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Histoire de la chine contemporaine

La Jeune République de Chine (1912-1928) : l’impossible unité nationale

** Le Mouvement du 4 mai 1919 **

Ce mouvement est à prendre dans sa dimension politique et aussi culturelle. Les Japonais étaient
au côté des alliés durant la première guerre mondiale. Le mouvement du 4 mai 1919 désigne « le
mouvement pour la nouvelle culture » : ce mouvement d’introduction pour des nouveaux courants
de pensée, dans le sillage du mouvement, un certain nombre d’idées nouvelles font irruption en
Chine et un grand débat d’idées a lieu : le libéralisme, le marxisme, le socialisme, l’anarchisme …
C’est au nom de la démocratie et de la science que des intellectuels entendent se départir des
vieilles traditions jugées féodales, des valeurs confucéennes auxquelles on reproche la hiérarchie
des rapports humains, de faire entrave à l’esprit d’initiative …

Ce mouvement désigne aussi les manifestations qui sont organisées pour défendre les intérêts
chinois et protester contre l’attribution des concessions allemandes au Japon. Lors de la
conférence de Versailles de 1919 (conférence de la paix en chinois), la Japon exige d’hériter des
concessions allemandes en Chine.

** Le Premier front uni (1923-1927): le Guomindang, les Sovietniki, et les communistes**

—>> La création du PCC

>> La pensée marxiste va aussi s’affirmer dans ce contexte. Va émerger ainsi une nouvelle force
politique en Chine, le PCC. Il est né en 1921. C’est au cours de cette décennie que l’on assiste en
Chine a une transformation profonde du paysage politique en raison de l’émergence de ce nouvel
acteur. Le Guomindang avait été l’un des premiers partis politiques modernes à voir le jour. Au sein
du guomindang on peut observer une évolution vers la gauche du guomindang. Il va y avoir même
une alliance entre ces deux partis.

>> En juillet 1921, le PCC voit le jour en Chine et tient son premier congrès à Shanghai. A la tête
du parti se trouve Chen Duxiu, fondateur de la revue de la Nouvelle jeunesse. Il va être élu 1er SG
in abstentia. Il se trouve à Canton lors du premier congrès mais malgré son absence les jeunes
leaders communistes décident de l’élire. Cependant, il va se retrouver très vite contre le PCC.
C’est pour cela qu’il n’est pas fait mention de Duxiu dans les livres d’histoire chinois.

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>> A l’époque, il ne compte qu’une 50aine d’adhérents, intellectuels issus de l’aile la plus radicale
du mouvement du 4 mai 1919. Ces jeunes activistes sont en relation depuis 1920 avec
l’internationale communiste (le Komintern - le bureau de l’internationale communiste basée à
Moscou à l’époque - par coordonner l’ensemble des bureaux communistes dans le monde). La
naissance de ce PCC s’inscrit dans la continuité de la révolution russe d’Octobre. L’IC entend
propager le communisme en Asie. Cette fondation repose sur l’agrégation d’études marxistes en
Chine qui s’était formée dans les grandes villes chinoises à Pékin et à Shanghai. On a vu se
mettre en place des cercles d’études, d’associations et parmi ses différents groupes, on voit des
petits groupes d’étude marxiste.

>> La Révolution soviétique et le marxiste séduisent ces jeunes intellectuels chinois. Il y a une
critique du capitalisme et de l’impérialisme. Ils généraient toutes sortes d’injustices, entrave à la
souveraineté nationale. A l’époque, le PCC se considère comme le parti de la classe ouvrière. Il
compte sur celle-ci pour faire triompher la révolution socialiste. Il faut savoir que pour la plupart
des PC qui naissent, le communisme c’est l’étape finale, il faut d’abord arriver à mettre en place le
socialisme. Dès sa fondation, il entreprend d’éduquer les ouvriers et de noyauter, d’infiltrer les
organisations coopératives traditionnelles, de créer des syndicats modernes et d’organiser des
grèves dans les milieux ouvriers.

>> Dans un premier temps, ce parti communiste est assez faible. Le prolétariat sur lequel le
PCC s’appuie est tout juste en voie de formation à l’époque. La Chine à pris le train de
l’industrialisation assez tard. Cette classe ouvrière ne représente que 0,5% de la population
chinoise. Les paysans sont beaucoup plus nombreux et il faudra attendre la fin des années 30
pour que le PCC entreprenne une révolution agraire.

>> L’influence du PCC va être relativement circonscrite dans les années 1920, fragile, faible dans
les années 1920 car les adhérents vont devoir intégrer les rangs à titre personnel du Guomindang
dans le cadre de la politique du front uni, ce qui est voulu par le Komintern. Lors du 2ème congrès
de ce dernier en 1920, Lénine est parvenu à imposer sa ligne politique qui prône l’alliance des
partis communistes asiatiques avec ce qu’il appelle les bourgeoisies nationales dès lors
qu’elles sont hostiles aux colonisateurs européens. La bourgeoisie nationale hostile aux
colonisateurs en Chine est le Guomindang. L’objectif du Guomindang est de réaliser
l’indépendance nationale, de sauver la Nation et de permettre à la Chine de retrouver son
indépendance. Cela va entrainer la création du premier front uni entre le PCC et le Guomindang.
Le 26 janvier 1923, se concrétise cette alliance. On demande aux activistes d’intégrer le
Guomindang. SYT n’attend pas grand chose des communistes chinois et ne s’en méfie pas. Il
pense qu’ils n’ont pas beaucoup de représentativité, et qu’ils ne jouient pas d’une base solide.

>> Cependant, dans les faits le front uni profite au Guomindang mais aussi au PCC.

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—>> Il profite au Guomindang car il va bénéficier de l’afflux d’armes, d’argents et de
conseillers soviétiques = les Sovietniki.

—>> Le PCC va pouvoir se rapprocher d’autres classes de la population.

Exemples de conseillers soviétiques: « Maring » a beaucoup oeuvré auprès de SUY. Borodine est
un conseiller soviétique qui va s’employer à restructurer le Guomindang sur le modèle
bolchévique.

>> A partir de 1924, les conseillers soviétiques sous la tutelle de Borodine, vont s’employer à créer
une armée nationale révolutionnaire, mieux équipée et mieux entrainée que celles des
seigneurs de la guerre. Le but étant de mater les seigneurs de la guerre. Il faut donc mettre en
place une armée moderne. Durant le mois de mai 1924 est créée l’académie militaire de Huang
Pu. Tchang kai Chek va être nommé commandant de cette académie à 37 ans, il est tout juste
rentré de Moscou où il avait été envoyé par SY pour étudier les institutions militaires soviétiques et
il va être assisté d’un directeur adjoint, qui sera le Premier ministre de Mao sous la RPC.

>> Grâce aux spécialistes soviétiques et aux subsistes, l’académie devient très vite la meilleure et
la plus importante école militaire de Chine. Elle va débarrasser SY de ses adversaires locaux, les
seigneurs de la guerre, avant d’encadrer des unités de l’ANR qui sera chargée de reconquérir le
reste du pays.

>> L’expédition du Nord va consister à mater les différents seigneurs de la guerre qui se
déchirent entre eux. SY n’aura jamais l’occasion de conduire cette expédition car il meurt d’un
cancer le 12 mars 1925. C’est Tchang kai Chek qui va conduire cette expédition à partir de 1926.

>> Le contexte des années 20 se traduit par une grande agitation sociale avec des séries de
grèves de février jusqu’au mois de mai 1925. Ce sont des mouvements sociaux de grande
ampleur et notamment dans les filatures. Elles vont permettre aux activités communistes d’étendre
leur influence au sein de la classe ouvrière naissante en Chine et dans les usines. Le 15 mai 1925,
des heurts éclatent dans une filature de coton détenue par les japonais, un communiste est tué par
un japonais entrainant des manifestations le 30 mai 1925. On assiste donc à travers cette agitation
sociale de la montée progressive de l’activisme communisme qui n’échappe pas aux principaux
dirigeants du Guomindang.

>> Il y a beaucoup de similitudes au départ entre les deux partis mais dans les années 1920 le
guomindang a trois tendances à l’époque : une aile gauche ( qui défend le principe du peuple mis
en avant par SY bien être du peuple et incarnée par Liao Zhongkai) / une aile droite plus
conservatrice ( qui s’oppose à la collectivisation des terres, représentée par Hu Hanmin …).

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>> Des grèves, des pétitions, la formation de syndicats ouvriers va modifier le paysage social de la
Chine qui va profiter à l’aile gauche du Guomindang et au PCC. Durant l’année 1925, à la faveur
de cette agitation sociale, le PCC décuple ses effectifs. On estime qu’entre le mois de janvier 1925
et le mois de novembre de la même année, le nombre d’adhérents passe de 995 à environ 10 000.
La ligue des jeunesses communistes enregistre une progression et se transforme sur le plan
sociologique. Au départ elle recrutait seulement des étudiants et à la fin de l’année 1926 elle
compte près de 40% de jeunes ouvriers. Cette évolution sociologique s’observe au sein du PCC.
En 1927, les ouvriers sont majoritaires au sein du PCC. Ainsi, le PCC devient vraiment un acteur
politique majeur malgré le front uni. Il va à la faveur des mouvements sociaux gonfler ses rangs,
devenir de plus en plus important et indirectement contribue à l’émergence de cette aile gauche du
Guomindang.

>> Les communistes vont s’employer à noyauter un certain nombre d’organisations syndicales du
Guomindang. Les communistes vont commencer infiltrer. C’est ce qu’ils vont faire au sein de
l’institut des cadres des mouvements paysans, à Canton. Il servait à former les ingénieurs
agronomes. C’est un organisme politique aussi qui vante les principes de SY. Les activités
communistes vont essayer d’infiltrer cet institut et c’est au sein de cet institut que le jeune Mao va
former la 6ème promotion de l’institut.

La lutte avec les paysans a du mal à dépasser la province du Guangdong. Cela s’explique par
deux facteurs :

—>> l’impérialisme étranger rencontre l’indifférence des paysans. Ils sont isolés des villes
côtières.

—>> Les revendications sociales des militants communistes ne suscitent pas toujours
l’adhésion des autorités en place dans les campagnes car les autorités rurales à l’époque
sont surtout composées de fils de propriétaires terriens. Ce sont des personnes issues
d’une certaine bourgeoisie. L’égalitarisme radicale, l’abolition des classes font peur. C’est
pour cela que le mouvement communiste peine à se propager dans les campagnes.

>> Ce noyautage est vu d’un mauvaise oeil par le Guomindang et va entrainer des tensions entre
les deux partis, un clivage de plus en plus palpable dans les années 1920. Cette animosité
croissante accélère la polarisation du parti nationaliste chinois - le Guomindang et que s’affirme
cette fameuse aile gauche. Cette aile gauche est favorable à la poursuite du front uni et l’aile droite
ne veut plus entendre parler de cette politique.

>> A la suite de la mort de SY, la question de la succession est laissée ouverte. Pour remplacer le
personnage de SY, le Guomindang décide de mettre en place le Triumvirat - une association de 3
personnes qui exercent conjointement le pouvoir au sein d’une instance. Mais Zhongkai va être
assassiné et on assiste à une guerre de factions qui affaiblit le Guomindang. Cette guerre va
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finalement profiter à Tchang kai Chek.

>> Dans ce contexte de discordes, Tchang kai Chek ne tarde pas à exploiter l’atout que représente
la détention du pouvoir militaire réelle pour s’imposer comme l’homme du moment. C’est lui qui va
conduire cette fameuse expédition du nord. Il va abattre ses cartes. En 1926, il réunit le comité
exécutif du parti - le guomindang, et lui fait adopter une série de règlements qui limite l’influence
des communistes. Selon ses remaniements, les communistes ne peuvent plus accéder aux
organes dirigeants comme Mao. Tchang kai Chek écarte aussi certains membres de l’aile droite
qui risquent de lui faire de l’ombre. C’est ainsi que le 1er juillet 1926 que ce dernier annonce le
lancement de cette expédition du nord pour reconquérir l’unité nationale en Chine. Il rappelle ainsi
que sans la force armée il n’y a pas de politique possible en Chine.

>> Cette expédition aura lieu en deux temps. Juillet 1926-juin 1927 et la seconde phase qui s’étale
du printemps 1928 jusqu’à juin 1928. La réédition des 4 provinces de la Mandchourie

>> Pendant la première phrase de l’expédition du nord, cette dernière rencontre peu de résistance.
C’est depuis les bases du Guangdong et du Guangxi que l’ANR entreprend sa grande marche
vers le nord. Elle part du Sud, depuis le gouvernement nationaliste qui a bénéficié de l’aile
soviétique, mis en place cette académie militaire pour aller reconquérir les regions du nord
détenues par les seigneurs de la guerre. Grace au soutien de la population locale, l’ANR parvient à
reprendre à l’Angleterre sa concession dans le ville de Hankou. Des colonnes se forment à l’est et
envahissent aussi certaines provinces. On peut dire qu’à la fin de l’année 1926, l’ANR est
parvenue à étendre son influence sur un bloc de 7 provinces qui compte 170 millions d’habitants et
ce bloc reconnait nominalement l’autorité du gouvernement national en place à Canton - le
gouvernent du Sud. Au printemps 1927, ce bloc s’élargit encore et surtout aux villes de Shanghai
et de Nankin.

