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Chapitre 5 Conquêtes et sociétés coloniales

La logique du chapitre
Dans la logique du programme, la transformation des colonies passent par plusieurs étapes : explorations, conquêtes, installation et
exploitation brutales dans des colonies, lesquelles ont des répercussions sur la société autochtone, dont les hiérarchies, les modes de vie
sont transformés. Une société coloniale, complexe et inégalitaire, se met en place. Les recherches des historiens au tournant des années
2000 mettent en effet en valeur la façon dont les États européens ont utilisé la violence tout en prônant des valeurs universalistes. De
même, l’étude des sociétés coloniales montre que les échanges, économiques, sociaux sont inégaux, mais laissent une place à des
parcours individuels qui tentent de transgresser les rapports de domination imposés par les Européens.
La première Étude « Les abolitions de l’esclavage au XIXe siècle » (pp. 118-119) présente le processus qui a abouti à la libération des
populations réduites en esclavage dans les colonies européennes. Libération dont le mouvement est double : interne (révoltes
d’esclaves) et externe (mouvement abolitionniste international de quelques élites).
Un deuxième dossier d’Étude présente les explorations d’une Europe qui, portée par les progrès techniques liés à son industrialisation,
repousse les frontières de la connaissance du globe (pp. 120-121).
Le dossier suivant, « La conquête de Madagascar » (pp. 122-123), envisage les modalités d’une expédition et d’une mise sous tutelle
d’une colonie par la France. Il est suivi par une double page sur « Les empires coloniaux » (pp. 124-125) qui permet de mettre en œuvre
une compétence de repérage et de localisation d’une situation historique.
On voit ensuite, dans la double page « L’histoire autrement » (pp. 128-129) comment la société en Algérie est transformée par la
présence des colons et colonisateurs français.
Enfin, les deux leçons font le point de synthèse des dossiers d’Étude, venant les compléter par des documents.

Pour aller plus loin

Bibliographie

Pour les enseignants


Sur l’esclavage
 Marcel Dorigny, Bernard Gainot, Fabrice Le Goff, Atlas des esclavages de l’Antiquité à nos jours, Éditions Autrement, 2013.
 Nelly Schmidt, L’Abolition de l’esclavage. Cinq siècles de combats XVIe-XXe siècles, Fayard, 2005.
 « La France et ses esclaves. De la traite sucrière à l’abolition inachevée », L’Histoire, n° 353, mai 2010.
 « Quand les esclaves se rebellent », L’Histoire, n° 415, mai 2015.
Sur la colonisation
 « L’Afrique coloniale : réalités et imaginaires », TDC, n° 1099, 15 octobre 2015.
 « Sociétés coloniales : du côté des femmes », L’Histoire, n° 371, janvier 2012.
 Pierre Singaravélou (dir.), Atlas des empires coloniaux XIXe-XXe siècles, Éditions Autrement, 2012.
 « Exhibitions. L’invention du sauvage », TDC, n° 1023, 1er novembre 2011.
 Jean-Pierre Rioux (dir.), Dictionnaire de la France coloniale, Flammarion, 2007.
 Isabelle Surun (dir.), Les Sociétés coloniales à l’âge des Empires, 1850-1960, Atlande, 2012.
 Éric Deroo, L’Illusion coloniale, Tallandier, 2005.

Pour les élèves (pour une approche scientifique et ludique)


 Victor Schoelcher : non à l’esclavage, Collection « Ceux qui ont dit non », Actes Sud Junior, 2015.
 Jacques Ferrandez, Carnets d’orient, Casterman : série de bandes dessinées sur la colonisation puis l’indépendance de l’Algérie, parues
entre 1990 et 2007.

