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INTRODUCTION

Présentation. Le socialisme, le communisme et le syndicalisme désignent trois doctrines nées au


XIXe siècle. Elles ont pour point commun de défendre les droits des ouvriers. Alors que le
socialisme et le communisme sont deux mouvements politiques, l’un modéré, l’autre radical, qui ont
pour but la prise du pouvoir, soit par l’élection, soit par la révolution, le syndicalisme est un
mouvement professionnel qui a pour objet d’améliorer la condition sociale des ouvriers à l’intérieur
des usines.

Problématique. Quelle histoire le socialisme, le communisme et le syndicalisme ont-ils connu en


Allemagne depuis 1875, année du congrès de Gotha au cours duquel le mouvement ouvrier
naissant s’est unifié ? Cette unité sera-t-elle préservée, au nom de la défense des ouvriers,
présentée comme un intérêt supérieur, ou bien volera-t-elle en éclats sous l’effet des divisions
internes ?

Plan. En fait, jamais le mouvement ouvrier n’a offert le spectacle de l’unité. Tout au long de son
histoire, au contraire, la gauche allemande est apparue divisée : d’une part, entre 1875 et 1918 ;
d’autre part, entre 1918 et 1945 ; enfin, de 1945 à nos jours.

DEVELOPPEMENTS
[I] Entre 1875 et 1918, au temps du IIe Reich, la période est marquée par la naissance puis
l’enracinement du mouvement social.

[A] C’est en 1875, au congrès de Gotha, que la gauche, jusqu’alors divisée, décide de s’unir pour la
première fois de son histoire sous le nom de SAP. En réaction, le chancelier conservateur Bismarck
adopte en 1878 la loi antisocialiste qui interdit à la gauche : les partis, les syndicats, les journaux, les
grèves et les manifestations.

[B] En 1890, cependant, après le départ de Bismarck, la loi antisocialiste est abolie et le mouvement
social, réuni au congrès d’Erfurt, prend un nouveau nom : celui de SPD, allié au syndicat ADGB.
Mais la Première Guerre mondiale fait voler en éclats la fragile unité du SPD : d’un côté, l’aile
réformiste soutient l’effort de guerre (Bernstein) ; de l’autre, l’aile révolutionnaire le combat et fonde
un nouveau parti, le KPD, appelé aussi Ligue spartakiste (Rosa Luxemburg).

[Transition] De fait, la Grande Guerre terminée, la guerre civile reprend aussitôt ses droits entre les
frères ennemis de la gauche allemande.

[II] Entre 1918 et 1945, l’Allemagne fait l’expérience de deux régimes politiques successifs : la
démocratie et la dictature.

[A] La République de Weimar, une démocratie dirigée par le chancelier SPD Ebert, est la cible, en
1919, d’une tentative communiste de coup d’Etat accomplie par les spartakistes du KPD. Ses deux
leaders, Liebknecht et Luxemburg, sont assassinés au cours de la semaine sanglante. Depuis lors,
la rupture est définitive entre le SPD et le KPD, dorénavant allié au syndicat RGO. C’est du reste
pourquoi la gauche, divisée, et donc affaiblie, se montre incapable d’empêcher l’accès de Hitler et
des nazis au pouvoir en 1933.
[B] Le IIIe Reich, dirigé par Hitler, est une dictature totalitaire. Les élections sont donc supprimées,
les partis politiques interdits, les organisations syndicales dissoutes, tandis que les manifestations et
autres grèves sont proscrites. Les camps de concentration ou l’exil attendent les leaders du
mouvement social. C’est d’ailleurs pourquoi, sous la dictature nazie, les avancées sociales sont
inexistantes.

[Transition] En 1945, cependant, après la parenthèse des « années brunes », l’histoire du


mouvement ouvrier allemand reprend son cours.

[III] De 1945 à nos jours, l’Allemagne connaît deux périodes distinctes : la Guerre froide et l’après
Guerre froide.

