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Etude générale
• 1. En quoi ce poème et ceAe descripCon sont-ils
originaux? Quel effet général produisent-ils
DescripCon très détaillée d’une charogne, objet
répugnant, que le poème nous force à contempler.
Effet de dégoût.
Effet de contraste et d’opposiCon entre ceAe
représentaCon répugnante de la nature et un aspect
magnifié, beau, de la nature. Contraste entre la beauté
de la poésie et la laideur de l’objet décrit.
Un objet anC-poéCque : originalité du poème.
Etude générale
1. En quoi ce poème et ceAe descripCon sont-ils originaux? Quel effet général produisent-ils?
• 12 quatrains
• Alternance alexandrin (vers long) / octobsyllabe (vers plus
court), régulier sur tout le poème. Renforce la musicalité et la
dynamique du poème.
• Rimes croisées ; superposiCon avec l’alternance des vers.
• Forme précise, régulière et musicale # objet en
décomposiCon, informe, insaisissable.
Projets de lecture (proposiCons)
• Comment la charogne est-elle magnifiée dans
ce texte?
• En quoi ce poème est-il original / déroutant /
surprenant / dérangeant?
• En quoi ce poème répond-il à l’ambiCon
baudelairienne d’ « extraire la beauté du
mal »?
• Comment ce poème associe-t-il le beau et le
laid, le répugnant?
Etude de la strophe 1
3. Analyse de détail : montrez que la première
strophe détourne les aAentes du lecteur.
=> Le processus de décomposi0on individuelle apparaît alors, à l’échelle de la nature, comme un processus
de vie et de créa0on.
Etude de la strophe 7
Et ce monde rendait une étrange musique
Comme l’eau courante et le vent,
Ou le grain qu’un vanneur d’un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van5.
5 van :tamis en osier uClisé par le vanneur pour séparer la paille et la poussière du bon grain
Etude de la strophe 7
Et ce monde rendait une étrange musique
Comme l’eau courante et le vent,
Ou le grain qu’un vanneur d’un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van5.
- L’expression « ce monde » fait de la charogne un microcosme; la référence aux éléments et à l’ensemble du vivant renforce ceAe idée :
après la terre (« les cailloux », strophe 2), le feu du soleil (strophe 3), l’eau de la « vague » et l’air du « souffle (strophe 5), le poète
convoque à nouveau les éléments avec la comparaison de la charogne à « l’eau courante et le vent » puis au « grain ». De même, de
nombreuses références au vivant sont faites pour décrire la charogne :la « femme lubrique » dans la strophe 2, puis les insectes dans la
strophe 4, enfin ici « le vanneur ».
⇒ Le monde en0er est convoqué pour décrire cet objet, qui acquiert ainsi une grandeur ina@endue.
- CeAe comparaison se fonde sur un nouveau sens, l’ouïe, qui vient compléter ceux du l’odorat, de la vue, mais aussi du toucher et du
goût, déjà sollicités. L’univers sonore est mis en valeur à travers les expression à la rime : « étrange musique » et « rythmique ». Ce n’est
pas un « bruit », mais une « musique » : le son est esthéCsé.
=> La référence à l’art pour décrire la charogne lui donne une dimension esthé0que. Baudelaire magnifie la charogne et révèle la beauté à
l’œuvre au cœur de la laideur et du repoussant.
5 van :tamis en osier uClisé par le vanneur pour séparer la paille et la poussière du bon grain
Etude générale
> La fin du poème
Si la femme (comme tout être humain) ne peut luAer contre la mort et la décomposiCon du corps qui
l’aAend, malgré sa beauté, l’arCste, lui, peut luAer contre la décomposiCon. En effet, les mots ne
s’altèrent pas, ne pourrissent pas. Ainsi le poète peut-il affirmer qu’il a « gardé la forme et
l’essence divine / De {s}es amours décomposés ».
CeAe puissance la poésie à éterniser, à immortaliser ce qui est soumis à la dispariCon et ainsi
transcender la mort est un moCf présent dans la poésie depuis l’AnCquité. La poésie est alors
assimilé à ce qu’on appelle un « tombeau »* : un monument (fait de mots, immatériel) qui garde
la mémoire intact de ce qui est voué à la dispariCon, au delà du temps qui passe et abîme, au
delà de la mort qui détruit.
Ainsi l’amour, comme les êtres humains et avec eux, s’abîme, et meurt. Mais il reste intact dans le
poème qui le célèbre.
> Ce passage est métapoéCque, c’est-à-dire qu’il parle de lui-même : il décrit ce que fait le poème, puisque c’est bien un « souvenir » qui est
raconté (cf. v.1 :le verbe « Rappelez-vous » renvoie au souvenir). Le poème « Une charogne » ainsi « achève » l’œuvre de la Nature.
=> Au final, Baudelaire ici célèbre la puissance de l’art, du poème, qui peut compléter l’œuvre de la nature, la fixer dans la forme des vers
et dans les mots, et la soustraire au Temps. Si la charogne est un objet pourrisssant, informe, depuis longtemps décomposé, le
poème la décrit dans une forme extrêmement précise et maîtrisée et la soustrait au temps : on peut encore la voir aujourd’hui, en
lisant Les Fleurs du Mal.
On peut faire le lien avec la conclusion du poème, où Baudelaire réaffirme la même idée en l’appliquant à la femme aimée : « Dites à la
vermine / Qui vous mangera de baisers / Que j’ai gardé la forme et l’essence divine / De mes amours décomposés ». La femme et
l’amour sont mortels, le poème est immortel et survit à leur pourrissement.
MeAre en valeur la progression du poème au cours de l’étude
(proposiCon)
DU POINT DE VUE DES ENJEUX POETIQUES DU TEXTE, ET POUR COMPRENDRE BAUDELAIRE, VOICI CE QU’ON PEUT
RETENIR :
Baudelaire à travers ce poème renouvelle le lyrisme poéCque et pend le contre-pied de la tradiCon : le thème de
l’amour et de la nature (thèmes tradiConnels de la poésie lyrique) sont revisités de manière provocatrice et
dérangeante.
« Une charogne » est un poème très célèbre car il est emblémaCque de la modernité poéCque qu’inaugure Baudelaire
(= du fait que Baudelaire modifie la manière même de concevoir la poésie) : Baudelaire sépare la quesCon du Beau
de la quesCon du Bien (c’est aussi le sens du Ctre « Les Fleurs du Mal »). Ainsi, même un objet répugnant, malsain,
horrible, contraire aux normes sociales… peut être un objet pour la poésie, peut être célébré et « travaillé »
comme un bijou poéCque. L’essenCel pour Baudelaire n’est pas le Bien, mais l’Art.
Le poème en prose « L’huître » de Francis Ponge((texte complémentaire) peut être rapproché de ceAe démarche :
Ponge, en s’appuyant sur tout ce que meAent à sa disposiCon les mots et l’écriture, consacre un poème à une
chose jugée laide, écoeurante, et en révèle la beauté parCculière.