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UMHK,
les débuts
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MdC
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Editorial
Coup de gueule d’un indigné, Cette indépendance, mal préparée, plongea rapidement le
pays tout entier dans le chaos. Les atrocités, viols et pillages
Il y a un peu plus de 100 ans, lors de la reprise du Congo par commis par les mutins de la – jusqu’alors exemplaire - Force
la Belgique, Léopold II prononçait ces mots, en soupirant : Publique, firent fuir la majorité des coloniaux.
“pourvu qu'ils ne me le cochonnent pas !” Ce qui amena son Commandant en chef, le Général Janssens,
Et pendant des décennies, nos mandataires publics qui n’avaient à son retour au pays
d’ailleurs voté cette reprise qu’à une seule voix de majorité au en juillet 1960, à proclamer en s’inclinant devant la statue de
Parlement, se sont quasi désintéressés du Congo devenu belge, Léopold II à Bruxelles “Sire, ils Vous l'ont cochonné”.
ce vaste pays qui faisait 80 fois la Belgique. Encore était-il bien Ironie du sort, après l’Indépendance, le Congo n’a jamais coûté
précisé que la métropole ne verserait “pas un franc” et n’en- autant à la Belgique ! Aujourd'hui encore, certains politiciens,
verrait “aucun soldat” à sa colonie, dont le budget devrait se non ou mal informés des réalités congolaises continuent à
suffire à lui-même. prendre des décisions malencontreuses mais, cette fois, par
Ce n’est qu’après le premier voyage du Roi Baudouin en 1955, pur calcul électoraliste. Pour se forger une majorité, ils en
que certains de nos mandataires publics se sont tout d’un viennent à promouvoir des initiatives qui s’avèrent être des
coup mis à s’y intéresser de plus près. Se sont alors succé- ignominies vis à vis tant de nombreux Congolais que des
dés sous les tropiques, ces “pèlerins de la saison sèche” qui Anciens d’Afrique.
venaient y passer quelques jours, aux frais de la princesse, Comme apposer une plaque commémorative à l’Hôtel de ville
de préférence dans les régions les plus touristiques, afin de de Mons en hommage à Patrice Lumumba, qualifié abusive-
mieux “comprendre” le Congo. ment de “père de l'indépendance” ! Ce qui n’a pas manqué
Nos partis politiques et nos syndicats y créèrent des filiales et de provoquer la colère de Madame Justine Kasa-Vubu, dont
se mirent à y exporter nos querelles belgo-belges, scolaires, le père, Joseph Kasa-Vubu, fut le premier Président de la
linguistiques, syndicales etc. République Démocratique du Congo en 1960.
À cette époque ce n'était pas par calcul purement électoraliste C’est oublier que Patrice Lumumba prit le micro de sa propre
puisque ni les Belges résidant au Congo, ni les Congolais, ne initiative au Palais de la Nation, le 30 juin 1960 lors de la
pouvaient voter, aucune élection n'étant organisée pour eux cérémonie célébrant l’indépendance du pays, et que son
en terre d'Afrique et que, contrairement à ce qui était prévu discours haineux provoqua des mutineries et des émeutes
par la Charte Coloniale, les pouvoirs de décision restaient can- qui se répandirent dans tout le Congo. Ce fut une tragédie
tonnés à Bruxelles. Sans prendre l’avis des principaux milieux qui coûta la vie à des milliers d'habitants du pays où régnait
concernés, ni des chefs coutumiers, la Belgique abandonna autrefois la “pax belgica” sur toute son étendue.
le Congo à son sort, dès lors que nos gouvernants réalisèrent Si nos compatriotes ont pu panser leurs plaies entre-temps,
qu’il allait falloir l’aider financièrement. il n'en est pas de même pour les Congolais d'Afrique qui en
souffrent encore toujours aujourd'hui.
Sommaire “Petit pays, petites gens”, disait Léopold II. Il nous fit grandir
Mémoires du Congo et du Ruanda-Urundi ainsi que la Belgique. C’est grâce à lui que notre pays a pu
Périodique n° 44 - Décembre 2017 prendre une place de choix dans le concert des Nations.
Editorial 2 Et c’est ainsi que Bruxelles est devenue aujourd’hui la capitale
Nécrologie 3 de l'Europe !
Médiathèque 4 ■ Paul Vannès
Journée académique 5
Bilan 6
Echos du Forum 9
Industrialisation du Congo (3) 9
Les enfants arc-en-ciel (2) 16
Vie de boy 20
Timbres et permis (1) 22
Sus à l'ennemi 25
Terreur sur la ville (1) 28
Mobutu prend de la hauteur 31
Associations : calendrier 2017 33
URFRACOL 34
Tam-Tam - ARAAOM 37
Contacts - ASAOM 40
Nyota - CRAA 43
Royal Cercle Luxembourgeois de l'Afrique des Grands Lacs 46
Afrikagetuigenissen 49
UROME-KBUOL 50
Bibliographie 52
En couverture : Un convoi de locomobiles dans la brousse katangaise
au début du 20e siècle. Doc. UMHK
Joyeux Noël
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Léopold II : I.N.É.A.C.
un roi injustement décrié MM.Compère, Jottrand
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Campagne d’Abyssinie - 1941
Philippe Brousmiche
L’Harmattan, 299 p. ill., cartes,
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Les Fondeurs de Cuivre Art pictural du Congo
du Katanga Claude Charlier 10 €
A Pied d'oeuvre au Rwanda Isabelle Liesenborghs et
Julien Nyssens André Vleurinck illustré par Marie de
Editions Sources du Nil. Schlippe, Ed. Clepsydre 25 €
Col. "Mémoire collective"
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Dans Stanleyville Films et documentaires Pionniers en eaux tropicales,
Freddy et Roland Duyck 10 €
La plus grande prise d'otages Réalités congolaises
du 20e siècle Robert Bodson
Patrick Nothomb versions en français, néerlandais et
Ed. Masoin. Réédition 22 € anglais sous le nom de “Congo Close-
up” 10 €
Oeuvre médicale au Congo Belge
Des savants belges en et au Ruanda-Urundi
Afrique Centrale (1900-1960) Le Service Territorial Julien Nyssens, Jean Vandevoorde,
Je dirai leurs noms André de Maere d'Aertrycke, Nadine Evrard, Guy Diercken 10 €
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Ed. l'Harmattan 12 € Témoignages 10 €
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Congo-Zaïre 1960-1980, L’Enseignement au
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JOURNÉE ACADÉMIQUE
Après l’escapade à Loverval (voir n°43, page 4), délibérément plus festive et familiale
qu’instructive, le 15e Anniversaire devait aussi se faire académique. La journée se tint le
mardi 10 octobre 2017, dans son auditoire habituel à Tervuren. La traditionnelle moambe
n’en fut pas pour autant écartée. Pour le pêle-mêle des photos de la journée, voir page 8.
L
a première partie de la à improviser un plaidoyer pour un lequel se présentera le nouveau MRAC
journée fut consacrée à la plus grand engagement des Occiden- aux visiteurs en 2018. Il avait pris soin
projection d’un film, réa- taux dans le développement des pays de charger ses services de faire un petit
lisé par D. Depreter et G. d’Afrique noire, dont la population se film des principales innovations, dont
Dierckens, du département multiplie à telle vitesse que demain la brièveté hélas laissa tout le monde
Vidéothèque de MDC, sur elle pourrait ne faire qu’une bouchée sur sa faim. Habile mise en bouche
les réalisations accomplies de la presqu’île européenne. Jouant peut-être, mais certainement faible
par l’association en l’espace les Cassandre, il plaida pour plus de substitut à la visite. A cela s’ajoute que,
de 15 ans. L’AD de l’association, Paul générosité des riches occidentaux en s’il n’y a pas de doute sur les progrès
Vannès, fit ensuite un discours, qui faveur des pauvres africains, afin de les attendus dans la scénographie générale,
partant des réalisations de l’association stabiliser sur leur propre continent, avec le public, majoritairement lié à l’œuvre
déboucha sur un plaidoyer pour le l’aide d’une coopération internationale belge en Afrique centrale et au Roi qui
respect de la vérité historique dans les nettement mieux ciblée et suivie (voir l’inspira, ne fut qu’à moitié satisfait des
commentaires sur la colonisation belge, aussi le commentaire de l’AD/UROME, promesses faites par l’orateur, quant
trop souvent entachés de partis-pris, en pages 50 et 51). à l’attention accordée aux réalisations
de contre-vérités, d’approximations et Dans l’après-midi, la visite du chantier coloniales qui en sont un des deux
même de haine (cf pp 4-5). Une vidéo du MRAC, empêchée par l’opération de socles historiques du musée, l’autre
le reprend en outre sur le site. réception des travaux, fut remplacée étant l’apport des peuples africains,
Vint enfin l’invité principal, le Ministre par la projection d’un film réalisé par le plus précieux il est vrai. La ques-
d’Etat Herman De Croo, grand connais- Daniel Depreter sur le contenu des tion de la place qui sera réservée à la
seur du Congo, que tout le monde at- différentes salles du musée avant sa statue de Léopold II, certes sensible
tendait sur les relations belgo-congo- fermeture, non dans un esprit de nos- dans le contexte politique actuel, mais
laises après l’Indépendance, mais talgie, mais en vue de permettre une inéluctable, quand on sait le rôle joué
qui abordera une tout autre matière, meilleure évaluation des innovations. par le monarque dans la fondation du
qui en surprit plus d’un. En orateur Guido Gryseels, Directeur général du musée, resta au niveau de la simple
consommé, il n’eut aucune difficulté MRAC, brossa ensuite le tableau sous promesse. ■
Bilan
Dans un plaidoyer plein de mesure pour la vérité, l’AD évoqua le rôle appréciable joué par
l’asbl Mémoires du Congo et du Ruanda-Urundi, de 2002 à ce jour, dans la sauvegarde de
la mémoire de la contribution des Belges au développement du Congo, du Rwanda et du
Burundi. Il se plut à souligner que la performance de l’association était entièrement le fait
d’une équipe de bénévoles, sans oublier de citer ceux qui durant les quinze ans écoulés ont
dû bien malgré eux lâcher prise.