Sitographie

 Un site consacré aux abolitions de l’esclavage au XIXe siècle : http://lesabolitions.culture.fr/


 Pour le professeur, un site qui fait état des recherches consacrées à l’histoire coloniale : http://etudescoloniales.canalblog.com/
 Plusieurs études iconographiques sont consacrées à l’histoire coloniale et aux abolitions de l’esclavage :
http://www.histoire-image.org

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Cette double page permet d’entrer dans le cœur du sujet de la leçon : l’appropriation d’un territoire par un État étranger  processus
de colonisation  et la mise sous tutelle de la population par des cadres venus des métropoles créant une société coloniale qui
transforme le fonctionnement de la société autochtone.
Le document 1 est tiré du Petit journal du 19 novembre 1892. L’illustration montre à la fois la supériorité du corps expéditionnaire
français (armement récent, fusil Lebel et canons) mais aussi la résistance de la population qui, à l’appel du roi Béhanzin et armée de
vieux fusils de traite, refuse par le combat la présence militaire française. L’image diffusée en France montre des militaires français
héroïques et n’évoque que rarement les pertes, pourtant conséquentes : deux expéditions militaires, en 1890 et en 1892, seront
nécessaires à la France avant de s’imposer par la force.
Une fois conquis, le territoire devient colonie européenne, comme ici au Congo (doc. 2), colonie belge. La population est alors utilisée
comme main-d’œuvre dans le cadre de travail forcé afin de construire les lignes de chemin de fer qui permettront de relier au port
les mines de matières premières exploitées et les plantations de produits agricoles tropicaux. Les cultures tropicales sont produites
par de grandes sociétés et entreprises européennes au profit de la métropole vers laquelle elles sont envoyées.
La frise chronologique permet de contextualiser les étapes : exploration, conquêtes, installation et exploitation des colonies.

P . 1 1 8 -1 1 9 É TUDE L E S A B O L I T I O N S D E L ’ E S C L A V A G E
Cette double page permet à l’élève d’appréhender les abolitions de l’esclavage comme un processus long, près d’un siècle,
international (doc. 1), initié par un mouvement abolitionniste d’élites européennes (doc. 2 et 4), accéléré voire mis en œuvre par les
esclaves en révolte (doc. 1 et 3) et qui trouve une voie légale dans son caractère définitif (doc. 5 et 6).
La compétence mise en œuvre permet d’allier connaissances et analyse d’une œuvre d’art.

ACTIVITÉS

1. Saint-Domingue s’est libérée de l’esclavage à la suite de révoltes d’esclaves emmenés par Toussaint-Louverture dans un premier
temps, puis proclamant la République d’Haïti en 1804.
2. Le premier pays à abolir l’esclavage dans ses colonies est l’Angleterre en 1833.
3. En France, le processus de l’abolition de l’esclavage est long. Des élites abolitionnistes y sont favorables dès 1788 et des esclaves
se révoltent contre leur situation en 1790-1791. Mais il faut attendre 1794 pour que la Convention vote l’abolition de l’esclavage dans
les colonies françaises. Toutefois, Napoléon le rétablit en 1802. Ce n’est qu’en 1848 qu’il est définitivement aboli sous la IIe
République.
4. Pour convaincre l’opinion, les abolitionnistes utilisent plusieurs arguments : les Noirs sont considérés comme des humains comme
les autres, des « frères » ; or ils sont traités comme des marchandises, objets de maltraitance et de violences.
5. La République abolit l’esclavage car il est contraire à la devise républicaine « Liberté – Égalité – Fraternité ». Une indemnité
dédommagera les propriétaires d’esclaves.
6. a. Réalisé en 1849, cette peinture suit de quelques mois l’abolition de l’esclavage votée en avril 1848.
b. Deux types de personnages sont représentés : des esclaves, hommes femmes et enfants, et deux hommes dont le commissaire de
la République Sarda-Garriga.
c. Dans le décor, un buste de Marianne et le mot « Liberté » gravé rappellent la République. Une usine, une machine agricole, des
outils rappellent le travail.
d. Sarda-Garriga, placé devant le buste de Marianne, pointe de sa main gauche les outils de travail forcé des esclaves et de l’autre
main tient le décret qui précise qu’ils sont désormais libres.

