Vous êtes sur la page 1sur 4

Exposé/Islam

II- L’Islam au Sénégal et ses Démembrements

1) Les Grandes Familles Religieuses et leurs Caractéristiques 

L’Islam est présent en Afrique soudano-sahélienne depuis le XIe siècle et s’y est propagé
jusqu’au XIXe siècle. C’est pour assurer la gestion de la Cité que les régimes aristocratiques
tieddo (animistes pour la plupart) recrutèrent des marabouts comme cadis, secrétaires,
chanceliers. En effet, ces derniers étaient surtout considérés comme des lettrés et des
intellectuels. C’est seulement à partir de la fin du XVIIe siècle que les marabouts commencèrent
à mener la guerre sainte contre l’aristocratie locale pour lutter contre l’esclavage qu’elle
pratiquait. A l’indépendance du Sénégal, le pouvoir des marabouts était déjà bien posé. État dans
l’État au temps du pouvoir colonial, les confréries maraboutiques devinrent grâce au pouvoir
économique (culture de l’arachide, cotisations des fidèles) de véritables contre-pouvoirs
potentiels. Les hommes politiques sénégalais comprirent aussi dès l’Indépendance leur influence
et vont tenter de s’en approprier. Senghor, bien qu’étant chrétien, obtient le soutien des
marabouts pour remporter la victoire contre Lamine Guèye (aristocrate de Saint-Louis et premier
juriste noir de l’Afrique française) et rester au pouvoir par la suite.

a) La confrérie des Tidianes :

La Tijaniyya (Tarîqah Tijâniyyah) est la plus importante confrérie soufie du Sénégal. Au


Sénégal, la Tijaniyya a pour principale ville sainte Tivaouane où élut domicile le guide Seydi
Hadji Malick Sy, décédé en 1922, qui répandit un enseignement pacifiste. Il y a aussi Thiès, où le
guide Elhadji Ahmadou Barro Ndieguene (1825-1936) a éclairé les ténèbres qui enveloppaient
cette cité qui était jadis le lieu de rencontre des débauchés, des consommateurs de boissons
enivrantes. A la suite de son excellent exemple de piété et de dévotion a transformé les habitants
en hommes de Dieu. Il y a Sokone Avec El Hadji Amadou Dème (1895-1973). Kaolack est aussi
une ville importante car étant le siège du guide Baye Niass (1900-1975) qui répandit lui aussi un
enseignement pacifiste. Les premiers propagateurs étaient Oumar Tall qui essaya de mener une
guerre sainte (1852-1864) contre les Français et Mouhammadoul Hâmet BA, qui se déclara par la
suite comme étant le Mahdi attendu et dont Cheikh Tidiane Cherif disait qu’il serait son disciple,
il reçut son initiation à la tariqa, en même temps que Oumar Tall qui était son condisciple et
gendre, des mains de Abdoul Karim Diallo, ceci vers 1820. A sa disparition, son fils aîné
Cheikhou Ahmadou BA engagea la guerre sainte, plus de vingt batailles contre le colon et les
ceddos qui imposaient leurs puissances aux Baadolos, il fit appel à Ahmadou Ndack Seck,
d’origine cherifienne comme lui. Celui-ci fonde Thienaba Seck en 1882, après la guerre sainte Ils
opposèrent une résistance jamais vue au colon jusqu'à la bataille de Samba Sadio le 11 février
1875, où ils furent vaincus par une coalition composée des français, de Lat Dior, d’Alboury et
d'autres rois ceddos. D’après le dernier recensement général de la population sénégalaise (en
2002), environ 60 % des Sénégalais sont membres de la Tijaniyya, qui serait la confrérie la plus
représentée dans le pays.

b) La Confrérie des Mourides :

Les mourides constituent l’une des confréries importantes, la plus importante confrérie soufie
née en Afrique subsaharienne. Le centre religieux des mourides est Touba où se trouve l’une des
plus grandes mosquée d’Afrique. Le fondateur de la confrérie est le marabout Ahmadou Bamba
(1853 - 19 juillet 1927). Le pouvoir colonial français lui créa moult problèmes. Chaque année, les
mourides commémorent l’exil de Bamba : c’est le Magal, célébré dans la ville sainte Touba et qui
rassemble chaque année pas moins de 2 millions de pèlerins. De par sa dévotion, le mouride doit
être un homme de prière selon Cheikh Ahmadou Bamba, ému de compassion pour tout paysan,
surtout celui qui vit dans la pauvreté, ainsi il est du ressort du mouride de lui proposer une voie
mystique libératrice et valorisante. Ainsi, les mourides constituent environ 28 % de la population
sénégalaise.

c) La Confrérie des Layennes :