M
PAR PAUL VANNÈS
onsieur le Ministre, Mark Twain, Joseph Conrad, Edmund leur esprit d’initiative et de méthode,
Excellences, Mes- Morel, Roger Casement, sur lesquels leur travail acharné, et aussi leur dé-
dames et Messieurs des Adam Hochschild ou Peter Bate vouement infini à une grande cause
en vos grades et se sont penchés pour entacher l’œuvre humanitaire, les coloniaux belges ont
qualités, nous fê- des Belges au Congo. Oui, il y a eu des promu leurs domaines africains en
tons aujourd’hui les excès dans la courte histoire de notre matière de christianisation, d’action
15 ans de notre as- présence en Afrique centrale et nous médicale, d’éducation et d’infrastructure
sociation Mémoires le reconnaissons. Mais d’un territoire économique”.
du Congo. Je suis très heureux de voir vierge, nous en avons fait en 75 ans un Dès le conflit 40-45, naissait un souci
autant de monde, et non des moindres, pays dont le revenu net par habitant parmi les coloniaux quant à l’évolution
assister à cet anniversaire. Les fonda- était, en 1960, le plus haut de l’Afrique politique du Congo. Ainsi, Jean Sepul-
teurs de notre association, Patrick Fraeys et cela avec l’aide de tous les Congolais. chre traduisait cette pensée en écrivant
de Veubeke, premier président, Georges Si nous n’avions eu leur collaboration, en 1958 “les autorités responsables en
Lambert, premier administrateur dé- nous n’aurions pu arriver aux résultats Belgique se sont avérées incapables de
légué, ne sont malheureusement plus que vous connaissez. dessiner ne fût-ce qu’une ébauche de
parmi nous. Cette quinzaine d’anciens Faut-il revenir sur l’enseignement et les ce que sera leur statut politique dans le
coloniaux exaspérés par la tyrannie du soins de santé dispensés gratuitement concert des Etats africains qui chaque
politiquement correct qui s’ingéniait à à tous les Congolais, à la mise en valeur jour prennent forme plus précise autour
refaire l’Histoire en dépit des faits, avait des richesses naturelles du Congo ? de nous. Il est futile de vouloir troquer
pris la décision d’entrer en résistance. Combien d’industries n’ont-elles pas l’appellation gênante de colonie belge
Non pas en polémiquant chaque fois été créées pour la mise en valeur des contre celle de Belgique d’Outre-mer
qu’un article de presse affirmait des gisements aurifères, cuprifères, diaman- tant que nos populations blanche et
contre-vérités mais en recueillant les tifères et autres, combien d’exploitations noire ne géreront pas elles-mêmes leurs
récits de témoins qui avaient vécu et agricoles n’ont-elles pas été créées pour propres intérêts en vue de construire
travaillé au Congo et au Ruanda-Urundi nourrir toute la population ? Il ne faut sagement l’avenir du grand pays qui
avant et après 1960. pas que l’arbre du méfait cache la fo- s’éveille.” En opposition avec l’esprit de
Je remercie particulièrement, à tra- rêt des bienfaits ! Le journaliste Jean la Charte coloniale du 18 octobre 1908
vers M. Guido Gryseels ici présent, Sepulchre du journal Elisabethvillois qui formalisait la reprise du Congo
le MRAC, dont il assume la direction, L’Essor du Congo écrivait en 1958 dans par la Belgique, la malencontreuse
pour avoir permis à MDC de se réunir ses Propos sur le Congo politique de concentration de tous les leviers de
dès le début dans les locaux du musée, demain : je cite : “Par leur science, commande à Bruxelles aux mains de
gracieusement.
Nous savions dès le départ que nous
ne changerions pas les désinformations
colportées par les détracteurs de la
colonisation belge ni par les opposants
au Roi Léopold II et de son œuvre.
Le travail entrepris est de longue ha-
leine et nous désirions faire connaitre
notre façon de voir les choses aux his-
toriens, afin qu’ils aient autre chose à
leur disposition que les ouvrages de
Paul Vannès, Administrateur délégué, dresse le bilan de quinze années d’activités Herman De Croo, Ministre d’Etat et invité spécial de la journée académique,
Mémoires du Congo et du Ruanda-Urundi. s’adresse au public, avec le talent que l’on sait et que notre vidéaste tente de capter
Gros plan sur Herman De Croo qui avec son talent consommé d’orateur fixe son Guido Gryseels, Directeur général du MRAC, et grand artisan de la rénovation
public afin de mieux le convaincre du musée, qui remercie d’avance les futurs visiteurs.
Instantané de la table des VIP, moambe consommée, avec au centre le Baron Patrick Dominant les convives, Pierre Hofman, spécialiste de la moambe
Nothomb toujours heureux de participer à une rencontre d’anciens d’Afrique. et restaurateur patenté des mardis de MDC.
Photos Fernand Hessel
ÉCHOS DU FORUM
Les festivités entourant le quinzième anniversaire de Mémoires du Congo et du
Ruanda-Urundi n’ont pas empêché le Forum de poursuivre son activité bimensuelle
de réflexion et de partage. La rédaction en reprend ci-après quelques temps forts,
avec hélas l’inévitable décalage dans le temps. Dans le déroulement chronologique, le
lecteur tiendra compte de la relâche habituelle durant les mois de juillet d’août.
PAR FERNAND HESSEL ET PAUL VANNÈS
231 (07.06.17) 232 (30.06.17) 233 (01.09.17)
236 (13.10.17) vitation, le manque d’intérêt pour le passé fois est l’esclavage, avec des titres très de-
belgo-congolais, le lieu de la rencontre ? mandés : V. Olmi, Bakhita, T. N’Diaye, Le
La séance est consacrée pour une grande Robert van Michel attire l’attention sur le génocide voilé, Th. Gunzig, La vie sauvage.
part au bilan de la journée académique manque de nuances affichée par Yuval Dans le tour de table, André Filée analyse
du 10 octobre, avec des applaudissements Noah Harari dans son fameux best-seller l’absence de journalistes à la journée aca-
pour l’organisateur, Paul Vannès, lequel Sapiens, quand il parle de la colonisation démique. Au-delà de la quinzaine, l’info
ne manque pas de renvoyer aussitôt les de l’Afrique. Fernand Hessel introduit une n’a plus d’intérêt : la Grande Guerre ne fait
éloges 0 SON 2QUIPE. Un point négatif nouvelle rubrique dans le déroulement du plus recette, pas plus que le Congo belge.
est soulevé par Fernand Hessel qui déplore Forum, intitulée En librairie, qui a pour but Dans le même ordre d’idées, la statue du
la participation quasi nulle d’Africains de présenter les livres relatifs à l’Afrique fond de l’avenue louise, dédiée aux nègres
et invite l’assemblée à en rechercher les actuellement en librairie, selon des thé- marrons, est parfaitement ignorée des
causes. Faut-il incriminer la stratégie de l’in- matiques variées. Le thème abordé cette riverains comme des passants. ■
L'INDUSTRIALISATION
DU CONGO (3)
Industries minières
Le développement de l’industrie minière congolaise n’a pu se faire que sur des bases
solides à la fois techniques, économiques et sociales qu’il fallut créer de toutes pièces.
Ce ne fut qu’après 1910 que les richesses minières congolaises furent mises en valeur.
Jusqu’à la Première Guerre mondiale, l’or, le cuivre, le diamant, et, dans une moindre
mesure l’étain, constituèrent l’entièreté de la production minière.
A
ces miné- dement au développement des
raux vinrent réseaux ferroviaires, fluviaux
s’ajouter gra- et routiers. Elle avait besoin
duellement d’énergie et elle créa ses propres
le radium, centrales hydroélectriques. Elle
le cobalt, avait besoin de main-d’œuvre
le wolfram, qualifiée et stable, elle forma le
le zinc et le personnel dont elle avait besoin.
charbon, ce Les centres miniers devinrent
dernier ne rapidement des pôles d’attrac-
servant qu’à la consommation tion favorisant la création d’in-
locale. Au début, le Congo n’ex- dustries annexes, d’entreprises
portait que des matières brutes, artisanales, d’élevages et d’ex-
ne comportant que peu ou pas ploitations agricoles.
de valorisation. (1) Là ne se li-
mita pas la gamme des produits
miniers du Congo Belge, car les A. UMHK, l’Union Minière
méthodes d’extraction et les trai- du Haut-Katanga
tements métallurgiques évoluant,
la Colonie put fournir certaines Pendant qu'on aménageait des
quantités d’argent, de béryllium, voies d'accès vers le Katanga, le
de cadmium, de columbium, de Comité Spécial du Katanga, créé
tantale, de germanium, de man- en juin 1900, entreprit la mise en
ganèse et, en moindre quantité, exploitation embryonnaire des
du lithium, du fer et du plomb. sites miniers katangais. Dès le
L'industrie minière avait besoin mois d'avril 1904, l'exploitation
d’importants capitaux pour ac- de l'or de Ruwe débuta avec
quérir les outils d’extraction et de des moyens de fortune.
traitement du minerai. Elle avait
besoin de voies de communica- 1 . Carte montrant la minéralisation
tion pour s’équiper et évacuer les dans les régions de l'Est du Congo.
produits et contribua donc gran- Le Congo Physique. Maurice Robert, 1942
4. A la mine de Kambove en 1918, la grue et la locomotive à vapeur sont des auxiliaires appréciables. Doc. U.M.H.K.
Plan de
l’étude complète
1. Introduction (n°42)
2. Les transports (n°43)
3. Les industries minières, A. UMHK (n°44)
4. Les industries minières, B.
5. Les sources d'énergie
6. Les agro-industries
7. Les industries de transformation A
8. Les industries de transformation B
Suivis de monographies sur l’UMHK,
le BCK, la Forminière, le CFL,
l’Otraco, les HCB, de même que
sur la réalisation de quelques
grands travaux.
