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Cours magistral n° 11 - 02/12/2022

LE MOUVEMENT SOCIAL DES « ANNÉES 68 » (1968 - 1979)

INTRODUCTION

Ces Trente Glorieuses sont un âge d’or, âge d’or qui incarne la nostalgie du peuple français.
Aujourd’hui a jailli le mouvement des années 68, passage d’un monde industriel à un monde post-
industriel : pourtant, le flux des capitaux, les mouvements sociaux et l’activité des usines persistent.
Ce mouvement social est remarquable, perfore tous les pays développés (Portugal, Grèce, États-
Unis, Allemagne…) ☞ mouvement transnational.

Référons-nous à des photographies de Claude Dityvon, porteur d’un projet et témoin militant des
scènes observées lors de cette période surprenante. Il nous offrît des photographies de la réalité de
la grève, de ce « chahut d’étudiants ». On refuse de la nommer « révolution » (dès 1906, 1936, en
1945). Dans le rituel républicain, on ne manifeste pas la nuit, malgré les tentatives de la ligue
d’extrême-droite lors du 6 février 1934 ; pourtant, ici, les évènements se déroulent la nuit. Des
incendies menacent des librairies, des autodafés sont organisés. Ce phénomène est l’expression du
refus de l’ancien monde : et si mai 68 avait été une révolution culturelle ? Les images et sons
habituellement partagés par la société française furent radicalement modifiés.

Les manifestants et la police s’affrontent dans la rue : la ville est le lieu historique symbolique.
Hergé nota que les manifestations en mai et en juin tendaient à perdurer plus durablement, à
s’étendre sur un périmètre toujours plus conséquent. Le pouvoir migre jusque dans la rue, en un
certain sens, et il y est contraint par les évènements tragiques qui y surviennent.

Le Goff, qui jugea ces évènements plus tard, remarque que « la rupture avec le vieuc monde est
censée concerner tous les aspects de la vie, inextricablement mêlés ».

Le préfet de police, Grimaux, est acclamée pour sa gestion effective de la crise. Il sut maintenir un
semblant de protection en la faveur des manifestants.

Des voitures sont incendiées, celles-ci étant pourtant le symbole incandescent de la deuxième
révolution industrielle, fédératrice des ouvriers et citoyens issus de la classe moyenne. Roland
Barthes lui consacrait un chapitre, « La nouvelle Citroën », dans son ouvrage intitulé Mythologies.
Cette « Déesse », « nouveau Nautilus », « partie du ciel de Metropolis », est « l’équivalent assez
exact des grandes cathédrales gothiques : […] une grande création d’époque, soutenue par des
artistes inconnus, consommée dans son image, sinon dans son usage, par un peuple entier qui
s’approprie en elle un objet parfaitement magique. » La Choupette, également, était l’un des

emblèmes de cet âge d’or désormais révolu. Ainsi, le mouvement de mai 1968 est un indéniable
rejet d’un mode de vie, d’une civilisation.

La grève est politique, les affrontements sont virulents. Les CRS, formés après 1945 - 1946, sont
des résistants communistes qui ne purent trouver un nouvel emploi suite à la Seconde Guerre
mondiale. Ils encadrent les masses, contrôlent la rue, la ville. Les manifestants sont blessés, parfois
grièvement, pourchassés par la police. Ici, la révolution qui vitupère n’est nullement comparable à
la Révolution de Velours en Tchécoslovaquie, du 16 novembre au 29 décembre 19891, ou
encore à la Révolution hongroise, l’Insurrection de Budapest, du 23 octobre au 10 novembre
19562, dont les altercations ne provoquèrent que de mineures effusions de sang.