>> Ce qui explique ce succès c’est la désunion des seigneurs de la guerre entre eux. Parfois, ils
s’étaient alliés entre eux et parfois ils comptaient des effectifs 10 fois supérieurs. A l’époque, ils
préfèrent voir leurs ennemies de toujours être matés. Ils préféraient la défaite d’un rivale plutôt que
d’apporter un soutien. Pour certains seigneurs de la guerre, des seigneurs de la guerre se sont
ralliés d’eux-mêmes au gouvernement de Canton et puis le facteur qui joue en faveur c’est que les
officiers de l’ARN sont bcp mieux guidés sur le terrain formés, que les mercenaires des seigneurs
de la guerre. L’ARN a bénéficié d’un soutien soviétique mais aussi une aide populaire qui viennent
leur vendre des vivres et certains paysans proposent leurs services en temps qui guides sur le
terrain, porteurs de marchandises. Il y a un soutien logistique qui est apporté. Cette complicité va
faciliter les opérations de renseignements sur le terrain.

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Crise sociale et montée du mouvement communiste : les grandes grèves de 1925-1926 -
La reconquête nationale (expédition du nord)

>> L’expédition du Nord est cette grande expedition militaire qui avait été voulue par SYT.
Cependant, ce dernier est mort en 1925. Il n’a donc pas pu la mener. Cette expedition va donc être
menée par Chiang Kai-Shek. Il émerge comme l’un des militaires le plus puissant en raison de son
role dans l’académie militaire de, qui fonctionne grace à l’aide financière de la Russie et permet de
former des armée les mieux entrainées.

>> Cette période est extrêmement chaotique. Les seigneurs de la guerre se font la guerre, il y a
les phénomènes de banditisme et le transport de l’opium auxquels ils participent. (on parle des
différentes cliques). Les seigneurs de la guerre dans le Sud et Sud ouest sont plutôt en faveur du
gouvernement sécessionniste ( partition en 1917).

>> Les puissances occidentales n’ont pas vraiment reconnu le gouvernement du Sud mais sont
plutôt attentives. D’ailleurs, il faut se rappeler que la 1ère guerre mondiale a lieu en Europe. Durant
cette guerre, les Occidentaux se détournent de la politique intérieure chinoise pour notamment se
concentrer sur l’effort de guerre. Les ingénieurs, entrepreneurs repartent en Europe pour
concentrer leurs efforts sur le terrain en Europe. Les consuls étrangers ne peuvent que constater
qu’une situation chaotique sur le terrain. Officiellement, ils ne reconnaissent pas le régime
sécessionniste mais le gouvernement du Nord est disputé par les cliques du Nord et entre 1917 et
1927, on a un à deux présidents par an qui se succèdent.

>> On a un morcellement du pouvoir central puisqu’un gouvernement sécessionniste du Sud


conteste celui du Nord. Dans la Chine de l’époque, celui qui détient le pouvoir militaire détient le
pouvoir politique. C’est ce qui permet de comprendre la montée en puissance de Tchang kai Chek
étroitement associé au gouvernement du Sud.

>> Expédition du Nord : Elle a lieu en deux temps - juillet 1926-juin 1927 / une pause d’un an /
des opérations qui reprennent entre le printemps 1928 et qui se prolongent jusqu’en décembre
1928. L’une des operations les plus emblématique est la prise de Pékin. En décembre 1928, on
assiste à la reddition des 4 provinces de Mandchourie, précédemment sous le contrôle d’un
seigneur de la guerre puissant - Zhang Xueliang. Pendant la première phase de l’expédition, les
armées partent du Guangdong et du Gangxi. Elles vont s’emparer de la Chine du moyen Yangzi
et rencontrent assez peu de résistance. Il y a un soutien populaire que l’on doit tout de même
nuancer. En même temps que l’ANR progresse, des paysans viennent vendre des vivres aux
soldats et certains proposent des services de guide et de porteur. Cependant, il faut la relativiser
car l’historiographie communiste la met bcp en lumière.

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>> Durant l’hiver 1926, pendant que progresse l’ANR, des unions paysannes se multiplient dans
le Hunan et le Hubei et leur influence devient très importante. Ces unions bénéficient de la
protection de certains commissaires politiques de l’ANR et de certains cadres des instituts cadres
des mouvements paysans. Sous l’influence de ces unions paysannes, les villages du Hunan et du
Hubei réclament la baisse des loyers et des taux d’intérêts ce qui va rallier à leur cause de très
nombreux paysans. Cela crée un certain mécontentement dans la classe des propriétaires fonciers
et des notables de ces régions. Ils comptent alors sur les membres conservateurs du
Guomindang, effrayés par la révolution agraire, eux-mêmes issus de cette classe. C’est dans ce
contexte que le clivage entre l’aile droite et l’aile gauche se creuse encore plus. On estime à 9
millions de membres ces unions paysages. Dans le reste du pays, le mouvement reste faible et
limité et c’est Tchang kai Chek par la violence qui va s’imposer face au communisme et l’ale
gauche du Guomindang. Sa main mise sur la ville de Shanghai à partir du printemps 1927 va être
décisive pour s’imposer face au communisme.

>> Dès le début de l’année 1927, il met en place un conseil politique à Nanchang pour conduire la
suite de l’expédition du Nord. Il convoite la ville de Shanghai, ainsi que des vétérans du
Guomindang. Les militants communistes sont particulièrement actifs sur place. Entre le 20 et
le 22 février 1927, une insurrection éclatent à Shanghai accompagnée de grandes grèves
ouvrières. Tchang kai Chek et le guomindang local ne soutiennent pas ce mouvement ouvrier, ils
ne souhaitent pas entendre parler de révolution sociale. Selon lui, la restauration de la nation doit
se faire sans révolution. L’insurrection ouvrière de février 1927 échoue. Les ouvriers ne
parviennent pas à prendre le contrôle de Shanghai.

>> Cependant, un mois plus tard, les syndicalistes et les communistes de la ville réitèrent et du 21
au 23 mars 1927, ils organisent une nouvelle grève ouvrière massive qui paralyse la ville et
devient insurrectionnelle. Les syndicalistes et activistes communistes proclament la création d’un
gouvernement municipal provisoire dans lequel ils concèdent une large place à la bourgeoisie
locale et aux notables. Leur but est de mettre fin à l’impérialisme des puissances étrangères. (A
l’époque, le conseil municipal de Shanghai est gérée par une coalition étrangère.) Ils espèrent que
l’aile gauche parviendra à prendre le contrôle de la ville. 3 jours plus tard, Tchang kai Chek arrive
avec ses troupes à Shanghai et ne reconnait pas l’autorité de ce gouvernement. Il s’empresse de
nouer des contacts avec le milieu des affaires et à rassurer les puissances étrangères.

—>> Le 12 avril 1927 ( le Coup du 12 avril), avec l’appui de la mafia de Shanghai ( la


pègre locale comme la bande verte) et avec l’aile financière de certains notables locaux, il
fait massacrer des militants communistes à Shanghai. Dans les jours qui suivent, débute
une période de terreur blanche qui fait environ 5000 victimes.

—>> Dans toutes les grandes villes du Sud controlées par les armées de T, les militants
communistes sont pourchassés et assassinés.

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—>> Ce Coup du 12 avril marque la fin de la politique du front uni.

>> Pendant ce temps, à la campagne, la situation est très différente. En effet, depuis le mois de
décembre 1926, la métropole de Wuhan a mis en place un gouvernement provincial local à
l’initiative de Mikhaïl Borodin. Ce gouvernement rassemble la gauche du Guomindang et les
communistes. Au début du mois d’avril 1927, une nouvelle personne prend la direction de ce
gouvernement de Wuhan = Wang Jingwei. Il se trouvait précédemment à Paris. En réaction au
coup du 12 avril, le gouvernement de Wuhan expulse TKC du Guomindang et le révoque de tous
ses postes. A l’époque, le Guomindang est loin d’être un parti uni.

>> Chiang Kai-Shek, en réponse, met en place le 18 avril 1927, son propre gouvernement à
Nankin. Sur les plans économique et financier, mais aussi politique et militaire, le gouvernement
de Wuhan est beaucoup plus divisé et fragile que son rival. Sa fragilité s’explique par :

—>> Le mouvement paysan dans le Hunan et le Hubei qui a pris une tournure violente. La
révolution agraire s’est radicalisée. Les militants communistes au sein vont commencer à
persécuter les propriétaires fonciers ce qui inquiètent les officiers du Guomindang mais
aussi le Kommingtern à Moscou qui reste attaché à la politique du front uni.

—>> Les officiers et les armées du Guomindang, qui tolèrent de moins en moins ces
actions, vont s’aligner sur Tchang kai Chek.

—>> Wang Jingwei s’abstient de toute action et il finit par chasser les conseillers
soviétiques de Wuhan.

—>> On peut dire que cet évènement marque l’avènement du gouvernement de Wuhan
sur celui de Nankin. Cette victoire est moins celle d’un parti que d’un homme qui a réussi à
s’imposer par la force des armes comme un nouveau seigneur de la guerre tout puissant.

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** La décennie de Nankin **

>> Cette année 1927 ouvre une ère nouvelle = la décennie de Nankin (1927-1937). Il y a eu des
tentatives de modernisation. Elle sépare la fin de l’expédition du nord et l’invasion japonaise. On
emploie cette expression en français et aussi en anglais. Elle est due au sinologue américain
Fairbank ( il est le père des études chinoises aux USA à Harvard ).

>> Le nouveau gouvernement de Tchang kai Chek poursuit des objectif très ambitieux. Il
entreprend d’accomplir la réunification du pays et de restaurer la souveraineté nationale de la
Chine. Il cherche aussi à promouvoir une industrialisation rapide et une économie chinoise.
Cependant, la réalisation de ces objectifs se heurte à de nombreux obstacles =

—>> la faiblesse des institutions politiques


—>> l’émergence d’une nouvelle génération de seigneurs de la guerre.
—>> Par ailleurs, les troubles politiques qui ont précédé l’établissement de ce
gouvernement sont allés de paire avec un affaiblissement de la puissance économique
—>> Il y a des soulèvements intérieurs et une nouvelle agression venue de l’extérieur, le
Japon, va commencer à étendre son contrôle sur la Mandchourie à partir de 1931.

** Le pouvoir sous pression : les “nouveaux” seigneurs de la guerre, l’agression japonaise


**
>> Le pouvoir de Tchang kai Chek est sous pression car l’établissement de son gouvernement à
Nankin le 18 avril 1927 ne coincide pas tout à fait avec la fin de l’expédition du Nord. Il faut
attendre la conquête de Pékin en juin 1928 pour que s’achève celle-ci et la soumission d’un
seigneur de la guerre au mois de décembre 1928.

>> C’est en décembre 1928 que se réalise théoriquement l’unité complète de la Nation chinoise.
Cependant, cette unité est aussitôt menacée par différent soulèvements intérieurs, le fait de cette
nouvelle génération des seigneurs de la guerre et de l’agression japonaise.

>> Cette nouvelle génération des seigneurs de la guerre va parvenir à étendre sa sphère
d’influence sur une large partie du gouvernement chinois qui échappe en partie au gouvernement
de Tchang kai Chek. Le gouvernement que ce dernier a établi à Nankin contrôle en réalité les
provinces du bas Yangtze, la grande métropole financière de Shanghai, la province du
Guangdong. Cependant, cela reste une zone assez restreinte même si elle est stratégique et
financièrement avantageuse. Mais elle ne représente que 7,6% de la superficie du pays et 20% de
la population totale. La majeure partie de la Chine reste sous le contrôle de cette nouvelle
génération des seigneurs de la guerre qui s’est imposée pendant cette expédition du Nord.

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>> Tchang kai Chek, pendant qu’il dirigeait les opérations, a dû souvent s’accommoder de certains
seigneurs de la guerre en échange de leur appuis militaires et logistiques. Ces seigneurs ont
consenti à des arrangements et notamment des positions élevées au sein du Guomindang. Cette
participation des nouveaux seigneurs de la guerre à la vie politique reste une facade et sont
plutôt hostiles à la centralisation du pouvoir voulue par TKS. C’est ce qui explique la faiblesse
sur le terrain du gouvernement de Nankin dans ces régions éloignées.

Exemples: Feng Yuxiang // Yan Xishan //

>> Le gouvernement de Nankin va insister à l’époque sur la nécessité de réduire au maximum les
forces armées, souhaitant endiguer la puissance de ces nouveaux seigneurs de la guerre. On
compte environ 2 millions d’hommes au sein des forces armées. Le gouvernement de Nankin
voudrait réduire à 800 000 homme pour limiter les dépenses militaires du gouvernement, qui
constituait 41% des dépenses publiques.

>> Afin de limiter les forces armées, le gouvernement de Nankin tient une conférence de
démobilisation en janvier 1929. Cette conférence est vue d’un très mauvais oeil par les seigneurs
de la guerre qui craigne que cela réduise leur pouvoir. Les efforts du gouvernement de Nankin se
heurte ainsi à la résistance déterminée des seigneurs de la guerre. A partir du mois de mars 1929,
on assiste à une toute nouvelle série d’affrontements et de guerres civiles entre les seigneurs de la
guerre et le gouvernement de Nankin.

>> Par ailleurs, le Guomindang connait aussi des divergences autour de la question de la
nécessite d’adopter une Constitution et du respect des 3 principes du peuple de Sun yat sen.
Il n’y a pas seulement un conflit armé mais aussi un conflit politique. Il y a donc toute une série de
discussions. La pensée politique de SYT, qui s’articule sur une vision particulière de la révolution.
Dans sa pensée politique, la révolution passe par 3 phases :

—>> 1ère phase: La phase de gouvernement militaire ( qui va mettre progressivement en


place des Assemblées représentatives)
—>> 2ème phase: La phase de tutelle politique ( AR + et militaires encore là)
—>> 3ème phase: La phase de gouvernement constitutionnel

>> C’est sur question de la tutelle politique que s’opposent les différentes factions du Guomindang.
Tchang kai Chek cherche à faire adopter une Constitution provisoire qui lui donnerait les pleins
pouvoirs dans les faits. Différentes voix au sein du GMD s’élèvent contre le principe de cette
constitution provisoire. Un membre de l’aile droite commence à s’opposer fermement à Tchang kai
Chek - Hu Han Ming. Ce membre voit le non respect des préceptes du SYS. Il démissionne de la
présidence du Parlement. TKS le fait arrêter ce qui fournit à plusieurs adversaires politiques de
TKS d’organiser un nouveau gouvernement national d’opposition à Canton en mai 1931.