La Layeniyya est une confrérie musulmane basée sur le mahdisme. C’est l’une des confréries
soufies du Sénégal, et est originaire de Yoff, village Lébou devenu l’une des communes
d'arrondissement de Dakar. Son fondateur est Seydina Limamou Laye. Il a commencé sa
prédication le 24 mai 1883, à l’âge de 40 ans, se présentant comme l’imam des « Bien Guidés »
ou « imamoul Mahdi ». Il a enseigné et a prêché la droiture et un culte religieux « propre et
sincère », débarrassé des traditions qu'il jugeait non conformes à l’Islam. En effet, la confrérie
layenne insiste beaucoup sur l’égalité entre hommes et femmes, entre races et castes. Elle prône
la pureté (les fidèles layennes portent un vêtement blanc dans leurs différents rassemblements).
En outre, leur confrérie privilégie la charité : l’aumône doit être prélevée sur tout gain. Leur
pratique religieuse coexiste avec le maintien de nombreuses coutumes traditionnelles, surtout
chez les femmes.

2) Les Autres voies et les Réformistes :


a) Chiisme :

L’Islam chiite au Sénégal est pratiqué par un nombre croissant de Sénégalais, ainsi que par la
communauté libanaise au Sénégal. L’Islam Chiite est la religion principale de la communauté
libanaise établie au Sénégal depuis plus d’un siècle. Il est également pratiqué par un nombre
croissant de Sénégalais natifs, y compris les peuples Wolof et Peul. Depuis les années 1970, et
surtout avec l’arrivée de la communauté Mozdahir et de son guide Cherif Mohamed Aly Aidara
au début des années 2000, le nombre de sénégalais chiite a régulièrement augmenté dans les
zones urbaines et rurales. Mara A. Leichtman, anthropologue américaine à la Michigan State
University, a également mené des études anthropologiques sur les principales organisations
chiites au Sénégal telles que l’Institut Mozdahir International (IMI), dirigé par le chef religieux
chiite sénégalais Chérif Mohamed Aly Aïdara. Selon Leichtman, les différents projets de
développement rural de Mozdahir contribuent à combler le fossé urbain-rural entre les
musulmans chiites au Sénégal et ont contribué à augmenter le nombre de musulmans chiites au
Sénégal.

b) Le Wahhabisme :

Le réformisme musulman a été introduit pendant la période coloniale par l’Union culturelle
musulmane (UCM). Le salafisme a été introduit au Sénégal en 1956 par Mamadou Ba, un
étudiant de retour d’Arabie saoudite qui a créé le mouvement Al Fallah. Le mouvement
Jama’atou Ibadou Rahmane (JIR) (association des serviteurs de Dieu) est l’une des premières
associations islamiques de grande envergure, née d’une dissidence au sein de l’UCM. Son
idéologie est originaire du Pakistan et le mouvement a été fondé à Thiès le 30 janvier 1979. Son
amir est actuellement Serigne Babou, remplacé en 2017 par Abdoulaye Lam. Par extension, «
ibadou » a fini par qualifier chez la population sénégalaise le fondamentalisme ou le salafisme en
général. Le mouvement Ibadou Rahmane, hostile aux traditions sénégalaises et à
l’occidentalisation, a pris de l’ampleur au début des années 2000. Outre le JIR, on recense le
MRDS, l’AEMUD, le Falah, un groupuscule né en 2002 et nommé Masrala al Bayra (MAB)
(littéralement « Litige sur la question de l’allégeance au pouvoir »), l’Ecole supérieure africaine
des hautes études islamiques fondée par Ahmet Lo. Une des figures les plus éminentes du
salafisme est Alioune Ndao.

Conclusion Partielle :

En définitive, il convient de dire et de retenir qu’il y a toujours eu dans l’Islam une double
tendance : la science et la mystique. A la naissance d’une confrérie, il y a toujours chez les
adeptes un intense aspect missionnaire, et pour ce qui est du Sénégal, l’islamisation doit
beaucoup au confréries. Par ricochet, ce sont elles qui sont allées dans les plus petits villages,
et ont donné à l’Islam sénégalais toute la masse du peuple, depuis la fin du 19 ème siècle. Le
Sénégal est composé à plus de 94 % de musulmans et cette population pratique un islam
sunnite fondé sur la théologie ash’arite, la jurisprudence malikite et le soufisme, représenté au
Sénégal par les confréries suivantes : la Tijaniyya, le mouridisme, la Qadiriyya et la
Layeniyya. Plus récemment, le mouvement Naby Allah a émergé et construit la mosquée de
la Divinité à Ouakam. Aujourd’hui, l’Islam sénégalais représenté par les confréries, reste
pourtant garant d’un Islam « modéré » face à ce qui apparaît souvent comme un Islam plus
dur, originaire du Maghreb et des pays arabes. Mais même si les marabouts ont un rôle très
important dans ce pays à majorité musulmane (rôle d’éducation, de conscience morale), la
séparation entre pouvoir politique et pouvoir religieux reste seule garante de la démocratie.

Vous aimerez peut-être aussi