1 En 1988, la Tchécoslovaquie célèbre plusieurs évènements historiques fondamentaux, tous relatifs à son
indépendance : 1918 définit la création de la Tchécoslovaquie, 1938 les accords de Munich (lors desquels les
régions tchécoslovaques peuplées majoritairement d’Allemands sont annexées par Hitler, scellant la mort de
la Première République tchécoslovaque), 1948 le coup de Prague (prise obsidionale de la Tchécoslovaquie,
fomentée par le Parti communiste tchécoslovaque, avec l’appui de l’Union soviétique), 1968 le printemps de
Prague et l’invasion par les armées du Pacte de Varsovie (ancienne alliance militaire groupant les pays de
l’Europe de l’Est avec l’URSS, dans un vaste ensemble économique, politique et militaire afin de contrer
l’OTAN). Les autorités communistes intensifient alors la répression à l’encontre des activités de la Charte
77, celle-ci prônant la « normalisation » de la Tchécoslovaquie, soit un retour progressif de la « norme
communiste » dont dévièrent les citoyens lors du socialisme à visage humain prôné par Alexander Dubček.
L’État socialiste tchécoslovaque commence de vaciller lorsque la frontière hongroise, au mois de juillet
1989, est ouverte, profitant ainsi à plusieurs centaines de citoyens est-allemands se réfugiant à Prague. Après
la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, ainsi que l’ouverture du rideau de fer, les exultations se
multiplièrent, tant en Allemagne qu’à Prague. Václav Havel, dramaturge renommé et récemment sorti de
prison, dirigea les manifestations orientées contre la dictature soviétique. Le 20 novembre, ils étaient
500,000 manifestants ; cinq jours plus tard, cette sulfureuse cohorte fut garnie de 300,000 individus
supplémentaires. Dans le contexte de la chute des régimes communistes en Europe et des manifestations
grandissantes, le Parti unique annonça sa résignation le 28 novembre 1989, requérant de l’Assemblée
fédérale qu’elle abolisse l’article constitutionnel qui lui attribuait alors la fonction de dirigeant de l’État et de
la société. Alexander Dubček fut élu président de l’Assemblée fédérale le 28 décembre, tandis que Václav
Havel fut nommé président de la République tchécoslovaque le lendemain.
2 Après avoir obtenu une partie des territoires perdus à la suite du traité de Trianon, au détriment de la
Tchécoslovaquie et de la Roumanie, la Hongrie s’allie au puissances de l’Axe lors de la Seconde Guerre
mondiale. Elle participa à l’invasion de la Yougoslavie, ainsi qu’à celle de l’Union soviétique. Cependant, à
partir de l’été 1944, les forces soviétiques et roumaines franchirent les frontières hongroises, contraignant
l’amiral Horthy (régent de Hongrie de 1920 à 1945) à entamer des négociations d’armistice avec les Alliés.
Les Allemands envahirent alors le pays et mirent en place un régime partisan de la poursuite de la guerre,
dirigé par Ferenc Szálasi. Après la guerre, seule l’Armée rouge occupa la Hongrie, ramenée à ses frontières
de 1938 par le traité de Paris de 1947. Le pays était alors encore une démocratie multipartite, et les élections
de 1945 avaient abouti à l’institution d’un gouvernement de coalition, mené par le Premier ministre Zoltán
Tildy. Le parti des communistes des Hongrie divisa la gouvernement en appliquant la « tactique du salami »,
consistant en l’élimination minutieuse et progressive de tout mouvement politique extérieur à l’obédience
communiste.
Le 23 octobre 1956, environ 20,000 protestataires, composés d’écrivains et d’étudiants, se dirigèrent vers le
Parlement hongrois. À 18 heures, le nombre de personnes présentes avait décuplé. Une large foule se
rassembla devant le bâtiment de Radio Budapest, protégé par l’ÁVH, la milice policière hongroise. Cette
dernière fusilla la horde contestataire. Ulcérés, les manifestants incendièrent les véhicules motorisés de la
police, assaillirent les dépôts d’armes, puis vandalisèrent les symboles du régime communiste.
Le 24 octobre, les chars soviétiques pénètrent Budapest. Les attaques attentant au Parlement entraînèrent la
destitution des pouvoirs du Premier secrétaire du Parti communsite, Ernó Geró, ainsi que ceux du Premier
ministre, András Hegedús, qui s’enfuirent en Union soviétique. Lorsque les unités militaires soviétiques
commencèrent de se retirer, les affrontement s’atténuèrent.

L’État du général de Gaulle symbolise la lutte contre la « chienlit ». Cette dernière érige des camps
urbains grâce aux pavés de la rue : elle démembre la ville.

De jeunes gens manifestent également en faveur du mouvement gaulliste sur les Champs Élysées,
le 30 mai 1968, organisée par le gouvernement. D’autres partisans soutiennent le régime, comme
les anciens combattants des troupes coloniales marocaines.

De Gaulle combattit lors de la Première Guerre mondiale en tant qu’officier de Saint-Cyr, puis lors
de la Guerre en Pologne contre les Rouges, en 1920, participa à la Guerre d’Algérie : toutes ces
luttes pour lesquelles il s’engagea personnellement lui permirent de légitimer le compromis qu’il
proposa. Le rapport entre la France « d’avant », la France intriquée dans la guerre, et la France
pacifiée permet d’envisager une aperture sur une éventuelle utopie.

« Il est interdit d’interdire ! » On découvre, à travers l’expression littéraire inscrite sur les murs
urbains, une nouvelle façon de communiquer, de signifier les choses, par des détours langagiers
subtils ou simplement gouailleurs. « L’économie est blessée, qu’elle crève ! », l’économie de la
voiture, que l’on brûle. Refus de la mise au travail. Les Trente Glorieuses furent notablement
significatives en ce sens, et mai 1968 marque l’achèvement de ce cycle d’industrialisation, de
travail acharné.

« La police vous parle tous les soirs à 20 h » : l’O.R.T.F., l’Office de Radiodiffusion-Télévision


Français, est contrôlé par l’Etat, et notamment le journal de 20 h. La police s’immisce « dans la
salle à manger », chaque soir → revendication désireuse d’une émancipation de la pensée.

« Jouissez sans entraves » : révolution sexuelle, de la consommation.


