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Journée académique, Rennes, nouvelles approches historiographiques du nazisme et de la

shoah, 10 décembre 2021

Hitler et le meurtre des juifs : de Mein kampf à la « solution finale » - Florent Brayard

- travail sur édition de Mein kampf, historiciser le mal. Travail franco-allemand. Reddition française = MK +
traduction commentaire allemand + une intro rajoutée à chacun des 27 chapitres. 3 X 700 pages.

- Question du moment de l’intention génocidaire : projet ou résultat de l’évolution de


l’appareil ?
- MK 11 m° exemplaires 1925-1945. Dès 1945 recherche de réponses. MK très utilisé par procureurs de
Nuremberg. 1970’s histoire « intentionnaliste » = lien direct MK/ Shoah. Exemple Lucy Dawidowicz, The
War against Jews, 1975. Abandonné depuis.

I. La route tortueuse vers Auschwitz


- programme en 25 pts du NSDAP, 1920 = préconise déchéance nationalité, éviction FP + exclusion juifs
étrangers si crise alimentaire.
- pratique du pouvoir nazi : 1933 décrets-lois sur FP, 1935 lois de Nuremberg sur mariage et nationalité.
1933-1941 pousse à l’émigration 350 000 juifs sur les 560 000 en Allemagne.
- expulsion juifs polonais du Reich octobre 1938. bloqués des semaines entre les frontières, la Pologne n’en
veut pas.
- Documents des services soviétiques : demande allemande de pouvoir expulser ses juifs en URSS, refus
soviétique.
- Été 1940 étude sur la faisabilité de réserves juives, plan Madagascar par ministère des affaires étrangères,
pour tous les juifs d’Europe. Question de la subsistance sur l’île étudiée. Pas question d’entraver la
reproduction. Échec car guerre pas gagnée et routes maritimes contrôlées RU.
- Aussitôt (été 1940) = idée envahir URSS à la place d’envahir le RU. Evolution projet juifs = confins
soviétiques. Jusque printemps 1942, projet retenu, amoindri.
- juin 1941 opération Barbarossa + constitution Einsatzgruppen. Fin 1941 documents = 500-800 000 juifs
soviétiques déjà tués, + projet liquidation des autres, capables de travailler ou non.
- discours gouverneur Pologne occupée = juifs seront tués sur place, décembre 1941.
- janvier 1942 = conférence de Wansee = objectif disparition totale juifs : meurtres à l’est, tuer au travail
allemands et européens de l’ouest + empêcher reproduction des survivants. Ce qui se fait concrètement
avril/juin 1942 = déportation sur sites d’exécution, abandon des grands travaux. Juifs au travail seulement si
besoin des camps.
Caractère processuel du traitement des juifs.

II. Mein kampf à la loupe


- volume 2 dit si on avait gazé 12 ou 15 000 juifs pendant la première guerre mondiale, comme les soldats
soumis aux gaz dans les tranchées. Mais sous-entendu = juifs planqués WW1, alors que tués au front le pays
aurait été débarrassé. Pas logique gazage Shoah.
- chapitre 5 passage sur 1914 et nécessité « s’en débarrasser sans autre forme de procès » « toute la
confrérie mensongère de ces juifs empoisonneurs du peuple », mais suite explication = « chefs du mouvement
séditieux » : toujours pas génocidaire, contre juifs comme liés communisme et socialisme.
- un imaginaire génocidaire attesté : période écriture MK (1923-1924). 1922 rencontre journaliste Joseph
Hell, questions objectifs une fois au pouvoir, réponse Hitler = « annihilation des juifs » : potence. « jusqu’à ce
que l’Allemagne ait été complètement nettoyée des juifs ». document très peu cité par historiens, car pas
document originale mais document confié à un institut à Munich en 1945 par Hell = considéré comme source
douteuse.
- notes préparatoires Hitler pour un discours de 1922, manuscrit autographe Hitler. « pendre les juifs »,
« pendre les profiteurs », « combat racial ».
- discussions 1922 avec Rudolph Hess = exterminer marxistes et juifs avec mitraillette.
- nouvelles sources depuis 1980’s : interview Hitler 1923 journal catalan : « si nous voulons que l’Allemagne
vive, nous devons détruire les juifs », + développe sur pogroms insuffisants car problème national, chiffre 1
m° de juifs allemands. Déplore pas possible tous les tuer d’un coup, monde dominé par juifs = autres pays
réagiraient. Donc seule possibilité = expulsion de masse. Question de la systématicité centrale : meurtre
(pogroms) comme inefficaces car ne peuvent pas être systématiques, d’où projet d’expulsion.
- Dans MK réflexion sur possibilité exterminer idées par violence contre personnes.
- fantasmes et projet génocidaire dans leur historicité. Hitler définit « antisémitisme de raison » comme +
efficace que pogroms.
- novembre 1941 toujours travail de transplantation des juifs y compris soviétiques = encore croyance
systématicité possible seulement comme ça.
- comment expliquer évolution vers « solution finale » : conditions de possibilité ont changé, question de
l’opinion internationale ne se pose plus.
- 70 000 morts automne 39 – été 41 = programme T4 contre handicapés et malades mentaux, suspendu sur
protestation des autorités religieuses. Gaz dans camions. Personnel mis à disposition + tard pour mise en place
chambres à gaz Sobibor et Treblinka.
- Été 1941 = meurtre juifs soviétiques par einsatzgruppen = montre massacre de masse techniquement possible.
33771 juifs en 2 jours 29 et 30/09/1941 à Babi Yar à côté de Kiev en Ukraine.
- l’appareil d’État comme opérateur. Différent des pogroms.

