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Métropole et colonies française ( 1880-1914) .

La colonisation est un processus historique de longue durée qui commence au XVI e siècle.
Les colonies sont des territoires conquis, administrés depuis les métropoles, qui ont perdu toute
souveraineté. ( On distingue plusieurs vagues de colonisation auxquelles la France participe. La première
concerne l’Amérique, les conquistadors viennent de la Péninsule ibérique, puis du reste de l’Europe ; la
France perd la Louisiane mais conserve les Antilles ; en Afrique et en Asie des comptoirs sont créées. )
La colonisation s’accélère entre 1880 et 1914. On assiste à une course pour le partage du
monde – une des causes de la grande guerre. Les deux plus grands empires sont le français et le
britannique. Cartes p. 210 et 211.
La colonisation s’inscrit alors dans la mondialisation qui s’est développée avec
l’industrialisation de l’Europe et des Etats-Unis mais aussi la modernisation des transports
(télégraphe, steamers, navigation à vapeur, transport frigorifique). Les Européens devenus
l’usine du monde exportent leurs produits manufacturés et importent des denrées brutes
(minerais, matières 1eres, produits agricoles). La colonisation coexiste alors avec d’autres
formes de domination économiques et non politiques.La Chine est partagée entre les
puissances étrangères ; l’empire ottoman également (ce dernier s’endette et perd sa
souveraineté, les banquiers contrôlent son économie).
Les marxistes ( Marx dans Le Manifeste du parti communiste et Lénine dans Impérialisme,
stade suprême du capitalisme) pensent la mondialisation comme inéluctable pour le
capitalisme (recherche de débouchés, de matières premières). Lénine forge la notion
d’impérialisme qui englobe toutes les formes de domination.
Les enjeux de la colonisation sont aussi politiques. En France cette phase de l’histoire de
colonisation est menée par la III e République. La I République avait aboli l’esclavage en
1794, mais la mesure avait été abandonnée sous la pression des grands propriétaires colons ;
l’esclavage est aboli une seconde fois en 1848. La colonisation est un processus qui a des
répercussions sur la métropole et les colonies. On peut dire qu’à partir des années 1880 la
République devient coloniale. Ce qui n’est pas sans poser de questions.
Comment la République, fondée sur la souveraineté du peuple, le respect des principes de
liberté et d’égalité, a-t-elle pu a t elle pu poursuivre l’oeuvre coloniale violente ?

Pour s’ouvrir l’appétit...


https://www.youtube.com/watch?v=mVfKi8F0iRY
Présentation générale de la colonisation avec des historiens éminents (Ferro, Stora) voir la
première demi-heure.

La réflexion de Pacal Blanchard, historien


https://www.youtube.com/watch?v=J_3S0bLlwd4
https://www.youtube.com/watch?v=a6CRIWRhwh8

I. la République devient coloniale.

Pourquoi et comment la la République devient-elle coloniale ?

Facteurs et débat autour de la colonisation.

En guise de réflexion préalable, l’étude de 2 textes : Ferry et Clemenceau, p. 216-217. .


Après avoir présenté les documents vous montrerez avec quels arguments Ferry défend la
colonisation et Clemenceau la conteste.
Un débat a lieu au parlement les 28 et 30 Juillet 1885 à propos du financement d’une expédition à
Madagascar ; il oppose Ferry, ministre de l’instruction et fondateur de la III e République, chargé de justifier
la colonisation et Clemenceau, un républicain radical. ( voir les encadrés p. 216-217). Ferry s’explique sur
son engagement en faveur de la conisation.
Les facteurs de la colonisation sont économiques, politiques et géopolitiques, civilisation.
Les marxistes insistent sur le facteur économique ; la recherche historique a montré que la dimension
politique était primordiale... une compensation après la défaite de 1870... projet impérial... affirmation de
puissance.
La colonisation est défendue par des Républicains qui cherchent à laver l’humiliation de la défaite contre
l’Allemagne et entendent faire de la France une grande puissance même si Ferry la défend aussi avec des
arguments économiques et civilisationnels... Il faut apporter les lumières de la civilisation dans les
campagnes françaises et dans les colonies. Il justifie la colonisation par la mission civilisatrice des races
supérieures... ( laïcisation de l’idéal chrétien) et commence à construire un imaginaire social, colonial... En
effet la colonisation n’est pas encore populaire (elle ne le devient que dans les années trente avec
l’exposition coloniale 1931), elle est contestée par les libéraux ( au plan économique).
Poursuivre avec le texte de Victor Hugo, p. 228. la colonisation aussi une manière de régler la question
sociale ; envoyer dans les colonies les ouvriers les plus turbulents, leur donner un lopin de terres). En
Grande-Bretagne on parle alors du « fardeau de l’homme blanc » ( Kipling)). Le racisme est en plein essor
depuis la fin du 19 e siècle ; on parle même de darwinisme racial.