[A] Au cours de la Guerre froide, l’Allemagne est divisée en deux : d’un côté, la RFA, une
démocratie ; d’un autre côté, la RDA, une dictature. En RFA, en 1959, au congrès de Bad
Godesberg, le SPD renonce au marxisme, devient social-démocrate et commence à remporter des
élections avec Brandt et Schmidt, devenus chanceliers (1969-1982), alors même que l’extrême
gauche sombre dans le terrorisme avec la « bande à Baader ». En RDA, le SED, nouveau nom du
KPD, est le seul maître du pays. Tous les autres partis sont interdits. Seul un syndicat (communiste)
est autorisé : la FDGB. Toutefois, le droit de grève est interdit et les manifestations proscrites.

[B] Au cours de l’après Guerre froide, après la réunification, le SPD, dans l’opposition depuis 1982,
recouvre le pouvoir en 1998 avec Schröder, nouveau chancelier SPD jusqu’en 2005. Depuis 2003,
toutefois, et l’adoption des lois Hartz, Schröder, trop libéral et pas assez social, fait naître le
mécontentement au sein d’une partie de la gauche. En 2007, un nouveau parti radical est donc
fondé : Die Linke, alors dirigée par Oskar Lafontaine. La gauche allemande semble ainsi
condamnée à une éternelle division.

CONCLUSION
Fermeture. Depuis 1875, et le congrès de Gotha, année de naissance en Allemagne d’un
mouvement social unifié, l’histoire du socialisme, du communisme et du syndicalisme n’a donc pas
été un long fleuve tranquille. Au contraire, très tôt, au sein de la gauche allemande, les rêves d’unité
ont laissé place à la réalité de la division.

Ouverture. Cette division historique du mouvement social, entre un courant réformiste et un courant


révolutionnaire, a-t-elle été bénéfique ou nuisible à la question ouvrière ? L’unité de la gauche
n’aurait-elle pas eu pour effet d’offrir aux ouvriers allemands une meilleure protection sociale ?
Les mouvements socialistes allemands s'unissent en 1875 et, après une interdiction de 1878 à
1890, ils deviennent le SPD. Ce parti est traversé par une tendance marxiste et une tendance
réformiste qui finit par s'imposer sous l'influence d'Eduard Bernstein. Le SPD est alors le
premier parti politique d'Allemagne.

Divisés quant au rôle que doit jouer le parti face à la guerre, des membres du SPD opposés à la
participation au conflit fondent la ligue spartakiste qui devient le KPD en 1918. Suite à la
sanglante répression menée par le chancelier SPD Ebert contre l'insurrection communiste
allemande, le mouvement reste profondément divisé pendant l'entre-deux-guerres. L'arrivée au
pouvoir d'Hitler en 1933 provoque l'élimination des partis du mouvement ouvrier.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne est divisée en deux. À l'est, en RDA, le
parti communiste, le SED, est le parti unique ; il dirige la société. En Allemagne de l'Ouest, la
RFA, le KPD est interdit et le SPD renonce au marxisme. L'élection de Willy Brandt à l'Ouest en
1969 permet un rapprochement entre les deux Allemagnes.

La chute du mur de Berlin en 1989 permet une réunification du mouvement ouvrier allemand.
Suite aux réformes libérales entreprises par le chancelier SPD Gerhard Schröder, la gauche du
SPD rejoint les anciens membres du SED et fonde le parti Die Linke en 2007.

Socialisme et mouvement ouvrier allemand (1875 − 1914)

Les débuts du parti socialiste allemand

Le contexte social et politique allemand
En Allemagne, l'industrialisation est plus tardive qu'en Angleterre ou en France.
Cependant, le pays devient l'une des premières puissances industrielles mondiales à la fin du
XIXe siècle. L'urbanisation, l'augmentation du nombre d'ouvriers (environ un tiers de la
population active à la fin du siècle) ainsi que leurs difficiles conditions de vie ont des
conséquences sur la vie politique allemande.
En 1848, Karl Marx et Friedrich Engels rédigent le Manifeste du Parti communiste. Ils
expliquent le déroulement de l'histoire par la lutte des classes entre le prolétariat et la bourgeoisie
qui possède le capital et les moyens de production. Marx estime que les dominés vont se rebeller
contre les dominants, ce qui entraînera une révolution. Après cela surviendra l'avènement d'une
nouvelle société communiste sans classe dans laquelle tous les moyens de production
appartiendront à tous.
Le 18 janvier 1871, l'Empire allemand est proclamé. Certaines dispositions constitutionnelles,
comme l'élection au suffrage universel direct masculin d'une assemblée appelée le Reichstag,
permettent le développement de différents partis politiques. Cependant, l'Empire allemand n'est
pas pour autant une démocratie. Le pouvoir exécutif, concentré entre les mains
de l'empereur (Guillaume Ier de 1871 à 1888 et Guillaume II de 1888 à 1918) et
du chancelier (Bismarck jusqu'en 1890), domine le Reichstag qu'il peut dissoudre et devant
lequel il n'est pas responsable.

