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A Yazd, Bam,

Inde
ET DÉMESURE
NOCES, KITSCH
Des paysages
VOIR LE MONDE AUTREMENT

Téhéran, Ispahan... en pleine mutation

DE LA
ESPAGNOL
Les conseils

AU ROYAUME
NOUVEAU

GASTRONOMIE
de nos reporters

PAYS BASQUE
millénaire
Un patrimoine
CAHIER PRATIQUE IRAN

DE PERSÉPOLIS À INSTAGRAM
L’IRAN

vers demain

Xinjiang
MADE IN CHINA
Une société tournée

ENQUÊTE DANS L’ENFER


NO 480. FÉVRIER 2019
EN COUVERTURE

La mosquée Agha
Bozorg de Kashan,
ville oasis sur la route
de la soie, au sud de
Téhéran, est coiffée
par un des plus grands
dômes en brique
du pays. Elle abrite,
au rez-de-chaussée,
L’IR
DOSSIER
DIRIGÉ
PAR CYRIL
GUINET

LES LARMES DE SEL LES JEUNES IRANIENS


AGE / Photononstop

une école coranique. DU LAC D’OURMIA ACCROS À INSTAGRAM

P. 78 P. 90
62 GEO Abonnez-vous sur geomag.club
AN
À YAZD, LE FEU DE ZARATHOUSTRA
BRÛLE TOUJOURS

P. 96
AVEC SES DÉSERTS ET
SES FORÊTS VERDOYANTES,
SES PALAIS ET SES CITÉS
D’ARGILE, CE PAYS EST ATTACHÉ
À LA SPLENDEUR DE LA PERSE
ET TOURNÉ VERS DEMAIN.
GUIDE PRATIQUE : SUR LES TRACES
DE NOS REPORTERS

P. 109
GEO 63
EN COUVERTURE | L’Iran
DES RUINES DE PERSÉPOLIS, VINGT�CINQ SIÈCLES NOUS CONTEMPLENT
Colonnes, fragments de murs,
têtes de chevaux sculptées…
Il ne subsiste aujourd’hui
que 5 % du vaste complexe
palatin érigé au VI siècle
avant notre ère sur une
terrasse monumentale au
pied de la montagne Kuh-e
Rahmat, à environ 60 km au
nord-est de la ville de Chiraz.
Dans les années 1960 et 1970
s’y organisait un célèbre
festival, à l’initiative du chah
Mohammad Reza Pahlavi.

Jorge Fernandez Garces / Agefotostock

GEO 65
Günter Gräfenhain / Sime / Photononstop

66 GEO
EN COUVERTURE | L’Iran
À ISPAHAN, CINQUANTE NUANCES DE TURQUOISE DÉFIENT L’AZUR DU CIEL
L’élégante mosquée du Chah,
aux célèbres faïences bleues
et aux proportions parfaites,
dresse sa coupole et ses
minarets du XVII siècle dans
le ciel d’Ispahan. Sous le
dôme se trouve une dalle
noire possédant une
caractéristique particulière :
les mots que l’on prononce
debout à cet endroit sont
répétés sept fois par l’écho.
Frédéric Soreau / Photononstop

68 GEO
EN COUVERTURE | L’Iran
AU SON DU TAMBOUR, LES VALEUREUX PAHLAVAN RIVALISENT DE FORCE
Réunis dans l’arène d’un
zurkhaneh («maison de la
force»), ces athlètes, appelés
pahlavan, se lancent en
musique dans une série de
pompes, une des épreuves
du varzesh-e pahlavani
(«sport des héros»). Cet
entraînement physique – des
lutteurs notamment – requiert
puissance, adresse, mais
aussi courage et abnégation.
EN COUVERTURE | L’Iran
Parpix / ABC / Andia.fr

70 GEO
UN DÉCOR DE WESTERN ? NON, LE DÉSERT LE PLUS BRÛLANT AU MONDE
Le vent, qui souffle environ
120 jours par an sur le grand
désert salé du Dacht-e Lout,
dans le sud-est du pays,
a sculpté ces formations
rocheuses appelées kalout.
En 2017, une expédition
iranienne y a relevé la
température au sol la plus
élevée jamais enregistrée à la
surface de la Terre, soit 78 °C.
EN COUVERTURE | L’Iran

À L’AUBE, LE SOLEIL FAIT SON ENTRÉE DANS LA MOSQUÉE ROSE DE CHIRAZ


Chaque matin, le soleil qui
filtre par les vitraux offre
aux visiteurs un spectacle
fabuleux. La mosquée chiite
Nasir-ol-Molk (du nom du
seigneur qui la fit bâtir),
dite «mosquée rose», située
à Chiraz, ville des poètes,
de la culture et de l’art,
date de la fin du XIX siècle.
AGE / Photononstop

Elle doit son surnom à la


couleur de son carrelage.

