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« En analysant les documents, vous montrerez comment la Chine entend contester l’ordre mondial

et affirmer sa puissance.

A l’issue de la Seconde Guerre mondiale en 1945, l’ordre des puissances mondiales est bouleversé :
certaines pays ont perdu cette position, comme la France ou le Royaume-Uni, au bénéfice des États-
Unis et de l’URSS. Chacune de ces deux puissances voulant imposer leurs « idées », elles entraînent
le monde dans une guerre froide, créant ainsi deux blocs d’influence : un bloc d’influence libérale et
capitaliste (États-Unis) et le second d’influence communiste (URSS, marxiste-léniniste). C’est dans
ce climat mondial tendu que la décolonisation s’opère et, indépendamment, que la République
Populaire de Chine voit le jour en 1949, régime totalitaire sous la présidence de Mao Zedong. Dans
ce contexte de décolonisation et de guerre froide, Mao Zedong entend contester l’ordre mondial et
affirmer la puissance de la Chine. Ainsi, dans un premier temps, nous montrerons la manière dont il
compte y parvenir et, dans un second temps, nous analyserons la façon dont il s’oppose aux
idéologies des deux blocs.

Au pouvoir en 1949, Mao Zedong est à la tête d’une République Populaire que les
puissances occidentales ne reconnaissent pas (la France sera le premier pays occidental à la
reconnaître en janvier 1964). Pour sortir de cet isolement au sein de la communauté internationale,la
Chine signe un pacte d’assistance mutuelle avec l’URSS en 1950. Elle cherche également à se
rapprocher des autres pays en développement, ceci dans le but de mettre en place une coopération,
comme en atteste la première phrase de l’extrait du discours de Zhou Enlai, ministre des Affaires
étrangères chinois,prononcé en 1955 lors de la conférence de Bandung (document 2) : « C’est la
première fois dans l’histoire que tant de pays d’Afrique et d’Asie se réunissent pour une telle
conférence. » Le fait que ce soit « la première fois dans l’histoire » montre l’importance de cette
conférence. Outre la coopération avec ces pays, le ministre chinois affirme le non-alignement de la
Chine envers les deux blocs, alors que le pacte qui le lie avec l’URSS est toujours en application, et
il fait part des intentions de la Chine quant à son devenir de puissance mondiale : « En Chine depuis
que notre peuple a repris possession de son pays, […] ainsi que la conversion de notre pays en une
puissance industrielle sont engagées », grâce au « premier plan quinquennal de reconstruction
économique » (document 2). Ce plan quinquennal est, d’après Zhou Enlai, une réussite puisque les
« principaux secteurs économiques comme la sidérurgie, le textile et les céréales ont connu une
croissance historique » (document 2). Ces derniers propos veulent confirmer l’indépendance de la
Chine envers les deux puissances mondiales, mais également l’intention de la Chine de compter
parmi elles : la République Populaire de Chine tente de s’imposer comme l’un des leaders du Tiers-
Monde, d’où sa participation à cette conférence.
Par la suite, en 1958, la Chine met en application sa politique du « Grand bon en avant », qui
consiste en une collectivisation agricole, et dont le but est de combler le retard pris sur le Royaume-
Uni en l’espace de 15 ans (politique qui déclencha une grande famine et fit 20 millions de morts).
Par ailleurs, pour asseoir sa puissance et son indépendance, la Chine lance son programme nucléaire
en 1959, et réalise sa première explosion en 1964. Ainsi, elle rejoint le cercle restreint des pays
détenteurs de l’arme nucléaire (les États-Unis, l’URSS, le Royaume-Uni et la France).
De plus, en 1962, elle rompt le pacte d’assistance mutuelle signé avec l’URSS quand les soviétiques
retirent leurs missiles de Cuba, et elle ira même jusqu’à les combattre en 1969.
Enfin, dans le début des années 70, Mao parvient à mettre fin à l’isolement de la Chine et à intégrer
la communauté internationale. En effet, dans le but d’isoler l’URSS en Asie, les États-Unis
favorisent l’entrée de la Chine à l’ONU, dont elle est toujours un membre permanent, au détriment
de Taïwan, sans pour autant parvenir à l’intégrer dans son cercle d’influence.