U
PAR FRANÇOISE MOEHLER–DE GREEF
ne certaine confusion se revendiquent d’ailleurs du nom de Suédois, Espagnols, Américains, Chinois
semble prévaloir dans mulâtre – se sentent, eux, riches de leur et autres de l’EIC ou encore les Japonais
les attaques récentes, double appartenance même si, trop sou- qui sévirent dans les années 1970. Mais,
largement encouragées vent, le prix à payer était l’absence d’un dans le chef de ces détracteurs, toutes les
par certains politiciens, des deux parents. Plusieurs d’entre eux erreurs et exactions commises depuis des
à l’encontre des autori- ressentent l’action des “Métis de Belgique” siècles sont, bien entendu, imputables
tés coloniales quant à comme une insulte à leur père qui a as- aux seuls Belges de la Colonie.
la manière dont elles sumé ses responsabilités envers et contre Il existe en RDC, en plus du métissage
ont géré la “question tout, imposant (avec parfois beaucoup de visible, plus récent, un métissage invisible,
métisse”. L’Association difficultés) leurs enfants colorés à leur issu du brassage entre populations congo-
“Métis de Belgique” a initié une action famille belge. laises et étrangères au cours des siècles
auprès des différents organes de l’Etat Mais le débat initié par les “Enfants de du fait de migrations et de conquêtes
en vue d’obtenir des excuses officielles Save” (dont nous présenterons certains
de la part de la Belgique et, si possible, témoignages dans un prochain article) a
des réparations. On ne peut certes pas attisé les rancœurs et revendications de
contester le bien-fondé de certaines de certains Belgo/Congolais qui relayent dès
leurs revendications, à savoir l’accès aux lors certains griefs peut-être fondés en les
différentes archives – administratives et arrangeant à leur propre sauce, mêlant
religieuses en Belgique et à Rome (où sans vergogne les époques et les origines
sont conservés les dossiers des Sœurs des pères putatifs. Ce vaste amalgame en-
Blanches responsables de l’orphelinat de globe aussi bien les Portugais, Hollandais
Save) – afin de leur permettre de retracer et Arabes du XVIe siècle que les Anglais, Royaume du Kongo en 1711
leur filiation et leurs racines et retrouver,
si possible, cette famille maternelle dont
ils ne savent rien ou dont ils ont perdu
la trace. Mais la dénomination de cette
Association, “Métis de Belgique”, prête
à confusion. Elle ne représente en fait
qu’une infime partie des métis du Congo
et du Ruanda-Urundi, à savoir les “enfants
de Save”, soit au grand maximum 300 à
400 personnes. Nombre de métis ne se
reconnaissent absolument pas dans ce
groupe, même si leur propre parcours a
été semé d’embûches, mais n’est-ce pas le
cas pour tous les enfants naturels partout
dans le monde et à plus forte raison à
une époque dominée par un puritanisme
de bon aloi ? Ces métis – dont certains
Routes du commerce négrier
Reine Nzinga et sa cour, Royaume du Kongo, aquarelle d'Antonio Cavazzi ,1670 Carte manuscrite 1692. Un Européen présente un miroir aux Noirs. © P. Brossé, PUF
Photo Tippo Tip © Monheim Présentation d'une jeune esclave à son maître à Tombouctou, gravure XIXe
VIE DE BOY
Le personnel de maison dans la société coloniale était une institution en soi. La tradition
n’a d’ailleurs pas connu de grands changements avec l’indépendance. Les boys, comme
on les appelle toujours, sans que le nom soit dépréciatif, avaient des liens privilégiés
avec leurs patrons. Beaucoup ont gardé le contact après le départ de leur employeur. Les
enfants surtout avaient des liens privilégiés avec les serviteurs. Et il n’était pas rare que
la conversation entre invités ne glissât vers la comparaison entre les talents de leurs boys
respectifs.
L
a manière la plus vraie de par son entêtement et sa patience. Ori- Il resta chez nous jusqu’à son décès
percevoir le phénomène ginaire de Gungu dans le Bandundu, à la fin des années 80 et fut d’une
est sans doute d’interroger il avait commencé sa carrière chez le fidélité à toute épreuve. Il était d’une
un témoin. Ainsi il sera docteur Th. Darras (ancien directeur du patience d’ange avec nos enfants. A
loisible au lecteur d’éta- Sanatorium de Makala à Léopoldville) midi, par exemple, il faisait terminer
blir les similitudes avec le au début des années 50. Le docteur son assiette à notre fille de 4 ans qui
personnel de maison qui Darras avait opéré, je ne sais plus de était extrêmement lente pour manger.
fut le sien. quoi, un jeune garçon de 17 ans. A sa Je me rappelle aussi son attitude lors
En outre, au-delà du vécu des Willame, sortie de l’hôpital, ce jeune garçon est d’un marché aux puces organisé dans
la revue se plaît ici à mettre à l’honneur venu trouver le médecin et son épouse le hangar de gymnastique de l’Ecole
tous les boys du Congo qui se sont en leur disant “je veux travailler pour belge de Kin pour récolter des fonds
dévoués pour contribuer au bonheur vous” ; c’était notre Kitoko. Ne voulant pour la lutte antituberculeuse : il resta
des Belges. Preuve secondaire peut-être plus quitter la parcelle du ménage, il assis toute la journée sur la malle où
mais d’importance certaine des liens finit par être engagé et n‘a plus quitté s’accumulaient les sous de la vente. Il
de convivialité profonde que les Belges le couple jusqu’à leur retour définitif avait décidé que c’était sa responsabilité.
ont réussi à nouer avec les Congolais, en Belgique en 1968. Le second s’appelait François Lelo Yum-
bien au-delà des règles officielles ou J’ai connu le docteur Darras lors de bi; il venait du Bas-Congo, du Mayumbe,
tacites qui réglaient alors les relations mon séjour comme assistant aux cli- et fut un modèle de fidélité et de dévoue-
entre les deux communautés. niques universitaires de Lovanium de ment. Au début des années ’60, il était
En 37 ans de carrière médicale, au Zaïre, 1964 à 1969 et nous étions devenus entré au service d’un célibataire à Boma.
au Burundi et au Congo-Brazzaville, amis. C’est chez lui que nous avons Lorsque celui-ci fut muté à Kisangani,
nous avons eu plusieurs domestiques, vu Kitoko pour la 1ère fois. J’ai ensuite notre François le suivit. Il semble bien
que j’appelle “boys” dans ce texte, car ce quitté le Zaïre de 69 à 71 pour parfaire lui avoir rendu là-bas quelques signalés
mot, pour moi, n’est nullement péjoratif. ma spécialisation à Leuven et nous services, par exemple en allant à sa
Au contraire, il marque une proximité sommes revenus à Kinshasa en 1971 recherche dans les bars de Kisangani
familiale, devenue parfois intimité, tant pour la coopération médicale belge. Le et en le ramenant à la maison après
étaient confiants nos rapports avec bouche à oreille, qui tient lieu de tam- une soirée bien arrosée. Nous avons fait
certains. Deux d’entre eux nous ont tam africain chez les allochtones, ne fut la connaissance de François chez son
laissé un souvenir ému et impérissable pas long à fonctionner. Car quelle ne employeur, revenu à Kinshasa sur ces
tant ils ont fait preuve de dévouement fut pas notre surprise, quelques jours entrefaites et ayant fondé une famille.
à nos enfants et à nous-mêmes. Je veux après notre retour, de trouver devant Lors du retour définitif de celui-ci en
ci-dessous leur rendre l’hommage qu’ils notre porte le Kitoko en question avec Europe en 1976, François entra à notre
méritent même si maintenant ils ont la même requête que 20 ans auparavant service pour épauler Kitoko, devenu
rejoint leurs ancêtres. chez les Darras : “je veux travailler pour fort impotent (presque aveugle à cause
Le premier s’appelait “Kitoko”, ce qui vous” ! Connaissant son entêtement, d’une cataracte bilatérale). François était
veut dire “beau”, et était remarquable mon épouse l’engagea. de confession protestante, de ce fait il
L
PAR LAURENT BIERNY
es archives, on s’en doute, Le philatéliste marquera essentielle- visant à harmoniser la législation avec
sont relativement rares ment son intérêt pour le permis de les dispositions de l’acte général de la
pour les premières années port d’armes délivré sous l’EIC. Un Conférence de Bruxelles fut publié au
d’existence de l’EIC. décret du gouvernement de l’EIC du Bulletin officiel le 10 mars 1892.
Elles iront se multipliant 11 octobre 1888 interdisait déjà, dans
avec le développement de tout le territoire de l’Etat, l’intro-
l’administration. Ainsi tout duction et le trafic des armes à
détenteur d’une arme au feu perfectionnées. Soucieux de la
moment où le Congo Belge accède conservation des races indigènes,
à l’indépendance se souviendra de un certain nombre de gouver-
son permis et l’aura même peut-être nements répondent à l’invitation
conservé dans les archives précieuses de Léopold II de participer à la
de son aventure coloniale. Un exemple conférence antiesclavagiste qui se
suffit pour s’en imprégner (fig. 1), celui tint à Bruxelles de 1889 à 1890.
de Roger Gallant, auteur d’un ouvrage Il en ressort qu’une des mesures
remarquable sur l’histoire du service à appliquer pour lutter contre la
postal au Congo Belge de surcroît (qui traite des escl(aves consiste à res-
fut proposé aux lecteurs de Mémoires du treindre l’importation des armes
Congo il y a quelques années). Délivré à feu perfectionnées et des muni-
le 23 octobre 59, sa validité s’achevait au tions partout où sévit la traite. Cette
31 décembre 59, ce qui laisse supposer interdiction vise la zone comprise
qu’il était délivré pour l’année en cours, entre le 20° parallèle nord et le
quelle que soit la date de prise d’effet. 22° parallèle sud et englobait dès
La taxe perçue était de 100 francs. Le lors tout le territoire de l’EIC. Cette
permis portait sur la détention d’une interdiction ne portait toutefois pas
carabine 22 LR. Quant à la question de sur les fusils à silex. L’acte général
savoir quel usage Gallant fit de l’arme, de Bruxelles fut signé en mai 1890
il est difficile d’y répondre. On peut et soumis à l’approbation des par-
penser qu’en dehors des chasseurs peu lements des pays signataires pour
de Belges présents au Congo Belge sa ratification. Cela prit quelque
dans les dernières années de la colonie temps puisque le traité n’entra en
possédaient une arme, surtout s’ils vigueur que le 2 avril 1892. En Fig. 1 Dernier modèle de permis de port d'armes en
habitaient en ville. ce qui concerne l’EIC, un décret vigueur au Congo Belge - Collection de l'auteur
SUS A L’ENNEMI
S’il est un binôme colonial qui est entré dans la légende africaine de la Belgique, dans sa
lutte contre l’esclavagisme qui sévissait encore à l’est du Congo quand Léopold II en prend
possession, c’est bien Lippens et De Bruyne, deux héros militaires, morts sous les coups,
pleins de haine et de sauvagerie, dans l’honneur de servir la patrie et la conviction de
promouvoir la civilisation. Déjà au temps colonial, la mémoire de leur courage était vivace à
ce point qu’ils furent mis à l’honneur à trois endroits, à Blankenberge côté belge et à Bindjiri
et Tongoni côté congolais. Une troisième page est consacrée à l’importante victoire remportée
contre les Allemands à Mahenge, dont on fêtait cette année le centième anniversaire.