72 GEO
EN COUVERTURE | L’Iran
À CHIRAZ, UNE SYMPHONIE DE MOSAÏQUES ATTEND LES PÈLERINS
L’éclairage de nuit fait briller
de mille feux le dôme de
la superbe Shah Cheragh
(«roi de la lumière»). Ce haut
lieu de pèlerinage couvert
de mosaïques se compose
d’une mosquée et d’un
mausolée abritant le tombeau,
ceint de grilles d’argent
massif, d’Amir Ahmad et
de Mir Muhammad, deux
frères chiites persécutés et
tués au IX siècle à Chiraz
sur ordre du califat sunnite.

Blend / Image Source

GEO 75
BAM, CITADELLE D’ARGILE ET DE PAILLE, A RETROUVÉ SA SUPERBE
Gigantesque cité forteresse
au mur d’enceinte hérissé de
67 tours de guet, Bam a été
construite au V siècle av. JC,
en adobe (de l’argile mêlée
à de l’eau et de la paille),
dans le sud-est du pays.
Dévasté par un séisme en
2003, le site, magnifiquement
restauré par des experts
internationaux, est à
nouveau accessible au public.
Eric Lafforgue / GettyImages

76 GEO
EN COUVERTURE | L’Iran
EN COUVERTURE | L’Iran

Comme une marée


qui ne reviendra jamais,
les eaux du grand lac
salé de la province de
Fatemi Hossein / Panos - Rea

l’Azerbaïdjan occidental
ont reculé de plusieurs
centaines de mètres,
laissant ce navire échoué,
rongé par la rouille.

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LES LARMES
DE SEL
DU LAC D’OURMIA
CE JOYAU DU NORD DU PAYS EST
MENACÉ DE DISPARAÎTRE, VICTIME D’UNE
GESTION HASARDEUSE DE L’EAU
EN IRAN. UN DÉFI POUR TÉHÉRAN.
PAR GHAZAL GOLSHIRI (TEXTE)
EN COUVERTURE | L’Iran

Cet homme allongé


au bord du lac
d’Ourmia s’est couvert
de boue salée. Riche
en minéraux, le limon
aurait en effet des
Fatemi Hossein / Panos - Rea

propriétés curatives,
en particulier pour
les affections cutanées
et rhumatismales.

80 GEO
EN COUVERTURE | L’Iran

Sur les berges, toute


vie a disparu. Le lac
était jadis parsemé
d’une centaine d’îlots
Fatemi Hossein / Panos - Rea

rocheux, refuges
pour les oiseaux.
Aujourd’hui, flamants,
pélicans et ibis ont fui.

82 GEO
EN COUVERTURE | L’Iran

L’activité touristique
du lac se maintient avec
de rares baigneurs
Fatemi Hossein / Panos - Rea

– tels ces hommes qui


s’enduisent de boue –
venus principalement de
la ville voisine de Tabriz.

84 GEO
EN COUVERTURE | L’Iran

Tel un château de
sable géant surgissant
du désert se dresse
la forteresse de Sar
Yazd, à 35 km de la ville.
Construite au VII siècle,
Bruno Barbier / AKG Images

elle servait à protéger


l’or et les joyaux lorsque
la cité était attaquée.

98 GEO
EN COUVERTURE | L’Iran

Dans le sanctuaire
de Chak Chak rougeoient
les braises d’un feu qui
ne doit jamais mourir. Les
trois lumières, en arrière-
plan, symbolisent le
Bertrand Rieger / hemis.fr

credo zoroastrien : bonnes


pensées, bonnes paroles
et bonnes actions.

