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Histoire de la

république
démocratique du
Congo
étude et narration du passé de la
république démocratique du Congo

Le t errit oire qui port e aujourd’hui le nom de république démocrat ique du Congo est peuplé
depuis au moins 200 000 ans av. J.-C. environ. Il y eut des grands Ét at s cent ralisés sur ce
t errit oire comme les Kongo, Songye, Kuba, Garengaze, lunda et l'empire Luba... Les Européens
ne reconnaissent la région qu'en 1482-1483 avec la découvert e de l'embouchure du fleuve
Congo par le marin port ugais Diogo Cão. Le royaume Kongo est alors à son apogée. À part ir de
1879, l'explorat eur Henry Mort on St anley explore l'int érieur du fut ur pays pour le compt e du
roi des Belges Léopold II. Au cours de la conférence de Berlin (1884-1885), ce dernier
parvient à faire reconnaît re aux aut res puissances européennes sa prise de possession du
Congo. C'est le début de la colonisat ion. Le sect eur cont rôlé prend le nom d'Ét at indépendant
du Congo bien qu'il soit en fait la propriét é personnelle de Léopold. En 1908, le Parlement
belge reprend, par legs du roi Léopold II, la t ut elle sur le t errit oire, nouvellement dénommé
Congo belge.

Le 30 juin 1960 le Congo arrache son indépendance à la Belgique. Pat rice Lumumba joue un
rôle capit al dans cet t e émancipat ion. Chargée d'espoir, l'indépendance bascule le pays dans le
chaos : le Kat anga puis le Kasaï font sécession ; craignant pour leur vie, les Belges s'enfuient  ;
la Belgique puis les Nat ions unies envoient des t roupes ; les gouvernement s congolais se
succèdent après l'assassinat de Lumumba (janvier 1961).

En 1965, Mobut u, chef d'ét at major de l'armée, renverse par un coup d’Ét at le président
Joseph Kasavubu. Le Congo ret rouve une cert aine st abilit é au prix d'un régime aut orit aire. Il
devient le Zaïre. Mobut u se maint ient au pouvoir pendant t rent e deux ans. En 1997, l'avance
de l'AFDL avec M'zée Laurent Désiré Kabila, une force armée rebelle, l'oblige à fuir Kinshasa.
Le régime t ombe, affaibli par la crise économique, discrédit é par la corrupt ion, et abandonné
par les puissances occident ales. Le port e-parole de l'AFDL, Laurent -Désiré Kabila, se
proclame chef d'Ét at en mai 1997. Le pays change encore une fois de nom devenant la
république démocrat ique du Congo. Kabila conduit le pays d'une manière aussi aut ocrat ique
que son prédécesseur et le plonge dans la guerre (Deuxième guerre du Congo). Depuis
l'assassinat de Kabila (2001) et la fin du conflit , le Congo est ent ré dans une phase de
démocrat isat ion, marquée not amment par la t enue d'élect ions libres en 2006, 2011 et 2018.
Le président act uel est Félix Tshisekedi, fils d'Ét ienne Tshisekedi, succédant Joseph Kabila
(fils de Laurent Kabila) depuis lanvier 2019. Cet t e succession marque pour la première fois
l'alt ernance pacifique en RDC.

Préhistoire, Moyen Âge et exploration par les


Européens

Art icle dét aillé : Congo précolonial.

À la recherche de la nourriture (tableau de Patrick Kaluta Kalpone)


La zone qui port e aujourd’hui le nom de république démocrat ique du Congo est peuplée depuis
au moins 200 000 ans environ d'après les découvert es de pierres t aillées sur les sit es de
Mulundwa (Kat anga), Kat anda et Senga (Kivu)[1]. Des vest iges archéologiques de l'Homo
sapiens (os, point es de harpons, out ils en quart z) ont ét é découvert s à Ishango (une localit é
sit uée à proximit é de l’Ouganda, au sud-est du pays et au nord du lac Édouard) dans le parc
nat ional des Virunga et dat ées ent re 25000 et 20000 ans. Les os découvert s à Ishango sont
rest és not oires par les encoches qu’ils comport ent . Ces encoches ont donné lieu à des
int erprét at ions cont roversées[2]. Des peuples bant ous venus d'une zone comprise ent re l'Est
du Nigeria et les Grassfields du Cameroun viennent s'inst aller dès 2600 ans av. J.-C.[3].

Les grands royaumes (Luba, Lunda, Kongo) se forment ent re les premiers siècles après Jésus-
Christ et avant le xve siècle, époque de l'arrivée des premiers Port ugais sur le lit t oral
at lant ique. Mais de nombreuses populat ions vivaient alors dans des chefferies, c’est -à-dire de
pet it es principaut és plus ou moins aut osuffisant es. À part ir de cet t e époque, on voit ces
royaumes éclat er sous l’impulsion de la t rait e et l’émergence de nouveaux rapport s de force
qui déboucheront sur la colonisat ion. Des jésuit es port ugais christ ianisent les rois et les
peuples du Kongo[3].

Ent re 1874 et 1877, Henry Mort on St anley, explorat eur brit annique, pénèt re l'Afrique
équat oriale, jusqu'alors terra incognita pour les Européens. Sur son bat eau à vapeur, il descend
le fleuve Congo, principale voie de pénét rat ion, et cart ographie la zone, pour un journal. Ent re
1879 et 1884, l'explorat eur effect ue un deuxième voyage à t ravers le Congo, mais cet t e fois
en remont ant le fleuve. Sa mission est de créer des post es pour le compt e de l'Associat ion
Int ernat ionale Africaine (AIA), que préside le roi des Belges Léopold II [4]. L'Associat ion a
officiellement un object if scient ifique et philant hropique : il s'agit de cont inuer à cart ographier
la région et à lut t er cont re l'esclavage, en rachet ant not amment les esclaves aux marchands
afro-arabes. Elle s'avère surt out un moyen d'expansion et d'acquisit ion d'un nouveau t errit oire
pour le roi de Belges[4]. St anley et ses compagnons négocient avec les chefs locaux pour
s'approprier les t erres et exploit er les richesses du pays[4]. Des missionnaires prot est ant s
débarquent [4].

En 1884-1885, au cours de la Conférence de Berlin, les grandes puissances européennes


reconnaissent l'Associat ion Int ernat ionale du Congo (AIC succédant à l'AIA). Derrière celle-ci,
opère en fait Léopold II qui se voit en fait reconnaît re son aut orit é sur un gigant esque
t errit oire en Afrique cent rale. Ce t errit oire, découpé par St anley, et encore en grande part ie
inexploré, est nommé Ét at indépendant du Congo (1885). Derrière la façade de l'AIC, cet Ét at
est en fait la propriét é personnelle du roi[4].
Colonisation belge (1885-1960)

Art icle dét aillé : Colonisat ion du Congo.