PAR FERNAND HESSEL
1. Blankenberge (16.09.17)
U
PAR FONS FEYAERTS & FERNAND HESSEL
ne opportunité lui fut d’Allemagne où les fusées étaient conçues plus intéressé que Lutz lui avait promis
offerte en 1975 par la et réalisées en pièces détachées. une fusée en cadeau, apte à contrôler
société OTRAG (Orbital Mobutu et Lutz s’y impliquèrent à fond, l’un de haut et en toute discrétion toutes les
Transport und Raketen rêvant de fortune pour son entreprise et frontières du Zaïre, particulièrement celle
AG), basée à Stuttgart l’autre de gloire pour son pays. Lutz n’hésita qu’il partageait avec l’Angola où se jouait
en Allemagne et diri- pas à parler de Cap Canaveral africain et une partie serrée entre les deux blocs en
gée par Lutz Kaiser. estima sa future part de marché à hauteur lesquels était alors partagé le monde. Lutz
Cet étudiant, passion- de 30 % de la production mondiale des ne promit pas que le satellite zaïrois serait
né par l’espace, rêvant fusées à faible coût. Mobutu était d’autant capable de détecter une souris, mais pour
de devenir astronaute le moins un vélo qui tenterait de franchir
ou ingénieur spatial, n’avait pas hésité à la frontière.
solliciter l’avis de Werner von Braun en L’aventure hélas se termina en moins de
personne sur son choix de carrière. Ce temps qu’il n’en fallut pour ériger la base
dernier lui conseilla l’ingénierie spatiale. de lancement.
Le diplôme d’ingénieur en poche, Lutz se Au premier lancement (17 mai 77) la fusée
mit à la recherche d’une base de lancement grimpa à 20 km d’altitude, au second (20
expérimentale pour les premières fusées en mai 78) à 30 km. Mobutu assiste alors en
construction en Allemagne. L’entrepreneur personne au troisième lancement expé-
belge Weymar, qui fit la connaissance de rimental (5 juin 78), entouré de la presse
Mobutu dans le cadre du match de boxe internationale. Mais ce fut l’échec et la
Ali-Foreman, eut l’idée de mettre en contact honte. La fusée fit un petit tour dans le
l’ingénieur et le président. Le Zaïre aussitôt ciel et s’abattit aussitôt dans la vallée. Un
proposa un haut-plateau, surplombant la terrible drame marqua en outre l’équipe
rivière Luvua, affluent du Congo dans le des ingénieurs dont plusieurs périrent
Nord du Katanga (alors appelé Shaba), mystérieusement lors d’une escapade sur
de 100.000 km2, culminant à 1300 m la Luvua et qui ne manqua pas d’inquiéter
d’altitude, au nord de Manono. Le contrat l’opinion publique.
fut signé le 26 mars 1976. Sans tarder, le En 1979, le gouvernement zaïrois fut amené
plateau vit naître une piste destinée à ac- à mettre fin à l’aventure de l’OTRAG au
cueillir les avions (2 Argosie et un Boeing Shaba, pas uniquement pour raisons de
707), un pont, un village résidentiel pour fiabilité des fusées, mais surtout sous la
les ingénieurs, un pas de tir. Le projet était pression de l’URSS, craignant un usage
d’envergure, mais tout devait être importé militaire contre l’Angola.
Lutz déménagea son pas de tir dans le dé-
sert de Libye où en 1981 sa fusée culmina
à 600 km d’altitude, mécontentant cette
fois les USA .L’OTRAG fut ainsi amené à
mettre fin à ses activités en 1987, après un
ultime lancement à Kiruna en Suède. ■
Avenue de Saturne, 55
1180 UCCLE
Belgique
T. +32 2 512 24 06
M. +32 475 428 180
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32 Mémoires du Congo n°44 MdC
asbl Décembre 2017
Vie des associations
Calendrier des manifestations de 2017
Pour toute insertion ou correction, téléphoner au 0496 20 25 70 ou écrire à fernandhessel@skynet.be
2017 Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept. Oct. Nov. Déc.
AFRIKAGETUIGENISSEN : g.bosteels@skynet.be 10 A
AKIMA (Amicale des anciens du Kivu, du Maniema et d’Albertville) : 02 375 12.42 - akima @outlook.be
COMPAGNONS DE L’OMMEGANG
CRAOCA - KKOOA (Cercle royal des anciens officiers des campagnes d’Afrique) : 0494 60 25 65 27 A 21 E 27 Y
CODES : A = assemblée générale. B = moambe. C = déjeuner-conférence. D = bonana. E = journée du souvenir/de l'amitié, hommage. F = gastronomie. G = cocktail /apéro. H = fête
de la rentrée. I = invitation. J = rencontre annuelle. K = projections. L = déjeuner de saison (printemps/automne). M = Conseil d’administration. N = fête anniversaire. O = forum.
P = activité culturelle/historique. Q = excursion ludique. R = Office religieux. S = activité sportive. T = fête des enfants. U = réception. V = barbecue. W = banquet/
déjeuner/lunch. X = conférence-expo. Y = jubilé. Z = biennale.
URFRACOL
La rédaction poursuit numéro après numéro la revue des associations qui
figurent au tableau, en page 31. En cette longue période de commémorations
liées à la Grande Guerre, il lui a semblé tout naturel de se concentrer sur
les associations d’obédience militaire. Le président de l’Union Royale des
Fraternelles Coloniales ou URFRACOL a accepté de présenter en personne son
association. La rédaction lui en est on ne peut plus reconnaissante.
L
PAR PHILIPPE JACQUIJ
’histoire de l’URFRA- La création de Fraternelles
COL est indissociable Dès 1944, une vingtaine de vétérans
de celle des campagnes belges d’Abyssinie créent à Watsa la Fra-
de la Force publique du ternelle des Anciens de la Campagne
Congo belge en 1940- d’Abyssinie (FACA). En septembre 1945,
1945. La première unité elle compte une centaine de membres.
des troupes coloniales à D’autres fraternelles d’anciens de Corps
être engagée dans la se- expéditionnaires, se constituent à la
conde guerre mondiale même époque à Elisabethville, Léo-
est l’Hôpital belge de poldville et Costermanville, et une
Campagne en décembre 1940. Cette fédération est rapidement envisagée.
Premier insigne de Blason de
unité sera engagée au Kenya, en So- l’URFRACOL l’URFRACOL
malie, en Abyssinie, à Madagascar et C’est ainsi que nait en 1945 l’Union
en Birmanie. La deuxième campagne A cela s’ajoutent nos aviateurs colo- des Fraternelles des Corps expédi-
est celle d’Abyssinie contre les Italiens niaux formés en Afrique du Sud, dont tionnaires du Congo belge, compre-
en 1941 avec les victoires d’Asosa , de certains servirent à la SAAF et d’autres nant trois sections au Congo et qui
Gambela et de Saïo. En 1942, un Corps à la RAF, les centaines de militaires ensuite fixera son siège à Bruxelles.
expéditionnaire fort de 12.000 hommes restés à l’intérieur de la Colonie pour Ces Fraternelles ne comprennent à
est envoyé en Nigérie britannique face la défense des frontières et le main- l’époque que des membres européens,
à l’Afrique Occidentale française sous tien de l’ordre et les 300 congolais les anciens combattants congolais,
le contrôle du gouvernement de Vi- servant à bord de bateaux belges dont épaulés par plusieurs de leurs anciens
chy. Finalement aucun combat n’eut certains furent coulés. Plus de 20.000 chefs, constituant des associations sé-
lieu, l’AOF s’étant rangée du côté du hommes sont engagés par la Colonie parées. Cette situation évoluera après
général De Gaulle. pendant cette période. 31 Belges et l’indépendance. Au cours des années
L’envoi d’un Corps expéditionnaire 799 Congolais y perdent la vie.
au Moyen-Orient est décidé ensuite.
Le transport du charroi de Nigérie en
Egypte à travers le désert est un véri-
table exploit. En Egypte, nos troupes
équipées et entrainées à l’anglaise
sont affectées à la garde de camps de
prisonniers et de dépôts et participent
à la mise au pas d’un bataillon grec
mutiné. La déception est grande quand
les alliés et le gouvernement belge dé-
cident de ne pas envoyer nos troupes
coloniales sur un théâtre d’opération
européen.
Anciens combattants de l’URFRACOL, décorés en 2006
700 membres effectifs dont plusieurs Le Colonel Van der Mersch est le
anciens combattants congolais. En premier président de l’Union, il cède
1958, la FACA est absorbée par ce sa place à Albert Goffin, à qui l’on
qui est devenu la Fraternelle coloniale doit le Mémorial de Schaerbeek, il
40-45. En 1981, celle-ci prend le nom est remplacé de 1970 à 1983 par le
d’Union des Fraternelles Coloniales ou général-major Van Cools, puis de 1983
UFRACOL. Enfin depuis 1997, l’Union à 1993 par le Lieutenant-colonel Ed-
est autorisée à porter le titre de Royal mond Peffer suivi du lieutenant-colonel
devenant ainsi l’URFRACOL. Au cours aviateur Daniel Colin et en 1994 par
des années 80, l’URFRACOL reprend le Lieutenant honoraire René Pétré.
Le Roi Albert II décore J. Sindano, ancien également les traditions de la Frater- Philippe Jacquij en est actuellement
combattant congolais, le 21.07.05 nelle des Troupes coloniales 14-18. le septième président.
