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3éme poème : « Demain, dès l'aube » 

 
Le 4 septembre 1843, lors d'une promenade en barque sur la Seine, Léopoldine, fille aînée de Victor
Hugo, se noie avec son mari près de Villequier. Dans les contemplations, recueil autobiographique
publié en 1856, durant son exil sur les îles anglo-normandes, le chef des file des Romantiques
évoque cette stratégie, il la présence comme la douloureuse rupture entre les 2 étapes de son œuvre,
« Autrefois » et « Aujourd'hui ». Le poème élégiaque « Demain dès l'aube » figure dans le livre
quatre, qui est intitulé « Pauca meae » (« quelque vers pour ma fille »). Ce livre est consacré à la
disparition de Léopoldine, au deuil, et à la souffrance du poète. Composé de trois quatrain écrits en
alexandrins, le poème évoque un pèlerinage sur la tombe de Léopoldine. VH la date de la veille du
quatrième anniversaire de l'accident qui a coûté la vie à sa fille. Pour analyser ce poème, nous allons
nous demander comment VH rend hommage à Léopoldine. Le premier quatrain se présente comme
une déclaration d'amour ; dans la seconde strophe, le poète se renferme, accablée par la douleur ; le
dernier quatrain permet à VH d'apaiser sa douleur en domestiquant le deuil 
 
1 er quatrain : Le premier quatrain évoque un départ du poète 
Le vers 1 évoque l’avenir proche. 
Le premier alexandrin repose sur une énumération de CCT 
qui évoque tous un horaire matinal. La périphrase « l’heure ou blanchit la campagne » désigne 
l’aurore. Ce moment de la journée est associé à la nouveauté, à la naissance et marque peut-être un 
nouveau départ pour le poète. Le rythme ternaire de ce premier vers souligne l’importance de ce 
moment pour Victor Hugo. 
Le vers 2 évoque un projet de voyage. 
Le poète emplois le pronom personnel « Je » pour se 
désigner. Le poème a donc une dimension autobiographique. Victor Hugo à le projet de se déplacer 
et ce projet est mis en valeur par la formule « je partirais » placer en rejet. Le verbe de mouvement 
« partir » est conjugué au futur simple. Il traduit la volonté du poète de mener à bien son projet. 
L’enjambement du vers 1 au vers 2 montre que rien ne l’arrêtera. Victor Hugo s’adresse à un être 
cher qu’il tutoie. Il interpelle cette personne et crée l’illusion d’un dialogue avec la formule « vois- 
tu ». L’alternance de la première et de la deuxième personne du singulier souligne les liens très 
étroits qui unissent les deux êtres. Le présent de certitude « sait » indique que la personne aimée est 
impatiente de retrouver le poète. 
- Le vers 3 traduit la détermination du poète grâce à l’anaphore du verbe « aller » conjuguer 
au futur. 
Le poète est prêt à franchir tous les obstacles que la nature mettra sur sa route. Ce vers 
peut rappeler un poème d’amour courtois. Le rythme binaire annonce ici le long chemin que devra 
parcourir le poète. Il insiste sur la durée du trajet et sur sa difficulté. Le poète devra faire un long 
cheminement dans son esprit pour surmonter les épreuves. 
- Le vers 4 montre l’impatience du poète à retrouver la femme/l’être cher qu’il a interpeller 
dès le vers 2. 
Dans ce vers 4, les pronoms personnels « je » et « tu » sont de nouveau étroitement 
associés. La négation traduit la douleur de la séparation et l’emplois du présent laisse penser que 
Victor Hugo s’adresse à un proche encore en vie. 
 
Ce premier quatrain donne l’impression que le poète part dans une quête amoureuse et qu’il va 
rejoindre l’être aimé. 
 