Cependant, Mao Zedong a mis en œuvre d’autres actions afin de contester l’ordre mondial et
affirmer la puissance de la Chine.
En effet, à partir de 1966, Mao vise à assoir son pouvoir en Chine au travers d’une
« révolution culturelle », en Chine mais également au niveau international. Si elle s’accompagne sur
le sol chinois d’une grande purge politique au sein du Parti communiste, menant ainsi le pays au
bord de la guerre civile, elle s’exporte sur la scène internationale par le « Petit livre rouge »,
ouvrage qui présentent les pensées de Mao, et par l’intermédiaire d’affiches de propagande, comme
celle présentée (document1). Ses pensées vont séduire des artistes, des étudiants ainsi que des
intellectuels occidentaux, qui voient en elles une mobilisation de la jeunesse contre le conservatisme
en général, et celui des partis prosoviétiques en particulier.
Nous avons vu que la Chine avait rompu le pacte d’assistance mutuelle qui la liait à l’URSS à
l’issue de « la crise des missiles de Cuba ». Mais une autre raison, plus idéologique, peu être
avancée. Mao refuse les conclusions du XXe congrès du Parti communiste soviétique :
Khrouchtchev annonce le lancement de sa politique de déstalinisation, refuse le culte de la
personnalité et de coexistence pacifique. Or, la propagande lancé par Mao et dont témoigne l’affiche
du document 1 est fondée sur le culte de la personnalité. De plus, comme énoncé dans le discours de
Zhou Enlai (doument 1), « Nous avons réussi à nous opposer au colonialisme », la Chine poursuit
sa politique de non-alignement, et contrairement à la politique soviétique de Khrouchtchev, elle
utilise et exporte le culte de la personnalité. L’affiche représentée dans le document 1 a été publiée
en janvier 1971, année où la Chine est entrée à l’ONU. Tout comme Staline, Mao se pose en leader :
bien qu’il soit représenté en arrière plan, il domine, si bien que c’est la première « chose » qui attire
le regard. Il est positionné dans les nuages, tel les Dieux vénérés. Il se veut le leader de tous les
peuples du Tiers-Monde, hommes et femmes (le premier personnage en bas à droite est une
femme). Profondément opposé au colonialisme (ce qui ne l’empêcha pas d’annexer le Tibet en
1951), il montre la volonté des « peuples du monde entier réunis » derrière la Chine, les drapeaux
rouges sont les seuls représentés derrière son chef et ses pensées, le « Petit livre rouge » est tenu
bien haut, au même niveau que son auteur. Les représentants des peuples d’Afrique se situent au
second plan, représentés en petit, portant un drapeau rouge, un autre un pistolet, signifiant que c’est
bien la Chine qui est à la tête des peuples réunis.
« Les peuples », nous l’avons vu, inclus les femmes, mais seule une chinoise est représentée
baïonnette à la main. Tout comme elle, les deux hommes qui l’« accompagnent » ont les manches
relevées, signe de détermination et de combat imminent. Tous les personnages portent : un drapeau
rouge qui rappelle le livre rouge puisque les étoiles jaunes ne figurent pas. Les soviétiques
n’apparaissent plus (rupture du pacte en 1962), comme c’était le cas sur une autre affiche publiée
dans les années 60.

Ainsi donc, la Chine entend contester l’ordre mondial en mettant en application une
politique de non-alignement envers les deux grandes puissances américaines et soviétiques, tout en
cherchant à devenir une elle-même. Elle a su se rapprocher des pays du Tiers-Monde pour mettre en
place une politique de coopération et de lutte contre le colonialisme, et elle entend affirmer sa
puissance en combattant les idéologies capitalistes et révisionnistes par la propagande au travers
d’affiches et du « Petit livre rouge » de Mao. Toutefois, la réalité n’est pas toujours celle qu’il
paraît, et la mort de Mao en 1976 ouvrira une ère nouvelle.

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