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Abstract
The prospect of a presidential candidacy for the senator for life has revived
a debate on the possibility for a President of the Republic having exhausted
his two constitutional mandates to run for another. This debate is linked to
the law on the status of former Presidents of the Republic, whose article 6
refers to incompatibilities with the exercise of the parliamentary mandate.
Within the framework of this article the author tend to demonstrate that the
combination of different techniques of interpretation converges to exclude the
prospect of a third mandate which cannot find its foundation neither in the
Constitution nor, even less so, in the aforementioned law.
Mots-clés : Interdiction absolue, mandat présidentiel, sénateur à vie,
Constitution, RDC
INTRODUCTION
Le fondement de la thèse réaliste dans la théorie de l’interprétation
est très simple : tout texte normatif est, de facto, interprété de
plusieurs façons, chaque énoncé normatif étant sujet à des
interprétations différentes et conflictuelles (…). Si tous les
textes normatifs sont, en effet, interprétés de plusieurs façons,
alors tous les textes normatifs sont susceptibles d’interprétations
différentes. Chaque interprétation attribue au texte interprété
une signification distincte. A une pluralité d’interprétations
correspond donc une pluralité de significations. Par conséquent,
tout texte normatif exprime potentiellement non pas une seule
signification univoque, mais au contraire une multiplicité de
significations en compétition1.
C’est par cette citation que nous introduisons le présent article. Ces propos
sont particulièrement significatifs en République Démocratique du Congo
(RDC) depuis que l’annonce de la perspective d’une candidature à l’élection
présidentielle à l’horizon 2023 du Président de la République honoraire
galvanise les débats opposant constitutionnalistes, intellectuels, hommes
de rue, tout le monde découvrant posséder dans sa gibecière des clés pour
mieux interpréter les différentes dispositions mobilisées par le débat. Les
arguments convoqués à cette fin sont parfois jonchés par des considérations
d’ordre politique et pathétique contribuant à en obscurcir des pans entiers
qui méritent d’être éclaircis par un travail de recul, loin des invectives et des
vacarmes politiques.
S’il est vrai que Max Weber conçoit une certaine dichotomie entre la
profession du savant et celle du politique, il y a lieu de ramener le débat
dans ses proportions juridiques en limitant les excès des considérations
politiques marquées par l’opportunisme, les rapports de forces, le jeu voilé
des acteurs. Dans cette fournaise, les juristes constitutionnalistes sont en
compétition (concurrence) avec d’autres savants et acteurs qui revendiquent,
chacun, sa part de vérité constitutionnelle et cherchant à l’imposer par des
arguments d’autorité, parfois décousus de toute logique d’herméneutique
juridique. L’interprétation de la Constitution, sans être nécessairement
l’apanage des constitutionnalistes, ne ressemble pas à l’argile aux mains du
potier. Elle requiert certaines aptitudes. Tout le monde ne peut s’improviser
constitutionnaliste. En effet, un Constitutionnaliste, d’après Guillaume
Sacriste, est d’abord « ce Professeur spécialiste de l’analyse des Constitutions
politiques mobilisant un savoir savant-le droit constitutionnel- se présentant
comme autonome vis-à-vis du monde politique, et plus largement, du monde
social »2.
Ce duel d’interprétation met en exergue l’utilité de la théorie réaliste de
l’interprétation chère à Michel Troper3. Le fondement de la thèse réaliste dans
la théorie de l’interprétation est très simple :
tout texte normatif est, de facto, interprété de plusieurs façons,
chaque énoncé normatif étant sujet à des interprétations
Tel est le cadre du débat auquel nous voulons participer dans cette étude.
Cette dernière est structurée autour de deux points. Le premier analyse la
convergence des interprétations de l’article 70 alinéa 1er de la Constitution
alors que le deuxième traite de l’incompatibilité d’un mandat présidentiel pour
un sénateur à vie à la lumière de la Loi du 26 juillet 2018. Une conclusion
résume nos brèves réflexions prolongées par des considérations sur la révision
constitutionnelle.
1. Interprétation sémiotique
Elle permet de comprendre le langage de l’écriture constitutionnelle, le
pourquoi de l’utilisation de l’indicatif, de l’impératif ou du conditionnel,
l’importance de la ponctuation dans un texte de droit, l’importance d’une
virgule, de l’énumération restrictive ou extensive, l’usage des adverbes etc.
Appelée également interprétation littérale, linguistique, sémantique ou encore
syntaxique, elle consiste à déterminer le sens d’un texte ou d’un énoncé en
considérant ses propriétés lexicales. On suppose que la « lettre » du texte
peut être reconstituée en ouvrant un dictionnaire ordinaire ou un dictionnaire
spécialisé en droit, en s’appuyant éventuellement sur l’étymologie des mots,
en faisant usage des règles grammaticales ou syntaxiques classiques, en
s’attardant sur le mode de conjugaison et le temps des verbes.
