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Présentation. De nos jours, la Chine forme, avec les Etats-Unis, l’un des deux pôles du système
mondial. On sait que les Etats-Unis, pays jeune, sont devenus une grande puissance au terme de
guerres successives (guerres mondiales, guerre froide). On sait aussi que cette démocratie, qui
dispose d’une puissance à la fois globale (politique, économie, culture) et complète (Hard
Power, Soft Power), est devenue une puissance économique (XIXe siècle) avant d’être une
puissance politique (XXe siècle).
Plan. La puissance chinoise, contrairement à celle des Etats-Unis, n’est ni globale ni complète. La
Chine, pour autant, n’en demeure pas moins une véritable puissance : une puissance politique
depuis les années Mao (1949-1976), une puissance économique après sa mort (1976...), mais une
puissance incomplète aujourd’hui encore.
DEVELOPPEMENTS
[I] Entre 1949 et 1976, à l’époque où Mao dirige le pays, la Chine émerge en tant que
puissance politique : non seulement sur le plan extérieur, mais aussi sur le plan intérieur.
[A] Sur le plan extérieur, la République populaire de Chine cherche à jouer un rôle de premier plan.
Mais ses relations difficiles avec l’URSS, sa tentative avortée de domination du Tiers monde, sa
faible influence dans la sphère asiatique et son opposition frontale à l’Occident expliquent les
difficultés rencontrées par la Chine pour rayonner à l’échelle mondiale.
[B] Sur le plan intérieur, la République populaire de Chine est une dictature communiste d’essence
totalitaire. Il ne s’agit donc pas seulement de changer la Chine, mais les Chinois eux-mêmes au prix
de 40 millions de morts, lors du Grand Bond en avant (1958-1960) et de la Révolution culturelle
(1966-1976).
[II] Entre 1976 et nos jours, depuis la mort de Mao, la Chine émerge en tant que puissance
économique. Cette émergence, entamée sous le règne de Deng Xiaoping (1978-1992), est
poursuivie sous ses successeurs (1993...).
[A] Le décollage économique de la Chine est entamé sous Deng Xiaoping. C’est lui qui oriente son
pays vers l’économie de marché, notamment au moyen des ZES et des IDE, et surtout après avoir
rejoint deux grandes organisations capitalistes (FMI, BM).
[B] Tous ses successeurs s’inscrivent dans son sillage, comme en témoignent les adhésions
successives de la Chine à toutes les institutions de la mondialisation (OMC, G20). En 2010, la Chine
devient ainsi la 2e puissance économique mondiale.
[Transition] Est-elle devenue une puissance complète pour autant ?
[III] De nos jours encore, la Chine demeure une puissance incomplète. Incomplète non
seulement parce que, sur le plan national, la nature dictatoriale du régime altère le prestige du pays
(Soft Power), mais aussi parce que, sur le plan international, l’élargissement de son influence est en
cours de construction (Hard Power).
[A] Sur le plan national, la Chine est une puissance dictatoriale. En 1978, en effet, Deng Xiaoping a
beau libéraliser le pays sur le plan économique, la Chine demeure une dictature sur le plan politique.
Deng Xiaoping et ses successeurs se sont refusés à rompre avec la dictature instaurée par Mao.
[B] Sur le plan international, la Chine est une puissance toujours en construction. Car, puissante sur
le plan économique, la Chine l’est moins sur le plan politique. Même si elle aspire à dépasser les
Etats-Unis à plus ou moins long terme, la Chine, pour l’heure, ne dispose pas de tous les éléments
constitutifs de l’hyperpuissance américaine. Son pouvoir de contrainte (Hard Power) est en
construction, comme le montre son effacement lors des grands conflits récents (guerre du Golfe,
Afghanistan, Irak, Syrie), tandis que son pouvoir de séduction (Soft Power), dictature oblige,
demeure encore très limité. Conclusion : la Chine, à ce jour, est une puissance en devenir,
incomplète et régionale avant tout.