La fondation du parti socialiste allemand
Les deux principaux mouvements ouvriers allemands, nés dans les années 1860, s'unifient en
1875 :

 Il s'agit de l'Association générale des travailleurs allemands, ou ADAV, fondée


par Ferdinand Lassalle et d'inspiration réformiste.
 Et du Parti social-démocrate, ou SDAP, fondé par Wilhelm Liebknecht et August Bebel, et
proche du marxisme.
En 1875, lors du congrès de Gotha, ces deux mouvements s'unissent et fondent le Parti
socialiste des ouvriers allemands (SAP). Ce congrès permet la naissance du premier grand parti
socialiste unifié d'Europe. Le parti, par ses origines, ses membres et ses statuts, est traversé par
deux tendances contradictoires, l'une étant réformiste et l'autre étant révolutionnaire.
Réformisme
Le réformisme est une doctrine politique qui privilégie les moyens légaux (vote de lois à
l'assemblée, réformes, etc.) à la révolution afin d'améliorer les structures économiques et
sociales.
L'ADAV, fondée par Lassalle, en prônant le suffrage universel direct, est un mouvement
politique qui accepte la démocratie libérale et refuse ainsi l'action révolutionnaire revendiquée
par Marx.

L'interdiction du parti socialiste
Guillaume Ier et Bismarck s'opposent au SAP.

En effet, Bismarck est un conservateur qui est contre le SAP depuis que ce parti a rejeté la guerre
franco-prussienne de 1870. Il considère les membres du parti comme des traîtres de la nation
allemande. Il utilise un attentat mené contre Guillaume Ier comme prétexte pour interdire le SAP
le 21 octobre 1878.
Des lois "antisocialistes" sont adoptées et de nombreux dirigeants du mouvement s'exilent. En
parallèle, Bismarck mène une politique sociale visant à se concilier la sympathie des ouvriers :
il instaure ainsi l'État-providence. Des mesures sociales plus ambitieuses que celles adoptées
dans d'autres pays européens sont prises :
 L'assurance maladie et des dispositions pour les travailleurs victimes d'accidents du travail
sont créées.
 Un système de retraite est mis au point.
 Le temps de travail est réduit.
 Une journée de repos hebdomadaire est rendue obligatoire.
Cependant, la politique de Bismarck est un échec. Les socialistes continuent de se présenter de
manière individuelle aux élections et enregistrent de nombreux succès électoraux. En 1890,
Bismarck se retire et Guillaume II abroge les lois "antisocialistes".

Un mouvement ouvrier allemand puissant

La naissance du SPD
En 1890, les socialistes doivent se réorganiser. Le Parti social-démocrate allemand (SPD) est
créé sous l'impulsion d'August Bebel. Lors du congrès d'Erfurt, les divisions entre
révolutionnaires et réformistes restent vives. Le programme du SPD est voté, il est rédigé en
grande partie par Karl Kautsky. Plus révolutionnaire que celui défini à Gotha, il contient tout de
même toujours des éléments réformistes.
Les deux tendances continuent donc d'exister au sein du SPD :

 La tendance révolutionnaire, d'inspiration marxiste, représentée par Rosa Luxemburg et Karl


Liebknecht.
 La tendance réformiste représentée par Eduard Bernstein.
La direction du SPD adopte la tendance réformiste sous l'influence du révisionnisme de
Bernstein. Le SPD devient alors un parti social-démocrate.

Le mouvement syndical allemand
En 1878, les premiers syndicats sont autorisés lorsqu'ils ne sont pas affiliés au SAP.

En 1890, l'abrogation des lois "antisocialistes" permet le développement et l'organisation du


mouvement syndical.