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>> Ce dernier regroupe toutes les factions du Guomindang hostiles à Tchang kai Chek ainsi que
certains seigneurs de la guerre du Guangxi et du Guangdong (ce sont des seigneurs de la guerre
très puissants), le fils de SYS. Le but est de convaincre TKC à démissionner. L’invasion japonaise
en Mandchourie, en septembre 1931, va précipiter les événements et obliger les deux
gouvernements à entrer dans une phase de négociations. La pression de l’opinion publique
chinoise va aussi jouer un rôle non négligeable dans ces négociations.

>> A l’époque, l’opinion publique chinoise veut en finir avec les divergences internes au
Guomindang. Cette dernière réclame la formation d’un gouvernement unifié capable de faire face
à l’agression étrangère. Suite à la mise en place de ce gouvernement de Canton et dans le
contexte de l’invasion japonaise en M, Tchang kai Chek démissionne de ses fonctions
gouvernementales et du commandement des forces armées. Le fil de Sun Yat Sen - Sun Ke,
prend la présidence du nouveau gouvernement à Nankin mais il est privé des forces armées et
des milieux financiers de Shanghai. Son gouvernement est remplacé au bout de 25 jours par
une nouvelle équipe exécutive. TKC reçoit la Présidence de la Commission militaire qui lui
assure à nouveau l’essentiel du pouvoir même si certains seigneurs de la guerre continuent à lui
être insubordonnés.

>> A l’époque, la plus grande menace extérieure vient surtout du Japon. Jusqu’alors, le Japon
s’était employé à s’immiscer dans les affaires intérieures de la Chine. A partir des années 1930, la
politique japonaise consiste à annexer des pans entiers du territoire chinois. Cette invasion de la
Mandchourie à venir par le Japon doit se comprendre dans le contexte de la montée du militarisme
après le contexte de libéralisation politique des années 1920. Dans les années 1920, la vie au
Japon est une vie très riche, pleine de rebondissements, une plaque tournante des idées nouvelles
venues de l’Occident …

>> Cependant de cette ère Taisho on passe à l’ère Showa. Les plans expansionnistes du Japon
visent d’abord les provinces de l’ancienne Mandchourie car ce sont des provinces qui sont riches
en matières premières. Après la conquête de la Corée par le Japon en 1910, les Japonais
entrevoient la possibilité d’intégrer la Mandchourie à leur domaine pour prévenir toute expansion
russe dans cette zone qui a fait l’objet de rivalités entre les deux nations dans le tournant du siècle
(1904-1905). En raison de ces ambitions expansionnistes, le Japon contrarie les efforts du
gouvernements de Nankin pour consolider son pouvoir et le Japon cherche à empêcher les
progrès de l’unification de la Chine. Les Japonais se servent des seigneurs de la guerre en
Mandchourie. Ils s’appuient aussi sur leurs propres troupes présentes en Chine. En avril 1928, des
armées japonaises ont déjà essayé d’arrêter la progression de l’expédition du Nord en intervenant
au Shandong.

>> Plusieurs choses sont ressenties du côté japonais comme une menace pour les intérêts du
Japon en Chine:

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—>> Les premiers succès du gouvernement de Nankin constituent une menace.

—>> La montée en puissance de Zhang Xueliang, un seigneur de la guerre. Il est parvenu


à conduire différents progrès militaires et économiques et à renforcer son influence au
Japon et en Mandchourie.

—>> Il y a également les prises de position anti-japonaises en Chine. A Shanghai, les


grandes grèves sont nées dans les filatures de coton qui appartenaient au Japon.

>> Au tournant des années 1930, les Japonais vivant en Mandchourie se sentent en danger et
demandent à leur Gouvernement d’agir. Les Japonais de Mandchourie commencent à militer pour
la création d’un Etat autonome de Mandchourie. Ces derniers bénéficient du soutient de l’armée
japonaise = l’armée du Guandong. Elle avait été mise en place pour étendre leur influence dans la
région de Port Arthur, précédemment occupée par les Russes. C’est une armée qui est noyautée
par les militaristes japonais, qui ont des positions radicales. La zone du chemin de fer du sud de la
Mandchourie - le transmandchourien - était gérée par les Japonais. Cette armée japonaise a été
établie en Chine pour aussi renforcer le contrôle japonais de cette ligne de chemin s’étendant dans
le sud de la Mandchourie. Cette armée échappe largement à la surveillance du gouvernement de
Tokyo et jouit d’un statut semi-autonome pour conquérir la Mandchourie pour le compte du Japon.

>> Depuis 1929, un nombre croissant de dirigeants de l’armée japonaises se sont prononcés en
faveur de l’occupation de la Mandchourie. Ce serait l’occasion d’acquérir un bastion, et d’établir
d’une base de ravitaillement en cas de guerre avec les USA (le Japon est entrain de s’allier avec
l’Allemagne nazie, et les Japonais sentent qu’ils pourraient entrer en guerre avec les Américains).

>> Les ambitions de l’armée du Guangdong sont favorisées par la situation politique intérieure en
Chine où le gouvernement de Nankin doit faire face à l’influence des seigneurs de la guerre, des
rebellions dans les campagnes et des catastrophes naturelles. La conjoncture internationale joue
aussi en faveur de l’expansion japonaise avec la crise économique de 1929, les puissances
occidentales étant moins engagées en Asie. La SDN ne dispose pas à l’époque des moyens
nécessaires pour faire respecter les accords internationaux en cas de conflits. Au Japon même, les
répercussions de la crise économique mondiale ont modifié le climat politique. On assiste à une
augmentation très forte du chômage et ces difficultés économiques donnent du poids aux
arguments des expansionnistes. Dans l’armée japonaise, les hauts gradés exercent une pression
croissante sur le gouvernement. Le Gouvernement civil se révèle incapable d’affirmer son autorité
face aux militaristes.

>> C’est dans ce contexte que les Japonais vont entrainer l’incident de Mukden - l’incident du 18
septembre 1931. Il se produit le 18 septembre 1931. Les troupes japonaises vont organiser un
attentat sur les lignes du chemin de fer sud-mandchourien. Elles vont s’employer à faire croire que
ce sont les Chinois qui ont cherché à saboter les lignes de chemin de fer. Cet attentat est un
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prétexte. Les militaristes japonais vont prendre différentes villes en Mandchourie. Le
Gouvernement japonais tente d’arrêter leur progression. Mais, ces initiatives sont contrecarrées
par les militaristes. L’attaque japonaise ne surprend pas le gouvernement de Nankin à l’époque.

>> L’attaque japonaise ne surprend pas le gouvernement de Nankin à l’époque. Néanmoins, le


gouvernement de Nankin cherche à éviter tout nouveau conflit militaire. TKC adopte une politique
qui consiste à ne chercher aucun compromis, aucune résistance, et à ne privilégier aucune
négociation directe avec les Japonais. Le gouvernement de Nankin tente de protester à Tokyo. Il
cherche à internationaliser le conflit en faisant intervenir la SDN. Il demande à ce qu’il y ait une
commission d’enquêtes mais tout cela ne donne aucun résultat concret à l’époque. Cela ne va
qu’accélérer la marche en avant des Japonais en Chine.

>> En l’absence de sanctions internationales efficaces, les Japonais parviennent à prendre le


contrôle de toute la Mandchourie en l’espace de 5 mois. Le 28 janvier 1932, les troupes japonaises
ouvrent un second front à Shanghai mais elles se heurtent à une résistance chinoise acharnée qui
parvient à bloquer leur progression pendant plus d’un mois. Néanmoins, au bout d’un mois de
résistance, celles-ci finit par s’effondrer et le gouvernement nationaliste de Nankin quitte Nankin
pour s’installer en Chine centrale dans la province du Henan. Le 5 mai 1932, un cessez-le-feu est
obtenu à Shanghai grâce à une médiation internationale de sorte que les troupes japonaises se
retirent de la ville.

>> Les Japonais poursuivent leur ambition d’établir un Etat autonome en Mandchourie et le 9 mars
1932, ils instaurent un gouvernement fantoche en Mandchourie - le Mandchoukouo. Il place à la
tête le dernier empereur de la dynastie des Qing Puyi qui sera couronné empereur du
Mandchoukouo 2 ans plus tard. Les tentatives japonaises qui visent à faire passer le
Mandchoukouo comme un Etat souverain sont vaines. la SDN dénonce le Japon agresseur et le
Mandchoukouo un régime fantôme sous domination japonaise. Les condamnations internationales
restent sans effet pour le Japon. Malgré les mises en garde du gouvernement de Tokyo, l’armée
du Guangdong continue à lancer de nouvelles attaques. dans des régions situées au delà de la
Grande muraille et le 31 mai 1933 la signature d’un nouveau cessez le feu prévoit la creation
dans l’est du Hubei d’une zone démilitarisée, qui comprend les villes de Pékin et Tianjin.

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** Le conflit larvé avec les communistes **

>> En parallèle de cette agression japonaise, le régime nationaliste de Nankin est confronté à un
autre défi - le mouvement communiste en Chine. Ce mouvement, après la fin du 1er front uni, s’est
divisé en 2 camps :

—>> La direction officielle du PCC opère clandestinement dans les ville et tente de faire
progresser la révolution en organisant des grèves et des sabotages

—>> Tandis que Mao dans les régions rurales du Hunan notamment va s’impliquer pour
conduire la révolution dans les campagnes car la Chine est encore un pays rural. Il va
prôner la révolution agraire.

>> La stratégie du PCC est déterminée à Moscou par les dirigeants du Komintern. Les dirigeants
du Komintern s’opposent sur la poursuite de la révolution mondiale - et surtout le conflit Trotsky et
Staline, ce dernier parvenant à imposer ses vues. Concernant le terrain chinois, il considère que la
révolution chinoise est dans une phase d’expansion et il faudrait l’accélérer en encourageant des
révoltes armées ainsi que de zones soviétiques dans les grandes ville. Le PCC va ainsi organiser
une série de révoltes armées entre le 1er août 1927 et le 11 décembre de la même année.
Cependant, cette série fait fasse aux contre attaques des forces gouvernementales de TKC. La
rupture du front uni avec le Guomindang et les échecs essuyés durant les différents soulèvements
de 1927 entrainent des querelles au sein de la direction du Parti. Comme il n’est pas question
de mettre en cause la ligne officielle du Komintern, le PCC fait porter la responsabilité des échecs
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aux membres du bureau. Duxiu est démis de ses fonctions pour défaitisme et il est remplacé par
Qiubai.

** Qiubai est un protégé de Staline à l’époque. Il sera fusillé plus tard par les troupes
nationalistes. C’est un manifestant du 4 mai, un traducteur de la délégation chinoise à
Moscou dans les années 1920 et un des artisans du premier front uni. C’est en 1923 qu’il a
intègre le comité central du PCC.

** Le bureau de la propagande va nommer Li Lisan qui deviendra Secrétaire général du


PCC de 1928 à 1930.

>> Le PCC se réunit en juillet 1928 à Moscou. Ce congrès entraine de nouveaux changements en
ce qui concerne la direction du parti mais dans l’ensemble la ligne politique est conservée et
renforcée dans certains points. Il est décidé de mettre en place des Soviets en Chine et de
conduire une révolution agraire qui supposerait la confiscation des terres des propriétaires fonciers
et il est aussi décidé de tout mettre en oeuvre pour parvenir à réunifier le pays et pour expulser les
puissances impérialistes. A l’issu de ce congrès, Li Lisan remplace Qiubai à la tête du parti et il
décide d’intensifier l’action clandestine du PCC à travers des grèves et des sabotages. L’armée
rouge, placée sous le commandement du maréchal Feng Dehuai, s’empare alors de la capitale du
Hunan.

>> Cependant, face aux attaques des nationales, elle doit vite batte en retraite après avoir subi de
lourdes pertes. C’est ainsi qu’il perd à son tour sa place de dirigeant du PCC et suite à cette
défaite de l’armée rouge face aux armée gouvernementale, la direction du bureau politique passe
entre les mains d’un groupe que l’on nomme les 28 Bolcheviques : militants communistes formés à
Moscou qui se reconnaissent dans la ligne politique prônée par Staline (Mao veut s’appuyer sur la
classe paysage et prone la guérilla).

>> Mao s’emploie à organiser un mouvement paysan dans la province du Hunan afin de
promouvoir la révolution agraire. Sous le commandement de Mao, les paysans de cette région
participent durant le mois de sep 1927 à la révolte de la moisson d’automne : une révolte qui
donne lieu aux sabotages d’importantes lignes de chemin de fer, l’occupation de plusieurs localités

>> Ces troupes gouvernementales vont alors persécuter les responsables de cette révolte qui vont
alors se réfugier dans la région montagneuse de Jing Gang Shan. Mao reste à l’époque critiqué
par la direction du parti car il refuse de s’aligner sur la ligne politique qui est de s’appuyer sur les
classes moyennes et ouvrières. Il est exclu du bureau politique du parti en novembre 1927 mais
malgré cette exclusion, il voit de nouveaux communistes se joindre à ses troupes. Il confit le
commandement de ses troupes qui l’ont suivi dans cette région montagneuse à Zhu De.
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>> Mao pose alors les fondements de sa stratégie pour conduire la révolution paysanne. Cette
révolution paysanne doit passer par le soutien des masses paysannes qui serait obtenu :

—>> Grâce à une révolution agraire égalitaire (chacun recevrait une part de terre égale)
—>> La consolidation d’une base territoriale à l’abris du Guomindang.
—>> Il serait aussi nécessaire de consolider une force militaire indépendante pour mener
une guerre de guérilla contre les forces gouvernementales de TKC.

