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Chapitre 4 

: Exporter la révolution
Introduction

1. L’exportation de la révolution en Asie

a. La guerre de Corée

b. La guerre du Vietnam

c. Les Khmers rouges

d. Les autres régions d’Asie

2. L’exportation de la révolution en Afrique et en Amérique latine

a. L’Amérique du Sud

b. L’Afrique

3. L’exportation de la révolution en Europe de l’Est

a. L’Albanie

b. Répression soviétique en Europe de l’Est

4. La fin de la guerre froide

a. La Place rouge est toujours rouge

b. La calamité rouge continue

Références

***

Introduction
La secte communiste étend son influence dans le monde par la violence et la
tromperie. Quand le communisme s’exporte d’un pays puissant vers un pays plus
faible, la violence est le chemin le plus rapide et efficace qui soit. L’impuissance
du monde libre à reconnaître le caractère sectaire de l’idéologie communisme fait
que son exportation est prise à la légère, même quand elle émane du Bureau de la
propagande extérieure du régime chinois.

Ce chapitre se propose d’étudier l’expansion et l’infiltration de l’idéologie


communiste en Asie, en Afrique, en Amérique du Sud et en Europe de l’Est. La
façon dont l’Europe de l’Ouest et l’Amérique du Nord sont infiltrées est nettement
plus complexe et sera étudiée dans le chapitre suivant.

1. L’exportation de la révolution en Asie


L’exportation de la révolution par l’Union soviétique est la raison véritable qui a
permis que le Parti communiste chinois (PCC) usurpe le pouvoir. En 1919, l’URSS
(Union des républiques socialistes soviétiques) crée la Troisième Internationale
communiste, dont le but est l’exportation de la révolution dans le reste du monde.
En avril 1920, Grigori Voitinsky est mandaté par la Troisième Internationale pour
se rendre en Chine, et en mai, un bureau est mis en place à Shanghai afin d’œuvrer
à la création du PCC.

Pendant les trente ans environ qui ont suivi, le PCC n’était qu’un organe du Parti
communiste de l’Union soviétique (PCUS) et Mao Zedong touchait un salaire de
160 à 170  yuans par mois que payaient les Russes. (Le salaire moyen d’un
travailleur de Shanghai de l’époque était d’environ 20 yuans.)
La prise de pouvoir par le PCC n’est pas sans lien avec l’infiltration du Parti
communiste aux États-Unis. C’est l’une des raisons qui explique la fin du soutien
du président américain Harry Truman à Tchang Kaï-Tchek, alors que les soviets
continuent de soutenir le PCC. C’est également Truman qui prendra la décision de
se retirer d’Asie au sortir de la Deuxième Guerre mondiale. En 1948, l’armée
américaine décide de ne pas maintenir ses troupes en Corée du Sud et le
5 janvier 1950, le président annonce que les États-Unis ne se mêleront plus de
politique asiatique. Cela a pour conséquence la fin de toute aide militaire à Taïwan
et à Tchang Kaï-Tchek, même dans l’éventualité d’une guerre entre la République
populaire de Chine (communiste) et la République de Chine (Taïwan).

Une semaine plus tard, le Secrétaire d’État américain Dean Acheson réaffirme la
doctrine de Truman en disant que les États-Unis n’ont pas vocation à intervenir en
cas de guerre dans la péninsule coréenne. Cette politique non interventionniste a
donné au Parti communiste une réelle occasion d’étendre son influence sur le
continent asiatique, quand bien même les Nations unies enverront des troupes lors
de l’invasion de la Corée du Sud par le Nord, et que les États-Unis reviendront sur
leur décision.

Le PCC a cherché par tous les moyens à exporter la révolution : en formant des
guérillas dans différents pays, en fournissant des armes et en envoyant des troupes
sur place pour s’opposer aux régimes légitimes, mais également en finançant
généreusement toute insurrection. La soi-disant « aide internationale » du PCC a
atteint 7 % des dépenses fiscales du pays au moment où la Grande Révolution
culturelle battait son plein, en 1973.

Selon Qian Yaping, un universitaire chinois ayant eu accès à des documents secrets
du ministère des Affaires étrangères, « 10 000 tonnes de riz ont été envoyées en
Guinée et 15 000 tonnes d’orge en Albanie en 1960. De 1950 à 1964, le montant
total des dépenses liées à l’aide internationale s’est monté à 10,8 milliards de
yuans, avec un pic de dépenses de 1960 à 1964, période correspondant à la grande
famine en Chine . »

Pendant la famine de 1958 à 1962, des dizaines de millions de gens sont morts de
faim alors même que les dépenses liées à l’aide internationale étaient de
2,36 milliards de yuans. Si cet argent avait pu être dépensé pour acheter de la
nourriture, c’est 30 millions de vies qui auraient été épargnées. Toutes ces
personnes sont mortes sous l’effet du Grand Bond en avant du PCC auquel s’ajoute
la volonté du Parti d’exporter la révolution.

a. La guerre de Corée
Le spectre maléfique du communisme cherche à conquérir le monde dans le but de
détruire l’humanité. Il exploite la soif de gloire et de fortune qu’a l’homme pour
inciter les gens à répandre son idéologie maléfique. Que ce soit Staline, Mao, Kim
Il Sung ou Ho Chi Minh, tous ont été utilisés par le spectre et tous étaient animés
de tels désirs.

Quand Mao rencontre Staline en 1949, il lui promet une armée d’un million
d’hommes, et plus de 10 millions de travailleurs pour l’aider dans sa conquête de
l’Europe, à condition que Mao obtienne en retour le contrôle de la Corée du Nord.
Le 25 juin 1950, après des préparations intenses, la Corée du Nord envahit le Sud
et Séoul tombe en trois jours. Un mois et demi plus tard, l’intégralité de la
péninsule coréenne est entre leurs mains.

Avant le déclenchement de la guerre, en mars 1950, Mao mobilise une grande


quantité d’hommes à la frontière coréenne et les prépare à entrer en guerre. Les
détails de cette guerre ne feront pas l’objet de développements dans ce chapitre,
mais pour le résumer de façon brève, la guerre a traîné en longueur en raison de la
volonté d’apaisement de Truman. Le PCC envoie une « armée de volontaires » sur
la péninsule avec en plus un objectif caché : celui de se débarrasser du million de
soldats du Kuomintang qui ont rendu les armes lors de la guerre civile. À la fin de
la guerre de Corée, les morts du côté chinois s’élèvent à plus d’un million.