CONCLUSION
Fermeture. La Chine, puissante de l’Antiquité au XIXe siècle, a cessé de l’être au temps des traités
inégaux et des concessions étrangères. Mais, au XXe siècle, en particulier depuis l’accès au pouvoir
des communistes, la Chine entreprend de recouvrer sa puissance perdue : d’abord, sous Mao, qui
pose les fondations entre 1949 et 1976 ; puis, sous ses successeurs, qui poursuivent l’œuvre de
reconstruction de 1976 à nos jours. La Chine, pour autant, n’est pas encore, contrairement aux
Etats-Unis, une puissance globale et complète.
Ouverture. La Chine, du reste, aspire-t-elle vraiment, à l’instar de son rival américain, à disposer
d’une puissance globale et complète ? Le cas échéant, conviendra-t-il d’élever au rang de prophétie
le titre du livre d’Alain Peyrefitte (1973) : Quand la Chine s’éveillera... le monde tremblera ?
En 1949, le parti communiste chinois dirigé par Mao, victorieux des nationalistes, instaure la
République populaire de Chine. Sous-développée, la Chine reçoit le soutien de l'URSS. La
coexistence pacifique puis la Détente entre les États-Unis et l'URSS ainsi que les orientations de
la politique chinoise marquent une rupture entre la Chine et les Soviétiques. La Chine ouvre
désormais une autre voie au communisme qui se caractérise par des réformes économiques (le
Grand Bond en avant) et politique (la Révolution culturelle). Cependant, ces réformes ont pour
conséquence un lourd bilan humain, économique et moral, la Chine est totalement isolée. Il faut
attendre les années 1970 pour que la Chine sorte de son isolement politique. En 1971 − 1972,
elle est reconnue de fait par les Américains.
La mort de Mao en 1976 et l'arrivée au pouvoir de Deng Xiaoping constituent une importante
rupture. L'économie du pays est libéralisée et s'ouvre au monde. Le pays enregistre des progrès
économiques importants et est désormais la deuxième puissance économique mondiale.
Cependant, le pays, dont le poids politique s'est aussi affirmé, est encore confronté à de
nombreux problèmes, dont le manque de démocratie.
I
La Chine maoïste
A
Un pays sous influence soviétique
1
La révolution de 1949
Depuis la proclamation de la République en 1912, la Chine est confrontée à une situation très
instable politiquement.
En effet, la coopération entre l'URSS et la RPC ne survit pas à la fin du régime stalinien qui
survient en 1953 à la mort de Staline.
En 1978, Deng Xiaoping prend le pouvoir : sa politique marque une rupture avec le régime
précédent. Il dénonce le retard économique pris par la Chine. Il remarque que des pays voisins
comme la Corée du Sud et Taïwan, caractérisés par une économie capitaliste, ont atteint un haut
niveau de vie.
Deng Xiaoping propose alors plusieurs réformes visant à moderniser le système économique du
pays et instaure un "socialisme de marché". Il entreprend la mise en place des Quatre
Modernisations dans l'agriculture, l'industrie, la recherche et la défense.
Dans l'agriculture, il permet le libre usage des terres sans pour autant en autoriser la possession
privée. Dans l'industrie, il donne de l'autonomie aux entreprises d'État et autorise les entreprises
privées. Il réhabilite et libère certains opposants politiques. Toutefois, il ne démocratise pas le
pays.
2
L'ouverture internationale du pays
La politique de modernisation voulue par Xiaoping s'appuie sur une ouverture de l'économie
chinoise à l'international.
Il veut attirer les capitaux étrangers et notamment ceux de la diaspora chinoise. Il profite de la
main-d'œuvre chinoise abondante et peu chère pour faire de la Chine un "pays-atelier". Il espère
aussi pouvoir bénéficier d'un transfert de technologies.
Il crée des Zones économiques spéciales (ZES) installées le long des côtes orientales de la
Chine.
Il multiplie également les accords commerciaux avec les pays étrangers et permet la réalisation
d'échanges universitaires.
Par ailleurs, les exportations chinoises augmentent. La Chine, qui enregistre des taux
de croissanceavoisinant les 10 %, devient un acteur incontournable dans le commerce
international. Elle fait d'ailleurs son entrée au sein de la Banque mondiale et du FMI en 1980.
Zones économiques spéciales (ZES)
Les zones économiques spéciales sont des espaces dans lesquels les entreprises bénéficient d'un
régime juridique particulier avec notamment une fiscalité avantageuse.
