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: Exporter la révolution
Introduction
a. La guerre de Corée
b. La guerre du Vietnam
a. L’Amérique du Sud
b. L’Afrique
a. L’Albanie
Références
***
Introduction
La secte communiste étend son influence dans le monde par la violence et la
tromperie. Quand le communisme s’exporte d’un pays puissant vers un pays plus
faible, la violence est le chemin le plus rapide et efficace qui soit. L’impuissance
du monde libre à reconnaître le caractère sectaire de l’idéologie communisme fait
que son exportation est prise à la légère, même quand elle émane du Bureau de la
propagande extérieure du régime chinois.
Pendant les trente ans environ qui ont suivi, le PCC n’était qu’un organe du Parti
communiste de l’Union soviétique (PCUS) et Mao Zedong touchait un salaire de
160 à 170 yuans par mois que payaient les Russes. (Le salaire moyen d’un
travailleur de Shanghai de l’époque était d’environ 20 yuans.)
La prise de pouvoir par le PCC n’est pas sans lien avec l’infiltration du Parti
communiste aux États-Unis. C’est l’une des raisons qui explique la fin du soutien
du président américain Harry Truman à Tchang Kaï-Tchek, alors que les soviets
continuent de soutenir le PCC. C’est également Truman qui prendra la décision de
se retirer d’Asie au sortir de la Deuxième Guerre mondiale. En 1948, l’armée
américaine décide de ne pas maintenir ses troupes en Corée du Sud et le
5 janvier 1950, le président annonce que les États-Unis ne se mêleront plus de
politique asiatique. Cela a pour conséquence la fin de toute aide militaire à Taïwan
et à Tchang Kaï-Tchek, même dans l’éventualité d’une guerre entre la République
populaire de Chine (communiste) et la République de Chine (Taïwan).
Une semaine plus tard, le Secrétaire d’État américain Dean Acheson réaffirme la
doctrine de Truman en disant que les États-Unis n’ont pas vocation à intervenir en
cas de guerre dans la péninsule coréenne. Cette politique non interventionniste a
donné au Parti communiste une réelle occasion d’étendre son influence sur le
continent asiatique, quand bien même les Nations unies enverront des troupes lors
de l’invasion de la Corée du Sud par le Nord, et que les États-Unis reviendront sur
leur décision.
Le PCC a cherché par tous les moyens à exporter la révolution : en formant des
guérillas dans différents pays, en fournissant des armes et en envoyant des troupes
sur place pour s’opposer aux régimes légitimes, mais également en finançant
généreusement toute insurrection. La soi-disant « aide internationale » du PCC a
atteint 7 % des dépenses fiscales du pays au moment où la Grande Révolution
culturelle battait son plein, en 1973.
Selon Qian Yaping, un universitaire chinois ayant eu accès à des documents secrets
du ministère des Affaires étrangères, « 10 000 tonnes de riz ont été envoyées en
Guinée et 15 000 tonnes d’orge en Albanie en 1960. De 1950 à 1964, le montant
total des dépenses liées à l’aide internationale s’est monté à 10,8 milliards de
yuans, avec un pic de dépenses de 1960 à 1964, période correspondant à la grande
famine en Chine . »
Pendant la famine de 1958 à 1962, des dizaines de millions de gens sont morts de
faim alors même que les dépenses liées à l’aide internationale étaient de
2,36 milliards de yuans. Si cet argent avait pu être dépensé pour acheter de la
nourriture, c’est 30 millions de vies qui auraient été épargnées. Toutes ces
personnes sont mortes sous l’effet du Grand Bond en avant du PCC auquel s’ajoute
la volonté du Parti d’exporter la révolution.
a. La guerre de Corée
Le spectre maléfique du communisme cherche à conquérir le monde dans le but de
détruire l’humanité. Il exploite la soif de gloire et de fortune qu’a l’homme pour
inciter les gens à répandre son idéologie maléfique. Que ce soit Staline, Mao, Kim
Il Sung ou Ho Chi Minh, tous ont été utilisés par le spectre et tous étaient animés
de tels désirs.