Cette deuxième incise (En aucun cas…) est redondante, mais constitue une
prohibition de toute velléité d’exercer plus de deux mandats. Cette rédaction
peu heureuse gît également au sein de l’article 195 de la Constitution du
Burundi du 18 mars 2005 telle qu’elle résulte de la révision du 7 juin 2018 :
« Le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un
mandat de sept ans renouvelable. Nul ne peut exercer plus de deux mandats
consécutifs ». La Loi constitutionnelle n° 2016-10 du 5 avril 2016 portant
révision de la Constitution (du Sénégal) dispose, à l’article 27 que « la durée
du mandat du Président de la République est de cinq ans. Nul ne peut exercer
plus de deux mandats consécutifs ». Pour compléter, rappelons que l’article
55 in fine de la Constitution de Luluabourg énonce que « le Président de la
République n’est rééligible immédiatement qu’une fois ».
L’adverbe « immédiatement » prévu par l’article 55 de la Constitution de
Luluabourg et l’adjectif « consécutif » figurant dans les textes constitutionnels
de la République centrafricaine, du Burundi et du Sénégal peuvent être
littéralement interprétés comme autorisant plus de deux mandats présidentiels
2. Interprétation génétique
Elle s’intéresse au processus de création des normes, à leur formation ainsi
qu’à leur développement. Elle repose sur une connaissance de la volonté réelle
de l’auteur du texte constitutionnel. Elle accorde une attention particulière aux
travaux préparatoires, aux débats parlementaires, aux différentes réactions des
23 Notre soulignement.
27 Notre soulignement.
28 Article X du draft de la Constitution rédigé par les experts à Simi-Simi, Kisangani,
octobre 2004.
29 Article X du draft de la Constitution rédigé par les experts à Simi-Simi, Kisangani,
octobre 2004.
30 Article 63 de la proposition de Constitution rédigée par le collège des experts attaché à
la Commission constitutionnelle du Sénat de la République Démocratique du Congo,
Kisangani, octobre 2004.
peut s’expliquer, pour notre part, par son caractère redondant, car, après avoir
affirmé que le Président exerce un mandat de cinq ans une fois renouvelable,
l’incise ainsi supprimée ne pouvait apporter aucune valeur ajoutée.
Il résulte de ce qui précède que l’interprétation génétique de l’article 70
de la Constitution ne peut servir de fondement à l’exercice d’un nouveau
mandat pour celui qui en a déjà exercé deux, car l’intention du constituant
à travers l’analyse de différents textes antérieurs confirme cette option de
limitation à deux du nombre de mandats présidentiels. Cette limitation est
encore corroborée en faisant recours à d’autres techniques d’interprétation,
notamment l’interprétation systémique.
C’est à cette intention de l’auteur ou plus précisément à cette technique
génétique qu’avait recouru la CC de la RDC dans son arrêt du 11 mai 2016 en
recherchant le sens de la disposition « Le Président en exercice demeure en
fonction jusqu’à l’installation du nouveau Président élu », dans l’intention
de l’auteur telle qu’elle émergeait du débat général du projet de Constitution
engagé à l’Assemblée nationale avant son adoption.
3. Interprétation systémique
Cette technique facilite la compréhension de la Constitution non pas
dans une lecture isolée de ses dispositions, mais en prenant en considération
d’autres articles pour en faciliter la lecture. Elle vise à éclairer un fragment
du texte par un autre, voire par d’autres textes. Elle prend en considération
d’autres articles d’un texte ou éventuellement d’autres règles de droit pour
qu’ils s’éclairent les uns les autres34. Selon Véronique Champeil-Desplats,
l’interprétation systémique procède de la recherche du sens à partir des textes
eux-mêmes. Elle consiste à rechercher le sens d’un énoncé « en le replaçant
dans le texte global auquel il appartient (une loi, un code, une Constitution, une
Convention internationale), dans un ensemble d’autres textes (considération
de plusieurs lois, de plusieurs Conventions internationales…) ou encore dans
l’ordre juridique tout entier.
Le sens de l’énoncé est alors déterminé à la lumière d’autres. Tous
sont supposés former un ensemble complet, harmonieux et cohérent-un
système-, et s’éclairer les uns les autres35. Appelée aussi approche holistique
ou systématique, elle permet de s’interroger, par exemple, sur l’esprit des
dispositions constitutionnelles tiré de la nature du régime et de comprendre
34 Cohendet M.A., Droit public. Méthodes de travail, Paris, Montchrestien, 1998, p. 31.
35 Champeil-Desplats V., op.cit., pp. 390-391.
non pas sur ce que l’auteur du texte a réellement voulu dire, mais, maintenant
que la règle doit être appliquée dans une situation historique différente, quel
sens il convient de lui donner si l’on veut obtenir le résultat recherché40. Elle
vise à donner au texte la signification qui lui permettra de remplir la fonction
qu’on lui attribue. Ambroise Kamukuny aborde dans la même optique. Dans
une situation historique différente de celle qui avait prévalu à l’élaboration
du texte, il peut arriver que la fonction à laquelle est destinée la règle de droit
devienne tout aussi différente de celle auparavant visée par l’auteur du texte.