La colonisat ion du Congo se réfère à la période comprise ent re la prise de possession par le
roi Léopold II de Belgique en 1885 et l'indépendance en 1960.

La propriété du roi Léopold II : l’État indépendant du Congo (1885-


1908)
Art icles dét aillés : Ét at indépendant du Congo et At rocit és commises dans l'Ét at
indépendant du Congo.

Le roi Léopold II prend possession du t errit oire en son nom propre sous le nom d’État
Indépendant du Congo. Des expédit ions d'explorat ion sont lancées, et les voies de
communicat ion développées. La maît rise du t errit oire s'achève en 1894 pour l'essent iel avec
la fin de la guerre cont re les Arabo-Swahilis[5].

L'exploit at ion int ensive du t errit oire commence alors, où se côt oient t ant les missionnaires
que les avent uriers à la recherche de fort une facile par t ous les moyens. La populat ion locale
doit not amment récolt er par le t ravail forcé pour le compt e du Domaine royal ou de
compagnies privées du caout chouc. Le marché de ce mat ériau est alors en pleine expansion
en raison de la demande mondiale en pneus. À la fin du xixe siècle, on commence à découvrir
les richesses minières du Congo : le cuivre, l'or, le diamant ... Après avoir servi à rembourser les
emprunt s, la vent e du caout chouc et des produit s miniers, facilit ée par la t out e nouvelle ligne
de chemin de fer Mat adi-Léopoldville, fait la fort une de Léopold II, qui fait const ruire de
nombreux bât iment s à Bruxelles et Ost ende [5].

Au cours de la période 1885-1908, la populat ion eut à souffrir de cet t e exploit at ion forcée,
de façon direct e ou indirect e. De t rès nombreuses exact ions (meurt res, mut ilat ions,
t ort ures…) sont commises, et la populat ion décroît [5]. Il y a cependant des prot est at ions
cont re ces t rait ement s , not amment de la part de l’écrivain Mark Twain[5], du diplomat e
brit annique Roger Casement , dont le rapport de 1904 condamne les prat iques en vigueur au
Congo[5] et surt out du journalist e anglais du West Africain mail Edmund Dene Morel[5]. Il y a
également les phot ographies d'une brit annique, Alice Seeley Harris[6]. À la suit e de ces
dénonciat ions, Léopold II est cont raint de laisser sa colonie à l’Ét at belge [5].

Le Congo belge (1908-1960)


Art icle dét aillé : Congo belge.
En 1908, le Parlement belge reprend la t ut elle sur le t errit oire désormais appelé Congo
belge [7]. Une colonisat ion plus « classique » se met en place. Un minist re des Colonies est
inst it ué t andis qu'un gouverneur général est inst allé sur place, à Boma[7]. Un réseau
d'ét ablissement s sanit aires permet de faire reculer les maladies et la malnut rit ion.
L'enseignement est développé not amment par les missionnaires prot est ant s et cat holiques.
Mais le pays est mis en exploit at ion, avec not amment la découvert e des ressources minières
du Kat anga[7]. Le t ravail forcé, en part iculier dans les mines, persist e sous diverses formes
jusqu'à la Seconde Guerre mondiale (1939-1945)[7]. S'agissant de l'éducat ion, comme
l'explique un recueil dest iné aux fonct ionnaires de la colonie, l'object if consist e à « t oucher [...]
la personnalit é int ime de l'indigène, à t ransformer sa ment alit é, à le rallier dans son for
int érieur à l'ordre social nouveau » [8].

Les Congolais s'accult urent à l'Europe par l'int ermédiaire des missions qui ét ablissent des
écoles et des chapelles à t ravers le pays, par l'incorporat ion dans l'armée (la Force publique)
ou par le t ravail de boy (servit eur) pour les Blancs[7]. En t ravaillant dans les mines, sur les
chant iers de chemin de fer ou dans les plant at ions, ils découvrent le salariat alors que
l'économie domest ique ét ait principalement fondée sur le t roc [7].

Le cont rôle de la populat ion se st ruct ure, ayant not amment recours au fichage et hnique et à
des mét hodes d'apart heid. Les Blancs ne vivent pas dans les mêmes quart iers que les Noirs.
Ces derniers ne peuvent pas ent rer dans la police ou dans l'enseignement . Une émancipat ion
de la populat ion, not amment par l'accès à des ét udes supérieures, n'est envisagée qu'à l'aube
de l'indépendance en 1960. À cet t e dat e, il n'y a aucun médecin ou jurist e congolais.
Tout efois, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale émerge la classe des évolués, des
Congolais inst ruit s, salariés, cit adins, dont le mode de vie ressemble à celui d'un Européen.
C'est parmi eux que se t rouveront les leaders de la lut t e pour l'indépendance : Pat rice
Lumumba, Joseph Kasavubu, Moïse Tshombe...

Lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale, la Force publique part icipe à la


campagne vict orieuse cont re l'Afrique orient ale allemande. La Belgique récupère par
conséquent le prot ect orat sur le Ruanda-Urundi. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la
Force publique remport a un cert ain nombre de vict oires sur les t roupes it aliennes en Afrique
du Nord. Le Congo belge fournit aussi le minerai d'uranium ext rait de la mine de Shinkolobwe
et employé pour les bombes nucléaires d'Hiroshima et Nagasaki. Les Ét at s-Unis négocient un
droit de préempt ion sur l’uranium de la colonie pour le développement de leur armement
nucléaire. Avant l'indépendance, le pays compt e 14 000 km de voies ferrées et une cent aine
de cent rales élect riques ou à charbon. Il est un des principaux product eurs au monde de
cuivre et de diamant [7].
L'accession à l'indépendance (1956-1960)

Les Belges pensent avoir t rouvé le syst ème parfait  : une présence permanent e t out en
gardant l'est ime des Africains. L'améliorat ion lent e mais cont inue du niveau de vie semble
just ifier les vert us de la colonisat ion belge. Mais sous cet ordre en surface se développent
des revendicat ions venant de sect es religieuses, des t ribus et des int ellect uels. Vers 1920,
Simon Kimbangu prêche une forme originale de christ ianisme [9] ; les aut orit és belges jugeant
son enseignement subversif le condamne à mort puis à la dét ent ion perpét uelle [9].