>> Les autorités communistes commencent alors à s’organiser en Soviet. Cela débute dès l’année
1929. Elle débouche le 7 novembre 1931 par la fondation de la République soviétique chinoise.
Le 1er Congrès de cette République, qui a lieu le 7 novembre 1931, va être l’occasion pour de
nombreux délégués du PCC de venir exprimer leurs vues sur la Révolution chinoise. Ce congrès
va être le théâtre de vifs débats. La guérilla doit se transformer en guerre régulière contre les
troupes gouvernementales. Les représentants de la direction du parti critique l’organisation d’un
large front uni anti japonais et préconise plutôt le renforcement de l’armée rouge. Néanmoins, ils
ne parviennent pas à imposer leur vue. Mao est proclamé Président du comité exécutif de la RSC
et le groupe des 28 doit s’incliner face à la montée en force de Mao et son arrivée à la tête de cette
République.

>> Du côté du gouvernement nationaliste, les armées s’organisent pour tenter d’attaquer les bases
territoriales dans lesquelles les proches de Mao se sont réfugiés et où ils ont constitué cette RSC.
Il ne reste donc pas sans réaction. Entre 1931 et 1934, TKC va lancer plusieurs campagnes
militaires pour essayer de faire tomber cette RSC. Néanmoins, il peine à venir à bout de cette base
territoriale de Mao. En Janvier 1933, lors d’une 4ème campagne qui mobilise 150 000 hommes, il
est obligé de rebrousser chemin en raison d’une offensive japonaise. C’est seulement à
l’autonome 1934 que TKC va réussir à faire subir de lourdes pertes aux troupes communistes. Il
assiège la région où sont massées les troupes communistes. Cependant, les unités de l’armée
rouge forcent le siège des troupes gouvernementales et près de 100 000 hommes prennent la fuite
= c’est le début de la longue marche.

>> Cette longue marche dure un an. Elle s’étend d’octobre 1934 à octobre 1935. C’est un épisode
tragique car on estime qu’au départ 100 000 homme s’étaient joints et à la fin ils ne seront que
8000. Les militants communistes qui s’enfuient sont harcelés par les troupes, ils meurent de faim
de maladie.

>> Durant cette longue marche, la lutte pour le pouvoir continue et une conférence a lieu en janvier
1935 durant une pause de la longue marche. Durant cette conférence, il est décidé d’un nouveau
changement d’orientation politique. Les maoïstes réussissent à placer leurs hommes aux postes
clés, à imposer leurs conceptions en matière de stratégie pour conduire la révolution. L’armée
rouge préconise de revenir à la Guerilla. Mao prend la direction du bureau politique et l’influence
des 28 Bolcheviques recule fortement après cette conférence.
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** L’incident de Xi’an **

>> Cet incident va valoir à TKC d’être fait prisonnier en décembre 1936. Le gouvernement de
Nankin à l’époque refuse de faire face ouvertement et directement à l’agression japonaise car le
premier ennemie à abattre est le mouvement communiste. Ce choix, cette argumentation
provoque des controverses dans le pays et font perdre au régime beaucoup de sympathie,
notamment parmi les étudiants. En revanche, du côté de communiste, on assiste à un changement
d’orientation politique sur cette question.

>> Ce changement de politique sur la question des alliances à conduire pour faire face aux
Japonais doit beaucoup au 7ème congrès du Komintern d’août 1935. Il est alors décidé
d’engager les Partis communistes en Asie dans des alliances avec des organisations anti fascistes
afin de combattre la montée du fascisme et du militarisme au milieu des années 1930. C’est ainsi
qu’au début de l’année 1936, le PCC commence à propager l’idée de différents projets d’alliances
avec différents partis qui le souhaitent pour sauver la Nation de l’agression japonaise … Cette offre
reçoit un accueil très favorable de la part de la population.

>> Du côté du gouvernement de Nankin, TKC espère pouvoir prendre appui sur les armées d’un
seigneur de la guerre. Seulement, ce dernier a été chassé de la Mandchourie par l’armée
japonaise du Guangdong. Du coup, il n’a pas très envie de se battre contre des chinois et est donc
très reticent à aller réprimer le mouvement communiste. En décembre 1936, TKC effectue une
visite d’inspection au quartier général dans la ville de Xi’an. Lors de cette visite, il est fait
prisonnier par des unites rebelles des forces gouvernementales (la plupart sont des membres
de l’aile gauche du Guomindang). Ces dernières exigent que TKC suspende tout combat militaire
interne, exige que le parti nationaliste chinois fasse alliance avec toutes les forces armées
chinoises en Chine pour lutter pour le salut de la Nation et pour faire en sorte que la Chine ne
tombe pas aux mains des Japonais.

>> Sous la pression de l’opinion publique et grâce aux efforts de médiation de certains activistes
communistes, TKC finit par être libéré le 24 décembre après avoir accepté officiellement l’idée d’un
second front uni avec le PCC. A la suite de cet incident, les actions militaires des forces
gouvernementales contre les communistes sont suspendues. Cependant, le blocus de leurs
régions n’est pas véritablement levé. TKC sort renforcé de cet incident. Il n’apparait plus comme
celui qui fait obstacle à la lutte contre le Japon mais comme un chef militaire capable de mener la
Nation à lutter grâce à un front uni contre l’agresseur communiste.

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** La guerre sino-japonaise de 1937-1945 **

** Introduction : expansionnisme japonais et second front uni Guomindang-PCC **

>> Cette guerre qui oppose la Chine et le Japon s’inscrit dans la continuité des agressions
japonaises en Mandchourie et dans le cours de la WWII. Elle débute le 7 juillet 1937 en raison d’un
accrochage survenu entre les soldats chinois et japonais près du pont Marco Polo, érigé au Sud
Ouest de Pékin. A la différence des exactions qui ont été infligées précédemment par les Japonais
aux Chinois, TKC va faire preuve d’une fermeté pour honorer l’engagement qu’il avait pris durant
l’incident de Xi’an. Il décide de faire respecter la souveraineté chinoise dans le nord du pays. Il
envoie alors plusieurs divisions dans la province du Hubei.

>> Les Japonais acheminent des renforts dans la région de Pékin et de Tianjin. A partir du 25
juillet, les incidents se multiplient. A la fin du moi de juillet, les deux grandes métropoles tombent
aux mains des Japonais. La guerre sino-japonaise a commencé sans avoir été officiellement
déclarée.

** 1 - La Guerre de mouvement et les premiers crimes de masse (1937-1938) **

>> C’est cette phase qui comporte le plus d’opérations militaires. Elle s’avère extrêmement
meurtrière pour la partie chinoise. Dans le nord, les Japonais progressent le long des voies ferrées
qui partent de Pékin et de Tianjin. Les routes terrestres sont en effet impraticables durant la
mousson d’été. C’est pour cette raison qu’ils suivent les voies ferrées. Ils avancent aussi en
direction du Nord ouest et de l’Ouest. Les forces japonaises arrivent ainsi dans la région de
Baotou. Elle se retrouvent au coin du désert de Gobi et progressent plus en aval dans la province
du Shanxi et prennent sa capitale Taiyuan au mois de novembre 1937.

>> Au cours de « cette campagne japonaise dite du Nord Ouest », à la fin du mois de septembre,
une division communiste dirigée par Lin Biao, surprend une brigade japonaise au niveau d’un petit
village de la province du Shanxi - Pingxingguan. Elle lui inflige des pertes sérieuses et ce succès
local et isolé sera largement exploité par la propagande communiste plus tard comme étant la
marque d’un succès héroïque de la resistance chinoise

>> Plus au Sud, les Japonais envahissent les provinces du Henan et du Shandong. A la fin de
l’année 1937, les forces japonaises ont atteint l’essentiel des objectifs fixés en Chine même si la
consolidation de leur conquête va être difficile.

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>> Dès le début du mois d’août 1937, un nouvel front s’ouvre en Chine de l’est, dans la région de
Shanghai. TKC y concentre tous ses efforts afin de sauver la ville. Il faut se souvenir qu’au début
de l’année 1932, le Japon avait déjà essayé de faire tomber la ville de Shanghai et s’était vu
opposer une resistance acharnée de la part des Chinois.

>> En 1937, les stratèges du gouvernement de Nankin pensent qu’un combat à l’intérieur de
Shanghai est nécessaire même si la supériorité japonaise est incontestable, qu’elle est supérieure
en puissance de feu et affiche une supériorité nette sur les forces nationalistes chinoises. TKC
estime que le triangle Nankin, Shanghai et Hangzhou a les moyens de tenir tête aux Japonais car
c’est là que ses meilleures troupes se trouvent. Ils affectent d’emblée ses troupes les mieux
équipées à la défense de ce triangle.

>> Ce calcul va s’avérer désastreux. L’élite de ses armées ne tiendra pas plus de trois mois. La
ville de Shanghai tombera aux mains des Japonais et le 9 novembre 1937, les Japonais
parviennent à s’en emparer après des combats très meurtriers qui coûtent la vie du côté chinois à
270 000 hommes, ce qui représente 60 % des effectifs militaires du gouvernement de Nankin
engagés contre le Japon. On compte 6 fois moins de pertes du côté japonais.

>> La défaite des troupes chinoises à Shanghai, qui étaient pourtant les mieux équipées va avoir
des conséquences funestes sur la capacité de résistance des chinois à l’époque. Durant le mois
de novembre, les Japonais organisent un débarquement dans la ville de Hangzhou. Les troupes
chinoises qui devaient défendre cette baie sont menacées d’encerclement par les Japonais. Elles
doivent battre en retraite en direction de Nankin dans des conditions épouvantables.

>> C’est à Nankin que le carnage prend toute son ampleur. La ville est prise le 13 décembre
1937 après 4 jour de combats qui coûtent la vie à 100 000 soldats chinois. C‘est pendant les 7
autres semaines que les Japonais se livrent à un veritable massacre de la population civile. On a
parlé pendant longtemps du viole de Nankin. Aujourd'hui on parle plutôt du massacre de Nankin.
Le nombre de victimes à Nankin varie selon les sources : environ 20 000 femmes ont été violées
et ont servi de « femmes de réconfort aux soldats japonais » plus de 40 000 civils ont été
massacrés, pour la plupart brêlés vivants ou enterrés vivants. Ces violences et ces assassinats
continuent en dehors de Nankin pendant les premiers mois de 1938. Plus du tiers des troupes
chinoises et plus la moitiés des unités militaires les plus modernes sont anéanties. En Avril 1938,
au sud du Shandong, les forces chinoises de Li Zhongzen parviennent à infliger de lourdes pertes
aux troupes japonaises à Xuzhou. Malgré cette offensive victorieuse, les japonais parviennent à
prendre des villes encore et à atteindre Wuhan où se trouvent les forces gouvernement ont du aller
à Wuhan.

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>> Pour les mettre en difficulté, les Chinois font sauter les digues du fleuve jaune dans la région de
Wuhan pour tenter de mettre les japonais en difficulté. Cette opération vise à détourner le cours du
fleuve vers le Sud pour défendre la nouvelle capitale de Wuhan. Néanmoins, cette opération se
solde par une catastrophe pour la population civile. Apres la rupture des digues, le fleuve jaune
inonde une dizaine de ville et des milliers de villages laissant ainsi plus de 2 millions de personnes
sans abri et en proie à la famine. Néanmoins, la défaite des Japonais et le dynamitage invitent ces
derniers à la prudence. Les Japonais avaient dédaigné la capacité de résistance des Chinois. Ils
progressent vers la région de Wuhan. La Chute de Wuhan va être conditionnée par un
débarquement japonais près de Canton le 21 octobre 1938. Ils parviennent à prendre le port de
Canton et cette prise du port précipite la chute de Wuhan. Depuis la perte de Shanghai, les 3/4
des importations chinoises gagnaient l’intérieur du pays par la voie ferrée qui s’étendait depuis
Canton vers Wuhan. La ville de Wuhan devient moins vitale à sauvegarder. Le 25 octobre 1938 le
gouvernement nationaliste fait évacuer la ville de Wuhan vers la ville de Chongqing. Elle demeura
la capitale du gouvernement nationaliste chinois jusqu'à la fin de la guerre.

** 2 - La guerre d’usure et l’occupation (1938-1944) : les trois Chine **

>> Le potentiel industriel chinois est presque entièrement tombé au mains des japonais malgré
l’évacuation héroïque des ouvriers et ingénieurs des grandes usines de Shanghai qui parvient à
évacuer leurs machines. Des groupes de sabotages se créent spontanément, plusieurs dizaines
de milliers d’étudiants du Nord ouest, de Shanghai fuient l’envahisseur japonais et partent
s’installer dans la région de Kunming où ils fondent les universités fédérés du sud ouest. Du coté
communiste, la petite victoire dans le village attise le patriotisme de la population chinoise qui
prête davantage attention au communisme. Le patriotisme et la détermination des Chinois a
surpris l’agresseur japonais. C’est pour cela ce qui celui-ci opte désormais pour une stratégie
visant à trouver des collaborateurs chinois à sa solde.

>> Entre octobre 1938 et avril 1944, les Japonais vont se contenter de consolider les zones qu’ils
contrôlent en protégeant les altères vitales du sabotage en endiguant les poches de résistances
chinoises. Ils vont faire administrer la Chine de l’Ouest et la Chine du nord par des gouvernements
collaborateurs, le régime de TKC n’est vu que comme un pouvoir local isolé du reste du pays.

