Dissension autour Les femmes marocaines

de la darija à l’école se mobilisent contre Benkirane

MarocHebdo www.maroc-hebdo.com N° 1108 du 06 au 12 mars 2015 24ème année

Issam Al Hassani, Driss Hani,

président de la fondation l’un des premiers
chiite Khate Rissali, chiites marocains
à Tanger

Le maroc ciblé par les ayatollah d’iran

Maroc 15 DH - France 3 Euros - Espagne, Belgique, Allemagne et Italie 3,90 Euros - Canada 5,95 $ - USA 6,75 $

LA MENACE
CHIITE
Pourquoi de plus en plus
de jeunes marocains
se convertissent au chiisme
Une1108 2.indd 1 04/03/2015 23:30

EDITO Par Mustapha Sehimi
Les chiites débarquent
C
omme si cela ne suffisait pas, voilà que le
Royaume se trouve confronté à une nouvelle
menace, celle du chiisme. Elle se distingue de
tant d’autres par bien des traits: son histori-
cité, puisque l’on a affaire à un schisme –ou à
une hétérodoxie, si l’on préfère– qui remonte jusqu’aux
origines de l’Islam. La chiâa est revendiquée essentielle-
ment par les fidèles qui professent la foi en la mission des
Douze Imams, c’est-à-dire les chiites dits duodécimains ou
imamites. Le chiisme a traversé les siècles sous la persé-
cution, qui l’a réduit pratiquement à la clandestinité; et
ce n’est qu’à partir du XVIème siècle et l’avènement de la
dynastie safavide et la reconstitution de la souveraineté
nationale iranienne qu’il put revivre au grand jour. Il
s’est également implanté depuis en Irak, où sont les lieux
saints (Karbala, Najaf,…) mais aussi au Liban, en Syrie, en
Inde, au Pakistan… et le voilà qui veut s’étendre au Maroc
(lire notre dossier de couverture, pages 12-16).
Ce qui frappe dans le chiisme, c’est qu’il est marqué
depuis toujours par un logiciel de clandestinité. Cela pro-
cède de son essence même comme phénomène religieux.
S’il se déploie bien au sein de la “communauté du Livre”
(ahl al kitab) révélé par le Prophète, il se propose d’aller
plus loin. Dans le jugement chiite, le fidèle doit non seu-
lement être un musulman mais un croyant authentique,
un vrai moumine; et sa shahadat, en tant que profession
de foi, se déploie ainsi en une triple phase: attestation de
l’Unité et de l’Unique; attestation de la mission exoté-
rique du Prophète; attestation de la mission ésotérique
des Imams. Imam et Prophète forment une sorte de bi-
unité. Sauf à préciser que prévaut la wilayat (imamat)
sur la nobowwat parce qu’elle traduit la prédilection et
l’amour par lesquels Dieu sacralise ses “amis” (awliya
Allah). Elle est en effet considérée comme éternelle alors
que la seconde est temporaire.
Au Maroc, l’école chiite est considérée historiquement
comme étant hors champ religieux. Le Royaume, qui est
sunnite et de rite malékite, s’est bâti, durant plus d’un
cahier3-10.indd 3
DIRECT
millénaire, sur ce socle-là, auquel est profondément attachée
la communauté nationale. Le Roi a le statut de Commandeur
des Croyants. Pèse sur lui un cahier de charges astreignant
qui en fait le défenseur de la foi et des mouminine. C’est dire
que si la liberté de culte est constitutionnellement garantie,
elle ne saurait tourner au prosélytisme chiite. Or, il se trouve
que, depuis plus de trois décennies, le chiisme est instrumen-
talisé par l’Iran. Au lendemain de la Révolution dans ce pays
en 1979, le régime des ayatollah a ainsi mis en œuvre une
politique interventionniste au dehors, au Moyen-Orient et
ailleurs, mue par l’“activisme” religieux, mais aussi par ce qui
était considéré comme l’expression des intérêts nationaux.
Le Royaume n’a pas échappé aux menées de cet aventurisme
politico-religieux. Au début des années 1980, on se souvient
Au Maroc, l’école chiite est considérée
historiquement comme étant hors
champ religieux.
qu’il a fallu faire face, surtout que le Maroc insistait sur la
“délégitimité” religieuse de cette école. En 2009, le problème
s’est reposé et il a conduit à la rupture des relations diploma-
tiques avec Téhéran par suite d’un “entrisme” multiple dans
certains secteurs de la société: information, cassettes, éduca-
tion, associations…
Les deux pays viennent de décider la normalisation de leurs
rapports, en février 2015. Mais cela ne doit pas être mis à
profit de nouveau par les dirigeants iraniens pour relancer
et redéployer leurs activités dans un sens contraire à l’ordre
public marocain, tant l’ordre public religieux que politique
et sécuritaire. La démocratisation de l’espace démocratique
national, dans le sens de l’ouverture et du pluralisme, consti-
tue une avancée qu’il faut conforter. Mais elle ne doit pas
offrir une opportunité à des activités “anti-système”, heurtant
frontalement les fondamentaux du Royaume et le socle de la
communauté nationale. Une nouvelle menace? Assurément.
A l’État d’y apporter la réponse et le traitement opératoires
appropriés n
N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015 MAROC HEBDO INTERNATIONAL 3
05/03/2015 15:38
 MarocHebdo
24 ans ensemble
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Mustapha SEHIMI Le Maroc ciblé par les Ayatollah d’Iran
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Rédacteur en chef-adjoint: Aissa AMOURAG
aissa@maroc-hebdo.press.ma Pourquoi de plus en plus de jeunes
Secrétaire Général Marocains se convertissent au chiisme.
Noureddine JOUHARI
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et Abdellah RAJY
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Rédaction
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Marouane KABBAJ
Direct 30 Les systèmes alimentaires
au cœur des débats
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Wissam EL BOUZDAINI 3 Edito de Mustapha Sehimi 32 Projet de refonte des statuts
wissam@maroc-hebdo.press.ma
8 Le CNDH souhaite accorder de Bank Al Maghrib
Kenza Alaoui
k.alaoui@maroc-hebdo.press.ma le droit de vote aux étrangers 33 La carte gagnante de la
Louay KERDOUSS
10 Mbarka Bouaida dénonce compétitivité maritime
kerdouss@maroc-hebdo.press.ma
Ali BAHAIJOUB (Londres) la situation inhumaine à Tindouf 36 Grands taxis: Le renouvellement
bahaijoub@maroc-hebdo.press.ma
11 Fabius à Rabat le 9 mars, du parc commence
Ahmed ELMIDAOUI (Paris)
midaoui@maroc-hebdo.press.ma Valls à la mi-avril 50 Le poulet, la protéine du pauvre
Talal SELHAMI (Paris)
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Issam NAJATI
issam@maroc-hebdo.press.ma Société
Directeur de la publication: Mohamed SELHAMI
En Couverture
42 Les femmes marocaines se
Administration, Marketing 12 La menace chiite mobilisent contre Benkirane
& Développement
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asmae@maroc-hebdo.press.ma l’avortement
Assistante de Rédaction: Samira TAKHAMAT 48 Cannabis: La légalisation serait-elle
samira@maroc-hebdo.press.ma Politique la solution?
Conception artistique et Maquette: 52 Interview de Amal Bourquia
Zakaria BENMIMOUNA
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18 Querelle PJD-PAM autour
de la cause palestinienne
Mise en pages & Photogravure
Fatiha ABIDINE ZOUAK
19 Le pétrole s’enflamme SPORT
fatiha@maroc-hebdo.press.ma 20 Que devient Christopher Ross ?
Ghizlane HMAICH
22 Benkirane a-t-il échoué? 54 Mastour, la perle lombarde
ghizlane@maroc-hebdo.press.ma
24 Dissension autour
Photos: AFP, MAP, AIC Press
de la darija à l’école
MAROC HEBDO INTERNATIONAL 27 Interview de Ahmed Bououd CULTURE
4, rue des Flamants Riviera- Casablanca 20410. Maroc
Dépôt légal: 82/91 -ISSN : 1113-0091- 56 Festival National du Film de Tanger,
CCPE N° H.F/021-05
du 20 au 28 février 2015
MAROC HEBDO INTERNATIONAL,
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Économie 58 Voyage dans l’histoire du Maroc
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médiéval
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3 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015

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 Info
Express Le taux de remplissage des barrages atteint 78,7% au 04 mars 2015
Les retenues des principaux barrages du Royaume, tous usages confondus, ont atteint près de 12,32
milliards de m3 à la date du 4 mars 2015, enregistrant ainsi un taux de remplissage de 78,7%, contre
11,44 milliards de m3 (73,1%) à la même date de l’année précédente, selon la situation journalière des
barrages, publiée sur le site du ministère délégué chargé de l’eau.
L’USPF EXCLUT LES DISSIDENTS DU COURANT “OUVERTURE ET DÉMOCRATIE”
Le divorce est consommé
DIRECT
N ouvel épisode dans le feuilleton
EN COUVERTURE
de la scission annoncée au sein
de l’USFP. Les membres qui ont
conduit cette opération viennent d’être
exclus à l’issue d’une réunion du Bureau
politique tenue le lundi 2 mars 2015. Il
s’agit de Abdelali Doumou, Ali Elyazghi,
POLITIQUE
Jamal Armani, Youssouf Benjelloun
Touimi, Aicha Galaâ, Touria Majdouline,
Mohamed Hammani, Abderrahman Azouzi
et Larbi Habachi. Les causes invoquées, tout
autant que la décision elle-même, étaient
ECONOMIE
attendues.
Dans son communiqué, le Bureau politique
met en exergue le fait que les personnes concernées se sont elles-
mêmes mises en marge du parti et en porte-à-faux avec ses statuts.
TRANSPORT
Ce n’est donc pas une exclusion, mais un état de fait dont il a été pris
acte. L’explication est un peu courte. Elle ne peut en tout cas ignorer
les courants contradictoires qui ont toujours traversé l’USFP. Certains
pensent qu’il s’agit là d’un facteur de richesse humaine et politique;
HIGH TECH
pour d’autres, c’est tout simplement la maladie congénitale du parti.
2.500 Marocains combattent
dans les rangs de Daech
FINANCE
SOCIÉTÉ
LA VIE
PORTFOLIO
2.500 Marocains se trouveraient actuellement en Syrie et en Irak et
combattraient pour le compte de Daech, d’après un rapport des services de
renseignements indiens. Selon ce rapport, les Marocains sont la troisième
communauté à combattre dans les rangs de Daech, derrière les Saoudiens,
dont le nombre est évalué à 3.000 et les Russes, qui fournissent 2.700
CULTURE
jihadistes à l’organisation terroriste.
Les Marocains sont de moins en moins nombreux à rejoindre Daech, explique
le rapport, qui précise que c’est grâce au durcissement des contrôles aux
ART DE VIVRE
frontières marocaines et au démantèlement de plusieurs cellules terroristes
spécialisées dans le recrutement de jihadistes. Du côté des autorités
marocaines, on estime à 3.000 Marocains actuellement en Irak et en Syrie,
dont au moins 2.000 détiennent une nationalité de l’un des pays de l’Union
européenne n
6 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015
cahier3-10.indd 6
INFOS
DIRECT
Les sympathisants du courant dissident
“Ouverture et démocratie”, créé autour
de Ahmed Zaïdi, semblent avoir trop tiré
sur une marge de tolérance convenue qui
s’est progressivement rétrécie avant que
l’arrêt d’évacuation ne soit décrété. Les
zaïdistes accusent le premier secrétaire,
Driss Lachgar, de s’être arrogé tous les
pouvoirs, d’exercer sur le parti une autorité
sans partage et sans consultation avec les
instances dirigeantes.
Le cas de Azzouzi et Habachi, respectivement
secrétaire général et secrétaire général
adjoint de la Fédération démocratique du
travail (FDT), dépasse le cadre du parti. Lachgar avait installé un de ses
proches, Hamid Fatihi, à la tête de cette centrale, considérée comme
l’aile syndicale de l’USFP. Refus de Azzouzi et Habachi. L’affaire est
actuellement devant les tribunaux.
Les socialistes “excommuniés” ne sont pas pour autant à la rue. Ils
avaient déjà dévoilé leur intention de créer un nouveau parti dont le
nom sera connu lors d’un prochain congrès constitutif n A.m.
Saïd Oulbacha mène une nouvelle fronde
au sein du Mouvement populaire
Le Mouvement populaire vit une déchirure dans ses
rangs. Menée par l’ancien ministre Saïd Oulbacha, la
fronde, qui grossit jour après jour, s’apparente à un
mouvement de scission qui se prépare au sein du parti.
D’autres poids lourds du MP ont rejoint ce
mouvement protestataire, en l’occurrence
Abdelkader Tatou, Aziz Darmoumi et
Zhor Rachiq, présidente du comité de la
femme harakie.
Lors d’une conférence de presse orga-
nisée à Rabat, mardi 3 mars 2015, les
meneurs de la fronde ont expliqué
que leur initiative intervient après
qu’ils aient constaté des dérives sys-
tématiques dans la gestion du parti et
un manque flagrant de démocratie dont
se plaignent souvent les militants. Selon
Saïd Oulbacha, ce mouvement est né d’une
volonté ferme de plusieurs hauts cadres du parti qui
souhaitent corriger ces dérives et apporter un souffle
nouveau à la formation politique.
Pour sa part, Zhor Rachiq avance que le Secrétaire gé-
néral, Mohand Leanser, est sourd aux revendications
des contestataires n
05/03/2015 15:38
 Info
Express Reconnaissance mutuelle des permis de conduire marocain et saoudien
Le Conseil des ministres saoudien a approuvé, le 2 mars 2015, l’accord de reconnaissance mutuelle des permis de
conduire, signé avec le Maroc. Cet accord permet aux Marocains, résidents ou en visite en Arabie Saoudite, d’utiliser
leur permis marocain et de même pour les Saoudiens au Maroc. Il permet également aux ressortissants des deux
pays disposant d’un permis de conduire d’obtenir un permis local dans le pays de résidence sans subir de nouveaux
examens de code de la route ou de conduite.

EN PRÉVISION DES PROCHAINES ÉLECTIONS COMMUNALES La cour d’appel ordonne

DIRECT

la fermeture du site Hmizate.ma

Le CNDH souhaite accorder La société Menaclick SA a été condamnée
par la cour d’appel de commerce de Casa-
EN COUVERTURE

le droit de vote aux étrangers blanca à la fermeture de son site d’achat

être inférieure à cinq ans. Le Maroc
compte, selon les estimations
officielles, près de 80.000 Français,
POLITIQUE
groupé et de deal hmizate.ma et hmizate-
voyages.ma
Ce jugement, prononcé le 3 mars 2015,
confirme celui prononcé en première
instance il y a quelques mois. La cour a

2.000 Espagnols et 18.000 estimé que la société Menaclick a livré une

ressortissants essentiellement
d’Afrique subsaharienne
régularisés lors d’une campagne
exceptionnelle lancée en 2014 par
ECONOMIE
concurrence déloyale à la société Ayn Dal,
représentée par Me Youssef Haoudar et Me
Abdallah Benzekri, propriétaire de la marque
Hemizet enregistrée à l’OMPIC depuis 2008,

les autorités. qui commercialise des services similaires.

La nouvelle Constitution du La cour a condamné également la société
Menaclick à 5.000 dirhams d’amende pour
Maroc, adoptée par référendum
chaque infraction commise. Autrement dit,
en 2011 dans le contexte du
TRANSPORT

si la société continue à publier le site hmi-

Printemps arabe, ouvre la voie
zate.ma et hmizatevoyages.ma.

L
au vote des étrangers lors des Forte de plus de 380.000 membres, la socié-
e CNDH a formulé, mercredi 4 mars élections communales sous réserve de té Menaclick SA, filiale de Himvest Holding,
2015, une série de recommandations signature d’accords de réciprocité avec présidée par l’homme d’affaires Nasser
HIGH TECH

concernant les élections, parmi
lesquelles permettre aux étrangers
de voter pour la première fois lors des
scrutins locaux. L’organisme des droits
de l’Homme, dirigé par Driss El Yazami, a
FINANCE
leurs pays d’origine. Le CNDH a également
recommandé au gouvernement d’œuvrer
pour la parité en renforçant les mécanismes
d’accès des femmes aux mandats électifs au
niveau local et régional, via, notamment,
Bouazza, avait réalisé fin 2013 une levée de
fonds estimé à plusieurs millions de dollars.
Le Conseil économique et social

appelé à élargir le corps électoral à tous une augmentation du nombre de sièges

les étrangers résidant régulièrement au
Maroc pendant une période qui ne peut
SOCIÉTÉ
renouvelle ses instances
réservés aux femmes dans les communes Le Conseil économique, social et environ-
soumises au scrutin uninominal n nemental (CESE) a annoncé, jeudi 5 mars
2015, avoir procédé au renouvellement de

ses instances.
Human Rights Watch appelle le Maroc Conformément aux dispositions
de sa loi organique et de son
à dépénaliser l’homosexualité
LA VIE

règlement intérieur, le CESE

a procédé à l’élection de
L’organisation américaine de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW) a ses instances lors de sa
appelé, mercredi 4 mars 2015, à dépénaliser l’homosexualité au Maroc suite à la condam- 47ème Assemblée Générale
PORTFOLIO

nation pour ce motif de deux personnes à Al Hoceima (nord). «Si le Maroc aspire réelle- Ordinaire, tenue le 26
ment à être un leader régional dans le domaine des droits humains, il devrait montrer la février, précise le CESE
voie en décriminalisant les pratiques homosexuelles», a notamment déclaré la directrice de dans un comuniqué.

la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HRW, Sarah Leah Whitson. Outre le président, Nizar
Un élu local et un étudiant de la région d’Imzouren (18 Km au sud d’Al Hoceima), condam-
CULTURE

Baraka, les représentants

nés en première instance à trois ans de prison ferme chacun pour pratiques homosexuelles, des cinq catégories qui com-
avaient vu leur peine réduite respectivement à un an et à six mois de prison ferme en posent le Conseil sont Tarik
appel. Ils étaient notamment poursuivis pour acte impudique ou contre-nature avec un Aguizoul, Ahmed Bahanniss, Mohammed
ART DE VIVRE

individu de son sexe et outrage public à la pudeur. Fikrate, Karima Mkika et Jilali Hazim. Les
La police avait arrêté ces deux personnes, le 13 décembre 2014, dans le véhicule de fonc- présidents des six commissions perma-
tion de l’élu alors qu’ils étaient en train de s’adonner à des ébats sexuels. nentes du Conseil ont également été élus
Au Maroc, l’article 489 du code pénal punit tout acte sexuel entre deux personnes de par les membres de ces commissions,
même sexe d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison ferme. ajoute le communiqué.

8 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015

cahier3-10.indd 8 05/03/2015 15:38

 XSaisie à Meknès d’une quantité de 280 kg de kif et 80 kg de tabac

INFOS
DIRECT
Les éléments de la brigade de douane de Meknès relevant de la direction de Fès ont procédé, mercredi 4 mars 2015
à Ain Jemaa (région de Meknès), à la saisie d’une quantité de 280 kg de kif en tiges et 80 kg de tabac en feuilles. Les
stupéfiants saisis, d’une valeur de 360.000 DH, étaient dissimulés dans une voiture en provenance du nord du Maroc à
destination de Meknès, précisent les éléments de la direction de la douane de Fès. Le chauffeur de la voiture a réussi
à prendre la fuite, selon la même source.

TOURNÉE CONTINENTALE DE SALAHEDDINE MEZOUAR

Ils ont dit…
La vision africaine «Le CNDH est
conscient que le
du Maroc se concrétise

CREDIT PHOTO: AFP
thème de l’abolition
de la peine de mort
est l’objet de prises
de position contradic-
toires au sein de la
société, d’où l’impor-
tance d’engager un débat natio-
nal sur cette question»n
Mohamed Sebbar, Secrétaire général
du Conseil national des droits de l’Homme

«Le Maroc a
toujours adopté
une démarche
volontariste pour
participer active-
CREDIT PHOTO: DR

Salaheddine Mezouar  reçu par le président Ali Bongo Ondimba. Libreville, le 27 Février 2015.
ment à l’effort

L
e chef de la diplomatie marocaine,
Salaheddine Mezouar, effectue
une tournée dans plusieurs pays
africains. Entamée jeudi 26 février,
cette tournée a conduit M. Mezouar au
Gabon, en Côte d’Ivoire, en Guinée et au
Sénégal.
Cette importante tournée de Mezouar dans
ces pays intervient presque une année jour
pour jour après le périple de S.M. le Roi
du Royaume avec ses pays frères et amis. international de
Ainsi, la vision africaine est désormais
considérée comme un impératif stratégique
lutte contre le
pour le Maroc. changement climatique» n
Cet engagement se traduit par les nombreux Abdelkader Amara, ministre de l’Energie,
projets concrets, conduits sur la base de des Mines, de l’Eau et de l’Environnement
l’expertise marocaine, depuis la conception
jusqu’à la mise en œuvre. Ceci s’ajoute
à la coopération technique bilatérale ou
tripartite (avec des pays donateurs ou des
organisations internationales ou fonds
CREDIT PHOTO: MAP

Mohammed VI en Afrique et au cours duquel
il avait affirmé l’engagement du Royaume à
consolider le partenariat économique avec
les pays africains. Lors de chaque étape de
sa tournée actuelle, Salaheddine Mezouar
a dressé avec ses interlocuteurs un bilan
d’étape de la coopération bilatérale et a
coordonné les positions du Maroc sur un
grand nombre de sujets d’intérêt commun.
L’intérêt accordé par le Maroc à l’Afrique
se traduit dans les faits à travers les visites
effectuées par le Souverain, dans plusieurs
pays du continent, lesquelles ont généré
une nouvelle dynamique dans les relations
multilatéraux), pour faire bénéficier les pays
africains de l’expertise et du savoir-faire
des professionnels marocains, fortement
sollicités.
Pour la coopération économique et
financière, elle porte sur le financement «Dans ces temps agités que
des projets à caractère socioéconomique traverse le monde aujourd’hui,
et institutionnel profitant à une vingtaine l’exposition “Le Maroc médié-
de pays africains. Quant aux échanges
commerciaux du Maroc avec les pays
val: Un empire de l’Afrique à
africains, ils ont affiché une hausse l’Espagne” passe le message
annuelle moyenne de 8,4% entre 2008 et d’un Islam éclairé»n
2013, passant ainsi de 25,29 milliards à 36 Mehdi Qotbi, président de la Fondation natio-
milliards dirhams n A.A. nale des Musées

N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015 MAROC HEBDO INTERNATIONAL 9

cahier3-10.indd 9 05/03/2015 15:38

 Info
Sommet francophone des DSI 2015, les 29 et 30 avril 2015 à El Jadida
Express
La 3ème édition du Sommet Francophone des DSI 2015 (Directeurs des Systèmes d’Informations), se
tiendra les 29 et 30 avril 2015 à El Jadida, avec la participation de plus de 200 décideurs des TIC de la
région de l’Afrique francophone, dont le Maroc.
Ce rendez-vous annuel, auquel prendront part plus de
12 pays de la région de l’Afrique du Nord et Afrique francophone, se déroulera sous le thème: “Où la
technologie rencontre les affaires”.
SESSION DU CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME À GENÈVE
DIRECT
Mbarka Bouaida dénonce
la situation inhumaine à Tindouf
EN COUVERTURE
POLITIQUE
CREDIT PHOTO: MAP
ECONOMIE
TRANSPORT
Mbraka Bouaida et Zeid Raâd
Al-Hussein, le Haut-commissaire
de l’ONU aux droits de l’Homme.
Genève, le 03 mars 2015.
L
HIGH TECH
a participation du Maroc à la
28ème session du Conseil des droits
de l’homme (CDH), à Genève, a
été marquante. A l’occasion de
FINANCE
cet événement d’envergure, la ministre
déléguée des Affaires étrangères et de
la coopération, Mbarka Bouaida, s’est
SOCIÉTÉ
félicitée, mardi 3 février 2015, de la prise
de conscience internationale de la lutte
contre la torture, un an après le lance-
ment, conjointement par le Maroc, le
LA VIE
Chili, le Danemark, le Ghana et l’Indonésie
d’une initiative mondiale contre ce phéno-
mène en mars 2014.
PORTFOLIO
Par ailleurs, Mme Bouaida n’a pas man-
qué de condamner les violations des droits
et libertés des populations des camps
de Tindouf, en réitérant son appel à leur
recensement et à la levée du blocus qui
CULTURE
leur est imposé.
Mme Bouaida a attiré l’attention sur
la situation tragique des habitants des
ART DE VIVRE
camps en raison de la violation de leurs
droits et du détournement des aides
humanitaires. Ce détournement des aides,
a-t-elle ajouté, a été révélé par le rapport
de l’Office de lutte anti-fraude de l’UE ainsi
10 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015
cahier3-10.indd 10
que par d’autres rapports internationaux.
Elle a rappelé que le Conseil de sécurité,
le secrétaire général de l’ONU et le Haut-
commissariat aux droits de l’Homme ont
salué le rôle pionnier des mécanismes
nationaux, en particulier le Conseil natio-
nal des droits de l’Homme (CNDH) et ses
commissions régionales à Laâyoune et
Dakhla.
La ministre a aussi rappelé les visites
effectuées au Maroc par la Haut-commis-
saire aux droits de l’Homme (mai 2014)
et le président du Conseil des droits de
l’Homme (novembre 2014) dans le cadre
de l’interaction continue du Royaume
avec les deux institutions.

La délégation marocaine à la 28 ème
session du CDH, conduite par Mme
Bouaida, était notamment composée de
l’ambassadeur représentant permanent
du Royaume auprès de l’ONU, Moha-
med Aujjar, du secrétaire général de la
Délégation interministérielle aux droits
de l’Homme, Abderrazak Rouane, et du
directeur des questions globales au minis-
tère des Affaires étrangères et de la coopé-
ration, Mohamed Amine Belhaj n L. K.
INFOS
DIRECT
Le SG de l’OCI salue le rôle du
Maroc dans la défense d’Al-Qods
L’Organisation de la coopération isla-
mique (OCI) a salué, par la voix de son se-
crétaire général, l’apport vital du Maroc
dans la défense d’Al-Qods et le soutien
à sa population. Iyad Ammen Madani, a
affirmé, mercredi 4 mars 2015, que «les
décisions du Comité Al-Qods, que préside
le Roi du Maroc, lors de sa dernière réu-
nion, reflètent son importance pour mobi-
liser l’appui en faveur de la cause palesti-
nienne», à l’issue d’un entretien avec la
ministre déléguée auprès du ministre des
Affaires étrangères et de la coopération,
Mbarka Bouaida.
Au cours de cette rencontre, tenue en
marge de la 28e session du Conseil des
droits de l’Homme à Genève, les deux
parties ont procédé à un échange de vues
sur les questions d’actualité sur la scène
régionale et internationale ainsi que
les moyens de renforcer la coopération
entre le Maroc et l’organisation dans les
domaines d’intérêt commun.
Ramid s’explique sur l’examen
d’accès à la profession d’avocat
Le ministre de la Justice veut mettre un
terme à la polémique autour du dérou-
lement du dernier examen d’accès à la
profession d’avocat. Réagissant à un
article publié, mardi 3 mars 2015, par un
journal national, sur les conditions dans
lesquelles s’est déroulé cet examen, le
ministère précise dans un communiqué
publié le 4 mars que le coup d’envoi de
ces examens a été donné depuis le centre
de Casablanca, où se trouvait le ministre.
Il n’y a eu aucune fuite ni changement de
question, souligne le communiqué.
Quant aux quatre étudiants interpellés,
la même source indique qu’«ils ont été
surpris en train de frauder et qu’un pro-
cès-verbal a été établi à ce sujet par les
surveillants afin que les mesures légales
soient prises à leur encontre», précisant
que l’examen s’est déroulé dans «un cli-
mat empreint de discipline, de calme et
de transparence, à l’exception des quatre
cas susmentionnés (…)».
05/03/2015 15:38
 X La nouvelle politique migratoire du Maroc «porte déjà ses fruits»

INFOS
DIRECT
La nouvelle politique migratoire initiée par SM le Roi Mohammed VI «porte déjà ses fruits», a affirmé, mercredi
4 mars 2015, à Genève le Directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), William
Lacy Swing.