Cependant , la prise de conscience polit ique des Congolais se manifest e t ardivement . En


1956, sont publiés t rois manifest es, Conscience Africaine, la Déclaration de l'épiscopat du
Congo belge et le Contre-Manifeste. Dans le premier t ext e, les signat aires not amment Joseph
Malula (fut ur cardinal de Kinshasa), Joseph Ileo et d'aut res élèves des Pères de Scheut ,
revendiquent « l'émancipat ion polit ique complèt e dans un délai de t rent e ans » [10]. Dans le
second t ext e, l'Église prend ses dist ances avec l’Ét at colonial en insist ant sur le fait que les
Congolais « ont le droit de prendre part à la conduit e des affaires publiques » [11]. Le Contre
Manifeste rédigé par l'ABAKO de Joseph Kasavubu est encore plus radical en exigeant
l'émancipat ion immédiat e [12]. En 1957, la Belgique accept e l'organisat ion d'élect ions locales.
Les Congolais vot ent pour la première fois. L'annulat ion d'un meet ing de l'ABAKO provoque le 4
janvier 1959 des émeut es à Léopoldville que la répression milit aire noie dans le sang
(quelques cent aines de mort s, t ous Congolais)[13]. En oct obre, les gendarmes ouvrent le feu
lors d'une manifest at ion du MNC, faisant 30 mort s et des cent aines de blessés. Au début de
l'année 1960, au cours d'une t able ronde réunissant à Bruxelles des indépendant ist es
congolais et des délégués du Parlement et du gouvernement belges, l'indépendance du
Congo est fixée au 30 juin de la même année. Une part ie significat ive de la populat ion
européenne commence à quit t er le pays[14],[15]. La Belgique précipit e l'événement car elle
craint une rébellion du Congo (les Algériens se bat t ent alors pour leur indépendance) et un
isolement int ernat ional dans un cont ext e où les grandes puissances (Royaume-Uni et France
principalement ) se séparent une à une leurs colonies en Afrique Noire. Enfin, la mét ropole
espère conserver finalement la mainmise sur son ex-colonie : les grandes ent reprises et les
officiers de l'armée congolais rest eront belges t andis que les fut urs dirigeant s sollicit eront
l'aide de conseillers belges. La Belgique organise des élect ions législat ives pour élire les
membres du parlement à qui elle signerait et remet t rait les document s signifiant
l'indépendance de la république démocrat ique du Congo Pat rice Lumumba joue un rôle crucial,
met t ant en avant une vision nat ionale du Congo et non fédérale comme le voulaient les
Belges et des Congolais opport unist es. Le MNC de Lumumba et ses alliés remport ent les
élect ions nat ionales avec 65 % de sièges au Parlement . L'Ét at indépendant sera sous régime
parlement aire, le Premier Minist re ét ant le chef du gouvernement , le président n'ayant qu'un
rôle symbolique. À l'occasion de la nominat ion du président , Lumumba convainc ses amis et
alliés d'offrir ce post e à son adversaire Joseph Kasavubu[16] car est ime-t -il la vict oire cont re
les colons est d'abord celle de t ous les Congolais.

La Première République (1960-1965)

Art icle dét aillé : Crise congolaise.

Joseph Kasavubu est président de la république du Congo t andis que Pat rice Lumumba
occupe les post es de Premier minist re et minist re de la Défense. Très rapidement , les
relat ions avec la Belgique se t endent . Quelques jours après l'indépendance, les soldat s de la
Force publique, foyer de la ségrégat ion raciale, se mut inent à la suit e de la provocat ion de son
commandant en chef, le général belge Émile Janssens[17]. Les mut ins pillent les propriét és
des Européens, s'en prennent aux officiers et aux civils européens. Le gouvernement belge
envoie des t roupes pour prot éger ses ressort issant s. La révolt e milit aire s'ét eint après le
limogeage de Janssens par Lumumba et la promot ion immédiat e de Congolais comme
officiers de la Force publique [18]. L'ami de Lumumba, Joseph Mobut u, est nommé chef d'Ét at
major avec le grade de colonel.

Dans le même t emps, le 11 juillet , Moise Tshombe, d’origine lunda, déclare l'indépendance de
la riche province minière du Kat anga (représent ant 70 % des devises) sous le nom d'Ét at du
Kat anga, avec le sout ien de la Belgique. Le 14 juillet , Kasavubu et Lumumba rompent leur
relat ion diplomat ique avec l'ancienne mét ropole. À son t our, la province du Sud-Kasaï fait
sécession sous l’égide d’Albert Kalonji. Lumumba s'adresse à l’ONU pour êt re aidé à reprendre
le cont rôle du Kat anga ; si le secrét aire général des Nat ions unies Dag Hammarskjöld envoie
bien des casques bleus, il ne leur donne pas l'ordre d'at t aquer les sécessionnist es du Kat anga.
L'ONU ordonne à la Belgique de ret irer ses t roupes, mais, après plusieurs résolut ions
cont radict oires, rejet t e l'opt ion milit aire et qualifie le conflit au Kat anga de « conflit int érieur ».
Le 12 août , la Belgique signe un accord avec Tshombé, reconnaissant de facto l'indépendance
du Kat anga. Alors que Lumumba décide de réagir en envoyant des t roupes reprendre la région,
l'ONU revient sur sa posit ion init iale et impose milit airement un cessez-le-feu, empêchant
l'ent rée des t roupes congolaises. Dans un t élégramme en dat e du 26 aout , le direct eur de la
CIA Allen Dulles indique à ses agent s à Léopoldville au sujet de Lumumba : « Nous avons
décidé que son éloignement est not re object if le plus import ant et que, dans les
circonst ances act uelles, il mérit e grande priorit é dans not re act ion secrèt e » [19].

Lumumba demande alors l’aide de l’URSS qui répond favorablement en lui envoyant
not amment des t echniciens, des avions et véhicules milit aires[20]. Pour le président des
Ét at s-Unis, Dwight Eisenhower, il est évident que Lumumba est un communist e. Craignant
qu'un bast ion communist e se créé au cent re de l’Afrique, le président américain donne l'ordre à
la CIA d'éliminer Lumumba mais la t ent at ive d’empoisonnement échoue. Voyant que son
premier minist re n'arrêt e pas de se faire des ennemis, le président Kasavubu le démet de ses
fonct ions. Sout enu par le Parlement , Lumumba, à son t our, démet le président de ses
fonct ions.