P . 1 2 0 -1 2 1 É TUDE L E S E X P L O R A T I O N S E U R O P É E N N E S
Cette double page permet à l’élève d’approcher une étape parfois négligée et pourtant préalable au processus de colonisation : les
explorations européennes. Au faîte de sa puissance, portée par ses innovations techniques et son industrialisation, l’Europe
encourage l’esprit d’aventure, les explorateurs dans la découverte de nouvelles terres. Celles-ci concernent aussi bien les régions
polaires (doc. 1) que de gigantesques espaces abordés par les Européens seulement depuis les côtes comme l’Afrique. La biographie
de Livingstone (doc. 4), la Une du Petit Journal consacrée à Brazza (doc. 3) et les notes de voyages de Gustave Binger (doc. 5)
abordent les personnalités, les motivations et les objectifs des explorateurs. La carte de l’Afrique (doc. 2) donne à voir les trajets des
explorateurs à l’échelle d’un continent.

ACTIVITÉS

2.
Identité de l’explorateur Régions explorées Objectifs de l’explorateur
Pierre Savorgnan de  Région africaine du golfe de Guinée entre 1849 et  collecter des objets des régions
Brazza, officier français 1873 ; explorées ;
 remonte le cours du fleuve Ogoué depuis la côte  cartographier ces régions ;
atlantique, au niveau de l’équateur.  représenter la République
française auprès des populations
rencontrées.
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David Livingstone,  Régions africaines au Sud de l’équateur entre  évangéliser les populations non
missionnaire anglais 1849 et 1873 ; chrétiennes
 part de la colonie du Cap et remonte vers le Nord,  trouver les sources du Nil ;
en suivant le cours du Zambèze jusqu’à l’océan -cartographier les espaces
Indien. Puis remonte jusque vers le Lac Tanganyika parcourus.
et, vers la côte Ouest, jusqu’à la côte atlantique ;
 plus de 6 000 km d’après l’échelle.
Gustave Binger, officier  Région du Sénégal entre le tropique du Cancer et  découvrir et cartographier de
de marine français l’équateur entre 1887 et 1889 ; nouvelles terres ;
 remonte le cours du fleuve Niger puis descend  prendre possession de territoires
vers le Sud jusqu’au golfe de Guinée. au nom de la France ;
 esprit d’aventure.
3. a. Le but des explorateurs des régions polaires est scientifique. Il est de rapporter des objets et des traces de populations qui
autrefois ont vécu aux pôles, et de cartographier ces nouveaux espaces encore inexplorés.
b. L’objectif n’est donc pas le même que les explorateurs africains car il n’existe pas de volonté de conquérir, de soumettre ou de
prendre possession de territoires.

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Largement médiatisée en France, la campagne de Madagascar abordée dans cette double page montre les enjeux de la colonisation
(doc. 2). Conquête rapide mais difficile, l’armée coloniale, composée de Français et d’indigènes, doit faire face à la résistance de la
reine Ranavalona III et ses troupes (doc. 3 et 4). La « pacification » menée par Gallieni dure jusqu’en 1904 : les méthodes sont
violentes, les populations civiles ne sont pas épargnées (doc. 5 et 6).
La compétence mise en œuvre permet à l’élève, en croisant des documents de différente nature, d’aborder les enjeux, les facteurs, le
déroulement et les conséquences de la conquête, première phase de la mise sous tutelle d’une colonie.