Dans ce cas, le sens à donner à la règle en cause doit découler de la fonction
objective que dans la situation concernée pareille règle aurait pu assurer41.
L’interprétation fonctionnelle se rapproche de l’interprétation téléologique
et se confond parfois avec cette dernière. C’est pour cette raison que nous les
étudions sous une même rubrique. L’interprétation téléologique se propose de
dégager le sens du texte de la Constitution au regard de sa raison d’être. En
d’autres termes, le texte constitutionnel s’interprète en fonction de l’objectif
visé lors de la création de la règle de droit. Pour Michel Troper, l’interprétation
téléologique constitue une variété de l’interprétation fonctionnelle dans la
mesure où elle se fonde sur le but poursuivi par le constituant ou le législateur42.
Véronique Champeil-Desplats range l’interprétation téléologique (finalité
du texte) et l’interprétation fonctionnelle (fonction du texte) dans les
techniques d’interprétation procédant de la recherche du sens à partir de la
fonction et de la finalité du texte43. Pour elle, l’interprétation fonctionnelle
procède de la recherche du sens à partir de la fonction du texte. Elle se détache
des propriétés syntaxiques ou lexicales du texte lui-même pour considérer
le contexte de son application. Cette recherche de la fonction peut être
menée dans des directions très diverses : recherche des fonctions sociales,
économiques, politiques, l’effet utile du texte44.
L’interprétation téléologique préconise de prendre en considération la
finalité, le but des textes juridiques et de les intégrer dans la vie sociale45.
Au niveau constitutionnel, écrit Véronique Champeil-Desplats, la méthode
téléologique s’inscrit, à partir de la fin du XIXème siècle, dans la promotion
convergence constitutionnelle considérés comme des principes communs à tous les Etats
de la CEDEAO.
50 Concernant la Tanzanie, nous relevons que le Président Kikwete a déclaré en octobre
2015 se conformer, avec joie au prescrit constitutionnel limitant à deux le nombre de
mandats après avoir servi son Etat pendant dix ans. Un exemple qui s’inscrit dans celui
d’Alpha Omar Kondé du Mali et de peu de dirigeants africains.
51 Cas de l’Angola. L’article 113 (2) de la Constitution du 5 février 2010 ; cas du Mozambique
avec l’article 147 (4) de la Constitution du 21 décembre 2004.
52 Kazadi Mpiana J., « L’odyssée de la clause intangible du nombre de mandats présidentiels
au regard de la révision par voie référendaire dans le constitutionnalisme africain. Une
valse à trois temps ? », in Mingashang I. (dir.), La responsabilité du juriste face aux
manifestations de la crise dans la société contemporaine. Un regard croisé autour de
la pratique du droit par le Professeur Auguste Mampuya, Bruxelles, Bruylant, 2018,
pp. 577-657.
53 Foucher V., « Difficiles successions en Afrique subsaharienne : persistance et
reconstruction du pouvoir personnel », Pouvoirs, 2009/2, n°129, pp. 127-137. En d’autres
termes, c’est la permutation au pouvoir entre la majorité et l’opposition ou le changement
des rôles antérieurs.
54 Dossou R., « Flux et reflux dans le nouveau constitutionnalisme africain », Revue
du Conseil constitutionnel, N° spécial. Les actes de la Conférence africaine d’Alger.
souvent engagée pour atteindre cette finalité, nous pouvons soutenir qu’un
large consensus fait défaut en Afrique sur cette question et qu’une culture
d’hostilité à cette forme de révision constitutionnelle se répand en Afrique63.
En effet, comme le souligne Ismaila Madior Fall, la question du mandat
présidentiel,
que ce soit la détermination de sa durée ou du nombre de mandats
autorisé, est un enjeu considérable dans les pays africains. Elle
est souvent à l’origine de l’instabilité constitutionnelle, mais
aussi des crises politiques. En effet, la plupart des révisions
portent sur les dispositions constitutionnelles relatives au
mandat, notamment sur sa durée ou son caractère renouvelable
ou non64.
HOLO, Toulouse, Presses de l’Université Toulouse 1 Capitole, 2017, pp. 211-227, spéc.
aux pp. 216-217.
71 Voy. Exposé des motifs de la Constitution du 18 février 2006 (3.7) : « C’est pour assurer
cette alternance et d’autres principes fondamentaux prévus à l’article 220 de la Constitution
que le constituant interdit toute révision portant sur ces matières ». Le même exposé des
motifs est plus explicite : « Pour préserver les principes démocratiques contenus dans la
présente Constitution contre les aléas de la vie politique et les révisions intempestives, les
dispositions relatives à la forme républicaine de l’Etat, au principe du suffrage universel,
à la forme représentative du Gouvernement, au nombre et à la durée des mandats du
Président de la République, à l’indépendance du pouvoir judiciaire, au pluralisme
politique et syndical ne peuvent faire l’objet d’aucune révision constitutionnelle”, point
4 de l’Exposé des motifs relatif à la révision constitutionnelle.