La guerre se termine quand la péninsule est coupée en deux. Le PCC comme le


PCUS ayant tous deux combattu pour le contrôle de la Corée du Nord, le pays
bénéficie d’un double soutien. Par exemple, en 1966 quand Kim Il Sung visite la
Chine, il voit que Pékin construit un métro et demande immédiatement le même
pour Pyongyang – gratuitement.

Mao interrompt sans attendre la construction du métro de Pékin et envoie à


Pyongyang équipements et personnels, ainsi que deux divisions ferroviaires de
l’Armée populaire de libération et de nombreux ingénieurs, soit plusieurs dizaines
de milliers d’individus. Le Nord ne dépensera pas un centime et n’utilisera
d’ailleurs pas un seul de ses hommes pour la construction du métro, et ils
pressèrent même Pékin d’en garantir la sécurité en cas de bombardements. C’est
pourquoi le métro de Pyongyang était à l’époque un des plus profonds au monde,
avec une moyenne de 90 mètres sous terre, allant même par endroits jusqu’à
150 mètres.

Une fois la construction terminée, Kim Il Sung dira au public qu’il a été dessiné et
construit par les Coréens du Nord. De plus, Kim n’hésitait pas à passer outre le
PCC et à demander argent et matériels directement à l’Union soviétique. Une fois
la guerre terminée, le PCC a cherché à laisser des hommes de confiance sur place
en espérant qu’ils permettent de ramener le Nord sous le giron de Pékin plutôt que
celui de Moscou. Kim les fera tuer ou les mettra en prison et le PCC se trouva
perdant sur tous les fronts.

Après l’effondrement de l’URSS, le PCC décroit son aide à la Corée du Nord.


Dans les années 1990, le peuple de la Corée du Nord meurt de faim. En 2007,
l’ONG Association des Transfuges nord-coréens rapporte que sous les soixante ans
de règne de Kim, un minimum de 3,4 millions de gens sont morts de faim ou de
maladies liées à la malnutrition. C’est une dette sanglante supplémentaire liée à
l’exportation de la révolution communiste.

b. La guerre du Vietnam
Avant que la guerre du Vietnam n’éclate, le PCC soutenait activement le Parti
communiste du Vietnam (PCV) dans sa lutte contre la France, dont la défaite se
soldera par la Conférence de Genève en 1954, et qui marquera le début de la
confrontation entre le Nord et le Sud. Plus tard, la France se retirera du Vietnam.
L’invasion du Sud par le Nord et l’entrée en guerre des États-Unis augmentèrent
l’intensité du conflit : c’était désormais le plus gros conflit mondial depuis la fin de
la Deuxième Guerre mondiale. Les Américains participent à la guerre de 1964
à 1973.

Dès 1952, Mao Zedong envoie des conseillers auprès du PCV. Pour diriger le
groupe de conseillers aux affaires militaires, il envoie le Général de l’Armée
populaire de libération Wei Guoqing. Quant au groupe de conseillers chinois qui
supervise la réforme sur les terres agricoles, il emprisonne et exécute des dizaines
de milliers de propriétaires et riches paysans vietnamiens, déclenchant par là même
une famine dans le pays et des émeutes dans le nord. Le PCC et le PCV
s’associeront pour réprimer les soulèvements, puis lanceront des campagnes de
rectification au niveau du Parti et de l’armée, semblables à ce que fut la
Rectification de Yan’an lancée par le PCC de 1922 à 1940. (La Campagne de
Rectification de Yan’an a été la première grande campagne idéologique à grande
échelle du PCC, qui a fonctionné à coups de propagande, de détentions, de
réformes de la pensée, etc.)

Parce qu’il veut être le chef de l’Asie communiste, Mao apporte son aide
inconditionnelle au Vietnam, et ce malgré les dizaines de millions de personnes qui
meurent de faim en Chine. En 1962, Liu Shaoqi cherche à mettre fin à la frénésie
dépensière de Mao lors de l’Assemblée nationale populaire, et à restaurer la santé
économique du pays en marginalisant Mao. Mais celui-ci, refusant de céder le
pouvoir, pousse le pays dans la guerre du Vietnam, tandis que Liu, n’ayant pas
d’appui auprès des militaires, n’a d’autres choix que de renoncer à ses réformes
économiques.

En 1963, Mao envoie successivement Luo Ruiqing et Lin Biao au Vietnam. Luo
promet à Ho Chi Minh que la Chine prendra sur elle le coût de la guerre du
Vietnam. Il dit  : « En cas de guerre, considérez la Chine comme votre base
arrière. »

Sous l’incitation et avec le soutien du PCC, en juillet 1964, le PCV torpille un


navire de guerre américain, créant l’incident du Golf de Tonkin qui précipite
l’entrée en guerre des États-Unis. Par la suite, et afin d’asseoir son influence sur le
Vietnam face au voisin soviétique, le PCC dépensera de véritables fortunes,
fournira des armes et donnera des vies chinoises.

L’historien Chen Xianhui, écrit dans son ouvrage La Vérité sur la Révolution –
Chroniques du XX e  siècle chinois  : « Le soutien de Mao au Vietnam a été
désastreux. Il a été responsable de la mort de cinq millions de civils, a répandu des
mines antipersonnel et le chaos partout dans le pays, et a amené l’économie du
pays à sa ruine. […] Le soutien du PCC au PCV consiste en : «  Armes, munitions
et autres équipements militaires en quantité suffisante pour équiper les plus de
deux millions de soldats que comptent l’Armée de terre, la Marine et l’Armée de
l’air ; plus de 100 compagnies de production et d’usines de réparation ; plus de
300 millions de mètres de tissus, plus de 30 000 voitures ; des centaines de
kilomètres de rails ; plus de 5 millions de tonnes de nourriture ; plus de deux
millions de tonnes de gasoil ; plus de 3000 kilomètres de gazoducs ; des centaines
de millions de dollars. En plus de ces biens et de ces sommes d’argent, le PCC
envoya en secret plus de 300 000 hommes de l’Armée populaire de libération qui
revêtaient les treillis vietnamiens et se battaient contre l’armée du Vietnam du Sud
et l’armée américaine. De façon à ce que cela reste un secret, les nombreux Chinois
morts au Vietnam seront enterrés sur place. »
Le montant total de l’aide du PCC octroyée au Vietnam s’élève, en 1978, à
20 milliards de dollars, alors que le PIB de la Chine en 1965 n’est que de
70,4 milliards de yuans, soit environ 28,6 milliards de dollars au taux de
conversion de l’époque.