III. Mais pourquoi fallait-il tuer les juifs ?


- rend 10-1500 juifs responsables défaite 1918 = dirigeants Weimar.
- Volume 2 MK, peuple = 3 parties : meilleurs, moyens et pire espèce. Époque effondrement = domination des
pires. Grande masse milieu = ne se trouve au pouvoir que si les meilleurs et pires s’affrontent, sinon acceptent
n’importe quel pouvoir. WW1 a surtout tué « meilleurs » (+ milieu) = donne du poids classe « méchanceté et
couardise » = « lie du peuple » peut faire la révolution. Théorie de l’équilibre guide exercice pouvoir Hitler,
surtout pendant la guerre. 1942 discussion avec Goebbels (dans journal Goebbels = perte « idéalistes » très
nombreux, il faut équilibrer « du côté négatif et criminel »). Allemands se soulèvent seulement si menés par
juifs : il faut se débarrasser des juifs. Objectif éviter retour 1918.

- question : poursuite génocide jusqu’à la fin = résultat administration qui fonctionne par elle-même ou volonté
Hitler et théorie équilibre ?
Europe occupée = 95 % objectif atteint après un an. Restent quelques travailleurs spécialisés et juifs en
couple mixte en Allemagne. Mais suite du programme = accroissement territoires occupés : Italie, Hongrie
(mars 1944), Slovaquie (septembre 1944). pensent effet déportation = regagner du terrain (Hongrie). 1941-1942
= 80 % des morts de la « solution finale ».
- Fin 1944 = question négocier paix séparée avec juifs comme monnaie d’échange, mais refusée par Hitler.

- réévaluation sens mot « extermination » comme génocidaire, sens différent à l’époque.

« Ce que j’ai vu à Auschwitz ». Les cahiers d’Alter Fajnylberg, rescapé du


Sonderkommando de Birkenau. Alban Perrin.

- travail en cours. témoignage rédigé 1945.