72 Esambo Kangashe J.L., La Constitution congolaise du 18 février 2006 à l’épreuve du
constitutionnalisme. Contraintes pratiques et perspectives, Louvain-la-Neuve, Academia
Bruylant, 2010, p. 56.
Constitution du 4 octobre 1958 telle que révisée jusqu’à ce jour, n’avait exercé
plus de deux mandats présidentiels. La loi constitutionnelle du 23 juillet 2008
intègre dans la Constitution française une coutume constitutionnelle qui
s’était développée en marge de la Constitution.
Au contraire, la RDC ne pouvait vanter une telle tradition, son histoire
politico-constitutionnelle étant différente de celle de la France. Evariste
Boshab en s’inspirant de certains auteurs français sceptiques sur l’introduction
de la limitation du nombre de mandats présidentiels omet d’évoquer, à
dessein selon nous, la limitation du nombre de mandats présidentiels aux
Etats-Unis depuis l’adoption du XXIIème Amendement en 1947 et entré en
vigueur depuis 1951. Probablement les Etats-Unis n’avaient pas besoin de
cette limitation. Ils l’ont considérée nécessaire dans leur système politique. Il
n’est pas antidémocratique.
Au Sénégal, la cristallisation de la modalité d’élection, de la durée et du
nombre de mandats présidentiels dans les dispositions intangibles a été saluée
notamment par Ismaila Madior Fall en ces termes :
Ces dispositions (intangibles), désormais gravées dans le marbre
constitutionnel et insusceptibles de révision, contribuent à
stabiliser le régime politique sénégalais sur ces points les plus
névralgiques. Avec ces clauses d’éternité, la révision apporte
ainsi davantage de sécurité à notre régime politique, en le
mettant à l’abri des changements en fonction des intérêts
partisans. C’était l’une de ses principales vocations76.
chaque interprétation livrée par les juges n’est pas la seule admissible. A ce
titre, les interprétations ne sont jamais préétablies, ni d’emblée cohérentes
les unes à l’égard des autres. Cette variante provient surtout des partisans des
théories réalistes de l’interprétation. Pour cette variante, le choix interprétatif
n’est jamais définitif. Chaque litige particulier est susceptible de faire surgir
de nouveaux sens et de modifier les choix des interprètes84. Dans les Etats
où les juges constitutionnels sont investis de la compétence d’interpréter la
Constitution, les arrêts ou avis en matière d’interprétation s’imposent aux
pouvoirs publics, aux autorités juridictionnelles et aux particuliers en raison
du caractère définitif desdits arrêts.
Nous pouvons, par ailleurs, faire allusion aux différentes techniques de
réserve d’interprétation auxquelles la CC recourt à l’instar de ses homologues.
L’une des caractéristiques communes aux juridictions constitutionnelles
africaines, surtout francophones, parce qu’elles nous sont plus familières,
réside dans le recours aux techniques de réserve d’interprétation85. Ces
techniques sont parfois qualifiées de « déclarations de constitutionnalité sous
réserves ». Une réserve d’interprétation peut être définie comme une technique
par laquelle le juge arrête une interprétation de la loi de manière à en préserver
explicitement la constitutionnalité. La loi ne sera constitutionnelle que si elle est
interprétée dans le sens ordonné par le juge. La réserve d’interprétation permet
d’éviter la censure de la loi pour inconstitutionnalité86. Une telle déclaration
revient à sauver un texte de la censure, à le juger conforme à la Constitution
sous la condition que les autorités d’application respectent l’interprétation
que la Cour indique87. Les décisions interprétatives constructives ont pour
objet d’enrichir le contenu normatif de la disposition par une extension de sa
92 Kofi Abotsi E., « Purpose originalism in the Supreme Court: Interpretive Methodology
and Problems of Certainty », University of Ghana Law Journal, Vol. 26, 2013, pp. 173-
199.
93 Champeil-Desplats V., op.cit., p. 400.
94 Mauras A., « La consécration constitutionnelle des méthodes interprétatives en Bolivie »,
RFDC, n° 118, 2019, pp. 385-407.
95 Voy. Mauras A., op.cit., p. 386.
96 Mauras A., op.cit., pp. 398-399.
97 Article 427 de la Constitution de l’Equateur de 2008 : « Constitutional provisions
shall be interpreted by the literal meaning of its wording that is mostly closely in line
with the Constitution as a whole. In the event of any doubt, it is the most favorable
interpretation of the full and effective force of rights and that best respects the will of the
constituent, in accordance with the general principles of constitutional interpretation,
that shall prevail ». Mauras A., op.cit., p. 386, traduit cet article par ces termes : « Les
normes constitutionnelles seront interprétées par la teneur littérale qui s’adapte le plus
à la Constitution dans son intégralité. En cas de doute, elles seront interprétées dans le
sens qui favorise le plus la pleine validité des droits et respecte le mieux la volonté du
constituant, et conformément aux principes de l’interprétation constitutionnelle ».