>> A la fin de l’année 1938 on peut dire que 3 Chines coexistent entre elles : une Chine occupée,
une Chine dite libre, et une Chine rouge (les bases communistes dans la région de Yan’an).

—-> Dans la Chine occupée, deux gouvernements collaborateurs se forment : d’anciens


seigneurs de la guerre participent à ces gouvernements. Ce sont des seigneurs qui en
participant à ces gouvernements qui prennent leur revanche sur l’expédition du Nord. En
Chine du Nord, se met donc en place un gouvernement pro japonais et à Nankin des

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dissident du Kuomintang hostiles à TKC constituent en mars 1938 un autre gouvernement
pro japonais, qui ne contrôle que le bas Yangtze. Les relations restent cependant ambiguës
entre le chef de ce gouvernement Wang Jingwei et les Japonais. Il a toujours été partisan
d’une politique d’apaisement avec le Japon contrairement à TKC après décembre 1936. La
Chine n’aurait donc pas les moyens de se mesurer au Japon et c’est pour cela qu’il décide
de prendre la tete de ce gouvernement.

—-> Du côté de la Chine rouge, les communistes s’organisent pour mobiliser les masses
paysannes et pour tenter de resister à l’envahisseur japonais. L’expansion du mouvement
communiste au tournant des années 1940 doit beaucoup à la guerre sino-japonaise. Au
moment de l’incident du pont Marco Polo, les communiste étaient réfugiés dans le lointain
nord ouest de la Chine et ils administraient quelques districts arides qui regroupaient une
population d’environ 1,5 millions de paysans miserables. 8 ans plus tard, ils gouvernement
près d’une 20aine de bases régionales qui regroupent environ 100 millions d’Hommes.
Dans le même temps, les effectifs des deux principales armées rouges chinoises
décuplent. Le PCC pourra se prévaloir de 1,2 millions de membres à la fin de la guerre ce
qui explique qu’à la fin de 1945, le PCC s’est présenté comme un prétendant sérieux en
Chine. Face à la guérilla communiste, aux attentats et aux actes de sabotage, les Japonais
vont se montrer très durs, ils répliquent par la responsabilité collective des villageois : en
cas d’actes de sabotage ils vont tenir un village entier pour responsable. Ils répliquent
par les massacres aveugles, les destructions systématiques de village. A partir de 1941, ils
lancent des campagnes de nettoiement = Ils vont rendre inhabitables les zones
« infestées » par la résistance. C’est ce que l’on appelle « la politique des 3 tout » = elle
consiste à tout brûler, tout piller, tout tuer. Dans ce contexte, les communistes dès qu’ils
sont prévenus de l’approche des troupes japonaises s’efforcent de faire évacuer les
hommes, les femmes, les animaux et les réserves de grains des villages. Dans les bases
rouges, les communistes vont ménager la classe des propriétaires fonciers pour éviter que
ces derniers ne soient tenter de collaborer avec les Japonais. L’heure n’est pas encore à la
redistribution égalitaire des terres.

—-> Du côté de la Chine dite « libre », qui correspond aux régions du Sud Ouest avec
notamment la région de Chongqing, la situation reste très difficile à la fois sur le plan
militaire, mais aussi économique et financier. L’armée japonaise essaye tout d’abord de
faire plier le régime en exil. Elle organise un blocus et bombarde les villes de Xi an, … et de
Chongqing afin de démoraliser la population civile. Entre mai 1939 et la fin de l’année
1941, la ville de Chongqing est victime de 268 raids aériens japonais et ces raids
deviendront plus rares après l’attaque de Pear Harbor et l’entrée en guerre des USA. Dans
ce contexte, le moral des habitants de la Chine libre se détériore sérieusement. Au départ,
le moral était plutôt bon car TKQ professait optimisme et sérénité car l’espace chinois
devait jouer en défaveur du Japon. Les Japonais n’étaient pas parvenus à liquider la
résistance chinoise en 3 mois comme l’avait promis le ministre de la guerre à l’Empereur.
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Pour TKC, tout l’enjeux était de tenir dans le grand Sud Ouest du pays. Ces régions étaient
dépourvues de voies de communication modernes, elles étaient protégées par des
montagnes et des collines. Conformément aux calculs de TKC, le conflit sino-japonais
tourne très vite à la guerre d’usure. A partir de la fin de l’année 1941, il cherche à préserver
ses forces armées au maximum car l’entrée en guerre des USA garantie à ses yeux la
défaite finale du Japon.

>> L’extension de la guerre au pacifique et au sud ouest asiatique ne présentent cependant pas
que des avantages pour les Chinois. Elles les coupent de leurs dernières routes de ravitaillements
notamment entre Hanoi au Vietnam et la province du Yunnan - la défaite française face à
l’Allemagne Nazie est mise à profit par le Japon qui demande au gouvernement de Vichy de
couper toute communication ferroviaire entre Hanoi et le Yunnan. Dès les premiers mois de
l’années 1942, les Japonais coupent la voie Birmane par laquelle le gouvernement Chinois en exil
pouvait se ravitailler. Il ne reste pour le gouvernement de Chongqing que les liaisons aériennes qui
passent au dessus de l’Himalaya.

>> Cette guerre d’usure est parsemée de combats relativement limités, de quelques offensives et
de nouvelles conquêtes de l’envahisseur japonais mais néanmoins la ligne de bataille en 1944
demeure ce qu’elle était dès la fin de l’année 1938 avec notamment les 3 Chines.

>> L’impressionnante exode du gouvernement nationaliste chinois dans les régions du sud ouest a
permis à ce dernier de survivre durant la guerre mais ce replis héroïque fut aussi un piège car il
s’st retrouvé couper des régions côtières et de leurs ressources, s’est enlisé dans l’intérieur des
terres chinoises sous-développées. Dans ce lointain Sud ouest, le gouvernement nationaliste
chinois ne parvient pas à imposer son autorité face aux détenteurs du pouvoir local qui font
souvent obstacle à ces tentatives de réformes. Sur le plan militaire, l’armée nationaliste chinoise
n’est pas une armée unifiée, ce qui est un problème. Elle relève d’une coalition de forces
hétéroclites. Au sein de cette coalition, l’armée centrale est la mieux équipée, la mieux entrainée et
la plus loyale. C’est à cette dernière que TKC réserve l’essentiel des crédits, des armées et des
munitions fournis par l’allier américain. La plupart des généraux nationalistes sont incompétents et
inefficaces. De nombreux officiers subalternes ont reçu une meilleure formation que leurs chefs
mais 2/5 d’entre eux ont été tués dans les premiers mois du conflit et notamment dans la bataille
de Shanghai. L’armée nationaliste souffre de très nombreuses désertions, de nombreuses
pertes dues à la maladie et à des malnutritions, à des blessures non soignées. En 8 ans de
conflits, environ 8 millions d’hommes s’évaporent dans la nature, environ la moitié des effectifs
militaires. Dans les villes controlées par le gouvernement nationaliste chinois, les citadins souffrent
de l’inflation, la cause première étant la chute brutale des revenus du gouvernement, et aussi
l’accroissement de ses dépenses militaires. La perte la plus grave pour le gouvernement
nationaliste est la perte des droits de douane sur les produits importés, une perte consécutive à
l’occupation des grands ports par les Japonais.

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** 3 - La fin de la guerre (1944-1945) : le Japon dans la tourmente de la seconde guerre
mondiale **

>> Après l’entrée en guerre des USA, il devient évident que le Japon ne pourra pas sortir
victorieux. Cependant, il faudra attendre 1944 pour que le théâtre des opérations en Chine
prennent une nouvelle tournure et accélère la défaite du Japon. En Avril 1944, les Japonais
déclenchent une redoutable offensive en Chine. Il s’agit de l’offensive Ichigo (numéro 1). Cette
offensive vise à relier par voie terrestre la Corée au Vietnam. Pour les Japonais, l’enjeux est de
compenser la supériorité navale américaine et détruire les bases américaines que les USA sont
parvenus à mettre en place en Chine du Sud et du Sud ouest -, des régions controlées par l’allié
nationaliste chinois. Au tournant de l’année 1944, les USA mettent en place des bases et c’est
depuis ces dernières que les Américains font partir leurs bombardiers.
L’offensive Ichigo progresse du Nord au Sud, puis d’Ouest en Est. Entre le 18 avril et le 25 mai
1944, elle parvient dans la province du Henan puis à la fin du mois de décembre elle pénètre dans
les provinces du Guangxi, du Guizhou … Environ 6000 soldats chinois essaient de défendre le
noeud ferroviaire dans le sud du Hunan mais la quasi totalité est tuée ou blessée, les pertes
japonaises sont équivalentes. C’est l’une des seule resistances sérieuses que les Chinois
parviennent à réussir. Les Japonais sont parvenus à établir un corridor continu entre la
Mandchourie et Hanoi et ont aussi à détruire les plus importantes bases aériennes dans la
province du Guangxi.

>> Cependant, cette offensive va s’interrompre brusquement car le Japon estime qu’il a attend ces
objectifs et il souhaite préserver le regime de TKC qu’il souhaitait pourtant précédemment
renverser. 3 ans après le désastre de Pear Harbor, les militaristes japonais sont convaincus de
l’impossibilité de vaincre les Américains dans la guerre du Pacifique. Ils en déduisent donc que
l’élimination de TKC ne servirait plus qu’à faire le jeux des communistes chinoise. C’est pourtant
l’offensive Ichigo qui facilitera la tache des communistes en Chine car cette opération a beaucoup
affaibli TKC aux Communistes et face aux seigneurs de la guerre. La population civile qui a
souffert a plus que jamais contesté de l’incapacité du gouvernement de TKC et de ses agents
dans la gestion des zones qu’il contrôlait. Ce discredit dont souffre le régime nationaliste chinois
au sein de la population civile explique les ralliements futurs d’une partie de la population auprès
des communistes. Apres cette offensive, les Japonais ne tentent pratiquement plus rien en Chine,
rapatrié des troupes, évacuent des territoires entiers récupérés soit par les communistes soit par
les nationalistes. Le Lancement des deux bombes automatiques sur Hiroshima et Nagasaki va
mettre fin à une seconde guerre mondiale longue et éprouvante. Ces lancements déclenchent
immédiatement en Chine la course à l’occupation du territoire par les nationalistes et les
communistes. Parfois avant même que l’ennemi japonais ait officiellement capitulé, les
nationalistes et les communistes tentent de se ruer vers les armes

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** Conclusion : Bilan humain et politique**

>> On peut dire que l’une des principales conséquences est qu’elle a placé la Chine dans le
camps des alliés. En 1943, lors de la conférence du Caire, TKC a obtenu que la Chine soit la
4ème grande puissance de l’ONU dont elle intégrera le Conseil de Sécurité. (La République de
Chine). Transportés par des avions américains dans des grandes villes côtières, les hommes de
TKC reçoivent la réédition des troupes japonaises à partir du 15 août 1945.
Sur le plan humain, la guerre a été particulièrement meurtrière du côté chinois. Plus de 3,2 millions
de soldats sont morts et au moins 9 millions de civils. Sur les centaines de milliers de soldats
chinois fait prisonniers par l’armée japonaise, 68 sont relâchés vivants en 1945. Des travaux
conjoints d’historiens chinois et japonais présentés en 2002 attestent que plus de 10 millions de
civils chinois ont été enrôlés de force pour travailler dans les mines et usines du Mandchoukouo.
Du côté japonais, 1,1 millions de personnes auraient perdu la vie.
L’une des conséquences de cette guerre est la blessure que ce conflit va laisser dans les
mémoires en Chine, une blessure qui va entraîner un certain nombre de conflits autour de la
mémoire = les conflits mémoriels (= le nombre de victimes du massacre de Nankin) et entache
encore aujourd'hui de façon périodique les relations diplomatiques et politiques entre la Chine et le
Japon.

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La République Populaire de Chine : l’ère maoïste (1949-1976)

Introduction

>> Avec la fondation de la RPC en 1949, les Chinois réalisent enfin le rêve d’unité nationale
auquel ils aspiraient depuis près d’un siècle, rêve débuté à partir du milieu du 19ème avec
l’empiètement de la Chine par les puissances occidentales. Les troubles intérieurs prennent fin et
le nouveau régime fait le choix d’un virage politique qui lui vaut de tourner le dos à la mer. La
nouvelle équipe dirigeante fait le choix de développer l’intérieur des terres et de renouer avec une
tradition qui vise à développer le continent. Très vite, la Chine communiste fait le choix d’un
alignement sur le bloc soviétique qui est en train de se constituer. Jusqu’à la rupture des années
1960, c’est le modèle soviétique qui va prévaloir en Chine.

>> Pendant longtemps après la mise en place de la politique de reformes et d’ouverture, jusqu’à la
fin des années 1990, la mémoire de la période maoïste était entravée. Encore aujourd’hui, est
toujours en vigueur une résolution sur l’histoire de Chine, adoptée par le PCC en 1981 qui statue
sur le fait que Mao Zedong aurait commis 30% d’erreurs au pouvoir. Depuis une dizaine d’années,
les historiens chinois examinent de nouveau cette période maoïste. L’historien et professeur à
l’université de Nankin, Gao Hua, décédé en 2011 à l’âge de 57 ans, a écrit des ouvrages célèbres,
ayant eu un fort retentissement. Un raconte l’ascension de Mao au sein du mouvement
communiste et pour la première fois un historien était revenu aussi sur le grand bon en avant, sur
la répression antidroitière, ce qui était le signe d’une libéralisation des milieux académiques en
Chine.