Les principaux syndicats sont ceux de la sidérurgie, des mines, de la chimie ou encore de
l'imprimerie. Les "syndicats libres" s'unissent en 1892 au sein de la Confédération nationale
des syndicats sous l'impulsion de Carl Legien.
Les liens entre les syndicats et le SPD sont importants. Les dirigeants de la Confédération
intègrent la direction du parti et les militants syndicaux sont aussi adhérents du SPD. Les
syndicats prennent la même orientation réformiste que le SPD tout en continuant de recourir
régulièrement à la grève.
Les grèves sont nombreuses en Allemagne : en 1906, plus de 3000 mouvements de grève sont
recensés et, en 1914, une grande grève éclate dans les secteurs les plus importants de l'économie
(mineurs, métallurgie, chantier naval, etc.).

L'apogée du mouvement ouvrier allemand
La période de 1890 à 1914 constitue l'apogée du mouvement ouvrier allemand qui est un
phénomène de masse : le SPD devient le premier parti du pays.
En 1912, le SPD regroupe 35 % des membres du Reichstag.
Les adhérents des syndicats constituent une proportion non négligeable des ouvriers.
Dans les années 1910, sur les 8,5 millions d'ouvriers, 2,5 millions sont syndiqués. Ils étaient
300 000 à la création de la confédération en 1892.
Le SPD est très structuré, il s'organise à toutes les échelles de la société allemande.
Sur le plan national, au niveau des Länder, au niveau des villes et au niveau directement des
unités de production : usines, mines et ateliers.
Il permet l'émergence d'une culture ouvrière. Les liens étroits entre le SPD et les syndicats
permettent de renforcer la cohésion du mouvement. Ils jouent un rôle de premier plan dans
la vie quotidienne des ouvriers : ils créent des crèches, animent des centres de loisirs et des
clubs sportifs, gèrent des débits de boissons. De nombreux journaux relaient les revendications
des ouvriers. Le mouvement devient un modèle en Europe et dans le monde.
En 1902 se tient en Allemagne la première conférence internationale des syndicats.
II 
Le mouvement ouvrier allemand de 1914 à 1945

Le mouvement ouvrier se divise (1914 − 1919)

Les socialistes face à la guerre
La théorie marxiste prône l'émancipation de la domination de la classe bourgeoise pour tous les
travailleurs.

À ce titre, elle défend l'union des travailleurs du monde entier et s'oppose à la guerre qui ne sert
que les intérêts de la classe dominante. Alors que les tensions montent en Europe, sur tout le
continent les socialistes sont confrontés à un dilemme : doivent-ils respecter la théorie marxiste
et refuser de voter les crédits de guerre et la mobilisation des soldats ou bien doivent-ils
considérer que le patriotisme et la défense de leur pays sont plus importants que le respect de la
doctrine socialiste ? L'écrasante majorité des socialistes européens, malgré de vifs débats,
choisissent la défense de leur patrie.
Les députés du SPD votent les crédits militaires, y compris Karl Liebknecht qui y était
opposé. Les syndicats et le SPD rejoignent l'"Union sacrée", c'est-à-dire l'alliance de toutes les
forces politiques du pays. Cette fragile unité des socialistes ne résiste pas longtemps.
En effet, Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht sont exclus du SPD pour pacifisme en 1915, ils
fondent alors la Ligue spartakiste. De plus, Karl Liebknecht est emprisonné en 1916 suite à son
refus de s'engager dans l'armée et à ses prises de positions pacifistes. Les Spartakistes rejoignent
le Parti social-démocrate indépendant (USPD) fondé en avril 1917 qui regroupe les membres du
SPD opposés à la guerre. Avec la révolution bolchevique de 1917 et les discours pacifistes de
ses dirigeants, les socialistes opposés à la guerre sont de plus en plus nombreux en Allemagne.