98 Article 39 « 1. When interpreting the Bill of Rights, a court, tribunal or forum a. must
promote the values that underlie an open and democratic society based on human
dignity, equality and freedom; b. must consider international law; and c. may consider
foreign law. 2. When interpreting any legislation, and when developing the common law
or customary law, every court, tribunal or forum must promote the spirit, purport and
objects of the Bill of Rights. 3. The Bill of Rights does not deny the existence of any other
rights or freedoms that are recognised or conferred by common law, customary law or
legislation, to the extent that they are consistent with the Bill ». Pour plus d’informations
complémentaires, Xavier P., « Afrique du Sud. Juge constitutionnel et interprétation des
normes », Annuaire international de justice constitutionnelle, n° 33-2017, 2018, pp. 87-
110 ; Philippe X. « Les clauses de limitation et d’interprétation des droits fondamentaux
dans la Constitution sud-africaine de 1996 », in Liber Amicorum Jean-Claude Escarras.
La communicabilité entre les systèmes juridiques, Bruxelles, Bruylant, 2006, pp.897-
926 ; Tobias van Reenen, « Tendances actuelles dans l’interprétation de la Constitution de
l’Afrique du Sud », Revue française de Droit constitutionnel, 2002/2, n° 50, pp. 355-375.
99 Article 259.(1) de la Constitution du Kenya de 2010 : This Constitution shall be
interpreted in a manner that— (a) promotes its purposes, values and principles; (b)
advances the rule of law, and the human rights and fundamental freedoms in the
Bill of Rights; (c) permits the development of the law; and (d) contributes to good
governance. Notre soulignement.
Michel Troper souligne qu’on peut arriver à des résultats très différents
selon que l’on emploie telle ou telle méthode, mais on sait qu’il n’existe aucun
critère objectif imposant de choisir l’une ou l’autre100. Cette lapalissade se
vérifie aisément lors des débats constitutionnels selon que les uns mobilisent
telle ou telle autre technique d’interprétation.
La CC est compétente pour interpréter la Constitution à l’occasion soit
d’une requête en interprétation, soit du contrôle de constitutionnalité des
normes. Ni le constituant ni le législateur ne lui ont fixé des méthodes ou
techniques d’interprétation. Elle jouit d’une liberté qui se manifeste par un
certain pragmatisme, privilégiant des solutions au cas par cas. Elle n’hésite
pas à recourir à une combinaison de différentes techniques d’interprétation.
A titre d’exemple, dans son arrêt R.Const. 262 du 11 mai 2016 relatif à
l’interprétation de l’alinéa 2 de l’article 70 de la Constitution, la CC recourt à
la fois à l’interprétation littérale (de l’acte clair), à l’interprétation génétique
relevant de la synthèse du débat général d’avril 2005 sur l’avant-projet de la
Constitution et à l’interprétation systémique en s’inspirant du principe de la
continuité de l’Etat.
Le cœur du raisonnement de la CC réside dans ce passage :
La Cour constitutionnelle observe qu’aux termes de l’article 70
alinéa 2 de la Constitution (…). Elle relève, en outre, qu’étant
clair, l’alinéa 2 de l’article 70 ne nécessite pas, en principe,
d’interprétation ; elle note cependant que de la synthèse du
débat général d’avril 2005 sur l’avant- projet de la Constitution,
on peut lire qu’après amendements de cet article, un deuxième
alinéa a été ajouté pour que le Président de la République
sortant puisse rester en fonction jusqu’à l’installation effective
du nouveau Président élu afin d’éviter le vide constitutionnel.
Elle en infère que l’alinéa 2 de l’article 70 permet au Président
de la République arrivé fin mandat de demeurer en fonction, en
vertu du principe de la continuité de l’Etat, jusqu’à l’installation
effective du nouveau Président de la République élu….101.
être dérogé en tant que droits et principes fondamentaux des citoyens même lorsque l’état
de siège ou l’état d’urgence aura été décrété, droits dont le demandeur allègue la violation
par l’Assemblée provinciale de la Tshuapa (…) », quatrième et cinquième feuillets. CC.
arrêt R.Const.0038 du 28 août 2015. En cause : Madame MUNGOMBE MUSENGE Olive
contre le Sénat. La Cour note, « qu’entant que gardienne de la Constitution, elle est appelée
à s’assurer du respect par les pouvoirs publics et les citoyens de ses dispositions, mais
aussi à exercer un rôle de régulation de la vie politique. Elle est de ce fait, compétente pour
connaître d’un recours introduit par un citoyen qui s’estime lésé par une décision qui viole
ses droits et libertés constitutionnellement garantis, en l’occurrence le droit d’être éligible
à un mandat politique », inédit, septième feuillet. CC. Arrêt R.Const. 0338 du 17 octobre
2016. En cause : Requête de la Commission électorale nationale indépendante, CENI,
en sigle, tendant à obtenir le report de la convocation et de l’organisation des scrutins
prévus dans la décision n° 001/CENI/BUR/15 du 12 février 2015 portant publication du
calendrier des élections provinciales, urbaines, municipales et locales 2015 et des élections
présidentielle et législatives 2016. Nous pouvons y lire ce passage: « (…). Tenant compte
de l’importance de la cause sous examen pour la vie de la nation, et faisant application du
principe Salus populi, suprema lex est, qui traduit la loi de la nécessité, elle siégera à cinq
membres afin d’éviter de consacrer, de fait, un déni de justice par des remises récurrentes
et sans issue de ses audiences, dès lors qu’il s’agit de prévenir un blocage des institutions
de la République et d’assurer la protection des droits fondamentaux des citoyens consacrés
par l’article 5 de la constitution », inédit, Vingtième feuillet. Voy. aussi CC. Arrêt R.Const.