En 1973, les États-Unis cèdent à la pression du mouvement pacifiste américain


instigué par les communistes et retirent leurs troupes du Vietnam. Le 30 avril 1975,
le Vietnam du Nord s’empare de Saigon et de la totalité du Sud. Guidé par le PCC,
le PCV se lance à son tour dans des répressions semblables aux campagnes de
répression des contre-révolutionnaires menées en Chine. Plus de deux millions de
personnes risquent leur vie pour fuir le pays, créant ainsi la plus large communauté
de réfugiés en Asie pendant la guerre froide.

En 1976, le Vietnam tombe intégralement aux mains des communistes.

c. Les Khmers rouges


Bien que le PCV ait reçu du PCC une aide massive durant la guerre du Vietnam, ce
sera l’une des raisons de l’hostilité future entre les deux pays. Pour exporter la
révolution, le PCC souhaite que les Vietnamiens ne désarment pas contre les
Américains et il leur apporte donc une aide massive. Mais le Vietnam ne souhaite
pas que la guerre s’éternise et, en 1969, il rejoint les pourparlers des quatre nations
sous l’égide des États-Unis (ce qui exclut la Chine).

À la suite de l’incident de Lin Biao, dans les années 1970, Mao a grand besoin
d’établir le prestige de la Chine. De plus, les relations sino-soviétiques connaissent
des ratés, notamment à la suite de l’incident de l’île de Zhenbao, un conflit
militaire localisé opposant les deux pays. Mao décide alors de coopérer avec les
Américains et court-circuite les Soviétiques en invitant Richard Nixon à se rendre
en Chine.

Pendant ce temps, face à l’opposition de sa population à la guerre du Vietnam, les


États-Unis cherchent à mettre fin aux combats par tous les moyens. Les deux pays
signent un accord de paix et le Vietnam quitte progressivement le giron chinois
pour rejoindre la sphère d’influence soviétique.

Mécontent de cette situation, Mao veut utiliser le Cambodge pour punir le


Vietnam. Les relations entre le Cambodge et le Vietnam se détériorant, les deux
pays finissent par entrer en guerre. Dès 1955, le PCC soutient le Parti communiste
de Kampuchéa (plus connu sous le nom de Khmers rouges) et les chefs khmers
sont formés aux méthodes chinoises. Pol Pot, le chef incontesté des Khmers, y
reçoit l’onction de Mao en 1965. Il lui donne des armes et de l’argent, et rien
qu’en 1970, Pol Pot reçoit des Chinois des armes et du matériel militaire pour
équiper 30 000 hommes.

Après le retrait américain d’Indochine (Vietnam, Cambodge et Laos), les


communistes soutenus par le PCC ne rencontrent plus de résistance véritable des
gouvernements locaux et les régimes cambodgiens et laotiens tombent entre leurs
mains en 1975.

Le Laos est géré par le Vietnam et le Cambodge est sous influence du PCC via les
Khmers rouges. Pour mettre en place la politique du PCC et punir le Vietnam, les
Khmers rouges envahissent le Sud-Vietnam à plusieurs reprises alors qu’il est sous
contrôle des communistes du PCV depuis 1975. Ils en profitent pour massacrer les
gens qui habitent à la frontière vietnamo-cambodgienne et ils tentent d’occuper le
delta du Mékong. Pendant ce temps, les relations sont mauvaises avec le PCC,
mais bonnes avec les soviets. Soutenu par ces derniers, le Vietnam lance une
attaque contre le Cambodge en décembre 1978.

Une fois Pol Pot au pouvoir, il gouverne dans une terreur extrême. Il annonce que
la monnaie nationale est abolie, ordonne que les habitants des villes s’installent
dans les zones périphériques et rejoignent les patrouilles qui encadrent le travail
forcé dans les collectivités, et il massacre les intellectuels. En à peine moins de
trois ans, plus d’un quart de la population est tuée ou meurt de mort violente.
Néanmoins, Pol Pot reste activement soutenu par Zhang Chunqiao et Deng
Yingchao du PCC.

Peu de temps après le début de la guerre entre le Vietnam et le Cambodge, la


population cambodgienne apporte son soutien à l’armée vietnamienne, et en
l’espace d’un mois, Pol Pot et les Khmers rouges sont renversés, la capitale Phnom
Penh tombe et les Khmers s’enfuient dans les montagnes pour se constituer en
groupes de guérilleros.

En 1997, le comportement erratique de Pol Pot est la cause de tensions internes


dans son propre camp et il est arrêté par le commandant khmer Ta Mok puis
condamné à la prison à vie au cours d’un procès tenu en public. Il meurt un an plus
tard d’une crise cardiaque. En 2014, et ce malgré l’obstruction répétée du PCC, la
Chambre extraordinaire cambodgienne condamne deux chefs khmers à la prison à
vie, Khieu Samphan et Nuon Chea.

La guerre du Vietnam contre le Cambodge irrita Deng Xiaoping au plus haut point.
C’est une des raisons pour lesquelles il déclara la guerre au Vietnam en 1979, en
prétextant une guerre « défensive de contre-attaque ».

d. Les autres régions d’Asie


L’exportation de la révolution par le PCC a eu des répercussions très lourdes pour
la diaspora chinoise. De nombreux incidents anti-chinois ont éclaté, et plusieurs
centaines de milliers de Chinois de la diaspora ont été assassinés, ou ont vu leurs
droits d’exercer un travail ou de recevoir une éducation fortement restreints.

Un exemple typique de cette situation est l’Indonésie : pendant les années 50 et 60,
le PCC a fourni une aide financière et militaire substantielle pour soutenir le Parti
communiste d’Indonésie (Partai Komunis Indonesia, ou PKI). Le PKI était le plus
grand parti politique à l’époque, avec 3 millions d’adhérents. Avec ses
organisations sœurs, le nombre total de gens affiliés au communisme représentait
22 millions de personnes réparties dans le gouvernement, dans l’appareil d’État et
l’appareil militaire, et même des proches du président Sukarno.