ACTIVITÉS

1. Madagascar, grande île située dans l’océan Indien, à proximité de la rive est du continent africain offrirait, selon le député, un intérêt
stratégique pour la marine française, militaire ou marchande, sur le chemin des Indes. D’autre part, elle pourrait avoir un intérêt
économique par son exploitation et sa mise en valeur.
2. L’armée coloniale est formée d’officiers blancs français, et d’hommes de troupes africains, les « tirailleurs sénégalais ». D’après
l’illustration, les Français sont plus nombreux, mieux armés et mieux organisés.
3. L’affiche représente le moment où la France prend possession de l’île de Madagascar et signifie la fin de la souveraineté des
Malgaches et la proclamation de Madagascar comme colonie française.
4. L’armée française réprime durement la résistance malgache en s’en prenant aux résistants supposés comme aux populations
civiles. Les codes de combats ne sont pas respectés : on continue de tirer malgré le cessez-le-feu, et les prisonniers sont exécutés.
5. a. Gallieni annonce aux Malgaches que, tout en conservant leurs traditions, ils pourront profiter des bienfaits que la France leur
promet.
b. La dernière phrase peut toutefois être comprise comme un avertissement si jamais les Malgaches ne coopéraient pas avec la
France.
6. Dans les années 1890, la France décide de s’emparer de l’île de Madagascar.
 Les motivations de la conquête : Madagascar permettrait à la France une présence plus forte dans l’océan Indien, offrirait à la
marine française un point d’appui et procurerait un territoire à mettre en valeur.
 La violence de la conquête : la guerre est une guerre longue et difficile qui se déroule en deux étapes. La première voit des combats
entre un corps expéditionnaire français, composé d’Européens et de troupes coloniales, et le peuple malgache armé qui se soulève à
l’appel de sa reine. La deuxième étape correspond à la « pacification » c’est-à-dire à l’éradication de toute résistance en s’en prenant
de façon violente et systématique à toute opposition, qu’elle soit militaire ou non.
 Le projet colonial proposé aux Malgaches par Gallieni : une fois complètement conquise, Madagascar est proclamée colonie
française. La monarchie perd ainsi sa souveraineté, alors assurée par la France qui exerce un contrôle total sur un territoire qu’elle
intègre au sien. Gallieni propose aux Malgaches de conserver leurs coutumes et leurs lois en profitant « peu à peu des bienfaits »
apportés par la France.

P . 1 2 4 -1 2 5 É TUDE L E S E M P I R E S C O L O N I A U X
Cette double page montre que deux grandes puissances coloniales se partagent le monde dominé au début du XXe siècle : la France et
le Royaume-Uni de Grande-Bretagne. Très étendu, leur empire colonial s’est constitué en quelques décennies.
La compétence mise en œuvre permet à l’élève de localiser distinctement les principaux empires coloniaux.

ACTIVITÉS

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1. Le Royaume-Uni est fortement présent en Afrique : dans le Golfe de Guinée (Côte de l’Or et Nigeria) et, selon un axe Nord/Sud qui
part d’Egypte vers l’Afrique du Sud passant par le soudan, le Kenya, la Rhodésie. Sa présence en Asie en 1914 est aussi
importante en Malaisie et en Inde, appelée par les Britanniques « l’empire des Indes ».
2. La superficie de l’empire britannique est de plus de 22 millions de km2. L’importance de sa population, 400 millions, est due à sa
présence en inde, très peuplée.
3. Les principales colonies françaises en 1914 en Afrique se trouvent au Nord de l’équateur, plutôt à l’Ouest : l’Afrique occidentale
française et l’Afrique équatoriale française. La France est aussi présente à Madagascar. En Asie, la France dispose de quelques
comptoirs en en Inde (Pondichéry par exemple) et est présente en Indochine.
4. En 1914, d’autres puissances européennes possèdent des colonies, mais en moindre importance : la Belgique (Congo), les Pays-
Bas (Indes néerlandaises), l’Allemagne (Togo, Cameroun), l’Espagne (Canaries), le Portugal (Angola), l’Italie (Lybie).
5. La grande période de l’expansion coloniale européenne correspond à la fin du XIXe siècle. En 1870 en effet, la présence européenne
en Afrique est très réduite et située sur les côtes, alors qu’en 1914, le continent est complètement sous possession et contrôle
européen, de même en Asie, en Inde et Indochine.

P . 1 2 6 -1 2 7 COURS 1 L E S C O N Q U Ê T E S C O L O N I A L E S
Par cette double page, l’élève est amené à replacer les conquêtes coloniales dans une perspective européenne : le texte de Jules Ferry
(doc. 1) expose les grands axes qui justifient à ses yeux de mener une politique colonialiste, l’image d’Épinal (doc. 2) donne à voir les
moyens mis en œuvre, la carte (doc. 3) présente les conséquences territoriales des conquêtes et le document 4 expose les raisons
pour lesquelles les puissances européennes peuvent être amenées à s’affronter ou s’opposer entre elles à propos de ces conquêtes.