«J’ai été content d’apprendre que 18.000 migrants ont été régularisés jusqu’à présent, c’est-à-dire
qu’ils ont le droit de travailler et d’accéder à tous les services publics», a déclaré M. Swing à l’issue d’un entre-
tien avec la ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Mbraka Bouaida.

reprise des relations de coopération Maroc-France

Fabius à Rabat le 9 octobre, Valls à la mi-avril

L e ministre des Affaires étrangères français,

Laurent Fabius, est attendu les 9 et 10 mars
au Maroc pour donner un nouveau souffle à la
coopération politique et économique entre le deux
pays, mise à mal depuis presque un an.
Outre le lancement de plusieurs projets économiques
et industriels dans le cadre du Plan Maroc vert,
notamment le projet OCP-Total-Gabon pour le
traitement des engrais, le ministre français examinera
avec son homologue marocain, Salaheddine
Mezouar, de nombreux dossiers de politique
étrangère tels la situation au Mali et au Sahel ainsi
que le conflit meurtrier en Libye, devenue le nouveau
foyer de Daech. Laurent Fabius aura également
des entretiens avec le Premier ministre, Abdelilah
Benkirane, et doit être reçu en audience par le roi
Laurent Fabius.
Mohammed VI.
Cette visite sera suivie, à la mi-avril, par celle du Premier ministre, Manuel
Valls, accompagné de plusieurs membres de son gouvernement en vue de
la préparation de la haute commission mixte, prévue
fin mai en France. Les deux visites, ainsi que celle
effectuée le 14 févier par le ministre de l’Intérieur
français, Bernard Cazeneuve, interviennent après
un long feuilleton fait de couacs diplomatiques
étalés sur les dix derniers mois. Au départ de ce
feuilleton, une descente de police à la résidence de
l’ambassadeur du Maroc à Paris pour lui remettre
une convocation de la justice s’adressant à Abdellatif
Hammouchi, directeur de la sécurité intérieure du
royaume, soupçonné de “torture”. Le patron du
contre-espionnage marocain n’était pas sur place,
et l’ambassadeur Chakib Benmoussa avait refusé
d’accuser réception de la convocation. Il a fallu
l’implication personnelle du roi Mohammed VI et du
président François Hollande, qui se sont rencontrés
à l’Elysée pour sceller leur réconciliation et lancer
une nouvelle dynamique de coopération confiante et ambitieuse entre
les deux pays n A. Elmidaoui

cahier11-27.indd 11 05/03/2015 01:09

 EN COUVERTURE

Le Maroc ciblé par les Ayatollah d’

LA MENACE CH
Pourquoi de plus en plus de jeunes
Marocains se convertissent au chiisme

10 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1107 - Du 27 février au 05 mars 2015

cahier11-27.indd 12 05/03/2015 01:09

h d’Iran

CHIITE par Aissa Amourag

I
ssam Al Hassani. Souvenez-vous en! Ce nom ac-
tuellement peu connu est appelé à occuper les
devants de la scène religieuse et politique du
pays. Marocain, originaire de Tanger, la qua-
rantaine, cheveux grisonnants, grand de taille,
la barbe soigneusement ciselée, cet intellectuel
est au cœur d’un courant chiite naissant au Maroc et
qui ne cesse de gagner en importance. Il en est même
le chef de file, pour la raison qu’il est le principal fon-
dateur de ce courant appelé «Al Khat Rissali» (la ligne
du messager), en mars 2014 à Fès.
Un an plus tard, Issam Al Hassani s’installe à Tanger
et transforme Al Khat Rissali en fondation éponyme.
Quelle est sa mission? Selon M. Al Hassani le travail
de sa fondation Al Khat Rissali consiste à promouvoir
la culture et la recherche théologiques ainsi que la pu-
blication et la distribution de livres religieux. Mais, en
vérité, selon plusieurs sources tangéroises, cette fon-
dation s’active clandestinement à répandre le chiisme
au Maroc, par des actions de prosélytisme.

Manque de réaction
Ainsi, elle aurait organisé de nombreuses réunions
consacrées au rite chiite. Animées par Issam El Has-
sani en personne ou par des invités étrangers, ces réu-
nions ont pour but principal de convertir des jeunes
Marocains au chiisme.
Issam Al Hassani connait bien son domaine pour
avoir séjourné à plusieurs reprises en Iran, surtout,
mais aussi en Irak et au Sud-Liban, des contrées où
le chiisme est très présent. Grâce à ces voyages, il
s’est constitué un réseau de connaissances parmi les
grands dignitaires chiites iraniens et libanais. Il a suivi
la trace de son aîné, Driss Hani, le premier à avoir an-
noncé la création du courant chiite au Maroc. C’était
à la fin des années 1990.
Les activités de Issam Al Hassani et ses déplacements
fréquents hors du pays sont connus de la police maro-
caine. Il n’a jamais été inquiété, au point d’interpré-
ter le manque de réaction des autorités comme une

nnn
N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015 MAROC HEBDO INTERNATIONAL 13

cahier11-27.indd 13 05/03/2015 01:09

 EN COUVERTURE

jeune prédicateur égyptien, a

expliqué que le courant chiite
marocain Al Khat Rissali est
soutenu par des puissances
DIRECT

étrangères, principalement
l’Iran. Selon cet intervenant, la
République islamique iranienne
EN COUVERTURE

finance les activités de cette

fondation.
À en croire Issam Al Hassani, le
chiisme n’est pas en contradic-
tion avec le sunnisme. Les deux
courants se rejoignent parfai-
POLITIQUE

tement sur les principes fonda-

mentaux de l’Islam. Cela dit,
les références de l’“Ayatollah
de Tanger” sont, bien entendu,
ailleurs.
ECONOMIE

En bon chiite qu’il est, il voue

une admiration sans faille aux
dignitaires religieux d’Iran, à
leur tête le guide spirituel Aya-
TRANSPORT

En haut: Issam Al Hassani, fondateur du courant tollah Ali Khamenei. Comme il

Al Khat Rissali. affirme son respect et son admi-
En bas : Driss Hani, premier Marocain converti
au chiisme. ration pour le chef spirituel liba-
nais Hassan Nasrallah, leader
HIGH TECH

Tanger, certes, mais aussi charismatique du Hezbollah.

dans plusieurs grandes villes
du Maroc, notamment Casa-
blanca, Rabat, Marrakech,
Meknès et Fès. Des réunions
FINANCE
Intérêts politiques
C’est donc abreuvé des idées de
ces leaders chiites que Issam

se multiplient, dirigées par Al Hassani mène sa mission de

des prédicateurs qui appel- répandre le chiisme auprès des
lent ouvertement les jeunes jeunes Marocains, femmes et
SOCIÉTÉ

à embrasser le rite chiite. Par hommes, en particulier ceux

ailleurs, ce courant a investi de conditions modestes. Il faut
les canaux de communication croire que le travail du chef de
virtuelle prisés par la jeunesse, Al Khat Rissali porte ses fruits.
LA VIE

nnn notamment un site web et une De plus en plus, de nombreux

autorisation tacite de sa fonda- page Facebook. Marocains adoptent le chiisme,
tion. Quelle ne fut sa surprise Il y avait donc urgence pour le certains le pratiquent dans la
PORTFOLIO

lorsque, mardi 3 mars 2015, le ministère de l’Intérieur à met- clandestinité d’autres au grand
ministère de l’Intérieur publie tre un terme à ce phénomène, jour. C’est le cas du célèbre
un communiqué qui dément qui risque de poser de sérieux footballeur Réda Riyahi, qui
catégoriquement l’existence problèmes de sécurité. s’est illustré avec le Raja de
d’une quelconque autorisation Cette situation alarmante n’a Casablanca lors de la coupe du
CULTURE

à Al Khat Rissali. pas échappé à une chaîne de monde des clubs au Brésil en
télévision égyptienne, qui a 2000.
Communication virtuelle consacré une émission spé- Reda Riyahi non seulement
ART DE VIVRE

La réaction du ministère de l’in- ciale à la “présence chiite au s’est converti au chiisme, mais
térieur est loin d’être une sim- Maroc” et au danger que cela il le propage ouvertement
ple formalité. Elle arrive à un représente pour tout le monde auprès des jeunes, notamment
moment où l’activisme chiite arabe, sunnite à plus de 95%. à travers les réseaux sociaux.
commence à se faire sentir à L’invité de cette émission, un Sur Facebook, où il a posté des

14 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015

cahier11-27.indd 14 05/03/2015 01:09

 photos et un message audio pour
annoncer sa conversion, les com-
mentaires les plus critiques à son
égard ont été publiés. Les com-
mentateurs dénoncent un com-
portement opportuniste du joueur
et sa volonté inavouée de profiter
d’une largesse chiite purement
matérielle. Pour se défendre, le
footballeur affirme embrasser le
chiisme par conviction en trou-
vant dans ce courant religieux
“un confort inégalé et une prati-
que consensuelle très ouverte et
moderne”.
Cette émergence du chiisme au
Maroc intervient quelques semai-
nes après la reprise des relations
diplomatiques avec la Républi-
que islamique d’Iran. Relations
qui avaient été suspendues en
2009 par le Maroc suite à une
volonté iranienne d’exhorter les
Marocains à adopter le chiisme
comme un mode de vie. Il paraît
aujourd’hui évident que la me-
nace chiite au Maroc est fondée
principalement sur des intérêts
politiques.
Répression mesurée
C’est connu, les chiites ont une
capacité impressionnante à mobi-
liser des masses chiites et sunnites
autour d’objectifs politiques. Ils
savent galvaniser les foules, avec
un discours populiste qui porte. Ce
pouvoir de séduction fait sérieuse-
ment peur à nos dirigeants.
Pour les autorités marocaines, la
vigilance est de rigueur. Il n’en
reste pas moins que l’approche
sécuritaire, nécessaire certes, doit
s’exercer dans la mesure. Autre-
ment, une répression excessive
des chiites au Maroc fera d’eux
des martyrs et leur offrira l’occa-
sion de rallier davantage de sym-
pathisants.
Issam El Hassani en est bien
conscient. C’est pourquoi il
multiplie les sorties provocan-
tes. “L’Ayatollah de Tanger”
joue grosn
cahier11-27.indd 15
QUESTIONS À HAOUES SENIGUER,
Maître de conférences à l’Institut
d’Études politiques de Lyon
propos recueillis par N. Jouhari
“C’est sous la répression
que les chiites progressent”
Maroc Hebdo: Ces derniers temps, les chiites marocains donnent de
la voix. Y a-t-il une menace chiite sur le Maroc et, au-delà, sur toute la
région du Maghreb?
Haoues Seniguer: D’abord, quand vous utilisez le terme “menace”,
cela veut dire que vous placez le chiisme en contradiction avec le
sunnisme, à la fois sur le plan théologique mais surtout politique.
Surtout de l’Islam politique.
Ce que je constate, ces derniers temps, c’est que des chiites marocains
commencent à parler à visage découvert, à agir et à créer des
organismes ou des centres de recherche. C’est un fait.
Maintenant, ce qu’il faut, c’est attendre de voir comment l’Etat
marocain et l’ensemble des acteurs politiques du pays vont réagir face
à cette émergence du chiisme.
Attendre quoi, alors que l’exemple de Daech est là, avec ses massacres
et ses destructions, en Irak, en Syrie et, tout près de nous, en Libye…
Haoues Seniguer: Vous savez que le monde musulman vit une des plus
grandes crises de son histoire.
Des pays ravagés par la guerre civile. Des régimes qui sautent et une
incertitude qui plane sur l’avenir. Face à cela, des sociétés comme
la marocaine se recroquevillent sur elles-mêmes rejetant toute idée
nouvelle, toute tentative de changement.
Il est normal donc, dans ces conditions, que les Marocains, sunnites
dans leur grande majorité, considérent les chiites comme une menace.
Pensez-vous que les chiites ont de l’avenir au Maroc?
Haoues Seniguer: La question n’est pas là. L’Etat au Maroc ne va pas
les laisser faire. Cela commence par minimiser l’impact de l’activité
chiite au Maroc. Cela doit passer aussi et surtout par la sensibilisation
de la population quant aux éventuels dangers du chiisme.
Réprimer les chiites peut, par contre, avoir des effets contraires, à
savoir que c’est sous la répression que les mouvements chiites peuvent
progresser.
J’ai lu un livre édité par un centre de recherche proche du PJD (Parti de
la justice et du développement) et qui porte sur comment combattre
le chiisme.
Le parti qui dirige actuellement la majorité au Maroc parle, depuis il y
a quelque temps déjà, du défi de faire face “au péril chiite…” n
N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015 MAROC HEBDO INTERNATIONAL 15
05/03/2015 01:09
 EN COUVERTURE
Questions à Mohamed El Fizazi, cheikh salafiste

“L’Etat ne doit pas

DIRECT

autoriser les chiites”

EN COUVERTURE

simple fait qu’ils veulent créer la zizanie

ENTRETIEN. en optant pour un rite que les Maro-
Mohamed El Fizazi cains n’ont jamais accepté. Le Maroc est
POLITIQUE

un pays sunnite…
est catégorique. Les
chiites sont un danger Donc pas de place pour les non-sun-
et il n’est pas question nites…
de tolérer leurs Mohamed El Fizazi: Il y a plus, et c’est
ECONOMIE

cela la force du Maroc. Il s’agit d’un pays

organisations. sunnite de rite malékite. Vous ne pouvez
pas être sunnite de rite hanbalite, par
exemple. Même si les Marocains ont
TRANSPORT

beaucoup d’estime et de considération

pour les autres écoles sunnites. Mais,
pour maintenir cette unité des Maro-
cains, il a été primordial de “verrouiller
HIGH TECH

le système”. Si, aujourd’hui, chacun

veut avoir son rite, on se retrouvera
dans une même mosquée mais chacun
fait sa prière différemment de l’autre…
Maroc Hebdo: Que pensez-vous de guide de la république iranienne. La question religieuse est assez sérieuse
FINANCE

l’émergence des courants chiites Or, au Maroc, nous avons Amir Al- pour être laissée sans cadre strict, à
au Maroc? Mouminine. Cette double allégeance savoir celui d’Imarat Al-Mouminine.
Mohamed El Fizazi: Il ne s’agit pas des chiites est inacceptable. S’ils sont
SOCIÉTÉ

de ce que je pense ou non, mais
plutôt de savoir que là où les chiites
mettent les pieds, c’est la chienlit, la
sédition, l’instabilité des pays. Voyez
LA VIE
marocains, ile ne doivent en aucun Pour vous, les autorités ne peuvent
“S’ils sont
cas avoir leur guide en Iran ou ail- pas autoriser des mouvements ou des
leurs. Les Marocains s’élèvent contre
marocains, organisations chiites…
toute attaque extérieure pouvant Mohamed El Fizazi: Pas question,
ile ne doi-

ce que connaît l’Irak ou la Libye…
Nous ne devons pas nous amuser
avec ceux qui se proclament chiites
PORTFOLIO
toucher leurs fondamentaux. Ils ont
vent en
donc à rejeter cette attaque chiite
émanant, cette fois-ci, de l’intérieur.
aucun cas
d’ailleurs, après la publication de cer-
taines informations faisant état de la
reconnaissance d’un soi-disant centre

chez nous. C’est un danger à ne pas d’études chiite, Khat Arrissala, à Tan-
sous-estimer… Mais les chiites sont des musul- avoir leur ger, le ministère de l’Intérieur a fait un
mans… guide en démenti catégorique dont je ne peux
Quel danger? Mohamed El Fizazi: Je ne peux pas Iran.” que me féliciter parce que l’Etat ne doit
Mohamed El Fizazi: C’est connu, à dire s’ils le sont ou non, mais sachez pas autoriser les chiites. Je pense que ce
CULTURE

travers l’histoire de l’Islam, on ne une chose: les chiites insultent les sont les chiites marocains qui ont fait cir-
peut jamais faire confiance aux dires proches du Prophète et ses compa- culer cette rumeur, une sorte de ballon
d’un chiite parce qu’il cache le fond gnons, dont Abou Bakr Asseddik. Les d’essai. Croyez-moi, ils sont minoritaires
ART DE VIVRE

de ses pensées. Le danger d’un chiite
marocain, c’est qu’il croit à la notion
de wilayat al-Fakih, (une sorte de
tutorat du guide) et dans le contexte
actuel, al Fakih est Ali Khamenei, le
chiites sont agressifs, contrairement et ils le resteront même si l’Iran les
aux préceptes de la religion… Le pro- finance et les soutient… n
blème pour le Maroc n’est pas celui
de la liberté de croyance, dont les propos recueillis par
chiites veulent profiter, mais dans le merouane kabbaj

16 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015

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cahier11-27.indd 17 05/03/2015 01:09
 P O L I TI Q U E

Protocole d’accord entre le Parti authenticité et modernité et le Fatah

DIRECT

Querelle PJD-PAM autour

EN COUVERTURE

de la cause palestinienne
Polémique. Nombreux
POLITIQUE

ont été les commentateurs

à critiquer la récupération
par le Parti authenticité
et modernité, suite à son
ECONOMIE

protocole d’accord, le 24
février 2015, avec le Fatah,
de la cause palestinienne.
Qu’en est-il vraiment?
TRANSPORT

L’
image a fait le tour de
la toile; elle montre le
secrétaire général adjoint
HIGH TECH

du Parti authenticité et modernité

CREDIT PHOTO: DR
(PAM), Ilyas Elomari, priant à la
Mosquée Al-Aqsa, dans la ville d’Al-
Qods Acharif. Les commentateurs
FINANCE

n’ont pas manqué de s’y arrêter;

fustigeant une récupération non
seulement de la religion mais
également de la cause palestinienne.
SOCIÉTÉ
Mustapha Bakkoury le PAM avait tenu dans le cadre du
et Mahmoud Abbas.
“Soutien nécessaire PAM a toujours défendu la cause dialogue palestinien en 2013 une
à la question palesti- palestinienne», a-t-il soutenu. rencontre dans la ville de Skhirat

Qu’en est-il vraiment? nienne.” entre factions palestiniennes.

La photo de M. Elomari a été prise Diplomatie parallèle Néanmoins, M. Elomari est accusé
en marge de la visite, le 24 février S’il explique que le parti a fait de de légitimer son parti, que l’on
2015, d’une délégation du PAM la Palestine «une de ses priorités», pourfend pour avoir été monté
LA VIE

en Palestine, lors de laquelle la nombreux sont ceux qui doutent de par l’administration. L’alliance
formation du tracteur a signé un la sincérité de l’élan de M. Elomari. avec le Fatah, de même que plus
protocole d’accord de coopération Ne mettrait-il pas à profit le conflit généralement avec les partis
PORTFOLIO

avec le Fatah, parti politique du palestino-israélien? Et surtout, que “progressistes” proche-orientaux

président palestinien Mahmoud cherche-t-il avec de telles alliances? aurait pour but de dépasser,
Abbas. L’objectif, rapporte l’agence Ses partisans défendent que dénoncent les opposants du PAM,
de presse nationale Maghreb l’activisme du secrétaire général le déficit du parti en la matière, en
arabe presse (MAP): renforcer les adjoint du PAM n’est pas récent et s’appuyant sur la légitimité desdites
CULTURE

relations entre les deux parties. «Les daterait de l’époque où ce dernier formations, et se poser comme
responsables du PAM sont disposés à était encarté à l’Organisation de alternative crédible à ses ennemis
apporter tout le soutien nécessaire à l’action démocratique populaire islamistes du Parti de la justice et du
la question palestinienne», a relevé à (OADP), parti de gauche fusionné développement (PJD). La question
ART DE VIVRE

cette occasion le secrétaire général en 2005 dans le Parti socialiste se pose également sur le rôle du
du parti, Mustapha Bakkoury. M. unifié (PSU). M. Elomari est en “Tracteur”, plus que tout autre
Elomari, lui, a mis l’accent sur la outre président de la Fondation parti, dans la diplomatie parallèle
«coordination et l’action commune internationale de soutien à la nationale en Palestine n
dans de nombreux domaines». «Le Palestine. Plus emblématiquement, Wissam El Bouzdaini

18 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015

cahier11-27.indd 18 05/03/2015 01:09

 Nouvelles augmentations substantielles des prix des carburants à la pompe

Le pétrole s’enflamme
ALARME. Le processus
de la baisse des prix à la
pompe est terminé. Les
cours mondiaux risquent
d’atteindre des niveaux
aux répercussions
dangereuses.

A
près des creux bénéfiques
et réjouissants, il semble
que le pétrole soit de nou-
veau décidé à prendre de

CREDIT PHOTO: AFP

la hauteur. Les toutes dernières aug-
mentations confortent cette tendance
résolument haussière. Plus 51 cen-
times pour le gasoil et plus 42 pour
l’essence. Le litre des deux carburants
est désormais fixé, respectivement,
à 8,96 et 9,96 dirhams. Entrée en
vigueur le dimanche 1er mars 2015,
cette nouvelle tarification intervient
deux semaines après le relèvement
du 16 février 2015. Le premier depuis
les baisses successives qui ont accom- « Entrée en
pagné la levée de la compensation et
vigueur le
l’indexation sur les cours mondiaux,
décidés par le gouvernement Benki- dimanche 1er
rane. mars 2015,
Valeur aujourd’hui, le baril est situé à cette nouvelle
hauteur de 62.58 dollars. Les causes
tarification
invoquées, pour le moment, sont de
nature conjoncturelle, dit-on. Forte intervient
baisse des arrivées de Libye et d’Irak, deux semaines
pour les raisons que l’on sait, et retard
après le relè-
de livraison des fournisseurs de la mer
vement du 16
du Nord. Alors que ce dernier facteur
serait certainement dépassé dans les février 2015. » d’autant plus inquiétante qu’elle
prochaines semaines, le chaos qui
règne dans les deux pays évoqués
semble s’installer dans une certaine
durée. Autrement dit, le niveau plan-
cher d’un baril à moins de 50 dollars,
qui a permis d’amortir le choc de la
décompensation, est derrière nous. Les
professionnels du secteur appellent à
se préparer à des cours toujours plus
hauts; avec toutes les répercussions
que cela suppose sur le plan social.
Levée de la compensation
La vérité des prix, fébrilement recher-
chée, sous la pression insistante des
instances internationales, ne pourra
pas faire l’économie de la vérité
sociale, dans un pays qui compte
quelques 8 millions de personnes
vivant en dessous du seuil de pau-
vreté. Les mesures similaires que le
gouvernement s’apprête à prendre
d’ici la fin de l’année, telle la levée de
la compensation sur le gaz butane, le
sucre et le blé n’augurent rien de bon.
Pour le pétrole, cette perspective est
mène vers une échéance encore
moins rassurante. La libéralisation
totale du secteur, prévue pour juin
2015, permettra aux sociétés pétro-
lières de fixer les prix. Ce qu’elles
feront, à n’en pas douter, à partir
du seul paramètre de leurs intérêts
immédiats. Elles n’hésitent pas à
s’entendre sur les tarifs à la pompe
sans autre forme de recours pour les
consommateurs. La loi anti-trust, qui
interdit ce genre de pratiques aux
Etats-Unis et en Europe, n’a pas droit
de cité au Maroc. Malgré l’existence
d’un organisme officiel de préserva-
tion de la concurrence.
Ceci pour dire que le libéralisme
économique est également porteur
d’outils de défense du consomma-
teur. Celui-ci étant, à juste titre, et par
intérêt, considéré comme l’objectif
de leur commerce et la source de
leurs revenus. Il semble que cette
approche intelligente du système
libéral a quelques difficultés à prendre
racine et à prospérer dans un envi-
ronnement comme le nôtre. Il s’est,
jusqu’ici, avéré que le contrôle de
l’État sur les branches d’activités libé-
ralisées n’a pas été d’une grande
efficacité. Le pétrole pourrait en être
l’illustration à haut risque n
abdellatif mansour

N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015 MAROC HEBDO INTERNATIONAL 19

cahier11-27.indd 19 05/03/2015 01:09

 P O L I TI Q U E

La tournée discrète de l’Envoyé personnel de Ban Ki-moon au Sahara

Que devient
DIRECT

Christopher Ross ?
EN COUVERTURE

Mission. Christopher Ross aurait repris à son compte la proposition formulée en 2008 par son
prédécesseur Peter van Walsum: celle du rejet de l’indépendance de l’ex-Sahara occidental. Une
POLITIQUE

telle proposition a suscité pas mal de remue-ménage chez les séparatistes.

par mustapha sehimi
ECONOMIE

aucune visite dans la région lors des

douze mois écoulés. Les raisons en
sont connues et tiennent au refus
du Maroc de continuer à valider
TRANSPORT

une mission onusienne confiée à cet

envoyé personnel de Ban Ki-moon
qui avait accusé des dérives. Il a
fallu cette ferme détermination de
Rabat pour que le secrétaire général
HIGH TECH

de l’ONU se décide à assurer, lors

d’un entretien téléphonique avec
le Roi Mohammed VI, le 22 janvier
2015, de «la neutralité, l’objectivité
FINANCE

et l’impartialité des responsables de

l’ONU» dans l’affaire du Sahara.

