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Deux modèles idéologiques opposés. En 1947, les doctrines Truman (doc 1 p. 138) et Jdanov (doc 2 p. 140) sont
diamétralement opposées et potentiellement conflictuelles. Les EU promeuvent la démocratie libérale
(pluripartisme, libertés fondamentales), le capitalisme, l’individualisme et la foi religieuse ; l’URSS justifie la dictature
du parti communisme par la volonté de mettre en place une démocratie sociale fondée sur le collectivisme
économique. Chaque théorie, tenue pour universelle et vouée à être diffusée, diabolise la partie adverse : les EU
dénoncent la « terreur et l’oppression » des Soviétiques tandis que l’URSS condamne « l’impérialisme américain ».
Cette rupture entre les deux superpuissances plonge le monde dans la guerre froide1 et entraîne sa bipolarisation.
Une logique de blocs. Entamé dès l’après-guerre, le processus de bipolarisation du monde consiste, pour les
deux superpuissances, à s’allier des pays partenaires afin de former un bloc. L’influence politique américaine et
soviétique repose sur la création d’alliances économiques et militaires (docs p. 160) étendues à l’ensemble de la
planète :
Des affrontements sur tous les terrains. Dans ce monde bipolaire, les rivalités entre les EU et l’URSS ne
n’expriment pas que dans les domaines diplomatiques et économiques. Elles revêtent aussi une dimension :
- Militaire : Entre 1950 et 1953, la guerre de Corée est le premier conflit périphérique de la guerre froide. Les
Américains y interviennent pour soutenir le sud du pays envahi par la partie nord communiste appuyée par
la Chine communiste. L’armistice signé en juillet 1953 débouche sur la partition de la péninsule en deux
Etats, communiste au Nord, pro-occidental au Sud.
- Sportive : les Jeux Olympiques de Londres (1948) et d’Helsinki (1952) prolongent dans les stades les rivalités
et les tensions diplomatiques (doc 1 p. 162).
- Scientifique : après les EU en 1945, l’URSS se dote de la bombe atomique (bombe A, « Premier éclair2 ») en
1949 ; les Britanniques l’obtiennent en 1952. L’acquisition de la bombe à hydrogène (bombe H) par les Etats-
Unis en 1952 et par l’URSS en 1953 confère à leur rivalité une dimension encore plus redoutable.
La coexistence pacifique. A la mort de Staline en mars 1953, la guerre froide baisse d’intensité. Son successeur
Nikita Khrouchtchev entame un processus de déstalinisation du régime soviétique : abandon du culte de la
personnalité, dénonciation des crimes de Staline. Au plan diplomatique, il adopte à partir de 1956 une ligne de
coexistence pacifique entre les blocs et cherche à nouer le dialogue avec les EU. Il rencontre le président John F.
Kennedy en juin 1961. Cette nouvelle stratégie consiste à faire triompher son modèle en écartant l’idée d’un
anéantissement militaire de l’ennemi. A cet égard, la conquête spatiale devient un enjeu majeur de la rivalité entre
1
Forgée en 1945 par l’écrivain George Orwell puis popularisée en 1947 par le conseiller politique Bernard Baruch et le
journaliste Walter Lippmann, l’expression « guerre froide » désigne un conflit aux tensions importantes mais aux confrontations
indirectes entre les EU et l’URSS.
2
Pervaïa molnia en russe. Les Américains l’ont baptisée Joe One en référence à Joseph Staline.
les EU et l’URSS qui se livrent à une compétition intense. Le 4 octobre 1957, le satellite soviétique Spoutnik I est le
premier objet satellisé par l’Homme et le 12 avril 1961, le russe Youri Gagarine devient le premier homme envoyé
dans l’espace pour un vol orbital. Il devance l’américain John Glenn qui effectue un vol semblable le 20 février 1962.
Anciens et nouveaux foyers de tension. En Europe, Berlin, ville scindée en deux depuis 1949, est le berceau
historique de la guerre froide. A la fin des années 1950, les Soviétiques veulent en faire une ville « libre »
démilitarisée. Le refus occidental et le départ massif d’Allemands de l’Est fuyant la RDA en passant par Berlin-Ouest
conduisent en 1961 le dirigeant est-allemand Walter Ulbricht, appuyé par Moscou, à lancer la construction d’un mur
de séparation entre les deux parties de la ville. Dans un contexte de décolonisation, l’Asie orientale ouvre un nouvel
horizon et de nouveaux champs de bataille périphériques au conflit idéologique Est-Ouest (point de passage p. p.
166-167). En 1945, le communiste Hô Chi Minh déclare l’indépendance du Vietnam qui est une composante de
l’Indochine française. La guerre d’Indochine qui s’ensuit (1946-1954) se solde par la défaite française. Mais le
Vietnam reste partagé en deux, entre le nord-Vietnam communiste et le Sud-Vietnam pro-Occidental. Cherchant à
contenir l’influence communiste et soucieux de garantir leurs intérêts économiques dans la région, les EU
s’apprêtent dès 1964 à se lancer directement dans une guerre qui va vite s’enliser et dont ils sortiront défaits (guerre
du Vietnam, 1964-1975).
Une crise paroxystique : Cuba (point de passage p. p. 164-165). Depuis 1959, Cuba est dirigé par Fidel Castro,
allié de l’URSS. En octobre 1962, les EU découvrent que les Soviétiques installent dans l’île des missiles nucléaires qui
menacent le territoire américain. Le président américain John F. Kennedy décide l’interception de tout navire
soviétique se dirigeant vers Cuba. Une guerre entre les deux superpuissances peut être déclenchée à tout moment.
Après deux semaines de tension extrême, où la menace d’une guerre nucléaire n’a jamais été aussi pesante, l’URSS
finit par accepter de rapatrier ses missiles contre la garantie des EU de ne pas renverser Castro et de démanteler
leurs missiles installés en Turquie. Cette crise de Cuba constitue un premier tournant de la guerre froide et ouvre la
voie à une période de détente entre les deux puissances.
3
Strategic Arms Limitation Talk, processus de négociations entamées en 1969 entre les EU et l’URSS visant à contenir l’arsenal
nucléaire des deux puissances. Cet accord est ratifié en 1972 pour une durée de 5 ans.
4
« Politique vers l’Est » : politique de normalisation des relations avec l’URSS, la RDA et les autres pays d’Europe de l’Est afin
d’assurer la paix et la sécurité en Europe. Elle préfigure les accords d’Helsinki signé en 1975.
communiste. En 1973, le président socialiste chilien Salvador Allende est renversé par le général Pinochet soutenu
par les Américains.