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Analyse complète Texte 10

Demain dès l’aube

Introduction :
Victor Hugo → Chef de file du romantisme → 1856 → Les Contemplations → recueil →
Léopoldine et son mari → 1843 → noyés dans la Seine.
2 parties → « Autrefois » → Avant la mort de sa fille ainsi que sa jeunesse.
« Aujourd'hui » → Après la mort de Léopoldine et le deuil du poète.

Ecrit en 1847 → « Aujourd’hui » → Livre quatrième → « Pauca mæe »


Dans ce poème, Hugo va se recueillir au tombeau de sa fille, comme il le fait à chaque
anniversaire de sa mort et y va déposer des fleurs.

Problématique :
- En quoi ce poème apparaît-t-il comme un poème lyrique ?
- Comment Victor Hugo transforme-t-il cette évocation du deuil en prière et en
hommage à sa fille ?
- En quoi ce poème reflète-t-il les émotions du poète ?

Plan :
1. 1er quatrain → Un poème d’amour en apparence.
2. 2ème quatrain → Une méditation tragique.
3. 3ème quatrain → Le deuil.

Développement :
1. Un poème d’amour en apparence. (1er quatrain)
« Demain dès l’aube... » (v.1) → 3 C.C.T → évoquant l’avenir.
Le verbe « blanchit » (v.1) → suggère la nouveauté, la naissance.
« Je partirai. Vois-tu, je sais... » (v.2) → Rejet : « Je partirai » → La résolution du poète à
franchir les obstacles : « la forêt » (v.3) ; « la montagne » (v.3) comme dans un poème
d’amour courtois.
L’incise : « Vois-tu » → Illusion d’un dialogue → renforcé par l’alternance de la première et
deuxième personne : « je/tu ».
« J’irai par la forêt... » (v.3) → Anaphore → renforce l’idée que le poète est déterminé.
Champ lexical de la nature : « campagne » (v.1) ; « forêt » (v.2) ; « montagne » (v.2) → Crée
un espace naturel et romantique.
« Je ne puis demeurer... » (v.4) → Négation → Phrase d’amour → Il ne peut pas vivre sans
elle.
Alexandrin → Tétramètre à débit régulier qui fait penser au style galant.
Victor Hugo donne l’impression qui va à la rencontre de sa bien-aimée.

Présence de « je » (v.2-3-4) + présence de la nature → propre au romantisme.

Transition :
Nous avons vu que ce poème apparaît comme un poème d’amour, nous
analyserons dans le prochain quatrain la méditation tragique du poète.

2. Une méditation tragique. (2ème quatrain)


Champ lexical de sensation : « les yeux » (v.5) ; « voir » (v.6) ; « entendre » (v.6) ; « bruit »
(v.6) → la plupart précédés de propositions exprimant la négation : « sans rien voir » (v.6) ; «
sans entendre » (v.6) ; « aucun bruit » (v.6) → comme un ermite, le poète se ferme au
monde extérieur.
Victor Hugo adopte une posture tragique de repli sur soi : « les yeux fixés sur mes pensées »
(v.5) ; « le dos courbé » (v.7) ; « les mains croisées » (v.7) → met en valeur la solitude du
poète.
Anaphore : « Sas rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit » (v.6) → renforce l’idée
qu’il se renferme sur lui.
Rythme des vers 7 et 8 irréguliers : « Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées » (v.7)
(1/3/4/4) et « Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit » (v.8) → met en valeur les
rejets : « Seul » (v.7) et « Triste » (v.8) → montrant un héros tragique, victime de la fatalité
d’un destin funèbre.
« dos courbé » (v.7) → La lourdeur du personnage tragique écrasé par le poids de la fatalité.
Absence du pronom personnel « tu » → Plus de dialogue.
« et le jour sera pour moi comme la nuit » (v.8) → Comparaison entre le jour et la nuit →
Dimension élégiaque.
La réversibilité entre le jour et la nuit souligne le basculement dans un univers sombre et
tragique. Enfin, il est insensible à la beauté de la nature qui l’entoure, qui est pourtant une
préoccupation romantique.

Transition :
Nous avons analysé la méditation tragique du poète dans ce quatrain, nous
étudierons, dans ce dernier quatrain, le deuil du poète.

3. Le deuil. (3ème quatrain)


« Je ne regarderai ni l’or... » (v.9) → Métaphore → « or du soir » → désigne les étoiles →
donne un caractère magique à ce pèlerinage.
Accumulation de négations : « Je ne regarderai...vers Harfleur, » (v.9-10) → Renforce l’idée
de tristesse et de repli sur soi.
« Ni les voiles au loin... » (v.10) et « Et quand j’arriverai... » (v.11) → Victor Hugo joue sur la
polysémie des termes : « tombe/tombe » (v.9-11) → qui désigne le monument funéraire.
« les voiles » (v.10) → Métonymie → qui évoque le voyage mais également le vêtement du
deuil.
Ainsi, les mots sont réversibles : ils disent la vie et en même temps la mort.

Le substantif : « tombe » (v.11) → nous sort définitivement de l’ambiguïté lexicale pour ne


représenter que le monument funéraire de Léopoldine → Créant ainsi une chute.
« Le bouquet de houx vert... » (v.12) → Derniers vers évoquant l’idée d’un renouveau : «
houx vert » → Symbole de l’éternité.
Enfin, la richesse des rimes « tombe/tombe » (v.9-11) ; « Harfleur/fleur » (v.10-12) et les
effets de rimes internes : « j’arriverai/mettrai » (v.11) et « houx vert/bruyère » (v.12) →
donnent une dimension musicale comme si Victor Hugo préparait une prière.

Conclusion :
Ainsi, ce poème semble annoncer les retrouvailles entre deux vivants, se suit une méditation
tragique du poète, il passe à la négation de la tragédie et se termine par une chute enlevant
toute ambiguïté sur le voyage du poète qui est de se recueillir à la tombe de sa fille. Ce
poème au registre lyrique rassemble les caractéristiques du Romantisme : énumération du
paysage, solitude et méditation du poète au sein de la nature et de l’expression de ses
sentiments. Dans d’autres poèmes du livre « Pauca meæ », comme le poème « Elle avait pris
ce pli » où Hugo évoque avec pudeur de la douleur du deuil.

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