212/216/2016 du 10 juin 2016. En cause : Requêtes de Monsieur Kabengela Ilunga Jean-
Marie, en inconstitutionnalité de la loi organique n°15/014 du 1er août 2015 modifiant et
complétant la loi organique n° 06/020 du 10 octobre 2006 portant statut des magistrats :
CC. Arrêt R.Const. 0089/2015 du 8 septembre 2015. En cause : Requête en interprétation
des dispositions des articles 10 de la loi de programmation n° 15/004 du 28 février 2015
déterminant les modalités d’installation de nouvelles provinces et 168 de la loi n° 06/006 du
09 mars 2006 portant organisation des élections présidentielle, législatives, provinciales,
urbaines, municipales et locales telle que modifiée par la loi n° 11/003 du 25 juin 2011 et
celle n° 15/001 du 15 février 2015, inédit.
104 Champeil-Desplats V., op.cit., p. 401.
105 Kamukuny Mukinay A., Contribution à l’étude de la fraude en Droit constitutionnel
congolais,…op.cit., p. 53.
Et l’auteur d’ajouter :
L’interprétation constitutionnelle (…) a besoin d’hommes
et de femmes qui jonglent avec les textes, qui connaissent
les jurisprudences, qui sont au courant des grandes théories
politiques et sociales de notre temps, qui sont avertis des réalités
du monde contemporain108.
110 La motivation peut être aussi utilisée comme la légitimation du discours du juge.
Ponthoreau M.C., « L’énigme de la motivation encore et toujours. L’éclairage
comparatif », in Hourquebie F. et Ponthoreau M.C. (dir.), La motivation des décisions
des Cours suprêmes et Cours constitutionnelles, Bruxelles, Bruylant, 2012, pp. 5-24,
spéc. à la p. 13.
111 Drago G., « La qualité de l’argumentation constitutionnelle »,…op.cit., pp. 335-352,
spéc. à la p.349. Souligné dans le texte.
117 Cette tendance de prévoir des garanties particulières à l’ancien Chef d’Etat est diffuse au
sein de l’Afrique de l’ouest. Pour plus de détails, Esambo Kangashe J.L., « Alternance
politique, une épreuve difficile pour l’Afrique ? », …op.cit., pp. 565-575, spéc. à
la p. 573. L’auteur salue ces garanties en ces termes : « Indispensable à leur réinsertion
dans la vie sociale, cette protection juridique pourrait contribuer à la réduction de l’envie
de s’éterniser au pouvoir », p. 573.
118 Charte de transition du 9 août 2009 de Madagascar. Article 32 : « Un statut spécial
sera élaboré en vue de garantir aux anciens chefs d'État, y compris le chef d'État de la
transition, la considération due à leur rang passé et de préserver leur dignité, leur sécurité
et leur bien-être. Les anciens chefs d'État sont nommés sénateurs à vie ». Pour le Togo, la
Loi n° 2019 - 003 du 15/05/19 portant modification des dispositions des articles 13, 52,
54, 55, 59, 60, 65, 75, 94, 100, 101, 104, 106, 107, 108, 109, 110, 111, 115, 116, 117, 120,
125, 127, 128, 141, 145,155 et 158 de la Constitution du 14 octobre 1992 (Journal officiel
de la République togolaise, 64 è année, n° spécial du 15 mai 2019) dispose à son Article
75 nouveau : « Les anciens Présidents de la République sont, de plein droit, membres à
vie du Sénat. Ils ne peuvent être ni poursuivis, ni arrêtés, ni détenus, ni jugés pour les actes
posés pendant leurs mandats présidentiels. Ils prennent immédiatement rang et préséance
après le Président de la République en exercice dans l’ordre inverse de l’ancienneté du
dernier mandat, du plus récent au plus ancien. Une loi organique détermine le statut des
anciens Présidents de la République, notamment en ce qui concerne leur rémunération et
leur sécurité » ; La Constitution italienne de 1947 telle que modifiée et complétée jusqu’à
ce jour dispose, en son article 59 : « Sauf renonciation, tout ancien Président de la
République est sénateur de droit et à vie. Le Président de la République peut nommer
sénateurs à vie cinq citoyens ayant honoré la Patrie par des mérites éminents dans le
domaine social, scientifique, artistique et littéraire ». Notre soulignement.
