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Une approche de la période

1919-1939 par la vie et l’œuvre


de Georges Grosz.

Socialisme, communisme et syndicalisme en Allemagne depuis 1875.

SOCIALISME ET
MOUVEMENT OUVRIER
Les Objectifs :

Etudier une idéologie dans son rapport au monde ouvrier et à ceux (partis et
syndicats) qui s’en réclament.
 Etudier la réflexion menée par les socialistes entre l’action révolutionnaire
affirmée et la participation aux différents pouvoirs
 S’interroger sur les évolutions du socialisme et du mouvement ouvrier dans le
cadre des grandes crises du XX e siècle

Le cadre de l’étude : l’Allemagne depuis 1875


comme pays emblématique de la question telle
6H
qu’elle se pose en Europe.
2
Les pré-requis

Quelques grands événements :


Quelques notions :
1871 : l’Unité allemande : deuxième Reich ( définitions simples à enrichir)
1889 : l’Internationale ouvrière Socialisme
1914-1918 : Première Guerre mondiale Communisme
1917 : Révolution communiste en Russie Syndicalisme /syndicats :
1919 : Traité de Versailles Classe ouvrière / Monde ouvrier
1919 : l’Internationale communiste (Kominterm) Capitalisme
1919-1933 : République de Weimar Nazisme
1933 : Hitler Chancelier
1936 : Victoire du Front populaire en France.
1939-1945 : Deuxième Guerre mondiale Quelques figures historiques:
1945.1989 : RFA/RDA Marx/ Engels
dans le cadre de la Guerre froide. Bismarck
1989 : Chute du mur de Berlin Lénine/ Staline
1990 : réunification de l’Allemagne Hitler

Comment les réactiver ?


La séquence : 6 H- 3 séances de 2 H-

Séance 1 : Séance 2 : Séance 3 :


Affirmation du socialisme et Divisions des socialistes Après 1945, de la rupture à
du mouvement ouvrier face aux défis de l’entre- une nouvelle identité.
1875-1914 deux guerres
Séance 2 :
Divisions des socialistes
face aux défis de l’entre deux-guerres

Les questionnements :
Pourquoi les socialistes se divisent-ils à la fin de la Première Guerre mondiale ?

Pourquoi cette division a-t-elle des conséquences


particulièrement graves en Allemagne?

L’entrée :
Un peintre engagé dans le mouvement ouvrier et son œuvre : Georges Grosz
La démarche

Découverte et
analyse critique Synthèse des
Cadrage Introduction de la
des œuvres informations
chronologique séance suivante
( sous forme d’une
à partir d’une œuvre
Observation. chronologie
A partir du parcours de Georges Grosz
Description commentée- Phase
de Georges Grosz
( phase de réflexion orale collective ou
Phase orale collective ( Phase magistrale
individuelle élèves) travail individuel)
ou
Introduction des Exercice élève/
Apports des éléments Ouverture sur recherche à la
questionnements d’analyse critique l’Europe maison)
par le professeur
( phase magistrale ou ( Phase magistrale)
semi-dialoguée)
Georges Grosz : « un petit oui pour un grand non »
Georges Grosz est né à Berlin en 1893. Supportant difficilement
l’éducation prussienne, il est renvoyé de plusieurs établissements A partir d’un récit
scolaires mais parvient à suivre des études artistiques à l’Académie bref et neutre de la
royale de Dresde puis à Berlin. vie de G. Grosz,
Volontaire en 1914, il combat pendant deux ans avant d’être réformé
en 1917 pour raisons de santé. On situe et éclaire
Il défend la Révolution soviétique et adhère au parti communiste les principaux
allemand ( KPD) en 1918. Il participe à la révolution allemande dans régimes et
les rangs des Spartakistes et est arrêté en 1919. événements :
Pendant la République de Weimar, il s’ engage pour la cause ouvrière
et critique avec violence la société et le pouvoir en Allemagne. Empire Allemand
En 1922, il passe six mois en Russie et ce voyage où il est témoin de la Ière GM
misère et de la bureaucratie, le conduit à quitter le parti communiste Révolution
en 1923. Il poursuit cependant sa critique sociale et politique dans son bolchevique
œuvre artistique. Révolution
Il émigre aux Etats-Unis quelques jours avant l’arrivée d’Hitler au Allemande
pouvoir en 1933. Le régime nazi lui retire sa nationalité allemande. En République de
1937, ses œuvres occupent une place de choix dans l’exposition sur « Weimar
l’Art dégénéré ». Il devient citoyen américain en 1938. Il ne revient en Allemagne Nazie
Allemagne qu’après la seconde guerre mondiale. Il meurt à Berlin en 2 GM
1959.
1917-1919 : « Allemagne, Conte d’hiver »
G. Grosz analyse la société allemande

Tandis que le monde vacille : crise


économique, montée des nationalismes,
guerre
et que deux menaces pèsent sur cette classe
dirigeante : la décadence ou la Révolution.