100 GEO
EN COUVERTURE | L’Iran

À CHAM, LA VEDETTE retour d’un zoroastrien, Sepanta


Niknam, 32 ans alors, au Conseil
EST UN CYPRÈS DE PLUS DE de la ville. Elu un an plus tôt,
l’homme avait été suspendu de
3 000 ANS, LIEN SACRÉ ses fonctions après que le Conseil
des gardiens – composé de six
ENTRE DIEU ET LES HOMMES membres du clergé chiite et d’au-
tant de juristes – avait invalidé son
élection, au prétexte qu’en Iran,
les membres des minorités reli-
gieuses ne sont pas autorisés à gé-
rer les affaires des musulmans.
protéger. Les guerriers lancés reux parfum embaume la pièce. Ceci alors que le zoroastrisme est
à la poursuite de la princesse, ef- Des bâtonnets d’encens se consu- reconnu par la Constitution ira-
frayés par le prodige, préférèrent, ment sur un autel en forme de nienne et que cette communauté
dit-on, prendre leurs jambes à leur fleur. Au milieu danse un feu qui, est représentée par un député (sur
cou. Depuis, à l’endroit où dispa- lui non plus, ne doit jamais 290) au parlement. Cette affaire
rut Nik Bânou, de l’eau coule en s’éteindre. Dans le sanctuaire, des au retentissement national a gran-
goutte-à-goutte (chak chak, en pèlerins prient, les mains levées. dement ému les zoroastriens, mais
persan) de la montagne, telles les Une jeune femme serre contre elle aussi la majorité des Iraniens,
larmes de la princesse. un sac sur lequel sont brodés des qui rêvent que, dans leur pays,
Le temple de Chak Chak se mé- cyprès courbés par la brise, un mo- tous les citoyens bénéficient des
rite. Il faut gravir une centaine de tif typiquement iranien. «J’apporte mêmes droits, quelle que soit leur
marches à flanc de montagne pour des fruits secs en offrande, dit-elle religion ou leur ethnie.
découvrir le bâtiment en briques, un peu gênée. Je suis musulmane,
Sur les tours du silence, les
adossé à la roche. Deux lourdes Dans ses alcôves, mais j’avais fait une prière ici pour
vautours dévoraient les morts
portes dorées protègent le lieu le le complexe Amir que mon père malade guérisse, et
plus saint du site : la grotte qu’un Chakhmaq (du nom mon vœu s’est réalisé.» Jamais, En plein désert, à une vingtaine
d’un gouverneur de
berger, toujours selon la légende, la ville du XV siècle) peut-être, les rapports avec les mu- de kilomètres au sud-ouest de
aurait creusée après avoir reçu la regroupe une sulmans n’ont été aussi apaisés. Yazd, Cham est une bourgade en
visite de Nik Bânou en songe. mosquée, un bazar, Ainsi, à Yazd, fin 2017, après des pisé habitée exclusivement par
A l’intérieur de cette caverne coule un caravansérail, années de procédure et de ten- des zoroastriens. A l’entrée du vil-
des bains publics,
la source miraculeuse – les larmes un puits d’eau sion, le Conseil de discernement, lage, une plaque rappelle que le
de Nik Bânou – jusque sur le sol fraîche et plusieurs la plus haute instance politique hameau comptait 116 habitants
recouvert de marbre. Un douce- restaurants. d’arbitrage du pays, a permis le dans les années 1940. Il ne reste
aujourd’hui qu’une poignée de
personnes âgées qui entretiennent
le petit temple du feu du village
et veillent sur leur «vedette» : un
gigantesque cyprès – arbre sacré
pour tous les Iraniens, car il relie
le ciel et la terre, c’est-à-dire, mé-
taphoriquement, les hommes et
Dieu. Le vénérable aurait, dit-on,
entre 3 000 et 3 500 ans. A la sor-
tie du bourg, sur un monticule ro-
cheux, se dresse un étrange bâti-
ment : une tour plus large que
haute, percée à sa base d’une seule
porte. Ces dakhma, ou «tours du
silence», servaient jadis aux zo-
roastriens à célébrer le rite mor-
tuaire des «funérailles célestes».
La terre et le feu, éléments sacrés
Alessio Mamo / Redux - Rea

dans la tradition, ne devant pas


être souillés par un cadavre, les
morts n’étaient ni inhumés ni in-
cinérés, mais disposés par des
prêtres croque-morts – les nasa-