Incrimination de partialité
SOCIÉTÉ

Sur ces bases-là, la nouvelle

CREDIT PHOTO: MAP

patronne de la Minurso, Kim Bolduc,

a pris officiellement ses fonctions au
LA VIE

lendemain de sa réception à Rabat,

le 6 février 2015, par le ministres

L
des Affaires étrangères. Et, dans
e temps est donc à la Tindouf, avant de poursuivre, durant Christopher Ross. cette même linge, ce fut au tour
PORTFOLIO

discrétion, peut-être même
au mutisme. Bien peu
d’informations circulent en
effet à propos de la tournée
CULTURE
“La neutralité,
cinq jours, à Alger. A cette occasion, l’objectivité et
de Christopher Ross, six jours plus
il a eu notamment un entretien, le 22 l’impartialité des tard, de reprendre le cours de sa
février, avec Abdelmalek Sellal, Premier responsables de mission. Ce qui frappe, aujourd’hui,
ministre, puis, le lendemain, avec le l’ONU.” c’est la prudence et la réserve de ces

qui a été faite par Christopher Ross,
envoyé personnel du Secrétaire
général de l’ONU, durant la seconde
quinzaine de février, au Maghreb. Il
ART DE VIVRE
président Abdelaziz Bouteflika. deux responsables onusiens. Ainsi,
Quoi de neuf, alors? A un premier niveau Kim Bolduc s’est bornée à indiquer
d’analyse, on serait plutôt tenté de dire que l’ONU croit en «la nécessité
pas grand-chose. En d’autres termes, de parvenir à une solution juste et

a commencé par Rabat, où il a été
reçu, le mercredi 12 février 2015, par
le ministre des Affaires étrangères
et de la Coopération, Salaheddine
Mezouar. Puis il s’est rendu à
référence est faite ici à la relance d’un
processus qui était pratiquement en
panne depuis le début de l’année
2014 et qui s’illustrait par le fait que
Christopher Ross n’avait effectué
durable pour le rétablissement de
la sécurité dans la région». Quant à
Christopher Ross, il s’est bien gardé
de faire la moindre déclaration tant
à Tindouf qu’à Alger.

20 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015

cahier11-27.indd 20 05/03/2015 01:09

 Pour autant, subsiste cette
interrogation de principe:
quel langage a-t-il tenu à ses
interlocuteurs séparatistes et
algériens? La question est d’autant
plus fondée qu’il a été établi que, par
le passé, ce qu’il leur disait était bien
différent de son vocabulaire à Rabat.
D’où des ambiguïtés et même une
incrimination de partialité qui a été
dénoncée à différentes reprises par
le Maroc et qui avait fini par donner
un coup d’arrêt à l’exécution de sa
mission. Il n’est pas un médiateur
devant faire prévaloir un règlement
s’imposant aux parties, et donc au
Maroc. Il n’est que facilitateur ayant
en charge de rendre bonne note des
positions respectives et de réunir les
conditions d’un règlement politique
négocié.
Opportunité démocratique
Selon des indications recueillies
de source diplomatique à Alger,
M. Ross aurait repris à son compte
une proposition déjà formulée
au cours de l’été 2008 par l’un de
ses prédécesseurs, le Néerlandais
Peter van Walsum: celle du rejet
de l’indépendance de l’ex-Sahara
occidental. Il aurait ainsi mis en
avant soit l’autonomie soit encore
la fédération.
A l’appui de sa proposition, il aurait
développé plusieurs arguments:
La durée du conflit depuis quatre
décennies; la lassitude de la
communauté internationale;
le refus d’imposer au Maroc
une solution portant atteinte à
ses attributs de souveraineté;
l’opportunité démocratique offerte
par la régionalisation avancée
devant être mise en œuvre en 2015;
enfin, les dangers et les menaces
d’instabilité pesant sur la région
confrontée au terrorisme.
Une telle proposition a suscité
pas mal de remue-ménage dans
les rangs des séparatistes. A telle
enseigne que Mohamed Abdelaziz,
président de la “RASD”, flanqué
de dirigeants de son mouvement,
s’est rendu en urgence à Alger. Il
cahier11-27.indd 21
s’est également fait accompagner par le président zimbabwéen, Robert
des chiouks des tribus, alors qu’un Mugabe, qui assure aujourd’hui la
tel conclave “au sommet” n’avait présidence de l’Union africaine
pas été convoqué depuis septembre (UA). Il a demandé à cette occasion
1991, en vue de la conclusion du le soutien des pays africains aux
cessez-le-feu avec le Maroc, sous séparatistes à la veille d’une
l’égide de la Minurso. réunion du Conseil de sécurité en
avril 2015 sur le dossier du Sahara.
Fermes assurances Il a aussi insisté sur le boycott du
Des réunions se sont alors tenues 30ème Forum de Crans-Montana,
avec le Premier ministre algérien organisé du 12 au 14 mars 2015 à
puis avec l’inamovible patron du Dakhla. Il a également fait effectuer
département renseignement et des démarches pressantes auprès
sécurité (DRS), le général Mohamed du Venezuela pour arrêter une
Mediene, dit “Taoufik”. Les officiels position commune avec l’Angola et
d’Alger n’ignorent pas que les le Nigéria, également membre non
grandes puissances mondiales permanent du Conseil de sécurité.
ne soutiennent pas leur projet de Avec le recadrage du mandat de
création d’une nouvelle entité Christopher Ross et de celui de Kim
étatique sahraouie dans la région. Bolduc et les fermes assurances
Pour contrecarrer cette nouvelle données par le Secrétaire général
proposition de Ross, voilà que la de l’ONU, c’est bien en des termes
diplomatie algérienne se remobilise. de référence précis que le Conseil de
Ainsi, Abdelkader Messahel, sécurité aura à se prononcer sur cette
ministre délégué chargé des Affaires question nationale. Et, dans cette
maghrébines et africaines, s’est perspective, le projet d’autonomie
envolé pour une tournée africaine déposé par le Maroc, le 11 avril 2007,
au Zimbabwe, au Bénin et au Niger. est la base d’un règlement politique
A Harare, il a été reçu le 27 février négocié n
Dakhla accueille le Forum Crans Montana, du 12 au 14 mars
Les échanges Sud-Sud à l’honneur
R endez-vous mondial à Dakhla, du 12 au 14
mars 2015. Ce sera l’événement, avec la
tenue du 30ème Forum Crans Montana. Une
thèmes retenus par ce Forum recoupent
largement les axes de sa politique. Il s’agit
de la promotion de la femme africaine, de la
trentaine de chefs d’État et de gouvernement, liaison entre l’industrie maritime et l’arrière-
des dizaines d’ONG mondiales et de décideurs pays africain, de la place de la jeunesse
internationaux, voilà le plateau. Pourtant, dans le développement, des ressources
tout a été fait par l’Algérie et les séparatistes halieutiques, des échanges Sud-Sud. Mais,
pour compromettre ces assises. C’est un dans le même temps, c’est la problématique
camouflet infligé au voisin de l’Est, qui a du développement de l’espace atlantique
multiplié les manœuvres et les pressions oriental qui sera à l’ordre du jour.
pour faire capoter cette rencontre. Le choix de Dakhla va au-delà des atouts
Avec le concours de l’Organisation propres à cette ville. Il tient également à la
islamique pour l’éducation, les sciences reconnaissance de la régionalisation avancée
et la culture (ISESCO) et de son président, qui est l’une des grandes priorités nationales.
le Saoudien Abdelaziz Touijri, le Royaume Selon les propres termes du président de ce
donne une visibilité supplémentaire à ses Forum, Jean-Paul Carteron, «le Maroc offre
chantiers et à ses réformes, mais aussi à un modèle pour l’Afrique» n
sa vocation régionale et continentale. Les Mu.S.
N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015 MAROC HEBDO INTERNATIONAL 21
05/03/2015 01:09
 P O L I TI Q U E
Le chef du gouvernement s’en prend aux “puissants” et aux “parasites”
Benkirane a-t-il échoué?
DIRECT
EN COUVERTURE
Diagnostic. S’attaquant vertement à ce qu’il appelle les “puissants” et les “parasites”, le chef du
gouvernement, Abdelilah Benkirane, signe peut-être plus une reconnaissance de son échec qu’une
réelle volonté de s’attaquer aux dernières citadelles de l’Etat profond qu’il n’avait cesse de critiquer
avant d’accéder à l’Exécutif.
POLITIQUE
par Wissam El Bouzdaini
ECONOMIE
TRANSPORT
HIGH TECH
FINANCE
CREDIT PHOTO: DR
SOCIÉTÉ
LA VIE
L
a présentation, le 27 février
2015 dans la capitale,
PORTFOLIO
Rabat, du rapport de
la Banque africaine de
développement (BAD) sur
le “diagnostic de croissance: pour
CULTURE
une croissance large et inclusive
au Maroc” a été l’occasion pour
Abdelilah Benkirane de livrer son
analyse sur cette fameuse croissance
ART DE VIVRE
économique nationale. S’il se plie
aux conclusions de la BAD, laquelle
égratigne l’Exécutif, sur le plan du
climat des affaires mais également
Driss Dahak.
en matière de gouvernance, le
22 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015
cahier11-27.indd 22
chef du gouvernement n’en
manque pas moins d’apporter
son propre éclairage sur la
question. Il commence d’abord
par répondre, là encore en prenant
des gants, au point des équilibres
macroéconomiques et explique que
grâce notamment à la réforme de la
Caisse de compensation, le Maroc
aurait économisé 23 milliards
de dirhams (MMDH) depuis
l’investiture de son gouvernement
en 2012.
En outre, en termes
d’entrepreneuriat, mais également
sur les chantiers concomitants
fiscal, juridique et foncier, de même
qu’en relation avec le marché du
travail, l’équipe gouvernementale
aurait, aux dires de M. Benkirane,
concrétisé en trois ans ce qu’il aurait
été nécessaire d’implémenter en
quinze années d’exercice en temps
normal.
Un fin communicant
Il reconnaît cependant des failles
–le vocable n’émane jamais
de lui– si ce n’est peut-être des
faillites à proprement parler dans
le “modus operandi” de la majorité
gouvernementale, il tance ce qu’il
appelle les «puissants», et plus
vertement encore, les «parasites»
(en langue française dans le
texte). Ceux-là même qui, plus
que d’autres dans son propos,
seraient responsables de la présente
situation de la croissance et, plus
Abdelilah généralement, de l’état du pays.
Benkirane, lors du
De qui s’agit-il? Et, surtout, pourquoi
lancement du rap-
port diagnostique une telle apostrophe à cet instant
de croissance. précis de son mandat?
La question mériterait en effet d’être
posée. On le sait, derrière le chef
de gouvernement, se cache un fin
communicant dont les attaques,
démultipliées ces dernières
semaines principalement vis-à-vis de
l’opposition et de sa cible favorite,
le Parti authenticité et modernité
(PAM) (voir MHI n°1107, du 27
février au 5 mars 2015), en cette
année 2015 où s’annoncent pour
05/03/2015 01:09
 septembre les élections communales,
ne tombent jamais fortuitement.
Celles à l’encontre des «puissants»
et des «parasites» -faisant écho aux
«crocodiles» et «démons», qu’il
s’engageait devant les Marocains,
quelques mois après son investiture,
à pousser jusqu’à leurs derniers
retranchements- procèdent de la
même veine.
Les ambitions et les moyens
S’agit-il pour autant nécessairement
de la même rhétorique, c’est-à-dire
entre le moment de son investiture et
aujourd’hui plus de trois ans plus tard?
L’on est en droit d’en douter, d’autant
que le Benkirane secrétaire général du
Parti de la justice et développement
(PJD), principal parti de la majorité,
semble s’être peu à peu mué en
Benkirane chef du gouvernement,
héraut, au grand regret de nombreux
de ses (anciens) partisans, de la
raison d’Etat; en un mot, comme le
titrait Maroc Hebdo en 2013, il s’est
«makhzénizé».
Dans cette perspective, l’attaque de M.
Benkirane lors de la présentation du
rapport de la BAD semble résonner,
malgré des intentions déclarées
contraires, plus comme un aveu
d’échec qu’une volonté de s’opposer
au “fassad”, mot de langue arabe
s’inspirant du référentiel religieux
musulman et charriant un ensemble
de pratiques de mal-gouvernance,
l’économie de rente notamment,
et que la formation de la lampe
promettait d’éradiquer une fois au
gouvernement. Il faut rappeler à ce
titre que M. Benkirane reconnaissait
en janvier 2015, lors de son passage
à la Chambre des Représentants,
chambre basse du parlement, qu’il
avait échoué «partiellement» à en
finir avec la corruption.
L’échec ne s’est cependant pas arrêté
à ce domaine; mais il faut reconnaître
que le PJD n’a jamais eu les moyens
de ses ambitions. Le parti islamiste
ne bénéficiant que d’une majorité
relative au parlement, loin, avec 107
sièges uniquement, de la majorité
absolue (198 sièges). Pis, la sortie
du gouvernement en 2013 du Parti
de l’Istiqlal (PI), jusqu’alors dans la
majorité, avait sensiblement affaibli
les positions du PJD, qui, devant le
risque de renoncer à l’Exécutif, avait
concédé certains départements
stratégiques tels l’Education
nationale (Rachid Belmokhtar) et
les Affaires étrangères (Salaheddine
Mezouar) à des personnalités qui
sont loin de lui être acquises.
Cela étant, la formation n’a pas
été exempte de cet “attentisme”,
notamment lors de l’affaire
Mohamed Ouzzine, du nom de
l’ancien ministre de la Jeunesse et
des Sports “démissionné” en janvier
2015 du fait de sa responsabilité
politique et administrative directe
dans des dysfonctionnements lors
de la Coupe du monde des clubs de
football organisée en décembre 2014;
le gouvernement ne prenant aucune
initiative avant l’entrée en jeu du
Roi. Idem plus récemment lors de la
vague de froid ayant touché le pays,
où ce n’est qu’après les “instructions
royales” que les services de l’Intérieur
et de la Santé ont été mobilisés n

Le dernier Rapport de la BAD met le doigt sur les paradoxes du modèle économique marocain

Croissance excluante
D iagnostic accablant sur la croissance économique au Maroc,
tel est le constat du dernier rapport présenté, en présence
du premier ministre, Abdelilah Benkirane, et de l’ambassadeur
américain au Royaume, Dwight L. Bush, le 26 février 2015,
par Donald Kaberuka, président de la Banque Africaine du
Développement (BAD). Un document préparé en collaboration
avec la primature qui vise, entre autres, à «préparer les
travaux de lancement du Compact II du Millénium Challenge
Corporation, auquel le Maroc est éligible».
Ainsi, selon ce diagnostic, si le gouvernement Benkirane
peut s’enorgueillir de certains résultats positifs en termes
de maintien des équilibres macro-économiques, il n’est pas
arrivé à favoriser un climat favorable à l’investissement privé
et à créer suffisamment d’emplois pour résorber le chômage,
notamment des jeunes diplômés. Les conclusions de ce rapport
insistent, notamment, sur le fait que le gouvernement s’est
trompé en misant sur des branches économiques, comme les
fameux métiers mondiaux du Maroc, qui, malgré leur apport
au dynamisme des exportations, créent peu de valeur ajoutée
en raison du fort contenu en importations technologiques.
Par contre, des secteurs traditionnels comme le textile ou
l’agriculture s’avèrent être des activités dont les investissements
sont des plus rentables.
L’impôt, nous dit le rapport, empêche les entreprises de
grandir. S’y ajoutent d’autres contraintes qui font obstacle
au développement, notamment des PME. À commencer par
une législation rigide, la distorsion du système fiscal, l’accès
difficile au foncier, un SMIG proche de la productivité moyenne
et, surtout, un manque de formation et de qualification du
personnel.
Les réformes mises en œuvre jusqu’ici par le gouvernement
n’ont prouvé ni leur efficacité économique ni leur pertinence
sociale. La distribution des fruits de la croissance continue de
profiter à une minorité. Concernant la majorité des citoyens,
elle fait chaque jour l’expérience d’une baisse de son pouvoir
d’achat n S.M.

N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015 MAROC HEBDO INTERNATIONAL 23

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 P O L I TI Q U E

Le conseil supérieur de l’enseignement et de la formation

Dissension autour d
DIRECT
EN COUVERTURE
POLITIQUE
ECONOMIE
TRANSPORT
HIGH TECH
FINANCE
SOCIÉTÉ
LA VIE

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PORTFOLIO

Omar Azziman et
Noureddine Ayouch

ENSEIGNEMENT. Le projet de la darija à l’école refait surface avec force polémique. Les prises de
CULTURE

position sont virulentes et passionnelles. En tant qu’élément constitutif de l’identité nationale,

l’arabe classique est incontournable. Mais le problème de la langue d’enseignement pénalise
toujours le système éducatif. Le salut par un vrai bilinguisme.
ART DE VIVRE

par abdellatif mansour

24 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015

cahier11-27.indd 24 05/03/2015 01:09

mation ravive la polémique sur la langue d’enseignement
r de la darija à l’école
I
l y a des questions qui ne
peuvent pas être hors-saison,
du moment qu’elles sont
de toutes les saisons. L’en-
seignement, avec ses pro-
blèmes à dimensions multiples et
variables, et sa réforme constam-
ment infaisable, est de celles-là.
Nous ne nous sommes donc pas
trompés de rentrée des classes et
des campus. Il y a un factuel qui
justifie ce décalage.
Le Conseil supérieur de l’ensei-
gnement, de la formation et de la
recherche scientifique (CSEFRS),
dirigé par Omar Azziman, aurait
recommandé l’utilisation de la
darija (dialectal marocain) à la
maternelle et dans les deux pre-
mières années de l’école primaire.
Lors du conseil national du PJD,
tenu le 20 février 2015, Abdelilah
Benkirane, secrétaire général de
ce parti et néanmoins chef du gou-
vernement, a fait une véritable dia-
tribe contre ce projet, jugé funeste,
voire attentatoire aux fondamen-
taux constitutifs de l’identité natio-
nale et à son véhicule linguistique.
Joutes oratoires
Ce ne sont pas seulement deux
personnalités politiques de pre-
mier plan qui s’expriment, mais
deux institutions majeures qui
se trouvent en désaccord absolu
sur un sujet hyper-sensible. Le
système éducatif marocain, qui a
consommé toutes les facettes de
sa vacuité et de son échec, n’avait
pas besoin de ça. Mais peut-être
qu’à quelque chose malheur est
bon.
Entre M. Azziman et M. Benkirane,
aux antipodes l’un de l’autre, il
y a un homme par qui ce branle-
cahier11-27.indd 25
bas de combat est arrivé. Noured-
dine Ayouch, car c’est de lui qu’il
s’agit, est un homme des médias
archi-connu, un activiste associatif
infatigable et un communicant
hors-pair. Il est à l’origine de cette
proposition qui a mis en émoi le
landernau politico-intellectuel. Un
bref rappel. Les 5 et 6 octobre 2013,
M. Ayouch organise un colloque
international sous le thème “Les
chemins de la réussite”.
Il en est sorti un rapport qui a été
soumis à l’appréciation de S.M. le
Roi et de son entourage. Parmi ses
recommandations, l’introduction
de l’arabe dialectal en tant que
langue d’enseignement dans le
préscolaire et à l’entame du pri-
maire. S’ensuit une vive polémique
dans les cercles plus ou moins aver-
tis et dans les familles concernées.
Les joutes oratoires sont d’une
rare virulence. Rarement un sujet
aura suscité autant de débats et
de passion.
Dans ce forum aux dimensions
nationales, Abdallah Laroui a
répondu volontiers aux sollicita-
tions des médias. Au grand bon-
heur de tous ceux qui lisent ses
ouvrages et s’imprègnent de sa
pensée. Lui, dont les apparitions
médiatiques sont rarissimes, a
accordé une interview en cinq épi-
sodes au quotidien Al Ahdat Al
La darija ne devrait pas sortir de l’espace
public où dominent des modes d’expression
qui relèvent de l’oralité.
N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015 MAROC HEBDO INTERNATIONAL
Maghribia, quelques jours après le
colloque de M. Ayouch, et consenti
à un débat télévisé avec Noured-
dine Ayouch. Il en ressort que le
grand penseur marocain n’est pas
contre l’utilisation d’une langue
médiane entre darija et arabe clas-
sique, dans les premières années
de la scolarité. Sans plus.
La darija en tant que telle, estime-
t-il, ne devrait pas sortir de l’espace
public où dominent des modes
d’expression qui relèvent de l’ora-
L’avis de lité et de l’image, tels le cinéma,
Abdelilah la chanson, les séries télévisées,
Benkirane, le théâtre et les prestations des
Le chef de chansonniers. Il n’y a donc pas lieu
gouverne- de confondre un parler quotidien
ment avec l’arabe classique, qui tient
«La pro- de l’écrit.
position
d’introduire Un projet dangereux
la darija dans Pour M. Laroui, vouloir faire de la
les écoles darija une langue de production
marocaines de concepts et d’œuvres de haute
constituerait teneur intellectuelle est un projet
un danger dangereux. Car il nous couperait
pour le trône de notre patrimoine culturel qui
et pour la a toujours été véhiculé en arabe
stabilité du classique.
pays». Si l’hypothèse d’une darija
transcrite et grammaticalisée se
confirme jusqu’à envahir le proces-
sus éducatif, nous serions obligés,
dit-il, de passer par la traduction de
l’arabe classique au dialectal pour
nnn
25
05/03/2015 01:09
 P O L I TI Q U E
nnn
accéder aux ouvrages d’Ibn Khal-
doun, par exemple. Une projection
qui n’est pas près de se produire,
mais qui donne la portée ultime et
DIRECT
non souhaitable de ce projet.
Qui sont ces invités-surprises de la
darija; dans quelle sphère média-
EN COUVERTURE
tique opèrent-ils et quelle est leur
motivation? Ce sont en général des
jeunes et des moins jeunes, issus
de milieux plutôt aisés. Ils ont pour
la plupart fait leur scolarité dans
des établissements qui relèvent du
POLITIQUE
service culturel français. Pour eux,
l’arabe classique est pratiquement
une langue étrangère.
Gourmandise dialectale
ECONOMIE
Quant à la darija, ils la perçoivent
et la pratiquent comme un dia-
lecte exotique qui rentre dans le
domaine de l’anthropologie lin-
TRANSPORT
guistique. Ils ne la parlent, d’ail-
leurs, qu’en cas de nécessité
absolue. Lorsqu’ils sont entre eux,
c’est un français fleuri qui prévaut,
HIGH TECH
agrémenté de quelques vocables
argotiques empruntés à la périphé-
rie parisienne.
Les animateurs de ce microcosme
FINANCE
SOCIÉTÉ
LA VIE
PORTFOLIO
CREDIT PHOTO: AFP
CULTURE
ART DE VIVRE
26 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015
cahier11-27.indd 26
hermétique où l’acculturation
le dispute à la déculturation,
semblent avoir jeté leur dévolu sur
les médias et les métiers de la pub.
L’hebdomadaire Nichane, version
darija de Tel Quel, a joué le rôle
de précurseur en la matière. Il a
été mimé par Doumane. Quelques
sites internet, lorsqu’ils ne sont
pas de leur création, s’attachent
leurs services. Ils y sévissent avec
la même gourmandise dialectale
que sur les panneaux publicitaires.
Souvent, le parler marocain est
transcrit en caractères latins. On
ne sait, alors, plus sur quelle pla-
nète on vogue.
Apparemment, c’est ce genre de
patois que l’on veut inviter sur
les tableaux noirs de nos chères
petites têtes brunes. Lesquelles
auront pour modèle des spécimens
irrémédiablement hybrides. De
quoi les plaindre et surtout s’in-
quiéter pour eux.
Pour être juste, il faut bien préciser
qu’une bonne part de ceux qui
font des envolées lyriques sur la
langue arabe, sur son assise reli-
gieuse et sur son apport culturel,
ne manquent pas d’inscrire leur
progéniture dans les écoles de la
mission française. Paradoxal, mais
vrai.
Erzats de bilinguisme
Cette duplicité schizophrénique
a fait beaucoup de mal à notre
système scolaire. Dans l’erzats de
bilinguisme, tel qu’il est pratiqué
aujourd’hui, les jeunes arrivent
aux portes des universités et des
instituts supérieurs sans maîtriser
correctement ni l’arabe, ni le fran-
çais ou toute autre langue étran-
gère. Un système qui se suffit à
lui-même pour produire son échec
monstrueux, sans le supplément
aggravant de la darija.
Ceci dit, que la darija soit ou ne soit
pas admise dans l’enceinte scolaire
et dans les limites prévues, il y a
bel et bien un problème de langue
d’enseignement qui persiste et qui
dure comme l’un des handicaps
majeurs de notre corpus scolaire
et universitaire.
Les tenants d’une arabisation
totale et intégrale pensent que,
par-delà la darija, c’est la langue
arabe qui est visée. Elle serait la
cible principale d’un lobby franco-
phone et francophile. Un collectif
de défense de la langue arabe s’est
constitué à cet effet. Tout se passe
comme si, dans l’imaginaire de
ces protagonistes, un duel d’éli-
mination réciproque opposerait Al
Moutanabbi à Voltaire. Alors qu’il
n’y a pas longtemps, ces deux plus
belles plumes, témoins de leur
époque et de leur société, étaient
parfaitement compatibles.
C’était le temps où l’arabe et le
français étaient complémentaires;
deux langues d’enseignement
dans un même système scolaire
fondé sur le bilinguisme. Un sys-
tème qui a prouvé son efficacité,
sans coupure linguistique entre le
cycle primaire et secondaire, d’une
part, et l’université, d’autre part n
05/03/2015 01:09
 Ahmed Bououd, professeur universitaire et spécialiste de la linguistique

“L’arabe dialectal est

une langue nationale de fait”
ENTRETIEN. Ahmed Ahmed Bououd: Seuls les
Bououd apporte, résultats de recherches sur
l’origine de l’arabe dialectal
ici, un éclairage apporteraient, à mon sens, une
particulier sur la réponse à cette question. Car il
question de la Darija existe plusieurs hypothèses à
à l’école. ce sujet.
Il faut mener une réflexion sur
le classement, la typologie
Maroc Hebdo: Que pensez- de cette langue, son appar-
vous du débat sur l’arabe tenance, ses ressemblances
dialectal comme langue d’en- ou ses affinités avec d’autres
seignement? langues qui peuvent se baser
Ahmed Bououd: Je pense que sur la grammaire, la morpho-
le débat ne doit pas se trans- logie…
former en un débat passion- Ensuite, il faut voir si l’arabe
nel, traversé par des idéologies. dialectal est une évolution ou
L’arabe dialectal est une langue une transformation de l’arabe
neutre. Une langue qui sert à classique ou bien un état de
CREDIT PHOTO: DR

enseigner des valeurs morales, l’évolution de la langue ama-

religieuses, sociales… Elle n’est
donc pas un véhicule d’une
vision idéologique ou politique.
Y a-t-il des préalables pour faire
de la darija une langue d’ensei-
gnement?
Ahmed Bououd: Pour que l’arabe
dialectal, ou la darija, soit une
langue d’enseignement, il faut
qu’elle soit standardisée. Car on
en trouve des variations morpho-
logiques. Au Maroc, on distingue
encore entre arabe bédouin et
arabe citadin, plus proche de
l’arabe classique. Et même dans
l’arabe dialectal citadin, il faut
distinguer entre les parlers slaoui,
marrakchi… Il existe donc plu-
sieurs variations qu’il est néces-
saire d’unifier. D’autre part, il faut
qu’elle soit une langue nationale
normalisée avec une grammaire,
un lexique et un vocabulaire
uniques.
Même en réunissant toutes ces
conditions, il sera difficile d’ensei-
gner avec l’arabe dialectal sans
tenir compte de la composante
psycholinguistique. Je pense que
l’initiation doit commencer à
l’école primaire.
L’arabe dialectal doit être un véhi-
cule d’expression et une langue de
socialisation pour les tout-petits.
Partant, il est primordial de pré-
parer sur le plan psychologique
les enfants à faire usage de cette
langue, utilisée dans la maison et
dans la rue, une langue d’appren-
tissage.
Quelles sont les difficultés qui
peuvent se dresser devant la stan-
dardisation de l’arabe dialectal?
zighe. Sur ce dernier point,
des études ont confirmé une
influence importante de l’ama-
zigh sur l’arabe dialectal.
Puis l’arabe dialectal devrait être
“Dans la définie dans un sens linguistique,
pratique, la pas idéologique. La darija est
dominée, socialement et idéolo-
darija do- giquement, par l’arabe classique.
mine l’arabe Mais dans la pratique, c’est elle
classique qui domine l’arabe classique
dans ce sens où elle est parlée
dans ce sens par la majorité des Marocains,
où elle est ce qui lui confère l’attribut de
parlée par la langue vitale.
Par ailleurs, il ne faut pas omettre
majorité des de parler du statut institution-
Marocains.” nel et constitutionnel de l’arabe
dialectal. Même si elle n’est pas
une langue officielle, c’est une
langue nationale de fait n
propos recueillis par
merouane kabbaj