- Sonderkommando = à Birkenau seulement, nom du groupe qui vide chambres à gaz, fosses communes puis
bûcher ciel ouvert puis fours. Ailleurs Sonderkommandos = tueurs. Signifie « équipe spéciale ».
Einsatzgruppen = Einsatzkommando + Sonderkommandos. Reste vocabulaire de dissimulation des traces du
crime. Sites d’extermination aussi appelés sonderkommandos par métonymie. A Sobibor = pancarte. Treblinka
« Sonderkommando » = porche en bois « SS Sonderkommando, district Warchaw). SS n’ont jamais dit « camps
d’extermination »
- fours crématoires = dernière phase Birkenau (1943) seulement.
- fils de Fajnylberg dépose cahiers en polonais à mémorial Shoah. 20 pages déjà publiées dans revue d’histoire
de la shoah = témoignage 1945 devant commission d’enquête, + 4 cahiers en polonais, plusieurs versions,
réécriture par l’auteur. Alter Fajnylberg, mort 1987. Déporté 1er convoi français mars 1942, évadé marches de la
mort 1945. Déporté sous un faux nom, typiquement polonais, qu’il décide de garder. Communiste polonais,
écrit en polonais, pas en yiddish (qu’il maîtrise).
- Né en Pologne, 1911, petite ville, fratrie de 13, famille orthodoxe, père enseignant école juive + fonction
synagogue. Famille change de ville vers 1918. mère vend légumes au marché, fait vivre famille. Frères aînés
fondent coopérative ouvrière de menuiserie. S’engagent dans syndicalisme. Alter arrêté à 15 ans pour manif.
Communisme clandestin.
- Brigades internationales 1936 sur autorisation du PC clandestin polonais. Arrivée été 1937. Doit alors
rédiger sa biographie militante, conservée (Moscou archives Komintern). 1927 JC, 1929 prison, 1931 prison.
« j’ai liquidé l’opposition des pionniers à... ». Téléphoniste BI, dans compagnie polonaise, pas dans compagnie
juive. Blessé. Exclu du parti 1939 comme « mécontent et démoralisé » critiquant direction BI pendant
retirada février 1939.
camps Argelès -sur-mer, jusque 1941. évadé et repris mars 1941. volontaire STO en Allemagne pour
échapper travail en Algérie (construction voie ferrée). Proche Lorient, faux nom mais reconnu par ancien des
BI polonais qui menace de le dénoncer comme juif = fuite. Rejoint PCF dans résistance armée. Planque Paris.
Contrôlé dans la rue = arrestation. Avoue judaïsme plutôt que communisme = Drancy septembre 1941 (1er
mois de Drancy). Début du récit dans les cahiers.
- 80 jours Drancy. Faim, morts de maladies, juifs pris pour être fusillés comme otages. Compiègne février
1942. 1er convoi de déportation français = mars 1942. Fiche d’internement à Drancy donne faux nom Stanislas
Jankowski, connu sous ce nom à Auschwitz.
- arrivée Birkenau = juifs polonais et allemands + prisonniers de guerre soviétiques. Que des hommes, tous mis
au travail. Mortalité élevée. Rejoint camps souche Auschwitz sur qualification menuiserie. Atelier meubles.
On lui propose usine chaussures = arnaque : fours crématoires.
- brûlent les morts au travail, les fusillés, les guillotinés. Raconte avoir assisté à un seul gazage = décembre
1942, les hommes du Sonderkommando de Birkenau.
- « Crématoire 1 ». Rencontre juif tchèque printemps 1942, les 2 ont témoigné après-guerre. 6 mois. Travaux
crématoires Auschwitz achevés. SS comptent nombre de corps qui peuvent être incinérés par 24h : 1er
crématoire fermé, restent seulement nouveaux fours Birkenau. Alter retourne Birkenau, très agrandi depuis
1942. affecté crématoire 5.
- Alors cahier change, sur description générale sonderkommando. Fosses d’incinération ajoutées 1944 pour
augmenter capacité. Décrit résistance du sonderkommando, « international au plein sens du terme » :
toujours antifasciste. Un des organisateurs de la révolte du Sonderkommando, on ne sait pas comment il a
survécu. Été = rôle photos clandestines du sonderkommando. Appareil fourni par un juif polonais, longtemps
considéré comme l’auteur des clichés, à un groupe du Sonderkommando qui organise la prise des photos.
Appareil enterré, pellicule transmise jusque Cracovie septembre 1944 via réseaux communistes. Développées à
la fin de la guerre.
- Fin août 1944 = + de 900 hommes Sonderkommando, groupes jour et nuit. 300 exécutés, corps ramenés
pour être brûlés = les autres comprennent. Nouvelle annonce transfert 300 hommes = décident de se révolter
(déjà projet révolte générale Auschwitz été 1944, mais pas abouti). Se jettent sur SS, certains fuient, mettent le
feu au crématoire 4. Des hommes en fuitent tuent 3 SS en patrouille dans les bois. 450 hommes tués. Restent
200 hommes SK.
- Himmler décide novembre 1944 liquidation hommes et démantèlement crématoires. Janvier 1945 =
évacuation générale Auschwitz = « marches de la mort ».
- crématoire 5 = le dernier. Évacuation camps. Un SS vient les chercher, retour au camps = se faufilent dans
les colonnes d’évacuation qui partent à pieds. Les SS remontent les files à pieds à leur recherche. Alter + 2
autres = fuite pendant la marche, en Silésie. Cachés plusieurs semaines par une femme dans une meule de
foin. Armée rouge. Retour en France fin 1945.
- jamais membre du PCF, mais toute sa vie asso anciens BI, union des juifs pour la résistance et l’entraide,
amicale d’Auschwitz
- fâché par refus statut « déporté résistant », obtient « déporté politique » 1950’s. Pas de statut légal
« déporté juif » : tous « déportés politiques »
- carrière de tailleur, problèmes de santé. Voyage Auschwitz 1985. mort 1987.