2 ème quatrain : Le deuxième quatrain évoque la tristesse et la souffrance, le poète est plongé 
dans une méditation tragique. 
Le vers 5 nous présente le poète, ressemblant à un ermite. 
Il poursuit son chemin comme l’indique le verbe de mouvement « marcherais » mais il se coupe du
monde extérieur. On relève la métaphore « les yeux fixés sur mes pensées ». Victor Hugo, entre
donc dans une démarche de méditation comme le souligne la rime intérieure entre les mots « fixés »
et « pensées ». 
Dans le vers 6, le poète effectue un repli sur soi. 
Le champ lexical qui domine est celui des sensations mais tous les mots de ce champ lexical sont
associés à des négations. On relève 
l’anaphore de l’anaphore « sans », le pronom indéfinis « rien » et le déterminent indéfinis « aucun ».
Le poète reste insensible au monde qui l’entoure. Il ne perçoit plus rien, ni par la vue, ni par l’ouïe.
Ce repli sur soi traduit la souffrance (registre pathétique). 
Le vers 7 est construit sur une énumération qui exprime la douleur du poète. 
L’adjectif qualificatif « seul » est mis en valeur au début du vers. Il insiste sur l’isolement du poète.
L’adjectif qualificatif « inconnu » montre que Victor Hugo ne se reconnais plus lui-même. Il semble
avoir perdu sa personnalité à cause de la solitude et du chagrin. L’expression « le dos courbé »
rappelle la posture d’un personnage tragique, écrasé par un lourd fardeau. La formule « les mains
croisées » fait penser à une prière ou à une méditation, à un repli sur soi. 
Le vers 8 nous plonge dans un univers sombre. 
L’adjectif qualificatif « triste » est mis en relief au début du vers. Il souligne à nouveau le chagrin du
poète. On repère une antithèse entre les mots « jour et nuit » or, le poète a choisi d’associer ces deux
mots dans une comparaison paradoxale. Il montre ainsi qu’il évolue dans un univers morose, plus
rien ne vient égayer son existence. 
 
Le rythme des vers 7 et 8 est irrégulier, saccadé, comme si le poète peinait à avancer. 
Le cheminement de Victor Hugo est donc long et complexe. 
 
3 ème quatrain : le troisième quatrain correspond à l’arrivée du poète à destination, c’est la fin de
son cheminement. On comprend dans ce dernier quatrain que le poète est en deuil. 
 
On retrouve une phrase négative au vers 9 et 10. C’est une double négation avec la conjonction de 
coordination « ni ». elle évoque encore le chagrin et le repli sur soi. 
- Au vers 9, la métaphore l’heure du soir désigne le coucher du soleil, le crépuscule, et donne 
un caractère fantastique à ce moment de la journée. 
Victor Hugo semble de nouveau sensible à la beauté des paysages. On constate donc une évolution
dans l’attitude du poète. 
Au vers 10, le monde extérieur semble rappeler le poète à la vie. 
La synecdoque « les voiles » désigne les bateaux qui prennent la mer. Cette figure de style appelle
au dépaysement et à l’évasion mais, le nom « Harfleur » (ville de Normandie situé près du Havre
non loin de l’endroit où Léopoldine s’est noyée) est associé à des souvenirs douloureux du poète. 
- Au vers 11, le poète atteint sa destination comme le montre la subordonnée circonstancielle de
temps « quand j’arriverais ». 
Dans le second hémistiche, c’est la première fois que Victor Hugo évoque clairement la mort. Le
nom commun « tombe » désigne la sépulture de sa fille Léopoldine. Le lecteur comprend alors que
Victor Hugo va se recueillir sur le tombeau de sa fille Léopoldine. Son projet de voyage était donc
un pèlerinage. Le poète à jouer sur la polysémie du mot « tombe » qui est associé à la fois au couché
du soleil (premier quatrain) et au tombeau de sa fille (et sur la polysémie du mot « voile » qui
désigne ici les bateaux mais qui peut aussi désigner un vêtement de deuil). 
- Le vers 12 évoque une offrande. Victor Hugo rend hommage à sa fille en fleurissant sa 
tombe. 
Le houx vert symbolise l’immortalité, l’éternité. Le poète ici cherche à immortaliser le 
souvenir de Léopoldine. Le mot « fleur » permet de terminer sur une note d’optimisme. 
 
Dans ce dernier quatrain, les rimes riches donnent de la musicalité aux vers en hommage à 
Léopoldine. Ce poème est donc une élégie (= chant de deuil qui accompagnait les obsèques). 
 
Conclusion : 
 
Victor Hugo à composer un poème à chute qui amène les lecteurs à relire les vers pour les 
comprendre et les interpréter. Il a choisi un lyrisme simple et familier pour rendre hommage à sa 
fille. Ce poème montre que Victor Hugo à réussit à mettre des mots sur sa souffrance et à
apprivoiser 
sa douleur. Le travail de deuil est présenté comme un long cheminement intérieur. 
1. Dans d’autres poèmes du livre « Pauca Meae », c’est l’évocation de souvenirs heureux 
qui permettent au poète d’apaiser sa douleur. On peut par exemple mentionner le 
poème « elle avait pris ce pli » 
2. Ce poème est l’un des plus célèbre de la littérature française à été mis en musique par les 
Frangines. 

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