Part agée ent re les deux hommes, l'ONU vot e finalement la confiance à Kasavubu. Celui-ci
nomme Joseph Mobut u premier minist re pendant que Lumumba est placé en résidence
surveillée à Kinshasa le 10 oct obre 1960. Ce dernier s’enfuit et t ent e de rejoindre ses
part isans à St anleyville mais des soldat s de Mobut u le capt urent . Kasavubu et son nouveau
premier minist re l'envoient par avion à son ennemi, Moise Tshombe, leader du Kat anga
indépendant . Le 17 janvier 1961, il est exécut é par un pelot on sous les yeux de minist res
kat angais et d'officiers belges[21]. La radio préfère annoncer que Lumumba a ét é vict ime de
villageois. Les premiers minist res se succèdent jusqu'à ce que Mobut u mène le 24 novembre
1965 un deuxième coup d’Ét at milit aire qui, cet t e fois, renverse le président Kasavubu.

La Seconde République de Mobutu : le Zaïre (1965-


1997)

La mise en place de la dictature

Immédiat ement après le coup d'Ét at , Mobut u s'aut oproclame président . En quelques années,
Il vide de son cont enu la const it ut ion républicaine et crée une vérit able dict at ure. Il se fait
accorder ou s'oct roie des pouvoirs except ionnels : il cumule les fonct ions de premier minist re,
de chef de l'armée et de législat eur. Il nomme les minist res. Le MPR (Mouvement populaire
de la Révolut ion) est le part i-Ét at auquel t out e la populat ion doit adhérer. Le régime de
Mobut u est fondé sur l’aut orit é et le nat ionalisme, qui sont les secret s de sa longévit é.
D’ent rée, Mobut u se présent e comme le libérat eur des Noirs, en nat ionalisant les mines
(1966) et déboulonnant les st at ues coloniales dans la capit ale Léopoldville rebapt isée
Kinshasa la même année. Les Congolais qui viennent de sort ir de l’époque coloniale sont alors
t rès sensibles à cet t e propagande.

La police polit ique recherche, int imide ou t ort ure les opposant s polit iques. À la suit e de
voyages en Chine et en Corée du Nord, Mobut u met en place le cult e de sa personnalit é. Son
port rait apparaît à la t élévision just e avant le journal du soir. Des panneaux dans les rues
vant ent sa polit ique ; des chant s célèbrent ses vert us[22].

Zaïrianisation et recours à l'authenticité


Art icle dét aillé : Zaïrianisat ion.
Dès 1971, Mobut u prend une série de mesures pour se dét acher de t out ce qui peut rappeler
l'Occident . Le pays est renommé « république du Zaïre ». Les Congolais doivent adopt er des
noms africains (suppression des prénoms occident aux, et rajout d'un « post nom ») à l'image
de Mobut u qui se fait appeler Mobut u Sese Seko Kuku Ngbendu wa Zabanga. La t enue
vest iment aire abacost est imposée aux hommes en lieu et place du cost ume-cravat e. Une
nouvelle monnaie - le zaïre divisé en 100 makut a (singulier likut a) - remplace le franc
congolais. De nombreuses villes sont rebapt isées : St anleyville devient Kisangani,
Elisabet hville Lubumbashi.

Lors du sixième anniversaire de l’indépendance, un défilé résume l’hist oire du pays, mont rant
not amment le Belge infligeant la chicot t e. En arrière-plan, les relat ions ent re la Belgique et le
président sont bonnes : en 1968, en voyage à Bruxelles, Mobut u reçoit le Grand Cordon de
l'ordre de Léopold[23]. Le roi Baudouin est à son t our reçu au Zaïre en 1970 et 1985.

Décidée par Mobut u en novembre 1973, la « zaïrianisat ion » a const it ué l'un des événement s
des plus import ant s de la polit ique menée par le régime mobut ist e, à savoir la nat ionalisat ion
progressive des biens commerciaux et des propriét és foncières qui appart enaient à des
ressort issant s ou groupes financiers ét rangers. En réalit é, si cet t e mesure s'inscrivait
officiellement dans un effort visant à la réappropriat ion nat ionale de l'économie ainsi qu'à la
redist ribut ion des richesses acquises pendant la colonisat ion, elle const it ue surt out un échec.

Le 25 janvier 1978, au moins 500 personnes au moins sont exécut ées par le régime près de la
ville d'Idiofa, à la suit e de la rébellion d'un mouvement religieux. Les supposés chefs de ce
mouvement sont pendus en public. En 1979, des cent aines de chercheurs de diamant s qui
avaient organisé un t rafic sont massacrés par les t roupes d'élit e à Mbujimayi[24]

Économie

Après la première guerre du Congo, Mobut u, nouveau chef d’Ét at s’est engagé à regagner la
confiance des milieux d’affaires ét rangers. En 1966, les puissant es indust ries minières du
Kasaï et du Kat anga ont ét é nat ionalisées. C'est alors l’âge d’or du Congo, maint enant
indépendant  : en 1967 1 franc congolais vaut alors 2 dollars américains, les écoles publiques
se développent et l’exode rural s’accélère ; les prix du café, du cuivre ou d’aut res minerais
sont florissant s. La réalisat ion de grands t ravaux (le barrage hydroélect rique d’Inga sur le
Congo), le financement d'un programme spat ial donnent l'impression que le Zaïre, à l'image de
cert ains pays asiat iques émergent s, est un dragon africain. Cependant l’économie du pays est
encore, comme à l’époque coloniale, t rop t ournée vers l’export at ion et donc fragile.

À part ir de 1973, le pays est t ouché par une crise économique aiguë, causée par la baisse des
prix du cuivre et à l’augment at ion de ceux du pét role. La corrupt ion se généralise et l'inflat ion
devient galopant e t andis que Mobut u privat ise de nombreuses ent reprises à son nom ou aux
noms de ses proches (« Zaïrianisat ion »)[25]. Le pays produit d’import ant es quant it és de café
pour l’export at ion mais ne couvre pas ses besoins aliment aires, Mobut u fait import er des
céréales et de la viande d’Afrique du Sud et de Rhodésie au lieu de moderniser l’agricult ure du
pays qui, vu son climat , pourrait facilement subvenir à ses besoins. Dans les années 1980,
l'économie congolaise t ourne au marasme : le PIB croît faiblement alors que la croissance
démographique explose.