Quand Mao rencontre Staline en 1949, il lui promet une armée d’un million
d’hommes, et plus de 10 millions de travailleurs pour l’aider dans sa conquête de
l’Europe, à condition que Mao obtienne en retour le contrôle de la Corée du Nord.
Le 25 juin 1950, après des préparations intenses, la Corée du Nord envahit le Sud
et Séoul tombe en trois jours. Un mois et demi plus tard, l’intégralité de la
péninsule coréenne est entre leurs mains.
Une fois la construction terminée, Kim Il Sung dira au public qu’il a été dessiné et
construit par les Coréens du Nord. De plus, Kim n’hésitait pas à passer outre le
PCC et à demander argent et matériels directement à l’Union soviétique. Une fois
la guerre terminée, le PCC a cherché à laisser des hommes de confiance sur place
en espérant qu’ils permettent de ramener le Nord sous le giron de Pékin plutôt que
celui de Moscou. Kim les fera tuer ou les mettra en prison et le PCC se trouva
perdant sur tous les fronts.
b. La guerre du Vietnam
Avant que la guerre du Vietnam n’éclate, le PCC soutenait activement le Parti
communiste du Vietnam (PCV) dans sa lutte contre la France, dont la défaite se
soldera par la Conférence de Genève en 1954, et qui marquera le début de la
confrontation entre le Nord et le Sud. Plus tard, la France se retirera du Vietnam.
L’invasion du Sud par le Nord et l’entrée en guerre des États-Unis augmentèrent
l’intensité du conflit : c’était désormais le plus gros conflit mondial depuis la fin de
la Deuxième Guerre mondiale. Les Américains participent à la guerre de 1964
à 1973.
Dès 1952, Mao Zedong envoie des conseillers auprès du PCV. Pour diriger le
groupe de conseillers aux affaires militaires, il envoie le Général de l’Armée
populaire de libération Wei Guoqing. Quant au groupe de conseillers chinois qui
supervise la réforme sur les terres agricoles, il emprisonne et exécute des dizaines
de milliers de propriétaires et riches paysans vietnamiens, déclenchant par là même
une famine dans le pays et des émeutes dans le nord. Le PCC et le PCV
s’associeront pour réprimer les soulèvements, puis lanceront des campagnes de
rectification au niveau du Parti et de l’armée, semblables à ce que fut la
Rectification de Yan’an lancée par le PCC de 1922 à 1940. (La Campagne de
Rectification de Yan’an a été la première grande campagne idéologique à grande
échelle du PCC, qui a fonctionné à coups de propagande, de détentions, de
réformes de la pensée, etc.)
Parce qu’il veut être le chef de l’Asie communiste, Mao apporte son aide
inconditionnelle au Vietnam, et ce malgré les dizaines de millions de personnes qui
meurent de faim en Chine. En 1962, Liu Shaoqi cherche à mettre fin à la frénésie
dépensière de Mao lors de l’Assemblée nationale populaire, et à restaurer la santé
économique du pays en marginalisant Mao. Mais celui-ci, refusant de céder le
pouvoir, pousse le pays dans la guerre du Vietnam, tandis que Liu, n’ayant pas
d’appui auprès des militaires, n’a d’autres choix que de renoncer à ses réformes
économiques.
En 1963, Mao envoie successivement Luo Ruiqing et Lin Biao au Vietnam. Luo
promet à Ho Chi Minh que la Chine prendra sur elle le coût de la guerre du
Vietnam. Il dit : « En cas de guerre, considérez la Chine comme votre base
arrière. »
L’historien Chen Xianhui, écrit dans son ouvrage La Vérité sur la Révolution –
Chroniques du XX e siècle chinois : « Le soutien de Mao au Vietnam a été
désastreux. Il a été responsable de la mort de cinq millions de civils, a répandu des
mines antipersonnel et le chaos partout dans le pays, et a amené l’économie du
pays à sa ruine. […] Le soutien du PCC au PCV consiste en : « Armes, munitions
et autres équipements militaires en quantité suffisante pour équiper les plus de
deux millions de soldats que comptent l’Armée de terre, la Marine et l’Armée de
l’air ; plus de 100 compagnies de production et d’usines de réparation ; plus de
300 millions de mètres de tissus, plus de 30 000 voitures ; des centaines de
kilomètres de rails ; plus de 5 millions de tonnes de nourriture ; plus de deux
millions de tonnes de gasoil ; plus de 3000 kilomètres de gazoducs ; des centaines
de millions de dollars. En plus de ces biens et de ces sommes d’argent, le PCC
envoya en secret plus de 300 000 hommes de l’Armée populaire de libération qui
revêtaient les treillis vietnamiens et se battaient contre l’armée du Vietnam du Sud
et l’armée américaine. De façon à ce que cela reste un secret, les nombreux Chinois
morts au Vietnam seront enterrés sur place. »
Le montant total de l’aide du PCC octroyée au Vietnam s’élève, en 1978, à
20 milliards de dollars, alors que le PIB de la Chine en 1965 n’est que de
70,4 milliards de yuans, soit environ 28,6 milliards de dollars au taux de
conversion de l’époque.
