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ùù Apparu en 1928, le terme de totalitarisme désigne la toute puissance de l'Etat, incarné par le

parti unique et la suprématie du chef, qui contrôle et soumet la masse du peuple. Ce terme englobe
notamment notamment trois régimes politiques : le fascisme allemand d'Hitler, le fascisme Italien
de Mussolini et le communisme de Staline. Nous nous interrogerons ainsi quand aux
caractéristiques, aux points communs et aux différences de ces régimes d'un nouveau genre. Dans
une premier partie, nous évoquerons l'impact de la première guerre mondiale ainsi que les bases
idéologiques de ces différents régimes, avant d'évoquer le fonctionnement des États totalitaire, et
enfin leur impact sur les sociétés.

Examinons premièrement le contexte historique dans lequel ont émergé ces régimes ainsi
que leurs différentes bases idéologiques.
En premier lieu, il convient de noter que la première guerre mondiale a grandement impacté
la Russie, l'Allemagne ainsi que l'Italie, et a favorisé l'avènement des régimes totalitaires.
En effet, la Russie Tsariste est emportée par la guerre : après avoir tenté de jeter les bases
d'une démocratie tout en participant à la première guerre mondiale, lors de la première révolution de
1917, les bolcheviks renversent le régime tsariste très affaibli en réalisant un coup d’État lors de la
seconde révolution d'octobre 1917. Peu de temps après, l'élimination de tous les ennemis politiques,
lors de la guerre civile de 1818 à 1821, opposant les partisans du Tsar aux partisans de l'instauration
du communisme, laisse place au parti unique.
L'Allemagne et l'Italie ont quant à elles été durablement marquées par les traités de paix. De
fait, à l'aube de la première guerre mondiale, l'Italie est une démocratie encore jeune et fragile. Le
conflit affaiblit considérablement le régime, en engendrant des frustrations dues à la «victoire
mutilée » du traité de Versailles, qui nie à l'Italie ce qui lui avait été garanti lors de son entrée en
guerre, et exacerbe le nationalisme. Le déclinement du régime démocratique favorise ainsi la
marche sur Rome des fascistes de 1922 qui aboutit à la prise de pouvoir par Mussolini.
En Allemagne, la République de Weimar est elle aussi précaire, et affaiblie par la guerre : le
gouvernement est victime en 1918 d’une rumeur de «coup de poignard dans la dos» selon laquelle
l’armée aurait été vaincue à cause des républicains et des socialistes juifs de l’arrière. Cette
accusation infondée fait bien évidemment le lit du nazisme, de même que les réparations
pharaoniques ainsi que les amputations territoriales que le Diktat de Versailles impose à
l’Allemagne.
Il apparaît ainsi que les totalitarismes évoqués ont tous les trois, bien que différemment, subi
le traumatisme de la guerre, qui a largement contribué à les faire émerger.

Si l'avènement des trois régimes totalitaires a été conditionné par la première guerre
mondiale, leurs idéologies sont néanmoins foncièrement différentes.
De fait le fascisme et le nazisme sont profondément anticommunistes, tandis que le
stalinisme est antifasciste. En effet, l'URSS de Staline est fondée sur une doctrine égalitaire et
marxiste qui repose sur la lutte des classe et vise à atteindre une société sans classes sociales ni
propriété privée tandis que les fascismes, à savoir l'Allemagne d'Hitler et l'Italie de Mussolini, se
basent sur une idéologie centrée sur l’hyper nationalisme, le racisme ainsi que la xénophobie. Ces
deux régimes totalitaires sont également animés de volontés expansionnistes, avec la conquête d'un
«espace vital» pour les nazis, qui annexent le territoire des «sous hommes slaves», et la guerre
d’Éthiopie de 1935 pour Mussolini, qui permet à l'Italie fasciste d’accroître son territoire. Il
convient cependant de noter qu'on peut cependant l'idéologie fasciste de l'idéologie nazie par la
notion de hiérarchisation des races davantage prégnante dans le totalitarisme allemand, avec
notamment la diffusion du concept de la race aryenne supérieure.
Il apparaît ainsi que, bien que ces trois régimes totalitaires connaissent des similitudes dans
leur avènement né du traumatisme de la première guerre mondiale, leurs idéologies sont cependant
diamétralement opposées, tout du moins en ce qui concerne les fascismes et le communiste
staliniste.

Maintenant que nous avons examiné l'avènement de ces régimes totalitaires ainsi que leurs
idéologies, étudions leur organisation et leur mode de fonctionnement dans leurs similitudes et
différences.
Nous pouvons dans un premier temps affirmer que les Totalitarismes s'appuient sur des États
totalitaires, qui défèrent le pouvoir aux mains d'un seul homme et d'un seul parti, et exercent un fort
contrôle sur l'économie nationale.
En effet, l'une des caractéristique d'un État totalitaire est d'être mené par un chef
charismatique auxquels on prête des capacités exceptionnelles, qui dispose de la majorité des
pouvoirs, et s'appuie sur un parti unique. De fait, la propagande loue les prodiges des leaders au
travers des arts et des médias, notamment la radio. Ainsi, des statues pharaoniques sont érigées pour
les glorifier tandis que de multiples slogans tels que «Mussolini a toujours raison» ou « Un seul
peuple un seul État, un seul chef» (Allemagne nazie) sont diffusés pour conforter le mythe du
surhomme et le culte de l'être suprême. De même, ces trois totalitarismes ne tolèrent aucune
opposition politique, avec l’existence du NSDAP en Allemagne, du PNF en Italie, et du PCUS en
URSS.
Cependant, il convient de souligner que si Mussolini et Hitler affichent une image de chefs
guerriers qui exaltent les foules par des discours impétueux, Staline conserve quant à lui une
humilité de façade et se refuse aux bains de foule, bien que son pouvoir soit absolu et qu'un
véritable culte lui soit voué.
En dépit d'une façade légèrement différente, les trois totalitarismes ici évoqués suivent le
même mode de fonctionnement.