« La guerre est une vielle pute que les gaullistes sont fiers d’avoir connue » : la guerre est révolue,
et de fait l’industrie. De ce point de vue, l’idée que le pouvoir soit légitimé par un triomphe obtenu
au moyen d’une lutte armée mène à un État enfin pacifié. Annie Ernaux, dans Les années, conte
cette transition caractéristique au sein de la commune où elle vécut lors de son enfance, Les
Yveteaux : elle se distingua notamment par la prise de la parole, l’anéantissement d’un mutisme
longuement contenu, la disparition de l’aphasie juvénile face à des adultes qui ne conversaient
qu’au sujet de la guerre. Cette méditation est un « déblocage de la société ». Michel Crozier,
sociologue, partage l’idée, dans La société bloquée3, d’une société immuable, immobilisée par
l’ataraxie sociale imposée par une bureaucratie oppressante, qui entrave fatalement
l’émancipation de cette « bioclasse juvénile ». Cette catégorie est définie par sa vision des choses,

3 Le terme « Société bloquée » fut élaboré par Stanley Hoffmann dans son livre À la recherche de la France,
qu’il publia en 1963. Dans cet ouvrage, Michel Crozier considère que la crise de mai 1968 fut une
« expression de la société bloquée », en révélant finalement les mécanismes et tendance dissimulés. Les
« Voies du changement » sont alors les oracles qui offrent aux hommes les résolutions à entreprendre afin de
« débloquer » cette société contractée : les communications doivent être nouvellement imaginées, les
organisations devraient être axées sur la mobilité, la concurrence et la négociation.
« Il ne suffit pas que chaque institut, faculté ou école se déclare république populaire autonome pour que les
rapports enseignants-enseignés sortent du cercle vicieux traditionnel de contrôle tatillon et d’irresponsabilité
goguenarde. Seule la concurrence peut introduire l’innovation au bon moment, maintenir les hommes vivants
et créer un climat de développement dans une institution (…) L’innovation ne dépend pas seulement
toutefois de la concurrence entre les institutions ; elle exige en même temps que disparaissent les castes… »

par sa volonté de réformer le pouvoir. Ces jeunes gens deviennent des « micro-pouvoirs »
(Michel FOUCAULT), des micro-révolutions émergeant au sein de la famille, de la fratrie, de
l’amphithéâtre. La guerre légitime l’industrie, la mise au travail intense, ainsi que le nouveau
gouvernement. À bout de souffle (Godard) raconte le quotidien d’un malfrat, Belmondo, qui est
soumis à la réalité de la guerre d’Algérie, donc à la conscription éventuelle.

I. Le temps de la contestation sociale

1. Le mouvement étudiant et ouvrier

Un mouvement de fond se déploie durant une période relativement étendue, qui commence à partir
de 1965, lorsque la guerre du Vietnam est diffusée à la télévision. L’environnement enduit de
napalm, la fuite des enfants apeurés : ces diverses images, horrifiques, terrifiantes, asphyxiantes,
sont diffusées au sein de chaque foyer français. L’imaginaire politique mute, avec l’intronisation
au pouvoir de Mao (GODARD, Les chinoises, 1967), ou encore de Che Guevara en Colombie
(plus tard, en 1967, ils s’émouvront par son exécution en Bolivie). La musique, avec des artistes
tels que Bob Dylan, Jimi Hendrix, les Rolling Stones, est constitutive de la « culture jeune ». Cet
essor culturel commun sous-tend la « Commune étudiante » (VIDAL-NAQUET Pierre,
SCHNAPP Alain, Journal de la commune étudiante, 1969) qui s’ancre à Nanterre, le 22 mars
1968. Nanterre est ecnore une université en rénovation (« la folie »). Les étudiants sont réunis dans
des foyers cernés par la fange. De plus, cette faculté est située près du bidonville Nanterre-La
Folie, frange de la révolution industrielle. Les 10,000 habitants travaillent dans les usines
localisées à proximité de ce bidonville, tous étant des immigrés qui furent instamment enjoints à
rejoindre le territoire français, acculé par le manque flagrant de main-d’œuvre.

Le 22 mars, les étudiants manifestent afin que soit autorisée les visites des jeunes étudiants mâles
auprès des étudiantes, dans leur dortoir, après 22 heures. Ce mouvement provoque la fureur du
doyen, Grapin, professeur d’allemand empreint par le « vieux monde » universitaire. Depuis
sa création, en 1964, Nanterre est un lieu de protestations, notamment au sein du département de
sociologie, vivier contestataire dont l’un des étudiants devient le parangon de l’insurrection
étudiante, savoir Cohn-Bendit, futur dirigeant anarchiste de cette Commune étudiante.