À la suite de l’incident de Lin Biao, dans les années 1970, Mao a grand besoin
d’établir le prestige de la Chine. De plus, les relations sino-soviétiques connaissent
des ratés, notamment à la suite de l’incident de l’île de Zhenbao, un conflit
militaire localisé opposant les deux pays. Mao décide alors de coopérer avec les
Américains et court-circuite les Soviétiques en invitant Richard Nixon à se rendre
en Chine.
Le Laos est géré par le Vietnam et le Cambodge est sous influence du PCC via les
Khmers rouges. Pour mettre en place la politique du PCC et punir le Vietnam, les
Khmers rouges envahissent le Sud-Vietnam à plusieurs reprises alors qu’il est sous
contrôle des communistes du PCV depuis 1975. Ils en profitent pour massacrer les
gens qui habitent à la frontière vietnamo-cambodgienne et ils tentent d’occuper le
delta du Mékong. Pendant ce temps, les relations sont mauvaises avec le PCC,
mais bonnes avec les soviets. Soutenu par ces derniers, le Vietnam lance une
attaque contre le Cambodge en décembre 1978.
Une fois Pol Pot au pouvoir, il gouverne dans une terreur extrême. Il annonce que
la monnaie nationale est abolie, ordonne que les habitants des villes s’installent
dans les zones périphériques et rejoignent les patrouilles qui encadrent le travail
forcé dans les collectivités, et il massacre les intellectuels. En à peine moins de
trois ans, plus d’un quart de la population est tuée ou meurt de mort violente.
Néanmoins, Pol Pot reste activement soutenu par Zhang Chunqiao et Deng
Yingchao du PCC.
La guerre du Vietnam contre le Cambodge irrita Deng Xiaoping au plus haut point.
C’est une des raisons pour lesquelles il déclara la guerre au Vietnam en 1979, en
prétextant une guerre « défensive de contre-attaque ».
Un exemple typique de cette situation est l’Indonésie : pendant les années 50 et 60,
le PCC a fourni une aide financière et militaire substantielle pour soutenir le Parti
communiste d’Indonésie (Partai Komunis Indonesia, ou PKI). Le PKI était le plus
grand parti politique à l’époque, avec 3 millions d’adhérents. Avec ses
organisations sœurs, le nombre total de gens affiliés au communisme représentait
22 millions de personnes réparties dans le gouvernement, dans l’appareil d’État et
l’appareil militaire, et même des proches du président Sukarno.
Le 26 juin 1967, un incident violent éclate qui vise la communauté chinoise dans
Yangon, la capitale du pays, et des dizaines de personnes sont battues à mort et des
centaines blessées. En juillet 1967, les médias officiels chinois appellent à
« soutenir avec force le peuple du Myanmar sous le commandement du Parti
communiste de Birmanie (PCB), à prendre les armes et à se rebeller contre le
gouvernement de Ne Win ».
Peu de temps après, le PCC envoie des conseillers aux affaires militaires auprès du
PCB et plus de 200 soldats en activité. Ils ordonnent également à de grands
groupes de membres du PCB vivant en Chine depuis de nombreuses années de
retourner au pays et de se joindre à la lutte. Par la suite, un grand nombre de gardes
rouges chinois et des forces du PCB attaquent la Birmanie par sa frontière avec le
Yunnan, viennent à bout des forces gouvernementales et prennent le contrôle de la
région du Kokang. Plus de 1000 jeunes chinois du Yunnan meurent sur le champ
de bataille.
