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Nikita Khrouchtchev.
Au début des années 1950, Staline prépare une nouvelle purge du Parti et de la société
soviétiques, en usant cette fois d'une propagande à la tonalité nettement antisémite : c'est dans
ce contexte que se déroulent les procès de Prague et l'élimination d'Ana Pauker en Roumanie. À
la fin de 1952, plusieurs médecins, dont une majorité de Juifs, sont arrêtés sous l'accusation de
complot. En janvier 1953, la Pravda révèle l'affaire, connue sous le nom de complot des blouses
blanches434 : c'est l'occasion d'une campagne de propagande contre les « nationalistes juifs »,
pour préparer l'épuration prévue par Staline. Mais, le 1er mars 1953, ce dernier est victime d'une
attaque ; il meurt le 5 mars et Gueorgui Malenkov lui succède à la tête du Conseil des
ministres435.
Une « troïka » de dirigeants, composée de Malenkov, Nikita Khrouchtchev et Lavrenti Beria,
prend la tête de l'URSS, qui connaît une période de détente sur le plan intérieur. Les « médecins
assassins » de l'affaire des « blouses blanches » sont réhabilités dès avril ; une amnistie est
prononcée pour tous les détenus dont la peine ne dépasse pas cinq ans. En juillet, Beria, qui
tentait de se poser en successeur, est arrêté ; il est ensuite exécuté. Les services de sécurité,
qu'il avait centralisés sous son autorité, sont réorganisés en 1954 : la police politique prend alors
le nom de KGB436,437.
Khrouchtchev sort bientôt vainqueur de la lutte d'influence qui l'oppose à Malenkov : en
septembre, il devient Premier secrétaire du Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS)438. Il
lance des réformes économiques qui améliorent les conditions de vie des citoyens soviétiques,
tout en écartant ses rivaux, d'abord Malenkov puis les conservateurs
comme Kaganovitch et Molotov439.
Quelques mois après la mort de Staline a lieu le premier bouleversement politique au sein
du bloc de l'Est. Le 16 juin 1953, une insurrection populaire éclate en République démocratique
allemande ; elle est finalement écrasée par l'intervention des troupes soviétiques. Le no 1 est-
allemand Walter Ulbricht obtient ensuite une aide économique accrue de la part de l'URSS pour
améliorer le niveau de vie de la population de la RDA440; les événements de 1953 ont cependant
pour conséquence de souligner le peu de légitimité populaire dont jouit alors le régime est-
allemand441.
Première période de détente et dénonciation posthume de Staline[modifier | modifier le
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Articles connexes : Détente (guerre froide) et Déstalinisation.
La politique étrangère de l'URSS est marquée, après la mort de Staline, par une première phase
de détente Est-Ouest : en juillet 1953, les Soviétiques favorisent la fin de la guerre de Corée442.
Les relations internationales demeurent néanmoins rythmées par l'opposition entre les deux
superpuissances. Les États-Unis demeurent attachés à leur doctrine d'endiguement.
En Amérique latine - où plusieurs PC gagnent en influence, notamment en Bolivie,
en Argentine ou au Brésil -, ils incitent les gouvernements locaux à réprimer les
communistes443,444. Au Guatemala, le Parti guatémaltèque du travail s'allie - d'ailleurs contre l'avis
des Soviétiques, qui jugent la démarche imprudente - au président Arbenz : la CIA soutient alors
un coup d'État qui renverse Arbenz en 1954445. À partir de 1955, l'URSS revient à une politique
plus dynamique en Europe : le 15 mai 1955 naît le Pacte de Varsovie, une alliance militaire entre
l'Union soviétique et les pays du bloc de l'Est, destinée à faire pendant à l'OTAN446.
L'URSS impose des réformes aux régimes est-européens, dont les dirigeants sont contraints à
cesser de cumuler les postes de chefs du gouvernement et du Parti. En République populaire de
Hongrie, Mátyás Rákosi se voit imposer en 1953 Imre Nagy, communiste plus modéré, comme
chef du gouvernement. Nagy entreprend un mouvement de réformes, mais Rákosi parvient à
obtenir son remplacement en 1955447. En République populaire de Bulgarie, Valko Tchervenkov,
qui a succédé à Dimitrov mort en 1949, cède la tête du Parti communiste bulgare à Todor Jivkov,
qui l'évince ensuite tout à fait448. En mai 1955, Nikita Khrouchtchev se rend à Belgrade et l'URSS
se réconcilie avec la Yougoslavie. Tito, réhabilité dans le camp communiste, conserve cependant
son indépendance449 ; il maintient de bonnes relations avec les États occidentaux qui soutiennent
financièrement son pays et adopte sur le plan international une position neutraliste. En 1955, la
Yougoslavie participe à la conférence de Bandung, qui donne par la suite naissance
au Mouvement des non-alignés dont elle est l'un des membres fondateurs. L'État
yougoslave décentralise ses institutions de manière croissante ; le régime de Tito devient au fil
des ans le plus ouvert et le plus prospère des pays communistes européens450,451,452.
En février 1956, lors du XXe congrès du Parti communiste de l'Union soviétique, Khrouchtchev lit
un « rapport secret » révélant une partie des crimes de Staline. Seule une petite partie des
exactions staliniennes est rendue publique et aucune des grandes orientations prises depuis
1917 n'est remise en cause : le rapport Khrouchtchev, dont l'existence est rapidement connue à
l'étranger, cause cependant un choc considérable. Les PC occidentaux perdent de très
nombreux adhérents et sympathisants453,454. Khrouchtchev rompt également avec la doctrine
Jdanov et prône la coexistence pacifique entre systèmes politiques différents455.
Le Kominform est supprimé, en vue de ne plus faire apparaître de lien de subordination entre les
partis communistes et le régime soviétique456.