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Une charogne analyse linéaire

Introduction
Une charogne = XXIXème poème spleen et idéal, première section de la seconde édition des
fleurs du mal de Charles Baudelaire parue en 1861.
Ce poème = rupture et après une série de poèmes lyriques célébrant l’amour, écrits pour
Jeanne Duval, la vénus Noire Ce cycle = de l’amour Charnel
Le poème -> 12 quatrains hétérométriques où alternent alexandrins et octosyllabes. Les rimes
alternées
Les 4 1ères strophes : promenade avec Jeanne Duval + rencontre d’une charogne que CB
personnifie en une femme lubrique. Une série d’antithèses allient le beau et le laid sur un ton grinçant
et ironique.
Dans les strophes 5 à 12 CB :
 la mort = une dispersion et une source de vie.
 alliance désir et mort entre Eros (Dieu de l’amour du désir) et Thanatos (personnification de la mort)
 Il Opère reprise personnelle motif Memento Mori,
 écrit un manifeste esthétique
Nous verrons donc Comment Baudelaire, dans les strophes 5 à 12, renouvelle le motif du
Memento Mori, et crée un manifeste esthétique à travers l’évocation d’une charogne, et notamment au
travail de la décomposition.
ITout d’abord nous verrons comment le travail de la décomposition de la charogne génère la vie
II Puis en quoi il pose les bases d’un manifeste esthétique
III Puis nous examinerons comment le motif du Memento Mori baudelairien débouche sur
l’exposé du pouvoir de la poésie et du poète.
Procédés Analyse
comment le travail de la décomposition de la charogne génère-t-il la vie
lexique de la mort et de la La mort évoquée comme une décomposition, un
pourriture : putride, noirs,, épais éparpillement
liquide + image concrète, crue, Insistance sur ces larves qui de + « coulaient
très visuelle : « larves »,  mouches » comme un épais liquide »
(au pluriel), épais liquide +idée que ça ne s’arrête jamais
Strophe 5 Rejet « noirs bataillons / De larves »
mais aussi lexique de la vie : La charogne = en mouvement + la vie vient du
«bourdonnaient », « sortaient », mouvement => de la mort sort la vie : paradoxe ; +
« bataillons », « vivants » + Image de larve = première phase de l’insecte-> idée
naissance : « ce ventre […] d’où naissance
sortaient » => la charogne = paradoxalement une source de
vie, de création !
Verbes de mouvement : Paradoxe absolu du cadavre vivant, effet
« descendait », « montait », fantastique poursuite la charogne =
« s’élançait » paradoxalement une source de vie
Strophe 6 Comparaison « comme une vague » Images issues de la nature avec idée de
et métaphore « souffle vague » distribution, d’expansion
Comparaison « on eut dit que le Poursuite de l’image de la naissance
Corps enflé vivait en se multipliant » des larves, certes, mais la vie tout de même.
II Puis en quoi ces strophes posent les bases d’un manifeste esthétique
Strophe 7 Métaphores musicales : « étrange Strophe très lyrique, en décalage avec ce qui
musique », « mouvement rythmique » précède : il ne s’agit plus de provoquer (lier le beau
et le laid) mais de faire émerger une nouvelle
forme de poésie : montrer que de la laideur surgit
la beauté = alchimie poétique.
Comparaison avec des éléments Idée d’écoulement, qui poursuit la comparaison de
naturels « comme l’eau courante et l’ « épais liquide » : continuité beau/ laid ou
Strophe 7 le vent » vie/mort. Mais Ici, seulement la beauté.
Lexique du mouvement « agite », Éparpillement de la vie aux quatre vents,
« tourne », « mouvement » dispersion dans la nature
C.L de l’oubli : « s’effaçaient », La mort comme disparition, dilution des formes et
« oubliées », « souvenir » des souvenirs
Métaphores artistiques : « formes », Par opposition, l’art serait une manière de fixer des
« ébauche », « toile », « artiste » formes, afin qu’elles ne s’effacent pas. L’art serait
une manière de dépasser la mort.
Strophe 8