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Pascal Mannaerts / Barcroft / Gettyimages
salar – au sommet de la tour où j’aime trop mon pays pour le quit- Conçu pour ma pâleur maladive.» C’est-à-dire,
ils étaient dévorés par les vautours. ter. Aujourd’hui, les mentalités ont se protéger de la symboliquement : «J’échange ma
chaleur, le labyrinthe
Depuis que cette pratique a été évolué dans le bon sens», observe de ruelles et de
faiblesse contre ta force.»
interdite pour des raisons sani- Shahin. Avant de reconnaître qu’il passages voûtés ne A Yazd, fief zoroastrien, Norouz
taires par le chah à la fin des an- reste du chemin pour apprendre laisse passer les est célébré avec davantage de fer-
nées 1960, le dakhma est devenu à vivre ensemble. Ainsi, elle a été rayons du soleil que veur encore. Les festivités com-
un objet de curiosité pour ceux taxée de «mécréante» par certains par intermittence. mencent cinq jours avant la fin de
qui ont le courage de gravir la col- professeurs du lycée de Yazd où l’année (le 15 mars). Aux pre-
line. En ce début novembre 2018, elle travaillait, car elle avait évo- mières lueurs du jour de l’an, un
Shahin, enseignante de 52 ans qui qué son admiration pour Cyrus le prêtre embrase un bûcher sur le
vit à Yazd, est de retour à Cham. Grand, fondateur de l’Empire toit du temple du feu. C’est le si-
Comme chaque année, elle est ve- perse au VIe siècle avant notre ère. gnal. Une myriade de brasiers il-
nue dans son village natal pour luminent les toits de la cité millé-
«Donne-moi ton rouge et
arroser les grenadiers qui poussent naire. A la veille de fêter l’année
prends ma pâleur maladive»
dans la cour de la maison de son 3556 du calendrier zoroastrien, la
enfance, non loin du grand cyprès. Malgré l’ostracisme, les zoroas- flamme allumée il y a plusieurs
Découvrez notre
Shahin peut témoigner des discri- triens voient avec fierté des rites vidéo en scannant
milliers d’années par Zarathous-
minations dont peuvent être vic- inspirés de leur religion rythmer cette page tra n’est pas près de s’éteindre. C
times les adeptes de Zarathous- la vie des Iraniens. C’est le cas du Retrouvez le mode
tra. «Ma mère, quand j’étais petite, nouvel an du calendrier persan, d’emploi p. 12 Ghazal Golshiri
se voyait souvent traitée d’“im- Norouz, célébré à l’équinoxe de
pure” par les commerçants mu- printemps (le 20 ou 21 mars). Des
sulmans à Yazd. Ils l’empêchaient feux sont allumés dans la rue et Retrouvez ce dossier dans Echos du
de toucher les fruits.» Les sœurs les Iraniens sautent par-dessus les monde la chronique de Marie Mamgioglou,
début février sur Télématin, présenté
de Shahin ont préféré s’installer flammes en criant : «Donne-moi par Laurent Bignolas, du lundi au samedi, sur France 2.
au Canada et aux Etats-Unis. «Moi, ta belle couleur rouge, et prends

GEO 107
EN COUVERTURE | L’Iran Bakou

AZERBAÏDJAN
ARMÉNIE

Mer
Ardabil
Tabriz Caspienne
TURQUIE Lac ARDABIL
d’Ourmia
AZERBAÏDJAN
Ourmia ORIENTAL
Rasht
MASOULEH
4
AZERBAÏDJAN GILAN
OCCIDENTAL Zanjan Ch Forteresse
14 aî d’Alamut Amol
ne
TAKHT-E SULEIMAN
ZANJAN
d e MAZANDARAN
Qazvin l’Elb
ALBORZ
ourz
KURDISTAN
QAZVIN Karaj Téhéran
Sanandaj TÉHÉRAN
ORAMAN TAKHT 5 HAMEDAN

Hamadan
QOM
KERMANSHAH MARKAZI Qom
Kermanshah Arak
Kashan
Khorramabad ISPAHAN

Bagdad ILAM
LORESTAN

PALAIS D’ALI QĀPU 6


C PALAIS DE CHEHEL SOTOUN 7 Ispahan
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CATHÉDRALE ARMÉNIENNE 13

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A CHAHARMAHAAL-
IRAK KHOUZISTAN

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NAQSH-E ROSTAM 15
I n d i e n
PERSÉPOLIS 16

KOWEÏT Z
a Chiraz
Immense pays de montagnes Koweït g
et de déserts, l’Iran est riche r
de deux façades maritimes et de BOUCHEHR o
s
nombreux sites archéologiques,
palais et mosquées, dont certains
Golfe
protégés par l’Unesco. Cette
nation de 88 millions d’habitants Persique
SIRAF 11
vit depuis 1979 sous une stricte
loi religieuse. Les visiteurs y sont
bienvenus, à condition de se
ARABIE
conformer aux règles d’usage
(bras et jambes couverts, SAOUDITE
BAHREÏN
foulard pour les femmes, pas de
contact physique en public, etc).