127 Guinchard S. et Debard T. (dir.), Lexique des termes juridiques 2017-2018, 25ème éd.,
Paris, Dalloz, p. 1002.
128 de Villiers M. et Le Divellec A., Dictionnaire du Droit constitutionnel, 10ème éd., Paris,
Sirey, 2015, p. 192.
129 de Villiers M. et Le Divellec A., op.cit., p. 193. Cette définition rejoint celle proposée
par le Vocabulaire juridique. Ce dernier attribue à l’expression « Incompatibilité »,
le sens d’« impossibilité légale de cumuler, soit certaines fonctions publiques, soit
certains mandats électifs, soit une fonction publique ou un mandat électif avec certaines
occupations ou situations privées, soit même deux activités privées… ». Cornu G.,
Vocabulaire juridique, Paris, PUF, 2007, p. 478.
130 Article 108 : « Le mandat de député national est incompatible avec le mandat de sénateur
et vice-versa. Le mandat de député ou de sénateur est incompatible avec les fonctions ou
mandats suivants : 1. membre du Gouvernement ; 2. membre d’une institution d’appui
à la démocratie ; 3. membre des Forces armées, de la police nationale et des services
de sécurité ; 4. magistrat ; 5. agent de carrière des services publics de l’Etat ; 6. cadre
politico-administratif de la territoriale, à l’exception des chefs de collectivité-chefferie
et de groupement ; 7. mandataire public actif ; 8. membre des cabinets du Président de
la République, du Premier ministre, du Président de l’Assemblée nationale, du Président
du Sénat, des membres du Gouvernement, et généralement d’une autorité politique ou
administrative de l’Etat, employé dans une entreprise publique ou dans une société
d’économie mixte ; 9. tout autre mandat électif. Le mandat de député national ou de
sénateur est incompatible avec l’exercice des fonctions rémunérées conférées par un
Etat étranger ou un organisme international ». Notre soulignement.
131 D’après la Loi n° 18-021 du 26 juillet 2018 portant statut des anciens présidents de la
République élus et fixant les avantages accordés aux anciens chefs de Corps constitués,
les obligations sont prévues aux articles 4 et 5. Article 4 : Tout ancien président
de la République élu est soumis aux devoirs incombant à tout citoyen en vertu de la
Constitution, en particulier les articles 62 à 67, sauf ceux auxquels il est expressément
astreint ou soustrait par la loi. Aucune soustraction, ni exonération aux devoirs prévus
par la Constitution et par la loi ne peut être accordée au préjudice des intérêts de l’État
congolais, de ses institutions ou de son peuple. Article 5 : Tout ancien président de la
République élu est soumis à une obligation générale de réserve, de dignité, de patriotisme
et de loyauté envers l’État. L’obligation de réserve implique notamment l’interdiction
formelle de divulguer ou de révéler des secrets d’État ou des informations qui, en raison
de leur nature et/ou de leurs conséquences, ne peuvent être connues que des seules
autorités nationales. L’obligation de dignité consiste à adopter un comportement ou des
attitudes qui ne violent pas la loi, ni ne portent atteinte à l’ordre public et aux bonnes
mœurs. L’obligation de patriotisme et de loyauté envers l’État implique une disponibilité
permanente à faire montre d’une fidélité sans faille envers la Nation, le peuple congolais
et les institutions de l’État.
132 Delperée F., « L’interprétation de la Constitution ou la leçon de musique », in Mélin-
Soucramanien F. (dir.), L’interprétation constitutionnelle, Paris, Dalloz, 2005, pp. 241-
248, spéc. à la p. 246.
134 Aron R., « Préface », in Weber M., Le savant et le politique (traduit de l’allemand par
Julien Freund, révisé par E. Fleischmann et E. de Dampierre), Paris, Plon, 1963, p. 10.
135 Kpodar A., « Bilan sur un demi-siècle de constitutionnalisme en Afrique noire
francophone », in Aivo F.J. (dir.), La Constitution béninoise du 11 décembre 1990 :…
op.cit., pp. 89-126, spéc. à la p. 94.
136 Aivo F.J., « Les Constitutionnalistes et le pouvoir politique en Afrique », Revue française
de Droit constitutionnel, 104, 2015, pp. 771-800, spéc. à la p. 774.
CONCLUSION
Après avoir souligné les dangers auxquels sont exposés les juristes,
constitutionnalistes faisant de la politique leur seconde profession, nous
pouvons tirer des conclusions à la suite de l’analyse aussi bien des dispositions
de l’article 70 alinéa 1er de la Constitution que de l’article 6 de la Loi du 26
juillet 2018 portant statut des anciens Présidents de la République et fixant les
avantages accordés aux Chefs de corps constitués.