C’est ainsi que le PCM continue sa lutte armée et cherche à imposer la révolution
pour encore une vingtaine d’années. Le PCC finance le PCM, en lui fournissant des
armes grâce à un marché noir basé en Thaïlande et, en janvier 1969, il crée la
station de radio Révolution malaisienne à Yiyang, dans le Hunan et émet en
différentes langues dont le malais, le thaï et l’anglais.
En août 1965, Lin Biao écrit un long article intitulé « Vive la guerre victorieuse du
peuple ! » dans lequel il annonce l’imminence du raz-de-marée de la révolution
mondiale. Selon la théorie de Mao qui veut que pour conquérir une ville il faille
que les campagnes l’encerclent – c’est ainsi que le PCC est arrivé au pouvoir –,
l’article compare l’Amérique du Nord et l’Europe à des villes et considèrent que
l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine sont les zones rurales. Ainsi, l’exportation de
la révolution en Asie, Afrique, et Amérique latine est devenue une priorité
politique et idéologique du PCC.
a. L’Amérique du Sud
Dans son article « Exportation de la révolution au reste du monde : analyse et
exploration de l’influence de la Révolution culturelle en Asie, Afrique, et
Amérique latine », le professeur Cheng Yinghong, de l’université du Delaware,
écrit :
« En Amérique latine, les communistes maoïstes du milieu des années 60 ont
établi des organisations au Brésil, au Pérou, au Chili, au Venezuela, ainsi qu’en
Bolivie, en Colombie et en Équateur. Le gros des adhérents était de jeunes gens et
des étudiants. Avec le soutien de la Chine, en 1967, les maoïstes en Amérique
latine ont établi deux groupes de guérilla : l’Armée populaire de libération
colombienne comprenait une faction féminine qui se calquait directement sur le
mouvement des Femmes rouges et qui se faisait appeler l’unité Marìa Cano.
L’autre groupe était bolivien et s’appelait la Guérilla Ñancahuazù, ou Armée de
libération nationale bolivienne. Des communistes vénézuéliens lancèrent des
actions violentes à la même époque. De plus, le chef du Parti communiste du
Pérou, Abimael Guzmàn, reçut un entraînement militaire à Pékin à la fin des
années 60. En plus du maniement des explosifs et des armes à feu, il lui a été
donné de se familiariser avec les pensées de Mao Zedong, et notamment l’idée
selon laquelle « l’esprit transforme la matière », et qu’en suivant le bon chemin, il
est possible de passer de “ne pas avoir d’hommes à avoir des hommes, ne pas avoir
d’armes à avoir des armes”, et autres mantras de la Révolution culturelle. »
Guzmàn était le chef du Parti communiste péruvien (également connu sous le nom
de « Sentier lumineux ») qui était classé comme organisation terroriste par les
États-Unis, le Canada, l’Union européenne et les différents gouvernements
péruviens.
Cuba devient le premier pays d’Amérique latine à établir des liens diplomatiques
avec le PCC. Afin de se mettre Cuba dans la poche, et pour rivaliser avec les
Soviétiques dans le leadership du communisme international, le PCC propose un
prêt de 60 millions de dollars à Che Guevara, en novembre 1960, alors qu’il visite
la Chine. À cette même époque, les Chinois meurent de faim sous le coup du
Grand Bond en avant. Zhou Enlai dit également à Che Guevara que le prêt pourrait
être levé si les deux parties parviennent à s’entendre. Quand, à la suite de la
mésentente sino-soviétique, Fidel Castro commence à pencher du côté soviétique,
le PCC envoie une quantité importante de tracts aux officiels et aux civils cubains
par le biais de l’ambassade à La Havane, dans l’espoir de fomenter un coup d’État
contre le régime castriste.
