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Étudier deux notions fondamentales de la science politique, l’État et le gouvernement, par une
approche sociologique :
- Les jeux d’acteurs
- Les processus
C’est étudier les interactions qui sont multiples et conflictuelles. Elles régularisent la vie en
communauté. On part de l’idée qu’une pluralité d’acteurs prend part.
Ces deux types de relations se retrouvent dans les deux types de registre de pouvoir que l’on
retrouve dans toutes les sociétés c'est à dire domination et soumission d’une part et
commandement et obéissance d’autre part. La domination et soumission est un rapport de
puissance : des individus donnent des ordres quand d’autres s’y plient. L’obéissance peut passer
par la menace de violence physique, par des organes comme la police/justice mais aussi la
pression sociale du groupe dans son ensemble. Commandement et obéissance prennent en
compte la possibilité de désobéissance.
B. L’État
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d’imposer des normes dont il est le producteur et qui s’imposent à lui. C’est la coercition
légitime.
On a donc :
- Un territoire (espace géographiquement délimité) sur lequel s’applique des règles
juridiques posées sur les gouvernants,
- Un pouvoir de l'État qui s’exerce sur les citoyens mais aussi dans une certaine mesure sur
les étrangers présents sur le contrôle de l'État et
- La monopolisation de la contrainte légitime (un pouvoir d’injonction juridique c'est à dire
qu’il est producteur de droit). Il impose des normes et ces normes s’imposent à lui (Etat de
droit).
C. Le gouvernement
Il correspond aux modes de domination et de légitimation cad aux actes qui tendent à organiser
et à diriger la vie en société, et dont les effets s’imposent à tous les membres de la société. Le
gouvernement n’est pas seulement le fait de l’État mais de l’interraction entre les acteurs.
Lorsqu’on parle de gouvernement on est dans une relation verticale (croyance légitime de la
domination) alors que la gouvernance est plus horizontale (interdépendance entre les acteurs
pour produire de la décision collective). Le distinguo des conflictualités est moins mis en avant.
La diversité de l’Afrique
- Équilibre à trouver entre faire des généralisations abusives et aborder l’Afrique pays par
pays
- Une piste : parler des « Afriques » (Mamoudou Gazibo). C’est une prudence
méthodologique qui part du postulat que les états sont divers mais qu’ils existent des
régularités suffisament communes pour créer un cours sur l’Afrique.
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- Une piste : le doute méthodologique et la rupture épistémologique (Gaston Bachelard) =
nos perceptions et nos sens nous trompent car tout est socialement construit.
Le continent africain apparait presque quotidiennement dans les journaux, etc… mais entouré de
mystère ou alors ne relevant pas des mêmes catégories d’action et de pensée du reste du
monde. Il apparait vraiment à part. Ces perceptions sont le fruit d’une longue histoire et ont des
conséquences analytiques. Elles sont souvent des clichés qui sont autant des obstacles et défis
sur qui veut poser un regard analytique sur l’Afrique.
Produire un discours scientifique suppose un travail préalable sur les écrans : c’est la recherche
de l’objectivité. Comme le dit Weber, le chercheur doit être axiologiquement neutre. Il doit réunir
des faits avérés et produire des explications démontrables.
L’Afrique pose de nombreux défis aux chercheurs du fait de son histoire et de son statut de
continent dominé. Elle est rarement abordée de manière neutre, quel que soit le rapport du
chercheur au continent. Le biais : produire une analyse scientifique fait que la recherche se
déroule dans un contexte empreint de clichés, de stéréotypes (positifs/négatifs).
Jusqu’à l’ère chrétienne, l’image de l’Afrique n’a pas souffert de préjugés systématiques.
- Selon Valentin Y Mudimbe (The idea of Africa – 1994), il y a deux périodes :
o La période mythique (Homère huitième siècle av JC – Hérodote cinquième
siècle av JC) où l’Afrique est représentée par des monstres et de créatures via
des peintures. L’art représente d’une manière mystique l’Afrique du Nord (on ne
connaissait que ça)
o La période anthropologique (Hérodote cinquième siècle av JC). C’est la période
de recherche de compréhension (on n’est plus dans l’imaginaire) à travers des
descriptions fondées sur l’observation. On se fonde sur Hérodote qui était allé en
Lybie (nom donné à l’Afrique). Il n’échappe pas aux préjugés lui non plus (le
sperme des noirs serait noir). Cette période avant l’ère chrétienne est
relativement neutre sinon favorable à l’Afrique. Selon Alain Bourgeois (La Grèce
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antique devant la négritude, 1971) il est réconfortant que les grecs d’il y a 2
millénaires regardait avec admiration les nègres en tant qu’hommes fraternels.
La ruée vers l’Afrique (the scramble for Africa) et la conférence de Berlin (1884-1885)
- Le point culminant de la colonisation sont les années 1880. La ruée vers l’Afrique est
régulée par la conférence de Berlin (1884-1885) pour éviter des guerres entre puissances
coloniales européennes sur le sol africain. Dans les années 1870-1880 se multiplient les
explorations en Afrique de la part de grandes puissances européennes. Cela concerne la
France (Brazza), la Belgique (Stanley), le Portugal (Alexandre de Serpa Pinto).
- Bismark va s’inquiéter du retard de l’Allemagne dans ce domaine et va donc imposer des
règles, surtout concernant le libre accès commercial aux grands bassins fluviaux et
l’obligation d’occuper effectivement un territoire avant d’en revendiquer la possession.
- C’est la conférence de Berlin qui partage le « continent noir » et en trace les frontières.