L'échec de la révolution allemande
La fin de la Première Guerre mondiale provoque le début d'une insurrection communiste en
Allemagne.
Les marins du port militaire de Kiel se mutinent contre les autorités militaires. La révolte s'étend
à d'autres villes allemandes et des conseils ouvriers se forment sur le modèle des soviets russes.
Le mouvement ouvrier est divisé quant à la suite à donner à cette révolte. Les membres
du SPD veulent instaurer une république parlementaire et les spartakistes veulent la mise en
place d'un système communiste. Le 9 novembre 1918, l'empereur Guillaume II abdique. La
République est proclamée par Philipp Scheidemann (SPD) depuis le Reichstag. Quelques heures
plus tard, Karl Liebknecht (USPD), depuis l'hôtel de ville de Berlin, proclame la naissance de la
République sociale. C'est la fin de l'Empire allemand et la naissance de la République de
Weimar.
Un nouveau gouvernement est fondé au sein duquel siègent les socialistes du SPD et de l'USPD.
Les Spartakistes, eux, fondent le Parti communiste allemand (KPD) qui souhaite la mise en
place d'un régime socialiste et accuse les socialistes et le chancelier Friedrich Ebert du SPD de
trahir les ouvriers. La poursuite du mouvement révolutionnaire amène à une violente
répression par le SPD. Les corps francs, constitués des soldats de retour du front, répriment le
mouvement dans un bain de sang. Les responsables du KPD, Rosa Luxemburg et Karl
Liebknecht, sont assassinés le 15 janvier 1919. La situation perdure jusqu'en mai 1919.
Cette violente répression du KPD par le SPD entraîne une rupture profonde au sein du
mouvement ouvrier allemand. En juin 1919, l'Assemblée, qui s'est réfugiée à Weimar afin
d'éviter les émeutes de Berlin, signe le traité de Versailles. Ce dernier ne sera jamais accepté par
une grande partie des Allemands.

Le mouvement ouvrier dans les années 1920

Le SPD, un parti de gouvernement
Suite à la répression du mouvement révolutionnaire de 1919, le SPD perd la moitié de son
électorat.
Il n'a plus les moyens de diriger des gouvernements mais il participe à des coalitions avec
le Zentrum(centre), les partis de centre-droit et de la droite modérée. Durant les années 1920,
plusieurs réformes sociales sont prises par les différents gouvernements de la République de
Weimar :
 L'abolition des privilèges
 La loi de 8 heures de travail par jour
 L'obligation de la mise en place de conventions collectives et création des comités d'entreprise
 La création des assurances chômage
 L'émancipation civique et politique des femmes
Le SPD reste influent. Il compte un million de membres en 1930. Il s'appuie sur la
puissante Confédération générale des syndicats allemands (ADGB) qui acquiert un pouvoir
de représentation au sein des comités d'entreprise. Toutefois, le parti est fortement contesté. La
droite nationaliste l'accuse d'être responsable du traité de Versailles, considéré comme un diktat.
Les communistes lui reprochent d'avoir trahi la classe ouvrière lors de la répression de la
révolution allemande et de contribuer au maintien d'une république bourgeoise.

Les communistes
Le KPD, lui, est un parti d'opposition durant les années 1920.

Bien qu'il ne soit pas un parti de gouvernement, il reste important et compte 300 000 membres à
la fin des années 1920.
Il est membre du Komintern, l'Internationale communiste créée en 1919 qui est dominée par le
Parti bolchevique russe. Il adopte le principe de "classe contre classe", considérant que les partis
participant à des gouvernements au sein des démocraties libérales sont des ennemis de classe. En
1929, le KPD crée l'Opposition syndicale révolutionnaire (RGO).

L'anéantissement du mouvement ouvrier des années 1930 à 1945

La division du mouvement ouvrier durant la crise économique
La crise économique des années 1930 touche particulièrement l'Allemagne.
Le retrait des capitaux américains du pays provoque une chute de la production
industrielle. Le chômage augmente et touche 6 millions de personnes en 1932. Le
gouvernement, soutenu par le SPD, est alors accusé d'être responsable de l'aggravation de la
situation. La crise provoque surtout l'essor du parti nazi (NSDAP) dont un tiers des membres
sont des ouvriers.
Malgré la situation, le mouvement ouvrier reste divisé :
 Le SPD estime que les communistes sont un danger pour la démocratie au même titre que les
nazis.
 Le KPD voit dans le SPD un parti ennemi de la classe ouvrière au même titre que le NSDAP.
Lors des élections, le NSDAP tire profit des divisions du mouvement ouvrier. En 1932, les
nazis remportent le tiers des voix alors que la gauche divisée perd les élections avec 20 % pour le
SPD et 16 % pour le KPD.

La répression du mouvement ouvrier par les nazis
Le parti nazi est en opposition frontale avec les partis de gauche.