Mao se montrait très critique à l’encontre du « révisionnisme » alors en vogue à


Moscou et préférait au contraire encourager le PKI à suivre la voie de la révolution
violente. Le chef du PKI, Aidit, était un fervent admirateur de Mao Zedong et
préparait un coup militaire.

Le 30 septembre 1965, le chef militaire de droite Suharto écrase le coup d’État


manqué, coupe les liens avec la Chine et purge un nombre important de membres
du PKI. Ces purges ne sont pas sans lien avec Zhou Enlai, qui avait promis à
l’Union soviétique et aux représentants d’autres pays communistes lors d’une
réunion internationale qu’il y avait « tellement de Chinois vivant en Asie du Sud-
Est que le gouvernement chinois serait en mesure d’exporter le communisme grâce
à la diaspora, et ainsi faire complètement basculer l’Asie du jour au lendemain ».
Ces propos ont été la cause de vastes mouvements anti-chinois en Indonésie.

Le mouvement anti-chinois de Birmanie a opéré de façon similaire. En 1967, peu


de temps après le début de la Révolution culturelle, le consulat chinois de
Myanmar, ainsi que l’antenne locale de l’agence de presse Xinhua, commencent à
activement faire la promotion de la Révolution culturelle auprès des Chinois de la
diaspora, les encourageant même à porter des badges à l’effigie de Mao, d’étudier
son Petit Livre rouge et de prendre parti contre le gouvernement du Myanmar.
La junte militaire que contrôle le Général Ne Win rend le port du badge illégal
ainsi que l’étude des écrits de Mao, et ordonnent la fermeture des écoles chinoises.

Le 26 juin 1967, un incident violent éclate qui vise la communauté chinoise dans
Yangon, la capitale du pays, et des dizaines de personnes sont battues à mort et des
centaines blessées. En juillet 1967, les médias officiels chinois appellent à
« soutenir avec force le peuple du Myanmar sous le commandement du Parti
communiste de Birmanie (PCB), à prendre les armes et à se rebeller contre le
gouvernement de Ne Win  ».

Peu de temps après, le PCC envoie des conseillers aux affaires militaires auprès du
PCB et plus de 200 soldats en activité. Ils ordonnent également à de grands
groupes de membres du PCB vivant en Chine depuis de nombreuses années de
retourner au pays et de se joindre à la lutte. Par la suite, un grand nombre de gardes
rouges chinois et des forces du PCB attaquent la Birmanie par sa frontière avec le
Yunnan, viennent à bout des forces gouvernementales et prennent le contrôle de la
région du Kokang. Plus de 1000 jeunes chinois du Yunnan meurent sur le champ
de bataille.

À la même époque que la Révolution culturelle, les tentatives du PCC d’exporter la


révolution se caractérisent par l’apologie de la violence et la mise à disposition
auprès de pays tiers de formations et d’entraînements, d’armes et de fonds
financiers. Lorsque le PCC cesse ses tentatives de propagation de la révolution, les
partis communistes des différents pays se désagrègent instantanément, incapables
de se maintenir. C’est le cas typique du PKI en Indonésie.

En 1961, le Parti communiste de Malaisie (PCM) décide de renoncer au conflit


armé et cherche à obtenir le pouvoir par la voie légale. Deng Xiaoping invite alors
les chefs du PCM, Chin Peng et d’autres, à se rendre à Pékin, pour leur demander
de continuer leurs tentatives d’insurrection violente, car selon lui, un raz-de-marée
révolutionnaire trouvant son origine dans le conflit vietnamien est sur le point de
balayer toute l’Asie du Sud-Est.

C’est ainsi que le PCM continue sa lutte armée et cherche à imposer la révolution
pour encore une vingtaine d’années. Le PCC finance le PCM, en lui fournissant des
armes grâce à un marché noir basé en Thaïlande et, en janvier 1969, il crée la
station de radio Révolution malaisienne à Yiyang, dans le Hunan et émet en
différentes langues dont le malais, le thaï et l’anglais.

À la suite de la Révolution culturelle, lors d’une réunion entre le président


singapourien Lee Kuan Yew et Deng Xiaoping, Lee demande à Deng qu’il mette
fin aux émissions de ces radios communistes basées en Chine. À cette époque, le
PCC est encerclé par les ennemis et isolé sur la scène internationale, et Deng, qui
vient juste de retrouver le pouvoir, a besoin de soutiens à l’international ; il accède
donc à sa demande. Il rencontre le chef du PCM Chin Peng et lui donne ordre de
mettre fin à ces émissions qui appelaient à la révolution communiste.
En plus de ces pays, le PCC a tenté d’exporter la révolution aux Philippines, au
Népal, en Inde, au Sri Lanka, au Japon, entre autres, avec pour certains des
formations militaires, et pour d’autres des outils de propagande. Certaines de ces
organisations communistes sont plus tard devenues des groupes terroristes notoires
sur la scène internationale. C’est le cas de l’Armée rouge du Japon qui est devenue
tristement célèbre pour ses slogans anti-monarchistes, révolutionnaires et violents,
le détournement d’un avion, le massacre de civils dans un aéroport et d’autres
incidents terroristes variés.

2. L’exportation de la révolution en Afrique et en Amérique latine


Un slogan de Marx fréquemment repris par le PCC pendant la Révolution
culturelle disait  : « Le prolétariat ne peut se libérer lui-même qu’en libérant
l’humanité entière. » Le PCC appelait à la révolution planétaire. Dans les
années 1960, l’ancienne URSS a connu une période de contraction et s’est trouvée
contrainte de promouvoir une ligne idéologique de retranchement, n’insistant plus
autant sur les besoins d’exporter la révolution dans le monde : le but était de
coexister pacifiquement avec ses voisins capitalistes du bloc de l’Ouest et de
réduire ses efforts de soutien aux mouvances révolutionnaires des pays du Tiers-
Monde.

Le PCC a vite taxé cette idéologie de « révisionnisme ». Au début des années 60,


Wang Jiaxiang, du PCC, a formulé une proposition similaire et s’est vu recadré par
Mao qui le trouvait trop accommodant à l’égard des impérialistes, révisionnistes et
réactionnaires, et pas suffisamment impliqué dans la mouvance révolutionnaire
mondiale. Ainsi, en plus de l’Asie, Mao Zedong a voulu rivaliser avec l’URSS en
Afrique et en Amérique latine.