N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015 MAROC HEBDO INTERNATIONAL 27

cahier11-27.indd 27 05/03/2015 01:09

 E CO N O M IE E T FINA N CE
Attijariwafa Bank réalise de bonnes performances commerciales et financières en 2014
Une gestion des risques
DIRECT
rigoureuse et rentable
EN COUVERTURE
BILAN. En dépit d’un
POLITIQUE
contexte marqué par
le ralentissement de
l’activité économique
ECONOMIE
et l’aggravation des
risques, le groupe
TRANSPORT
Attijariwafa Bank
a excellé sur les
plans financier
HIGH TECH
et commercial
en 2014.
FINANCE
L’
épargne totale,
SOCIÉTÉ
comprenant aussi
bien les dépôts de
la clientèle que les
LA VIE
encours de la gestion d’actifs et de
la bancassurance, a totalisé 356,8
milliards de DH, enregistrant une
progression de 13% par rapport
PORTFOLIO
à 2013, dont 82% collectés sur le
plan national. Mohamed El Kettani
s’est donc montré confiant en la
rentabilité du modèle économique
CULTURE
de la banque.
En effet, l’encours des crédits
distribués a augmenté de 1,7%,
pour s’établir à 255 milliards de
ART DE VIVRE
DH, dans un contexte marqué par
une baisse générale de la demande
des crédits. Ce qui n’a pas empêché
également le groupe d’investir.
L’ouverture de 134 agences a porté
28 MAROC HEBDO INTERNATIONAL
cahier28-41.indd 28
son réseau de distribution à 3.331
points, implantés dans 23 pays, le
réseau le plus dense en Afrique.
Un modèle rentable
Sur le plan financier, les résultats
confortent la stratégie du groupe,
qui ne se cache d’avoir une gestion
rigoureuse des risques. «Nous avons
une gestion du risque déconnectée
du commercial. Nous anticipons les
risques et détectons des signaux
d’alerte. Notre risque est bien piloté,
bien maîtrisé, bien anticipé. Ceci
dit, dans le secteur de l’immobilier,
la croissance de la production n’a
pas été à la hauteur des encours.
Des opérateurs préfèrent vendre
leurs stocks pour redémarrer sur
de bonnes bases», souligne M. El
Kettani.
N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015
Ce modèle, caractérisé par la
qualité des actifs et la gestion
rigoureuse des risques, se révèle
payant. En 2014, le numéro 1
du secteur bancaire marocain a
enregistré un produit net bancaire
de 19,44 milliards de dirhams, en
hausse de 8,8% sur un an, tirée
principalement par la croissance
de la Banque au Maroc (+13%) et
par celle de la Banque de détail à
l’International (+8%).
Le résultat d’exploitation
ressort à 11 milliards de DH, en
accroissement de 10,2%, profitant
CREDIT PHOTO: MHI
de la bonne performance de
l’activité et de la maîtrise des
charges au niveau des différents
pôles du Groupe, à savoir la
Banque au Maroc, les Sociétés
de Financement Spécialisées,
Mohamed
El Kettani: “Nous l’Assurance et la Banque de Détail
anticipons les à l’International.
risques”. Le résultat net progresse de 5,2%,
à 4,355 milliards de dirhams, après
une chute de 8% l’an dernier. Les
fonds propres consolidés s’élèvent
à 40,4 milliards de dirhams,
marquant une hausse de 6,5% et
confortant la solidité financière du
groupe. Au final, le résultat net part
du Groupe ressort à 4,4 milliards de
dirhams, en amélioration de 5,2%,
où la contribution de la banque
et de ses filiales est largement
majoritaire. Des performances
satisfaisantes qui augurent
d’une bonne année 2015 pour
le Groupe, notamment avec des
indicateurs macroéconomiques
encourageants n
merouane kabbaj
05/03/2015 01:11
 Prix du meilleur binôme DG/DRH et du meilleur DRH de l’année
L’AGEF s’appuie sur Viadeo pour une nouvelle
dynamique de la fonction RH
Q
uelque temps après son installation
au Maroc, Viadeo, le leader des
réseaux sociaux professionnels
en Afrique francophone, réalise un coup
marketing bien calibré. Il s’associe avec
l’Association Nationale des Gestionnaires
et Formateurs des Ressources Humaines
(AGEF) en sponsorisant d’abord les Prix du
meilleur DRH et du meilleur binôme DG/DRH
de l’année pour la première fois au Maroc.
Pour cela, il organise ainsi des groupes de
discussion au profit des membres de l’AGEF
qui leur permettront de voter. Ce n’est pas
tout. Viadeo va animer des événements de Peter Crosby.
networking autour des thèmes d’actualité
dans le domaine du e-recrutement. L’opération ne s’arrête pas en
si bon chemin. Le partenariat vise aussi à dynamiser la fonction
RH au Maroc. Ce partenariat apporte ainsi une visibilité majeure
aux actions de l’AGEF et participe à la fédération de ses membres
autour de projets fédérateurs en s’appuyant sur les ressources
techniques, l’expertise et l’accompagnement de l’équipe de
Viadeo Maroc. Ceux-ci auront accès à la plateforme à des tarifs
Caravane Emploi et Métiers 2015 pour la
régionalisation des stratégies de recrutement
L a Caravane Emploi et Métiers a repris son bâton de pèle-
rin, jeudi 5 mars 2015, pour une escale à Agadir, la capi-
tale du Souss, considérée comme un vaste bassin d’emploi
à travers son potentiel halieutique, agricole, industriel et
touristique. Lors de sa tournée 2015, prévue dans 6 villes du
Maroc, la manifestation, pilotée par AmalJob, se consacrera
à la promotion de la régionalisation des stratégies de recru-
tement et de l’auto-entreprenariat, deux thématiques au
centre de la future stratégie nationale de l’emploi.
Selon Hicham Lakhmiri, directeur de la Caravane, «nos
partenaires exposants sont des opérateurs dont les métiers
exigent une perception régionalisée des politiques de
recrutement comme les banques et l’offshoring. Ils sont les
meilleurs ambassadeurs des vertus de la régionalisation de
l’Emploi érigée en stratégie nationale». Organisée sous le
Haut Patronage de S.M. le Roi Mohammed VI, la Caravane
fera, en tout, six escales, à Agadir, Marrakech, Fès, Tanger,
Rabat et Casablanca n
cahier28-41.indd 29
préférentiels. Les deux partenaires envisagent
également de mener ensemble des études ciblées
auprès des professionnels marocains afin d’identifier
les nouvelles tendances en matière de recrutement
(par métiers, salaires médians, indicateurs clés par
secteur).
«A travers ce partenariat avec Viadeo, l’AGEF
entend accompagner et tirer parti de la révolution
numérique. Les réseaux ou les canaux classiques
de recherche ne montraient que les chercheurs
d’emplois actifs. Mais les réseaux sociaux
professionnels et en particulier Viadeo touche la
communauté des actifs mais aussi des passifs.
Les DRH peuvent puiser dans un vivier presque
intarissable de candidats», affirme le Président de
l’AGEF, Abdellah Chenguiti.
Pour Peter Crosby, Emerging Market Director de Viadeo, ce
partenariat va consolider la position de Viadeo auprès des RH et
les convaincre des innombrables avantages de la plateforme. Un
partenariat qui ne peut être que bénéfique pour les utilisateurs
de ce réseau en quête d’horizon meilleur n
M.K
La SNI franchit à la baisse le seuil
des 5% dans le capital de la Cosumar
L a Société Nationale d’Investissement (SNI) a
franchi à la baisse le seuil de participation de
5% dans le capital de l’opérateur sucrier national,
Cosumar, en cédant sur le marché central, le 24
février 2015, 2.410.816 actions, au cours moyen
pondéré de 180,18 dirhams. Suite à cette transac-
tion, la SNI détient 568.163 actions Cosumar, soit
1,35% du capital de l’opérateur sucrier n
N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015 MAROC HEBDO INTERNATIONAL 29
05/03/2015 01:11
 E CO N O M IE E T FINA N CE
10ème édition du Salon international de l’agriculture de Meknès (SIAM)
DIRECT
Les systèmes alimentaires
EN COUVERTURE
au cœur des débats
POLITIQUE
ECONOMIE
TRANSPORT
HIGH TECH
Événement. Le SIAM
FINANCE
organise cette année
sa dixième édition.
Une grande date dans
SOCIÉTÉ
l’histoire de cette
manifestation agricole,
qui a acquis une stature
LA VIE
internationale. Le
salon est devenu une
institutionnelle dédiée au
PORTFOLIO
monde agricole et rural.
L
e Salon international de
l’agriculture de Meknès (SIAM)
CULTURE
a atteint un niveau de maturité
exceptionnelle. Et pour cause.
Cette année, il en est à sa dixième
édition. Sans aucun doute, le SIAM
ART DE VIVRE
a acquis une renommée nationale
et internationale qui hisse la “plus
grande ferme du Maroc” en rendez-
vous incontournable dans le milieu
agricole. Lors d’une conférence
30 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015
cahier28-41.indd 30
de presse, tenue à Casablanca, le
mardi 3 mars 2015, pour présenter
les nouveautés de la dixième édition
du SIAM, le commissaire du salon,
Jaouad Chami, se félicite d’un tel
anniversaire, se remémorant au
passage les principales difficultés
ayant émaillé le lancement de la
première édition en 2006.
«Je me souviens encore d’avoir eu
toutes les peines du monde pour
convaincre les 20 coopérations
agricoles qui ont participé à cette
première édition. Aujourd’hui,
en 2015, je suis heureux de vous
annoncer que nous aurons 350
coopératives agricoles», explique
cet agriculteur de Meknès, très
passionné par son métier.
La 10ème édition du SIAM se tiendra
donc du 28 avril au 3 mai 2015 à
Meknès, avec la participation d’un
millier d’exposants en provenance
de quelque 55 pays. Cette année,
le pays d’honneur n’est pas encore
officiellement désigné; mais, selon
les indiscrétions des organisateurs,
on s’achemine vers le choix d’un
pays africain, en l’occurrence la Côte
d’Ivoire. L’Afrique sera fortement
présente par rapport aux éditions
précédentes. À vrai dire, l’agriculture
marocaine est aujourd’hui considérée
comme un modèle pour de nombreux
pays africains.
Un million de visiteurs
Le thème de cette édition:
“L’agriculture et les systèmes
alimentaires”. Une référence et un
rappel solennel aux grands défis qui
attendent l’agriculture marocaine. La
dixième édition du SIAM intervient à
Jaouad Chami, 5 ans de l’achèvement du Plan Maroc
commissaire du Vert à l’horizon 2020. À en croire
SIAM. La 10ème le commissaire du salon, la 10ème
édition du SIAM
sera celle de
édition du SIAM sera celle de tous les
tous les records. records.
Outre les 55 pays participants, on table
pour 2015 sur un million de visiteurs.
Un chiffre impressionnant qui rend
plus difficile la tâche des organisateurs.
Comme l’année dernière, la superficie
du salon s’étend sur 172.000 mètres
carrés qui vont abriter les 9 pôles
thématiques, à savoir le pôle Régions,
le pôle institutionnels et sponsors, le
pôle produits, le pôle international,
l’agrofourniture, la nature et vie, le
machinisme, l’élevage et, enfin, les
produits du terroir.
En revanche, pour des questions de
sécurité, la durée du salon a été réduite
de 10 jours, l’année dernière, à six
seulement, cette année. Une réduction
qui n’entache en rien l’attractivité du
salon et son rayonnement auprès des
agriculteurs n
Aissa Amourag
05/03/2015 01:11
 Le réassureur MAMDA RÉ obtient La directrice de l’Agence de Garantie
des investissements au Maroc
le statut Casablanca Finance City
L e ministre de l’Equipement, du transport et de
la logistique, Aziz Rabbah, a eu des entretiens,
mercredi 4 mars à Rabat, avec la Directrice géné-
rale et vice-présidente de l’Agence multilatérale
de garantie des investissements (MIGA), Keiko
Honda, axés sur les perspectives d’investissent au
Maroc, notamment en matière de transport.
L’entretien a été l’occasion d’exposer les perspec-
tives d’investissement au Maroc et les moyens de
promouvoir les investissements étrangers aussi
bien traditionnels que dans le cadre d’un partena-
riat entre les secteurs privé et public, a indiqué M.
Rabbah, notant que l’agence s’intéresse au mar-
CREDIT PHOTO: DR

ché marocain vu les performances de l’économie

nationale. Il a ainsi formé le voeu de voir le Maroc
bénéficier d’un intérêt particulier auprès de
cette institution qui compte à son actif plusieurs
expériences dans le financement du transport
urbain, des ports et des aéroports ainsi que plu-
sieurs projets d’infrastructures, citant à cet égard

M
AMDA, premier assureur agricole du Maroc, associé à Partner le soutien accordé par la MIGA au secteur privé
Ré, leader mondial sur les activités agricoles, et à MCR, Mutuelle pour la réalisation du grand pont d’Abidjan, en
Centrale de Réassurance française, annonce l’obtention pour Côte d’Ivoire, dont le coût s’élève à des centaines
MAMDA RE du Statut Casablanca Finance City (CFC). de millions de dollars.
MAMDA RE, qui est une joint-venture des trois opérateurs leaders en Pour sa part, Mme Honda a indiqué que l’objectif
assurance, projette depuis CFC, de développer des activités d’assurance et de sa visite est de discuter du rôle que pourrait
de réassurance agricoles dans les pays africains, favoriser la croissance des jouer la MIGA dans le soutien des investisse-
capacités de souscription continentale et ainsi soutenir le développement ments directs vers le Maroc, exprimant la dis-
économique du continent africain. position de l’agence à apporter son soutien aux
A cet égard, Hicham Belmrah (photo), Président du Directoire de MAMDA, a financements des infrastructures, notamment le
souligné «que MAMDA RE apportera sa coopération technique à l’ensemble secteur du transport.
des pays africains demandeurs afin de mettre en place des couvertures Basée à Washington, l’Agence multilatérale
d’assurance adaptées aux besoins des agriculteurs. MAMDA RE apportera de garantie des investissements (MIGA), filiale
également une capacité de réassurance des risques agricoles permettant de la Banque mondiale, est une agence inter-
aux pays africains d’accéder, à partir du Maroc, aux marchés internationaux nationale dont la mission consiste à favoriser
l’investissement étranger dans les pays en voie de
de réassurance agricole». Pour sa part, Said Ibrahimi, directeur général de
développement pour contribuer à la croissance
Casablanca Finance City Authority, s’est réjoui «qu’un groupe marocain
économique et réduire la pauvreté n
dans le domaine de la réassurance s’allie avec de grands opérateurs
internationaux pour servir le continent africain à partir de CFC. MAMDA RE
rejoint ainsi un écosystème opérationnel constitué de multinationales de
premier plan confirmant l’importance du rôle de CFC comme plateforme
internationale facilitant l’investissement en Afrique».
MAMDA RE est une compagnie de réassurance marocaine dotée d’un
capital de 1 milliard de dirhams, détenu à hauteur de 50% par MAMDA,
30% par Partner Ré et 20% par MCR. Elle a pour objectif d’accompagner le
développement du continent africain dans le domaine agricole.
Partner Ré est le leader mondial de tous les marchés de la réassurance
agricole et le principal acteur depuis une vingtaine d’années dans la
réassurance agricole du Maroc.
MCR est une mutuelle d’assurance française qui couvre un certain nombre
de pays africains n

N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015 MAROC HEBDO INTERNATIONAL 31

cahier28-41.indd 31 05/03/2015 01:11

 ECO N O M IE E T FIN A N CE
Projet de refonte des statuts de Bank Al Maghrib
DIRECT
L’indépendance à tout prix
EN COUVERTURE
réglementation. Les concepteurs du nouveau statut de la banque centrale insistent aussi bien sur
la prévention du risque systémique et autres crises bancaires que sur le renforcement de la stabilité
financière.
POLITIQUE
ECONOMIE
TRANSPORT
HIGH TECH
CREDIT PHOTO: DR
FINANCE
L’
avant projet de loi 04-15
SOCIÉTÉ
modifiant les statuts de
Bank Al Maghrib (BAM), mis
en ligne par le Secrétariat général
du gouvernement sur son site
LA VIE
internet, consacre plus que jamais
l’autonomie totale de la banque
des banques. Dans une vision
PORTFOLIO
monétariste, le nouveau statut fait
désormais de la banque centrale
l’acteur exclusif de la stabilité des
prix. L’Institut d’émission sera seul à
bord pour mener à bien la politique
CULTURE
monétaire. En toute indépendance
du pouvoir politique.
Fini, alors, les instructions du
gouvernement ou de toute autre
ART DE VIVRE
institution. À la seule exception
du contrôle du Parlement dans le
cadre des auditions du Wali par
les commissions permanentes. En
légiférant ainsi, les pouvoirs publics
32 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015
cahier28-41.indd 32
n’ont pas dérogé à la règle suivie,
notamment, par la Banque Centrale
Européenne (BCE), qui stipule que
la politique monétaire doit être
utilisée uniquement pour maintenir
la stabilité des prix.
Prévention des risques
Tirant les conséquences de la crise
financière internationale et suite à
l’adoption de la nouvelle Constitution
et à la promulgation de la nouvelle
loi bancaire, les arguments avancés
par les concepteurs de ce nouveau
statut de la banque centrale insistent
aussi bien sur la prévention du
risque systémique et autres crises
bancaires que sur le renforcement
de la stabilité financière.
C’est dans ce cadre que le champ
d’intervention de BAM englobe non
seulement la prévention des risques
ou la prise de participation dans des
établissements de crédit mais aussi
impose aux banques commerciales
et aux gestionnaires des systèmes
de paiement la mise en œuvre
des mécanismes de garantie
permanents ou temporaires pour
CREDIT PHOTO: DR
prévenir l’instabilité financière.
Par ailleurs, l’avant-projet de loi
apporte d’autres nouveautés
concernant la révision des mandats
du wali et la composition du
conseil de la banque, ainsi que
l’introduction d’un cadre juridique
adapté aux systèmes de paiement.
En effet, le wali et son adjoint seront
nommés pour six ans, renouvelable
une fois. Le texte élargit également
les cas d’incompatibilité relative
aux fonctions des six membres du
conseil de la banque désignés par
Abdellatif Jouahri. le chef du gouvernement et limite
Le texte élargit
également les cas la durée de leur mandat.
d’incompatibilité. Par ailleurs, l’avant projet de loi
prévoit la création d’un conseil
national des systèmes de paiement,
qui aura pour mission de délivrer
l’agrément aux systèmes de
paiement, tout en contrôlant et en
sanctionnant les infractions en la
matière.
Enfin, en ce qui concerne la
politique de change, le nouveau
texte clarifie le rôle de la banque
centrale et du gouvernement. BAM,
en concertation avec le ministère
des finances, sera, ainsi, appelée à
appliquer les orientations générales
du gouvernement. Le but n’est autre
que de défendre et de préserver la
valeur du dirham dans le cadre d’un
régime de change flexible n
seddik mouaffak
05/03/2015 01:11
 Le projet du port Nador West Med sur la bonne voie
La carte gagnante
de la compétitivité maritime
Connectivité. Une liste provisoire de 13 entreprises préqualifiées a
été retenue pour la réalisation de la première phase du Port Nador
West Med. Les candidatures étrangères étaient nombreuses.
L
e projet du port Nador West
Med va bientôt sortir de terre.
L’appel d’offres de la première
phase pour la construction du port
méditerranéen a révélé les entreprises
qualifiées. Au final, 16 propositions
ont été reçues et 13 qualifiées, selon
l’autorité délégante, Nador West Med.
Mais il s’agit d’une liste provisoire
qui doit d’abord être validée par les
bailleurs de fonds. Puis les entreprises
retenues recevront le dossier de
l’appel d’offres pour faire leurs offres.
Une procédure qui prendra 3 à 4 mois.
Une chose est sûre, les travaux de la
première phase devront démarrer
avant la fin de l’année 2015. Aussi, le
projet a attiré un nombre important
de grands groupes nationaux mais
surtout étrangers. Outre des sociétés
cahier28-41.indd 33
espagnoles, turques, portugaises
ou grecques, on relève notamment
une forte offensive asiatique avec
une dizaine de candidats chinois et
coréens. Bouygues, le seul français en
lice, fait partie du lot, en groupement
avec sa filiale marocaine Bymaro et
l’ingénieriste italien Saipem.
Parmi les 13 groupements en course,
quatre comptent des entreprises
marocaines: Groupement Somagec
GE et Somagec SA (Maroc) associés
à Boskalis International (Pays-Bas);
Groupement STFA (Turquie), SGTM
(Maroc) & Jan De Nul (Luxembourg/
Belgique); Groupement NMDC (Abu-
Dhabi), Athena (Grèce), Seprob
(Maroc), Houar (Maroc), Sintram
(Maroc); Groupement Posco EC
(Corée du sud), Somague (Portugal),
N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015 MAROC HEBDO INTERNATIONAL
Posco Engineering Drapor (Maroc) &
Woongjin (Corée du sud).
Un enjeu majeur
L’intérêt pour les entreprises,
notamment étrangères, où la crise
dans leur pays d’origine sévit encore
dans leur secteur de prédilection, est
primordial. Le coût global prévu est
de 9,9 milliards de dirhams (environ
920 millions d’euros). La première
phase est de l’ordre de 5 milliards de
dirhams. Les travaux de la première
phase de ce projet devraient
s’achever au second semestre 2018
pour une mise en service, en principe,
en 2019 de l’infrastructure qui sera
construite dans la baie de Betoya, à
30 km à l’ouest de Nador, dans le Rif
oriental, au nord-est du Maroc.
Nador West Med est plus innovant
que Tanger Med 1 & 2, dans ce sens
où il prévoit un port hydrocarbure, des
Les travaux capacités de stockage et une activité
commencent
avant fin 2015.
export. Avec cette infrastructure
gigantesque, le Maroc va exploiter
sa façade maritime méditerranéenne
de façon optimale en captant tous les
investissements étrangers créateurs
de valeur ajoutée. Ce qui va lui
permettre également d’anticiper une
sortie de crise internationale. Mais
aussi améliorer son positionnement,
à l’échelle mondiale.
Le port Tanger Med a permis au
Maroc de se hisser, selon l’indice
de connectivité de la CNUCED, au
2ème rang en Afrique après l’Egypte,
loin devant l’Algérie, la Tunisie ou
l’Afrique du Sud. Le complexe Nador
West Med fera mieux certes, au point
de renforcer la compétitivité face à
celle des pays avancés n
marouane kabbaj
33
05/03/2015 01:11
 PO RTF O L IO
DIRECT
EN COUVERTURE
POLITIQUE
ECONOMIE
TRANSPORT
HIGH TECH
FINANCE
SOCIÉTÉ
LA VIE
PORTFOLIO
CULTURE
ART DE VIVRE

34 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015

cahier28-41.indd 34 05/03/2015 01:11

 Non, ces petits poissons ne sont pas en train de dévorer ce pied qu’on devine
féminin. Au contraire, ils lui veulent tout le bien du monde. Cela se passe
dans un “Fish Spa”, à Nairobi. Les petits poissons sont des “Garra Rufa”, ou
encore “Poissons-docteurs”, une espèce qui ne possède pas de dents et qui se
nourrit exclusivement des peaux mortes, par un effet de délicates succions.
Décidément, les femmes sont prêtes à tout pour être belles.