Q ATA R

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GUIDE
SUR LES TRACES DE NOS REPORTERS

T U R K M É N I S TA N

Achgabat
3
CIMETIÈRE DE KHALED NABI
GOLESTAN
KHORASSAN
DU NORD
Gorgan
8 JANGAL-E ABR (FORÊT DES NUAGES)
Sabzevar Mechhed
Shahroud
Nishapur

KHORASSAN
RAZAVI
SEMNAN Torbat-e
Kashmar Heydarieh
r
Dasht-e Kavi
Hérat
12 DÉSERT DE MESR
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A F G H A N I S TA N
IRAN Birjand
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KHORASSAN
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DU SUD

Yazd
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YAZD
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Zabol

RUINES DE SHAHR-E SOKHTEH 10


Kerman

KERMAN
Zahedan
Bam

HORMOZGAN
SISTAN-ET-

FORÊT DE MANGROVE Bandar Abbas


BALOUCHISTAN PA K I S TA N
DE QESHM 9 VALLÉE DES STATUES, ÎLE D’ORMUZ
1
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CANYON Dé t d’ O
DE CHAHKOOH
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100 km
É M I R AT S
ARABES UNIS

Golfe
d’ Oman
OMAN GEO 113
GETTY IMAGES

La pequeña mezquita
Sheikh Lotf Allah u oratorio
del Shah (1616) es una de
las obras maestras de la
arquitectura persa islámica.

Irán
EL SUBLIME
ESPLENDOR
DE ISFAHÁN
El arte islámico, con el sentido del ritmo innato en los pueblos
nómadas y el espíritu geométrico que parece revestir los templos
de luz cristalizada, muestra en Isfahán sus mayores tesoros.
PATRICIA ALMARCEGUI, ESCRITORA. AUTORA DE CONOCER IRÁN
EL PALACIO
CHEHEL SOTÚN
Las pinturas murales de
este edificio construido por
el sha Abbas I en el siglo XVII
resultan extraordinarias.

NICK POTTER
LA GRAN PLAZA
La Masjed-e Shah (mezquita
del Shah), dedicada al
doceavo imán o «imán ocul-
to», es uno de los atractivos
de la plaza Naghsh-i-Jahan.
JOSÈ FUSTE RAGA / AGE FOTOSTOCK

L
a arquitectura persa islámica parece escapar al influjo de la gravedad.
En la mezquita del Shah, se pasa directamente de un espacio cubierto y
completo en sí mismo a otro a la intemperie. Pero nunca hay sensación
de encierro y el escenario arquitectónico que nos rodea es siempre perfecto.
Isfahán es una de las ciudades más comerciantes más hábiles, que es explorar Jubareh o el barrio judío
bellas e interesantes del mundo y conservadora, que ama la familia y en la parte antigua, pasear por los
su plaza Naghsh-i Jahan, una de las que posee las mejores facultades de pequeños callejones con restos de
más humanas que conozco. Pro- ingeniería y arquitectura del país. más de 15 sinagogas, y ver los mina-
bablemente, porque fue la capital retes Sarban y Chihil Dukhtaran,
del imperio selyúcida y safávida o Lo primero que hay que hacer es que muestran los trabajos esplén-
porque tiene edificios musulma- ir a la plaza central. Hay que verla didos de ladrillo de los selyúcidas.
nes, cristianos, judíos y zoroastris- varias veces, al menos con la luz y La proximidad de la mezquita del
tas. Da igual, lo que importa es que, la actividad de la mañana, la tarde y ¯
viernes (Masjed-e Jameh), a la que
una vez que se ve, se intentará vol- la noche; sus mezquitas y palacio ya se puede ir andando, habla de la
ver. De Isfahán dicen que tiene los se visitarán más adelante. Después, simbiosis de las comunidades mu-
SHUTTERSTOCK
Decoraciones para
el Año Nuevo persa
(21 de marzo).