Lorsqu’en 1966, François Missoffe, ministre des Sports et de la Jeunesse, inaugura la piscine
olympique de Nanterre, Cohn-Bendit s’est adressé à ce dernier de la manière suivante : « J’ai lu le
livre blanc que vous aviez publié à propos de la jeunesse, et je fus surpris de l’absence d’une
quelconque évocation de la question sexuelle : pourquoi ? » Missoffe, déconcerté, lui rétorqua,
bafouillant : « Mon jeune ami, si cela vous tracasse, plongez donc dans la piscine ! »

Cette contestation se transporte jusqu’au centre de Paris, lorsque le 3 mai la faculté de Nanterre
est évacuée, sans concession, et que les étudiants migrent dans le Quartier latin. La crise étudiante
perdurera du 3 au 13 mai 1968. Lors de la « nuit des barricades », la forte répression policière
entraîna 500 interpellations, 400 blessés, soudant les différentes formes de la contestation.

Le documentaire réalisé par Jean-Luc Magneron, Mai 68, la belle ouvrage, démontre que la
grève ne fut pas seulement une « opérette », une « grévette ». Des témoignages rapportent la
violence exacerbée et manifeste dont furent victimes et les manifestants, et les corps des forces de
l’ordre (ceux-ci employèrent des gaz lacrymogènes, pratiquèrent parfois le viol sur des étudiantes).
Les CRS étaient autant effrayés que l’étaient les manifestants.

Les ouvriers participent à la grève, en réaction aux violences de la nuit du 10 mai, et contre la
répression dont ils sont l’objet. La défense de la jeunesse contre la police est le motif unitaire
des étudiants et des ouvriers. Le projet révolutionnaire de leur jonction est empêchée par des
frictions adventices. Pour ces ouvriers, il s’agit d’augmenter les salaires au moyen de ce
mouvement. Le 21 mai, le nombre de grévistes est estimé de 12 millions.

2. La prise de parole

« En 1968, on a pris la parole comme d’autres ont pris la Bastille en 1789. » (RANCIÈRE
Jacques) Cette prise de parole s’épanouit dans les lieux peuplés par ceux qui n’y sont pourtant
incités : les détenus organisent des mutineries, comme à Nancy, à Metz, gravissant les escaliers
jusqu’à atteindre les toits de la prison et hurlaient des propos grivois, exprimant avec rudesse leur
soutien aux manifestants. Le Groupe d’Information sur les Prisons, fondé par des intellectuels
(Jean-Marie Domenach, Michel Foucault et Pierre Vidal-Naquet), sera le médiateur entre
l’opinion et le groupe de détenus. Les médias officiels sont surpassés. Afin de résoudre cette
difficulté apparente, une presse libre rédigera, de manière illicite, des articles entre 1968 et 1972,
s’inspirant de l’expérience maoïste en Chine avec les dzaibaos, ces grands journaux muraux
rédigés à la main, soit par les propagandistes du pouvoir, soit par des contestataires : ce sont
Roulche à Strasbourg ; La Gueule ouverte, ancêtre de Charlie Hebdo ; Libération, fondée en juin
1971, refusant toute intégration au système, la hiérarchie et la disparité salariales. Des intellectuels,
à l’exemple de Jean-Paul Sartre, défendent cette prise de parole et s’impliquent personnellement en
sa faveur.

Dans des lieux où la parole a toujours triomphé, on cherche à déborder la parole officielle (Odéon).

Les usines sont occupées, pareillement au contexte précédant la Seconde Guerre mondiale, en 1936,
lors de l’avènement du Front populaire, notamment (Julien Duvivier, La belle équipe, 1936, avec
Jean Gabin). Les cadres revendiquent moins les salaires qu’un partage des pouvoirs
patronales. L’implication des cadres dans l’usine témoigne de la volonté de bénéficier d’une
fraction du pouvoir patronale, détenu par des branches privées ou publiques.

L’émergence des « gauchistes » (terme péjoratif créé par les communistes, et fréquemment employé
par Lénine dans son ouvrage La Maladie infantile du communisme (le « gauchisme »), publié
en 1920) est fort nuisible, car ces derniers désirent engager une nouvelle révolution et sont en cela
déterminés à bouleverser les syndicats traditionnels. Au sein des usines coexistent de jeunes
maoïstes et des communistes, favorables à l’entretien des machines, afin qu’elles ne soient pas
détériorées, contrairement à leurs confrères. Ils sont soutenus par les établis, les professeurs, les
intellectuels, qui s’emploient clandestinement dans l’usine afin d’infuser et divulguer la stratégie
révolutionnaire. Par exemple, Robert Linhardt, un élève normalien et sociologue à Nanterre,
s’établit dans les usines Citroën de la porte de Choisy durant plus d’un an. Dans un ouvrage intitulé
L’Établi, qui paru en 1968, il recense son expérience en tant qu’ouvrier. Outre une description
impitoyable du travail à la chaîne et de la « lobotomisation » des consciences, il assure un mode de
réflexion fondamental sur la notion du travail salarié. Il y témoigne des dérives racistes des « petits
chefs », les hommes interchangeables, la modernistation au détriment de l’accompagnement social,
les humiliations subies au profit du travail « bien fait » de la part des technocrates convaincus de
leurs connaissances théoriques, la nébuleuse des improductifs qui commandent la production afin
de satisfaire au capitaliste qui bénéficie de dividendes.