En août 1965, Lin Biao écrit un long article intitulé « Vive la guerre victorieuse du
peuple ! » dans lequel il annonce l’imminence du raz-de-marée de la révolution
mondiale. Selon la théorie de Mao qui veut que pour conquérir une ville il faille
que les campagnes l’encerclent – c’est ainsi que le PCC est arrivé au pouvoir –,
l’article compare l’Amérique du Nord et l’Europe à des villes et considèrent que
l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine sont les zones rurales. Ainsi, l’exportation de
la révolution en Asie, Afrique, et Amérique latine est devenue une priorité
politique et idéologique du PCC.

a. L’Amérique du Sud
Dans son article « Exportation de la révolution au reste du monde  : analyse et
exploration de l’influence de la Révolution culturelle en Asie, Afrique, et
Amérique latine », le professeur Cheng Yinghong, de l’université du Delaware,
écrit :

«  En Amérique latine, les communistes maoïstes du milieu des années 60 ont
établi des organisations au Brésil, au Pérou, au Chili, au Venezuela, ainsi qu’en
Bolivie, en Colombie et en Équateur. Le gros des adhérents était de jeunes gens et
des étudiants. Avec le soutien de la Chine, en 1967, les maoïstes en Amérique
latine ont établi deux groupes de guérilla : l’Armée populaire de libération
colombienne comprenait une faction féminine qui se calquait directement sur le
mouvement des Femmes rouges et qui se faisait appeler l’unité Marìa Cano.
L’autre groupe était bolivien et s’appelait la Guérilla Ñancahuazù, ou Armée de
libération nationale bolivienne. Des communistes vénézuéliens lancèrent des
actions violentes à la même époque. De plus, le chef du Parti communiste du
Pérou, Abimael Guzmàn, reçut un entraînement militaire à Pékin à la fin des
années 60. En plus du maniement des explosifs et des armes à feu, il lui a été
donné de se familiariser avec les pensées de Mao Zedong, et notamment l’idée
selon laquelle « l’esprit transforme la matière », et qu’en suivant le bon chemin, il
est possible de passer de “ne pas avoir d’hommes à avoir des hommes, ne pas avoir
d’armes à avoir des armes”, et autres mantras de la Révolution culturelle. »

Guzmàn était le chef du Parti communiste péruvien (également connu sous le nom
de « Sentier lumineux ») qui était classé comme organisation terroriste par les
États-Unis, le Canada, l’Union européenne et les différents gouvernements
péruviens.

En 1972, quand le Mexique et le PCC établissent des relations diplomatiques, son


premier ambassadeur chinois est Xiong Xianghui. Xiong avait été un agent des
services secrets assigné à la surveillance de Hu Zongnan (un général de l’Armée de
la République de Chine) à l’époque de la guerre civile. Le PCC le choisit comme
ambassadeur afin de générer du renseignement, notamment sur les États-Unis et
interférer avec le gouvernement mexicain. À peine une semaine après la prise de
fonction de Xiong Xianghui, Mexico annonce l’arrestation d’un groupe de
« guérilleros entraînés en Chine ». C’est une preuve supplémentaire des tentatives
du PCC d’exporter la révolution.

Cuba devient le premier pays d’Amérique latine à établir des liens diplomatiques
avec le PCC. Afin de se mettre Cuba dans la poche, et pour rivaliser avec les
Soviétiques dans le leadership du communisme international, le PCC propose un
prêt de 60 millions de dollars à Che Guevara, en novembre 1960, alors qu’il visite
la Chine. À cette même époque, les Chinois meurent de faim sous le coup du
Grand Bond en avant. Zhou Enlai dit également à Che Guevara que le prêt pourrait
être levé si les deux parties parviennent à s’entendre. Quand, à la suite de la
mésentente sino-soviétique, Fidel Castro commence à pencher du côté soviétique,
le PCC envoie une quantité importante de tracts aux officiels et aux civils cubains
par le biais de l’ambassade à La Havane, dans l’espoir de fomenter un coup d’État
contre le régime castriste.

b. L’Afrique
Le professeur Cheng Yinghong explique dans son article « Exportation de la
révolution au reste du monde » comment le PCC encourage l’indépendance des
pays africains et comment il cherche à modeler leurs choix futurs une fois
l’indépendance acquise :

« Selon des médias occidentaux, dans la première moitié des années 60, quelques
jeunes révolutionnaires d’Algérie, d’Angola, du Mozambique, de la Guinée, du
Cameroun et du Congo ont reçu des entraînements et des formations dans certaines
villes chinoises telles que Harbin et Nanjing. Un membre de l’Union nationale
africaine du Zimbabwe (ZANU) décrit la formation d’un an qu’il a reçue à
Shanghai. En sus des entraînements militaires, ils recevaient principalement un
enseignement théorique en politique, tel que comment mobiliser les populations
rurales et lancer des guérillas pour déclencher la guerre. Un guérillero d’Oman
décrit l’entraînement qu’il a reçu en Chine en 1968. Il a d’abord été envoyé au
Pakistan, puis a pris un vol Pakistan Airlines pour Shanghai et ensuite Pékin.

« Après avoir visité des écoles et communes érigées en modèles, on l’envoya dans
un camp d’entraînement pour être formé militairement et idéologiquement. […] Le
programme qui consistait à étudier les écrits de Mao Zedong était le plus fourni en
heures. Les stagiaires devaient mémoriser de nombreuses citations de Mao. La
partie sur la discipline et sur la façon de parler aux masses paysannes était très
similaire aux “trois disciplines principales et huit points d’attention” qu’utilisait
l’Armée populaire de libération. Les stagiaires africains ont même pu connaître la
Chine de l’époque de la Révolution culturelle. Par exemple, lors de la visite dans
une école, alors que le professeur demande, « Comment doit-on traiter les éléments
rebelles ? » la classe répond à l’unisson : “Les tuer. Les tuer. Les tuer.” […] À la
fin du stage, chaque Omanais recevait un livre de Mao traduit en arabe. »

L’assistance qu’apporte le PCC à la Tanzanie et à la Zambie pour qu’ils fassent la


révolution est son intervention africaine la plus significative dans les années 60. Le
PCC envoie des contingents d’experts du Bureau de l’industrie textile de Shanghai
pour les aider à mettre sur pied l’Usine textile de l’Amitié tanzanienne. Le chef de
projet injecte un contenu idéologique intensif dans ces projets d’aide au
développement. À peine arrivé en Tanzanie, il organise une équipe de rébellion,
accroche le drapeau rouge à cinq étoiles du PCC sur le site de construction, érige
une statue de Mao avec certaines de ses citations, fait jouer la musique de la
Révolution culturelle et chanter les citations de Mao. Le site de construction
devient un modèle de la Révolution culturelle à l’étranger. Il lance également une
équipe de propagande pour promouvoir la pensée de Mao Zedong et incite
activement les travailleurs tanzaniens à la rébellion. La Tanzanie ne voit pas d’un
bon œil les tentatives du PCC de propager la révolution chez eux.