>> La mémoire a été entravée pendant des années, personne n’osait déroger à l’interprétation
officielle. Les Chinois ont entrepris de renouer avec cette mémoire, non pas à travers la discipline
historique, mais par la littérature, le film documentaire indépendant, la photographie, la peinture.
Cette période a fait l’objet aussi de travaux dans les milieux académiques à l’étranger et
notamment depuis Hong Kong et Taiwan ou les chercheurs tentaient de recueillir des
témoignages. En France, la révolution culturelle a eu un certain retentissement, a séduit des
intellectuels dans les années 70 mais ils connaissaient très mal le terrain et les réalités chinoises.
Ils ne connaissaient que les images de propagande du régime. Il a fallu atteindre le choc Simon
Leys, éminent sinologue, qui a dénoncé à la fin des années 70 les crimes du régime maoïste et de
manière plus générale les rouages du système totalitaire en Chine.

I - Guerre civile et fondation de la République populaire

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>> Après la capitulation sans condition du Japon le 14 août 1945, une course s’engage entre le
Kuomintang et le PCC pour désarmer les soldats japonais présents sur le sol chinois. Le
Kuomintang bénéficie de l’aide américaine, général Mac Arthur, pour accomplir cette tâche. En
Mandchourie, le commandant communiste Lin Biao parvient à négocier avec l’armée rouge
soviétique qu’elle lui laisse à lui et ses 150 000 hommes les armes des soldats japonais vaincus.
L’armée rouge soviétique occupe les anciennes possessions japonaises en Chine à la fin de la
2GM. En négociant avec cette armée, Lin Biao joue sans le savoir à l’époque un rôle déterminant
dans la victoire communiste chinoise à venir.

>> A la fin du mois d’août 1945, des discussions s’ouvrent entre Mao et CKC sur la question de
l’établissement d’un gouvernement de coalition et avec une participation des communistes. Elles
se prolongent jusqu’au 11 octobre 1945 mais ne débouchent sur aucun résultat concret. A
l’époque, CKC pense qu’il va pouvoir bénéficier de l’aide américaine, que ses armées sont plus
entrainées. Les communistes ont conscience qu’ils ont gonflé leur rang, ont un soutien populaire.

>> S’ajoute à cela la médiation américaine avec la mission Marshall. Evidemment, on est dans un
contexte de guerre froide naissante en Asie. La Mission se déroule entre décembre 1945 et janvier
1946 pour éviter que n’éclate une guerre civile entre les communistes et les nationalistes en
Chine. Les Américains penchent en faveur de CKC même si ils ne le portent pas véritablement
dans leur coeur car ils n’approuvent pas l’autoritarisme de Tchang Kaï- chek,, sa corruption, qu’il
ait massacré certaines franges de la population chinoise pendant l’ère républicaine. Mais ce
soutient s’inscrit dans la conférence du Caire de 1943. Sous l’égide des Nations Unies, l’UNRRA
(relancer l’économie dans les pays frappés par la WWII) va financer avec des fonds américains le
redémarrage de l’économie chinoise même si ce soutien reste relativement modeste et ne parvient
pas à prévenir une terrible famine dans le Hunan (famine qui aurait fait presque un demi million de
morts).

>> Cependant, très vite, la guerre civile éclate au grand jour. C’est en Mandchourie que vont
avoir lieu les premières batailles entre les deux camps opposés. Initialement, le rapport de force
semblait favorable à CKC car il pouvait compter sur 4 millions d’hommes contre un million du côté
communiste. Les soldats communistes en 1946 s’étaient rebaptisés l’APL (Armée populaire de
Libération). Entre l’été 1946 et l’automne 1947, les nationalistes gagnent plusieurs batailles mais
en 1948, la situation change. En septembre 1948, 40 0000 soldats nationalistes sont mis hors de
combats par les communistes. Entre le 6 novembre 1948 et le 10 janvier 1949, les communistes
vont remporter d’importantes batailles contre les nationalistes comme celle de Huaihai. Lors
de cette bataille, un peu plus d’un demi million d’hommes sont tenus en déroute par les
communistes.

>> A l’issu de ces campagnes victorieuses, le Guomindang s’effondre. La ville de Pékin se rend le
31 janvier 1949 et le 21 avril 1949, les communistes franchissent le fleuve Yangzi sans résistance.
Le 25 mai 1949, l’APL prend la ville de Shanghai sans difficulté et à la mi-octobre de la même
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année, la ville de Canton passe aux mains des communistes. Le 1er octobre 1949, Mao proclame
la fondation de la RPC (les communistes ont progressé du nord vers le sud).

Pourquoi cet échec du Guomindang ?

—>> Il a commis des erreurs sur la plan de la stratégie militaire. Tchang Kaï- chek pensait
pouvoir tenir les chefs-lieux de comtés et de provinces en y établissant des garnisons. Il
avait une approche urbaine de la conquête du pouvoir. Or, ces garnisons établies se sont
faites encerclées par les troupes communistes, des troupes qui étaient parvenues à
mobiliser les campagnes et qui étaient entraînées à la guérilla.

—>> Il y a aussi l’incompétence du Guomindang dans la gestion de l’économie. Le


Guomindang n’a pas réussi mettre en place la réforme agraire, à endiguer le phénomène
de l’inflation, à rationaliser l’administration centrale de son gouvernement, à stopper le
phénomène de corruption et il existe un fort mécontentement de la population urbaine.

—>> Dans l’année qui a suivi la défaite du Japon, quand le Guomindang a repris aux
communistes des territoires, il a cherché à abolir la redistribution des terres ce qui a déplu
aux paysans.

II - l’Installation du nouveau régime (1949-1952)

1 - La reconquête du territoire national

>> La nouvelle équipe dirigeante cherche à consolider l’appareil de l’Etat, du parti et ces années
sont marquées par la reconquête du territoire national.

>> Après la Chute de l’Empire en 1911, après les années troubles de l’ère républicaine, marquées
par les chaos des seigneurs de la guerre, de l’invasion étrangère, les régions à la périphérie du
pays s’étaient soit émancipées du pouvoir central (région du Tibet), soit ouvertes à d’autres
influences étrangères comme par exemple la Mongolie et le Xinjiang.

>> L’un des premiers soucis du gouvernement de Pékin est de réaffirmer la présence chinoise au
coeur du continent et de ramener les contrés périphériques, souvent peuplées de minorités
ethniques et religieuses sous son autorité. En octobre 1950, la Chine envoie une expédition
militaire aux frontières orientales du Tibet (est du Tibet), elle occupe sans difficulté la partie ouest
du Tibet. Depuis 1913, le Tibet était quasiment indépendant. Le UK jouissait d’un droit de regard

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sur cette région du Tibet, décrétée région autonome, accord non reconnu par la partie chinoise.
Après la 2nd Guerre mondiale, l’Inde va hériter de ce droit de regard sur la région du Tibet.

>> La Chine, après la 2GM, se lance dans des négociations avec l’Inde et des chefs religieux
tibétains. Un accord est finalement signé en mai 1951. Le Tibet est reconnu comme appartenant à
la RPC mais en échange la RPC s’engage à respecter l’autonomie régionale du Tibet. A partir de
l’autonome 1951, l’APL stationne à Lassa et très vite cette région du Tibet prend l’allure d’un
protectorat chinois.

>> Au Xinjiang, la Chine se heurte à l’influence soviétique, une influence prédominante depuis les
années 1930. En 1944, des rebels ouighours et kazakhs ont établi au Xinjiang, avec l’appuie des
Soviétiques, une République du Turkistan oriental. Cette dernière semblait vouer à être rattachée à
l’URSS mais avec la victoire communiste chinoise de 1949, l’URSS renonce à ce projet et le
dirigeant révolutionnaire locale transfère son allégeance du parti communiste de l’URSS au parti
communiste chinois. Le Xinjiang devient aussi une région autonome et 200 000 hommes de l’APL
établissent des colonies de peuplement chinoises, surtout dans le nord. Ils vont entreprendre la
construction de la ligne de chemin de fer jusqu'à Urumqui.

>> En revanche, la Chine doit accepter l’indépendance de la Mongolie extérieure mais elle
parvient à rétablir cependant son autorité sur la Mongolie intérieure même si le tracé des frontières
avec l’URSS n’est pas clair.

>> Concernant les frontières maritimes du pays, en octobre 1944, l’URSS rend à la Chine port
Arthur par exemple. Les puissances occidentales ont généralement renoncé également à toutes
leurs concessions en Chine à partir de 1943. En 1944, la Chine reprend à Taiwan des îles côtières
mais elle doit renoncer à attaquer les îles Mazu et Jinmen devant la fermeté des Américains qui
sont solidement implantés dans le détour de Taiwan après la guerre de Corée. L’ile de Taiwan
reste hors d’atteinte de la marine chinoise et dans le contexte de la guerre froide naissante, elle
peut s’assurer du soutient de la 7ème flotte américaine. L’ile de Hainan est définitivement
récupérée par l’APL à l’issu d’un débarquement en mars 1950. Elle est réintégrée au continent
entre 1950 et 1954.

>> La récupération de ces fameuses marches continentales a été facilitée par l’attitude
relativement conciliante de l’Union soviétique. Même si cette entente avec l’URSS contient en
germe de nombreux conflits à venir, elle témoigne de la solidarité et de l’esprit de coopération qui
animent les deux grandes puissances communistes ainsi que des efforts pour intégrer la Chine au
bloc socialiste qui depuis les années 1930 divise le parti communiste. Staline éprouve beaucoup
de méfiance envers les communistes chinois. Pendant la seconde guerre mondiale, Staline a
préféré soutenir le gouvernement de CKC. C’est une alliance défensive contre le Japon mais
implicitement contre les USA. L’URSS s’engage à fournir un crédit de 300 millions de dollars
américains, un crédit destiné à l’achat d’équipement et est remboursable en matière première en
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or ou en devise sur une période de 10 ans à partir de l’année 1954. En mars 1950, des accords
complémentaires sont signées, il prévoient la creation de compagnies mixtes pour l’exploration en
commun du pétrole et des minerais non ferreux au Xinjiang ainsi que pour l’exploitation de lignes
d’aviation entre Pékin entre Pékin et les grands centres urbains de l’Asie centrale et de la Sibérie.

2 - L’alliance avec l’URSS et l’adoption du modèle soviétique

>> Avec ces accords, la coopération sinosoviétique demeure limitée même si l’URSS saisit
l’occasion de la guerre de Corée pour amener la Chine à s’intégrer plus étroitement aux dispositifs
militaires. Durant cette guerre, des « 700 000 volontaires chinois » qui partent secourir la Corée
du Nord en difficulté. A l’issu de cette guerre, les Etats Unis décrètent un embargo sur la Chine et
la Chine tourne alors le dos à la mer annonçant ce virage qui met fin à un siècle d’ ouverture sur la
mer

>> Après la victoire de 1949, les communistes chinois ont résolu d’adopter le mode soviétique
d’organisation et de développement lorsqu’il avaient plutôt rejeté depuis 1927 les conseils de leurs
ainés soviétiques en matière de révolution. C’est alors un choix de société. La priorité est accorder
à la modernisation économique et à l’industrialisation et de la planification centralisée. Cette
stratégie conduit les communistes chinois à privilégier les appareils, la hiérarchie et la stabilité
sociale

>> Dans un discours prononcé en juin 1949, Mao avait réaffirmé sa foi dans les fins ultimes de la
révolution selon Marx. Un jour viendra où les classes sociales s’effaceront mais ce jour est lointain.
En attendant, il faut renforcer l’appareil de l’Etat populaire pour assurer sa sécurité et permettre le
développement économique. Le socialisme ne peut pas se construire se réaliser sur une base
économique attardée et l’industrialisation est un préalable nécessaire à la construction d’une
puissance industrielle. Elle doit précéder la collectivisation agraire qui elle-même conditionne
l’avènement du socialisme. L’une des particularité de la révolution chinoise est la rapide et
efficacité avec qui lequel elle met en place appareils de gestion et de contrôle —- alors que
normalement on a des guerre civiles ce qui est l’inverse en Chine. Le PCC se situe au dessus de
la société. C’est lui et lui seul qui définit « la ligne correcte » et cette ligne oriente et engage toute
l’action du pouvoir (valeur confucéennes - la Chine s’est aussi bien accommodée de l’idéologie
soviétique).

>> Le 14 Février 1950, la Chine signe avec l’URSS le traité sino-soviétique d’alliance et
d’assistance mutuelle. Ce traité jette les bases d’une coopération qui se poursuivra pendant une
dizaine d’année. Il a été voulu par Mao qui se rend lui même à Moscou pour le négocier et qui
effectue ainsi son premier voyage à l’étranger. Pour conclure ce traité, il a fallu surmonter de
profondes divergences.

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3 - L’édification d’une Chine nouvelle

>> A l’issu du 7ème Congrès ayant eu lieu en 1945, le PCC s’est doté d’un certain nombre de
statuts. Apres la victoire communiste de 1949, le parti est passé à environ 4,5 millions d’adhérents.
Son organisation est passé à un mode d’organisation très hiérarchisé vers un petit noyau d’une
équipe dirigeante. L’organe suprême de direction est le Congrès national. L’une des taches
principales de ce congrès consiste à élire le Comité central. Ce dernier se réunit en session
plénière, plusieurs fois par an et à son tour ce comité central est chargé d’élire le bureau politique
= Politburo. Ce dernier représente le comité central dans l’intervalle de ses sessions plénières.

>> A l’époque ce bureau politique compte 13 membres parmi lesquels 5 sont investis de
responsabilités particulières et forment le comité permanent.

• Le n°1 : Mao cumule les fonctions de Président de la RPC, Président du parti et de la


commission des affaires militaires.