Essayez donc d’oublier la lutte des classes quand vous êtes à l’usine : le patron, lui, ne
l’oublie pas.

Quand j’avais compté mes 150 2CV, et que ma journée d’homme-chaîne terminée je rentrais
m’affaler chez moi comme une masse, je n’avais plus la force de penser à grand-chose, mais au
moins je donnais un contenu précis au concept de plus-value.

LINHARDT, Robert, L’Établi, 1968.

II. Le déblocage des sociétés

1. La révolution des jeunes

Contre les sociétés « bloquées », plus que « visqueuses », il s’agit de réintroduire des formes de
fluidité entre les couches sociales, les couches générationelles de cette société patriarcale, et ce au
travers de la révolution des jeunes, et plus spécifiquement des jeunes hommes.

Ces jeunes gens, cette « bioclasse adolescente et juvénile » (MORIN Edgard), disposent
comme moyen d’action d’une « culture jeune », dont la portée révolutionnaire ne doit être ni
ignorée, ni minorée.



Johnny Halliday, âgé de 17 ans, intègre l’École des Vedettes et propose une performance à la
télévision en 1960, sous l’égide de deux marraines (Aimée Mortimer et Line Renaud, animatrices
de l’émission). Les femmes maintiennent la conservation sociale dans la société archaïque, et sont
emblématiques de son mutisme. La musique porte en elle une marge révolutionnaire qui lui
permettra, enfin, de transcender le joug matriarcale. « Laisse les filles » est une chanson
provocante : la gestuelle de Johnny Halliday provoque un véritable scandale, ses paroles sont
hardies, effrontées. Cette dernière est diffusée dès mars 1960, par le label Vogue (super 45
tours). Elle sera subséquemment vendue à plus de 100,000 exemplaires lors des jours
succédant à l’émission. Cela définit la culture de fond qu’est la culture jeune, soit un marché
solvable qui valorise les qualités supposées de la jeunesse, et entraînent dans son sillage tous les
milieux minoritaires, même les femmes.

Le premier mouvement féministe est impulsé en 1968, à Vincennes, par Antoinette Fouque,
sociologue qui étudie l’inconscient des femmes, ainsi que leur suggestif et intarissable désir sexuel :
la femme est un homme comme les autres, selon elle. En 1971, Monique Wittig et elle forment
conjointement le premier parti politique féministe, à l’intersection de l’ouvriérisme et de
l’anticolonialisme : le mouvement féministe n’agit pas par lui-même et en sa propre faveur, mais
par le biais de l’alliance et du soutien apportés aux peuples colonisés et aux ouvriers. Les femmes
sont considérées comme exploitées par les hommes, de la même façon que le sont les ouvriers, et
dominées, colonisées comme le sont également les individus issus des colonies. Ce mouvement
permet l’essor des gender studies, notamment aux États-Unis, au Tuscon College, en Arizona,
où professe Wittig dès 1976. Les minorités politiques et économiques s’entent ainsi à cette culture
jeune.

Les pères sont terriblement absents dans les années 1960, car ils ont échoué à la guerre ; les mères
apparaissent comme « les gardiennes du temple », les pères demeurant sous leur joug.

À cet instant est amorcée la révolution culturelle. Une « chape de plomb » appesantit la jeunesse,
ébranlée plus tard par ses soubresauts et cavalcades tonitruantes.

Les jeunes gens ne disposent du droit de vote qu’à l’âge de 21 ans (« Sois jeune et tait-toi »).

2. La remise en cause du pouvoir

Parallèlement à cette révolution de la culture jeune s’anime une révolte contre toutes les formes
diverses de domination, que l’on peut résumer en six points :

1° La révolte contre l’État, contre les forces de l’ordre, contre la guerre, contre les frontières,

2° La révolte contre la famille, qui relève, depuis l’Antiquité, de l’ « oikonomía », soit de


l’ « administration de la maison » (de οἰκία / oikía, « maison », et νόµος / nómos, « loi »).

3° La révolte contre les hommes,

4° La révolte contre l’ordre mondial, qui oppose les pays développés aux pays en développement
ou marginaux, et influe sur les conflits larvés qui bouleversent deux tiers du territoire mondial.

5° La révolte contre la justice. La thèse de Surveiller et punir, texte majeur rédigé par Michel
Foucault, établit que la justice n’est utile qu’à l’assurance de l’innocence des juges. Michel
Foucault est opposé au maoïste Pierre Victor, qui suggère l’érection institutionnelle d’une justice
populaire par le biais de l’abolition de la justice gouvernée par des hommes fortunés, et ainsi
« tordre le bâton dans l’autre sens ». Or, selon Michel Foucault, ce vœu pieux est inconsistant : il
ne s’agit pas de seulement « tordre » le bâton de la justice, mais plutôt de le briser. Cependant, quels
seraient les motifs justifiant de tordre celui-ci afin de frapper les classes aisées, après en avoir usé
contre les classes prolétaires ?