N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015 MAROC HEBDO INTERNATIONAL 35

cahier28-41.indd 35 05/03/2015 01:11

 ECO N O M IE E T FIN A N CE
DIRECT
EN COUVERTURE
Transport. Les nouveaux véhicules, flambant
neufs, spacieux et propres, ont de quoi séduire
face aux “vieilles Mercédès 240” qui continuent
POLITIQUE
de résister à l’âge et à la conduite irrationnelle des
chauffards.
par Marouane Kabbaj
ECONOMIE
Ç
a change vraiment.
Plus de confort et plus
de sécurité! Certains
TRANSPORT
utilisateurs du grand
taxi comme moyen de
transport en commun
à Casablanca l’ont déjà ressenti.
Les nouveaux véhicules,
HIGH TECH
flambant neufs, spacieux et
propres ont de quoi séduire face
aux “vieilles Mercédès 240” qui
continuent de résister à l’âge et
FINANCE
à la conduite irrationnelle des
chauffards.
Le plan de renouvellement de
la flotte des grands taxis a déjà
SOCIÉTÉ
commencé dans la capitale
économique. Officiellement,
c’est mardi 3 mars 2015 que
LA VIE
le Wali de la région du Grand
Casablanca, Khalid Safir, a donné
l’autorisation à 44 nouveaux
véhicules de circuler comme
PORTFOLIO
grands taxis. Des voitures qui
polluent moins et qui permettent
de faire des économies dans les
frais d’entretien du véhicule.
CULTURE
Voilà des avantages pour
séduire les conducteurs. La
séduction est surtout affaire
d’argent. Une subvention de
ART DE VIVRE
80.000 DH est ainsi donnée à
chaque professionnel qui en fait
la demande. L’octroi de cette
prime est conditionné par l’âge
du véhicule à remplacer (plus de
36 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015
cahier28-41.indd 36
Couverture médicale, frais d’entretien, prix bas… To
Le renouvellement d
10 ans) ainsi que par la mise à la
casse de l’ancien taxi.
L’objectif est de rajeunir
un parc vétuste de vieilles
Mercedes 240 dont la date de
fabrication remonte aux années
50, améliorer la sécurité et le
confort des usagers ou encore la
réduction des émissions de CO2.
La course des importateurs
Mais le jeu de la séduction n’a
pas encore donné les objectifs
escomptés. A Casablanca, la
Wilaya a reçu seulement 94
Renouvellement du parc des grands taxis.
dossiers de renouvellement
Un marché potentiel de 45.000 véhicules,
qui remplissent toutes les dont 7.000 à Casablanca.
conditions, sachant que ce
programme a été lancé en
janvier 2015 devant le Parlement et les concessionnaires font de
par le ministre délégué de cette opération de séduction
l’Intérieur, Charki Draïss, et une campagne marketing et
auquel le gouvernement alloue de communication qui sort
un budget de 3,6 milliards de de l’ordinaire. Tout le monde,
dirhams. ou presque, s’y met. Dacia,
Il faut peut-être laisser du Ssangyong, Fiat, Nissan, Citroën,
temps pour les sceptiques, les Ford, Peugeot…
frileux. Mais l’offre ne dure pas Après Dacia Lodgy made in
éternellement. Les conducteurs Tanger et le sud-coréen Stavic de
des “vaches folles” ont jusqu’à la Ssangyong, c’est autour de Fiat
fin de l’année 2015 pour sauter de lancer les Doblo, Doblo Maxi
sur l’occasion. et Freemont. Citroën a mis sur
Ces derniers sont courtisés de le marché son Berlingo format
part et d’autre. En plus de la taxi. Nissan ne va pas tarder à
subvention, importante soit-elle, exposer son Evalia.
les constructeurs automobiles L’enjeu pour les grandes
05/03/2015 01:11
s… Tout pour séduire les conducteurs des grands taxis
t du parc commence
marques de voitures est capital.
C’est un marché potentiel de
45.000 véhicules, dont 7.000
à Casablanca. Au total, c’est
l’équivalent de plus de 3,6
millions de DH.
Le facteur prix
Une manne et une aubaine qui
tombe à point nommé pour
booster le secteur et ses ventes,
en proie à une crise qui s’installe
doucement.
Le potentiel commercial est
calculé. Il s’agit de 70% des
véhicules en circulation qui
ont plus de 30 ans d’âge. Les
cahier28-41.indd 37
coûtera un peu plus de 140.000
par taxi, prix d’acquisition et
subvention de l’Etat compris.
Mais pas uniquement.
L’entretien, la pièce de
rechange et le service après-
vente sont autant d’avantages
pour les propriétaires de taxis
et autant d’arguments pour les
commerciaux.
Les autorités angoissées
Pour se distinguer de la
«Un marché concurrence, certains
de plus de constructeurs sont allés plus
loin. Ils ont également offert une
3,6 millions palette d’incitations qu’on peut
de DH. Une difficilement refuser.
aubaine Pour écouler le maximum, le
qui tombe groupe Fiat Chrysler Automobiles
Maroc a décidé d’accorder la
à point couverture médicale à tous
nommé ses clients qui optent pour un
CREDIT PHOTO: DR
pour taxi de marque du groupe de
booster le Turin. Il s’agit d’un forfait de
couverture qui ne dépasse pas
secteur au- 280 DH par mois et par famille
tomobile.» pendant une période de 5
campagnes, même si elles ans. Bien évidemment, le prix
sont à leur début, se sont global d’acquisition du véhicule
basées principalement sur le comprend le tarif constructeur.
facteur prix. C’est la principale Tout se joue depuis quelques
motivation d’achat pour les semaines sur le même terrain.
conducteurs. La course vient juste de
C’est pourquoi tous les commencer. Si les importateurs-
constructeurs se sont distributeurs se frottent déjà
positionnés sur le prix, à travers les mains, les autorités sont
des offres qui mettent en avant angoissées par la lenteur de
des remises exceptionnelles. l’opération. Mais patience. La
Chez Renault (Lodgy) et Fiat, même angoisse a été enregistrée
les prix démarrent à partir de lors du lancement de l’opération
44.900 DH, sans compter, bien de renouvellement du parc des
entendu, la subvention de l’Etat, petits taxis il y a quatre ans.
fixée à 80.000 DH par voiture. Rapidement, le succès a été au
Finalement, le renouvellement rendez-vous n
N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015 MAROC HEBDO INTERNATIONAL 37
05/03/2015 01:11
 ECO N O M IE E T FIN A N CE
CHRONIQUE
TEMPS DIFFICILE POUR
DIRECT
LE DIALOGUE SOCIAL
EN COUVERTURE
Par Seddik
Mouaffak
POLITIQUE
L
es conseils qui nous
viennent souvent de certains
organismes internationaux,
ECONOMIE
à leur tête les institutions
financières internationales,
sont légion quand il s’agit de proposer
telle ou telle recommandation en vue
TRANSPORT
d’améliorer le climat des affaires. Mais
rarement, ces conseillers insistent sur
le fait qu’un bon climat des affaires
passe plus que jamais par un bon
HIGH TECH
climat social. De même, comment
peut-on imaginer que certains de nos
décideurs, publics ou privés, désirent
ardemment la paix sociale, sans penser,
un instant, à instaurer un vrai dialogue
FINANCE
social. Or, ce dernier, s’il a lieu, quand
il n’est pas reporté d’échéance en
échéance, n’est jamais suffisant, nous
SOCIÉTÉ
disent les spécialistes du monde
du travail, et à leur tête les experts
de l’Organisation internationale
du travail (OIT), pour aplanir des
LA VIE
problèmes sociaux aussi lancinants
que les licenciements, les grèves, les
questions de la retraite ou d’autres
PORTFOLIO
conflits sociaux dommageables, aussi
bien pour l’entreprise, pour l’État que
pour les salariés.
Conflits qui ne cessent d’envenimer
les relations professionnelles par ces
CULTURE
temps de crise. Certes, nous n’ignorons
pas que le dialogue social entre les
partenaires sociaux reste difficile
ART DE VIVRE
aussi bien chez nous que dans des
pays qui nous ont devancés dans le
développement économique et le
progrès social. Mais ceux qui l’ont
38 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015
cahier28-41.indd 38
considéré comme un processus régulier,
nécessaire et incontournable sont
arrivés à des compromis judicieux et
utiles pour tous. La stabilité sociale
tant désirée est plus que jamais à ce
prix. Car, sans stabilité, il n’y a pas
de confiance. Et quand il n’y a pas
de confiance entre employeurs et
salariés, il n’y a pas d’investissement
ni de croissance économique, et, par
conséquent, pas d’emplois. À la crise
économique s’ajoute la crise sociale. La
boucle est bouclée.
Si, sous certains aspects, la reprise
récente du dialogue social entre le
gouvernement et les syndicats les plus
représentatifs semble reprendre, rien
n’indique, notamment du côté des
pouvoirs publics, que tout sera fait
pour sortir de la logique de la continuité
des gouvernements précédents.
Une logique marquée au sceau des
promesses. Car, à part les mesures
sociales annoncées dans le cadre des
lois de Finances des deux dernières
années, destinées notamment à mettre
en œuvre les dispositions du fameux
accord du 26 avril 2011, de même qu’à
part d’autres mesures aussi louables
que la création d’un Fonds de soutien
à la cohésion sociale ou la mise en
place au début de l’année 2015 d’un
système fort modeste d’indemnisation
de quelques centaines de chômeurs, on
ne peut pas considérer que le dialogue
social rassure les centrales syndicales.
Tant s’en faut, car avec un dialogue
social qui n’arrive pas encore à
trancher d’une manière juste et
équitable en faveur des retraités, ou
avec les dernières augmentations des
prix des carburants, on ne peut pas
dire que tous les moyens ont été mis
par le gouvernement Benkirane pour
améliorer le quotidien des salariés, en
particulier, et celui des citoyens, en
général. n
La RAM lance un prix spécial au FESPACO
baptisé Ibn Battuta
Royal Air Maroc (RAM) a annoncé,
mercredi 4 mars 2014, le lancement
d’un prix spécial baptisé Ibn Bat-
tuta pour récompenser le meilleur
film traitant du thème du voyage,
à l’occasion de la 24è édition du
Festival panafricain du cinéma et
de la télévision de Ouagadougou
(FESPACO). Baptisé au nom d’Ibn
Battuta, ce prix est un hommage à
ce grand explorateur marocain qui,
durant le 14ème siècle, a parcouru
120.000 km en 28 années pendant
lesquelles il a parcouru trois conti-
nents (Afrique, Asie et Europe)n
Les recettes douanières ont progressé
de 1,9% en 2014
Les recettes douanières ont marqué
une hausse de 1,9% en 2014 à 85,6
milliards de dirhams (MMDH), contre
84,04 MMDH un an auparavant, mal-
gré la stabilité des importations, s’est
félicité le Directeur général de l’Admi-
nistration des Douanes et Impôts
indirects (ADII), Zouhair Chorfi, qui
s’exprimait, le 4 mars 2015 à Rabat,
lors d’un point de presse dédié à la
présentation du bilan des réalisations
2014 de l’ADII.
Cette performance est due, notam-
ment, à l’effort constant de lutte
contre la fraude commerciale, ainsi
qu’à une progression des recettes des
Taxes intérieures de consommation
(TIC), notamment les tabacs manufac-
turés, les produits pétroliers n
CREDIT PHOTO: DR
Zouhair Chorfi.
05/03/2015 01:11
 Charafat Afailal présente à Rabat le projet de loi sur la sécurité des barrages

Combler un vide juridique

L es grandes lignes du projet de loi sur la sécurité des barrages
ont été présentées, mardi 3 mars 2015 à Rabat, lors d’une
journée d’étude organisée par le ministère délégué chargé de
l’Eau en collaboration avec l’Institut méditerranéen de l’eau
(IME). Ce projet, qui s’inscrit dans le cadre du plan législatif du
gouvernement pour la période 2012-2016, vise à combler le vide
dans ce domaine eu égard au nombre croissant des barrages du
Royaume et de la complexité grandissante des sites les abritant, a
précisé la ministre chargée de l’Eau, Charafat Afailal, qui intervenait
à cette occasion. L’objectif est aussi de «formaliser les pratiques et Charafat
les procédures, clarifier les rôles des entités intervenant dans ce Afailal.

domaine et prémunir autant que possible des risques de ruptures
ou de défaillances graves mettant en péril la vie de la population
située à l’aval des barrages», précise-t-elle.
Ce projet, qui sera soumis au parlement pour adoption cette année,
coïncide avec la fin d’élaboration du Plan national de l’eau, qui
prône la poursuite des réformes réglementaires et institutionnelles
dans le secteur de l’eau, a indiqué Mme Afailal.
La ministre délégué a indiqué que le Maroc s’est engagé depuis
longtemps à maîtriser et à mobiliser ses ressources en eau grâce
à sa politique des barrages,139 grands barrages en exploitation,
12 grands barrages en cours de réalisation et plus d’une centaine
de petits barrages, soit une capacité de stockage de plus de 17
milliards de m3. Le royaume dispose aussi d’un vaste programme
CREDIT PHOTO: DR
de sites dont la réalisation sera étudiée dans les années à venir,
a-t-elle ajouté, mettant l’accent sur la nécessité d’intensifier les
échanges autour des pratiques et comportements à adopter pour
sécuriser ces ouvrages.

Pour rappel, le département de Mme Afailal et son homologue
espagnol travaillent sur un projet d’accord de coopération en
matière de ressources hydriques qui pourrait être concrétisé lors
du 7ème forum mondial de l’eau, qui se tiendra en Corée du Sud,
du 12 au 15 avril 2015 n L.K

Les facteurs politiques continuent

de peser sur la croissance en Afrique du Nord
L es facteurs politiques et géopolitiques
continuent de peser sur la croissance
en Afrique du Nord, estimée à 1,5%
Mme. Bounemra a noté que la sous-
région reste excessivement tributaire
de l’exportation de produits de base,
CREDIT PHOTO: DR

du PIB en 2014, contre 1,8% en 2013,
selon la Commission économique pour
l’Afrique (CEA) pour l’Afrique du Nord.
«La faiblesse de la demande en Europe
et la baisse importante des prix du pétrole
depuis juin 2014 freinent la croissance
de la sous-région», a indiqué, à Rabat,
Karima Bounemra Ben Soltane, chef de
bureau CEA de l’Afrique du Nord, lors du
30ème comité inter-gouvernemental des
experts (CIE), placé sous le thème “mise
en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Afrique:
Planification, mobilisation des ressources
et financement du développement”.
la baisse des durant la période sous
revue a eu pour conséquence d’affaiblir
davantage la position extérieure de la
plupart des pays d’Afrique du Nord.
Concernant les progrès sociaux réalisés
par les pays de l’Afrique du Nord,
l’évaluation fait ressortir les progrès
considérables accomplis dans la
réalisation des objectifs du millénaire
pour développement (OMD) et souligne
en particulier les efforts de ces pays
qui ont permis d’accomplir des progrès
sensibles, notamment dans la réduction
Karima Bounemra Ben Soltane. de la pauvreté, la santé et l’éducation n

N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015 MAROC HEBDO INTERNATIONAL 39

cahier28-41.indd 39 05/03/2015 01:11

 ECO N O M IE E T FIN A N CE

Le groupe AKSAL et Wessal Capital Bilan

réalisent un grand Mall à Rabat
La non-vie dope

U
n protocole d’accord pour la construction à Rabat d’un shopping Mall dans
le cadre du projet ‘’Wessal Bouregreg’’, a été signé entre Wessal Capital, qui
les résultats de Saham
regroupe pour la première fois cinq fonds souverains (dont le Maroc et les Assurances Maroc
pays du Golfe) et le groupe AKSAL, leader de Mall et du retail au Maroc. Le protocole

CREDIT PHOTO: DR
d’accord a été signé par le Président Directeur Général du groupe AKSAL, Salwa algré le contexte fortement concur-
Akhannouch, et le directeur général du Fonds Marocain de Développement Touris- rentiel du marché de l’assurance au
tique et membre du conseil d’Administration de Wessal Capital, Tarik Senhaji. La réa- Maroc, Saham Assurances Maroc,
lisation de ce projet se fera à travers la création d’une joint-venture dont le capital filiale du groupe Saham, a réalisé, au terme
sera détenu conjointement par Wessal Capital et le groupe AKSAL. Le futur Mall de de l’année 2014, un chiffre d’affaires global
Rabat, qui sera édifié sur une superficie globale de près de 6 hectares, est de nature de plus de 3,6 milliards de dirhams, marquant
à dynamiser le secteur du retail dans la capitale, de même qu’il permettra la créa- ainsi une progression de plus de 5% par rapport
tion de plus de 3.000 emplois directs et indirects. Le Mall abritera plus de deux-cent à 2013. Cette performance est due à la forte
enseignes prestigieuses du retail et de la restauration et comprendra également des contribution de l’activité non-vie, qui s’établit
équipements de loisirs dont un complexe cinématographique qui viendra enrichir à 3,3 milliards de dirhams, en hausse de 6,5%
l’offre culturelle majeure du projet Bouregreg constituée du Grand théâtre, d’une par rapport à l’année précédente. Selon le
bibliothèque nationale ainsi que d’un musée de l’Archéologie et des Sciences de la président de la compagnie, Mohamed Mehdi
Terre et une maison de la culture. Tazi, qui a tenu une conférence de presse, lundi
2 mars 2015, à Casablanca, «ces performances
confortent les choix stratégiques de la compa-
gnie sur le marché des particuliers et des entre-
prises». La compagnie dégage un bénéfice net
sur l’exercice 2014 de 321 millions de dirhams,
contre 281 millions de dirhams l’année der-
CREDIT PHOTO: DR

nière. Soit une hausse de plus de 14%. Quant

aux fonds propres de la compagnie, ils ont aug-
menté de 6%, pour atteindre environ 3,2 mil-
liards de dirhams. Vu les bons résultats réalisés,
le conseil d’administration de la compagnie a
décidé de distribuer un dividende de 36 dirhams
Le projet intègre également un hôtel de signature internationale, directement par action n
connecté au Mall à l’instar des grands Mall internationaux positionnés dans le tou-
risme de shopping. Selon les investisseurs, le Mall de Rabat entend se positionner
comme un véritable point de repère au sein du projet global “Wessal Bouregreg”,
et comme une expérience inédite de shopping. A l’instar de Morocco Mall à Casa-
blanca, le Mall de Rabat s’inscrit dans la grande lignée des Malls de destination
qui réservent aux résidents et aux touristes des expériences riches et inédites,
CREDIT PHOTO: DR

combinant shopping, restauration et loisirs, souligne-t-on de même source. Conçu

par l’architecte du Morocco Mall, David Padoa, le futur Mall de Rabat sera articulé
autour de séquences intérieures et extérieures, maximisant la fluidité et renforçant
le sentiment d’une infiltration progressive de l’organicité du site vers le cœur de la
ville. Son design reflétera la richesse du patrimoine architectural et historique de la
ville de Rabat, tout en s’inspirant du Grand Théâtre pensé par Zara Hadid. La prome-
nade shopping sera insérée dans un écrin de verdure et de végétation respectueux
de l’environnement. Son caractère ouvert et semi-couvert est un parti pris en faveur
de l’environnement grâce à une consommation énergétique optimisée.
Composante du méga projet ‘’Wessal Bouregreg’’ dont le lancement a été présidé en
mai 2014 par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Mall de Rabat vise le positionnement
de “Rabat Ville Lumière, Capitale Marocaine de la Culture” en tant que pôle culturel
et touristique aux standards internationaux. Il contribuera ainsi au rayonnement de la Mehdi Tazi.
capitale mais également à l’attractivité de la destination Maroc n

40 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015

cahier28-41.indd 40 05/03/2015 01:11

 Salon des voyages à Casablanca IMMOBILIER
Promouvoir de nouvelles Liquidation judiciaire
niches touristiques du groupe espagnol Fadesa

L
Organisée sous l’égide du ministère du e Conseil d’administration du groupe immobilier
CREDIT PHOTO: DR

Tourisme, avec le support institution-
nel de la Confédération nationale du
Tourisme (CNT), de la Fédération natio-
nale des Agences de voyage du Maroc
(FNAVM), de la Fédération nationale de
l’Industrie hôtelière (FNIH) et du Conseil
régional du Tourisme (CRT) de Casa-
blanca, ce salon s’adresse aux profes-
sionnels des voyages et de loisirs ainsi
qu’à tous les opérateurs de l’industrie
du tourisme, l’un des piliers de l’écono-
mie marocaine.
Cette rencontre ambitionne également
de promouvoir de nouvelles niches
de développement touristique et de
espagnol Martinsa Fadesa a décidé, lundi 2 mars
2015, au terme d’une réunion extraordinaire, de
demander la liquidation judiciaire, en l’absence d’un
appui suffisant pour son plan financier.
Le conseil d’administration a décidé de solliciter
l’ouverture de la liquidation devant le manque
d’adhésions suffisantes pour l’approbation de la
proposition de modification de l’accord des créanciers.
Ce groupe, l’un des leaders du secteur immobilier
en Espagne et symbole des excès qui ont conduit à
l’explosion de la bulle immobilière en 2008, avait été
déclaré en cessation de paiement à l’été 2008. Il avait
annoncé, en mars 2011, un accord pour refinancer sa
dette. Des médias espagnols ont indiqué que Banco
Popular, Abanca, la Sareb (la «bad bank» espagnole

L
a sixième édition du Salon des
Voyages, Tourisme & Loisirs (SVTL
2015) se tiendra du 23 au 26 avril
à Casablanca. Initié par l’association
régionale des Agences de voyages de
Casablanca, ce rendez-vous, qui s’inscrit
dans une dynamique de promotion de
l’activité touristique dans toutes ses di-
mensions, sera une véritable vitrine de
l’offre touristique au public, aux amou-
reux du patrimoine naturel et culturel
du pays et à la clientèle marocaine
ainsi qu’une opportunité d’échanges
et de rencontres B to B pour les profes-
sionnels du tourisme, a souligné le pré-
sident de l’Association, Omar Sabri lors
d’une conférence de presse.
nouvelles technologies dans un cadre
d’échange d’expertise entre les profes-
sionnels du tourisme et créateurs du
voyage.
Plus de 100 exposants, notamment
offices de tourisme marocain et étran-
gers, tour-opérateurs, agences de
voyage, compagnies aériennes, chaînes
hôtelières, loisirs et services, pren-
dront part à cet événement, qui offrira
également une opportunité pour les
exposants marocains et étrangers de
présenter leurs produits à environ 8.000
visiteurs prévus pour cette année, of-
frant une large palette de destinations
ainsi qu’une grande variété de concepts
de vacances sur mesure n
créée en 2012 pour gérer les actifs immobiliers toxiques
gonflant les bilans des banques) et Caixabank, ont
estimé que le plan de ce groupe n’était pas viable.
Selon les mêmes sources, le nouveau plan de sauvetage
de Fadesa a été rejeté par 75% de ses créanciers, qui
avaient jusqu’au 26 février pour se prononcer.
Le groupe, dont le dépôt de bilan à l’été 2008 fut le plus
important de l’histoire du pays avec une ardoise de 7,2
milliards d’euros de dettes, avait déjà été sauvé en mars
2011 par un plan de refinancement. Il prévoyait alors
le remboursement de la dette sur huit ans, à partir de
2012. Dans son rapport pour 2014, le groupe affichait
une dette totale de 7 milliards d’euros à fin 2014. La
société dispose d’actifs évalués à 2,4 milliards d’euros.
Outre l’Espagne, Martinsa Fadesa, créé fin 2006, opère
en France, au Maroc, au Mexique, en Roumanie, en
Pologne, en République Tchèque et en Bulgarie n

AIR ARABIA LANCE LA LIGNE NAPLES-CASABLANCA

La compagnie aérienne Air Arabia Maroc desservira prochainement l’aéroport
Mohammed V de Casablanca à partir de l’aéroport de Naples Capodichino, à
raison de deux vols hebdomadaires directs (lundi et vendredi).
Le premier vol de Naples à destination de Casablanca est prévu pour le 30 mars
prochain. La mise en service de cette ligne directe a pour objectif de répondre à
CREDIT PHOTO: DR

la demande des touristes italiens et des membres de la communauté marocaine

établie dans la région de Campanie. Selon un responsable de la compagnie,
Aden Ali, le prix du billet coûtera, dans une première phase, 49 Euros, rappelant
que Capodichino est le cinquième aéroport à partir duquel opère sa compagnie
après Milan, Bologne, Turin et Venise n

N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015 MAROC HEBDO INTERNATIONAL 41

cahier28-41.indd 41 05/03/2015 01:11

 SOC I É T É

Des manifestations à l’occasion de la Journée Internationale de la Femme

Les femmes marocaines

DIRECT
EN COUVERTURE

se mobilisent contre Benkirane

POLITIQUE

Célébration. Si la question de la femme n’est présente que de manière occasionnelle et

ponctuelle dans la vie politique et sociale de tous les jours, le 8 mars a le mérite de rappeler
les combats, au quotidien, que mène la gent féminine pour son émancipation. Le point avec
les militants associatives.
ECONOMIE

par kenza alaoui

P
TRANSPORT

lus qu’une célébration,

dans le sens festif
du terme, la journée
internationale de la
femme est surtout
HIGH TECH

l’occasion de se poser des questions

sur la situation du sexe dit “faible”,
quitte à rappeler des évidences et
à ressasser les mêmes constats.
FINANCE

A commencer par le fait que la

condition de la femme au Maroc
n’est ni complètement noire ni
tout à fait rose.
SOCIÉTÉ

Certes, les progrès sont là,

indéniables preuves de quelques
victoires remportées dans sa lutte
LA VIE

acharnée contre la prédominance

masculine et l’injustice dont elle
est victime.
Mais, en allant dans le fond des
PORTFOLIO

choses, on découvre la partie

cachée de l’iceberg. Celle qui
recèle tous les droits qui lui sont
dérobés. La preuve par les chiffres:
CULTURE

au Maroc, 62,8% des femmes

sont victimes de violence, 30.000
CREDIT PHOTO: DR

mineures sont mariées chaque

année, 1 Million 600 mille familles,
ART DE VIVRE

prises en charge par des femmes,

vivent dans la précarité.
Un long chemin reste à parcourir
pour que la femme ait la place
qu’elle mérite dans la société,