Il considère que la théorie de la lutte des classes divise la nation allemande. Des combats de
rue opposent ainsi les militants du KPD aux nazis.
L'accession d'Hitler à la chancellerie en 1933 marque le début de la répression du
mouvement ouvrier. En février 1933, Hitler accuse les communistes de l'incendie du
Reichstag et interdit le KPD. Le SPD, qui refuse de voter les pleins pouvoirs à Hitler, est lui
aussi interdit. Les dirigeants et les personnalités du mouvement ouvrier sont assassinés, exilés et
internés dans les camps de concentration. Le NSDAP devient le seul parti autorisé.
Les ouvriers jouent un rôle dans le régime nazi. Le NSDAP tient en effet compte de l'importance
numérique des ouvriers dans la société allemande et les nazis créent des structures d'encadrement
des ouvriers.
"Le Front du Travail" regroupe dans une même organisation les ouvriers et les patrons. "La
Force par la joie" encadre les loisirs des travailleurs allemands.
Les dirigeants du SPD, exilés à Londres, et du KPD, exilés à Moscou, organisent la Résistance
depuis l'étranger et impriment de nombreux tracts hostiles au régime nazi.
III 
Socialisme, communisme et syndicalisme en Allemagne après 1945

La "patrie des ouvriers et des paysans allemands"

Le rôle central du SED
Le 7 octobre 1949, la RDA est créée en réaction à la création de la RFA par les Alliés à l'ouest
de l'Allemagne.
Le SPD et le KPD fusionnent alors pour créer le SED, le Parti socialiste unifié, qui devient le
seul parti autorisé dans l'est du pays, occupé par les Soviétiques.
Alors qu'il s'agit d'une manœuvre orchestrée par l'URSS de Staline, l'URSS développe le mythe
d'une fusion spontanée. Le parti est dirigé par Walter Ulbricht de 1949 à 1971 et par Erich
Honecker de 1971 à 1989. Organisé selon le modèle soviétique, il compte entre 1 et 2 millions
de membres.
Les syndicats sont également remodelés. La Fédération libre des syndicats d'Allemagne est
créée (FDGB), elle est contrôlée par le SED.
Comme toutes les démocraties populaires, la RDA adhère au Kominform (l'union des partis
communistes), au pacte de Varsovie (l'union militaire) et au CAEM (l'union économique).

La société communiste
Dès l'occupation soviétique, l'Allemagne de l'Est est transformée pour devenir une société
communiste.
L'économie est planifiée, le premier plan date de 1951, et le pays s'industrialise. L'industrie
lourde est développée en priorité, au détriment des industries de biens de consommation.
La population est touchée par cette transformation de la société. Seules deux classes sociales sont
reconnues par le régime : les paysans et les ouvriers. Des organisations encadrent la population
et la jeunesse se réunit au sein de la Jeunesse libre allemande (FDJ). Ce sont désormais les usines
qui logent les ouvriers tandis que le SED s'occupe de leurs loisirs et organise leurs vacances.
La police du régime, la STASI, surveille étroitement les habitants. La RDA est présentée
comme une société-modèle du monde communiste. Toutefois, les inégalités perdurent entre
une majorité d'Est-Allemands qui subissent les effets négatifs de la soviétisation et les
apparatchiks, les cadres du SED, qui constituent une classe privilégiée.

La répression des contestations
Le régime interdit l'expression d'idées opposées à l'idéologie officielle du régime, ce qui
n'empêche pas des contestations de voir le jour et d'être réprimées.
En 1953, des ouvriers de Berlin-Est font grève afin d'obtenir une démocratisation du régime.
En réponse, le gouvernement envoie l'Armée rouge : la répression est sanglante.
Le régime doit aussi affronter la fuite des Allemands de l'Est en direction de l'Ouest. Ce sont plus
de deux millions d'Allemands qui fuient la RDA. Pour y remédier, le gouvernement entreprend
la création du mur de Berlin en 1961.