6° La révolte contre les écoles et les universités, contre les « éducastreurs » (BOURDIEU
Pierre).

7° La révolte contre l’impérialisme américain. La jeunesse soutient ardemment le Shah d’Iran,


Mohammad Reza Pahlavi, le régime politique chilien d’Allende4 dans sa lutte contre les
dominations des pays du Nord et contre toutes les formes de capitalisme, favorisant de fait
l’émergence de l’autogestion. Ils dénoncent également l’interventionnisme des États-Unis durant la
guerre au Viêt Nam, leur attitude et leur fermeté lors de la crise de Cuba.

L’usine Lip, usine horlogère (montres à ressort) séculaire, est contrainte de fermer définitivement,
défaite par la concurrence japonaise. Les ouvriers occupent dès lors l’usine, clamant la devise
suivante : « C’est possible : on fabrique, on vend, on se paye ». Cette autogestion deviendra un
modèle en 1973.

III.Une révolution manquée ?

1. Changer d’époque ?

Dès le mois de septembre de l’année 1968, l’analyse suivante est proposée : mai 1968 fut une
révolution « pour rire » (POMPIDOU Georges, Le Nœud gordien, 1974), car pour qu’il y ait

4Salvador Guillermo Allende Gossens (1908 - 1973) est président de la république du Chili du 3 novembre
1970 à son décès. Son gouvernement, soutenu par la coalition de partis de gauche, Unité populaire, tente
d’instaurer un État socialiste de façon pacifique et légale - la « voie chilienne vers le socialisme » - par le
biais de projets tels que la nationalisation des secteurs majeurs de l’économie et par la réforme agraire. Il est
confronté à la polarisation politique internationale de la guerre froide et à une grave crise politique,
économique et financière nationale.
La coup d’État du 11 septembre 1973 mené par Augusto Pinochet, soutenu par les États-Unis, renverse le
gouvernement et institue une dictature militaire. Salvador Allende se suicide dans le palais de la Moneda,
sous les bombes mutines.

révolution, il faut qu’il y ait sacrifice. En 1969, Georges Pompidou est élu président de la
République française, remplaçant Charles de Gaulle.

Raymond Aron démontre qu’elle fut, au mieux, une révolution manquée, et au pire, un vaste
chahut d’étudiants et de fils privilégiés. Un fossé évident est apparu entre la classe politique et la
société : « le fossé entre le pays réel et le pays légal » (Mitterand, 1981), le pays légal étant celui
qui vote, décide des lois façonnant la Constitution. Ce fossé a-t-il disparu, aujourd’hui ? Ce clivage
entre le peuple et la classe politique est-il révoqué ?

Les lieux politiques sont rénovés : on ignore les institutions politiques. Lors de la rencontre des
partis politiques de gauches (la Deuxième gauche, le Parti radical et la S.F.I.O.) à Charléty, le
27 mai 19685, la classe politique porte ses espoirs en Pierre Mendès-France, qui préfère demeurer
muet. Lorsqu’on tente de lui soutirer la raison pour laquelle il se tut à cet instant, ce dernier répond,
avec flegme : « C’était pas la peine, ils ne m’écoutaient pas, ils baisaient tous ». La révolution
culturelle est une révolution sexuelle, de la finitude des vies humaines, des corps. C’est un
véritable changement de référence, de système : ce fossé, qui ne fut jamais si important, est le
constat d’un retard invétéré du domaine politique vis-à-vis du domaine social, le domaine social
entretenant lui-même un certain retard à l’égard du domaine économique. Ce tripartisme demeure,
depuis, inchangé.

Valéry Giscard d’Estaing, président de la République, (1974 - 1981) a admirablement compris


les réquisits, les paradigmes et plus généralement les fondements du mouvement de mai 1968. Sa
sagacité lui permit de saisir quelles étaient les requêtes cardinales de la jeunesse révoltée, des
ouvriers avides de réformes. Ainsi, il prône la paix et l’égalité sociale, permet le droit de vote à
l’âge de 18 ans et légalise l’IVG. Dans son ouvrage manifeste Les démocraties françaises, il
dresse un bilan de l’année 1968 et de sa pratique du pouvoir, de la culture qu’il défend, en contraste
avec celle propre aux citoyens français : il est l’ « avatar de l’ancien monde ».

2. Une révolution culturelle

La bande-dessinée constitue un véritable bouleversement du rapport à l’image. Le PCF possédait le


journal nommé Pif gadget. Il députe Hugo Pratt à la réalisation de La Ballade de la mer salée.
Finalement, sa publication est interrompue dès la deuxième livraison, le PCF considérant que Hugo
Pratt répand, par l’intermédiaire du personnage Corto Maltès, des idéaux anarchistes. La bande-
dessinée se revendique donc de ce mouvement révolutionnaire.