En 1870 la République hérite de colonies comme l’Algérie ( colonisée en 1830 et transformée


en département en 1848), le Sénégal, les Antilles, la Réunion, la Cochinchine, le Cambodge et
qq comptoirs indiens.

La République se lance dans l’aventure coloniale pour des raisons économiques et politiques
en développant la théorie de la mission civilisatrice. Cette théorie justifie la colonisation :
devoir des races supérieures de civiliser des races inférieures. Pourtant existe une
contradictions entre les idéaux de la République et la violence de la soumission des indigènes.
(Une autre manière de renforcer la nation contre les adversaires de la République et contre
l’agitation sociale.)
La carte de l’empire colonial fr va être épinglée dans toutes les salles de classe (rouge pour la
France, rose pour les colonies) un des constituants de la construction d’un imaginaire colonial
qui intègre la discrimination des races. ( race, notion utilisée par A. Thierry dans puis par
Taine, concerne les normands) assise scientifique dans les disciplines comme l’anthropologie...

La conquête violente suscite des résistances. Cartes p. 210 et 211.


l’expansion coloniale concerne la Tunisie ( 1881), l’Indochine, ( 1887), Madagascar ( 1897,
l’AOF ( 1895) et le Maroc en 1912.
( en Afrique les européens se sont partagés le continent à la conférence de Berlin 1885).

La III République se lance dans le nouvel épisode de l’aventure coloniale pour devenir une
grande puissance ; de la sorte elle étend donner une autre représentation de la nation qui
désormais va compter l’outre-mer mais implique une hiérarchie raciale ; elle met en avant une
mission civilisatrice ( comme la Grande Bretagne et les Etats-Unis).

II.Le second empire colonial.

Document 1. p. 229. Point de départ. Pour mesurer les contradictions de « l’oeuvre » de


colonisation, on peut partir du commentaire de cette affiche. 1 décrire. 2 expliquer.
La France identifiée à Marianne exige la subordination des peuples colonisés ; munie d’une
corne d’abondance elle prétend leur apporter prospérité...
Qu’en est-il en réalité ?

1. La France sur tous les continents.


a. 48 millions d’habitants sur 11 millions de km2.

b. Plusieurs statuts : Algérie et Madagascar sont des colonies et le Maroc et la Tunisie des
protectorats.
2 types de colonies : peuplement ou d’encadrement.
1 seule colonie de peuplement, l’Algérie, administrée comme la France, on y trouve 3
départements.

c. Administration directe ou indirecte.


Les Français sont minoritaires et les territoires sous-administrés ; ce qui favorise les ententes
avec les indigènes mais aussi l’arbitraire. Dans l’ensemble des colonies, l’administration est
plutôt directe ; avec quelques exceptions, au Maroc, les Français conservent le Roi et
l’administration existante...

2. les formes de la domination.


a. politique et administrative.

A partir du documentaire et des documents du livre p. 218 rédiger un paragraphe argumenté sur
le code de l’indigénat : une expression de la domination coloniale. Lire avec soin le document 6.
https://www.canal-
u.tv/video/chs/de_la_colonisation_au_code_de_l_indigenat_histoire_de_l_algerie.50457 ( 14
avril 2019). pour compléter, avec Sylvie Thénault l’auteur d’un livre sur le sujet.