LA PLAZA NAGHSH-I-JAHAN
También llamada Plaza del Imán (Meidan Emam), es una de las más
grandes del mundo. La construyó Abbas I para tener al lado de su
palacio Alí Kapu lo esencial de la ciudad: centros religiosos, comer-
ciales y zonas verdes. En la plaza, se visitan los monumentos, se
compra en el bazar inolvidable pero, sobre todo, se acude para ver
cómo viven los isfahaníes. Para ello se atraviesa el centro y se pasea
rodeando la infinidad de parterres. El mejor momento es el viernes
por la noche, día festivo. Las familias y jóvenes van de pícnic a cenar
y a disfrutar del ambiente y los jardines. Un paseo entonces, entre
los cascabeles de los caballos, el reflejo del agua y las invitaciones
a compartir cena con los isfahaníes, no se olvidará jamás.

sulmanas y judías en Isfahán. Esta que de delante–, sino por los fres- mezquitas, paseos y jardines del
mezquita es la más antigua de Irán cos del interior. Los visitantes se esplendor isfahaní, para la recep-
y una visita imprescindible –sirvió suelen fijar en los superiores, que ción de dignatarios y embajadores.
como modelo para varias mezqui- son también magníficos, pero hay Jolfa, o el barrio armenio, es otro
tas posteriores de Asia Central–. que reparar en los inferiores, he- de los atractivos de la ciudad, una
Verla con detalle la convierte en un chos con la misma pericia y técni- de las zonas más ricas y con mayor
excelente museo al aire libre con el ca que las miniaturas orientales. ambiente. Hay quien dice «que to-
que conocer y diferenciar los valo- Los colores planos, la perspectiva do puede pasar en Jolfa». Resulta
res selyúcidas y safávidas. incierta de las figuras y paisajes, UZ
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las narraciones que cuentan y que A
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El palacio Chehel Sotún o de las se siguen con tanta facilidad son TURQU A
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Cuarenta Columnas es un tesoro. iguales al estilo de uno de los mi-
Teherán
No solo por sus esbeltas columnas niaturistas más conocidos, el tam-
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de madera –que no son cuarenta, bién safávida, Reza Abbasi. Chehel Isfahán
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número que simboliza la cantidad Sotún fue mandado construir por KUWA I T Á
más grande en Persia, sino dobles el gran sha Abbas I, artífice de la G
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PAKISTÁN

o triples al reflejarse en el estan- mayoría de los palacios, puentes,
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LA GRAN
MEZQUITA
UN PARAÍSO
ARQUITECTÓNICO
La mezquita Jāmeh o gran mezquita
de Isfahán es la más importante de Irán.
Fue fundada en el siglo VIII por la tribu
Banu Taym siguiendo el estilo abasí.
Tras el incendio del siglo XII se recons-
truyó y se convirtió en la más venerada
de la ciudad hasta que Abbas erigió la
Masjed-e Shah. Es el primer edificio
islámico que adaptó el diseño de un
patio con cuatro iwanes propio de los
palacios sasánidas a la arquitectura
islámica de carácter religioso. El patio Último rezo del día
de 2500 m2 es el corazón de 17.000 en la mezquita Jāmeh.
m2 de espacios edificados. En su inte-
rior están representados todos los
estilos arquitectónicos y decorativos
significativos de la época medieval
persa, tan ricos y diversos y con una
técnica de construcción tan depurada
que ha servido como modelo para la
arquitectura persa en general. Merece
una visita larga y detenida con un guía.

Los mosaicos de siete colores


de la mezquita del Shah se
funden con el cielo de Isfahán.
SHUTTERSTOCK
JUAN JOSÉ CACHO