Plus tard, Mao décide de construire une ligne de chemin de fer reliant la Tanzanie à
la Zambie, créant ainsi un réseau entre l’Afrique de l’Est, et l’Afrique du Sud et du
centre. Le chemin de fer passait par des montagnes, des vallées, des fleuves
turbulents et de la forêt vierge. Beaucoup de régions desservies n’étaient peuplées
que d’animaux. Certains empierrements, ponts et tunnels ont été construits sur de
la vase et du sable, rendant le travail extrêmement difficile. 320 ponts et 22 tunnels
ont été construits.

La Chine envoya 50 000 travailleurs, dont 66 y perdirent la vie, et dépensa près de


10 milliards de yuans. Il aura fallu six ans pour finir le travail, de 1970 à 1976.
Pourtant, en raison d’une gestion inefficace et corrompue en Tanzanie et en
Zambie, la ligne de chemin de fer fera faillite. Le coût d’une telle ligne de nos
jours correspondrait à des centaines de milliards de yuans, soit quelques dizaines
de milliards de dollars.

3. L’exportation de la révolution en Europe de l’Est


a. L’Albanie
En plus de ses tentatives d’exporter la révolution en Afrique et en Amérique latine,
le PCC a activement œuvré pour accroître son influence sur l’Albanie, autre pays
communiste de l’époque. À l’époque où Khrouchtchev prononce son discours
secret annonçant le début de la déstalinisation, l’Albanie est idéologiquement
alignée sur la ligne du PCC. Mao en est particulièrement satisfait et met en place
un onéreux programme d’« aide » à l’Albanie.

Le journaliste Wang Hongqi de l’agence de presse Xinhua se souvient : «  De 1954


à 1978, la Chine a soutenu financièrement le Parti des travailleurs albanais 75 fois ;
on parle de plus de dix milliards de yuans. »

À l’époque, la population du pays n’étant que de deux millions, on peut estimer


que chaque individu a reçu l’équivalent de 4000 yuans. Par comparaison, le salaire
annuel moyen d’un Chinois de l’époque ne dépasse pas les 200 yuans. À cette
même époque, la Chine connaissait le Grand Bond en avant et les famines qui ont
suivi, ainsi que l’effondrement économique du pays en raison de la Révolution
culturelle de Mao.

Durant la grande famine, la Chine utilise le très peu de devises étrangères qu’elle
possède pour permettre l’importation de nourriture. En 1962, Rez Millie,
l’ambassadeur albanais en Chine, demande un approvisionnement en nourriture
pour son pays. Sous le commandement de Liu Shaoqi, le navire chinois qui
transportait de l’avoine tout juste achetée au Canada modifie sa trajectoire et
débarque sa cargaison dans les ports albanais.

Malgré tout cela, l’Albanie prend cette aide pour argent comptant et la gaspille.
Les gigantesques quantités d’acier, de pièces détachées d’industrie et les
instruments de précision fournis par la Chine sont laissés au gré des éléments. Les
officiels albanais ne s’en inquiètent pas : « Ce n’est pas très grave. Si c’est cassé
ou volé, les Chinois nous en donneront d’autres. »

La Chine aide également l’Albanie à se construire une usine textile, mais l’Albanie
n’ayant pas de coton, c’est la Chine qui utilise ses réserves étrangères pour lui en
acheter. À un moment donné, Adil Carnaçi, vice-président du pays, demande à Di
Bao, l’ambassadeur de Chine, de remplacer toute une série d’équipements de
pointe dans une usine d’engrais, mais il insiste pour que le matériel vienne d’Italie,
et non de Chine. La Chine achète donc du matériel italien et l’installe pour eux.

De telles soi-disant aides ne font qu’inciter à la paresse et aiguisent l’appétit des


gens qui les reçoivent. En octobre 1974, l’Albanie demande un prêt de 5 milliards
de yuans auprès de la Chine. À l’époque, la Révolution culturelle est bien avancée
et l’économie est au bord du gouffre. Finalement, la Chine décide de ne prêter
qu’un milliard de yuans, créant ainsi du mécontentement chez les Albanais, et un
début de sentiments anti-chinois avec des slogans tels que « nous ne baisserons pas
la tête sous la pression économique d’un pays étranger ». L’Albanie refuse
également d’accéder aux demandes chinoises en matière de pétrole et d’asphalte.

b. Répression soviétique en Europe de l’Est


Le système socialiste en place en Europe de l’Est est le pur produit de l’Union
soviétique. Au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, selon une division du
pouvoir décidée à la Conférence de Yalta, l’Europe de l’Est est cédée à l’Union
soviétique.

En 1956, après le discours secret de Khrouchtchev, la Pologne est le premier pays à


connaître des contestations. Après les mouvements de contestations dans les
usines, la répression et les excuses du gouvernement en place, la Pologne élit
Wladyslaw Gomulka, un homme politique prêt à en découdre avec l’URSS et à
tenir tête à Khrouchtchev.

Une révolution avortée a lieu en Hongrie en octobre 1956. Un groupe d’étudiants


s’étant réunis au pied de la statue de Staline, ils la mettent à terre. Rapidement, la
contestation devient importante et des heurts avec la police ont lieu. Celle-ci ouvre
le feu et tue au moins 100 manifestants. L’Union soviétique prévoit dès le début de
collaborer avec le nouveau parti d’opposition et nomme Jànos Kàdàr au poste de
premier secrétaire du Comité du Parti central, et Imre Nagy président du Conseil
des ministres et Premier ministre. Après son accession au pouvoir, Nagy se retire
du pacte de Varsovie (une structure militaire soviétique similaire à l’OTAN) et
promet plus de libéralisation. L’URSS s’y opposant, elle envoie les chars, arrête
Nagy et le fait exécuter.