RÉPONSE AUX QUESTIONS

Doc. 1 Jules Ferry justifie les conquêtes


1. Le document est un discours prononcé à l’Assemblée nationale par le député Jules Ferry.
2. Les populations coloniales sont considérées comme « des races inférieures ».
3. Économiquement, la France peut tirer profit des colonies considérées comme un lieu possible pour vendre les produits européens,
un « débouché ». Stratégiquement, la France disposerait, si elle se lançait dans une politique de colonisation, de lieux qui
permettraient à sa flotte de se ravitailler partout dans le monde, et d’être militairement présente.
4. Selon Ferry, la France doit « civiliser » les « races inférieures » : leur apporter ce qui fait la civilisation française : sa langue, sa
façon de vivre et de voir les choses.
5. Si la France renonçait à la colonisation, Ferry pense qu’elle perdrait son influence et son rang sur le plan international et ne serait
plus une grande puissance.

Doc. 3 L’expansion française en Afrique du Nord


La carte montre les territoires conquis par la France en Afrique du Nord entre 1830 et 1914. Confrontée au texte, les deux documents
montrent la rivalité des puissances européenne dans le cadre des conquêtes coloniales. En particulier ici l’Allemagne qui s’oppose à la
colonisation du Maroc par la France pour des raisons économiques et pour des raisons qui tiennent à son prestige et son rang de
puissance.

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Cette double page permet à l’élève de s’exercer à la réalisation d’une tâche complexe. Chaque élève peut travailler la compétence
« Raisonner » en choisissant une démarche lui permettant de réaliser son projet. Grâce aux documents proposés (doc. 1et 7 : la Une
d’un almanach de 1893 qui montre la cohabitation de deux sociétés et la transformation des paysages et des activités sous l’effet de
la colonisation par des Européens de plus en plus nombreux ; doc. 2 : un graphique qui montre l’appropriation croissante des terres
par les Européens en Algérie ; doc. 3 : une complainte populaire algérienne contre les effets de la colonisation française, doc. 4 et 6 :
une photographie qui montre la volonté française de modifier les habitudes culturelles des Algériens ainsi que ses limites ; doc. 5 :
une gravure dans un journal populaire qui montre une inauguration de chemin de fer par les autorités françaises), les élèves
peuvent mener une enquête en Algérie.
Proposition d’article de presse
« Lors de mon second voyage en Algérie, en ce début de XXe siècle, que de changements j’ai pu observer ! Il me faut d’abord rappeler
à nos lecteurs comment le territoire et la population algérienne ont été conquis par la force et dans la brutalité dès 1830 par l’armée
française depuis une expédition qui traversa la Méditerranée. Aujourd’hui, 80 ans après, 14 % de la population de l’Algérie est
européenne. Des Européens qui ont profondément transformé l’économie : mise en place de chemins de fer, aménagement du port
d’Alger, implantation de la culture de la vigne. Un confrère français met aussi en avant, dans un article de l’Illustration, la volonté
d’enseigner la langue de Molière en Algérie. Mais faut-il ne conserver que cette image idyllique qui répondrait aux volontés de Jules
Ferry ? Le colonisateur français, qui a favorisé l’arrivée de colons venus d’Europe, a facilité leur implantation au détriment des
populations locales en confisquant plusieurs millions d’hectares de terres fertiles. Elles ont aussi dû payer des impôts nouveaux et se
sont appauvries. On pourrait penser que les Algériens pourraient s’en sortir par l’école et réussir par leurs études, mais 95 % des
enfants qui sont scolarisés sont d’origine européenne contre seulement 5 % d’enfants algériens. Vivre en Algérie est facile pour les
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uns, difficile pour les autres. La société est devenue inégalitaire. Mon prochain séjour dans ce beau pays profondément transformé
verra-t-il l’amélioration de la condition des populations colonisées ? »