Un bulletin trimestriel
En septembre 1963 sort le premier nu-
méro du bulletin intitulé « La Fraternelle
– Makambo ya Bisu » , il remplace la
circulaire administrative qui existait
jusqu’alors. Le bulletin tr imestriel a
tenu bon depuis contre vents et marées
et continue à paraître en duo avec
celui du CRAOCA.
Un monument à Schaerbeek
Escorte de l’Ecole Royale Militaire du drapeau du 1er Dès le n° 2 du bulletin, nous ap-
L’URFRACOL à Schaerbeek, 01/11/2015 Rég. d’infanterie de la Force publique
prenons que le Président Goffin, à
l’occasion d’un banquet auquel est
invité le bourgmestre de Schaerbeek,
Gaston Williot émet le vœu d’ériger
sur le territoire de la commune de
Schaerbeek un monument dédié à nos
morts. Déjà l’idée de commémorer à
la fois les campagnes antiesclavagistes
de l’EIC , les campagnes 14-18 et les
campagnes 40-45 est à l’ordre du jour.
En 1965, le choix se porte sur un mo-
dèle proposé par le sculpteur M. Kreits.
Le monument sera érigé au square
Vice-président de l’URFRACOL, Pedro Michel, décoré à Kinshasa en 2005
Riga à Schaerbeek. Le financement
de ce beau projet ne se fera pas sans
mal. Des « pierres » symboliques du
monument sont vendues à 100 frs
pièce. Les pierres se vendent bien et
des dons arrivent de sociétés faisant
partie de la fédération des entreprises
du Congo et des Cercles d’anciens,
mais la somme rassemblée fin 1966,
305.000 frs, est loin d’être suffisante.
Le patronage de SM le Roi Baudouin
permet de relancer la recherche de
fonds et le ministre des PTT accepte
d’émettre en 1967 un timbre avec sur-
Réception de Mme Yvonne Yamulenge, Vice-Ministre de la Défense de la RDC charge (10 frs + 5 frs) en faveur de la
N° 144
Noces de palissandre
C
e n’est pas tous les jours Et Andrée n’est jamais loin, prêtant
qu’une association peut main forte à son mari, et ne refusant
s’enorgueillir de fêter des pas à l’occasion d’arborer le drapeau
noces de palissandre. d’une association-sœur. Magnifique
Cette chance exception- exemple de fraternité au sein de la
nelle échoit cette année famille des anciens d’Afrique de Liège,
à l’ARAAOM, grâce à un et de dévouement à la cause qui est la
de ses couples les plus nôtre. L’ARAAOM au grand complet
sympathiques, formé d’Andrée Del- s’unit pour congratuler le couple. ■
commène et d’Albert Demoulin, entrés Andrée et Albert, 1952
© Archives familiales
en mariage en 1952 et, 65 ans plus
tard, toujours unis pour le meilleur
et pour le pire.
Escapades d’été
L’ARAAOM a coutume d’organiser une rencontre pendant les vacances.
C’est ainsi qu’elle programma une sortie du côté de Sart-lez-Spa pour y casser
la croûte, après avoir rendu visite à un de ses membres. Comme en outre elle a
l’amitié généreuse, elle ne pouvait manquer d’honorer la fête organisée par sa
partenaire privilégiée, l’APKDL à Raversijde.
PAR LOUIS DESPAS
Moulinsart-lez-Spa l’hôte pour le continent où il passa et accueillant restaurant sis sur les
Si le château de Moulinsart imaginé toute sa vie professionnelle. Quantité rives du lac de Warfaaz où, à défaut de
par Hergé recelait le trésor de Rackam de souvenirs à vous donner le vertige pouvoir satisfaire ses rêves d’Afrique,
le Rouge, le Vieux château de Sart- et à vous faire rêver ! Leur grande chacun eut le loisir de satisfaire ses
lez-Spa, quant à lui, foisonne de mer- soif de culture à peine étanchée, les papilles en dégustant le plat ardennais
veilles récoltées par Fernand Hessel au visiteurs quittèrent sous une pluie fine de son choix. ■
cours de cinquante ans d’itinérance en le magnifique musée pour mettre le
Afrique. L’ARAAOM en fit, lors de son cap sur Le Jardin des Elfes, charmant
escapade à Sart-lez-Spa, une joyeuse
expérience, le mardi 8 août 2017.
Seize fidèles de l’ARAAOM auxquels
s’est joint Roland Kirsch, président du
RCLAGL, eurent tout loisir de visiter
ce qu’il faut bien appeler un musée
de souvenirs, dédié à l’artisanat d’art
africain. Partout où vous portez le re-
gard, l’Afrique se révèle : bibliothèque
avec un département spécial Congo,
mobilier en bois tropical, statues en
bronze et en bois, masques, minéraux,
coquillages et autres bibelots, chaque
pièce témoignant de la passion de
Le clan des Ostendais 49 convives présents : Renier Nijskens associations, en application de notre
L’escapade à la Mer du Nord le 9 sep- de l’UROME, Odette François-Evrard devise nationale. Au cours de l’excellent
tembre 2017 fut une réussite totale au de l’ARAAOM, An Haeck de l’AMI-FP- repas, une gerbe de fleurs fut remise
niveau météorologique comme au VRIEND section Flandre occidentale, sous les applaudissements au couple
niveau festif. Cordialement invités au Fernand Hessel de l’ASAOM, Luc Dens André Fasset qui fêtait ses 65 ans de
Clan des Ostendais par l’AP-KDL et de l’AP-KDL, expression évidente d’une mariage. Félicitations aux heureux
son président Luc Dens, 11 membres volonté commune de resserrer les jubilaires ! ■
de l’ARAAOM se retrouvèrent pour la liens fraternels entre les différentes
seconde fois dans l’ancien domaine de
Léopold II à Raversyde où ils furent
reçus à la Taverne Walrave avec toute
la chaleur et la convivialité propres
aux anciens d’Afrique. Le président
de l’AP-KDL souhaita la bienvenue à
tous ses hôtes en les remerciant d’avoir
répondu nombreux à l’invitation. Signe
de vitalité du mouvement, pas moins
de cinq présidents d’association étaient
venus renforcer l’assemblée, forte de
© Photos Fernand Hessel
C
PAR LOUIS DESPAS
’est ainsi que fidèle à la fidèles et de tous les membres du conseil trop peu nombreux, se déroulèrent dans
tradition de pérenniser d’administration. Pour la préserver de tout une atmosphère fort amicale. Au cours du
la mémoire des glorieux vandalisme, dans ce coin un peu perdu repas, la présidente remercia l’assemblée.
prédécesseurs qui se sont de Liège, cette couronne sera, comme à Jempy, boute-en-train au meilleur de sa
illustrés en contribuant à l’accoutumée, déposée ultérieurement au forme, égaya toute la tablée de ses blagues
l’essor de l’immense terri- cimetière de Robermont, sur la tombe truculentes. La commission des fêtes en
toire légué par Léopold II au du colonel Haneuse, fondateur de notre profita pour sonder les convives sur le
cœur du continent africain, association en 1928. La présidente mit programme qu’elle concocte pour 2018,
l’ARAAOM s’est recueillie ce dimanche l’occasion à profit pour rendre un vibrant qu’elle ne manquera pas de transmettre
29 octobre 2017 autour de la stèle de ses hommage aux héros disparus, afin qu’ils à tous les membres dès son approbation
pionniers, érigée à proximité de la basilique continuent à nous inspirer, et demanda par le CA, dont la prochaine réunion est
de Cointe. Tandis qu’Albert Demoulin, une minute de silence. fixée au 3 novembre 2017. Une journée au
notre infatigable porte-drapeau que l’on Au terme de la cérémonie, le petit groupe demeurant fort constructive, agrémentée
voit sur tous les fronts patriotiques, inclinait retrouva d’autres membres de l’association in fine par un pousse-café aimablement
respectueusement le drapeau de l’associa- au restaurant des Waides, lieu de ren- offert par le président de l’AP/KDL, Luc
tion, une couronne de fleurs fut déposée dez-vous privilégié de l’ARAAOM, réputé Dens, empêché mais dignement repré-
au pied du monument par la présidente pour son accueil chaleureux et sa fine senté par le président honoraire, Claude
Odette François-Evrard, entourée d’une cuisine. Les retrouvailles entre membres, Bartiaux. Que l’un et l’autre reçoivent ici
haie d’honneur faite de ses irréductibles toujours les mêmes et malheureusement nos remerciements. ■
ns
o
le Spad
d’Outre-Me
ica
m
A r
SPA
N° 140
N
José à Butare en 70 Micheline et José en 70 Micheline à Kibuye en 70 Micheline et José en 70 Entre amis à Mayaga en 70 Avec Valérie en 75
otre sympathique da de 69 à 76 ; à Butare d’abord où, Cette succession de charges n’a pas
membre a vu le jour à de 69 à 70, il enseigne la biologie à empêché José d’épouser en 63 l’élue de
Verviers le 24 avril 1939. l’Institut Pédagogique National, à Kigali son cœur, Micheline Pléers, également
Il a poussé les études ensuite où, de 72 à 76 il assume la licenciée en sciences chimiques. En 74
jusqu’à la licence en charge de chef de la section Sciences le couple est gratifié d’une fille, Valérie,
sciences zoologiques au Bureau Pédagogique, au titre d’ins- laquelle fondera à son tour une famille
à l’ULg en 1960. Fort pecteur principal de sciences (biolo- avec Huan Zhan, chimiste lui aussi,
de son agrégation en gie, physique, chimie). La fonction du riche déjà de deux petits-enfants :
EMDS, il entame une carrière d’en- Bureau pédagogique est de rédiger Mattéo (2008) et Victoria (2010). José
seignant à l’Athénée royal (AR) de des cours pour les écoles, lesquels perdra malheureusement sa femme
Verviers, en biologie, physique et sont testés préalablement dans une en 2011.