5 En mai 1968, le P.S.U. s’engage inconditionnellement en faveur du mouvement étudiant. Suite au refus des
accords de Grenelle prononcé par les ouvriers de l’usine Renault, face auxquels se tint Georges Séguy, les
étudiants de l’U.N.E.F., suppléés par le syndicat de la C.F.D.T. ainsi que par le P.S.U., organisent une réunion
au stade de Charléty, le 27 mai. 30,000 personnes s’y rassemblent alors. Au lendemain de cet évènement, la
cacophonie et l’impuissance sont patentes à gauche, permettant au pouvoir d’obvier au mouvement en
insistant sur les divergences qui le scindent.

Giscard d’Estaing est contemporain du phénomène disco. Saturday Night Fever, film dans lequel
joue le jeune Travolta, est archétypal de la révolution culturelle par le son et l’image qui renouvelle
alors l’ancien support de ces deux données.

La pornographie, dont le film Emmanuelle incarne l’emblème en 1974 (9 millions de spectateurs


en France, 70 millions dans le monde), connaît un triomphe fulgurant. L’État crée une taxe en
1975 sur les films érotiques et pornographiques.

Cette libération des sons et images s’accompagne de leur libéralisation (l’Etat cesse de détenir
l’empire de la culture, comme ce fut le cas avec André Malraux), aboutissant à une forme de
dérision : tout devient révocable. Coluche, satyrique, dévoie avec verve le mouvement de 1968, le
conspue avec une ironie aiguisée. Il se présentera aux élections avec un programme « Bleu, Blanc,
Merde ». Gainsbourg aussi, en 1979, chante la Marseille reggae, face à la foule hostile des
parachutistes. Il écrit « Aux armes et cetera », détournant les paroles de la Marseille en les
façonnant de manière provocante. Tandis qu’il devait l’interpréter lors d’un concert, des membres
de l’auditoire patriotes menacent d’attenter à son intégrité physique s’il osasse l’entonner.
Gainsbourg surprend l’ensemble du public, chantant, a capella, la Marseillaise, bientôt secondé par
les parachutistes qui ne peuvent que satisfaire à leurs devoirs de soldat.

Dans le monde politique, 1968 débouche sur l’extrémisme : la Fraction Armée rouge6 en
Allemagne, l’Action directe7 en France, les brigades rouges8 en Italie.

CONCLUSION

6La Fraction Armée Rouge, ou la Rote Armee Fraktion, est une organisation terroriste allemande d’extrême-
gauche, ou, selon sa propre phraséologie, une organisation de « guérilla urbaine » (MEINHOF, Ulrike, Das
Konzept Stadtguerilla, « Le concept de guérilla urbaine », avril 1971)) qui a opéré en Allemagne de l’Ouest
de 1968 à 1998, contribuant à la crainte et au renforcement militaire de l’ « Automne allemand », ou plus
généralement aux « années de plomb » en Europe.
7 Action directe est le nom d’un groupe terroriste communiste, issu de la lutte anti-franquiste et du
mouvement autonome. Il apparut lors des « années de plomb » (1960 - 1980). Il emprunte son nom à la
théorie anarchiste de l’ « action direct ». Ses membres revendiquèrent plus de 80 attentats, plusieurs
tentatives de meurtre sur des hommes politiques. Le groupe fut prohibé pour apologie de la lutte armée par
un décret du 24 août 1982, portant dissolution du groupement par l’effet de la loi du 10 janvier 1936 sur les
groupes de combat et milices privées.
8 Organisation d’extrême-gauche italienne apparue durant les années de plomb, particulièrement dirigée
contre les policiers et les magistrats. Elles commirent de nombreux attentats et assassinats, notamment
l’enlèvement puis le meurtre, le 16 mars 1978, de l’ancien président du parti de la Démocratie chrétienne,
Aldo Moro. Aux élections de juin 1976, la Démocratie chrétienne obtient 38 % des voix, tandis que le Parti
communiste italien ne parvient qu’à 34 % des suffrages. L’État italien refusa de céder aux injonctions des
Brigades rouges, qui souhaitaient que leur soient attribuée la reconnaissance dont bénéficia l’OLP de Yasser
Arafat comme mouvement insurrectionnel, ainsi que la libération de certains brigadistes incarcérés. Aldo
Moro est finalement assassiné, après 55 jours de captivité.
Pendant les années 1980, de nombreux membres des Brigades rouges et d’autres groupes terroristes purent se
réfugier en France, en vertu de ce qu’il est convenu de nommer la « doctrine Mitterand » : sous réserve de ne
pas conduire de nouvelles actions violentes depuis la France, ils disposaient de la garantie de n’être pas
soumis à l’extradition.

• Les années 1968 ont achevé la modernisation des sociétés industrielles, et ce en contrevenant à la
position longuement établie de l’individu dans la société, en rendant possible la libération du
singulier face au collectif.

• Est-ce la fin du cycle industriel, ou le début d’une nouvelle société industrielle mondialisée ? Et
si, finalement, la révolution mondiale se substituait à la révolution industrielle ?