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Par cette double page, l’élève approche l’après conquête et la complexité des rapports qui peuvent se mettre en place dans les
sociétés coloniales. Foncièrement inégalitaire dans le domaine économique (doc. 1 et 2 : travail forcé, exploitation économique au
profit des métropoles colonialistes), l’influence culturelle des Européens se marque dans la vie quotidienne (doc. 3 et 5 :
évangélisation, apprentissage de la langue des colonisateurs, importation de fêtes chrétiennes) mais n’en reste pas moins
inéquitable et engendre des résistances et des revendications (doc. 4) tant les populations autochtones semblent tenues à l’écart des
progrès dont le profit revient aux colonisateurs.

Doc. 1 Les plantations coloniales


1. L’affiche montre un personnage central qui semble surveiller ce que font les autres : le travail dans un champ de canne à sucre
cultivé dans un espace tropical. Ce travail peut se lire comme une BD et montre les différentes étapes de la coupe à la fabrication du
rhum.
2. C’est l’entreprise coloniale qui tire bénéfice de l’exploitation de la canne en vendant le rhum fabriqué en Martinique dans les
grandes villes françaises et européennes.

Doc. 2 Le travail forcé à Madagascar


1. Le but des corvées est ici la construction par une main-d’œuvre gratuite, d’une route qui mènerait de Tananarive, la capitale, à
Tamatave, sur la côte Est de l’île. La conséquence est une très forte mortalité des Malgaches.
2. Les colons craignent vraisemblablement ne plus disposer de main-d’œuvre suffisante pour travailler dans leurs exploitations
agricoles.

Doc. 3 Les colons et leurs domestiques en Inde


1. Cette scène se déroule en Inde à la fin du XIXe siècle.
2. La puissance coloniale est le Royaume-Uni.
3. Les activités des domestiques sont au service des maîtres européens : s’occuper des enfants, ventiler et servir des boissons pour
rafraichir la famille européenne représentée.
4. Deux éléments distinguent les colons des autochtones : les vêtements et les activités. Les colons sont oisifs quand les autres
travaillent à leur service.

Doc. 4 La domination européenne vue par un Vietnamien


Trois reproches sont faits par ce Vietnamien à la puissance coloniale :
 assommer d’impôts la population vietnamienne ;
 la contraindre à avoir des emplois de subalternes ;
 ne pas lui enseigner à l’école les matières importantes et nouvelles qui lui permettraient de se développer

Doc. 5 L’action des missionnaires


1. Dans un décor de brousse africaine, devant une habitation construite de produits de la nature, deux religieux portant un casque
colonial semblent prêcher la « bonne parole » à un groupe d’enfants noirs.
2. On peut imaginer que le dialogue tourne autour de la conversion religieuse : « Mes enfants, nous sommes ici pour sauver votre âme
comme Jésus l’a fait en son temps pour l’humanité toute entière. Pour cela vous devez devenir chrétiens, apprendre les prières et les
réciter. »

P . 1 3 2 -1 3 3 JE M’ E XE RC E P A R C OMP É TE NCE

P. 132  1) L’extermination des Hereros


1. Le massacre des Hereros se déroule dans la colonie allemande du Sud-Ouest africain. Entre 1904 et 1906, les colonisateurs
allemands décident d’exterminer la population herero de ses terres.
2. Le général von Trotha évoque « Samuel Maherero (le chef de la révolte) » et le dessin de presse montre un Herero qui se débat.
3. Le général allemand von Trotha édicte deux décisions : faire fuir les Hereros de la colonie allemande ou les tuer. Les civils sont
concernés par cette mesure : « Je n’accepte aucune femme ou enfant. Ils doivent partir ou mourir ».
4. La conséquence de ces mesures est la quasi disparition du peuple herero sur son propre territoire : près de 80 % a disparu,
contraint à la fuite et la migration ou à l’extermination.
5. La caricature montre un soldat allemand en train de tirer un Herero par les cheveux pour l’emmener en dehors de la colonie tandis
qu’un autre soldat s’apprête à le tuer d’un coup de baïonnette. Cette scène se déroule sous le regard bienveillant d’un homme de

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religion européen. Ce dessin dénonce le massacre des Hereros en mettant en valeur la brutalité de gens numériquement plus
nombreux et armés face à un homme seul et sans armes et en soulignant l’inaction des représentants religieux.