L’aristocratie et la bourgeoisie allemandes


se cramponnent à leurs biens et valeurs
communs.

Les piliers du régime impérial


toujours présents :
L’église, l’armée, l’Ecole.

Une œuvre réalisée alors que Grosz a déjà connu


le front, dans le contexte de son adhésion au KPD
en 1918 et de la proclamation de la République
allemande le 9 novembre 1918.
Eléments d’analyse critique :

 G. Grosz représente un courant minoritaire du socialisme allemand ( les


Spartakistes) qui se retrouve dans le KPD fondé en janvier 1917.

 Un courant qui :
Dénonce l’aveuglement de la classe dirigeante allemande et lui impute une
responsabilité dans la guerre.
Rejette la politique d’union sacrée et toutes les expressions du nationalisme
allemand.
Soutient la révolution bolchevique de 1917 et appelle à l’action révolutionnaire
sur ce modèle.

Cette position est opposée à celle du SPD, qui est devenu un parti réformiste
( révisionnisme de Bernstein) et qui soutient la politique d’union sacrée puis la
recherche d’une « paix honorable » après la défaite. Cette orientation est
massivement adoptée par les syndicats allemands qui constituent dès la fin du
XIXe siècle une forme d’organisation majeure du mouvement ouvrier.
Cette division entre socialistes révolutionnaires et réformistes est une division
doctrinale bien antérieure à la guerre ( 1871 : Congrès d’Erfurt- séance 1). Elle est
consacrée par la guerre et l’évolution interne de la révolution en Russie entre 1917 et
1919.
1919 1923
1919 : « Noske buvant à la mort de
la jeune Révolution. »
G. Grosz dénonce la répression de
l’insurrection spartakiste.

Le social démocrate Noske, vêtu en


militaire fête l’écrasement de
l’insurrection spartakiste.

Les morts de la « semaine


sanglante » ( 6-13 janvier 1919)
jonchent le sol autour de lui.

Dessin paru dans « La Faillite », journal


Révolutionnaire au lendemain de
l’écrasement de l’insurrection spartakiste
A la tienne, Noske. Le prolétariat est désarmé. pour laquelle G. Grosz a combattu.
1923 : « On réglera nos comptes »
G. Grosz, voix des socialistes radicaux

Deux figurations de l’avenir à l’horizon :


celle dont il veut s’éloigner,
celle que doit apporter la révolution.

Un ouvrier en colère lève


un poing révolutionnaire

Il se tient dans un cimetière qui


évoque les sacrifices de la guerre.

Dessin issu d’un recueil paru pendant la période


où G. Grosz est fortement engagé au sein du KPD
Eléments d’analyse critique :

 G. Grosz témoigne :
- de la violence de la répression de l’insurrection spartakiste :
1200 morts, assassinats de Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg
- de la déchirure qu’elle provoque au sein du mouvement ouvrier et socialiste
Les dessins de Grosz montrent une radicalisation des oppositions
-ressentiment des anciens combattants
- montée de la violence
-influence de plus en plus grande du Kominterm sur la pensée des communistes
allemands

 Cette opposition se renforce jusqu’à la seconde guerre mondiale :


- du fait de la participation du SPD au gouvernement de la République de Weimar
aux côtés des catholiques (Zentrum) et des libéraux.
- de la bolchevisation du KPD qui est de plus en plus sous l’influence du Kominterm et
de l’URSS.
La politique sociale du SPD ( journée de 8h, conventions collectives,
assurance chômage..) ne suffit pas à endiguer la crise économique et politique.
La République de Weimar doit faire faire à de nouvelles oppositions.
1928 : L’agitateur
G. Grosz dénonce l’influence d’Hitler et
la montée du nazisme

Un personnage agité utilise tous les


moyens pour attirer les foules : Il promet
aux gens de satisfaire leurs besoins
matériels. Mais sa manière d’y parvenir
c’est la violence figurée ici par la
matraque en caoutchouc, la botte
militaire, et l’arme

Des représentants de toute la société


allemande l’écoute fascinés.

Le peintre dénonce clairement les nazis :