chimie qu’il poursuit jusqu’en 1969, école de Kigali. La science ne l’a pas abandonné à la
pour prendre en plus le cours de bio- La coopération devenant de plus en porte de la retraite. Ses centres d’intérêt
logie-chimie à l’Ecole d’infirmières A. plus problématique, le couple décide restent nombreux : biologie, histoire,
Weber dans la même ville, de 67 à 69. de rentrer au pays en 76. José reprend origine de la terre, du système solaire
Puis par logique intellectuelle mais le chemin de l’AR de Verviers et la et de l’univers. Sans oublier la culture
peut-être aussi un peu par appel de classe de biologie, quittée en 1969, (esperanto), le sport (natation), le di-
l’aventure tropicale, il part au Rwanda puis celui de l’AR de Jambes, pour vertissement (cartes), et surtout ses
pour, selon son propre aveu, voir les revenir ensuite à l’AR de Verviers, de multiples engagements dans la vie
animaux et les plantes dont il parlé. 76 à 77. En 77 il est nommé maître-as- citoyenne de sa commune : trésorier
Il ajoute également qu’il tient à mettre sistant en biologie et professeur de à la section locale Ecolo de Theux,
son expérience au service d’un pays méthodologie spéciale à la haute école président du groupe espérantiste de
en développement. Engagement qui Charlemagne à Liège, où il mettra Verviers, administrateur au Congrès
lui fait honneur, pour lequel les Rwan- un terme à sa carrière en 2001. On de Polleur, membre d’Eneo. Si on y
dais n’ont sans doute pas manqué de peut dire sans risque d’erreur que ajoute encore ses voyages, on imagine
témoigner leur reconnaissance. Quant José a été sa vie durant un serviteur facilement qu’il est difficile de le trou-
à la nature rwandaise elle n’a sans des sciences, particulièrement de la ver à la maison, sur les hauteurs de
doute pas manqué pour concrétiser biologie, dont il fut d’ailleurs, au vu Polleur où il a élu domicile. ■
le rêve pédagogique du professeur. de ses nombreuses promotions, un © Photos tirées de l’album familial
C’est ainsi que José enseigne au Rwan- brillant promoteur.
P
atrick Hensenne, membre de aventure que l’artiste tente d’exprimer, ce n’est pas d’accumuler des biens maté-
l’ASAOM, est né le 7 mars 1954 avec ses bonheurs et ses malheurs, c’est riels, mais d’enrichir sans discontinuer sa
à Stanleyville et a vécu son connaissance. La spécificité de l’homme,
adolescence studieuse sur les c’est l’esprit et non la matière, que la plupart
bancs du collège Albert à Léo- des humains tentent pourtant d’accumuler.
poldville, partageant le banc C’est pour cela que le monde a besoin
avec de petits Africains, ce qui d’art tout autant que de pain.
dans sa mémoire reste une
expérience entachée d’incompréhension. Loin des bruits et des fureurs du monde,
Il interrogeait ses parents sur le pourquoi Patrick Hensenne, poursuit sa quête de
de la séparation des chemins des Blancs beauté et de la connaissance sur les flancs
Patrick Hensenne
et des Noirs, une fois l’école terminée. de l’Ourthe à Hony où il a fixé son ate-
Peut-être y a-t-il là une explication sur la conception de vie qu’il affine, par un éternel lier, plein de pigments et de pinceaux,
fascination qu’aura sur lui l’art africain. recommencement, d’un tableau à l’autre. de reliques africaines et de souvenirs de
Interrogé sur son parcours, l’artiste n’hésite Et ici aussi les sociétés premières lui ont voyage, et de tableaux auxquels il a confié
pas à reconnaître qu’à l’origine de son donné une leçon dont il a fait son credo sa vision du monde. ■
œuvre il y a les matières, les techniques et : ce qui importe dans la vie de chacun,
les formes, propres à l’art premier, congolais
et africain d’abord, puis étendu au reste
du monde, au gré de ses voyages.
VIELSALM
N° 18
La preuve du contraire
Une nouvelle flambée d’opposition aux vestiges coloniaux si la fatigue due à l’âge des membres se
est active en Belgique ces temps-ci. C’est un peu comme le fait sentir. Les grands cercles structurés
monstre du Loch-Ness, qui refait surface par épisodes. n’ont pas tardé à construire leur monu-
ment, comme à Liège, Vielsalm, Spa,
L
PAR FERNAND HESSEL Verviers, Halle, Gand… dont certains
hélas sont aujourd’hui orphelins de
a contestation de l’œuvre Et il est fort à parier qu’à mesure que leur cercle comme à Verviers.
coloniale belge est née alors l’Histoire trouvera son apaisement cette Et l’an 2017 aura fourni la preuve que
que les premiers pionniers reconnaissance ira augmentant, car les la quasi-totalité des monuments dédiés
avaient tout juste fini d’es- jeunes nations, promptes à chasser le au souvenir colonial sont loin d’être à
suyer la terre rouge restée colonisateur vers les années soixante, l’abandon. Le plus bel exemple vient de
collée à leurs bottines. Léo- comprennent un peu mieux chaque jour Vielsalm où la commune, avec l’appui
pold II en fut la cible pri- combien il est difficile de promouvoir le de l’équipe en charge des monuments,
vilégiée, ne démentant pas développement et repensent volontiers a rénové de fond en comble son presti-
l’adage selon lequel ce sont les arbres à l’exemple colonial, sans penser à re- gieux monument colonial. Un second
les plus hauts qui prennent le plus de noncer bien sûr à leur liberté durement appartient à la commune de Jalhay,
vent. Et pas seulement à l’instigation conquise. Les cendres crachées par le plus précisément à l’entité de Sart-lez-
des Morel, Casement et autres jaloux. volcan Lumumba finissent, soixante Spa qui a fait l’effort de rénover la stèle
Mais parce que le politiquement correct ans plus tard, par se mêler à la terre élevée à l’époque par le cercle de Spa,
pointait déjà le bout de son nez. pour la fertiliser, et non plus pour la en souvenir de deux pionniers sartois.
Mais le moins que l’on puisse dire, c’est peindre en rouge sang. Il faut à la vérité de dire que dans le
que la majorité des Belges ne se laissa Dans le domaine des cercles d’anciens, domaine des monuments les militaires
pas démonter. Les statues, les noms de qui sont encore une bonne cinquantaine ont une longueur d’avance sur les civils.
rues, les enseignes de bâtiments, se mul- en Belgique, si on ajoute aux cercles Avec l’aide de la commune certes mais
tiplièrent à travers le pays pour glorifier structurés, qui avoisinent la trentaine, sans doute aussi par la volonté de la
l’œuvre belge en Afrique centrale, cette les amicales issues de l’une ou l’autre défense, le monument de Blankenberge
œuvre que l’on reconnaît aujourd’hui institution africaine, comme les anciens et celui du square Riga à Schaarbeek
comme une solide contribution à l’in- de tel collège, de telle université, de telle fournissent la meilleure preuve que le
sertion des pays en voie de dévelop- ville, de telle entreprise la défense de culte du passé colonial n’est pas mort.
pement dans le concert international. l’œuvre coloniale n’a jamais faibli, même Bien au contraire. ■
Stèle de Sart-lez-Spa à ses deux pionniers (01.09.17) Vielsalm, le monument en pleine rénovation (17.10.17)
© Photos Fernand Hessel
A la table de Justine Kasa-Vubu Le Père Vanvolsem plaide pour les prisonniers de Kananga
Chez les Mohicans Boudewijn Eggermont, n’a pas peur nue par une revue trimestrielle, voilà
à Ostende (22.10.17) de dire ce qu’il pense. Ouverture aux la recette. Cette fois la parole a été
L’amicale des anciens d’Afrique de missionnaires toujours très présents donnée à la R. S. Liefke Leenknecht
Flandre occidentale est l'une des plus dans les rencontres, fibre sociale pour active dans l’éducation à Popokabaka.
dynamiques du royaume. Les facteurs les personnes présentes sur le terrain Sans oublier la culture : les dames
qui mobilisent plus de 100 anciens, africain au service des plus démunis, de Boyama qui, un peu partout en
ne tiennent pas du secret : direction lieux de rencontre choisis avec goût, Flandre, font la promotion de cartes de
appliquée et imaginative conduite par toujours à la recherche de la meilleure vœux et de calendriers, vendus pour
le couple Vanhee, plein de dévouement, cuisine, dans une ville accueillante financer des projets initiés à Kisangani,
communication régulière grâce à une où résonne l’appel du large, culte du régulièrement rejointes par des auteurs
publication trimestrielle dans les co- passé sans nostalgie maladive et sans de récits autobiographiques sur leur
lonnes desquelles le rédacteur en chef, nombrilisme, communication soute- passé colonial. ■
L
PAR FERNAND HESSEL
’annonce par Mémoires du jusqu’à ce jour. C’est à eux que revient le rappelant que c’était lui le concepteur du
Congo, à l’occasion du 15e mérite d’avoir sauvegardé l’essentiel de projet initial, importe peu.
anniversaire de la fondation leur culture durant les quatre siècles où Dans la perspective de l’ouverture prévue
de l’association (voir pp 5 à 8), a sévi la traite négrière. C’est d'ailleurs un en 2018, les chasseurs juchés sur l’éléphant
avait laissé naître l’espoir d’une miracle quand on sait combien ont été attendent avec leur patience séculaire que
visite guidée à travers les salles malmenés les villages, qu’ils opéraient les portes de leur royaume se rouvrent, et
en voie de rénovation. Cette sans écriture, car ils ont tout mis dans le Léopold II, depuis sa statue toujours intacte
visite fut remplacée par une très patrimoine oral, musical et plastique. Les dans le parc, suit avec intérêt la progres-
brève vidéo, comme si les responsables générations futures découvriront com- sion des travaux, curieux de connaître
voulaient garder la surprise pour le jour ment les rénovateurs ont réussi à mettre l’option progressiste des rénovateurs. Les
de l’ouverture officielle. Ce qui en soi ne en valeur l’héritage africain. horticulteurs sont à pied d’œuvre pour
serait nullement condamnable, si l’on ne restaurer les abords qui ont souffert des
sentait pas une gêne à dévoiler l’option C’est une chance et un privilège pour la quatre années de piétinements.
prise en matière d’histoire coloniale, surtout Belgique d’avoir reçu de Léopold II un La bonne initiative serait de créer un mu-
qu’aux questions posées la concernant les édifice prestigieux, vers lequel conduisent sée de la colonisation belge, au Palais des
réponses laissent planer un certain doute. les plus belles avenues de la capitale, où Colonies par exemple où survit justement
Mais il ne faudrait pas non plus que les elle peut rendre hommage aux peuples un vestige de la première exposition in-
anciens d’Afrique centrale se trompent qu’elle a pris pendant quelques décennies ternationale sur le Congo de 1897. Mais
de combat. Le MRAC doit rester priori- sous son aile. Qu’il y ait une statue de Léo- pareille initiative dans le climat politique
tairement un temple de la culture des pold II à l’endroit le plus en vue du musée actuel déclencherait sans aucun doute un
peuples africains, depuis leurs origines rénové ou une simple plaque à l’entrée débat sans fin. ■
Les chasseurs d’Afrique centrale attendent de faire leur entrée en 2018 L’entrée de verre est devenue une ruche où se distille le miel futur
La marque de Léopold II est encore bien présente, dans la garniture de porte Les barrières du MRAC resteront rigoureusement fermées jusqu’en 2018
© Photos Fernand Hessel
N° 4
Shikata
A travers le Katanga, ses villes et ses brousses, notre périple de mémoire en
été 2016, avec mon épouse Thérèse, a conforté les liens indéfectibles entre la
Belgique et le Congo, malgré les péripéties de l’Histoire. Nous en retenons trois
anecdotes émouvantes.