« Les juifs d’Allemagne de 1914 à 1933, entre assimilation et rejet », Dorothea


Bohnekamp, Rennes 2

- 1918-1933 = apogée intégration juive avec élites juives promues par État// déchaînement antisémite.
- juifs majoritairement déjudaïsés. Culture allemande. Antisémitisme visible comme code culturel. Vision du
monde autorités et dogme germaniste xénophobe.
- guerre 1914-1918 = désenchantement juifs avec recherche boucs émissaires défaite, révolution et
effondrement monarchie.
- 1ère assemblée Weimar = progressiste et libérale. Vote complète émancipation politique et citoyenne juifs.
Adhésion juifs à Weimar. Soutien juif aux partis sociaux-démocrates. Entrée massive dans administration.
Fragmentation : république rejetée par la droite et l’extrême-gauche = montée de l’idée Weimar au service des
juifs et des vainqueurs de 1918. mythification Reich comme stabilité.
- république W assimilée juifs = rejet et vagues de violence. Antisémitisme comme jonction différents courants
pensée politique.
- 1920 assassinat seul ministre juif (affaires étrangères) = revirement processus d’intégration. Puis pogroms.
- mesures légales Hitler = dans lignée antisémitisme et discriminations, avec pause 1918-1920.

I. Qui sont les juifs d’Allemagne ?


19ème = population X2 : 200 000 à 500 000. ascension sociale : bourgeoisie. Acculturation rapide, mais
fonction publique fermée jusque 1919, comme corporations, fédérations, loges maçonniques. Mais imaginaire
national = hostilité et exclusion. Émancipation au cas par cas depuis 1812 : vision élitiste.
- philosophes allemands fin 19ème : germanocentrés, supériorité du christianisme.
- modernisation religion juive avec traduction pentateuque en allemand (Moïse Mendelssohn), milieu 19ème
jusque Weimar = déjudaïsation croissante. Réflexion sur identité germanité/ judéité.
- intégration sociale très limitée alors que intégration économique et culturelle forte.

II. 1ère guerre mondiale


- pour juifs = concrétiser rêve union nationale. Mobilisation juive supérieure à moyenne. 20 % des hommes
juifs. Minorité pacifiste (Einstein, Rosa Luxembourg). Pour la 1ère fois = officiers juifs. Walter Rathenau chef
de service approvisionnements ministère de la guerre.
- 1916 = 1er décompte juif armée : recherche « embusqués juifs » (Die Judenzahlung). Chiffres jamais
publiés = soupçons. 1918 décompte organisé par juifs qui montre importance mobilisation.
- guerre = accentuation clivage, boucs émissaires = renforce sentiment d’appartenance communauté juive.