42 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015

cahier42-58.indd 42 05/03/2015 01:12

 qu’elle soit visible et crédible dans
ce qu’elle fait.
Moins payées que les hommes,
très peu représentées dans la vie
politique, victimes de violence et
de discrimination, marginalisées
ou carrément écartées par
des professions par trop
“oestrogénisées”, les femmes sont
en permanence obligées de livrer
bataille pour arracher quelques
droits et ne pas se contenter des
quelques miettes que leur jette le
législateur.
Les 24 heures de la femme
Pour cela, des 8 mars, il en faut
beaucoup pour faire avancer les
choses. «Sans vouloir jouer les
rabat-joie, les 24 heures de la
femme, c’est un peu ringard et un
tantinet ridicule comme manière
de rendre hommage à cet être qui
retombe dans l’oubli aussitôt la
“fête” finie», ironise Houda, 35 ans,
chargée de communication dans
une multinationale, qui a toujours
trouvé “inutile” ce jour du mois de
mars.
Inutile, en voilà un terme qui
fâche les militantes pour les droits
de la femme. Samira Bikarden,
présidente de l’ADFM (Association
Démocratique des Femmes du
Maroc) de Rabat et coordinatrice
de la Coalition “Printemps de la
dignité”, affirme à cet égard que
l’histoire dans le monde entier
a démontré combien le combat
des féministes et des associations
féministes de manière globale
a été salvateur pour la cause
des femmes… «Il y a moins d’un
siècle, dans la plupart des pays de
la planète, les femmes n’avaient
pas accès à leur droits les plus
fondamentaux, je ne citerai que
le droit au vote à titre d’exemple»,
précise-t-elle, en ajoutant: «Il en
est de même au Maroc, où il y a
juste une décennie, les Marocaines
n’étaient pas traitées en citoyennes
cahier42-58.indd 43
QUESTIONS À
Naima Ben Yahia
Députée de l’Istiqlal, présidente de la
Commission de la parité et l’égalité des chances
“Le gouvernement actuel ne fait
pas de ce chantier une priorité”
Maroc Hebdo: Que représente pour vous
la journée de la femme?
Naima Ben Yahia: La journée Interna-
tionale de la Femme est un rendez vous
annuel qui nous permet de faire une
évaluation, la plus objective possible, de
la situation dans le domaine des droits
humains des femmes et l’égalité dans
notre pays, et de prévoir des mesures
adéquates pour sauvegarder les acquis
et améliorer le rythme des réformes.
Cette journée est aussi un moment qui
nous rappelle que nous avons la chance
de vivre dans un pays où il y a une société
civile très dynamique, des militants et
militantes hors-pair qui travaillent toute
l’année mais qui sont plus visibles à cette
occasion par leurs initiatives novatrices,
leur acharnement et leur lutte continue
pour que la femme marocaine vive dans
de meilleures conditions quel que soit
son âge ou son milieu de résidence.
Comment se présente le bilan de cette
année?
Naima Ben Yahia: Cette année nous
“célébrons” la journée de la femme avec
une grande amertume parce que nous
constatons que le gouvernement actuel
ne fait pas de ce chantier une priorité
malgré les dispositions constitutionnel-
les très avant-gardistes et la volonté
politique exprimée, au plus au niveau,
par le Roi.
Quelle est, à votre avis, la meilleure
manière de célébrer cette journée?
Naima Ben Yahia: Mettre en lumière le
travail des femmes marocaines et leur
nnn contribution pour le développement de
N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015 MAROC HEBDO INTERNATIONAL
propos recueillis par K. alaoui
la société est une forme de célébration,
mettre le doigt sur les maux dont souf-
frent les filles et les femmes marocaines
en est une autre: les petites filles n’ont
pas toutes leur place en classe, elles sont
toujours exploitées comme aides ména-
gères, la femme marocaine souffre de
différentes formes de violences et les sté-
réotypes sexistes sont toujours présents.
C’est pour cela que même si des fois nous
disons que c’est la fête de la Femme,
elle ne le sera réellement que quand ces
discriminations auront disparu.
Dans quel but organisez-vous la grande
marche du 8 mars?
Naima Ben Yahia: Nous marcherons pour
dire que les femmes marocaines veillent
au respect des dispositions constitution-
nelles en matière de démocratie et d’éga-
lité et pour exprimer notre protestation
contre les différentes formes de discrimi-
nation à l’égard des filles et des femmes:
nous n’admettons pas que la violence à
l’égard des femmes touche près de 62%
de marocaines annuellement et qu’il n’y
ait toujours pas de loi qui les protège,
nous n’admettons pas que des milliers de
mineures soient mariées chaque année,
et que des milliers de ménages dont les
chefs sont des femmes vivent dans la
misère et la précarité.
Nous n’admettons pas que des femmes
meurent toujours suite à des accou-
chements par manque de moyens qui
lui sont dédiés spécialement… Nous
marcherons pour dire que les femmes
marocaines ont contribué à toutes les
réformes et qu’elles ne sont pas prêtes à y
renoncer n
43
05/03/2015 01:12
 S O CI É T É
nnn à part entière… Qui pourrait
croire que pendant les années 90 les
Marocaines n’avaient pas le droit de
DIRECT
tenir un commerce ou de travailler
sans le consentement de leur mari?
qu’avant la Moudawana (2004) elles
EN COUVERTURE
n’avaient pas droit de divorcer ou de
se marier par elles-mêmes?... C’est
grâce aux luttes et aux combats
des associations féministes que
ces droits, qui paraissent évidents
aujourd’hui, ont pu aboutir…»
POLITIQUE
“Non à ce gouvernement”
Les militantes associatives
sont unanimes à constater
qu’aujourd’hui, plus que jamais,
ECONOMIE
la femme marocaine doit se battre
pour sauvegarder ces acquis et
en conquérir d’autres. Une lutte
dans laquelle elles n’hésitent pas à
TRANSPORT
réinventer leurs armes. «Au Maroc,
nous sommes face à un recul des
droits de la femme au vu des défis
de la transition démocratique que
HIGH TECH
vit notre pays», dénonce avec
verve, Fatiha Saddas, membre de
la coalition Egalité et Démocratie.
«Nous avons toujours fêté le 8 Mars
en organisant des conférences où
FINANCE
nous exposions nos réalisations et
les manques à combler en matière
des droits des femmes. Cette année,
SOCIÉTÉ
en tant qu’actrices féminines dans
tous les organismes du pays,
LA VIE
PORTFOLIO
CULTURE
ART DE VIVRE
44 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015
cahier42-58.indd 44
nous avons décidé de faire de ce
jour une actualité et de dire Non
à ce gouvernement qui n’a rien
fait pour la femme. Nous allons
mener notre combat et étendre
nos activités jusqu’au 10 octobre
Journée Nationale de la Femme au
Maroc».
En effet, les agissements et les
différentes sorties médiatiques
“commises” par le chef du
gouvernement exaspèrent les
militantes associatives.
Elles y voient insulte et manque de
respect à l’égard des femmes et ce en
dépit des différentes manifestations
organisées par des hommes
et des femmes pour dénoncer
les “maladresses” de Abdelilah
Benkirane, auquel on reproche
d’agir en tant que chef de parti et
non en tant que premier ministre.
Aussi, en signe de protestation,
le Collectif Parité et Démocratie
organise-t-il une marche nationale
contre le chef du gouvernement, le
dimanche 8 mars 2015, à 10 h, à Bab
el Had, à Rabat.
A part ce coup de gueule à l’égard
du chef de gouvernement, que
revendiquent les féministes en ce
jour de doléances?
A l’approche des élections, le
problème de la représentativité des
femmes revient indéniablement et
en force sur le tapis. Les femmes
veulent absolument leur 30% de
représentativité féminine. Ceci,
bien entendu, en plus des chantiers
déjà entamés et qui n’en finissent
pas de traîner.
Parité et équité
Pour l’ADFM, comme pour les
«C’est associations féminines marocaines,
grâce aux les principaux chantiers concernent
luttes et la mise en œuvre de la Constitution
à travers la mise en place des
aux com-
mécanismes institutionnels
bats des as- que ce texte suprême a prévus,
sociations notamment l’Autorité pour la parité
féministes et la lutte contre toutes formes de
discriminations, d’une part, et la
que ces
mise en œuvre, d’autre part, des
droits, qui politiques publiques prenant en
paraissent compte l’intégration du genre de
évidents manière transversale et la mise
en place de mesures correctives
aujourd’- visant à combler le gap entre les
hui, ont pu sexes, qui s’est approfondi au fil
aboutir… » des siècles à cause des situations
Samira inéquitables des hommes et des
Bikarden femmes. L’harmonisation des
présidente lois qui restent discriminatoires
de l’ADFM aussi bien avec les dispositions
constitutionnelles qu’avec les
engagements internationaux du
Maroc est également une des
priorités.
Néanmoins l’égalité hommes/
femmes passe également par un
travail de fond sur les mentalités
en vue de changer la perception
de la femme dans la société. «Si
tous ces chantiers et réformes ne
sont pas accompagnés par un
grand effort de sensibilisation
qui nécessite le déploiement de
moyens conséquents touchant tous
les vecteurs de changement des
habitudes et des comportements
à savoir l’école, les médias, la
famille… le changement de
mentalités, qui est un combat de
longue haleine, tardera à voir le
jour et l’effectivité et la viabilité
des réformes législatives ne sera pas
au rendez-vous», conclut Samira
Bikarden n
05/03/2015 01:12
cahier42-58.indd 45 05/03/2015 01:12
 SOC I É T É

La question de l’interruption de la grossesse divise les Marocains

Appel à la révision
DIRECT
EN COUVERTURE

de la loi sur l’avortement

POLITIQUE

Débat. Aussitôt l’affaire Chraïbi déclenchée, les langues se sont déliées à propos de
l’avortement au Maroc. Des avis ont commencé à fuser de toutes parts, appelant à la
légalisation de cette pratique. Les partis politiques se sont livrés à une surenchère de
déclarations.
ECONOMIE

par kenza alaoui

cette pratique. Les partis politiques

TRANSPORT

se sont livrés à une surenchère de

déclarations. L’USFP, par la voix de
son 1er secrétaire, Driss Lachguar,
a préconisé l’instauration d’un
cadre juridique pour la légalisation
HIGH TECH

de l’avortement. Déjà en 2013,

l’homme tenait le même discours.

Unanimité politique
FINANCE

En remontant plus loin dans le

temps, et plus exactement en
2012, le PJD était le parti le plus
enthousiaste quant à une réforme
SOCIÉTÉ

de la loi sur l’avortement. Même

CREDIT PHOTO: DR

son de cloche du côté du PPS

(Parti du progrès et du socialisme),
LA VIE

dont le secrétaire général, Nabil

Benabdellah, s’est prononcé en
faveur de la dépénalisation de

L’
l’avortement. Même le ministre
PORTFOLIO

affaire du Pr. Chafik
Bouhali Chraïbi,
aux allures d’un
“ChraïbiGate”, à
CULTURE
circonstances qui ont entouré le de la Santé s’est dit favorable à
limogeage du Pr Chraïbi, chef du une révision de la loi régissant
service de la Maternité des Orangers l’avortement. Il avait déclaré sur un
du CHU de Rabat par le ministre de site d’information: «Je milite, comme

l’instar du fameux
“Watergate”, a eu le mérite de lever
le bouclier sur une problématique
qui fait office de tabou dans la
ART DE VIVRE
la Santé, cette affaire aurait servi à lui (PR Chraïbi), pour réformer la
ouvrir le débat sur la problématique loi sur l’avortement, que je trouve
de l’IVG (Interruption volontaire de dépassée et qui punit les femmes en
grossesse). situation difficile qui veulent avorter

société marocaine. Elle a fait
couler beaucoup d’encre et n’en
finit pas d’attiser la polémique
autour de l’avortement. Au-delà
de la controverse autour des
Aussitôt l’affaire déclenchée, les
langues se sont déliées et chacun
y est allé de son commentaire. Des
avis ont commencé à fuser de toutes
parts, appelant à la légalisation de
et les intervenants médicaux qui
souhaitent les aider. Il faut légaliser
l’avortement dans certaines
conditions (troubles psychiatriques,
inceste, malformations). Je suis plus

46 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015

cahier42-58.indd 46 05/03/2015 01:12

 que convaincu qu’il faut ouvrir le
débat sur cette question».
Mohammed Fizazi, salafiste et l’un
des prêcheurs les plus radicaux du
Maroc, ne rejette pas le recours
à l’IVG, dans certains cas et dans
le respect total des préceptes de
l’islam. Ce faisant, il se refuse à
suivre les modèles des autres pays
musulmans tout en se prononçant
en faveur de la révision de l’article
453, qui réglemente l’avortement au
Maroc, en vue d’éviter des drames
occasionnés par l’avortement
clandestins effectué dans des
conditions inhumaines.
Éviter des drames
En effet, l’article 453 du code pénal,
qui fait de plus en plus parler de lui,
autorise l’avortement uniquement
dans le cas où la santé de la mère
est menacée. Par contre quand
la femme est victime d’un viol
ou d’inceste, si elle présente des
troubles pathologiques importants
ou en cas de malformations
fœtales graves pouvant être létales,
l’avortement n’est pas autorisé.
En attendant l’avortement est
toujours interdit par la loi. Mais
bien qu’interdit, cela n’empêchent
pas les femmes, en désespoir
de cause, d’y recourir en masse
pour se débarrasser d’un enfant
non désiré, fruit d’un viol ou d’un
inceste ou encore conçu hors du
cadre du mariage. Frappés du
sceau de l’interdit, entre 600 et
800 avortements seraient pourtant
pratiqués tous les jours dans la
clandestinité la plus absolue mettant
en danger des vies humaines. Face
à la honte et au rejet de la famille
et de la société auxquels s’exposent
ces femmes, elles préfèrent prendre
des risques plutôt que de porter
l’opprobre toute leur vie.
Rappelons qu’au Maroc 24 enfants
par jour sont abandonnés. En
ouvrant la porte médicale, bien de
drames pourront être évités n
cahier42-58.indd 47
QUESTIONS À
Saâd Eddine El Othmani,
psychiatre et président du Conseil
national du PJD
“La légalisation totale
de l’avortement est impossible”
Maroc Hebdo: Vous vous dites favo-
rable à la légalisation de l’avortement
au Maroc. Pensez-vous que la société
marocaine est prête pour cette légali-
sation?
Saâd Eddine El Othmani: J’ai appelé
à une légalisation de l’avortement
dans certaines situations et non pas à
une légalisation totale, car celle-ci est
impossible. Ces situations proposées
sont au nombre de trois: le viol et l’in-
ceste avant la fin de la 6ème semaine
de grossesse, et les malformations
fœtales importantes avant 120 jours
de grossesse. Bien sûr, on peut aussi
inclure d’autres cas, comme la mala-
die mentale importante de la mère,
selon l’aboutissement d’un dialogue
sociétal ouvert.
Est-ce que l’avortement va à l’encontre
des préceptes de l’Islam?
Saâd Eddine El Othmani: En principe
et dans l’absolu, oui, c’est interdit.
Mais, avant la 7ème semaine de gros-
sesse et dans des cas précis, il peut
être autorisé. Les spécialistes de la
jurisprudence islamique font la dis-
tinction entre les cas de nécessité,
où la santé de la mère est en danger;
et les cas de besoin, qui sont moins
pressants. Seuls les cas de nécessité
autorisent l’avortement après la 7ème
semaine. Mais les cas de besoin sont
suffisants pour l’autoriser avant cette
date.
Quels sont les arguments religieux
et médicaux qu’on pourrait mettre
N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015 MAROC HEBDO INTERNATIONAL
propos recueillis par K. alaoui
en avant pour convaincre les plus
réticents à la légalisation de l’avorte-
ment?
Saâd Eddine El Othmani: Sur le plan
religieux, il y a plusieurs fatwas qui
autorisent l’avortement dans les cas
sus cités. Sur le plan médical, il est
important de signaler qu’une centaine
de femmes au moins se font avorter
tous les jours clandestinement. Elles
y sont contraintes, mais les conditions
médicales sont en général mauvaises.
Ce qui entraîne des complications
parfois graves, qui peuvent tuer la
femme ou entraîner des séquelles sur
sa santé et sur sa reproduction future.
Selon des données de l’OMS, 13% de
la mortalité maternelle au Maroc est
imputée à l’avortement.
Certaines femmes revendiquent le
droit à l’IVG en arguant que leur corps
leur appartient et qu’elles ont le droit
d’en disposer comme elles veulent.
Quel est votre avis concernant cette
façon de voir les choses?
Saâd Eddine El Othmani: Je ne suis
pas d’accord, car cette conception va
aboutir à une banalisation totale de
l’avortement et à une dénégation du
droit à la vie pour le fœtus, qui n’est
pas une chose matérielle, mais un
“être humain”. En plus, en Islam le
corps de l’individu a un droit sur lui,
il n’est pas totalement libre d’en dis-
poser comme il veut. Ainsi, il ne peut
pas se mutiler ni se donner la mort. Le
respect de son corps ainsi que celui du
fœtus est un principe fondamental n
47
05/03/2015 01:12
 SOC I É T É
Près de 38.000 de tonnes de cannabis produits au Maroc en 2013
La légalisation serait-elle la solution?
DIRECT
EN COUVERTURE
Proposition. Depuis près de 2 ans, le débat sur la légalisation du cannabis au Maroc a été
ouvert publiquement. Cela n’était qu’une question de temps, dans un pays où sont produits plus
de 30.000 tonnes de cannabis en moyenne chaque année.
POLITIQUE
ECONOMIE
TRANSPORT
CREDIT PHOTO: DR
HIGH TECH
FINANCE
D
ans son rapport 2014, l’Organe
international de contrôle des
stupéfiants (OICS) rapporte
SOCIÉTÉ
que le Maroc reste l’un des premiers
producteurs au monde. Ainsi, En
2013, les 47.000 hectares exploités
LA VIE
par les cultivateurs de cannabis
ont produit près de 38.000 tonnes,
avec 760 tonnes transformées en
résine (haschich). Résultat, 42%
PORTFOLIO
du cannabis dans le monde sont
produit au Maroc, alors que près de
72% du haschich confisqué en 2014
proviennent du royaume.
CULTURE
Cette plante fait le bonheur des
grands trafiquants de drogues
qui agissent dans le cadre de
puissants réseaux internationaux.
ART DE VIVRE
Le commerce illicite du cannabis
rapporte en moyenne 10 milliards
d’euros chaque année à ces réseaux,
indique un autre rapport, cette fois-
ci de l’Organisation des Nations-
48 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015
cahier42-58.indd 48
Unies contre le crime et la drogue
(ONUDC). Mais la culture du cannabis
représente également une source
de revenu indispensable pour les
populations des régions concernées.
Le rapport de l’ONUDC estime que
plus de 80.000 familles vivraient,
directement ou indirectement, de la
culture du cannabis.
Les lobbys des trafiquants
En toute logique, la société civile et
certains partis politiques se sont saisis
de la question, déclenchant ainsi une
polémique dont le mot d’ordre est
la légalisation. Depuis sa création
en 2007, le Collectif marocain pour
l’usage médical et industriel du
kif plaide pour la légalisation de la
culture du cannabis. Il a publié, le
25 avril 2008, un document intitulé
“Appel au débat sur la légalisation
de la culture du kif au Maroc et
l’orientation de son usage”. Mais,
pour les partis politiques, la question
est loin de faire l’unanimité. La parti
de l’Istiqlal avait même présenté une
proposition de loi au parlement en
décembre 2013, visant à sanctionner
le trafic illicite de drogue, tout en
instaurant un cadre légal pour la
culture de cette plante.
Pour Noureddine Median, président
du groupe parlementaire du
parti de la balance, ce projet vise
essentiellement à venir en aide aux
milliers de petits agriculteurs qui
vivent de cette culture. «La loi met ces
petits agriculteurs dans le même sac
que les trafiquants de drogues ce qui
est déplorable», ajoute M. Median.
Mais le Parti de la justice et du
développement (PJD), à la tête de la
La loi met ces
petits agricul-
coalition gouvernementale, adopte
teurs dans le un discours différent. Selon Souaad
même sac que Chikhi, députée du PJD de la région
les trafiquants . d’El Hoceima, il faut distinguer
l’action de la société civile, qui cherche
des solutions à la problématique de
la culture du kif, de celle de certains
partis qui tentent d’instrumentaliser
ce dossier pour des fins politiciennes
et électoralistes. «Des élus locaux, des
notables et des agents de l’autorité
locale de la région du Rif forment des
lobbys pour défendre les intérêts des
grands trafiquants, ce qui décrédibilise
les appels à légalisation émanant de
partis politiques», précise-t-elle.
Le débat sur la légalisation de
cette plante est loin d’être clos. La
proposition de loi de l’Istiqlal étant
étudiée actuellement à la Commission
des secteurs productifs au sein de la
Chambre des représentants n
louay kerdouss
05/03/2015 01:12
 Table–ronde à la Fondation du Roi Abdul Aziz Al-Saoud, à Casablanca La caravane du Forum national
de la ville fait escale à Agadir
Presse digitale cherche rentabilité
L a Caravane du forum de la ville a fait sa
septième escale, le 28 février 2015, dans le
sud du Maroc, à Agadir, dans le cadre du Fes-
tival des migrations, en partenariat avec l’Ob-
servatoire régional des migrations, espace et
société (ORMES). Ainsi, une table ronde a été
organisée sous le thème “Ville et migrations”.
Les intervenants sur des méthodes quantita-
tives et qualitatives des sciences humaines,
faisant appel à l’observation du terrain,
aux enquêtes et entretiens-cas de Tanger
et Agourray, ont enrichi le débat de leurs
idées et constats sur la situation migratoire
Rachid M’rabet. à laquelle on a attribué des significations
plurielle, en partant du migrant étranger ou
voyageur ou citoyen du monde ou encore du
migrant mixte. Aussi, la problématique posée
a porté sur la fonction que le Maroc occupe

S
i le modèle économique de la presse écrite est connu soit parce que le désormais dans le système migratoire euro-
contenu est financé par la publicité, soit par les lecteurs soit par les deux à africain.
la fois, il n’en est pas de même pour la presse en ligne, qui peine à trouver Aicha Belarbi, ex ministre délégué aux
de la rentabilité. C’est ce qui ressort des débats forts instructifs entre spécialistes, affaires étrangères, a souligné, dans une
professionnels et chercheurs, réunis autour de Rachid M’rabet, directeur du réflexion, les aspects fondamentaux des
transferts des politiques socioculturelles pour
Centre des études doctorales (Cedoc) de l’ISCAE, le 26 février 2015, dans le cadre
ajouter qu’il est fort nécessaire que la volonté
d’une table–ronde dédiée à cet effet, à la Fondation du Roi Abdul Aziz Al-Saoud,
royale et politique de vouloir revoir et réa-
à Casablanca. Cette initiative du groupe ISCAE que dirige Mohamed El Moueffak, juster la politique migratoire au Maroc doit
était d’autant bienvenue qu’elle a attiré, en plus des doctorants de l’ISCAE, des être accompagnée de nouveaux dispositifs
spécialistes et des non-spécialistes venus nombreux pour écouter avec intérêt d’intégration en termes de santé, d’éducation
les différents intervenants. et de travail, à condition qu’ils soient adaptés
Dès le début de cette rencontre, Mohamed Benabid, chercheur au Cedoc au contexte marocain.
et au laboratoire Paragraphe de l’Université Paris VIII, n’a pas manqué de Le forum de la ville, que préside Mustapha
rappeler qu’elle tombe à point nommé pour éclairer les transformations que Merizek, prépare activement la troisième édi-
le paysage informationnel marocain connaît suite à l’émergence d’une offre tion de son congrès international, prévue les
informationnelle digitale. Une offre en grande partie artisanale et à effectif 9, 10 et 11 avril 2015, alors que la caravane se
réduit. Une presse en ligne dominée notamment par la presse arabophone, poursuit sous d’autres thèmes concernant “le
dont le nombre ne dépasse pas 113 sites d’information générale reconnus par vivre-ensemble dans la ville” à Chefchaouen,
le ministère de la Communication, selon Saad Loudiyi, chef de cabinet dudit Tetouan et Dakhla n
ministère.
Quant aux “pure players”, ils ne dépassent pas les deux à trois sites structurés
qui s’en sortent relativement bien. Une presse souvent portée par d’anciens
journalistes, comme Naceureddine Elafrite, co-fondateur du site Media 24, qui
ont pu s’aventurer dans un monde aussi périlleux que celui du net.
Tout en mettant en relief le fait que le numérique provoque des ruptures Aicha Belarbi.
aussi bien dans les habitudes de production, de diffusion que de création de
valeur dans le paysage informationnel, les discussions fort riches, qui ont duré
une demi-journée, entre des professionnels aussi avertis que Mounir Jazouli,
président du Groupement des annonceurs du Maroc, ou Michel Paulin, directeur
général de Méditel, et d’autres éminents spécialistes, ont conclu que le modèle
économique de la presse en ligne reste soumis à plusieurs contraintes dont
l’absence d’estimations fiables sur le volet de la publicité digitale n’est pas des
moindres n S. M.

N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015 MAROC HEBDO INTERNATIONAL 49

cahier42-58.indd 49 05/03/2015 01:12

 ECO N O M IE E T FIN A N CE

La filière aviaire, un filon en manque de structuration

Le poulet, la protéine
DIRECT
EN COUVERTURE

du pauvre
POLITIQUE

Consommation. Selon les chiffres de l’Association nationale des producteurs des viandes de
volailles (APV), le secteur de l’aviculture a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires de 19,4 milliards de
dirhams (MMDH) et des investissements de l’ordre de 7,4 MMDH. Au-delà des chiffres, ce secteur revêt
une dimension sociale très importante.
ECONOMIE

par louay kerdouss

à cause de l’agencement hasardeux

TRANSPORT

des “boutiques”, s’ajoutent des

odeurs peu plaisantes, pour faire des
courses des abonnés de ce souk une
pénible corvée.
L’absence d’infrastructures de
HIGH TECH

base accentue les effets polluants

de l’abattage et de la vente de
volailles, mais cela ne décourage
nullement la très fidèle clientèle, en
FINANCE

l’occurrence les classes populaires.

Selon Abdelaziz, un des “ryacha” du
souk, l’affluence est généralement
bonne et stable. «Les gens ne prêtent
SOCIÉTÉ

pas attention aux conditions de

commercialisation ici, et puis il ne
CREDIT PHOTO: DR

faut pas en faire toute une histoire,

LA VIE

personne ne s’est jamais plaint, donc

tout est dans l’ordre», ajoute-t-il avec
un sourire malicieux.