Le FMI accorde en 1981 au Zaïre un crédit de 1,2 milliard de dollars pour facilit er la phase de
"relance" de l'économie. Le gouvernement licencie alors 35 000 fonct ionnaires. Plus d'une
t rent aine d'ent reprises publiques sont privat isées. En sept embre 1983, la monnaie est
dévaluée de 99,5 %. Au début des années 1980, un enfant sur deux meurt avant l'âge de cinq
ans. Le salaire moyen mensuel d'un ouvrier représent e un peu plus de 10 dollars, alors qu'un
sac de manioc de 45 kg coût e 52 dollars. L'agricult ure d'aut osubsist ance s'est de ce fait
largement développée pour représent er 20 % du PIB en 1979, cont re 12 % en 1976[24].

De manière générale, les nouveaux propriét aires de biens économiques et financiers ne sont
pas suffisamment préparés pour assurer une gest ion de moyen et de long t erme de l'out il de
product ion. Ceux qui n’ont pas fait faillit e ont placé d’immenses invest issement s en Occident .
Mobut u dét ourne les devises d’Ét at de t elle façon qu'en 1984, il est un des hommes les plus
riches de la planèt e avec 4 milliards de dollars, l’équivalent de la det t e ext érieure du pays. La
det t e s’accroît encore plus avec la const ruct ion pharaonique du barrage hydroélect rique
d’Inga, chant ier légué par la Belgique coloniale et dont le Zaïre n’avait pas besoin. Si le barrage
d’Inga a rapport é de l’argent aux ent reprises françaises (EDF) ou it aliennes, celui-ci, t out
comme l'aciérie de Maluku fonct ionnent à capacit é réduit e, faut e de maint enance et de
personnel compét ent [26],[27].

La dict at ure, les persécut ions et la paupérisat ion font fuir les diplômés en Occident (Belgique
et France en t êt e).

Structures politiques

La mise à disposit ion de fonds commerciaux et de pat rimoines économiques a également


const it ué un relais du client élisme ent ret enu par le pouvoir. Le clan ent ourant le chef de l'Ét at
a ainsi pu bénéficier des fruit s de la polit ique de nat ionalisat ion, t out comme ceux qui dans les
différent es régions du pays, faisaient allégeance au régime en échange d'un commerce ou
d'une propriét é foncière. De nombreux pays occident aux ont signé des convent ions avec le
Zaïre afin de procéder à l'indemnisat ion des part ies spoliées, mais dans la t rès grande majorit é
des cas, ces accords n'ont jamais ét é appliqués. La corrupt ion devient l'une des
caract érist iques du régime.

Diplomatie

Bien que le régime mobut ist e se soit inscrit dès le départ dans le sillage de la guerre froide,
en privilégiant des liens ét roit s avec l'ancienne puissance coloniale belge, les Ét at s-Unis et la
France, on peut néanmoins parler de manière générale de schéma polit ique part iculier.

24 novembre 1965 : Le coup d'Ét at orchest ré à Kinshasa n'aurait pas pu avoir lieu sans
appuis occident aux, qui craignent un basculement du géant africain dans la sphère de
l'Union soviét ique. Le colonel Mobut u représent e à leurs yeux la seule alt ernat ive face à la
polit ique prônée jadis par le panafricanist e Lumumba et à l'incapacit é du président Joseph
Kasa-Vubu de st abiliser son gouvernement .

De 1970 à 1980, le Zaïre const it ue une forme de rempart ant i-communist e en Afrique, une
sit uat ion d'aut ant plus at t rayant e pour les pays occident aux que l'endiguement de la sphère
soviét ique (ex. Congo-Brazzaville), s'accompagne d'un accès au t rès import ant sous-sol
minier (cuivre, uranium, cobalt , et c.).

Ainsi, en parallèle de la coopérat ion milit aire avec des pays comme la Belgique et la France, le
Zaïre a également servi de principale base arrière d'approvisionnement en armes de la
rébellion du Front nat ional de libérat ion de l'Angola FNLA de Holden Robert o et l’UNITA de
Jonas Savimbi, sout enue par les Ét at s-Unis et l'Afrique du Sud, cont re le régime marxist e
angolais.
Un élément clé du conflit dans le Sud-Ouest africain t ransit e ainsi par le canal du
régime zaïrois et ce, en échange d'un sout ien polit ique ext erne mais aussi int erne.

1977 : des rebelles « kat angais » venus d’Angola envahissent le Shaba, les t roupes de
Mobut u sont impuissant es, les rebelles sont repoussés par des t roupes marocaines
acheminées par l’aviat ion française [28]

mai 1978 : à nouveau, 4 000 rebelles venus d’Angola, « les gendarmes kat angais », at t aquent
la ville minière de Kolwezi, comme on les accuse d’avoir massacré des Européens, la Légion
ét rangère française et des soldat s belges int erviennent pour mat er la rébellion[29].

Dans ces deux opérat ions, cert ains ont pu voir une t ent at ive des marxist es angolais d’affaiblir
Mobut u qui sout ient l’UNITA et le FNLA. Les rebelles en t out cas en noyant les mines de
Kolwezi, font aussi fuir pour de bon les ingénieurs, ce qui affaiblit l’économie zaïroise à long
t erme. Cet t e guerre int erposée ent re Luanda et Kinshasa mont re aussi l’import ance du Zaïre
aux yeux des Occident aux. Pour aut ant , en dépit des liens ét roit s ent ret enus avec les
capit ales occident ales, le président Mobut u ne ferme à aucun moment vérit ablement la port e
aux pays sit ués dans l'orbit e soviét ique et à la Chine. En réalit é, il s'agissait plus d'affinit és du
régime zaïrois pour les oripeaux des différent s syst èmes communist es que pour l'idéologie
de base.
Ainsi, le modèle de la révolut ion cult urelle de Mao inspire le dirigeant zaïrois, qui en
reprend cert ains symboles  :

naissance de l'abacost (« à bas le cost ume ») surmont é d'un col mao,

publicat ion du pet it livre vert (1968), recueil des cit at ions de Mobut u, équivalent du pet it
livre rouge de Mao

ret our à l'« aut hent icit é » des pat ronymes individuels.

Bien que largement inférieurs à l'aide occident ale, les appuis issus des pays du bloc de l'Est
n'en sont pas moins exist ant s à l'inst ar de la mise à disposit ion de coopérant s dans
l'enseignement ou le financement de micro-projet s de développement .

