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LE CRAPAUD -LES AMOURS JAUNES-

Tristan Corbière
xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxCharles Baudelaire

Introduction:
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Affligé d'une faible constitution rachitique, laid et tuberculeux, Tristan Corbière,


poète français du XIXème siècle se montre particulièrement excentrique, tant dans
sa vie que dans ses oeuvres.
Dans son recueil Les Amours jaunes, il cultive les images du laid et le goût du
paradoxe.
Quant au poème "Le Crapaud", nous pouvons constater qu'il a une forme
surprenante. Il s'agit d'un sonnet à l'envers, mais qui semble respecter en partie
certaines règles.

Je vais procéder à la lecture du poème:


Nous pouvons constater que le texte se divise en xxxxxxxxxxxxxxxxxxxC
2 mouvements:
I. Un cadre fantastique (tercets)
II. Le Crapaud (quatrains)
Tout au long de cette analyse nous essayerons de répondre à la problématique
suivante:
En quoi cet anti-sonnet transforme-t-il la laideur en objet poétique?
bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbxxxxxxxxxxxxxxxxx

I. La mise en place de l'anecdote


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- Dans ce premier vers, Corbière nous présente une atmosphère étouffante à


travers la négation lexicale "Un chant dans une nuit sans air" (v.1) renforcé
par les points de suspension, malgré la peinture d'un cadre idyllique et le cliché
de la promenade amoureuse
- Dans le cadre naturel initialement évoqué, l'image de "La lune plaque en métal
clair" (v.2) est surprenante. Ceci est du à la juxtaposition d'éléments
fantastiques et l'ambigüité du mot "plaque"
- D'autre part, le troisième vers suggère que la nature n'est plus accueillante
dont l'antithèse "Les découpures du vert sombre" (v.3) souligne l'étrangeté du
décor
- Nous pouvons constater que le chant devient l'unique préoccupation du poète
grâce à la comparaison "...Un chant; comme un écho, tout vif" (v.4). Il se répète
et remplit la nuit comme le montre l'anaphore du mot "chant"
- Le champ lexical de la mort avec des phrases telles que "Enterré, là, sous le
massif..." (v.5) souligne le mystère qui entoure ce chant enterré, comme s'il se
cachait
- Le poète s'est approché et il se tait pour écouter comme l'indique les points de
suspension: "Ça se tait: Viens, c'est là, dans l'ombre..." (v.6). L'emploie de
l'impératif nous révèle qu'il s'adresse à quelqu’un mais on ignore qui
l’accompagne
II. Grandeur et maladresse
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- Le premier quatrain montre deux réactions différentes, comme l'indique la


multiplication des tirets devant le crapaud dont une est apeuré comme le
montre les exclamations: "-Un crapaud! - Pourquoi cette peur" (v.7)
- Maintenant que le mot "crapaud" a été dit, le son [oi] se multiplie à travers
l'assonance en [oi] de mots tels que "Pourquoi" (v.7), "moi" (v.8), "vois" (v.9) ou
"froid" (v.13), mimant le coassement
- Le poète vise à ouvrir les yeux de la femme à travers l'impératif "vois-le" (v.9)
afin de lui faire une leçon sur le crapaud
- Lorsque le poète écrit "sans aile" (v.9), nous pouvons penser qu'il fait allusion à
Baudelaire. Chez ce dernier, l'idéal prend souvent la figure d'un envol. Ici, le
poète ne peut atteindre l'idéal puisqu'il est enfoncé dans le sol mais il a la
faculté de chanter
- L'oxymore "Rossignol de la boue" (v.10) nous indique que le poète, ce rossignol,
est voué au malheur, il reste dans la boue. Cependant, cette dernière évoque le
pouvoir du poète lorsqu'on pense au vers de Baudelaire: "Tu m'as donné ta boue
et j'en ai fait de l'or"
- Dans le deuxième quatrain, la métaphore "oeil de lumière" (v.12) fait référence
au poète voyant, au poète déchiffreur de mystères. Le crapaud est considérable
comme voyant puisqu'il éclaire l'obscurité
- Méprisé, inadapté au monde dans lequel il vit, le crapaud-poète s'exclut du
monde. Il semble se condamner à mort comme le suggère l'image: "froid, sous sa
pierre" (v.13)
- Le poète ne semble pas avoir convaincu sa compagne, d'où l'addition d'une ligne
de points. Il y a plusieurs interprétations possibles mais dans tout les cas, la
communication est rompue
- La chute du poème avec "Bonsoir-ce crapaud-là c'est moi" (v.14) assimile
explicitement le crapaud au poète. Les tournures présentatives prouvent queue
le poète s'identifie au crapaud horrible et effrayant du poème

Conclusion:
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Malgré tout, le crapaud est en quelque sorte valorisé. D'abord, parce qu'il est au
centre de l'attention. Ensuite, parce qu'il est porteur d'une certaine beauté, une
beauté cachée, intérieure qu'il voit et produit le Beau. Peut-être même le crapaud
est-il d'autant plus beau qu'il se dérobe au regard du commun des mortels, que sa
beauté est rare.

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