b. L’Afrique
Le professeur Cheng Yinghong explique dans son article « Exportation de la
révolution au reste du monde » comment le PCC encourage l’indépendance des
pays africains et comment il cherche à modeler leurs choix futurs une fois
l’indépendance acquise :
« Selon des médias occidentaux, dans la première moitié des années 60, quelques
jeunes révolutionnaires d’Algérie, d’Angola, du Mozambique, de la Guinée, du
Cameroun et du Congo ont reçu des entraînements et des formations dans certaines
villes chinoises telles que Harbin et Nanjing. Un membre de l’Union nationale
africaine du Zimbabwe (ZANU) décrit la formation d’un an qu’il a reçue à
Shanghai. En sus des entraînements militaires, ils recevaient principalement un
enseignement théorique en politique, tel que comment mobiliser les populations
rurales et lancer des guérillas pour déclencher la guerre. Un guérillero d’Oman
décrit l’entraînement qu’il a reçu en Chine en 1968. Il a d’abord été envoyé au
Pakistan, puis a pris un vol Pakistan Airlines pour Shanghai et ensuite Pékin.
« Après avoir visité des écoles et communes érigées en modèles, on l’envoya dans
un camp d’entraînement pour être formé militairement et idéologiquement. […] Le
programme qui consistait à étudier les écrits de Mao Zedong était le plus fourni en
heures. Les stagiaires devaient mémoriser de nombreuses citations de Mao. La
partie sur la discipline et sur la façon de parler aux masses paysannes était très
similaire aux “trois disciplines principales et huit points d’attention” qu’utilisait
l’Armée populaire de libération. Les stagiaires africains ont même pu connaître la
Chine de l’époque de la Révolution culturelle. Par exemple, lors de la visite dans
une école, alors que le professeur demande, « Comment doit-on traiter les éléments
rebelles ? » la classe répond à l’unisson : “Les tuer. Les tuer. Les tuer.” […] À la
fin du stage, chaque Omanais recevait un livre de Mao traduit en arabe. »
Plus tard, Mao décide de construire une ligne de chemin de fer reliant la Tanzanie à
la Zambie, créant ainsi un réseau entre l’Afrique de l’Est, et l’Afrique du Sud et du
centre. Le chemin de fer passait par des montagnes, des vallées, des fleuves
turbulents et de la forêt vierge. Beaucoup de régions desservies n’étaient peuplées
que d’animaux. Certains empierrements, ponts et tunnels ont été construits sur de
la vase et du sable, rendant le travail extrêmement difficile. 320 ponts et 22 tunnels
ont été construits.
Durant la grande famine, la Chine utilise le très peu de devises étrangères qu’elle
possède pour permettre l’importation de nourriture. En 1962, Rez Millie,
l’ambassadeur albanais en Chine, demande un approvisionnement en nourriture
pour son pays. Sous le commandement de Liu Shaoqi, le navire chinois qui
transportait de l’avoine tout juste achetée au Canada modifie sa trajectoire et
débarque sa cargaison dans les ports albanais.
Malgré tout cela, l’Albanie prend cette aide pour argent comptant et la gaspille.
Les gigantesques quantités d’acier, de pièces détachées d’industrie et les
instruments de précision fournis par la Chine sont laissés au gré des éléments. Les
officiels albanais ne s’en inquiètent pas : « Ce n’est pas très grave. Si c’est cassé
ou volé, les Chinois nous en donneront d’autres. »
La Chine aide également l’Albanie à se construire une usine textile, mais l’Albanie
n’ayant pas de coton, c’est la Chine qui utilise ses réserves étrangères pour lui en
acheter. À un moment donné, Adil Carnaçi, vice-président du pays, demande à Di
Bao, l’ambassadeur de Chine, de remplacer toute une série d’équipements de
pointe dans une usine d’engrais, mais il insiste pour que le matériel vienne d’Italie,
et non de Chine. La Chine achète donc du matériel italien et l’installe pour eux.
L’URSS considérera ces réformes non seulement comme une trahison des
principes socialistes, mais il craindra aussi que d’autres pays ne fassent de même.