III. Weimar
- Espoir. Instabilité politique + crises économiques.
- constitution août 1919 (Hugo Preuss, juif comme rédacteur principal).
- entière intégration = nouvelles élites républicaines juives. Fonctionnaires nombreux. 1922 assassinat
Rathenau, juifs se retirent vie publique, trop exposée. Ambiance politique tendue : communistes/ putschistes
de droite (évoluant en nazis). Juifs rejettent massivement révolutionnaires (qui donnent corps à la « menace
judéo-bolchévique »).
- image « république juive », aux intérêts des juifs, théorie « coup de poignard dans le dos ». multiplication
des milices. 700 publications antisémites 1920’s. D’abord violence contre juifs de l’est (polonais et russes qui
arrivent 1920’s).
- 1923 = pogrom centre Berlin contre juifs immigrés. « camps de concentration » = juifs immigrés sans titre
de séjour, parqués avant expulsion. Fermés sur scandale conditions au bout d’un an. Camps pas décision
fédérale, gouvernement de la Bavière, extrême-droite.
- seule nouveauté nazie = radicalité. Justice Weimar reste silencieuse, antisémites toujours blanchis, dont
assassins Rathenau.
- 1930-1933 = persécutions// résultats élections nazis. Organisations sionistes et juives se rapprochent pour
s’organiser face menace.
- 1933-1938 exil nombreux juifs allemands (280 00), continuent de se réclamer de Weimar.

Conclusion :
république née de la défaite et révolution, + traité de Versailles = problèmes constitutifs. Explosion
nationalisme dans la société allemande, climat social de + en + dur = fragilisation intégration juive et mise à
l’écart, contre intégration formelle 1919. perte légitimité république et essor nationalistes racistes font naître
communauté consciente d’une communauté de destin. Historiographie actuelle = revoit à la hausse dimension
économique et crise dans la montée du nazisme.
- juifs polonais et russes = orthodoxes, yiddish (70 % artisans et commerçants, 30 % ouvriers), pauvres,
réquisitionnés guerre pour travail mines et usines. Presse ouvrière étudiée D. Bohnekamp = pas d’antisémitisme
ouvrier massif. Changement = NSDAP : jonction antisémitisme bourgeois et classes moyennes + ouvriers.
- coalition Weimar = centre + aile réformiste social-démocratie. Jusque 1922-1923.

« Krüger, un bourreau ordinaire ». Nicolas Patin

- qu’est-ce qui explique la radicalisation d’une partie des élites et du peuple allemand ?

- Friedrich Krüger = dirigeant SS Pologne occupée, mort 2 millions de juifs polonais.

Introduction :
- recherche = aussi un marché éditorial. Doctorat sur députés du Reichtag, l’un = Krüger. Archives = journal
intime des tranchées. Coblance archives = 15 cartons Krüger, dont 1 volume journal. Autre dépôt = journal
1918-1932. Munich = journal 1938-1939. USA Holocaust Museum = journal 1944. Hoover Institution =
sources anticommunistes = 1 volume tranchées + original 1938-1939. difficumtés = 1945 EU et URSS prennent
toutes archives.
financement recherche = mémorial Shoah.

I. Le poilu de 1914 et le bourreau de 1939-1945


- « poilu » = un terme de la culture mémorielle française, culture anti-militariste. Pas d’équivalent allemand :
« frontsoldat », différent du « PCDT, pauvre couillon Des Tranchées » français.
- Krüger né Alsace 1894, famille d’officiers, 5ème enfant. Fils Krüger né 1936 retrouvé par N.
Patin :témoignage. F. Krüger envoyé école militaire parce que ingérable et déluré.
- 1er jour guerre 1914 = envoyé au front. 5 août front belge son père mobilisé comme officier tué. Majorité des
morts 14-18 = 10 premiers mois : 1/3 des soldats tués. Krüger = beaucoup de photos, photo cadavre anglais.
Journal intime dit souffrance et peur « baptême du feu ». guerre imaginée différente de la guerre réelle :
membres qui volent : brutalisation (1990 Georges Mosse). Concept débattu : pas d’automatisme de la
brutalisation. Krüger intérêt chevaux, beaucoup de chevaux morts sur photos, plus que d’humains. Se définit
comme « cochon de tranchée », expression allemande, gros débats sur traduction. Quelqu’un passé à travers
toutes les épreuves du front qui ressort aguerri, insensible, avec un mépris de la hiérarchie planquée.
- lien famille cassé : fort recul correspondance. Lien arrière cassé : devient énervé par civiles sur question du
sacrifice. Lien hiérarchique cassé : officiers de terrain prussiens détestent supérieurs planqués. Création d’un
« nous » = « moi et mes hommes », mais fiction : soldats détestent officiers.