L’incident hongrois est suivi du Printemps de Prague en Tchécoslovaquie en 1968.


À la suite du rapport secret de Khrouchtchev, les réglementations en
Tchécoslovaquie commencent à se relâcher. Pendant plusieurs années le pays
connaît une indépendance relative. Une des figures emblématiques de cette époque
est Vaclav Havel, qui deviendra Président de la République tchèque en 1993.

Dans ce contexte social, le 5 janvier 1968, le réformateur Alexandre Dubcek


devient Premier ministre du Parti communiste de Tchécoslovaquie. Il pousse aux
réformes et propose un « socialisme humain ». Peu de temps après, Dubcek
commence à réhabiliter de nombreuses personnes persécutées à tort sous l’ère
stalinienne. Des dissidents sont libérés, le contrôle des médias se relâche, la liberté
dans les domaines intellectuels est encouragée, la population peut circuler
librement à l’étranger, la surveillance des religions devient moindre, une certaine
compréhension de la démocratie au sein du parti est autorisée, etc.

L’URSS considérera ces réformes non seulement comme une trahison des
principes socialistes, mais il craindra aussi que d’autres pays ne fassent de même.
De mars à août 1968, les élites gouvernementales soviétiques, Brejnev y compris,
organisent pas moins de cinq sommets avec Dubcek, l’enjoignant de renoncer à ses
réformes démocratiques. Dubcek refusant, en août 1968, plus de 6300 tanks de
l’armée soviétique envahissent la Tchécoslovaquie. Le Printemps de Prague n’aura
duré que huit mois avant d’être écrasé.

Il suffit de voir l’incident hongrois et la répression du Printemps de Prague pour


comprendre que le socialisme en Europe de l’Est n’a été imposé aux populations
puis maintenu au pouvoir que par la force de l’Union soviétique. À peine l’URSS
relâchait-elle son emprise que le socialisme en Europe de l’Est se désagrégeait sans
attendre.

L’exemple le plus classique est la chute du Mur de Berlin. En octobre 1989,


plusieurs villes d’Allemagne de l’Est sont la scène de manifestations monstres et
de heurts avec la police. Alors que Gorbatchev visite Berlin, son conseil à Erich
Honecker, secrétaire général du Parti socialiste allemand est que « pour s’en sortir,
il faut saisir l’opportunité de réformer ».

Peu de temps après, l’Allemagne de l’Est lève les restrictions sur les voyages en
Hongrie et en Tchécoslovaquie. Cela permet à un grand nombre d’Allemands de
passer à l’Ouest par la Tchécoslovaquie et le Mur de Berlin ne retient plus la vague
des départs. Le 9 novembre, l’Est renonce à la partition de la ville et des dizaines
de milliers de résidents escaladent le mur pour passer à l’Ouest, en profitant pour le
mettre en pièces. Symbole du rideau de fer communiste pendant des décennies, le
mur appartient désormais à l’histoire.

L’année 1989, qui a vu la chute du Mur de Berlin, a été pleine de rebondissements.


La Pologne, la Roumanie, la Bulgarie, la Tchécoslovaquie et l’Allemagne de l’Est,
toutes connaissent alors la liberté et s’affranchissent du joug socialiste. C’est
également parce que l’URSS abandonne sa politique interventionniste. En 1991,
l’URSS s’effondre, marquant ainsi la fin de la guerre froide.

Les interférences de l’Union soviétique au Moyen-Orient, en Asie du Sud, en


Afrique et en Amérique latine ne se limitent pas aux quelques exemples cités ici.

Lors des dernières décennies, le Parti communiste chinois a apporté son aide à
110 pays. Un de ses objectifs principaux, et qui conditionne son aide, est
d’exporter son idéologie.
Ainsi le but de ce chapitre est de mettre en évidence le fait que la transplantation
de la violence est une méthode vitale pour le spectre maléfique pour répandre le
communisme à l’international. Plus l’espace et la population qu’il a sous son
contrôle sont importants et plus il lui est aisé de détruire l’humanité.

4. La fin de la guerre froide


La fin de la guerre froide a été un grand soulagement pour beaucoup. On pensait
que le socialisme, le communisme et d'autres tyrannies équivalentes avaient enfin
touché à leur fin. Mais c’était tout simplement un autre stratagème du démon. Les
tensions entre les États-Unis et l’URSS ont fait diversion pendant que le Parti
communiste chinois continuait ses projets malveillants et sournois.

Le massacre de la place Tiananmen le 4 juin 1989 marque l’ascension de l’ancien


chef du Parti, Jiang Zemin. Soutenu par une machine de répression et de
propagande bien huilée, Jiang continue le travail de sape de la culture traditionnelle
et façonne la culture du Parti. En détruisant la moralité, Jiang encourage la
jeunesse à se comporter comme des « louveteaux » farouchement opposés à la
tradition et à la moralité, préparant ainsi la voie pour la persécution à grande
échelle du Falun Gong et la destruction du genre humain.

Bien que le communisme ait perdu le pouvoir politique, il n’a jamais été jugé pour
les crimes qu’il a commis à l’échelle planétaire. La Russie n’a jamais purgé
l’influence soviétique ou mis fin à sa police secrète. L’ancien chef du KGB est
maintenant à la tête du pays. Les idéologies communistes et leurs défenseurs sont
non seulement toujours bien réels, mais leurs influences s’étendent même jusque
dans les pays de l’Ouest et le reste du monde.

Les activistes anticommunistes occidentaux (les anciennes générations, dont la


connaissance du communisme est la plus profonde) s’éteignent progressivement, et
les nouvelles générations n'ont pas toujours les clés, ou la volonté, de chercher à
comprendre la nature maléfique, meurtrière et mensongère du communisme. En
conséquence, le communisme a pu maintenir des mouvements sociaux radicaux et
progressistes dont le but est la destruction des idéologies existantes et des
structures sociales, et a même pu s’emparer du pouvoir par la violence.
a. La Place rouge est toujours rouge
Alors que les anciens pays communistes demandent leur indépendance les uns
après les autres, les gens en URSS attendent eux aussi des changements. La classe
politique sombre dans le chaos, l’économie s’effondre, et la Russie se retrouve
isolée diplomatiquement. C’est alors que le président Eltsine décide de l’illégalité
du Parti communiste soviétique et en restreint les activités. Les gens cherchaient
depuis longtemps à exprimer leur mépris pour le Parti, et le 26 décembre 1991, la
Cour suprême soviétique vote la dissolution de l’URSS, après soixante-neuf ans
d’existence.