Le personnage est une caricature d’Hitler

14
Eléments d’analyse critique
 G. Grosz a dénoncé très tôt les dangers de la montée du nazisme et a
poursuivi ce combat jusqu’à la veille de l’arrivée d’Hitler au pouvoir.
Mais il ne mène plus ce combat auprès de ces anciens camarades du
KPD qu’il a quitté en 1923. Il intervient davantage sur un plan artistique
dans le cadre du mouvement Dada et s’éloigne du marxisme après son
voyage en Russie pour une pensée plus pessimiste, désespérée, une
forme de nihilisme qui ne croit plus à une amélioration possible de l’avenir
immédiat. Sa contestation de l’ordre établi demeure mais prend davantage la
forme de provocations artistiques : en 1930, il dessine un boucher caressant
un animal écorché dont les viscères sont posées au premier plan comme les
couleurs du peintre sur la palette.
 Comme le parti nazi, le KPD progresse à chaque élection, surtout après
1927. Il s’oriente sous l’influence du Kominterm vers une politique «
classe contre classe » qui fait du SPD le principal ennemi. ( 1928)
L’hostilité grandissante entre les socialistes du SPD et les communistes du
KPD rend impossible la constitution d’une union des gauches contre le
fascisme ( à de ce qui se fera après 1934 en France ou en 'Espagne).
L’antagonisme entre communistes et nazis existe bien mais il s’exprime
dans la violence de rue.
L’arrivée d’Hitler au pouvoir le 30 janvier 1933, suivie du vote de pleins
pouvoirs au nouveau chancelier et de l’interdiction des partis et des
syndicats a été facilitée par cette division.
1919-1923 1923-1933
Janvier
1917-1919 G. Grosz participe à Déçu par l’évolution de
1933
G. Grosz dénonce la l’insurrection spartakiste l’URSS, G. Grosz quitte le
G. Grosz
guerre et la société , dont l’écrasement KPD et mène un combat
émigre aux
admire la Révolution radicalise son combat artistique contre l’ordre
Etats-Unis.
russe , et adhère au KPD contre la République de établi et dénonce la
Weimar et le SPD. montée du nazisme

11 République de Weimar Janvier


Semaine Le SPD au pouvoir 1933
novembre sanglante
1918 Hitler
Janvier Chancelier
Armistice 1919

La guerre remet en L’abdication de Guillaume II


question l’unité et la provoque la proclamation de Le KPD , sous l’influence février 1933
puissance du mouvement la République. L’insurrection de l’URSS, refuse toute Partis et
ouvrier. spartakiste est écrasée sur union des gauches syndicats
L’opposition entre SPD et ordre du gouvernement ( SPD contre les nazis. interdits.
KPD est consacrée par les et alliés) avec le soutien des Les réformes sociales du Encadrement
prises de positions sur syndicats. La rupture entre SPD ne parviennent pas du mouvement
l’Union sacrée et de la socialistes e t communistes à endiguer la crise. ouvrier
Révolution Russe est consommée
De L’ Allemagne à l’Europe…..

 En Europe, c’est la Révolution Russe qui divise les socialistes.


La question de l’adhésion à la troisième internationale (Kominterm) provoque
la scission . Exemple : En France, 1920 Congrès de Tour. ( SFIO/PCF. )
Mais la déchirure est moins violente dans les pays qui n’ont pas connu de risques
révolutionnaires importants à la fin de la guerre.

La stratégie « classe contre classe » encouragée par l’URSS stalinienne


jusqu’en 1934 est suivie par tous les partis communistes européens.

 Mais à la différence de l’Allemagne, face au danger fasciste, les partis de gauche


s’unissent après 1934 notamment dans des Fronts populaires.
1936: Victoire du Front populaire en France.
Pour introduire le cours suivant

1944 : Caïn ou Hitler en enfer.


G. Grosz témoin de la ruine de
l’Allemagne.
Le rouge très présent dans la
palette de Grosz n’est plus
celui de la Révolution mais
celui des incendies de la
guerre.

Le peintre n’a plus recours à


la caricature : Hitler est
représenté comme un soldat
allemand accablé.

Un tableau désespéré qui pose


la question de la responsabilité
du peuple allemand.

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Eléments d’analyse critique :

 En 1944, G.Grosz est aux Etats-Unis : il a perdu sa nationalité allemande dès 1933
et est devenu citoyen américain. Il peint pendant cette période une série de tableaux
apocalyptiques qui témoignent de son horreur et de son désespoir face au sort de
l’Allemagne et de l’Europe.
Ayant dénoncé le nazisme dès les années 1920, il retrouve sa véhémence
pour mettre en cause la responsabilité de l’élite politique et intellectuelle allemande
Sa biographie parue en 1946 en est l’illustration.

 Ce tableau témoigne aussi de l’abandon définitif chez Grosz de ses espoirs


révolutionnaires.
En cause, le déchirement entre communistes et socialistes allemands mais aussi :
-La décapitation du mouvement ouvrier par les nazis par une violente répression et
l’encadrement des ouvriers. ( janvier 1934 : Grève interdite- Front allemand du travail)
- La prise de conscience de la ruine de l’Allemagne ( Berlin année 0)
Références des illustrations.

 Photographie de Georges Grosz : wikipédia

 Œuvres picturales reproduites dans :


Ivo Kranzfeller ,Georges Grosz 1893-1959, Tachen Basic Art, 2003
Ralph Jentsh, Enrico Crispelti ,Philippe Dagen, Georges Grosz, Berlin-New-york, 2008

 Œuvres graphiques reproduites dans :


Alexandre Dückers, Georges Grosz, The Graphic works, 1996.

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