En juillet 1983, Mobut u envoie au Tchad une force de 2 700 soldat s pour sout enir le régime
d'Hissène Habré menacé par des rebelles, qui sont de leur cot é sout enus par la Libye. Ayant
ainsi donné des gages d'"ant i-kadhafisme", Mobut u se rend à Washingt on, où il obt int la prise
en charge des frais de l'expédit ion zaïroise par le budget américain, mais aussi un
rééchelonnement de la det t e du Zaïre à l'égard des Ét at s-Unis et la garant ie de nouveaux
invest issement s américains dans le pays. Les t ensions sont fort es avec la Ligue arabe du fait
de ses bonnes relat ions avec Israël (qui prend not amment en main l'encadrement de sa garde
personnelle, dont il dout ait de la loyaut é)[24].

Chute de Mobutu (1989-1997)

La démocratisation du régime

Avec la fin de la Guerre froide, symbolisée par la chut e du Mur de Berlin en novembre 1989, le
régime de Mobut u perd la plupart de ses sout iens occident aux. L'arrest at ion puis l'exécut ion
de son ami Nicolae Ceaușescu en Roumanie semble avoir ébranlé le dict at eur. Des
manifest at ions, des grèves, des marches de prot est at ion agit ent Kinshasa et d'aut res
cent res urbains. Le 24 avril 1990, dans le « Discours de la démocrat isat ion », Mobut u annonce
une série de réformes polit iques pour son pays : abandon de la présidence du MPR,
mult ipart isme, des élect ions d'ici deux ans[30]. Un premier minist re est nommé fin avril. Port é
par ce revirement , l'épiscopat zaïrois propose l'organisat ion d'une Conférence Nat ionale
Souveraine pour sout enir la t ransit ion démocrat ique. Mobut u accept e. Pendant environ un an
et demi (août 1991-décembre 1992), la Conférence, réunie à Kinshasa, discut e d'une nouvelle
const it ut ion pour remplacer celle de Luluabourg (1964) mais ne débouche sur rien. Une
« marche de l'espoir » organisée par les chrét iens de Kinshasa est réprimée dans le sang le 16
février 1992[31]. Cont rairement au vœu de la rue, Mobut u ne compt e pas abandonner le
pouvoir. L'élect ion d’Ét ienne Tshisekedi wa Mulumba, principal leader de l'opposit ion radicale,
comme premier minist re par les Conférenciers[32] n'apport e pas de changement . Mobut u le
démet de son post e le 5 février 1993.

Les t ent at ives de libéralisat ion du régime ne résolvent pas la crise économique. Dans les
années 1990, le PIB diminue. Le pays n'arrive plus à assumer le service de la det t e. Les
services publics s'effondrent , l'inflat ion galopant e ruine le pouvoir d'achat (+ 9769 % en
1994[33]). Le 21 sept embre 1991, des soldat s, impayés, pillent les magasins de Kinshasa et
d'aut res villes. Nouvelles scènes de pillage, du 28 au 30 janvier 1993, dans la capit ale,
beaucoup plus violent  : on compt e environ un millier de mort s dont l'ambassadeur de
France [33].

Arrivée au pouvoir de Laurent-Désiré Kabila

Art icle dét aillé : Première guerre du Congo.

Le génocide au Rwanda redonne une crédibilit é int ernat ionale au maréchal Mobut u. Il accept e
d'accueillir en It uri les réfugiés rwandais fuyant la zone de l’opérat ion Turquoise. Le Zaïre
accueille 1,5 million de personnes. Au Rwanda, les t ut sis ont pris le pouvoir mais s’inquièt e de
la présence à la front ière zaïroise de ces camps de réfugiés principalement hut us : ils
craignent qu’ils ne reprennent les armes et ent re au Rwanda. Déjà, ces réfugiés Hut u sont
accusés de persécut er les Tut sis du Zaïre. En 1996, le président rwandais Paul Kagame
excit e les t ensions.

Physiquement , Mobut u est malade : il souffre d’un cancer de la prost at e. Son premier minist re
Kengo Wa Dondo exerce de plus en plus de pouvoir. L’armée du Zaïre est déliquescent e. Seule
la Division spéciale président ielle maint ient le régime.

Le Rwanda de Paul Kagame, l’Ouganda de Yoweri Museveni et des Zaïrois se coalise dans un
mouvement hét éroclit e appelé AFDL (Alliance des Forces démocrat iques pour la libérat ion du
Congo). Cet t e rébellion armée, sout enue par les Ét at s-Unis de Bill Clint on et l’Angola de Dos
Sant os, vise officiellement à renverser Mobut u mais sert aussi de couvert ure à la pénét rat ion
par le Rwanda et l'Ouganda du Zaïre pour t raquer les réfugiés hut us et accéder aux richesses
du sous-sol[34]. Un ancien marxist e congolais, Laurent -Désiré Kabila s'impose à sa t êt e.
Muluba, né à Moba au Kat anga, il a milit é pour l’indépendance du Congo belge, a fui la guerre
civile de 1960-1965 en Tanzanie, devenu là-bas t rafiquant d’ivoire et d’or. L'AFDL reçoit le
financement de lobbys miniers américains et canadiens. Kabila signera en effet des accords
concernant l'exploit at ion minière avec les sociét és American mineral fields (le fut ur Adast ra),
Barrick Gold, First American Diamond, Horsham Corporat ion, Anglo Gold ashant i.
La faible mot ivat ion des soldat s zaïrois à résist er, la corrupt ion de leurs officiers, la lassit ude
de la populat ion par rapport au mobut isme facilit e l'avancée de l'AFLD [35]. Alors que la
rébellion approche de Kinshasa, Mobut u fuit dans sa ville nat ale de Gbadolit e, puis s'envole
pour le Togo puis le Maroc. Sans combat t re, les forces de l'AFDL ent rent dans Kinshasa le 17
mai 1997, bient ôt rejoint es par Laurent -Désiré Kabila qui s'aut oproclame président du pays.
L'opposit ion, hist orique et non violent e, d’Ét ienne Tshisekedi est ignorée par le nouveau
pouvoir.

République démocratique du Congo : vers la paix et la démocratie ?


(1997 à aujourd'hui)

Bien que le Zaïre soit rebapt isé république démocrat ique du Congo, le régime de Kabila
s'avère aussi aut orit aire que du t emps de Mobut u. Le mult ipart isme est supprimé, une
nouvelle const it ut ion met le président à la t êt e des pouvoirs exécut ifs, législat ifs et
judiciaire. Il est aussi le chef du seul part i aut orisé (l'AFLD), de l'armée, de l'administ rat ion et
de la diplomat ie et choisit les minist res.

La guerre interafricaine
Art icle dét aillé : Deuxième guerre du Congo.