- 1939 = HSSPS, chef suprême police et SS en Pologne occupée. N° 3 après Himmler et Heidrich.
28/09/1939, Varsovie tombe, administrateur civil nazi nommé. Ouest considéré comme germanisable annexé
Allemagne, reste = considéré comme dépotoir pour déporter juifs. Répression résistance polonaise :
septembre 1939 – janvier 1940 = 60 000 civils tués : élites, prêtres, enseignants, considérés comme menace.
Répression juifs : ghettos, étoile jaune, travail forcé.
Auschwitz = dans la partie annexée au Reich. Krüger et zone polonaise = autres camps. Nazis organisent
rapatriement « allemands ethniques », géré par Krüger.
- Heichmann = une seule fois sur le terrain, vomi. Krüger = visites et très à l’aise terrain. Ordonne
destruction ghetto de Varsovie, ordonne tirer sur familles pour accélérer.

- Novembre 1943, Pologne vidée juifs, Krüger muté front balkanique

II. Devenir Krüger : d’une guerre à l’autre


A. Explication par la déviance ?
- explication rassurante = déviance, psychiatrie.
- Krüger apprécié par sa famille et ses proches. Adopte 6 enfants. Correspondance avec sa mère = brutalisation
comme transformation mythique guerre, souvenirs héroïques reconstruits. (1/2 soldats = sortent communistes,
pacifistes, + grande organisation d’anciens combattant = pacifiste)
- septembre 1939 lui remémore 14-18 : trajectoire radicalisation historicisable, mais pas généralisable.
- 2 cohortes touchées par radicalisation : 1875-1901 = expérience jeune WW1.
- dans classes bourgeoises nationalistes = influence certaine expérience de guerre

B. Explication par le déclassement social ?


- nazis = souvent des ratés. Mais ratés pas tous nazis…
- révolution autonome novembre 1918 = intervient après défaite militaire, actée septembre, mais refus défaite
extrême-droite = renversement de causalité historique avec mythe coup de poignard dans le dos comme
révolution responsable défaite + assimilation république Weimar/ communistes/ juifs.
- A ce moment-là, Hitler devient antisémite.
- 1914 = 800 000 hommes dans l’armée en temps de paix. Traité de Versailles = 100 000 hommes. Morts de
la guerre, restent 500 000 soldats au chômage. Dont Krüger. Corps francs = souvent passage des premiers
nazis. 1/2 anciens combattants de droite, 1/2 gens nés 1901-1905 qui ont rêvé la guerre, percutés par défaite et
révolution (Himmler, Heidrich, Heichmann).
- crise éco, occupation Rhur, crise 1929.
- nazis hauts hiérarchie = souvent mariage tardif car pas d’argent, + déclassement social 1920’s
- Krüger = commis librairie, puis 1923 gestionnaire déchetterie de Berlin.
- 1929 parti nazi (tard : 3 vagues adhésions = 1921, 1925 et 1929-1930). 1933 chef de la formation pré-
militaire, dirige 13 000 fonctionnaires. Opportunisme, recherche du pouvoir, carriérisme. Découpe toutes les
coupures de journaux le concernant, s’entoure sur les photos.

- Longtemps historiographie centrée sur opportunisme au détriment idéologie. Remis en question.

C. Une adhésion idéologique ?


- au cœur historiographie actuelle. Browning 1992 = tout le monde peut être un nazi : hommes ordinaires +
dynamique de groupe. Conclusion idéologie peu importante. Réponse = le tout culture (Goldhagen) =
antisémitisme exterminationiste Allemagne depuis Luther.
- peu de trace antisémitisme et idéologie Krüger dans archives. Mais en creusant, on trouve. 1939 «  problème
juif presque réglé » = nuit de Crystal.

Conclusion II : explication globale, plurifactorielle.

Conclusion : 1 dynamique de radicalisation générationnelle. Milieu petit bourgeois protestant sur 2


générations (1885-1900) = Hitler, Göring, Röhm, Krüger…. Et 1901-1905 Himmler, Heidrich, Eichmann.
Tendance historiographique allemande actuelle = étude statistiques de cohortes. Dynamique d’un pays qui
évolue pour rendre génocide possible. Krüger comme idéal-type génération guerre. Se suicide mai 1945
prison EU en Autriche.

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