Il convient dans un second temps de souligner que l'économie est au service de l’État dans
un régime totalitaire, de manière à assurer la puissance et l'indépendance du pays. Ainsi, l'URSS,
tout comme l'Allemagne et l'Italie, mettent en place une politique de grands travaux destinée à
renouveler les infrastructures publiques, à l'instar du réseau autoroutier en Allemagne ou du canal
destiné à relier la mer Blanche à la mer Baltique en URSS.
Cependant le contrôle de l'économie est réalisé à des degrés très variés : il n'est que partiel
en Allemagne et en Italie, qui donnent la priorité à l'établissement d'accords avec les industriels,
tandis que l'URSS collectivise et nationalise tout l'appareil économique. De même, les priorités de
production ne sont pas les mêmes en fonction des totalitarismes : l'Italie s'attache à accroître sa
production agricole et à organiser une politique de réarmement, également effective en Allemagne,
mais de manière plus développée, tandis que l'URSS désire industrialiser le pays le plus rapidement
possible pour combler l'écart avec les pays occidentaux.
Il apparaît ainsi que bien qu'ayant une image légèrement différente, les États totalitaires
fonctionnent sur la base de la concentration des pouvoirs par un chef charismatique, qui s'appuie sur
un parti unique et met l'économie au service de l’État, à différents nivaux selon le pays.

Étudions dans cette troisième partie l'impact des totalitarismes sur les sociétés.
Il apparaît premièrement que les régimes totalitaires ne tolèrent pas la singularité et la liberté
de l'individu, qu'ils désirent gommer au profit de la masse, contrôlable, malléable et plus aisée à
soumettre.
En effet, l'un des objectif principaux de la société totalitaire est de bâtir un «homme
nouveau» en contrôlant tous les aspects de la société. On peut noter un endoctrinent la jeunesse,
avec l'existence des jeunesses hitlériennes en Allemagne, des jeunesses fascistes en Italie et des
Komsomols en URSS. Les adultes sont également encadrés, par une collectivisation globale en
URSS, et par la mise en place d'un fort corporatisme en Allemagne, avec le Front du Travail.
Mussolini, quant à lui aura cette phrase, à propos du Pape : «Je lui prend ses enfants au berceau, je
lui rends après leur mort ». Une confiscation de la sphère culturelle et sportive au profit de la
propagande est également notable, avec la mise au service de l'art et l'omniprésence de la
propagande, qui touche jusqu'aux Jeux Olympiques de Berlin en 1936. On peut enfin affirmer que
l'Etat s’immisce jusque dans la sphère privée de la population, notamment par le biais de la
propagande radiophonique, radio d'ailleurs surnommé «gueule à Gobbels» en Allemagne.
Cependant, on peut établir des degrés de contrôle de la société, qui est bien plus total en
Allemagne et en URSS qu'en Italie. En outre, les modèles de réussite mis en avant par les régimes
sont radicalement différents : la notion de race prédomine toujours en Allemagne, qui exhibe le
modèle de l’Aryen, tandis que c'est le modèle Stackanov, du nom de l'ouvrier ayant battu des
records de production, qui est plébiscité en URSS.

Si ces états totalitaires s'attachent à exercer un fort contrôle sur la société ils présentent
également la particularité d'un recours massif à la terreur. En effet, le nazisme et le stalinisme
pratiquent la terreur de masse avec la mise en place d'une police politique et d'un système
concentrationnaire. En effet, la terreur est exercée par la Gestapo en Allemagne, qui ouvre ses
premiers camps de concentration, qui deviendront des camps d'extermination, en 1933, tandis que le
NKVD d'URSS envoie 500 000 personnes au goulag entre 1936 et 1937, sans compter les mors
fusillés.
Cependant, le fascisme Italien, quant à lui, bien qu'édictant des lois antisémites à partir de
1938 et ayant condamné pas moins de 6000 personnes, n'a jamais eu cette dimension
concentrationnaire. En outre, les ennemis visés par l'URSS et l'Allemagne sont totalement différents
: le nazisme vise l' «ennemi de race», à avoir principalement les juifs, avec une véritable politique
d'extermination menée à leur encontre pendant la guerre, tandis que le stalinisme vise l' «ennemi de
classe », en menant des grands procès jusqu'en 1938 à l'encontre de ceux que Staline définit,
arbitrairement soit dit en passant, comme les adversaires au sein de son parti.

Au terme de cette réflexion, nous pouvons affirmer que bien qu'il soit possible de noter des
similitudes dans l'avènement des régimes totalitaires, leurs racines idéologiques sont néanmoins
radicalement différentes. De grandes similitudes existent en revanche dans l'organisation de l’État,
ainsi que dans les méthodes employées pour absorber l'individu dans la masse et mettre en œuvre
une volonté collective, même si les trois régimes n'ont pas eu recours à un système
concentrationnaire.

I) Des régimes nés du traumatisme de la première guerre mondiale aux idéologies différentes
A) Un conflit mondial qui conditionne l'histoire de ces trois pays
B) Des fondements idéologiques différents
II) L’État totalitaire
A) Le leader charismatique à la tête d'un parti unique
B) L'économie au service de l’état
III) Une société encadrée et terrorisée
A) le contrôle de la société
B) La terreur de masse

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