PAR ROLAND KIRSCH
Gédéon de Bunkeya Raymond Buren de Neufchâteau
Arrivés à Bun- Le Procureur de LIKASI, informé de notre arrivée
keya, patrie de dans la ville nous invite chez lui. Nous parlons de
M’Siri et des l’importance ou non à donner aux injures, insultes,
Bayeke, nous outrages proférés par les justiciables locaux.
sommes logés C’est à la grande surprise du procureur que j’extrais
pour la nuit dans de ma mallette le fascicule écrit en avril 1999 par
une famille de l’ancien magistrat du Katanga, Raymond Buren,
religion protes- devenu à son retour d’Afrique en 1968, procureur
tante, très ac- à Neufchâteau, et régulièrement invité dans l’émis-
cueillante. C’est à sion Apostrophes de Bernard Pivot à la télévision
la chandelle que française pour ses livres sur les bières trappistes et
l’on s’éclaire. Le les cochonnailles. Ce livret Matukano dont le titre
lendemain matin, est Les gros mots de Lubumbashi relate en français
à la vue, auprès et en swahili, le répertoire injurieux des autoch-
de la bougie, tones. La coopération entre Belges et Congolais
d’une boite d’allumettes de marque SIMBA, mon agissant sur le champ, le procureur décide devant
épouse la prend en souvenir et y substitue une moi, manu militari, de copier le livre et de s’inspi-
boite d’allumettes belge Union Match Bruxelles. rer dans son action répressive des écrits sagaces
Constatant la substitution, Gédéon, notre hôte, de Raymond Buren. Ce dernier, en conclusion de
ébahi par cette nouvelle boite typiquement belge, son ouvrage rappelle le sage proverbe congolais :
rassemble sa famille et demande à se faire photo- « N’insulte pas le crocodile,
graphier avec ce trésor. Puis, de se précipiter chez si tu n’as pas encore passé
son père âgé, ayant connu la colonie et de s’écrier : la rivière ».
“Les Belges sont enfin de retour !” et de prouver Raymond Buren, né en jan-
la réalité de cette affirmation en montrant à la vier 1932 à Elisabethville,
cantonade la boite d’allumettes Union Match. ■ s’est éteint en janvier 2009,
après avoir écrit son dernier
livre : Le journal de route
du prince Albert en 1909
© Photos Kirsch-Vercouter
au Congo (Edition Mols). ■
Une conférence, intitulée Economie du Kivu, faite par Jean-Paul Rousseau, expert de la Région Wallonne,
animera l’après-midi..
Une visite du Musée Missionnaire de l’Océanie, dans l’institut même, sera guidée par Léopold Holtz, spécia-
liste en arts premiers comparés.
Les personnes intéressées par ce goûter sont priées de verser la somme de 15 euros sur le compte de l’as-
sociation n° BE07 0018 1911 5566 du Royal Cercle africain, pour le 15 janvier 2018, avec la mention Goûter
2018. Le paiement aura valeur d’inscription.
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le Spad
d’Outre-Me
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le Spad
Vice-président : Fernand Hessel Vice-président : José Welter
d’Outre-Me
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Secrétaire : Louis Despas 04 223 10 16 Trésorier : Reinaldo de Oliveira
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Verglijdende waarden
Een argeloze kikker zwom lustig rond in een grote ketel water waaronder een
vuurtje aangestoken werd. Dat lekker lauwe water bezorgde de kikker een
behaaglijk gevoel. Maar toen de temperatuur na enige tijd toch wel erg begon te
stijgen raakte de kikker vermoeid. Stilaan vond hij ook de nodige energie niet meer
om te reageren. Na enige tijd ging het water aan de kook zodat onze arme kikker er
zonder het te beseffen het leven bij liet.
DOOR GUIDO BOSTEELS
D
eze fabel, die wij danken De menselijke inbreng die in de vo-
aan de Zwitserse filosoof rige eeuw vanuit ons land naar Mid-
Olivier Clerc, leert ons den-Afrika werd overgebracht en het land
hoe een evolutie die wij deed opbloeien was indrukwekkend:
heel geleidelijk ondergaan missionarissen, ambtenaren, medici,
aan ons bewustzijn kan landbouwkundigen, militairen, archi-
ontsnappen zodat wij na tecten, leerkrachten, kolonisten, en nog
verloop van tijd in een omgeving terecht zoveel meer… En uiteraard lieten ook
kunnen komen die wij niet hadden zien de investeerders zich niet onbetuigd,
aankomen, die wij niet hadden gewild soms met ijdele hoop, dan ook weer
noch verwacht, en die ons zelfs fataal met overrompelende resultaten…
kan worden.
Komt deze les niet op haar tijd? Het De ondernemingsgeest van de Belgen
impact van de collectieve beïnvloeding werd door het Afrikaanse avontuur
die de jongste jaren op ons wordt los- krachtig aangewakkerd. Plaats ruimend
gelaten vraagt al onze aandacht. We voor de oude kerktorenmentaliteit, werd
kunnen er niet onderuit dat heel wat Gent, Zuidpark, 04.03.17 © F. Hessel het nationaal bewustzijn met een ex-
waarden die onze voorouders sedert pansieve nieuwe dimensie verrijkt. En
eeuwen zorgvuldig gekoesterd hadden, halen. Dat zoniet decadentie optreedt zij die de stap naar de evenaar hadden
moeten wijken onder de druk van een blijkt uit ontelbare voorbeelden uit de gewaagd, keken in dit nieuwe werkmilieu
als onafwendbaar voorgestelde evolutie. geschiedenis. aan tegen onvermoede uitdagingen en
Uit naam van de vooruitgang en met vonden er de gelegenheid om hun karak-
steeds maar nieuwe technieken krijgen Het is hier de plaats om te herinne- ter te stalen en in zichzelf onvermoede
wij dagelijks een massa impressies te ren aan hen die destijds de energie talenten tot ontwikkeling te brengen.
verwerken die te vaak de gewetens hebben weten op te brengen om de
voor problemen stellen, onze histo- landsgrenzen te overstijgen en het verre En ja, vandaag? Ongemerkt zijn wij in
rische perspectieven vertroebelen en Afrika met de kostbare waarden van een andere levenssfeer terecht geko-
ons waardenbesef afstompen. onze West-Europese cultuur te gaan men. Andere tijden, andere zeden…
Sinds jaren worden wij door wijze bevruchten. Duizenden landgenoten Is de vraag niet gewettigd of ons land
mensen gewaarschuwd dat de le- werden tijdens de vorige eeuw be- vandaag nog het potentieel zou weten
venskracht van beschavingen grenzen reid gevonden om voor lange tijd hun op te brengen om een onderneming
kent. Een samenleving blijft sterk zolang verwanten en vertrouwde leefomgeving op dreef te brengen als die welke in de
ze de kracht weet op te brengen om de te verlaten om een onbekende wereld negentiende eeuw gerezen was in het
elementen te weerstaan die haar onderuit tegemoet te gaan. visionaire brein van koning Leopold II. ■
N° 10
S
rue de Stassart-Straat,
20-22,
ans conteste, Her- apparemment pas la solution, étant 1050 Bruxelles-
man De Croo, Mi- donné que seulement 30 à 40 % de Brussel
nistre d’Etat, fit un notre aide atteint sa cible, le reste www.urome.be
exposé remarquable s’étant évaporé, volé. Afin d’éviter Contact : Robert Devriese,
rue du Printemps, 96
le 10 octobre der- cette invasion, nous devons dès 1380 Lasne
nier à l’occasion du maintenant stabiliser ces populations robertdevriese1@gmail.com
15e anniversaire de dans leur pays en leurs accordant
Président : Renier Nijskens
Mémoires du Congo une partie de nos revenus. Administrateur délégué : Robert
et du Ruanda-Urundi, sur le mode Devriese
de l’improvisation de surcroît. Mais Nous devrons donc faire un effort Comité exécutif permanent (CEP)
plutôt que de nous entretenir sur pour payer notre prime de civilisa- Guido Bosteels, André de Maere
d’Aertrycke, Robert Devriese,
les relations entre la Belgique et le tion, de survie, en dehors de certains
William De Wilde, Renier Nijskens,
Congo de 1960 à nos jours, comme circuits et de toute corruption. Si André Schorochoff, Paul Vannès,
noté au programme, il a préféré nous ne payons pas, au moins, un Jos Ver Boven, Françoise Verschueren,
nous décrire quelques phénomènes mois de notre revenu annuel, pour André Voisin.
qu’il voit se développer en relation une stabilisation sur place, ils seront Conditions d’adhésion
1) agrément de l’AG
avec l’Afrique et qui le préoccupent ici quand vos petits-enfants seront
2) payement de la cotisation annuelle,
au plus haut point. majeurs. à raison de 0,25 € par membre de
l’association, avec minimum de 50 € /an.