Le 26 juillet 1998, volt e-face de Kabila qui rompt avec ses anciens alliés ext érieurs : le
Rwanda et l'Ouganda. Les deux pays déclarent la guerre à la RDC puis l'envahissent . C'est le
début de la deuxième guerre du Congo, parfois appelée la Grande Guerre africaine [36], en raison
du nombre de pays belligérant s et de mort s. Terminé en 2003, c'est le conflit le plus meurt rier
depuis la Seconde guerre mondiale. Il est pourt ant peu couvert par les médias, sûrement
gênés par la complexit é du conflit [37]. Ne pouvant pas faire face à l'invasion, Kabila appelle les
armées angolaise, zimbabwéenne et namibienne à l’aide. À Kinshasa, Didier Mumengi, minist re
de l'informat ion et port e-parole du gouvernement , lance le mot d'ordre de résist ance
populaire. Il invent e le slogan « La Paix se gagne » et organise des « Forces d'Aut o-défense
Populaire » (FAP). Les envahisseurs se divisent ent re le MLC (Mouvement pour la Libérat ion
du Congo) de Jean-Pierre Bemba sout enu par l’Ouganda et le RCD sout enu par le Rwanda.

Le président Laurent -Désiré Kabila est assassiné le 16 janvier 2001. Son fils Joseph Kabila, 28
ans, lui succède le 17 janvier[38].

La normalisation
Art icles dét aillés : Gouvernement de t ransit ion de la république démocrat ique du Congo et
Troisième République (république démocrat ique du Congo).

En 2003, Kabila démarre une t ransit ion démocrat ique. Une nouvelle const it ut ion est adopt ée
par referendum en 2005. L'année suivant e, les premières élect ions libres depuis 1966
confirment Kabila à la t êt e du pays[39]. Il remport e son deuxième mandat en décembre 2011,
les observat eurs nat ionaux et int ernat ionaux des élect ions jugeant t out efois les élect ions
comme manquant de crédibilit é et de t ransparence [40]. Le pays rest e t roublé à l'est , dans le
Kivu et en It uri, par des bandes armées, des dissident s et des désert eurs.

En 2018, en vue d'une nouvelle élect ion président ielle, Kabila est incit é par l'Union africaine à
respect er la limit e du nombre de mandat s président iels et le choix des urnes. Il ne se
présent e pas et sout ient la candidat ure de Emmanuel Ramazani Shadary[41]. Le 30 décembre
2018, les élect ions ont lieu et le 10 janvier 2019, le président de la CENI, Corneille Nangaa
nomme Félix Tshisekedi comme Président de la République démocrat ique du Congo. Le 20
janvier, Félix Tshisekedi est proclamé président par la Cour const it ut ionnelle [42]. Il prêt e
serment le 24 janvier 2019 au Palais de la Nat ion, résidence officielle des président s
congolais.

Félix Tshisekedi a noué une alliance de circonst ance pendant la campagne élect orale avec le
part i de Joseph Kabila, devenu sénat eur à vie et qui conserve ainsi une influence sur le pouvoir.
Leur principal opposant , Mart in Fayulu, donné un moment vainqueur de l'élect ion
président ielle, sur la base d'une fuit e de données de la CENI et par la mission d’observat ion de
l’Eglise cat holique congolaise, est arrivé deuxième selon les résult at s définit ifs de la CENI. Il
est cont raint de s'incliner devant ce résult at , probablement t ruqué, la Cour const it ut ionnelle
rejet ant son recours. Par son alliance avec le part i de Kabila, Félix Tshisekedi joue aussi la
st abilit é et prépare la suit e de son mandat en composant avec l'assemblée législat ive où ce
part i possède 337 sièges sur 500[43],[44].

Annexes

Articles connexes
Congo. Une histoire (2010), de David Van Reybrouck

List e de civilisat ions précoloniales en Afrique de l'Est

List e de royaumes de l'Afrique des Grands Lacs

Populat ion de l'Afrique des Grands Lacs

Notes et références
1. Bernard Clist, Découvertes archéologiques en république démocratique du Congo (http://
www.clist.eu/Textes/vol1-CCF-Kinshasa.pdf)  [archive] [PDF]

2. Olivier Keller, « Les fables d’Ishango, ou l’irrésist ible t ent at ion de la mat hémat ique-
fict ion », Bibnum,‎1er août 2010 (lire en ligne (http://journals.openedition.org/bibnum/8
89)  [archive])

3. Pierre de Maret, « Chapit re XI. Les Royaumes Kongo et Luba, cult ures et sociét és dans le
bassin du Congo », dans François-Xavier Fauvelle (dir.), L’Afrique ancienne. De l’Acacus au
Zimbabwe. 20 000 avant notre ère - xviie siècle, Paris, Belin, coll. « Mondes anciens »,
2018, p. 311-342

4. David Van Reybrouck (trad. Isabelle Rosselin), « Nouveaux Esprit s », dans Congo. Une
histoire, Arles, Actes Sud, 2012 (ISBN 978-2-330-00930-4), p. 47-76

5. David Van Reybrouck (trad. Isabelle Rosselin), « Une immense saloperie. Le Congo sous
Léopold II. 1885-1908 », dans Congo. Une histoire, Arles, Actes Sud, 2012
(ISBN 978-2-330-00930-4), p. 77-120

6. Elsa Longueville et Karim El Hadj, « Comment les mains coupées du Congo ont secoué
l’Europe coloniale », Le Monde,‎25 avril 2021 (lire en ligne (https://www.lemonde.fr/afriqu
e/video/2021/04/25/comment-les-mains-coupees-du-congo-ont-secoue-l-europe-colonial
e-flashback-2_6077995_3212.html)  [archive])

7. David Van Reybrouck (trad. Isabelle Rosselin), « “Les Belges nous ont délivrés”. Les
premières années du régime colonial. 1908-1921 », dans Congo. Une histoire, Arles, Actes
Sud, 2012 (ISBN 978-2-330-00930-4), p. 121-161

8. Saïd Bouamama, Figures de la révolution africaine, La Découverte, 2014

9. David Van Reybrouck (trad. Isabelle Rosselin), « Sous l'emprise de l'angoisse », dans


Congo. Une histoire, Arles, Actes Sud, 2012 (ISBN 978-2-330-00930-4), p. 161-202

10. Isidore Ndaywel è Nziem, Théophile Obenga, Pierre Salmon, Histoire générale du Congo:
de l'héritage ancien à la république démocratique, p. 515

11. Isidore Ndaywel è Nziem, Théophile Obenga, Pierre Salmon, Histoire générale du Congo:
de l'héritage ancien à la république démocratique, p. 518