EL GRAN BAZAR
habitual pasear por sus escapara- Es uno de los mayores de Irán,
tes, elegir un restaurante, pararse y mucho menos turístico que
en cualquiera de sus cafés cosmo- el de Estambul. En su mayor
parte se construyó en el siglo
politas donde se reúnen los estu- XVII. Comunica la plaza Naghsh-
diantes para discutir sobre Proust i-Jahan con la mezquita Jāmeh.
o el cine iraní. La mejor hora es al Posee una docena de accesos.
ponerse el sol y por la noche. El principal es el portal Qeysa-
rieh, en la Plaza Naghsh-i Jahan.
Pero antes se habrá visitado la ca-
tedral de Vank y el museo arme-
nio. Construido en 1871, el museo Dicen que muchos isfahaníes aún
presenta un recorrido por varios no se han recuperado de la depre-
de los objetos más significativos sión de ver su lecho vacío. El agua
de la historia de los armenios en reflejaba los puentes y ahora se ha
la ciudad desde principios del si- perdido el espíritu de sus arquitec-
glo xvii, cuando Abbas I funda el turas. El Zayandeh nace a 4000 m
barrio de Jolfa. Destacan los ves- de altura y es uno de los ríos más
tidos tradicionales, pero sobre grandes del país. De los 400 km que
todo la colección de documentos tiene, siete recorrían la ciudad y
visuales y textuales sobre la masa- atravesaban once puentes de nom-
cre armenia de 1915. bres mágicos y formas diversas.
Más adelante, habrá que cruzar el
río Zayandeh para volver a la plaza Y, por fin, llega el momento de
central. Está seco desde 2009 de- centrarse en los monumentos
bido a la sequía que sufre el país y de la plaza Naghsh-i Jahan. Pri-
al desvío de sus aguas para regar mero la mezquita Masjed-e Shah.
campos de cultivo. No hace mucho, Sus mosaicos azul, azul turquesa,
ANNA FEVRALEVA / SHUTTERSTOCK

cuando había agua, era el lugar pre- blanco, negro, amarillo, verde y
ferido al caer el sol y para el paseo. marrón destacan por encima de
LOS PUENTES
DE ISFAHÁN
Once puentes atraviesan el río Zayan-
deh. Los más conocidos son el Khaju
y el Sio Se Pol. Con sus represas, per-
mitían controlar el flujo de agua de
campos y jardines y regular el consumo. 
Pero lo más extraordinario es que su
finalidad también era fomentar el
entretenimiento público y el ocio.
El Sio Se Pol tiene 33 arcos y dos
niveles. Los arcos forman pabellones
para disfrutar de la sombra y las vistas.
El Khaju presenta dos niveles. En el
inferior se alternan los nichos abiertos
y los pilones para guarecerse del sol;
el superior tiene un pasadizo amura-
llado alineado con una arcada de nichos
dobles y un pabellón octogonal que
mira hacia el río. Hay que verlos ilumi-
nados y atravesarlos para conocer y
compartir la animación de los isfahaníes.
Al caer el sol, en el piso inferior del
Khaju los hombres cantan y las arcadas
de piedra se llenan de música.

cualquier otra cosa. El impacto la reflexión en su interior. Del es-


óptico es extraordinario y cuan- plendor infinito de su cúpula, no
do se entra en zigzag, la mirada se digo nada, así será una sorpresa
llena de color. Los elementos de la aún mayor para el viajero.
arquitectura y la decoración islá- Desde esta maravilla de mezqui-
micas se caracterizan por la capa- ta se cruza hacia el palacio Ali Ka-
cidad de repetirse simétricamen- pu, residencia de Abbas, para con-
te ad infinitum, como metáfora de templar la vista de la plaza desde la
la eternidad. terraza –se dice que mandó cons-
truir un paseo para ir caminando
Después aconsejo ir a la mezqui- desde allí a Chehel Sotún–. En el
ta Sheikh Lotf Allah, que lleva el último piso, hay una bella sala de
nombre del erudito religioso más música con el techo de marquete-
destacado de la época, suegro del ría y unas concavidades de yesería
monarca, y que representa la pie- extrañas que no hay que perderse.
dad personal de Abbas I pues era ¿Qué contenían y qué uso se les
allí donde iba a rezar. Pequeña, ín- daba? Y, para terminar, recorrer
tima, desprovista de minaretes e los soportales del fastuoso bazar y
iwanes, característicos estos últi- ver, comprar y comprobar que los
mos de la arquitectura persa parta, isfahaníes son, además, unos co-
invita también al recogimiento y merciantes espléndidos. ]
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EL PUENTE KHAJU SOBRE EL RÍO ZAYANDEH
George Curzon, virrey británico de la India, consideraba este puente del
siglo XVII el más hermoso del mundo. Pero desde 2009 el río está seco.
Durante las vacaciones escolares del Año Nuevo persa, el embalse de
Chadegan abre sus compuertas para que las aguas fluyan otra vez.

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