Socialisme, syndicalisme et mouvement ouvrier en RFA

Les mutations du SPD et du syndicalisme en RFA
Avec l'occupation des Alliés, le pluralisme politique est rétabli en Allemagne de l'Ouest. Trois
grands partis sont créés :
 La CDU (Union des chrétiens-démocrates) est fondée par la démocratie chrétienne.
 Le SPD est refondé par Kurt Schumacher.
 Le KPD est de nouveau autorisé pour un temps seulement, dans le contexte de guerre froide, il
est interdit en 1956.
Le SPD perd les premières élections en République fédérale d'Allemagne (RFA) face à Konrad
Adenauer (CDU) qui gouverne le pays jusqu'en 1963.
Le SPD et le syndicalisme s'orientent alors vers une voie résolument réformiste. En 1959, au
congrès de Bad Godesberg, le SPD renonce au marxisme et accepte l'économie de marché.
Les syndicats restent très puissants et se réunissent au sein de la Confédération allemande
des syndicats (DGB). Grâce à la loi de 1952 sur la cogestion, qui impose une présence des
salariés et des syndicats dans des conseils de surveillance des entreprises, les syndicats
pratiquent la négociation avec le patronat. Des avancées sociales résultent de cette cogestion
comme l'augmentation des salaires et la baisse du temps de travail.

Le SPD au pouvoir
Willy Brandt, maire de Berlin, permet le retour du SPD au pouvoir.
Il est au côté de Kennedy lorsque ce dernier fait son discours "Ich bin ein Berliner". Il est choisi
par le SPD pour être le candidat du parti à la chancellerie en 1961 mais perd les élections. En
1964, dans le cadre d'une coalition avec la CDU, il est nommé ministre des Affaires
étrangères. En 1969, il devient le premier chancelier SPD de la RFA.
Durant ses années à la chancellerie, il pratique l'Ostpolitik, c'est-à-dire une politique d'ouverture,
de reconnaissance et de discussion avec la RDA. En 1974, c'est un autre membre du
SPD, Helmut Schmidt,qui devient chancelier jusqu'en 1982.
L'extrême gauche s'oppose fortement au SPD, comme le prouvent les révoltes étudiantes de
1968 – 1969. Elle revendique l'abandon du capitalisme et milite en faveur du féminisme et pour
le pacifisme. L'Allemagne est traversée par une vague de violences avec les agissements de
la Fraction armée rouge (RAF), la "bande à Baader", qui organise des actes terroristes et
assassine des grands patrons durant "les années de plomb".

Socialisme et communisme depuis la réunification
En 1989, le mur de Berlin tombe et l'Allemagne est réunifiée en 1990 : c'est la fin de la RDA.
Cette réunification provoque une reconfiguration du SED et des syndicats de l'ex-RDA :

 Le SED devient le PDS (parti du socialisme démocratique).


 La FDGB est dissoute et remplacée par la DGB.
 Le PDS rencontre une certaine audience dans les États de l'Est et fait campagne autour du
thème de l'Ostalgie (la nostalgie de l'Allemagne de l'Est, Ost en allemand) mais ne recueille
que 10 % des voix dans les Länder de l'Est et 5 % dans toute l'Allemagne.
Le SPD perd les premières élections de l'Allemagne réunifiée, gagnées par Helmut Kohl
(CDU), l'un des principaux acteurs de la réunification. En 1998, après 16 ans au pouvoir, Helmut
Kohl est battu par une alliance SPD-Verts dirigée par Gerhard Schröder qui a fait campagne
autour de l'idée du "nouveau centre".
Gerhard Schröder est confronté à des difficultés économiques. La modernisation des Länder de
l'Est est longue et très coûteuse . L'Allemagne, comme les autres puissances occidentales, doit
affronter une baisse de la compétitivité face aux économies asiatiques et à la montée du
chômage. En 2003, Gerhard Schröder fixe l'"agenda 2010", qui correspond à un ensemble
d'objectifs économiques ayant pour but de redynamiser l'économie allemande et de relancer la
croissance.
Cet agenda est constitué de mesures libérales, notamment la libéralisation du marché du travail
et la baisse des prestations sociales.
En 2005, une coalition dirigée par Angela Merkel (CDU) et formée avec le SPD remporte les
élections.

Déçue des réformes libérales, la gauche quitte le SPD et fonde en 2007 avec le PDS (ex-SED) un
nouveau parti plus à gauche, Die Linke ("La gauche"), présidé par Oskar Lafontaine.
En 2013, Angela Merkel est réélue.

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