12. Isidore Ndaywel è Nziem, Théophile Obenga, Pierre Salmon, Histoire générale du Congo:
de l'héritage ancien à la république démocratique, p. 519-520

13. Isidore Ndaywel è Nziem, Théophile Obenga, Pierre Salmon, Histoire générale du Congo:
de l'héritage ancien à la république démocratique, p. 537
14. « Vers l'indépendance du Congo belge », Le Monde,‎19 octobre 1959 (lire en ligne (https://
www.lemonde.fr/archives/article/1959/10/19/vers-l-independance-du-congo-belge_2148
940_1819218.html)  [archive])

15. « Un quart de la populat ion européenne a quit t é le Congo Belge », Le Monde,‎7 juin 1960
(lire en ligne (https://www.lemonde.fr/archives/article/1960/06/07/un-quart-de-la-populati
on-europeenne-a-quitte-le-congo-belge_2093459_1819218.html)  [archive])

16. « Naissance de l'Ét at congolais », Le Monde,‎27 juin 1960 (lire en ligne (https://www.lemo
nde.fr/archives/article/1960/06/27/naissance-de-l-etat-congolais_2092434_1819218.ht
ml)  [archive])

17. Il écrit sur un tableau noir devant ses troupes « avant indépendance = après
indépendance »

18. Isidore Ndaywel è Nziem, Théophile Obenga, Pierre Salmon, Histoire générale du Congo:
de l'héritage ancien à la république démocratique, p. 571

19. Ludo de Witte, L'Assassinat de Lumumba, Karthala, 2000

20. Frank R. Villafana, Cold War in the Congo: The Confrontation of Cuban Military Forces,
1960-1967, Transaction Publishers, 2012, p. 24

21. Ludo de Witte, L'assassinat de Lumumba, Karthala éditions, 2000, p. 253-258

22. Mobutu roi du Zaïre, film documentaire de Thierry Michel, 1999

23. Gauthier de Villers, De Mobutu à Mobutu: trente ans de relations Belgique-Zaïre, De Boeck
Supérieur, 1995, p. 33

24. « La RDC de 1980 a 1997 » (http://afriquepluriel.ruwenzori.net/rdc-c.htm)  [archive],


Afrique pluriel

25. Les années Mobutu (1965-1989): l'accroissement exponentiel d'une dette odieuse (http://
www.cadtm.org/IMG/pdf/Partie_2.pdf)  [archive]

26. Jean-Claude Willame, Zaïre : L’épopée d’Inga, Chronique d’une prédation industrielle, Paris,
L’Harmattan, 1986

27. Le barrage d’Inga, l’exemple emblématique d’un éléphant blanc p. 22-26 (http://www.cadt
m.org/IMG/pdf/Partie_2.pdf)  [archive]

28. Crawford Young, Thomas Edwin Turner, The Rise and Decline of the Zairian State, 1985,
p. 256-257

29. Crawford Young, Thomas Edwin Turner, The Rise and Decline of the Zairian State, 1985,
p. 257-258
30. Ngimbi Kalumvueziko, Congo-Zaïre: Le destin tragique d'une nation, L'Harmattan, 2013,
p. 179

31. Kambayi Bwatshia, L'illusion tragique du pouvoir au Congo-Zaïre, L'Harmattan, 2007,


p. 148-149

32. Ngimbi Kalumvueziko, Congo-Zaïre: Le destin tragique d'une nation, L'Harmattan, 2013,
p. 181-189

33. David Van Reybrouck (trad. Isabelle Rosselin), « L'Agonie », dans Congo. Une histoire,
Arles, Actes Sud, 2012 (ISBN 978-2-330-00930-4), p. 425-464

34. Ngimbi Kalumvueziko, Congo-Zaïre: Le destin tragique d'une nation, L'Harmattan, 2013,
p. 195

35. Ngimbi Kalumvueziko, Congo-Zaïre: Le destin tragique d'une nation, L'Harmattan, 2013,
p. 201

36. Filip Reyntjens, The Great African War: Congo and Regional Geopolitics, 1996-2006,
Cambridge University Press, 2009

37. La guerre n'oppose pas deux camps bien circonscrits ; les méchants et les victimes ne se
distinguent pas facilement. David Van Reybrouck, Congo. Een geschiedenis, 2010 (trad.
française : Congo. Une histoire, Actes sud, 2012)

38. « Régence à Kinshasa : Joseph Kabila succède à son père, Laurent -Désiré », Le Monde,‎
18 janvier 2001 (lire en ligne (https://www.lemonde.fr/archives/article/2001/01/18/regen
ce-a-kinshasa-joseph-kabila-succede-a-son-pere-laurent-
desire_138480_1819218.html)  [archive])

39. Célian Macé, « Joseph Kabila, l’homme qui gagne du t emps », Libération,‎
20 septembre 2016 (lire en ligne (https://www.liberation.fr/planete/2016/09/20/joseph-ka
bila-l-homme-qui-gagne-du-temps_1503933/)  [archive])

40. "RD Congo : 24 morts depuis l’annonce du résultat de l’élection présidentielle", Human
Rights watch, 22 décembre 2011

41. « RD Congo : qui est Emmanuel Ramazani Shadary, le dauphin de Kabila ? », Le Point,‎
8 août 2018 (lire en ligne (https://www.lepoint.fr/afrique/rd-congo-emmanuel-ramazani-sh
adary-candidat-de-kabila-08-08-2018-2242310_3826.php)  [archive])

42. « En RDC, Félix Tshisekedi est proclamé président par la Cour const it ut ionnelle », Le
Monde,‎20 janvier 2019 (lire en ligne (https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/01/20/
en-rdc-felix-tshisekedi-est-proclame-president-par-la-cour-constitutionnelle_5411750_321
2.html)  [archive])
43. Joan Tilouine, « Malgré les accusat ions de fraude, Félix Tshisekedi reconnu président de
la RDC », Le Monde,‎21 janvier 2019 (lire en ligne (https://www.lemonde.fr/afrique/article/
2019/01/21/malgre-les-accusations-de-fraude-felix-tshisekedi-reconnu-president-de-la-rdc
_5412195_3212.html)  [archive])

44. Roger-Claude Liwanga, « RDC : la st rat égie de Félix Tshisekedi », Jeune Afrique,‎
10 décembre 2019 (lire en ligne (https://www.jeuneafrique.com/mag/866687/politique/tri
bune-rdc-la-strategie-de-felix-tshisekedi/)  [archive])

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