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Le titre « El Desdichado » : mot espagnol = déshérité. Tiré d’Ivanhoé de Walter Scott, dans
lequel un roi a dépossédé un chevalier d’un château. Vivant masqué, le chevalier choisit de porter sur
son écusson la devise « déshérité », dont le symbole est un chêne déraciné. Dernière ce titre, il y a
donc l’idée de manque. Un titre énigmatique comme un manque de mot pour exprimer ses émotions
en français, d’un homme à qui l’on a enlevé son nom, son identité.
1e mvt (vers 1 à 8) : La mélancolie noir du poète ; un être mystérieux et malheureux
- L’oxymore « Soleil noir » (v.4) fait une contradiction marquant le chaos total dans l’esprit du poète
qui perd ses repères. La figure mystique de la cartomancie « Soleil » donne une image de l’homme
jamais seul qui s’annule avec l’oxymore.
Le poète semble un personnage épris dans une quête d’identité, protéiforme et en plein
doute. Les images négatives voire destructrices, et la présence du quelque idées positives étouffées
par l’omniprésence de mélancolie rappelle la figure d’Orphée.
Vers 5 à 8 : Une quête du bonheur
- Le poète semble parler directement à quelqu’un « Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m’as consolé »
faisant rappel à la mort mais aussi l’idée de consolation : recherche du mieux.
- L’impératif « Rends-moi » (v.6) marque un ordre tourné vers le souhait et la volonté de « retrouver
» des souvenirs plaisants. La paronomase entre « consolé » / « désolé » appel à la douleur du poète et
sa volonté de guérir.
- Les espaces géographiques « Pausilippe » « mer d’Italie » « Pampre » donne l’idée du poète à faire
revivre la poésie latine comme Virgile. La synecdoque coloré en bleu de « la mer d’Italie » et le vert
du « Pausilippe » ainsi que la périphrase « Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie » (v.6) appel au
locus amoenus, expression latine signifiant « lieu idyllique », comme une source de réconfort.
- L’antithèse « La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé » (v.7) fait une contradiction entre le sens
propre et le sens figuré de la fleur : celle qui rassure le cœur mais aussi celle à connotation
mystérieuse voire négative. Le poète est donc sur deux plans : le réconfort et la folie.
- L’alliance de « la Rose » et du « Pampre » « Et la treille où le Pampre à la Rose s’allie » (v.8)
permet à imaginer un paysage italien, le locus amoenus, où le poète dépasse son existence habituelle
et cherche à se sublimer.
- Le champ lexical des couleurs crépusculaires « Ténébreux » « noir » « rose » « rouge » renvoient à
un décor mélancolique : lutte du poète.
Le poète cherche à quitter ses douleurs passées en convoquant les images qui le soulagent.
Nous pouvons nous poser la question : qu’est-ce qui peut l’aider à s’en sortir ? Le mysticisme et la
poésie semblent être une première réponse.
v.10 « Mon front est rouge encor du baiser de la Reine » Image religieuse Renvoie à l’épisode de la
crucifixion. Echo avec la trinité du premier quatrain. Recherche de rédemption. Figure de la Reine et
du baiser : positivisme de son passé.
v.9- 11 « Suis-je Amour ou Phébus ? … Lusignan ou Biron ? » « Mon front est rouge encor du baiser
de la Reine » Assonances-en [ou] et [on] Musicalité du texte qui assimile Nerval à la figure d’Orphée
qui sera traitée plus loin.
v.11 « J’ai rêvé dans la Grotte où nage la sirène… » Thématique du rêve et de l’eau Idée mystique du
rêve comme figure positive pour le poète (rêve et poésie). Thématique de l’eau qui s’oppose au feu et
aux ténèbres du premier quatrain : image d’expiation chez le poète.
Convocation de la multiplicité des figures mythologiques (grecques et scandinaves) : pluralité pour
un seul but.
Premier tercet : Le poète se cherche et cherche à devenir plus que ce qu’il n’a jamais été. Il se
questionne sur son identité mythologique ou noble et convoque le rêve pour tenter d’atteindre un
statut meilleur à sa condition.
« Et j’ai deux fois vainqueurs traversé l’Achéron » « Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée ».
C.L. Mythologie Caractère protéiforme du poète. Il dépasse son existence habituelle et cherche à se
sublimer.
v.12 « Et j’ai deux fois vainqueurs traversé l’Achéron » Anacoluthe (rupture syntaxique) Volonté de
chercher une nouvelle liberté dans le langage.
v.13 « Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée ». CL de la musique Rappel un lien être Nerval et
Orphée
v.14 « Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée » Métaphore religieuse et mystique convoquée.
Renvoie à l’épisode de la crucifixion : idée cathartique (se purger des maux par la musique).
2 e Tercet Histoire d’Orphée Parallélisme entre Nerval et Orphée (Cf Histoire Orphée) : - Désespoir
amoureux Nerval pleure l’être aimé (Jenny Colon meurt en 1842).
v.12 « Achéron » : allégorie de la folie Cf. Crises de folies de Nerval (1851 et 1853).
v.12 « vainqueur » : adjectif épique Nerval sort vainqueur de ses malheurs et convoque l’esprit
lyrique pour l’accompagner au quotidien. Lyrisme au sens poétique : expression de sentiments
profonds par la poésie.
Deuxième tercet : La poésie se voit ici libératrice des maux de Gérard de Nerval. Il a accepté son
désespoir et utilise le lyrisme pour tenter d’évacuer la douleur qui vit.