• Le n°2 : Liu Shaoqi. Il deviendra Président de la RPC en 1959 au lendemain du grand bond
en avant. Cela jusqu’en 1968, et il mourra de maladies dans des conditions épouvantables.
C’est un homme d’appareil, qui est un fin bureaucrate. Il a été formé à Moscou dans les
années 1920. Il est lié au destin des zones blanches; des zones occupées par les Japonais
ou par le Kuomintang sous l’ère républicaine. Cela le distingue de la lutte de la guérilla.

• Le n°3 : Zhou Enlai. C’est un activiste du 4 mai 1919. Il s’est converti au communisme lors
d’un séjour en France. Il a pris part à la longue marche des communistes et c’est pendant la
longue marche qu’il a réussi à s’imposer comme conseiller indispensable alors qu’il s’était
d’abord opposé à Mao. Il était plutôt proche au départ du groupe des 28 bolchéviques. Il va
réussir à se maintenir en place à la tete du gouvernement de 1949 à 1976. Il sera aussi
ministre des affaires étrangères entre 1949 et 1958.

• Le n°4 : Au sein de ce politburo, il y a aussi Zhu De. Il est le commandant en chef de l’APL. IL
occupera ce poste jusqu’en 1954. Il cumule cette fonction avec celle de secrétaire du comité
centrale de l’inspection disciplinaire du parti communiste.

• Le n°5 : Chen Yun. Il est issu d’une famille d’ouvriers. il a été militant syndical. C’est le seul
dirigeant communiste dans ce cas. Il a intégré le bureau politique du PCC dès l’époque
1933-1934 et c’est un économiste autodidacte, et il deviendra dans les années 1950 le grand
architecte du premier plan quinquennal.

>> C’est autour de cette équipe dirigeante que doit se reconstruire la Chine et dès la fin du mois
d’octobre une conférence consultative du peuple chinois se réunit à Pékin. Cette conférence vise à
rétablir le fonctionnement d’une Chine ravagée par de nombreuses années de guerre. Cette
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volonté trouve un échos favorable au sein de l’opinion publique chinoise. Il y a au départ une sorte
d’optimism, après près de 12 années de guerre intérieure particulièrement violant. La situation est
sur le plan économique très mauvaise. La Chine ne produit que les 3/4 du riz d’avant guerre
sino-japonaise et la moitié du soja. Par rapport à l’année 1936, le rendement industriel a
presque chuté de moitié, 12% des terres cultivées sont presque inondées et la moitié du réseau
ferroviaire est hors d’usage. L’objectif de l’équipe dirigeante est d’augmenter la production
industriel afin de retrouver un niveau acceptable.

>> La loi sur le mariage et la loi agraire constituent les premières grandes mesures prises par le
régime communiste. Elle se complète mutuellement dans la mesure où l’une et l’autre visent à
mobiliser la société toute entière dans l’édification de régime socialiste tout en assujettissant celle-
ci au parti.

** Loi du mariage **

>> Dans la société agraire chinoise traditionnelle, le mariage visait à perpétuer la famille. Elle était
l’unité de base de l’ordre socio-politique. L’épouse n’était pas consultée souvent sur le choix de
son conjoint. Elle devait abandonner sa propre famille pour intégrer celle du mari. A son arrivée
dans sa belle famille, elle était considérée comme une étrangère et elle était souvent traitée
comme une servante par sa belle-mère. Malheur à elle si elle ne parvenait pas à mettre au monde
des fils pour assurer la lignée. Il y avait le cas des familles pauvres qui en échange de biens ou
d’argent vendaient leurs filles avant l’âge adulte afin de les marier au fils de la famille.

>> Lors du mouvement du 4 mai 1919, les intellectuels radicaux s’étaient dressés contre les
contraintes de la morale confucéenne, ils avaient revendiqué pour l’individu le droit à disposer de
lui-même et sous l’influence de ces nouvelles idées, les pratiques sociales de la bourgeoisie
étaient devenues plus libérales mais ce phénomènes ne concernait qu’une frange réduite de la
population urbaine.

>> La loi de 1950 sur le mariage a pour but d’éteindre la pratique du mariage fondé sur le
consentement mutuel des époux. La loi interdit les unions d’enfants, elle fixe à 20 ans pour les
hommes et 18 ans pour les femmes l’âge minimum légal pour se marier. Cette loi condamne la
pratique du concubinage et l’infanticide. Elle établit aussi le divorce par simple consentement
mutuel de même qu’elle privilégie les intérêts de la femme en cas de séparation avec le mari.

>> De 1950 à 1953, des mouvements de mobilisation se succèdent dans les campagnes pour faire
entrer dans les faits ces textes sur le mariage. Pendant ces années, on dénonce les belles-mères
tyranniques et les préjugés des pères et des époux. L’accent est mis sur la fin des mariages dits
« féodaux ». 800 000 divorces sont prononcés et le plus souvent à l’initiative des femmes meme si
on estime à environ 70 000 le nombre de femmes qui étaient candidates au divorce et ont été
contrainte au suicide par des familles hostiles.
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>> En 1963, le parti lance une campagne importante pour intensifier cette loi qui rencontre des
résistances dans les campagnes. La propagande de l’époque ne met plus l’accent sur le droit au
divorce mais sur l’harmonie conjugale entre les partenaires. Un nouvel ordre s’installe, réglé par un
code sexuel tout aussi puritain que la morale confucéenne. Le pouvoir du chef de famille recule
mais il est remplacé par celui du parti qui intervient de plus en plus dans le règlement des affaires
personnelles et familiales. Le parti fixe des critères politiques et d’appartenance de classe pour la
sélection des époux et impose sa médiation en cas de différends conjugales. On peut dire que
c’est là que commence à se mettre en place l’expérience d’un totalitarisme à la chinoise.

** Loi agraire **

>> Elle s’enracine dans le découpage maoïste de la société rurale en 4 classes différentes :

—>> 1ère classe : les propriétaires fonciers. Ils vivent de la rente que leur versent les
fermiers ou encore les métayers (rente en nature).

—>> 2ème classe - les paysans riches : ils exploitent eux-même une partie de leur
domaine et louent le surplus.

—>> 3ème classe - les paysans moyens :ils possèdent juste assez de terres pour subvenir
à leurs besoins

—>> 4ème classe : ils sont obligés de vendre leur force de travail e tant que journalier pour
survivre

>> Elle est présentée le 28 juin 1950 par Liu Shaoqi. Elle prévoit des mesures au départ
modérées. Il s’agit de ménager la société rurale et ne pas effrayer les propriétaires fonciers.

• Les terres et le matériel d’exploitation sont confisqués mais les paysans riches conservent les
biens qu’ils mettent eux-mêmes en valeur et on leur enlève juste les terres qu’ils louaient
précédemment.

• Les terres saisies sont redistribuées aux paysans pauvres par l’intermédiaire d’associations
paysannes locales. Les propriétaires fonciers dont les terres ont été confisqués reçoivent un
lot de terre égale à celui des autres ayants droits. Les opérations de transfert entrainées par
la réforme portent ainsi sur 47 millions d’hectares de terrain, soit la moitié de la superficie
cultivées en Chine à l’époque. 300 millions de paysans pauvres bénéficient de la
redistribution des terres à raison d’un peu moins d’un hectare pour une famille moyenne de 4
à 5 personnes. Les objectifs de cette loi ne sont pas seulement économiques mais aussi
sociaux et politiques.
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• A travers des campagnes violantes de mobilisation, le PCC cherche à éliminer la classe des
propriétaires fonciers du moins à détruire à jamais son prestige social et son influence
politique. Les violences visent à seller une alliance irréversibles entre la paysannerie et le
nouveau pouvoir révolutionnaire. C’est ainsi que de longues assemblées de lutte sont
organisées dans les campagnes et pendant ces assemblées de lutte, les paysans qui jugent
avoir été précédemment exploités et humiliés par les propriétaires fonciers sont invités à
dénoncer, à injurier, voire à tuer leurs anciens maitres.

>> L’engagement chinois dans la guerre de Corée a entrainé une radicalisation de la


politique intérieure en Chine - il y a eu un durcissement brutal de la réforme agraire qui marque
le début de la terreur rouge dans les campagnes. La Chine se considère comme étant en guerre
contre l’impérialisme. Avec la participation chinoise dans la guerre de Corée, la Chine s’aligne sur
le bloc soviétique et elle s’estime en guerre contre l’impérialisme américain. Il y a un enjeu
idéologique majeur. Il faut canaliser l’ensemble des forces sociales. C’est dans ce contexte de
durcissement de la politique intérieure que les expropriations prennent une nouvelle
ampleur et atteignent désormais les paysans riches et même certains paysans moyens.

>> On estime qu’entre 3 et 5 millions de personnes ont été victimes de la terreur rouge qui
s’instaure au lendemain de l’engagement chinois dans la guerre de Corée. Cette terreur rouge est
organisée par les groupes de travail du parti. Les autorités chinoises fixent un quota d’ennemis du
peuple à débusquer. Ce quota s’élève au moins à une famille par village. C’est dans ce contexte
que le parti envoie environ 2 millions d’ennemis du peuple dans des camps de rééducation par le
travail qui sont l’équivalent chinois du goulag soviétique. Contrairement à l’URSS, il fallait à la fin
de la journée faire son auto-critique. A la différence du lendemain de la révolution d’octobre, en
Chine, ce ne sont pas les paysans qui se sont soulevés spontanément pour s’emparer des biens
des grands propriétaires terriens. C’est le parti communiste chinois qui a pris l’initiative des
redistributions et des confiscations. C’est l’une des raisons pour lesquelles la collectivisation de la
production agricole et celle des terres 3 ans plus tard apparaitra moins comme la spoliation des
biens acquis que comme l’application d’une politique du partis en faveur des paysans les plus
pauvres.

>> La réforme agraire vise à émanciper des millions de paysans des formes traditionnelles
d’exploitation tout en les assujettissant au pouvoir de l’Etat et du parti.

>> Parallèlement à ce train de mesures dans les campagnes, le parti lance deux mouvements de
masse dans les villes.

*** Une première campagne est lancée en août 1951 - « la campagne des trois antis ».
Cette campagne vise à lutter contre les cadres du parti jugés coupables de corruption, de
prévarication, de bureaucratise.

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*** Une seconde campagne est lancée entre février et juin 1952. Elle est baptisée « la
campagne des 5 antis ». Elle est dirigée contre la fraude fiscale, la pratique des pots-de-
vin, les escroqueries dans les fournitures et les contrats truqués et ainsi que des diffusions
d‘informations confidentielles.

>> L’objectif de ces campagnes de masse est d’assujettir au parti la bourgeoisie d’affaire
qui s’était formée à partir des années 1920 dans les régions côtières ouvertes au
commerce. Les chefs d’entreprise sont enjoints de faire leurs autocritiques et de confesser les
fraudes, détournements et actes de sabotage commis. « La campagne des 5 antis » se fait plus
violente que celle des « 3 antis ». Des équipes de travail constituées par des membres du parti
sont envoyées dans les entreprises et les affrontements physiques avec les capitalistes se
multiplient. Les pressions se font tellement forte qu’un nombre important de patron décide de se
suicider pour éviter le déshonneur. La bourgeoisie sort physiquement brisée de ces deux
campagnes de masse. Dans les grandes villes chinoises, environ 450 000 entreprises privées ont
été soumises à l’époque à des enquêtes, les capitalistes jugés coupables doivent verser à l’Etat
d’énormes sommes d’argent, des versements non permis par leurs ressources. Comme ils sont
incapables de financer leurs entreprises en raison de ces importantes sommes, ils sont contraints
de s’adresser aux banques officielles pour obtenir des prêts et au bureau du gouvernement pour
obtenir des contrats. Ils se retrouvent aussi privés de leur pouvoir de gestionnaire. Des
conférences consultatives entre les travailleurs et les patrons se généralisent dans les entreprises
et à travers ce processus on voit s’affirmer le rôle croissant du secrétaire du parti.

>> La bourgeoisie sera incapable de poser la moindre résistance aux initiatives gouvernementales
et à la fin de l’années 1955, lorsque le parti communiste chinois décide de nationaliser les
entreprises industrielles et commerciales, il ne rencontrera aucune résistance. Par ailleurs, à
travers ces campagnes successives, se met en place dans la nouvelle Chine un appareil policier
redoutable. Le modèle soviétique est ainsi appliqué dans sa totalité.

4 - Le 1er plan quinquennal

>> Le 1er plan quinquennal va permettre à la collectivisation de se mettre en marche. Après la


1ere phase de reconstruction évoquée, la Chine s’engage sur la voie du développement. Pour
Mao, c’est celle qu’a déjà tracée l’URSS. Le 1er plan quinquennal représente le point de départ
d’une construction socialiste qui vise à transformer la Chine en grande puissance industrialisée et
à modifier en profondeur ses structures de prédiction. Le premier plan quinquennal couvre les
années 1953 à 1967. Très peu d’informations sur son contenu sortent avant l’année 1955. La
Commission d’Etat en charge de la planification en 1955 présente sont rapport à l’ANP. Ce plan
quinquennal a pour objectif un développement fondé sur l’accroissement des industries de la
défense nationale et des biens de production. Il prévoit que les industries légères auront un rythme
plus modéré d’expansion. Pour ce qui est de l’agriculture, elle devra reposer sur une meilleure

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organisation des forces productives 77,4% des crédits du plan sont alloués au secteur industriel,
comprenant les chemins de fer mais aussi les industries lourdes.