Le district de Pudong à Shanghaï fait partie des ZES.
B
La crise des années 1989 à 1992
Malgré la modernisation et l'enrichissement de la Chine, les inégalités sociales perdurent et le
régime rejette toujours la démocratisation.
À la fin des années 1980, les équilibres internationaux se modifient avec la crise que traverse
l'URSS. En effet, les réformes entreprises par Gorbatchev dans le cadre de
la glasnost provoquent une libéralisation de la vie politique en URSS avec la fin du parti unique,
le rétablissement d'élections libres et l'instauration de la liberté d'expression. L'URSS vacille, les
démocraties populaires se détachent du régime soviétique.
Les étudiants chinois espèrent une propagation de cette libéralisation à l'ensemble du monde
communiste. Le 4 juin 1989, ils organisent sur la place Tian'anmen une manifestation qui est
réprimée avec violence. Le bilan fait état de plus de 2000 morts.
Les pays occidentaux stoppent leurs relations diplomatiques avec la Chine en guise de
protestation. Cependant, les intérêts économiques ont raison de ces protestations et les relations
sont rétablies en 1992.
III
La Chine, une grande puissance mondiale
A
Un géant économique
Les modernisations effectuées par le gouvernement chinois ont permis à la Chine de s'intégrer
pleinement dans la mondialisation. Elle est désormais la deuxième puissance économique
mondiale et représente 16 % du PIB mondial. On la considère comme le moteur
économique principal de l'Asie de l'Est, la zone la plus dynamique au monde.
Depuis 2011, la Chine est également le premier pays exportateur et le second pays
importateur. Ses ports de commerce maritime occupent les premières places dans le classement
mondial. Plus grand pays-atelier au monde, elle développe aussi la production de biens de
haute technologie.
Exportant plus qu'elle n'importe, la Chine est détentrice de nombreuses devises étrangères. Cela
lui a permis de racheter une partie des dettes de plusieurs pays, dont celle des États-Unis, et de
devenir ainsi l'un des plus gros créanciers au monde.
En 2008, la Chine organise les Jeux olympiques puis, en 2010, l'Exposition universelle de
Shanghai.
C
Les limites de la puissance chinoise
1
Les limites économiques et sociales
La Chine est la deuxième puissance économique mondiale grâce à son PIB mais elle continue de
faire partie des pays émergents.
Elle doit affronter des problèmes sociaux de premier ordre. En effet, malgré des progrès
considérables, une grande partie de la population chinoise vit toujours dans la pauvreté.
Les inégalités sont en constante augmentation. Ainsi, des millions de travailleurs venus des
campagnes vivent en ville dans le dénuement le plus total et le monde rural est encore sous-
développé. On constate d'ailleurs que la Chine se classe au 101e rang mondial pour son niveau
de développement (IDH) et au 93e pour son PIB par habitant.
De plus, la politique de l'enfant unique, instaurée en 1979, a permis au pays de réduire sa
croissance démographique, mais il y a désormais un déséquilibre des sexes. En effet, les
familles préfèrent que leur enfant unique soit un garçon, ce qui a provoqué de nombreux
avortements d'embryons de sexe féminin. Cela entraîne également un vieillissement rapide de
la population. Pour ces raisons, la Chine a assoupli la politique de l'enfant unique en 2013 et a
annoncé son abolition en 2015.
Enfin, bien que le pays ait progressé dans sa connaissance en hautes technologies, il reste
derrière les pays anciennement industrialisés.
2
Les limites politiques
Le principal problème de la Chine reste le poids prépondérant du PCC et le manque de
démocratie :
De plus, la Chine n'accepte aucune ingérence sur la question du Tibet, mais elle est confrontée,
depuis quelques années, à des actions terroristes dans la province du Xinjiang.
Enfin, le pays est perçu comme une puissance menaçante :
Des tensions éclatent régulièrement entre la Chine et le Japon à propos de la revendication
territoriale des îles Senkaku.
La Chine revendique toujours le retour de Taïwan au sein de la RPC.
La Chine a également des revendications territoriales en mer de Chine orientale et occidentale.
Il existe toujours des sujets de discorde avec l'Inde concernant des tracés frontaliers.