Une démographie extraordinaire – Une solution pourrait être une im- Compte bancaire
une femme congolaise a en moyenne migration contrôlée. Les Africains BE54 2100 5412 0897
Code BIC : GEBABEBB
7,3 enfants durant sa vie – est en qui travaillent chez nous envoient
Film Congo : BE08 0359 6532 1813.
train de bouffer le peu de déve- trois fois plus de fonds chez eux que Pages de l’UROME dans MDC
loppement et de prospérité que la somme de tous les budgets de Editeur : Robert Devriese
pourrait avoir le Congo. Si nous ne coopération du monde. Un Congo- Rédaction des articles non signés,
prenons pas notre responsabilité lais chez nous, entretient 30 à 50 liaison avec MDC, NLC et photos :
Fernand Hessel
en ôtant aux populations africaines personnes chez lui. Il s’agit du seul
Adresse technique :
l’envie de venir chez nous, nous ne transfert sur lequel la corruption fernandhessel@skynet.be.
pourrons arrêter une vague d’in- n’a pas d’emprise. D’après l’orateur, Copyright : Les articles sont libres de
vasion africaine. Nous avons des nous n’y pensons pas suffisamment. reproduction moyennant mention de
assurances voiture, maison, santé, la source et de l’auteur (voir au bas de
chaque page).
retraite … mais avons-nous jamais Autre problème majeur : la contrac-
pensé prendre une assurance civi- tion de la forêt équatoriale. Six
millions de Congolais vivent de la Membres de l’Urome
lisation afin de sauvegarder tous
nos avantages civilisationnels, se production du makala et du trafic 1 ABC-Kinshasa 13 CRAOCA
demande l’orateur. du bois. Cette contraction aura des 2 ABIA 14 CRNAA
3 AFRIKAGETUIGENISSEN 15 FBC
conséquences incalculables sur nos 4 AMI-FP-VRIEND 16 MAN
Que ce soit par crainte, générosité ou pays. La mainmise, par la Chine 5 AP/KDL 17 MDC
surtout, sur des millions d’hectares 6 ARAAOM 18 N’DUKUS
par sympathie, nous devons trouver 7 ASAOM 19 NIAMBO
des méthodes nouvelles d’alimenter de terrain et sur les ressources na- 8 BOMATRACIENS 20 SIMBA
turelles du Congo, est l’autre grand 9 CCTM 21 URFRACOL
cette surpopulation. Sinon, nous 10 CONGORUDI 22 VIS PALETOTS
en payerons les conséquences. La problème auquel nous ne pensons 11 CRAA
coopération au développement n’est pas. 12 CRAOM
Pour l’anecdote
Lors de la récente démolition d’un bâ-
timent dans la Kapellestraat à Ostende
a resurgi du passé un portrait de
Léopold II. Témoignage manifeste
de sympathie pour le Souverain des
habitants d’alors. Vu les fréquentes
attaques à l’égard du monarque à
Ostende et vu l’intention de la com-
mune de baptiser une rue du nom
du pourfendeur bien connu de la
colonisation belge, il est peu pro-
bable que la ville en fasse une fresque
historique
E
rnest Druart (Villers-la-Ville, 11 août 1890 – de l’histoire. Qui ne l’empêche pas non plus de
Woluwe, 21 juillet 1959) fut un des premiers rester paternaliste avec les Noirs, avec lesquels il
universitaires (UCL, licence en sciences entretient de bonnes relations. Bien qu’il écrive
commerciales, 1908) à entamer une carrière ses mémoires quarante ans après les faits, il n’en
coloniale, bien avant que ne soit créée l’université profite pas pour autant à les embellir. En les lais-
coloniale à Anvers. Il débarque à Boma, pour le sant baigner dans leur jus, pour reprendre le mot
Maniema, en 1911 et réussit à se faire accepter dans de l’éditeur, qui signe aussi la préface.
le milieu colonial, composé alors pour l’essentiel Nous devons à Elisabeth Janssens, le fait mérite
d’anciens issus de l’EIC, peu rompus aux travaux d’être souligné, l’opportunité de lire ce récit, car
intellectuels. Il ne prétend pas dans le récit de c’est elle qui a retranscrit le tapuscrit de son loin-
ses aventures congolaises qui dureront de 1911 à tain cousin, pour le diffuser dans sa famille, sans
1920, faire œuvre d’historien, au sens scientifique en changer un iota.
du terme, des premiers temps du Congo belge, Le second mérite de l’ouvrage est d’assortir le
mais de livrer son observation du milieu (où il a texte de nombreuses et intéressantes illustrations,
vécu, avoue-t-il, la plus belle période de sa vie). patiemment récoltées par l’éditeur.
Druart, E., Congo, 1911-1920, Livre de souvenirs avant tout, qui nous aide à
Husson Editeur, Notes Africaines, mieux saisir l’histoire dans sa vérité quotidienne, Fernand Hessel
2017, Broché, 150 x 250 mm ; qui ne l’empêche pas pour autant de faire de-ci,
256 pages ; 23 € de-là une digression visant à rectifier un point
Nombreuses illustrations en NB .
L
e livre se veut un hommage de la fille, Cé- Après avoir débarrassé les dessins de tous les
cile Casterman, et du beau-fils, Raymond dommages causés par l’entreposage et la ma-
Hamers, à Roger Casterman (1903-1979), nipulation, ils nous livrent un album plein de
topographe à l’est du Congo pendant dix charme et d’intérêt. La totalité de la palette
ans. Ce dernier eut l’opportunité de parcourir artistique de Roger Casterman est illustrée dans
trois vastes régions : le Katanga, le Kivu et cette édition élégamment mise en pages : le
le Maniema. En sus de son dur travail de to- dessin avec un goût prononcé pour la carica-
pographe, il prit le temps de mettre son don ture, la bande dessinée, la photo.
pour le dessin au service de l’art et de l’his- Et, ce qui finit par rendre l’œuvre des plus
toire. Il croqua sans se lasser les personnages intéressante, le dessinateur capte aussi bien
qu’il croisa et les scènes qu’il vécut, non sans les autochtones que les expatriés.
humour, si bien qu’il nous lègue un tableau
Casterman, C. & Hamers, R.,
aussi amusant qu’intéressant du vécu colonial Fernand Hessel
Roger Casterman, Topographe au de 1926 à 1936.
Congo/1926-1936, Versant Sud, En homme ordonné il fit de ses productions,
2017, avec l’appui de la VUB conçues en premier lieu pour l’information de
Abondamment illustré, sa famille, un classement rigoureux. Ses descen-
Cartonné, 186 pages,
200 x 250 mm, 25€ dants n’eurent qu’à plonger dans les précieuses
archives pour faire une belle synthèse de la
production artistique du père et beau-père.
F
rans Quinteyn est directeur de banque population belge en otage. Le 24 novembre,
à Stanleyville lors de la prise de la ville une intervention militaire menée par la Bel-
en août 1964, par les Simbas venus du gique et soutenue par les Etats-Unis libérera
sud. Cette occupation bloque la ville et les otages. Ecrit comme un journal sans date,
forcément les Européens qui seront coupés ce récit raconte la terreur Simba vue par neuf
du monde pendant quatre mois. Les seuls Blancs confrontés à la violence et à l'absurde
contacts des expatriés se feront par radio. au quotidien. Le livre ne prétend pas écrire
Après la libération, en novembre 1964, l’au- l’histoire de la période d’occupation. L’au-
teur revient en Belgique et publie ses notes teur relate, sans donner de noms, le vécu
en néerlandais, sous le titre de Als er geen d’une dizaine d’Européens, ballottés entre
hoop meer is. Ce n’est que beaucoup plus espoir et désespoir, sans entrevoir d’issue.
tard que parait l’édition française, basée sur Cela dit, quand elles ont la qualité du récit
le manuscrit de Quinteyn, par les soins de de Quinteyn, pareilles sources d’information
Jean-Pierre Orban, philosophe et journaliste, vivante ont leur place dans l’histoire immé-
Quinteyn, F., Stanleyville sous qui préface d’ailleurs l’édition. En 1964, la diate, comme le souligne Benoit Verhaegen,
la terreur Simba, Mateka, Le
temps des ombres, Congo-
rébellion populaire, partie du Kwilu l'année auteur de l’avant-propos.
Zaïre, Histoire & Société, précédente, s'étend progressivement au sud- José Rhodius
L’Harmattan, 2004, est et au nord du Congo. Le 5 août, les Sim-
130x210 mm., 167 pages, bas s'emparent de Stanleyville (aujourd'hui
16,50€ Kisangani). Ils l'occuperont pendant quatre
mois, la coupant du monde et prenant la
C
e volumineux cahier, abondamment aériennes. Les auteurs viennent de combler
illustré, est une œuvre collective. Six cette lacune, en publiant en néerlandais et en
auteurs, à savoir A. Vermeercsh, J. Ba- français cette monographie, qui ravira tout
ras, R. Feuillin, J.-M. Jacquemart, M. autant les amateurs de l’histoire du Congo
Carlier, M. Neyt, auxquels il sied d’ajouter en général que ceux qui s’intéressent de plus
M. Huart, ont mis cinq ans pour la mener à près à l’histoire militaire. Car c’est avant tout
bien. Elle décrit l’engagement dans la Force d’une opération de pacification d’un pays qu’il
Aérienne Tactique Congolaise des membres s’agit, en proie aux démons de la guerre civile.
de la Force aérienne belge durant le san- La Bibliothèque congolaise vient de s’enrichir
glant épisode de l’histoire débutante de la d’un opus qui manquait sur les rayons.
république. Les auteurs refusent l’étiquette
d’historiens bien qu’ils nous livrent de part Fernand Hessel
en part une page d’histoire, une page qu’ils
ont écrite sur le terrain de surcroît. On a déjà
Vermeersch, A., e.a.
Nous en étions. La FATAC beaucoup publié sur l’engagement dans le
Force Aérienne Tactique même conflit des forces terrestres, celles des
Congolaise, 1964-1967, opérations Dragon Rouge à Stanleyville et
Edition DAKOTA & Ommegang Dragon Noir à Paulis comme celles de l’opé-
2015 ; 210 x 295 mm ;
230 pages, 28 €
ration Ommegang, mais jusqu’à ce jour aucun
livre n’avait traité spécifiquement des forces