Métaphore : « l’artiste achève » Fonction de l’artiste : il unit ce qui se décompose,


rassemble les souvenirs éparpillés, il les fixe pour
l’éternité sur sa toile ou dans un poème. Le poème
devient un manifeste artistique
Gradation : « Charogne » (§ 1) → Gradation dans la décomposition : auparavant, la
Strophe 9 « carcasse superbe » (§ 4) → « le charogne était comparée à une femme,
Retour corps » (§6) → le « squelette » « le désormais, elle n’est plus qu’un tas d’os
du récit morceau » Fragmentation du cadavre qui part en morceaux :
la mort comme éparpillement
III Puis nous examinerons comment le motif du Memento Mori baudelairien débouche sur
l’exposé du pouvoir de la poésie et du poète.
Tiret + adverbe d’opposition  pourtant » + Marquent une rupture : après le récit, le poète
retour au dialogue avec le pronom « vous » semble entamer une morale
Futur de certitude présent dans les 3 Certitude ironique et horrible Aucun doute
strophes « serez » « serez » « irez » possible sur le devenir de la femme.
strophe 11 « mangera  strophe 12 + Enonciation du Memento Mori . Comparaison
Comparaison « vous serez semblable à provocatrice et horrible, totalement en
Strophe 10 cette ordure / à cette horrible infection » décalage avec les mots d’amour traditionnels
Début Apostrophes lyrique qui Clin d’œil aux poètes de la Pléiade,
présentes dans les 3 dernières notamment à Ronsard. Contraste saisissant
strophes « Étoile de mes yeux », « soleil entre l’évocation crue de la mort et ces
de ma nature », « mon ange, ma apostrophes lyriques. on est dans le registre
passion »  §11« reines des grâces » héroï-comique* (employé un style élevé pour
§12 « ô ma beauté » aborder un sujet bas, prosaïque ici).
Exclamation « Oui ! » Confirmation presque joyeuse de la mort à venir.
Réitération de la comparaison « telle Idem : confirme de nouveau la décomposition
vous serez » future de la femme aimée.
Strophe 11
« reines des grâces » → Noter que les Grâces dans la mythologie
sont les déesses de la beauté. Et la beauté
devient … pourriture
Impératif présent « Dites » Le présent rend réelle, présente cette mort,
comme si elle était déjà là.
Enjambement sur toute la strophe + De nouveau la continuité vie/mort (dans
expression employée au sens propre l’enjambement) + Eros et Thanatos* (amour
« à la vermine / qui vous mangera de et mort imbriqués, inextricablement liés :
baisers » l’amour est inséparable de la mort)
Pronom de la 1ère personne du Première occurrence du « je » (employé
singulier « j’ai » auparavant dans un « nous » qui associait la
Strophe 12
femme) → dissociation poète / femme
aimée : elle est mangée alors qu’il garde sa
forme originelle.
Opposition singulier / pluriel : « gardé Le poète, =/= la femme, appartient au
la forme et l’essence divine » / « mes domaine du divin, de l’or grâce à la poésie.
amours décomposées » = L’artiste est celui qui recompose ce que la
mort a décomposé (§ 7 et 8) → il unit, il donne
une forme unique à ce qui se désagrège.
Baudelaire profite souvenir de -> découverte d’une charogne + l’être aimé pour redire le principe
poétique cher à ses yeux d’une beauté poétique qui peut surgir de l’horreur putréfiée.
Par pouvoir de la poésie :
- alors que Tous même les plus désirables, nous sommes mortel.
- poète maintient le souvenir, unifie et recompose ce que la mort a décomposé
- il inscrit la vie dans la mort.
- Il montre bien que l’alchimie poétique fonctionne, il semble ainsi dire à la charogne, comme il le dit à
Paris dans le projet inachevé de son épilogue : « tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or »

 « Une charogne // « Ode à Cassandre » 1545 où Ronsard prévient la jeune fille : « cueillez cueillez
votre jeunesse/ Comme à cette fleur la vieillesse/ fera ternir votre beauté »
En place d’amour suggéré chez Ronsard -> on a alliance Eros +Thanatos Chez CB qui reprend motif du
Memento Mori en l’ancrant dans détails de putréfaction, + associant la charogne à la femme + fièvre
amoureuse voire sexualité

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