Dans l’état actuel du Droit constitutionnel congolais, nous sommes d’avis
que le Président honoraire Joseph Kabila ne peut prétendre exercer un nouveau
mandat présidentiel. Il pourrait au forceps ou mieux à l’issue d’une épreuve
herculéenne passer par le rubicond de la révision constitutionnelle à double
détente. La révision à double détente ou double révision postule d’abroger
l’article contenant les dispositions intangibles. Une fois que cet obstacle est
levé, de nouvelles dispositions peuvent être insérées dans la Constitution et
ayant une incidence sur le nombre de mandats.
Persévérer sur cette voie revient à encourager la fraude à la Constitution en
affectant son esprit au profit de la lettre. La double révision n’est autre qu’un
mécanisme d’opérer la fraude à la Constitution à ciel ouvert, car l’intention
des initiateurs serait celle de procéder à la révision pour confectionner un
habit à la taille du bénéficiaire de l’effort consenti. Si les Constitutions ne sont
pas des tentes dressées pour le sommeil des peuples, pour reprendre l’illustre
citation attribuée au philosophe français du 18ème siècle Royer Collar, il
demeure vrai que la révision doit tendre à l’amélioration de la Constitution et
non à dénaturer celle-ci de ses vertus.
137 Mawanzi Manzenza Th., Les dérives de l’Etat postcolonial en République démocratique
du Congo, Paris, L’Harmattan, 2018, p. 224.
138 Simon S., « La Constitution japonaise est-elle fondée sur la légitimité charismatique ? »,
Revue du Droit public, 2014, n° 5, pp. 1311-1336, spéc. à la p. 313.
compter sur une approbation populaire du texte pour lui parer d’un vernis
démocratique143.
Une révision constitutionnelle mue par la finalité du maintien au pouvoir
s’écarte de sa raison d’être. La révision de la Constitution doit avoir pour
boussole l’intérêt général. A Madagascar, la Constitution du 11 décembre
2010 en son article 161 tend à décourager les révisions opportunistes en
exigeant qu’aucune révision de la Constitution ne puisse être initiée qu’en
cas de nécessité jugée impérieuse. L’appréciation de ladite nécessité relève
de la compétence de la Haute Cour constitutionnelle144. Il est un secret de
polichinelle que certaines révisions sont dictées par l’instinct de survie
des décideurs et de conservation du pouvoir en allant jusqu’à sacrifier le
compromis, l’équilibre qui constituent pourtant l’un des soubassements de la
Constitution.
Ndiogou Sarr note que les révisions intempestives de la Constitution sous
l’initiative de l’exécutif répondent plus au souci de régler des contingences
politiques que de procéder à la refondation des institutions pour leur
adaptation. L’instabilité constitutionnelle dans certains Etats ne découle pas
d’une remise en cause du fonctionnement normal des institutions mais plutôt
du bon vouloir du chef sur la base de réglages purement politiciens (…). Ce
dernier (chef d’Etat) est non seulement l’artisan qui déclenche l’opération
de modification mais aussi celui qui dispose de l’influence et des pouvoirs
de contrôle nécessaires sur toutes les étapes que requiert la procédure de
révision145.
Nous estimons que la contre-tendance (limitée) à la prolongation
des mandats présidentiels constitue l’une des pathologies du renouveau
constitutionnel africain créant des conditions propices pour l’émergence des
monarchies présidentielles146. Nous pouvons discuter de l’utilité de cette
143 Pour de plus amples détails sur la fraude en droit constitutionnel congolais, voy.
Kamukuny Mukinay A., Contribution à l’étude de la fraude en Droit constitutionnel
congolais,…op.cit.
144 Haute Cour constitutionnelle, Avis n°07-HCC/AV du 25 avril 2019 sur le pouvoir
du Président de la République de soumettre directement au Peuple le vote d’une loi
constitutionnelle par voie référendaire, http://www.hcc.gov.mg/avis/avis-n07-hcc-av-du-
25-avril-2019-sur-le-pouvoir, (Consulté le 17 novembre 2019).
145 Sarr N., Médiation et démocratisation. Essai sur une nouvelle technique de stabilisation
du pouvoir en Afrique noire francophone, Paris-Dakar, L’Harmattan-CREDILA, 2018,
pp. 275-276.
146 Mbata B. Mangu A., « Monarchies présidentielles et révisions constitutionnelles : le
syndrome du troisième mandat ou d’une présidence à vie dans les Etats membres de
limitation. Elle constitue néanmoins l’un des verrous contre des présidences
à vie, personnalisées et patrimonialisées.
Les acquis de la Constitution du 18 février 2006 méritent d’être consolidés
en décourageant toute initiative tendant à remettre à zéro le compteur des
mandats présidentiels d’un ancien Président de la République. Au cas où
la Cour constitutionnelle serait saisie d’une éventuelle requête contre une
éventuelle candidature d’un sénateur à vie ayant épuisé les deux mandats
constitutionnels, elle peut s’inspirer de différentes techniques d’interprétation
en privilégiant les interprétations systémiques et téléologiques comme elle l’a
fait, dans certains de ses arrêts auxquels nous avons fait allusion pour déclarer
une telle candidature non conforme à la Constitution.