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Chant I
Chant I
Portes ouvertes sur les sables, portes ouvertes sur l’exil,
Les clés aux gens du phare, et l’astre roué vif sur la pierre du seuil :
Mon hôte, laissez-moi votre maison de verre dans les sables…
L’Eté de gypse aiguise ses fers de lance dans nos plaies,
J’élis un lieu flagrant et nul comme l’ossuaire des saisons
Et, sur toutes grèves de ce monde, l’esprit du dieu
fumant déserte sa couche d’amiante.
Les spasmes de l’éclair sont pour le ravissement des Princes en Tauride.
Analyse et interpréta4ons
« Portes ouverte sur les sables, portes ouvertes sur l’exil, ».
Nous constatons que dans ces deux octosyllabes, il y a un parallélisme parfait, et qu’un seul mot diffère de
l’un à l’autre : c’est le passage des « sables » à « l’exil ». Un rapport d’égalité se crée entre la notion de sables
et le concept ou la situation d’exil.
Ces deux mots sont situés exactement à la même place, à la fin de chaque octosyllabe. Ainsi les deux énoncés
semblent vouloir dire la même chose. C’est aussi l’exemple du passage d’un concret « sable » à un abstrait «
exil ».
« Portes ouvertes » : ces deux termes nous font penser à Janus Bifrons, cette divinité romaine qui avait deux
faces. En effet, selon la tradition romaine, les portes du temple de Janus étaient fermées en temps de paix, et
ouvertes en temps de guerre. Nous pouvons donc supposer que Saint-John Perse a voulu, dès l’ouverture de ce
poème, situer le contexte historique, avec les conséquences que ce contexte a eu pour lui : l’Europe vit à
l’heure de la seconde Guerre Mondiale, et Alexis Saint-Léger Léger a dû fuir, s’exiler.
Saint-John Perse récupère, en ce sens, cette image antique
susceptible à d’autres interprétations[1].
Cela peut donc tout aussi bien renvoyer à Janus, qu’indiquer par
exemple les débuts d’une nouvelle vie (« les portes sont ouvertes
devant moi, sur la vie… ») : Il y a tout un champ du possible…
l’image de l’été de gypse fait allusion à la structure du gypse dont les cristaux blancs, opposés en
sens inverse, présentent la forme du fer de lance . Le gypse de fer de lance est le cristal naturel de
gypse formé par deux losanges de cristaux rassemblés pour composer une pointe de lance
ceFe image indiquait la chaleur de l’été qui, associée au soleil, meFent à vif les blessures de l’exilé
l’image de fer de lance fait penser à Apollon qui perce de flèches ceux qui doivent mourir
Le gypse est une espèce minérale composée de sulfate hydraté de calcium, de formule chimique
« fers de lance » :Élément le plus dynamique ou actif d'un groupe. (Par extension) Celui qui est le plus
représentatif. Être le fer de lance d'une organisation.
Origine : Au XIVe siècle, "le fer de lance" désignait la pointe métallique placée au bout d'une lance. Cette dernière
permettait, envoyée assez fort, de transpercer de nombreux ennemis au cours de la bataille, et donc de faire de
nombreux dégâts en préparation de l'arrivée du reste des troupes.
En ce qui concerne “nos” dans “ fers de lance dans nos plaies” pourrait expliquer les
souffrances de Perse exilé mais aussi celle de ses compatriotes représentants d’un pays en
guerre, d’un pays meurtri
un sen4ment de solidarité semble se dégager de “nos”
on pourrait relever aussi un certain paradoxe entre le partage des souffrances des autres et
l’éloignement du poète
j’élis un lieu flagrant et nul comme l’ossuaire des saisons
noter le cumul des connaissances de Perse aussi bien scien4fiques que lexicales
j’élis un lieu flagrant et nul cons4tue un axe syntagma4que inaFendu, le poète nous informe qu’il
a choisi de vivre dans un endroit où il fait très chaud , lieu désert; aussi dépouillé que l’ossuaire
des saisons
la comparaison est insolite, la comparaison porte sur la totalité du verset
ossuaire des saisons fait allusion à la page jonchée de débris (épaves, squeleFes d’animaux …)
qui borde la maison des Biddle ou s’agit-il du “cime4ère des saisons” saison signifie “ vie ou
“passage” des ans
le temps est donc nul comme celle de l’espace
la mer est considérée comme productrice de mort, tous les déchets qu’elle rejeFe.
L’ossuaire des saisons signale la fin de l’abondance qu’elles procurent, des évènements sans fin
dont le cycle se révèle aussi changeant que son déroulement est stable.
Et, sur toutes grèves de ce monde, l’esprit du dieu fumant déserte sa couche d’amiante.
octosyllabe par souci de respecter une certaine métrique le poète a supprimé “les”
Et, sur toutes grèves de ce monde,
sur toutes grèves de ce monde met en relief l’universalité du thème de l’exil: celui - ci est
partout présent et précise également ce “ lieu flagrant et nul”
l’esprit du dieu est une autre image ouvertes à différentes interpérations: violence gratuite
dans le monde, ,la disparition du soleil, une période sombre ( la 2e guerre mondiale) ou encore
une progression vers l’orage ( spasmes de l’éclair)
l’amiante est ceFe ma4ère qui recouvre la par4e supérieure du phare où se produit la
décharge lumineuse? la couche d’amiante serait alors la plage que le soleil embrase sans
jamais la consumer.
Les spasmes de l’éclair sont pour le ravissement des Princes en Tauride.