P. 132  2) Étudier un graphique sur le commerce colonial


1. Le premier graphique montre les exportations, c’est-à-dire les produits envoyés depuis la France et vendus en Algérie vers 1900. Le
deuxième graphique montre les importations, soit les produits envoyés d’Algérie vers la France.
2. À cette époque, l’Algérie est une colonie française.
3. Les produits importés d’Algérie depuis la France sont essentiellement des produits d’origine agricole (production ou élevage) non
transformés, bruts (à l’exception du vin).
4. On peut dire que l’Algérie est un débouché pour l’économie française puisque les exportations de produits fabriqués, des biens de
consommation souvent réalisés à partir de produits bruts importés d’Algérie, sont vendus en Algérie et rapportent au total, en 1900,
près de 920 millions de francs à la France.

P. 133  3) J’analyse un document. Les femmes en situation coloniale


1. Les deux documents datent du début du XXe siècle. Le premier est un texte rédigé par un Vietnamien du nom d’Hô Chi Minh qui
dénonce le traitement que le colonisateur fait subir aux femmes de son pays. Le second est une carte postale représentant des
prêtres missionnaires et des religieuses soignant les lépreux en Indochine.
2. À l’époque de ces documents, l’Indochine est une colonie française.
3. L’image montre des religieuses en mission au Vietnam en train de secourir des gens pauvres. Elles distribuent à boire ou à manger,
elles réconfortent les enfants.
4. D’après le document 1, les violences subies par les femmes sont des insultes verbales, des coups, des viols.
5. Il faut garder un regard critique sur le message contenu dans chacun de ces documents. Le premier dénonce les violences faites
aux femmes par les colonisateurs et s’adresse aux Vietnamiens de sn pays pour qu’ils se soulèvent. Le deuxième, au contraire, donne
une vision positive et met en valeur l’action des colonisateurs dans le but peut-être d’encourager les vocations ou les dons auprès des
sœurs Saint-Paul de Chartres. Il s’adresse plutôt à des Français de métropole. Chacun semble être dans un parti pris.

P. 133  4) Étudier les abolitions de l’esclavage


1. Les esclaves de Saint-Domingue, colonie française, se révoltent en 1791.
2. La libération des esclaves s’est faite par la guerre dans les colonies espagnoles au XIXe siècle.
3. Le principe d’une abolition totale et immédiate en France se répand en 1848.
4. Schœlcher demande une abolition immédiate et sans délai de l’esclavage en France car il craint une rébellion générale comme à
Saint-Domingue. Le 4 mars 1848, un décret est pris qui abolit l’esclavage sur les terres françaises.
5. Les négociants et les planteurs craignent que l’abolition n’apporte du désordre dans les colonies et les ruine économiquement.

