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Principes de la zaïrianisation

Prémices[modifier | modifier le code]

Mobutu en abacost et toque en léopard en 1983.

En 1967, le franc congolais est remplacé par une nouvelle monnaie : le zaïre, divisé en 100
makuta (singulier likuta). De nombreuses villes sont rebaptisées, comme Léopoldville
devenue Kinshasa. Les monuments coloniaux sont détruits.
Le 27 octobre 1971, le président Mobutu annonce le « recours à l’authenticité », une série de
mesures pour se détacher de tout ce qui peut rappeler l'Occident et sa domination1.
Le pays est renommé « République du Zaïre ». Le maréchal Joseph-Désiré Mobutu
devint Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Zabanga et oblige tous ses concitoyens à adopter
des noms africains (suppression des prénoms chrétiens et occidentaux et ajout d'un
« postnom »). Une version zaïroise du costume occidental est promulguée, l'abacost (abréviation
de « à bas le costume »).

Zaïrianisation[modifier | modifier le code]


Réalisée en novembre 1973, la « zaïrianisation » a constitué l'un des événements les plus
importants de la politique menée par le régime mobutiste, à savoir la nationalisation progressive
des biens commerciaux et des propriétés foncières qui appartenaient à des ressortissants ou
groupes financiers étrangers. En fait, il s'agissait de la procédure d'expropriation. Et pour avoir
une adhésion de masse de son peuple à ce projet, Mobutu annonça à la population que celle-ci
était sans contrepartie financière, appelée aussi « confiscation ». Cette compensation financière
à l'égard des différents propriétaires étrangers a constitué une part importante de la dette de
l'État. En réalité, si cette mesure s'inscrivait officiellement dans un effort visant à la
réappropriation nationale de l'économie ainsi qu'à la redistribution des richesses acquises
pendant la colonisation, elle a constitué surtout un échec ; des mesures de rétrocession durent
être prises pour enrayer le désastre économique2,3.
En juillet 2021, les victimes de ces mesures furent invitées à se faire indemniser4.

Structures économiques[modifier | modifier le code]


Après la crise congolaise, Mobutu, nouveau chef d'État, s’est engagé à regagner la confiance
des milieux d’affaires étrangers. En 1966, les puissantes industries minières du Kasaï et
du Katanga ont été nationalisées. C'est alors l’âge d’or du Congo, maintenant indépendant :
en 1967, 1 franc congolais vaut alors 2 dollars américains, les écoles publiques se développent
et l’exode rural s’accélère ; les prix du café, du cuivre ou d’autres minerais sont florissants mais
l’économie du pays est encore, comme à l’époque coloniale, trop tournée vers l’exportation et
donc fragile.
À partir de 1973, le pays est touché par une crise économique aiguë, due à la baisse des prix
du cuivre et à l’augmentation de ceux du pétrole. La corruption se généralise et l'inflation devient
galopante, tandis que Mobutu privatise de nombreuses entreprises à son nom ou au nom de ses
proches (zaïrianisation)5. Le pays produit d’importantes quantités de café pour l’exportation mais
ne couvre pas ses besoins alimentaires, Mobutu fait importer des céréales et de
la viande d’Afrique du Sud et de Rhodésie (deux régimes ségrégationnistes) au lieu de
moderniser l’agriculture du pays qui, vu son climat, pourrait facilement subvenir à ses besoins.

Des ouvriers sur le barrage d'Inga en 1973.

De manière générale, les nouveaux propriétaires de biens économiques et financiers n'étaient


pas suffisamment préparés pour assurer une gestion de moyen et de long terme de l'outil de
production ; d'autres étaient malhonnêtes. Ceux qui n’ont pas fait faillite ont placé d’immenses
investissements en Occident. Mobutu détourne les devises d’État de telle façon qu'en 1984, il est
un des hommes les plus riches de la planète avec 4 milliards de dollars, l’équivalent de la dette
extérieure du pays. La dette s’accroît encore plus avec la construction pharaonique du barrage
hydroélectrique d’Inga, chantier légué par la Belgique coloniale et dont le Zaïre n’avait pas
besoin. Si le barrage d’Inga a rapporté de l’argent aux entreprises françaises (EDF) ou italiennes,
celui-ci, tout comme l'aciérie de Maluku, a vite été abîmé6,7. Cette politique nationaliste du régime
eut aussi pour conséquence de freiner les investissements étrangers au Zaïre, favorisant in fine
une forme de monopole d'entrée de capitaux étrangers dans le chef des différents fonds de
coopération au développement.
La dictature, les persécutions et la paupérisation font fuir les cerveaux
en Occident (Belgique et France en tête).

Structures politiques[modifier | modifier le code]


La mise à disposition de fonds commerciaux et de patrimoines économiques a également
constitué un relais du clientélisme entretenu par le pouvoir. Le clan entourant le chef de l'État a
ainsi pu bénéficier des fruits de la politique de nationalisation, tout comme ceux qui dans les
différentes régions du pays, faisaient allégeance au régime en échange d'un commerce ou d'une
propriété foncière. De nombreux pays occidentaux ont signé des conventions avec le Zaïre afin
de procéder à l'indemnisation des parties spoliées, mais dans la très grande majorité des cas,
ces accords n'ont jamais été appliqués.

Noms zaïrianisés[modifier | modifier le code]


Villes[modifier | modifier le code]
Nom colonial Nom actuel Nom colonial Nom actuel

Aketi Port-Chaltin Aketi Léopoldville Kinshasa

Alberta Ebonda Leverville Lusanga

Albertville Kalemie Luluabourg Kananga

Bakwanga Mbuji-Mayi Mérode Tshilundu

Banningville Bandundu Moerbeke Kwilu-Ngongo

Banzyville Mobayi-Mbongo Mont Stanley Mont Ngaliema

Baudoinville Moba Nouvelle-Anvers Makanza

Brabanta Mapangu Paulis Isiro

Bomokandi Bambili Ponthierville Ubundu

Cattier Lufu-Toto Port Francqui Ilebo

Charlesville Djokupunda Renkin Matonge

Cocquilhatville Mbandaka Saint-Jean Lingwala

Costermansville Bukavu Stanley Makiso

Élisabetha Lukutu Stanley Pool Pool Malebo

Élisabethville Lubumbashi Sentery Lubao


Flandria Boteka Stanleyville Kisangani

Jadotville Likasi Thysville Mbanza-Ngungu

Kalina Gombe Vista Nsia Mfumu

Kilomines Bambumines Wolter Luila

Dendale Kasa-Vubu

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