L
Ce constat semble faire l’unanimité
PORTFOLIO

e “boom” que connaît
l’aviculture au Maroc peut
être justifié par l’énorme
potentiel du marché local.
CULTURE
de vente de volaille, en particulier
les détaillants, ou “ryacha”, dans
les souks, qui restent les principaux
fournisseurs du citoyen.
Les souks tradition- chez les habitués du marché. Du
nels de vente et
d’abattage de pou-
moins pour Latifa, une quadragénaire
lets souffrent d’un qui habite à quelques dizaines de
manque d’hygiène mètres du marché, et qui s’y rend

Alors que les prix des viandes
rouges restent trop élevés pour une
grande frange de la population,
notamment les classes les plus
ART DE VIVRE
Parmi ces souks figure celui de Derb flagrant. régulièrement pour faire ses courses.
Ghallef, situé au cœur d’une zone «La situation ici laisse à désirer, et les
à haute densité démographie, à odeurs sont insupportables, mais ça
Casablanca. L’accès à cet espace peut aller. Cela fait des années que

démunies, le poulet représente
une alternative intéressante. Les
citoyens en quête de protéines
pour équilibrer leur alimentation
s’abattent sur les différents points
est une tâche peu aisée. Les locaux nous nous approvisionnons dans
de fortune qui servent de commerce ce souk, et on n’a jamais souffert
à ces “ryacha” se trouvent enclavés d’effets sur notre santé».
au cœur d’un bloc de bidonville. A Cependant, et loin des avis de
ce paysage, peu confortable à l’œil Abdelaziz et de Latifa, la législation

50 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015

cahier42-58.indd 50 05/03/2015 01:12

 marocaine est claire sur cette
question-là. En effet, la loi 49/99,
relative à la protection sanitaire des
élevages avicoles, au contrôle de la
production et la commercialisation
des produits avicoles interdit
l’abattage traditionnel, auquel
s’adonnent les vendeurs de poulet
et “ryacha” dans les souks.
Déclaration des autorités chargées
de l’hygiène.
Sauf que l’activité de ces “ryacha”
ne peut être soumise au contrôle des
services chargés de l’hygiène dans
la métropole. Selon Rachid El Yazidi,
président du service d’hygiène dans
l’arrondissement de Aïn Chok, ces
commerçants agissent hors la loi et
leur cas dépend des autorités locales.
«La Charte communale limite notre
champ d’action, qui ne couvre que
les marchés structurés et autorisés.
Et même ces marchés sont le théâtre
de violations des règles d’hygiène»,
ajoute M. El Yazidi.
Une filière florissante
D’après l’APV, la production de
viande de poulet est passée de
130.000 tonnes en 1995 à 456.000
tonnes en 2014, alors que la
production de la viande de dinde
est passée de 3 tonnes en 2000 à
78.000 tonnes en 2014. Ce rythme
soutenu d’évolution a plusieurs
justifications. Pour Abderrahim
Chaoui, ingénieur avicole, il faut
voir du côté des investissements
grandissants dans la production des
poussins. «Les sociétés du secteur
ont augmenté considérablement
leur capacité de production, et
l’une de ces entités a même atteint
un million de poussins produits par
semaine, soit près de 2 millions de
kilos», explique M. Chaoui. Après
avoir atteint l’autosuffisance, le
Maroc vise désormais les marchés
extérieurs, notamment africains.
Cependant, les producteurs doivent
encore faire avec les aléas de la
nature, à savoir les maladies qui
cahier42-58.indd 51
touchent les volailles. Si la capacité
initiale de production est de l’ordre
de 9 millions de poussins par
semaine, seulement 6 à 7 millions
survivent, indique M. Chaoui. «La
maladie de Gumboro, du nom de
la ville sud-américaine où elle est
apparue pour la première fois,
représente la plus grande menaces
pour les producteurs, car elle peut
anéantir jusqu’au quart de la
production totale des poussins dans
une exploitation», ajoute-t-il.
Et les contrecoups?
Bénéficiant de son prix largement
abordable par rapport à la viande
rouge, le poulet est massivement
consommé. La consommation
annuelle par individu est passée de
2,3 kg dans les années 1970 à près
de 17 kg en 2104.
Intrigués par les
conditions d’élevage, d’abattage
et de commercialisation des
volailles, certains consommateurs
se posent encore des questions sur
les effets que pourrait engendrer la
consommation ce type de viande.
La consommation
individuelle de Pour Dr. Wafaa Chorfi, médecin
viande de poulet est nutritionniste, la viande du poulet,
passée de 2,3 kg par dite blanche, n’a rien à envier à
an dans les années
la viande rouge, notamment en
1970 à près de 17 kg
en 2104. apport en protéines. Les viandes
N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015 MAROC HEBDO INTERNATIONAL
blanches sont seulement moins
riches en fer, mais cet écart peut
être rattrapé à l’aide d’autre
aliments riches en cette matière.
Selon elle, «la consommation du
poulet peut avoir des répercussions
négatives sur la santé, allant jusqu’à
provoquer des cancers, mais ce risque
est presque inexistant au Maroc,
car les pratiques dans les élevages
de poulets, notamment en matière
d’alimentation, diffèrent de celles,
très risquées, menées dans certains
pays industrialisés».
Un avis confirmé par M. Chaoui,
qui assure que les éleveurs au
Maroc, s’appuient pour alimenter
les poulets, sur une “moulée”
composée de variantes de céréales et
de farine de poisson qui ne présente
aucun risque pour la santé des
consommateurs.
Le Maroc a donc un grand défi,
à savoir augmenter la moyenne
de consommation par personne,
qui demeure faible par rapport à
d’autres pays comme la France (23
kg/personne), l’Arabie Saoudite
(40,7 kg/personne) ou l’Espagne
(27 kg/personne). Et, dans ce cadre,
l’ambitieux “Plan Maroc vert”, lancé
par le Roi Mohammed VI, en avril
2008, constitue le fer de lance n
CREDIT PHOTO: DR
51
05/03/2015 01:12
 SOC I É T É

Pr Amal Bourquia, néphrologue, présidente de l’association “REINS” et a

“3 millions de Marocains souffrent d

DIRECT
EN COUVERTURE

interview. Le 12 mars 2015, le monde célèbre la Journée Mondiale du Rein. Une occasion
pour sensibiliser le grand public à l’importance des maladies rénales. Le Pr Amal Bourquia,
néphrologue, vient d’éditer un livre intitulé “Guide Africain de néphrologie pédiatrique”.
Elle fait le point sur cette pathologie au Maroc.
POLITIQUE

Propos recueillis Kenza Alaoui

rénale chronique. Non détectées, les

maladies rénales entraînent une perte
ECONOMIE

progressive de la fonction des reins et

vont mener au traitement par dialyse
ou à la greffe du rein. En absence de
statistiques très précises concernant
TRANSPORT

la dialyse, on peut avancer des chiffres

approximatifs relatifs à fin 2014: près
de 17.000 dialysés dans 200 centres
publics et privés, près de 400 greffes
rénales et 1.200 nouveaux dialysés. En
HIGH TECH

effet, l’insuffisance rénale chronique

(IRC), qui est une maladie grave,
entraîne une détérioration graduelle
et irréversible de la capacité des
FINANCE

reins à filtrer le sang et à excréter

certaines hormones. Elle résulte
des complications du diabète, de
l’hypertension ou d’autres maladies.
SOCIÉTÉ

CREDIT PHOTO: DR

Pensez-vous que les responsables,

aussi bien l’État que les associations,
LA VIE

jouent leur rôle quant à la

sensibilisation à cette maladie?
Pr Amal Bourquia: Des efforts sont
Maroc Hebdo: La Journée mondiale pédiatrique (IPNA), a créé la première effectivement fournis mais ils restent
PORTFOLIO

du rein est célébrée cette année sous
le thème “Des reins sains pour tous”.
Pourquoi cette thématique?
Pr Amal Bourquia: Cette thématique est
CULTURE
journée cette année. Elle est célèbre le très insuffisants, en particulier en
même jour que celle internationale. Je ce qui concerne la prise en charge
préside la commission de cette journée des pathologies chroniques comme
au sein de l’IPNA. Cette commission le diabète et l’HTA (hypertension

choisie par la Société internationale de
néphrologie. Au niveau de l’association
“REINS”, que je préside, nous pensons
que ce sujet est très intéressant car il
ART DE VIVRE
initie et choisit le meilleur projet à artérielle) qui sont les principales
travers le monde, qu’elle soutient causes de l’IRC. Depuis sa création,
financièrement. “REINS” travaille sur le volet de la
sensibilisation et de la prévention,

vise l’ensemble de la population, qui
est au centre de nos préoccupations.
Nous concentrons aussi nos efforts
sur l’enfant, pour lequel l’Association
internationale de néphrologie
Quelle est la situation des maladies
rénales au Maroc?
Pr Amal Bourquia: Plus que 500 millions
de personnes, dont au moins 3 millions
au Maroc, souffrent d’une maladie
l’objectif étant de d’inciter la
population à faire face aux réalités
sévères de la maladie du rein et à
les encourager à vérifier s’ils sont à
risque. Notre action vise également

52 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015

cahier42-58.indd 52 05/03/2015 01:12

NS” et auteur du livre “Guide africain de néphrologie pédiatrique”
nt d’une maladie rénale chronique”
à sensibiliser les pouvoirs publics
et les organismes de couverture à
investir dans les mesures préventives
et d’œuvrer pour une prise en charge
plus agressive par les médecins du
contrôle de l’hypertension artérielle et
du diabète.
Qu’en est-il du traitement de cette
maladie?
Pr Amal Bourquia: Le traitement des
maladies rénales représente une des
dépenses les plus importantes pour les
organismes de couverture et pour le
ministère de la Santé et on prévoit une
augmentation rapide de ces dépenses,
car la population vieillit et le diabète
et l’hypertension artérielle touchent de
plus en plus de personnes.
Côté prévention. Que faut-il faire?
Pr Amal Bourquia: A travers le
monde, la fréquence des maladies
rénales chroniques est en constante
augmentation, le rôle de l’information
du public et la sensibilisation de
la communauté médicale et des
gouvernements n’a jamais été aussi
important. D’ailleurs, les statistiques
montrent que moins de 30% des
personnes atteintes de maladies rénales
chroniques en sont informées. Il est
essentiel d’oeuvrer pour que la mesure
de tension artérielle et la recherche de
protéines dans les urines fassent partie
de tout examen médical. Il est aussi
important d’appeler les autorités de
la santé publique à encourager des
initiatives pour réduire le risque de
développer de l’hypertension, telle la
réduction de la consommation du sel.
Vous avez écrit un livre intitulé “African
pediatric nephrology guidebook” (Guide
africain de néphrologie pédiatrique),
que vous présenterez prochainement
cahier42-58.indd 53
à Cape Town, en Afrique du Sud, à
l’occasion du congrès mondial de
Néphrologie. Est-ce à dire qu’il y a
un contexte africain particulier de la
néphrologie pédiatrique?
Pr Amal Bourquia: La néphrologie
pédiatrique, qui a fait d’énormes
progrès, reste cependant à un stade
embryonnaire, voire même absente
dans la grande majorité des pays
africains. Cette spécialité, caractérisée
par un vaste champ d’action et de
multiples interconnexions avec
d’autres disciplines, s’est imposée
ces dernières années pour les soins
des enfants atteints d’une pathologie
rénale.
“A travers le monde, la fréquence des
maladies rénales chroniques est en
constante augmentation.”
La prise en charge des pathologies
rénales est coûteuse, particulièrement
aux stades avancés. Ce lourd
poids financier s’impose comme
l’un des premiers obstacles au
développement de la néphrologie
pédiatrique en Afrique, qui est aussi
handicapée par les traditions et
cultures encore très pesantes dans
notre continent. D’où l’obligation de
renforcer la collaboration régionale
et internationale en vue d’assurer le
développement de cette discipline.
Quelles sont les informations
qu’apporte, à ce propos, cet ouvrage?
Pr Amal Bourquia: En fait, l’idée d’un
tel ouvrage sur la NP me “hantait”
depuis plus de cinq ans déjà. Cinq
longues années ont été consacrées
N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015 MAROC HEBDO INTERNATIONAL
à la collecte des coordonnées des
confrères de différents pays d’Afrique.
Une tâche ardue mais exaltante. Je
n’ai jamais baissé les bras pour mener
à terme ce projet qui me tenait à cœur.
Résultat... ?
Pr Amal Bourquia: Cet outil de
base, auquel ont collaboré,
pour la première fois, plusieurs
néphrologues pédiatres africains, des
praticiens rompus à des expériences
de terrain particulières et enrichi
par de données internationales
en la matière, se veut un ouvrage
susceptible d’apporter des
informations, souvent cruciales, à
l’ensemble des jeunes praticiens
africains et des réponses concrètes à
leurs préoccupations quotidiennes.
Au final, ce sont les spécialistes de
pays africains, très divers, qui auront
contribué à donner naissance à cet
ouvrage de 30 chapitres ciblant
les pédiatres africains avec un
contenu à la fois pratique et adapté
à des particularités locales et à des
ressources limitées. Pour vulgariser
et partager toutes ces compilations
de données et synthèses et afin
d’atteindre un lectorat le plus
large possible, l’ouvrage sera,
grâce au soutien de l’Association
internationale de néphrologie
pédiatrique (IPNA), édité en
français et en anglais et distribué
gratuitement n
53
05/03/2015 01:12
 SPORT
DÉCOUVERTE.
Pourchassé par les plus
grands clubs d’Europe,
Hachim Mastour, jeune
prodige de l’AC Milan,
en Italie, devrait bientôt
© Photo DR

débuter en sélection
nationale. Le joueur
est considéré comme
l’une des plus grandes
promesses du football
international.

Q
ui l’eût cru? Bientôt
une des plus grandes
promesses du football
international pourrait
revêtir la tunique de la sélection
nationale. Convoité par les plus
grands clubs d’Europe, dont le
Hachim Mastour, Real Madrid, en Espagne, et Man-
jeune prodige chester United, en Angleterre,
de l’AC Milan, Hachim Mastour aurait opté pour
en Italie.
le Maroc, révèle le 26 février 2015
le site web d’information Le360.
ma. En effet d’après le journal
électronique, citant des sources
LE FOOTBALLEUR PRODIGE DE L’AC MILAN à l’AC Milan, où évolue le jeune
maroco-italien, ce dernier aurait
AURAIT OPTÉ POUR LE MAROC fini d’être convaincu par Musta-
pha Medhoun, cadre d’origine

MASTOUR,
marocaine du club milanais.

La bonne attitude
Mastour est régulier des sélec-
tions de jeunes de l’Italie, dont

LA PERLE
il avait étrenné à six reprises le
maillot, pour un but, en 2013
en moins de 16 ans. La FIGC, la
fédération italienne de football,

LOMBARDE
n’avait pourtant cessé de faire
pression sur lui ces derniers mois,
tandis que le Milan lui promettait
de meilleures perspectives s’il
acceptait d’épouser une carrière

54 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015

cahier42-58.indd 54 05/03/2015 01:12

 en Squadra Azzura, la sélection leurs du Milan), Filippo Galli. En ABDESLAM AHIZOUNE ÉLU
nationale italienne. La famille du mai 2014, Mastour avait failli VICE-PRÉSIDENT DE LA CONFÉDÉRA-
joueur, que l’on dit très attachée briser un record vieux de vingt TION AFRICAINE D’ATHLÉTISME
au Maroc, aurait également été ans: devenir à moins de seize ans n Le président de la Fédération royale

© Photo DR
décisive dans son choix. (il ne les avait fêtés qu’en juin marocaine d’athlétisme (FRMA), M.
Son entraîneur Filippo Inzaghi 2014) le plus jeune joueur de l’His- Abdeslam Ahizoune, a été élu
explique croire en lui. «C’est un toire du Milan. L’entraîneur de vice-président de la Confédé-
joueur talentueux, il fait une très l’époque Clarence Seedorf l’avait ration africaine d’athlétisme
belle saison», déclarait-il dans convoqué en championnat face à (CAA) pour un mandat de
un portrait qu’avait consacré en Sassuolo. Il ne l’avait cependant quatre ans (2015-2019),
janvier 2015 le site web de l’UEFA pas fait entrer en jeu. Cela dit indique un communiqué de
(Union des associations euro- quelques semaines plus tard, le la FRMA.
péennes de football) au joueur. «Il joueur signait son premier contrat M. Ahizoune a été élu à ce
a la bonne attitude sur le terrain, professionnel. Il est lié au club poste lors du congrès électif de
il joue bien, il marque des buts, et jusqu’en 2017. la CAA, tenu les 02 et 03 mars 2015,
écoute les conseils du banc». Inza- à Addis Abeba, en Ethiopie, précise-t-on
ghi connaît bien Mastour pour Limites tactiques de même source. Le président de la FRMA était
l’avoir pratiqué du temps où il diri- Né en 1998 à Reggio d’Émilie, Président de la région nord de la Confédération
geait les jeunes, la «Primavera». Mastour a dès sa prime jeunesse africaine d’athlétisme de 2012 à 2015 et membre
En 2013/2014, il l’avait convoqué attiré les projecteurs. «C’est bien de la Commission Marketing de la CAA. Pour rap-
à deux reprises et l’avait fait débu- plus qu’un enfant», dit de lui le pel, M. Ahizoune a été réélu à l’unanimité au poste
ter en mars 2014 face à Brescia. vice-président du Milan Adriano de président de la Fédération royale marocaine
Cette saison 2014/2015, sa palette Galliani. Il débute au Reggio Cal- d’athlétisme pour un 3ème mandat de 4 ans (2015-
technique, fort étendue, fait le cio, non loin du lieu d’habita- 2019), en janvier dernier, au cours d’une Assemblée
délice des amateurs de vidéos de tion de ses parents. Sa réputation générale ordinaire de la Fédération n
grigris sur le site web YouTube. s’étend à toute l’Émilie-Romagne.
A neuf ans, il signe
MASTOUR EST RÉGULIER DES pour le club fanion de LIGUE NATIONALE DE FOOTBALL
SÉLECTIONS DE JEUNES DE L’ITALIE, la région, la Reggiana. PROFESSIONNEL DÉBARQUE
Lors de son ultime exer- n La tant attendue Ligue nationale de football pro-
DONT IL AVAIT ÉTRENNÉ À SIX cice dans l’équipe en fessionnel (LNFP) débarque. L’assemblée générale
REPRISES LE MAILLOT, POUR 2011/2012, il score à 26 constitutive élective de cet organisme se tiendra
UN BUT, EN 2013 EN MOINS reprises en 30 appari- le 25 mars 2015, a annoncé la Fédération royale
DE 16 ANS. tions. Le Milan pointe marocaine de football (FRMF) à l’issue d’une réu-
son museau et prend de nion, lundi 2 mars 2015, à Rabat, de son comité
Son but en Primavera en octobre court plusieurs clubs, dont Man- directeur. Lors de cette réunion, les membres du
2014 face à Sassuolo, ponctué chester City, en Angleterre. Au comité directeur ont examiné et adopté à l’unani-
d’une roulette à la Zinédine passage, il signe à la Reggiana mité le projet de statut de la LNFP. Cette dernière
Zidane, l’ancien Français du Real un chèque de 500.000 euros (près sera chargée d’organiser, de gérer et de coordon-
Madrid, avait fait le tour d’Inter- de 6 millions de dirhams). Faisant ner les compétitions et manifestations sportives à
net. Pourtant certains doutent de face à une pénurie en attaque caractère professionnel auxquelles prennent part
ses qualités. Mastour ne serait in ces dernières journées, Inzaghi a les associations sportives et les sociétés sportives
fine qu’un joueur YouTube. Ses promis de donner sa chance au membres de la fédération, indique-t-on auprès de
limites tactiques –il éprouve force joueur. L’intéressé, lui, qualifie la FRMA. La LNFP sera aussi amené, entre autres,
difficultés à s’insérer dans le 4-3-3 d’«incroyable» qu’il «[s]’entraîne à gérer le droit d’exploitation commerciale de ces
d’Inzaghi– sont pointées du doigt. avec de grands joueurs qu’[il] événements et de l’organisation des championnats
«Il faut être patient», reconnaît regardai[t] à la télé jusqu’à la Pro Elite 1 et de 2ème division (D2), des champion-
le responsable technique du sec- saison dernière» n nats des jeunes catégories des équipes de ces deux
teur jeunes «rossonero» (rouge divisions et de toutes les autres épreuves qu’elle va
et noir en langue italienne, cou- wissam el bouzdaini créer, dans la limite de ses compétences n

N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015 MAROC HEBDO INTERNATIONAL 55

cahier42-58.indd 55 05/03/2015 01:12

 CULTURE
Festival National du Film de Tanger, du 20 au 28 février 2015
DIRECT

Un rendez-vous cinématographique
EN COUVERTURE

qui gagne en stature

POLITIQUE

7ème art. Du 20 au 28 février 2015, cinéastes et cinéphiles à Tanger se sont rencontrés,

autour de films et bien d’autres activités parallèles, le temps du Festival National du Film.
ECONOMIE

O
rganisé par le Centre
Cinématographique
Marocain (CCM), en col-
TRANSPORT

laboration avec les chambres

professionnelles cinématogra-
phiques, cette 16ème édition a
donné à voir 15 longs métrages
et 15 courts qui étaient en lice
HIGH TECH

pour la compétition officielle.

Des films qui ont concouru
pour l’obtention du Grand Prix,
finalement raflé par “La Nuit
FINANCE

entr’ouverte”, de la réalisatrice
maroco-irakienne Tala Hadid;
du Prix de la réalisation, revenu
à “L’orchestre des aveugles”,
SOCIÉTÉ

de Mohamed Mouftakir.

Les gagnants sont...

L’édition 2015 a également
LA VIE

En haut : Sarim Fassi vu la consécration des films

Fihri, directeur du CCM “Dallas”, de Mohamed Ali Mej-
en pleine conférence. boud, parti avec deux prix:
PORTFOLIO

En bas, Mohamed
Moftakir, recevant le
celui du premier rôle féminin,
trophée des mains de remporté par Amal Al Atrach,
Salim Cheikh, direc- et celui 1er rôle masculin, rem-
teur général de 2M. porté par Aziz Dadass. “Karyan
CULTURE

Bollywood”, de Yassine Fen-

nane a, quant à lui, reçu le
prix de la première œuvre et
celui du 2ème rôle masculin,
ART DE VIVRE

remporté par Adil Aba Tourab.

Le film “La moitié du ciel”, de
Abelkader Lagtaâ n’est pas
rentré bredouille non plus. Il

56 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015

cahier42-58.indd 56 05/03/2015 01:12

 s’est vu décerner le Prix du
scénario alors que le Prix du
son est revenu à “Chaïbia” de
Youssef Britel.
Plus chanceux,
le film “Aida”, de Driss Mrini,
a réussi à convaincre le jury de
lui décerner trois prix: le Prix
du 2ème rôle féminin pour l’ac-
trice Houda Rihani, le Prix de
l’image et le Prix du montage.

La touche Fassi Fihri
De l’avis des membres du jury
de cette 16ème édition et des
critiques de cinéma, la qualité
des films sélectionnés laissait
à désirer. En effet, si la pro-
duction cinématographique
a gagné en quantité ces der-
nières années, les films réalisés
ne sont pas toujours de bonne
facture.
Et dire qu’en cette première
édition organisée sous les aus-
pices du nouveau directeur du
CCM, Sarim Fassi Fihri, seuls
des films sélectionnés ont été
en compétition alors que les
années précédentes, tous les
films produits l’année d’avant
avaient le droit de passer en
compétition. La touche Sarim
Fassi Fihri n’a pas manqué de
faciliter la tâche au jury.
En fait, le premier homme du
CCM avait auparavant ordonné
la constitution d’une commis-
sion qui a trié sur le volet les
22 longs métrages soumis à
son attention, pour n’en gar-
der, au final, que 15. Ceux qui
n’étaient pas conformes aux
critères d’éligibilité sont ainsi
passés à la trappe.
Une sage décision qui a permis
de relever d’un cran le niveau
de la compétition n
Kenza Alaoui
cahier42-58.indd 57
Des investissements records dans les
productions cinématographiques en 2014
“American Sniper”,
de Clint Eastwood.
L
es productions cinématogra-
phiques étrangères ont connu
une hausse spectaculaire au
Maroc en 2014. Les chiffres relatifs
aux investissements en témoignent.
En une année, le montant global est
passé de 220,9 millions, en 2013, à
1,17 milliard de dirhams, un peu plus
que les recettes des cinq dernières
années combinées. Et c’est Sarim Fassi
Fihri, directeur du Centre cinémato-
graphique marocain (CCM), qui l’a
annoncé non sans fierté, le 28 février
2015, avant la clôture du 16e Festival
national du film (FNF) à Tanger.
Le patron du CCM a loué en long et en
large la situation politique stable et
avantageuse du Maroc, qui lui donne
une longueur d’avance sur ses concur-
rents du Moyen-Orient, la Jordanie
et les Emirats Arabes Unis. Le Maroc
attire de plus en plus les producteurs
cinématographiques étrangers, les
hollywoodiens particulièrement. La
bonne performance est imputable
également à l’existence d’une véri-
N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015 MAROC HEBDO INTERNATIONAL
CREDIT PHOTO: DR
table industrie cinématographique,
en particulier en termes de ressources
humaines, d’équipements et de stu-
dios.
En cette année record, le Maroc a
accueilli le tournage de 38 productions
étrangères, dont 27 longs métrages
et 11 séries télévisuelles, alors que le
nombre d’autorisations de tournage
accordées aux étrangers a atteint 631.
Américaines, anglaises, françaises,
allemandes, canadiennes, belges
et italiennes, la plupart des produc-
tions étrangères tournées au Maroc
occupent les premières places dans le
box-office américain. Il s’agit, notam-
ment, des longs métrages “American
Sniper”, de Clint Eastwood, “Rock The
Kasbah”, de Barry Levinson, “Queen Of
The Desert”, de Werner Herzog, “Mis-
sion Impossible 5”, avec Tom Cruise,
A.D. The Bible Continues ainsi que des
séries télévisées américaines “Trans-
porter», d’Eric Vallet, et “Odyssey”, de
Peter Horton n
M.K
57
05/03/2015 01:12
 CULTURE
Exposition au Musée Mohammed VI, à Rabat, du 5 mars au 3 juin 2015
DIRECT
Voyage dans l’histoire
EN COUVERTURE
du Maroc médiéval
PATRIMOINE. Le Musée Mohammed VI d’Art contemporain et moderne abrite
POLITIQUE
actuellement la grande exposition “Le Maroc Médiéval. Un empire entre l’Afrique et
l’Espagne”. inaugurée par le Prince Moulay Rachid, elle est aujourd’hui visible à la capitale
du royaume jusqu’au 3 juin 2015.
ECONOMIE
TRANSPORT
HIGH TECH
FINANCE
SOCIÉTÉ
U
n voyage fantastique dans
LA VIE
les méandres de l’histoire du
Maroc médiéval, voilà ce que
propose, en beauté, l’exposition inti-
PORTFOLIO
tulée “Le Maroc médiéval. Un empire
entre l’Afrique et l’Espagne”. Cet
événement, inauguré par le Prince
Moulay Rachid, se déroule actuelle-
CULTURE
ment au musée Mohammed VI d’Art
contemporain et moderne, à Rabat,
jusqu’au 3 juin 2015.
Après avoir élu domicile au Musée
ART DE VIVRE
du Louvre, à Paris, du 17 octobre
2014 au 19 janvier 2015, l’exposi-
tion fait aujourd’hui le bonheur
des Marocain en donnant à voir, à
58 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015
cahier42-58.indd 58
relire et surtout à comprendre la
période du XIème au XVème siècles,
qui constitue l’âge d’or de l’Occi-
dent islamique. «L’histoire ouvre la
voie à une meilleure compréhen-
sion du présent. C’est dans cet esprit
qu’il convient de comprendre cette
louable initiative d’une exposition
sur «Le Maroc médiéval. Un empire
entre l’Afrique et l’Espagne», qui
relate le récit d’une vocation, celle
de l’attachement indéfectible d’un
pays à ses valeurs, et offre au visiteur
de s’immerger dans les profondeurs
du Maroc médiéval», nous apprend
Bahija Simo, directrice des Archives
royales du Maroc. Aussi, à travers les
300 œuvres qui s’offrent généreuse-
ment au regard des visiteurs, cette
exposition d’envergure, organisée
par le musée du Louvre et la Fonda-
tion nationale des musées du Maroc,
permet de revenir sur les traces d’une
civilisation qui était à son apogée.
Décor architectural, textile, céra-
mique ou encore calligraphie, sont
autant de domaines où le génie des
artisans et artistes s’est illustré.
Vestiges somptueux
«Des œuvres exceptionnelles, dont
certaines provenant des grandes mos-
quées du royaume, rejoignent pour
quelque temps l’écrin du palais du
Louvre. De nombreux pays, comme
le Mali, la Mauritanie, l’Espagne,
Le Prince Moulay
Rachid, lors de Israël, ont accepté par leurs prêts de
l’inauguration de contribuer à ce voyage unique dans
l’exposition “Le
ce Maroc médiéval avec beaucoup
Maroc médiéval”.
de conviction et de générosité», ren-
chérit Jean-Luc Martinez, président
directeur du musée du Louvre.
Des Idrissides (fin VIIIe siècle-milieu
Xe siècle), aux Mérinides (1269-1465),
en passant par les Almoravides (1049-
1147) et les Almohades (1147-1269),
les dynasties se sont suivies en nous
livrant, tour à tour, des vestiges
somptueux, témoins d’une moder-
nité, avant l’heure n
Kenza Alaoui
05/03/2015 01:12
 CULTURE
“Maroc Diplomatique”
DIRECT

Le journal mensuel de Hassan Alaoui en kiosque

EN COUVERTURE

P
ensé depuis quelque temps par aguerri et un chevronné de l’informa-
Hassan Alaoui, directeur de la tion, qui se réalise. Un rêve partagé
publication, “Maroc Diplomati- par Souad Mekkaoui, professeur et
que” est enfin en kiosque. C’est une écrivaine, une belle plume au service
nouvelle publication mensuelle de du respect des droits humains et ceux
POLITIQUE

