lourd" (v.1)
- L'enjambement entre les vers 1 et 2 renforce le poids de la préposition "sur"
(v.2), ce qui accentue la sensation d'oppression du couvercle
- Grâce au présent de vérité générale des verbes comme "verse" (v.1) le lecteur se
sent concerné par cette narration, renforcé par l'article défini "l'esprit" (v.2)
qui cherche à universaliser le processus d'identification
- Le "cercle" (v.3) évoque le cercle des Enfers où l'on trouve les âmes des damnés.
Par analogie, ici c'est la réalité qui est devenue un Enfer.
- La figure du cercle n'offre aucune échappatoire: le poète est enfermé
- Avec l'anaphore de la conjonction "quand" (v.5) nous comprenons que nous
sommes rentrés dans une deuxième étape de la montée de l'angoisse, du spleen
- "l'Espérance" (v.6) ici est personnifiée et comparée à une chauve-souris, ce qui
nous donne une vision menaçante de cette allégorie
- Les lignes verticales et horizontales dessinées par les "murs" (v.7) et le "plafond"
(v.8) désignent un espace totalement clos dans lequel le poète est confiné
- Ainsi, la troisième étape de la montée de l'angoisse est marquée par la
troisième anaphore de "quand" (v.9) qui est nouvelle source d'inquiétude
- On pourrait penser que, lorsque le poète écrit "immenses traînées" (v.9) et "vaste
prison" (v.10), l'espace s'agrandit, mais c'est le contraire qui se produit.
L'enfermement s'accentue et devient inéluctable. Depuis le "cachot", la situation
s'est aggravée
- Après la chauve-souris, ce sont maintenant les "araignées" (v.11) qui complètent
ce bestiaire des animaux inquiétants. Elles renvoient au silence ou la solitude
et sont ici qualifiées d'"infâmes" (v.11)
- Puis, le verbe semi-auxiliaire "vient (tendre)" (v.12) indique l’éminence de la
capture, de la fatalité à laquelle on ne peut échapper
II. La crise intérieure et la défaite de l'âme du poète
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- La quatrième strophe introduit une coupure brutale dans le récit avec le


connecteur temporel "tout à coup" (v.13) et des sons très marqués qui rompent
le silence comme l'"hurlement" (v.14)
- Les "cloches" (v.14) font référence au poème "La cloche fêlée" où l'objet
représente la voix du poète qui n'arrive plus à s'exprimer
- Au vers 16, toute notre attention est portée sur l'adverbe "opiniâtrement" (v.16)
qui occupe tout le deuxième hémistiche. Ce mot permet d'allonger ainsi la plainte
entendue dans la première partie du vers. D'ailleurs, la diérèse nous oblige à
marquer le [i] central du mot qui montre une tonalité de complainte
- Lors de la cinquième strophe, les bruits ont disparu comme l'indique la double
négation "sans tambours ni musique" (v.17). On constate un retour au silence, à
la mort.
- Cela renvoie à l'expression "sans tambours ni trompettes" puisque, en effet,
l'espoir est vaincu. Le combat opposant l'espoir et l'angoisse est terminé
- Il existe un déséquilibre très net entre l'Espoir et l'Angoisse. Tandis que "l'Espoir"
(v.18) est placé en contre-rejet, "l'Angoisse" (v.19) possède de nombreuses
expansions du nom avec des mots longs. Cela indique que la victoire de
l'Angoisse est inévitable
- Lorsque le poète écrit "mon crâne" (v.20), il avoue sa défaite. Une défait qui est
totale
- Finalement, lorsque l'Angoisse "plante son drapeau noir" (v.20) suggère une
image très cruelle avec le retour de la couleur noire
- C'est la mort qui clot le poème, renvoyant au spleen comme une boucle
emprisonnant le poète

Conclusion:
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Il serait naïf de réduire le Spleen à la simple conséquence des conditions


météorologiques orageuses évoquées au début du poème. Le rétrécissement de
l'espace, cette angoisse sourde, est pour Baudelaire l'image même de notre
condition sur terre: nous sommes dans la boue.
L'élan de l'Espoir est voué à l'échec, même s'il tente une lutte inégale contre une
fatalité écrasante, inhérente à la condition humaine mais décrite de plus en plus
personnellement à mesure qu'on se rapproche de la fin. Il s'agit sans doute d'un
poème opposé à "Élévation" où Baudelaire décrit l'Idéal, opposé au Spleen.

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