De mars à août 1968, les élites gouvernementales soviétiques, Brejnev y compris,
organisent pas moins de cinq sommets avec Dubcek, l’enjoignant de renoncer à ses
réformes démocratiques. Dubcek refusant, en août 1968, plus de 6300 tanks de
l’armée soviétique envahissent la Tchécoslovaquie. Le Printemps de Prague n’aura
duré que huit mois avant d’être écrasé.
Peu de temps après, l’Allemagne de l’Est lève les restrictions sur les voyages en
Hongrie et en Tchécoslovaquie. Cela permet à un grand nombre d’Allemands de
passer à l’Ouest par la Tchécoslovaquie et le Mur de Berlin ne retient plus la vague
des départs. Le 9 novembre, l’Est renonce à la partition de la ville et des dizaines
de milliers de résidents escaladent le mur pour passer à l’Ouest, en profitant pour le
mettre en pièces. Symbole du rideau de fer communiste pendant des décennies, le
mur appartient désormais à l’histoire.
Lors des dernières décennies, le Parti communiste chinois a apporté son aide à
110 pays. Un de ses objectifs principaux, et qui conditionne son aide, est
d’exporter son idéologie.
Ainsi le but de ce chapitre est de mettre en évidence le fait que la transplantation
de la violence est une méthode vitale pour le spectre maléfique pour répandre le
communisme à l’international. Plus l’espace et la population qu’il a sous son
contrôle sont importants et plus il lui est aisé de détruire l’humanité.
Bien que le communisme ait perdu le pouvoir politique, il n’a jamais été jugé pour
les crimes qu’il a commis à l’échelle planétaire. La Russie n’a jamais purgé
l’influence soviétique ou mis fin à sa police secrète. L’ancien chef du KGB est
maintenant à la tête du pays. Les idéologies communistes et leurs défenseurs sont
non seulement toujours bien réels, mais leurs influences s’étendent même jusque
dans les pays de l’Ouest et le reste du monde.
Ces dernières années, des études (telles que celles menées par la station moscovite
RBK TV de 2015 à 2016) montrent que beaucoup de gens (environ 60 %)
souhaitent que l’Union soviétique renaisse. En mai 2017, de nombreux Russes
célébraient le 100 e anniversaire de l’accession des soviets au pouvoir. La Ligue de
la Jeunesse communiste soviétique (Komsomol), créée à l’époque soviétique, a
tenu un rassemblement sur la Place rouge de Moscou, devant le corps de Lénine,
lors duquel les jeunes sont appelés à prêter serment. Le président du Parti
communiste russe, Gennady Zyuganov, affirme que 60 000 nouvelles recrues ont
rejoint le Parti récemment et que le Parti communiste continue de vivre et de
prospérer.
Ne serait-ce qu’à Moscou, il y a près de quatre-vingts monuments dédiés à Lénine.
Son corps, exposé sur la Place rouge, continue d’attirer les touristes et les
admirateurs. La Place rouge est toujours rouge. Le KGB n’a jamais été
complètement inquiété ni condamné publiquement, le spectre maléfique du
communisme est toujours présent en Russie, et les partisans du communisme
toujours nombreux.
Les pays communistes qui ont utilisé la violence pour établir une gouvernance
communiste, comme le Parti communiste péruvien (plus connu sous le nom de
Sentier lumineux) sont devenus de plus en plus marginaux. La majorité de ces pays
se sont mués dans des variantes socialistes. Plutôt que se faire appeler
communistes, les partis politiques ont opté pour de nouvelles appellations telles
que le Parti socialiste démocratique, le Parti socialiste populaire, etc. Près de dix
partis communistes d’Amérique centrale ont enlevé le terme « communiste » de
leur nom, mais continuent de promouvoir des idéologies socialistes et
communistes, ce qui les rend encore plus pernicieux.
Dans les trente-trois pays indépendants que comptent l’Amérique latine et les
Caraïbes (sans compter Cuba, dirigé par le Parti communiste), les partis
communistes sont généralement considérés comme des partis ayant toute légitimité
pour gouverner. Au Venezuela, au Chili, en Uruguay et ailleurs, le Parti
communiste et le parti au pouvoir forment souvent des gouvernements de coalition,
alors que dans d’autres pays, le Parti communiste joue le rôle de l’opposition.