>> Les dirigeants communistes qui cherchent à mettre en oeuvre ce plan cherchent à rétablir un
certain équilibre géographique dans la répartition des zones de production. Les régions côtières où
s’était développées sous l’influence de la présence étrangère les principales poches d’industrie
moderne sont relativement délaissées au profit de provinces de l’intérieur qui concentrent à elles-
seules 55,3% des investissements. La ville de Shanghai tombe en disgrâce alors qu’elle s’était
affirmée commune grande métropole des industries de transformation et notamment du textile.
Une partie de la main d’oeuvre qualifiée doit émigrer vers les sites industriels dans l’arrière pays
comme en Mongolie intérimaire ou dans les grandes métropoles du bassin du Yangtze que sont
Wuhan …

>> La politique d’alliance et de coopération avec l’URSS encourage les dirigeants chinois à
renforcer le potentiel sidérurgique de la Mandchourie. Les planificateurs chinois s’attellent avec
l’aide des soviétiques à la rénovation des aciéries d’Anshan. L’industrialisation procède ainsi par
l’implantation d’entreprises géantes, des entreprises modernes mais très couteuses. La mise en
couvre de ce premier plan exige la création d’une importante administration économique pour
rassembler les informations sur le terrain, transmettre les directives du pouvoir central aux
entreprises et contrôler l’execution de ces directives.

>> C’est dans ce conteste que sont créés le bureau d’Etat des statistiques, la fameuse
commission d’Etat en charge de la planification en 1952 et la Commission d’Etat pour l’économie
en 1956. Les organes d’exécution du plan sont les ministères. Les premières années du plan
quinquennal voient le triomphe d’une organisation verticale par secteur, chaque secteur est
contrôlé par un ministère ou une institution centrale qui exercent son autorité sur toute une
hiérarchie sur des bureaux régionaux et locaux. Des ministères, grâce à cette organisation, se
conduisent en verticale empires comme celui des finances ou celui de la défense nationale. Les
entreprises chargées d’exécuter le plan sont étroitement subordonnées à ces institutions centrales
qui leur accordent des approvisionnement en matières premières et des équipements. Le ministère
du contrôle d’Etat, établi en 1954, a pour tâche de veiller au fonctionnement régulier de la
bureaucratie économique, d’empêcher les gaspillages, les collusions d’intérêts entre les
administrations et enfin de vérifier les comptes des entreprises publiques.

>> Le premier plan coincide avec toute une série de nationalisations dans le secteur industriel
urbain et avec la collectivisation des campagnes. Après la nationalisation des entreprises
japonaises, le secteur d’Etat assure le tiers de la production industriel. Par le jeu des contrats
négociés avec le secteur privé et les entreprises mixtes, les commandes d’Etat se multiplient. En
janvier 1956, le secteur d’Etat absorbe la quasi totalité de la production et des
manifestations de joie sont organisées dans les grandes villes - cela célèbre la fin du
capitalisme.
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>> Dans les milieux ruraux, un système unifié d’achat et de vente des céréales est adopté le 19
novembre 1953. Ce monopole étatique du commerce des céréales prive les paysans de toute
indépendance économique et jette ainsi les bases de la collectivisation agraire. Les paysans sont
invités à former des groupes d’entraide agricole qui devront déboucher sur la création de
coopérative de production où les terres seront mises en commun. Dans la pratique, cela tarde. En
décembre 1954, seulement 39% des foyers ruraux ont rejoint ces équipes d’entraide. Entre l’année
1953 et 1954, 400 000 cooperatives de production ont vu le jour mais elle regroupe seulement
15% de la population rurale. Le monopole d’Etat sur le céréales rend moins attractif le travail de la
terre et annule toute perspective de gains. Le 31 juillet 1955, Mao décide d’accélérer la marche
vers la collectivisation. Il prononce un discours ce jour là dans lequel il prétend que la paysannerie
aspire à aller plus vite vers le socialisme et qu’il faut after la collectivisation. Il dénonce aussi les
cadres qui se refusent à une telle collectivisation. Ce discours passe aussitôt dans les campagnes.
En décembre 1955, 67 % des foyers paysans sont regroupés dans des coopératives de production
et le reste dans des équipes d’entraide.

5 - La mise au pas des intellectuels et des cadres

>> Les rapports entre le nouveau pouvoir et les intellectuels conservent l’ambiguïté que l’on
observait déjà dans les relations entre le PCC et l’intelligentsia d’avant 1949. Après la fondation de
la RPC, le PCC cherche à satisfaire des exigences contradictoires. D’une part, il veut contraindre
les intellectuels à une stricte orthodoxie (ce n’est plus le confucianisme mais marxiste-léniniste
maoïste). Le PCC cherche à asservir les activités intellectuelles à ses propres objectifs mais il
cherche aussi à stimuler la créativité et l’initiative de l’intelligentsia car il mesure l’importance de
cette dernière pour le développement de la contraction nationale.

>> C’est le jeu de cette dialectique interne entre orthodoxie et créativité qui fera naitre dans les
milieux intellectuels des cycles de répressions-libéralisation qui se prolongeront bien au delà de la
période maoïste. De leur côté, les milieux intellectuels ne sont pas dépourvus de contradiction. Ils
sont héritiers d’une double tradition. Celle du confucianisme et celle du radicalisme occidentalisant
née du 4 mai 1919. Les intellectuels chinois restent fidèles à la tradition de remontrance qui
faisaient de la dissidence une partie intégrante du système confucéen. Au sein de ce système, la
critique relevait non pas d’un droit mais d’une obligation morale du lettrée. Les lettrés se devaient
de rectifier l’idéologie des gouvernants quand c’était nécessaire dans le but d’en améliorer
l’exercice. Cependant avec le mouvement du 4 mai 1919 est apparu en Chine une conception plus
autonome de l’activité intellectuel - une conception empruntée à l’Occident. Ils se voulaient
désormais indépendants de tout pouvoir politique. Des années 1920 aux années 1930, bien des
conflits avaient opposé les intellectuels chinois et le PCC. Les intellectuels ont joué un rôle
determinant dans la fondation du parti en 1921. Ils ont joué aussi un role très important dans les
premières étapes de l’organisation du Parti. Mais, à partir du repris du communisme sur les bases
rurales en 1927, un nouveau type de cadre est apparu. Il s’agit de l’officier de l’armée rouge et à
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partir du moment où cette nouvelle figure à émerger, un divorce s’est creusée entre les
intellectuels appartenant à l’appareil du parti et les companions de route restés à Shanghai et qui
se sont regroupés dès 1930 dans la ligue des écrivains de gauche. Cette ligue cherche à résister à
l’emprise du parti sur la vie intellectuelle et la création littéraire comme Feng Xuefeng, Hu Feng. Ils
ne cautionne pas la ligne maoïste de la privatisation des terres de la guérilla.

>> Cette adhésion de la part de certains intellectuels chinois au nouveau regime s’explique moins
en une croyance dans l’idéologie du parti que par le credit que les intellectuels portent à son
programme de reconstruction nationale.

>> Une campagne du réforme de la pensée est lancée dès 1951. Cette campagne dénonce ce
que l’on appelle l’impérialisme culturelle à travers des attaques contre le philosophe Hushe. Elle
condamne l’admiration qu’éprouvaient pour les USA les intellectuels chinois qui y avaient séjourné.
Tous les intellectuels sont aussi priés de rejeter les valeurs issues de la tradition confucéenne ainsi
que les aspirations bourgeoises libérales et individualistes qu’ils ont pues emprunter à l’Occident.
L’étude du marxiste doit prévaloir. Les milieux intellectuels oscillent constamment entre
autocritique et purge politique. Le cas de l’écrivain Hu Feng est assez emblématique. Ce dernier a
été célébré par Mao comme l’écrivain révolutionnaire modèle mais en juillet 1854 il finit par
dénoncer « les poignards » dont le parti frappe la libre création. Il passera 20 ans en prison et
sortira en 1979.

>> De plus, dans les cercles étroits du pouvoir, deux secrétaires du parti sont dénoncés pour avoir
voulu créer des royaumes indépendants dans les régions qu’ils administrent. Leurs condamnations
est rendues publiques en mars 1955 et l’un se suicide et l’autre disparait lui aussi dans les
profondeurs des camps de travail. A partir du milieu des années 1950, Mao affirme son pouvoir
sans partage sur l’ensemble de la société et des milieux intellectuels en Chine.

III - La campagne des cent fleurs et le mouvement anti droitier de 1957 IV_ Le grand bond en
avant les errements de l’utopie maoïste (film Vivre)

>> La campagne des 100 fleurs s’inscrit dans le climat de doute et d’interrogations multiples au
lendemain du 1er plan quinquennal. Au moment du lancement par Mao du développement
agricoles qui devrait permettre de transformer les campagnes chinoises pour que la Chine puisse
produire à compter de 1967 440 millions de tonnes de grain. Depuis 1953 le taux de croissance a
été de 3,5 % par an. Mao semble à l’époque ignorer la « révolution verte » - une revolution
agricole partie des Philippines et qui commence à porter ses fruits dans les années 1950. Cette
revolution repose sur l’introduction de la selection des plans dans l’agriculture, le recours à des
engrais chimiques et à la mécanisation généralisée dans l’agriculture. Mao propose à l’époque

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d’intensifier la production agricole mais à partir des techniques héritées du 18 ème siècle. Cela fait
naitre un doute quant au volontarisme de Mao. La direction du PCC se demande si le socialisme
scientifique dont se réclame Mao ne serait pas la forme d’un stopisme inadapté au campagne
chinoise ou rode encore la famine.

>> Une autre interrogation = le rôle des intellectuels. La grande majorité des intellectuels est
réservée à l’égard des intellectuels. La collaboration des intellectuels est indispensable pour sortir
le pays du sous développement. Un auteur dira alors « que 100 fleurs s’épanouissent que 100
écoles de pensée rivalisent »

>> En février 1956 se tient le 20ème congrès du PSUS à Moscou. Khrouchtchev y évoque la
possibilité d’une transition légale et non violente vers le socialisme et il propose la coexistence
pacifique avec l’impérialisme = le bloc occidental. Ces deux thèmes déplaisent aux dirigeants
chinois qui se retrouvent pris de cours par ce virage de l’idéologie soviétique. Par ailleurs,
Khrouchtchev, lors de ce congrès, dénonce les erreurs et les crimes de Staline. D’après lui, le culte
de la personnalité auquel s’est livré Staline l’a conduit à commettre ces crimes. Se pose la
pertinence du modèle soviétique dont le PCC s’est inspirée. Mao pense que la Chine a fait tout
faux en l’imitant car a cause du mode soviétique, l’agriculture aurait été sacrifiée au profit de
l’industrie. En effet, l’agriculture représente 8% des investissements d’Etat contre 75% des
investissements pour l’industrie. Selon Mao, une autre voie serait plus adaptée à la Chine cette
dernière s’impose ce qui opère une rupture décisive entre la ligne maoïste et le camps soviétique.

>> Durant tout le congres, Mao reste assez effacé et sa pensée disparait comme référence
théorique pour les communistes chinois - à l’issu de ce congrès on ne réaffirme pas la pensée
théorique de Mao et plusieurs dizaine de dirigeants communistes multiplient les critiques à l’égard
de Mao. Une sourde lutte de ligne a commencé au sein du PCC. La riposte de Mao ne tarde pas à
suivre et il riposte dans un discours provocateur prononcé le 27 février 1957. Dans ce discours
Mao rejette les thèses de Liu …. D’après Mao, les contradictions proviennent du maintien de
certaines attitudes autoritaires et bureaucratiques issus du passé et ces attitudes peuvent
déboucher sur une contre révolution. Il faut donc que les communistes participent à la critique du
système, qu’ils dénoncent les bureaucrates et qu’ils luttent contre les injustices même si pour cela
ils doivent manifester dans la rue ou se mettre en grève. C’est un discours très offensif pour
l’époque. Ce discours fait peur à l’appareil dirigeant qui reste sur la défensive.

>> En mai 1957, la campagne des 100 fleurs qui avait été lancée un an plus tôt est réactivée.
On y critique les privilèges des cadres et s’empoignent au dogmatisme sur lequel repose le
nouveau regime chinois. Pour conclure, il réclame un espace et un droit de libre discussion. Les
ouvriers interviennent à leur façon : ils font grèves contre les conditions de travail qu’ils jugent
inacceptables et pour protester contre la réduction de leurs revenus, les syndicats ouvriers
prennent en main cette contestation et dans les campagnes des milliers de paysans désertent les

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fermes collectives qu’ils avaient rejointes sans grande enthousiasmes quelques années
auparavant.

>> Mao, dans ce contexte, est surpris par l’ampleur de la critique qui s’exprime. Il prend
conscience de la gravité de l’impopularité du régime que la campagne des 100 fleurs révèlent.
C’est dans ce contexte que va s’organiser la répression antidroitière - le 8 juin 1957 Mao passe
à la contre offensive et il met fin au mouvement dans un éditorial du quotidien du peuple ou il
dénonce les fleurs vénéneuses qu’il faut arracher - le parti lance un vaste mouvement antidroiter
ceux qui osent prendre la parole se trouvent étiqueter d’élément droitiers.

>> Xiaoping, à la tête du secrétariat du parti, conduit le mouvement avec une certaine brutalité.
Plus d’un million de chinois sont sanctionnés à titre divers dont la plupart sont envoyés au fond des
campagnes où ils resteront détenus pendant plus de 20 ans - on peut dire que ce sont les
intellectuels qui paient le plus fort la campagne des 100 fleurs et cette épuration touche les milieux
politiques, la presse, les medias, les cercles académiques, les milieux littéraires. Ils sont la cible
d’une répression très violente. Le parti s’acharne sur la romancière Ding Ling accusée de
conspiration et elle refuse toute confession de complaisance, refuse de dire son autocritique - elle
est envoyée dans un camps de rééducation par le travail- elle ne sera pas réhabilitée avant la mort
de mao et la chute de la bande des 5 soit 1978. En dehors de ces organisations maoïstes,

avec ce mouvement de 1957 le divorce entre les elites intellectuels chinoises … est consumés

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