LEDUC Victor, « Destin du léninisme », in Raison présente, n° 100, 4e trimestre 1991, pp. 5 -
17.

« On entend par totalitarisme un régime politique qui se distingue à la fois de la tyrannie et du


despotisme, et dont la caractéristique est le gouvernement par la terreur (policière) et par la
référence à une idéologie supérieure, qui fournit au régime sa légitimité. » (ARENDT Hannah, Les
origines du totalitarisme)

« Hannah Arendt elle-même, dans son introduction à Le système totalitaire, estime que la terreur de
masse s’arrête à la mort de Staline. »

Emmanuel Modigliani, suite à sa rencontre avec Lénine lors de la conférence de Zimmerwald, en


septembre 1916, qualifia ce dernier de « boulet de canon » dans l’une des missives qu’il adressa à
Jeanne Modigliani.

En 1916, Lénine écrit à son amie Inessa Armand : « Voilà ma destinée : une campagne après l’autre
contre les sottises politiques, les platitudes, l’opportunisme, cela depuis 1893. »

Il fonde une fraction au sein du P.O.S.D.R. (Parti social démocrate de Russie) qui deviendra
majoritaire (bolchevique), puis fera scission en 1912 au Congrès de Londres, créant le parti
bolchevique.

Aucun pays n’a connu, à beaucoup près, une vie aussi intense quant à l’expérience
révolutionnaire, quant à la rapidité avec laquelle se sont succédées les formes les plus diverses du
mouvement, légal ou illégal, pacifique ou orageux, mouvement de cercles ou massifs,
parlementaires ou terroristes. Aucun n’a connu dans un intervalle de temps aussi court une aussi
riche concentration de formes, de moyens, de méthodes dans la lutte des classes dans la société
contemporaine, lutte qui en conséquence du retard du pays et du joug tsariste écrasant, mûrissait
particulièrement vite. »

LÉNINE, La maladie infantile du communisme (« le gauchisme »).



Lénine perce parmi ces soulèvements, ces manifestations, ces grèves et les divers mouvements
sociaux visant à réfuter l’ordre établi, le syndrome d’une révolution qui mènera, à terme, vers une
dictature du prolétariat, celle-ci succédant à une dictature démocratique régie par les ouvriers et les
paysans. « Il y voit le prélude de la révolution universelle, et c’est dans cette perspective qu’il situe
toute son action, et en particulier qu’il va forger une arme sans laquelle, selon lui, tous les
mouvements populaires ne pourraient qu’avorter. Cette arme, c’est le véritable Parti
révolutionnaire. » Dans son ouvrage intitulé Que faire ? (1902), Lénine expose sa théorie du
communisme au travers de la conception du Parti révolutionnaire ambitionné.

« C'est d'abord l'id e qu'il faut, pour l'efficacit de la lutte contre la police politique et pour la
conduite correcte du mouvement ouvrier lui-m me, cr er une cat gorie sp ciale de militants qu'il
appelle « les r volutionnaires professionnels » qui seront l'armature du mouvement, et, en quelque
sorte l'appareil du parti. […] On peut m me dire que tous les membres de ce groupe devront
pouvoir parvenir un niveau quivalent de capacit th orique. Tous seront des hommes prouv s,
professionnellement pr par s et instruits par une longue pratique, parfaitement d'accord entre eux. »

Ce mouvement agira, de manière évidente, clandestinement.

La « discipline de fabrique » est certes un facteur d’exploitation de la classe ouvrière, mais celle-ci
doit en convertir la nature afin de s’en doter comme puissance de production.

Le parti bolchevique greffa son action sur des luttes spontanées, ou engagées par de tierces
personnes. Les soviets, ces conseils composés de paysans, d’ouvriers et de soldats, ne sont pas
l’œuvre de bolcheviks, ceux-ci ne les conquérant à Petrograd et à Moscou que tardivement.

La révolution de 1917 aboutit au tsarisme, et ce principalement grâce aux mencheviks, au point que
l’un de leurs membres, nommé Kerensky, est juché à la direction du gouvernement provisoire.

Le 7 novembre 1917, l’insurrection est déclenchée par Lénine à Petrograd, menant au siège d’un
certain nombre de bâtiments publics, organisé par un groupe d’hommes auxquels se joindront les
matelots révolutionnaires du croiseur Aurore. Ils pilonnèrent le Palais d’Hiver.

Le parti bolchevique s’est ainsi emparé du pouvoir depuis lors. « Devenu seul dirigeant du parti unique,
construit lui-m me selon les normes de la centralisation la plus pouss e, comme l'a voulu L nine
pour y maintenir tout prix l'unit de pens e et d'action, monopolisant le pouvoir tous les niveaux
et toutes les sph res de la vie sociale ». Il s’opposera à la suppression des directions ouvrières dans les
entreprises,

























Le léninisme a épuise, comme le dira Berlinguer, « sa force propulsive ».

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