Mais comment des idéologies communistes si profondément enracinées peuvent-


elles céder si facilement ? Eltsine lance une campagne de décommunisation et
établit la Fédération de Russie. La statue de Lénine est renversée, des livres
soviétiques sont brûlés, d'anciens employés du gouvernement soviétique sont
limogés et de nombreux objets en relation avec l’époque soviétique sont détruits ou
brûlés ; mais tout cela ne va pas à l’essence même du communisme.

Le mouvement de dénazification de l’après-guerre a été beaucoup plus poussé. Des


procès publics des criminels de guerre nazis à l’éradication de l’idéologie fasciste,
le seul mot de « nazi » est synonyme de honte. Encore à l’heure actuelle, la police
continue de traquer les anciens nazis.

Malheureusement pour la Russie, où les forces communistes sont encore


puissantes, l’absence d’une telle purge leur permet de faire leur retour. En
octobre 1993, des dizaines de milliers de Moscovites défilent sur la place du
Kremlin chantant les noms de Lénine et Staline et brandissant d'anciens drapeaux
soviétiques. Deux ans auparavant, les Moscovites défilaient aux cris
d’indépendance et de démocratie.

Mais cette fois-ci, le rassemblement de 1993 émane des communistes et ils


appellent au retour du système soviétique. La présence de l’armée et de la police
n’a fait qu’exacerber le conflit. Au dernier moment, les services de sécurité et les
officiels de l’armée choisissent de soutenir Eltsine qui envoie alors les tanks sur
place. Cependant, les forces communistes ne sont pas défaites et s’organisent
autour du Parti communiste russe, qui deviendra le plus grand parti politique du
pays avant d’être remplacé par le parti de Vladimir Poutine actuellement au
pouvoir : Russie unie.

Ces dernières années, des études (telles que celles menées par la station moscovite
RBK TV de 2015 à 2016) montrent que beaucoup de gens (environ 60 %)
souhaitent que l’Union soviétique renaisse. En mai 2017, de nombreux Russes
célébraient le 100 e anniversaire de l’accession des soviets au pouvoir. La Ligue de
la Jeunesse communiste soviétique (Komsomol), créée à l’époque soviétique, a
tenu un rassemblement sur la Place rouge de Moscou, devant le corps de Lénine,
lors duquel les jeunes sont appelés à prêter serment. Le président du Parti
communiste russe, Gennady Zyuganov, affirme que 60 000 nouvelles recrues ont
rejoint le Parti récemment et que le Parti communiste continue de vivre et de
prospérer.
Ne serait-ce qu’à Moscou, il y a près de quatre-vingts monuments dédiés à Lénine.
Son corps, exposé sur la Place rouge, continue d’attirer les touristes et les
admirateurs. La Place rouge est toujours rouge. Le KGB n’a jamais été
complètement inquiété ni condamné publiquement, le spectre maléfique du
communisme est toujours présent en Russie, et les partisans du communisme
toujours nombreux.

b. La calamité rouge continue


Selon les statistiques officielles, il y a actuellement quatre pays communistes : la
Chine, le Vietnam, Cuba et le Laos. Bien que la Corée du Nord ait en apparence
abandonné le communisme du marxisme-léninisme, en réalité, il s’agit toujours
d’un État totalitaire communiste. Avant la guerre froide, on comptait vingt-sept
pays communistes. Actuellement il y a treize pays qui autorisent le Parti
communiste à participer à la vie politique, et près de cent vingt pays ont un Parti
communiste officiel. Sur une période couvrant environ les cent dernières années,
l’influence du communisme dans les affaires gouvernementales est devenue nulle
dans la plupart des pays.

Au cours des années 1980, il y avait plus de cinquante partis communistes en


Amérique latine, avec un total d’adhérents s’élevant à 1 million (dont Cuba qui
compte pour la moitié). Au début des années 80, les États-Unis et l’URSS étaient
en concurrence serrée dans les endroits clés d’Amérique latine et d’Asie. Une fois
l’effondrement de l’Europe de l’Est et de l’URSS acté, le communisme est devenu
progressivement plus faible.

Les pays communistes qui ont utilisé la violence pour établir une gouvernance
communiste, comme le Parti communiste péruvien (plus connu sous le nom de
Sentier lumineux) sont devenus de plus en plus marginaux. La majorité de ces pays
se sont mués dans des variantes socialistes. Plutôt que se faire appeler
communistes, les partis politiques ont opté pour de nouvelles appellations telles
que le Parti socialiste démocratique, le Parti socialiste populaire, etc. Près de dix
partis communistes d’Amérique centrale ont enlevé le terme « communiste » de
leur nom, mais continuent de promouvoir des idéologies socialistes et
communistes, ce qui les rend encore plus pernicieux.

Dans les trente-trois pays indépendants que comptent l’Amérique latine et les
Caraïbes (sans compter Cuba, dirigé par le Parti communiste), les partis
communistes sont généralement considérés comme des partis ayant toute légitimité
pour gouverner. Au Venezuela, au Chili, en Uruguay et ailleurs, le Parti
communiste et le parti au pouvoir forment souvent des gouvernements de coalition,
alors que dans d’autres pays, le Parti communiste joue le rôle de l’opposition.

En Occident et dans quelques autres régions du globe, alors que le spectre


maléfique du communisme n’a pas eu recours à la violence et aux meurtres comme
dans les pays de l’Est, c’est par le biais de la subversion qu’il a subrepticement
infiltré la société et qu’il est parvenu à détruire les valeurs morales des gens, à
détruire la culture que Dieu leur a donnée, et à répandre les idéologies
communistes et socialistes. Le spectre maléfique du communisme a en réalité pris
possession du monde entier. Son but ultime, la destruction de l’humanité, est tout
près d’être atteint.

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