32 pages, qui porte l’ambition de se notamment de la femme, qui assume

distinguer par le traitement de l’in- la charge de directrice de la rédac-
formation sous l’angle de l’analyse, tion.
du commentaire et de la réflexion. Un Lauréat de l’Ecole supérieure de journa-
ECONOMIE

journal thématique, avec, en plus du lisme de Lille en 1975, Hassan Alaoui,

“Cahier diplomatique”, qui livre une après des stages en France, dans les
analyse des mouvements et des ten- grandes rédactions de la capitale, a
dances de la politique étrangère à par- débuté une longue et riche carrière
TRANSPORT

tir du Maroc ou vers le Maroc, d’autres au groupe Maroc-Soir, dont il était,

rubriques traitent de l’actualité natio- dès son retour au Maroc, rédacteur en
nale, régionale et internationale. chef du quotidien du même nom puis
C’est un peu le rêve de notre confrère directeur de la rédaction du “Matin du
Hassan Alaoui, un professionnel Sahara” n
HIGH TECH

RENCONTRE EXPOSITION
Avec Gabriel Banon autour Razak étale ses “haïkus picturaux” à Safi
FINANCE

de son livre “Un regard sur le monde”

V endredi 20 février 2015, l’économiste et E ntre poésie et peinture, le cœur de Razak chavire. Entre les deux, il
est hors de question de faire un choix. Pourquoi le faire alors qu’il
SOCIÉTÉ

expert géopoliticien Gabriel Banon était
l’invité des Cafés Littéraires du Sofitel Casablanca
Tour Blanche. Devant un parterre de journalistes et d’amateurs
de littérature, il a présenté son nouvel ouvrage “Un regard sur le
LA VIE
est possible de les pratiquer, non pas tour à tour, mais en même temps
et pour créer une même œuvre. Ce défi, Razak Abderrazak l’a relevé à
travers une exposition intitulée “Haïkus picturaux”, visible actuellement
à l’Alliance française de Safi jusqu’au 31 mars 2015. A cette occasion,

monde”. C’était donc l’occasion de revenir avec ce spécialiste sur les l’auteur de ces œuvres originales, également initiateur du Prix Inter-
événements qui ont marqué le monde ces 5 dernières années. national de l’Humour (10 éditions) a
Avec son regard d’analyste et de fin observateur, Gabriel Banon a organisé une séance de dédicace de
procédé au décryptage des informations qui nous inondent et dont ses livres à la médiathèque de cette
PORTFOLIO

nous faisons des lectures premières. Politique extérieure des Etats institution culturelle. Cette exposition
Unis, retombées du Printemps arabe, conflits internationaux qui unique en son genre s’inscrit dans une
déchirent la planète… tout passe sous la loupe de Gabriel Banon, perspective d’envergure, puisqu’elle
qui en analyse la portée et les répercussion sur la (re) définition d’un sert de prélude aux 1ères Olympiades
CULTURE

nouvel ordre mondial. C’est que ce natif de Casablanca a évolué dans
la sphère politique et diplomatique pendant plusieurs décennies. En
effet, il a assumé différentes fonctions dans le secteur public. Grâce
à son parcours, il a été sollicité par différents chefs d’État pour oc-
ART DE VIVRE
des Haïkus en gestation.
Avec ses deux casquettes d’écrivain et
d’artiste peintre, Razak passe le clair de son temps entre les salons de
livres et les expositions. Il a à son actif plusieurs ouvrages dont “Au-delà

cuper le poste de conseiller. En décembre 1993, Gabriel Banon a été de l’Artifex, je dis”, (Ed. Maxime, Montréal, Canada, 1995), “Bouzghiba-
nommé conseiller économique en chef par Yasser Arafat. Le 1er juin Awards” (Elmoutaki Printer, Mohammedia, 2008, tome 1), “Mère Gé
2005, il devient conseiller auprès du Conseil de Sécurité Economique face aux tribulations de Père Dé”, (EdiLivre, décembre 2012)…
Plusieurs
de la Fédération de la Russie n autres livres sont en cours d’édition n K.A

60 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015

cahier59-66.indd 60 05/03/2015 14:40

 Agenda
Les 5, 6 et 7 mars 2015
Spectacle
Les blessures de Montanaro
Poursuivant une expérimentation
liant musique et poésie, Montanaro
choisit avec Benat Achiary (chan-
teur basque) et Anouar Dekkaki
(moqaddem issaoui de Meknès)
de dialoguer autour de poèmes
français, occitans et arabes. De ce
mélange est né le spectacle “Les
blessures de Montanaro”, qui sera
présenté le 5 mars 2015 à l’Institut
français de Meknès. Le 6 mars 2015,
à l’Institut français de Rabat et le
7 mars 2015 à l’Institut français de
Casablanca.
En invitant Aurélia Lassaque à s’ins-
pirer du Maroc pour en donner une
lecture occitane, il perpétue ainsi
sa mission de passeur à travers la
confrontation féconde de poèmes
choisis (chantés, récités en trois lan-
gues) et d’une musique tradition-
nelle renouvelée laissant une large
place à l’improvisation n
Les 6 et 7 mars 2015
Théâtre
“L’homme qui vivait debout”
“L’homme qui vivait debout” est le
titre d’une pièce de théâtre mise
en scène par Philippe Lecomte et
interprétées par Françoise Olivier,
Françoise Grandvoinet, Mohamed
Benjeddi, Hamid Laafoui. Elle sera
présentée au public le 6 mars 2015
au Centre Culturel ORMVAM, à
cahier59-66.indd 61
Berkane; et le 7 mars, au Conserva-
toire de Musique, à Oujda. L’action
de “L’homme qui vivait debout” se
passe en 2075. À la suite des boule-
versements mondiaux, l’humanité
est contrainte de vivre recluse dans
un espace confiné. Les hommes
sont surveillés par un Nouvel Ordre
Mondial. Ils n’ont plus accès à la
culture sous quelque forme que
ce soit. Dans cet espace-temps
non défini, à la fois fresque intime
et moments de réflexion sur un
monde dénué d’humanité et de
créativité, cette création franco-
marocaine raconte la petite et la
grande histoire... n
Jusqu’au 8 mars 2015
Exposition
“Ainsi-soient-elles”
Lors de sa résidence à Jardin Rouge,
l’artiste peintre Cédrix Crespel s’est
interrogé sur la féminité orientale
contemporaine, ses paradoxes et
ses ambiguïtés. Le “Secret femme”
semble être la quête de ce peintre
séducteur et conscient du pouvoir
de sa peinture. Affranchi des rets
d’une société, il a consacré ses 11
toiles réalisées durant sa résidence
marocaine, à sa passion pour la
femme en ébranlant les non-dits
et les interdits. Ces œuvres sont à
découvrir au Jardin Rouge, à Mar-
rakech, jusqu’au 8 mars 2015. La
peinture de Cédrix Crespel traduit
la féminité absolue au travers d’un
imaginaire masculin trahissant
ce qui détermine la relation de la
femme à son corps et à sa féminité.
L’artiste insiste sur les regards, les
objets et les parures, reprenant là
quelques clichés de la femme tout
en y introduisant des éléments
modernes. Les grands aplats nets,
colorés, vifs et délimités sont en
quelque sorte la traduction plas-
tique de la personnalité de l’artiste
n Paris, Miami et Houston, l’artiste
Le 12 mars 2015
Danse
Hip Hop avec le groupe Lhiba
Kingzoo: Rich Maych
La Villa des Arts de Casablanca ac-
cueillera, le 12 mars 2015, à 20H00,
le groupe de danse Lhiba Kingzoo.
Ce groupe a vu le jour dans la ville
de Casablanca en 2005. Très vite, il
s’est imposé sur la scène Hip-Hop,
devenant assez vite le groupe le
plus titré du Maroc.
Grâce à leur ambition, leur sérieux
ainsi qu’à leur originalité, ils ont
réussi à faire parler d’eux aussi bien
sur la scène culturelle nationale
mais aussi sur la scène Hip-Hop
internationale, puisque aujourd’hui
leur notoriété dépasse les frontières
du royaume. Entre leur début en
2005 et 2014, le groupe a très vite
N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015 MAROC HEBDO INTERNATIONAL
grimpé les marches de la compé-
tition, s’imposant plusieurs fois
comme champion incontestable
du Maroc, d’Afrique, et même vice-
champion aux mondiaux de 2010
au Danemark, et représentant le
Maroc officiellement aux jeux de
Francophonie, organisés à Nice, en
2013 n
Jusqu’au 14 mars 2015
Exposition
Women’s Art World
Après le succès du Women’s Art
World (WAW) Casablanca, Milan,
peintre Hayat Saidi, fondatrice du
(WAW), organise la sixième édition
de cette manifestation d’envergure.
Depuis le 2 mars 2015, plusieurs
artistes femmes sont à Agadir en ré-
sidence d’artiste pour une semaine
à l’occasion de la Journée Mondiale
de la Femme. Le fruit de ces jours
de travail sera exposé jusqu’au
14 mars au Musée du Patrimoine
amazigh, à Agadir. Cette édition
du WAW connaît la participation
d’artistes femmes de plusieurs
nationalités, dont l’Allemagne,
l’Arabie Saoudite, l’Espagne, la
France, l’Irak, l’Italie, le Liban, le
Maroc, la Palestine, le Portugal,
la Russie, la Slovaquie, l’Ukraine
et les USA. Cet événement vise le
rapprochement des peuples et le
partage des valeurs de tolérance et
de paix ainsi que l’émancipation de
la femme à travers l’art n
61
05/03/2015 14:40
 LIVRES
“La Révolution n’a pas eu lieu”, de Sonia Terrab
DIRECT

Le temps des illusions

EN COUVERTURE

Roman. “La révolution n’a pas eu lieu” peut être l’histoire de

plusieurs de ces jeunes qui ont mené les manifestations du
20 Février, mais qui ont dû se résigner face à la réalité.

Q
POLITIQUE

uatre ans après la sortie de son pre- ils sont déchaînés. Ils crient et leurs cris
mier livre, Shamablanca, l’écrivain font de la musique, ils hurlent et c’est un
Sonia Terrab sort un nouveau roman opéra fabuleux. Mèche rebelle, tee-shirt
intitulé La révolution n’a pas eu noir et haut-parleur blanc, un Che en deve-
lieu. Avec en toile de fond, le Printemps nir se dresse de toute sa jeunesse sur son
ECONOMIE

arabe. Pour l’auteure, ce roman raconte char improvisé pour scander des mots plus
l’histoire d’un Ylias, un jeune homme qui grands, plus vieux que lui : liberté, justice,
poursuit ses études supérieures à Paris espoir», écrit-elle.
et qui a décidé de rentrer au pays, après Le cas de Ylias est d’autant plus compliqué
TRANSPORT

l’éclatement des révoltes arabes en 2011, puisqu’en plus du fait qu’il voit son rêve de
notamment en Tunisie, et les premières changer les choses s’anéantir, son amour
manifestations du 20 Février au Maroc. Son pour une jeune fille de 20 ans, Meya, le
idée est de prendre part à la contestation, perturbe davantage.
HIGH TECH

voire d’en être un acteur actif. Une période En un mot, le roman peut être l’histoire de
qui a duré de février à juillet 2011 avec plusieurs de ces jeunes qui ont mené les
l’adoption de la nouvelle constitution. manifestations du 20 Février, mais qui ont
Mais ce n’était qu’une illusion, d’après dû se résigner face au poids de la réalité…n
l’auteure, puisque le roman qui raconte
FINANCE

ce printemps marocain est en fait celui de ter… D’où d’ailleurs le titre La révolution I.N.
l’incapacité d’être, de changer, de se révol- n’a pas eu lieu. «Ils sont dix, ils sont cent, Editions La Croisée des Chemins.
SOCIÉTÉ

Le Maroc au Salon international du livre de Riyad

L e salon international du livre de Riyad a ouvert, jeudi 5
mars 2015, ses portes au grand public avec la participa-
Une offre éclectique tion d’éditeurs marocains. Cet événement culturel, connait
LA VIE

la participation de cinq maisons d’édition marocaines qui

proposent aux visiteurs des œuvres très diversifiées allant
de la littérature aux écrits sur l’histoire, la politique, la pen-
PORTFOLIO

sée arabe et islamique, voire l’art culinaire marocain.

Organisé sous le thème “Le Livre ... Coexistence”, ce salon,
qui se poursuivra jusqu’au 17 mars 2015, est considéré
comme l’un des événements culturels majeurs en Arabie
CULTURE

saoudite en attirant, chaque année, plus d’un million de

visiteurs.
La présente édition compte la participation de 915 maisons
d’édition de 29 pays, arabes et étrangers, sur une superfi-
ART DE VIVRE

cie d’exposition de 23.000 m2. Le Maroc est représenté à

cette édition par Dar al-Amane, Dar Toubqal, Dar al-Kitabe
Al-maghribi, le Centre du patrimoine culturel marocain, et
Afriqia Asharq n

62 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015

cahier59-66.indd 62 05/03/2015 14:40


CREDIT PHOTO: DR
“Les Séquestrés”, de Fouad Souiba
La manipulation médiatique
du “printemps arabe”
Intox. L’auteur estime que le public est manipulé et
«séquestré» par une presse visant à installer chez lui une
«vision de sens unique» autour de l’évolution du monde.
L
e journaliste et cinéaste
Fouad Souiba a présenté,
mercredi 4 mars 2015, à
Rabat, son nouveau roman, Les
séquestrés, qui aborde la mani-
pulation médiatique de l’actuali-
té arabe, notamment les grands
événements survenus dans le
cadre du “printemps arabe”.
Présenté à la Bibliothèque na-
tionale du Royaume du Maroc
(BNRM), ce roman publié par les éditions
Smein, se manifeste comme “un cri” contre
la manipulation médiatique des grands
événements qui ont secoué plusieurs
pays arabes, exercée par certains médias
«d’obédience idéologique très manifeste»,
selon l’auteur.Paru en format moyen et en
près de 330 pages, cet ouvrage explique,
selon M. Souiba, les causes qui ont contri-
bué à la création de ce qu’on appelle “le
printemps arabe” et à la sortie dans la rue
de plusieurs millions de citoyens arabes
pour crier leur désarroi et revendiquer la
chute des régimes de leurs pays.
«J’ai essayé à travers ce roman d’analy-
ser autrement les causes de la révolution
cahier59-66.indd 63
des peuples arabes qui a secoué
plusieurs régions, notamment
la Libye, à travers l’utilisation
de l’histoire fictive d’une famille
marocaine résidant en Libye», a
déclaré M. Souiba lors de cette
rencontre. Par ailleurs, l’auteur
estime que les consommateurs
de certains médias, notamment
audiovisuels, sont «administrés
et guidés par l’image». Le pu-
blic est manipulé et «séquestré» par une
presse qui s’adresse à des millions de per-
sonnes d’une façon visant à «installer chez
elles une vision de sens unique» autour de
l’évolution du monde, tout en leur déniant
le «droit d’avoir leurs propres points de vue
et leurs propres positions».
Cette soirée intellectuelle a été marquée
par une lecture littéraire du roman pré-
sentée par Dr. Naji Al Amjady, expert en
communication et éducation, ainsi que par
l’intervention de plusieurs universitaires,
journalistes, critiques et intellectuels qui
ont donné leurs témoignages sur le ro-
mann
Éditions Smein
N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015 MAROC HEBDO INTERNATIONAL
COUP DE COEUR
Management. En voilà un livre
d’actualité qui vient nous rappeler à
l’ordre. Nous, consommateurs infati-
gables, fruits d’une culture moderne
qui laisse peu de place à la spiritua-
lité et à la méditation. Conséquence
de la crise de 2008, de la mutation
de civilisation actuelle et de l’accé-
lération considérable du rythme de
vie, le monde dans lequel évoluent
les consommateurs et les salariés est
marqué par l’incertitude. Dans cet
environnement instable, chacun a
besoin de repères, de sens et de lien.
A travers son dernier livre Le leader-
ship de l’amour, Emmanuel Toniutti
montre comment développer et
mettre en œuvre
une démarche dans
laquelle l’amour
devient le point
d’ancrage des
comportements
des leaders respon-
sables du futur.
Cette démarche
originale et nova-
trice peut paraître
assez étonnante,
elle n’en est pas
moins efficace. Bien
que les leaders, pétris d’une culture
de domination, voire de prédation,
peuvent paraître assez réticents à
une telle recommandation, ils gagne-
raient plus à tenter cette expérience
de l’amour. Dans ce sens, l’amour
n’est pas à prendre dans le sens de
la «passion violente» mais dans celui
de «donner envie, rendre fier, être en
empathie avec ses équipes», comme
le précise dans la préface du livre
Jacques Richier, Président directeur
général Allianz France. Le leadership
de l’amour tend ainsi à démontrer
que le rôle économique et social
d’une entreprise peut trouver un
point d’équilibre s’il –et seulement
s’il- existe une relation d’amour sin-
cère entre les parties prenantes n
K.A
“Le leadership de l’amour”,
d’Emmanuel Toniutti
Editions IECG
63
05/03/2015 14:40
 COURRIER
La parole aux lecteurs, ça v
Prisons
Et les détenus de droit commun?
Vous avez consacré votre dossier central de la
semaine dernière (Maroc Hebdo n°1107) à la
question des prisons comme lieu de recrutement
de jihadistes. Le sujet est certes d’actualité, mais
je pense que parler des prisons aurait mérité une
certaine attention aux détenus de droit commun
et ce qu’ils endurent. Je ne suis pas là pour les dé-
fendre, celui qui a commis un délit ou un crime
doit payer.
Mais comment ne pas en faire des récidivistes,
c’est là le principal enjeu. L’Etat depuis quelques
années a consenti des efforts considérables pour
l’éducation des détenus et leur apprentissage de
S. Belkbir, métier. Mais il faut un suivi rigoureux et la presse
Casablanca peut jouer un rôle essentiel dans ce sens n
CONDOLÉANCES
Décès de Meriem Aherdan
Nous avons appris avec tristesse le décès, survenu mardi 3 mars
2015, à Rabat, des suites d’une longue maladie, de Meriem
Aherdan, épouse du leader du Mouvement populaire et ancien
ministre Mahjoubi Aherdan.
D’origine française, la défunte a accompagné M. Aherdan
durant toute sa vie politique du temps du protectorat et pendant
toutes les péripéties ayant entouré la création du Mouvement
populaire à la fin des années cinquante et les diverses scissions
que le parti a connues.
La défunte a été inhumée dans le village natal de M. Aherdan,
Oulmès, dans le Moyen Atlas.
En cette douloureuse occasion, nous présentons nos sincères
condoléances à toute la famille Aherdan et aux proches de la
défunte.
64 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015
cahier59-66.indd 64
Par Ali Alaoui, Salé
Radioscopie de la merveilleuse main
L e piquant de l’aventure qu’il serait redoutable
de se trouver privé de ses mains. Étant le tou-
cher celui des cinq sens par lequel on connait l’état
extérieur des corps, la main forme un ensemble
merveilleux de leviers et de charnières, actionnée
et commandée par le cerveau. Ayant la manie de
m’intéresser à la main. De la naissance à la mort,
les mains ne demeurent jamais immobiles, hormis
dans le sommeil. Si une personne perdait la vue,
elle lirait en braille avec ses doigts. Muette, elle
s’exprime grâce à la main en utilisant l’alphabet
des sourds-muets. Étant la mécanique de précision
la finesse de son sens tactile est telle que si l’on
veut déterminer la quantité de la terre, en la faisant
tourner entre les doigts, ou juger de la beauté d’une
étoffe au toucher grâce au réseau hyper-perfectionné
des nerfs, je recueille les sensations tactiles, celles
du froid, du chaud et de la douleur. Aussi extraordi-
nairement qu’ingénieux, les empreintes digitales ont
un mode unique et différent d’un individu à l’autre,
tellement que nulle part au monde, on n’en trouvera
d’identiques à mes empreintes digitales. Toutefois,
les mains sont exposées à diverses infections en
l’occurrence, les mycoses, les allergies et les mains
mottes. Les tendons sont sujets à des déchirures et
les muscles éprouvent des crampes. Outre, l’arthrite
et l’arthrose guettent les articulations. En hiver,
sans gants les mains et les doigts s’engourdissent
en quelques minutes. Dans le même ordre d’idée,
il fut un temps où la perte d’une main eût été un
désastre. Actuellement, un chirurgien habile peut
procéder à la transposition de la main coupée avec
outs ses nerfs, ses tendons et ses vaisseaux. Certes,
la chirurgie de la main a fait de grand progrès dont
peuvent bénéficier les sujets qui naissent des doigts
palmés ou des doigts supplémentaires n
05/03/2015 14:40
a va mieux en le disant
Le 8 mars
Une fête entachée de violence
Rares sont les occasions où l’on met au devant de la scène na-
tionale et internationale les mérites de la femme, ses exploits,
ses luttes pour une émancipation totale et surtout son combat
contre la discrimination, les injustices sociales et la violence.
La “Journée de la femme” coïncide cette année avec une mon-
tée de l’obscurantisme dans le monde musulman et surtout
dans les foyers de l’organisation de l’EI, illustrée par des lapi-
dations, des exécutions sommaires et des enlèvements. Cette
barbarie a atteint les vestiges de notre propre civilisation que
nos ancêtres ont tant bien que mal préservés et transmis. Dans
ces milieux, la femme a été contrainte et forcée au mariage et
à l’exploitation sexuelle, reléguée ainsi au second plan, avilie
et replongée dans un monde régi par des phallocrates dému-
nis de tout sens de civisme ou de démocratie.
La femme marocaine est, grâce à Dieu, sur la voie de l’éman-
cipation, de l’égalité, de la valorisation de sa précieuse contri-
Ahmed El bution à l’effort de développement et surtout de l’acquisition
Alaoui, de plus de droits dans une société de plus en plus favorable à
Fès l’ouverture sur le monde. Le chemin est encore long à cause
cahier59-66.indd 65
des résistances que rencontre tout projet de changement de la
condition de la femme et des immuables représentations dans
l’esprit du mâle de sa partenaire. Le monde évolue à grande
vitesse, les modes de vie des communautés humaines se méta-
morphosent et les conditions de vie deviennent de plus en plus
difficiles. Les exigences des temps modernes sont identiques
aussi bien pour l’homme que pour la femme. Il est donc impé-
ratif que leurs droits soient similaires et égaux. La femme est
actuellement présente aux côtés de l’homme dans tous les
domaines et constitue avec lui la locomotive du développe-
ment et du progrès.
L’homme est donc appelé à se rendre à l’évidence, à reconsi-
dérer son comportement vis-à-vis de cet être à la fois subtil et
ingénieux et à se garder de le violenter. L’homme et la femme
doivent se respecter, s’accepter dans l’égalité, se compléter et
surtout aspirer ensemble à une société harmonieuse et équili-
brée. Unis, ils réaliseront des miracles, façonneront le monde
à leur guise. Désunis, ils œuvreront à la désintégration de la
société, perpétueront les tares du passé et perdront les acquis
d’un long combat n
05/03/2015 14:40

Par Driss Fahli
DIRECT
De la veuve au handicapé
EN COUVERTURE
A
près la veuve et
l’orphelin, voilà
venu le tour des
POLITIQUE
promesses pour
le handicapé.
Avec l’approche révisée des
élections, le gouvernement
s’ingénie à transformer l’argent
ECONOMIE
public, ramassé à coups de cré-
dits en dollars et d’essorage des
contribuables facilement acces-
TRANSPORT
sibles, en donations à la veuve,
à l’orphelin et le handicapé. Les
largesses gouvernementales
vont aussi aux fonctionnaires
handicapés de leurs mains qui
HIGH TECH
pullulent dans les ruches d’une
administration où le pot de
thé a remplacé le pot-de-vin.
Se sucrer par délectation est
FINANCE
mieux que s’enivrer en toute
ébriété. Heureusement que les
handicapés mentaux ne sont
pas prévus au programme.
SOCIÉTÉ
Avec tous les coupeurs de têtes
et les casseurs de cultures
potentiels de cette exécrable
LA VIE
donne mondiale, le trésor
public serait siphonné en un
rien de temps.
PORTFOLIO
Mais que voulez-vous ? Le
bulletin de vote a des raisons
que la raison ne connaît pas.
Le gouvernement oint les
CULTURE
élections et les élections font
le gouvernement, nous autres
spectateurs des intrigues nous
sommes là pour payer les pots
ART DE VIVRE
et les pots cassés. Si on était au
moins assuré qu’avec ce binz
issue du génie éminent de je
66 MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1108 - Du 06 au 12 mars 2015
cahier59-66.indd 66
ne sais quelle cervelle, on allait
trouver les hommes politiques
qu’il nous faut pour aller de
l’avant, on pourrait se la fermer
en compensation de la satisfac-
tion de trouver sur le terrain ce
qu’on nous taxe de la poche. Le
pas recommandable Adolf Hitler,
qui s’y connaissait en chameaux
et en propagande, disait «qu’on
a plus de chance de faire passer
un chameau par le chas d’une
aiguille que de découvrir un
grand homme au moyen d’une
Le trésor public
serait siphonné
en un rien de
temps.
élection». Va donc pour les p’tits
hommes, la propagande, la veuve,
l’orphelin, et tout le reste.
Certes, le pays se doit d’aider ses
nécessiteux, mais même au 21ème
siècle, apprendre à pêcher à celui
qui a faim, vaut toujours mieux
que de lui donner un bout de
sardine.
Nos handicapés, qu’ils soient
pauvres ou riches, ne peuvent
même pas circuler en ville sur
leurs chaises roulantes. Rien n’est
fait pour leur accueil spécifique.
CHRONIQUE
Les écoles ne sont pas faites
pour eux. La chance d’avoir
www.maroc-hebdo.press.ma
un emploi pour un handicapé
physique est comparable à
découvrir une aiguille dans
une meule de foin. Les trottoirs
de la ville sont annexés par les
terrasses librement étendues
des cafés et par des nuées
de vendeurs de toc de toutes
sortes qui barrent le chemin.
La meilleure façon de les aider
n’est pas de leur refiler deux
biffetons et trois sous, mais de
construire l’environnement
auquel ils ont droit au nom de
l’égalité des chances. Mes-
sieurs les bons samaritains du
gouvernement, réservez donc
cette aumônière pour la fon-
dation d’écoles pour les élèves
en situation de handicap. Des
écoles inclusives qui savent
s’adapter à leurs besoins.
Une veuve est une femme dont
le mari légal est mort en lui
laissant souvent des orphelins.
Plus que la veuve et l’orphelin
il y a la jeune fille mère et son
enfant adultérin taxé sociale-
ment de bâtard.
Ces deux êtres sont exclus des
générosités gouvernementales.
Ils n’ont qu’à crever sous le
poids de la honte et du silence.
Pire, leur soutien peut s’avérer
contre-productif électora-
lement dans une société qui
croule encore sous le poids de
l’ignorance et des tabous n
Casablanca le 4 mars 2015
05/03/2015 14:40