P . 1 3 4 JE P RÉ P A RE LE B R E VE T

Exercice 1 Analyser et comprendre un document


1. Ce document est la représentation d’une couverture de cahier scolaire destiné à des enfants scolarisés vers 1900, au moment où
les conquêtes coloniales françaises sont majoritairement terminées.
2. Les personnages du premier plan appartiennent à différentes parties de l’empire colonial français : (de gauche à droite) des
Africains noirs, des Africains du Nord, arabo-musulmans, un Asiatique. Leur attitude est calme, pacifique et accueillante.
3. La femme au centre représente la France sous les traits de la Marianne cuirassée et républicaine, coiffée d’une couronne de
lauriers et des attributs de la statue de la liberté. Elle tient de sa main droite une branche d’olivier, de sa droite un bouclier bleu-blanc-
rouge sur lequel sont proclamées les intentions de la France : « progrès, civilisation, commerce ».
Les personnages derrière elles représentent l’armée française à sa droite, les anciens représentants de la France à sa gauche qui
colonisèrent les premiers territoires au nom de la France au XVIIe et XVIIIe siècle (drapeau au lys royal). La mer et les navires à l’arrière-
plan montrent que les territoires sur lesquels Marianne pose pied sont outre-mer. Les navires sont le moyen par lequel la France a pu
partir à la conquête de colonies.
4. Cette image de propagande fait passer des messages simples : la France vient pacifiquement apporter sa protection pour favoriser
le progrès et le commerce entre elle et ses colonies ; les autochtones accueillent de façon pacifique et positive la France sur leur
territoire.
5. Ce message ne reflète qu’imparfaitement la réalité. D’une part, il est juste que la France a colonisé des territoires outre-mer,
particulièrement en Afrique du Nord et en Afrique Noire, en Indochine à la fin du XIXe siècle. Mais d’autre part, la colonisation n’a pas
été pacifique mais violente. La conquête du Dahomey ou de Madagascar dans les années 1890 a été violente et a suscité la

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résistance des populations indigènes. De même, l’armée française s’est livrée à des massacres de civils ce que ne montre pas cette
image de propagande.

Exercice 2 Maîtriser différents langages pour raisonner


Introduction
La France réalise de nombreuses conquêtes coloniales au XIXe siècle en Afrique (Algérie, Madagascar...) et en Asie (Indochine).
Comment s’organisent les sociétés des colonies une fois la conquête achevée ?
I. La France domine les colonies en les gouvernant et en les exploitant.
A. La France s’empare par la force des colonies.
B. Le gouvernement de la colonie relève de l’administration française.
C. Les produits tropicaux, matières premières énergétiques ou agricoles, sont exploitées au profit de la métropole.
II. Populations colonisées et colons vivent de façon très inégale.
A. Les populations colonisées sont soumises à de nouvelles règles (impôts, corvées…) et s’appauvrissent.
B. Les colons s’installent sur des terres confisquées aux autochtones.
C. Les colonisateurs apportent leur modèle culturel.
Conclusion
Alors que Jules Ferry promet à la fin du XIXe siècle de renforcer le pouvoir de la France par la conquête coloniale et d’élever les
autochtones vers une « civilisation » meilleure, on peut dire qu’en 1914 la France domine sans partage les colonies qu’elle administre,
et qu’elle a modernisées mais souvent au détriment des populations colonisées.

P . 1 3 5 JE CONS TR U I S MON B I L A N

1 Je me repère dans le temps et dans l’espace


1. 1 : Algérie ; 2 : AOF ; 3 : AEF ; 4 : Madagascar ; 5 : Indochine.
Outre-mer la France est présente dans des îles : dans l’océan Atlantique, les Antilles (Martinique, Guadeloupe), dans l’océan Indien,
La Réunion.
2. A : Égypte ; B : Soudan ; C : Kenya ; D : Afrique du Sud ; E : Inde ; F : Malaisie.
3. Le canal de Suez est situé entre la mer Rouge et la mer Méditerranée. Il est très important pour le Royaume-Uni car il lui permet de
rejoindre l’empire des Indes plus rapidement, sans réaliser le tour de l’Afrique.

2 Je complète une carte mentale sur la colonisation


1. Les causes de la colonisation : Nationalisme / Matières premières
Les territoires colonisés : Afrique / Asie
Les facilités de la conquête : Supériorité des armes / Division des peuples indigènes
2. Domaine social : paysans pauvres / Corvées et impôts / Emplois subalternes / Ruine des artisans
Domaine culturel : Scolarisation partielle / Christianisation
Domaine sanitaire : Campagne de vaccination / Baisse de la mortalité

3 Je connais le vocabulaire de la colonisation


a : un missionnaire
b : un colon
c : la métropole
d : l’abolitionnisme
e : un dispensaire
f : un protectorat
g : un empire colonial

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