Les populations sont dépossédées de leurs souveraineté. Le code de l’indigénat mis en place en
Algérie en 1881, établit un régime spécial d’exception qui maintient les colonisés dans un statut
d’infériorité. ( absence de liberté de circulation, arbitraire ; internement administratif). Ce code
est diffusé et disparaît rapidement en Indochine seulement.
Le code de l’indigénat montre qu’existent dans l’empire des degrés de citoyenneté. La loi
française ne s’applique pas aux indigènes car ces derniers ne pourraient la comprendre, dit-on. La
« citoyenneté restreinte » ne donne pas de droits politiques, sauf pour élire une assemblée
restreinte. L’idéal d’assimilation ne concerne pas pour l’ensemble des indigènes. ( quand les
indigènes sortiront de leur infériorité, ils accéderont à la citoyenneté pleine et entière).
( l’assimilation doit être opposé à l’idéal anglais : association ; les peuples sont associés, pas
d’idéal d’émancipation individuelle).

b. mise en valeur....

Documents p. 227 ; 5, p. 221 ; 2 et 4 p. 222 et 223.


Analyser les formes de la mise en valeur des colonies.

Dans l’empire français la mise en valeur des colonies reste limitée avant la première guerre
mondiale. Les Anglais entretiennent plus de relations avec leur empire : commerce et finances.
Les Français accaparent les terres, dépossèdent les indigènes... ( terres communales sans
propriété privée ; usage extensif de la terre). Ils importent des matières premières et
commencent à développer quelques plantations... ( arachide). ( dans l’AOF, ils se contentent de
prélever les fruits sans cultiver de plantations.)
Les colons recourent au travail forcé pour construire des lignes de chemin de fer (qq lignes
seulement reliant la mine et le port).
Les documents portent sur l’Indochine et montrent qu’à cette échelle la colonisation a des
conséquences plus visibles.

Entre deux guerres, exemple à connaître, la plaine de la Mitidja en Algérie. Le travail forcé
sera dénoncé par André Gide dans Voyage au Congo, 1927.

Domination culturelle.
Les indigènes ne sont pas alphabétisés dans leur ensemble, qq exceptions ( les villes en
Algérie). Ils y apprennent nos ancêtres les gaulois... ils subissent un processus d’acculturation,
leur culture d’origine est totalement dévalorisée, seule compte celle du colonisateur.
( document 3 p. 209).

c. Les conséquences sociales de la colonisation.


La colonisation donne naissance à des sociétés coloniales hiérarchisées mais spécifiques.

Documents p. 220 et 221 et p 222-223 1, 3, 5, 6.


Dégagez les spécificités de ces sociétés coloniales et définissez en particulier « évolués »,
« métis ».

Les campagnes sanitaires permettent une baisse spectaculaire de la mortalité ; c’est le tout début
de la transition démographique.
La colonisation entraine l’urbanisation ; les villes sont duales 1 le vieux centre (Kasbah pour
l’Afrique du nord) et 2 quartier moderne, colonial ( Le Plateau à Dakar, le quartier moderne de
Casablanca imite l’architecture de Nice ou Marseille).
Les sociétés traditionnelles sont bouleversées. La mise en valeur des colonies ne profite que peu
aux « indigènes ». les « évolués » sont peu nombreux. ( 5% de la population). Le métissage existe
mais le racisme important.

Lire Marguerite Duras, Un barrage contre le Pacifique. ( Rithy Pan en a fait un film).

( En France, sur les « zoos humains »)


https://www.franceculture.fr/histoire/lhistoire-de-marius-kolaie-kanak-expose-dans-un-zoo-
humain

La colonisation et l’impérialisme sont sources de tension entre les Européens en Asie et en


Afrique à Fadocha comme au Maroc ; ils sont une des origines de la grande guerre.

Pour justifier la colonisation la République met en avant sa mission civilisatrice ; elle entend
ainsi forger une grande nation puissante dans laquelle tous les citoyens devront s’intégrer. Mais
l’imaginaire colonial repose sur des inégalités raciales ; aussi l’idéal d’assimilation paraît
difficile à atteindre pour la majorité des indigènes maintenus dans un statut inférieur très
longtemps. La course aux colonies est un des facteurs de la grande guerre. La France comme
d’autres puissances coloniales ne vont pas hésiter à faire venir des hommes et des ressources
des colonies. Et la France très touchée par le conflit va intensifier la mise en valeur des
colonies entre les deux guerres. Le processus de décolonisation ne commence qu’après la
seconde guerre mondiale ; il va durer une quinzaine d’années. Les leaders charismatiques vont
retourner contre la métropole ses idéaux d’émancipation.

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