Idée de mission civilisatrice portée par des hommes politiques mais aussi par des auteurs
(cela était lié à l’idée d’inégalité de races).
Victor Hugo a toujours été pour une mission civilisatrice. Il prononce un discours en 1879 où il
défend cette mission civilisatrice. V. Schœlcher (à l’origine du décret sur l’abolition de l’esclavage
en France en 1848) lui répond et parle de « magnifique mouvement philanthropique ».
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travailleurs de la terre, à savoir le nègre qu’on peut facilement dompter si l’on est bon
avec lui ».
- Thomas Jefferson (1743-1826 - troisième président USA) disait n’avoir « jamais constaté
qu’un homme noir avait développé une idée allant au-delà de la narration ».
- Le Larousse de 1866 disait que les nègres « ont le cerveau plus rétréci, plus léger et
moins volumineux que celui de l’espèce blanche ». Ces comparaisons binaires
(modernité/tradition, richesse/pauvreté, Lumières/ignorance) servent à justifier la
colonisation.
Le culturalisme est fondé sur les travaux de Boas : chaque culture est unique et singulière. Elle
représente une totalité singulière. Une telle démarche invite les chercheurs à mettre en lumière
des phénomènes sans savoir s’ils sont normaux… Il n’y a donc pas de culture supérieure aux
autres et du point de vue de l’éthique, chacune jouit d’une égale dignité et mérite le respect.
Des auteurs ont tenté de mettre à jour ces clichés et ont régulièrement adopté une
démarche défensive. Cette démarche avait pour but de prendre la défense de l’Afrique, de
dénoncer l’injustice dont elle était l’objet.
Selon Gazibo, on peut distinguer plusieurs dynamiques qui tentent d’enrayer ces clichés
sur l’Afrique.
Tout d’abord dans la littérature.
- C’est le cas des auteurs regroupés dans l’Harlem Renaissance avec des auteurs
comme Claude MacKay, Counte Culle, Lansgton Hughes). C’est l’idée prise de
conscience de l’existence d’une personnalité noire et un besoin d’affirmé une singularité
civilisationnelle.
- La négritude (Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor) est défendue dans des revues
Légitime défense, Présence Africaine. L’objectif était d’exalter la fierté d’être noir. Elle
voulait entreprendre un plaidoyer pour l’émancipation (ne pas oublier le contexte
colonial !). La négritude s’est fait le promoteur d’une pensée de libération politique et
culturelle de l’homme noir. Le mouvement né dans la période de l’entre-deux-guerres à
Paris de la rencontre d’étudiants Africains et Antillais. La négritude, courant littéraire, est
un néologisme vidé de son sens injurieux pour en faire le porte-drapeau de leur
affirmation identitaire. Césaire dira « il est temps pour le nègre d’entrer sur la scène de
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l’histoire du monde afin de témoigner de l’œuvre de l’Homme ». Pour Césaire la négritude
était un instrument de prise de conscience et de lutte. Avant la période des
indépendances (années 1960), cette littérature engagée a été au cœur de la réflexion
pour la libération des Africains. On y voit une lutte contre les préjugés, le racisme, la
colonisation.
Outre l’entremêlement du combat politique sur le travail scientifique, ces travaux ont deux
types de risques :
- La présentation d’une Afrique qui serait saturée de sens (selon Achille Mbembe).
Dans ses travaux là, il s’agit moins de produire de la connaissance que de contrecarrer
les clichés. Cela donne lieu à un ré-enchantement de la tradition. Tous les maux actuels
ne viendraient que de l’occident.
- L’autocensure (mis en avant par Jean-Pascal Dalloz). Il dit que les auteurs sur
l’Afrique n’abordent pas les sujets qui fâchent pour des réseaux d’engagement par peur
d’être exclu du cercle intellectuel. Par exemple, il donne l’exemple des débats sur la place
des Africains dans la production des Etudes africaines. L’autocensure consiste à ne pas
dire qu’il y a un décalage scientifique entre les centres d’information africains et
européens. Selon Dalloz il dit que c’est un constat : les centres de recherche africains
sont moins riches (facteur objectif). Il dit aussi que si on veut avoir une vie confortable,
être chercheur en Afrique n’est pas très profitable.
On a une sorte d’angélisme donc selon lui. Les chercheurs doivent avoir une neutralité
axiologique (pas de jugement de valeur de la part du chercheur). Tout cela n’est pas propice à la
production de travaux qui examinent l’Afrique pour ce qu’elle est réellement, concrètement.
Ce qui pose problème ce n’est pas le fait de généraliser mais d’avoir comme postulat que
l’Afrique serait uniforme. Certains processus sont en commun dans toute l’Afrique mais l’Afrique
est plurielle. L’idée est de parler des Afriques ce qui permet de prendre en compte
l’hétérogénéité : configurations territoriales différentes, trajectoires postcoloniales différentes,
niveaux de développement asymétriques, niveaux de démocratisation différenciés, niveaux de
conflictualité différent, régimes politiques différents
Adopter la même démarche méthodologique pour celle que l’on applique aux autres
objets, par exmple en Occident.
- Jean-François Bayard parle d’une approche qui restituerait « l’historicité propre des
sociétés africaines ». On n’étudie pas les sociétés africaines par rapport à des normes
qui seraient établies.
- Achille Mbembe propose de « rendre compte d’une manière aussi intelligible que
possible, de quelques formes de l’imagination politique sociale et culturelle dans l’Afrique
actuelle ». Les deux auteurs veulent décrire l’Afrique telle qu’elle est plutôt que de
l’interpréter subjectivement.
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- Wosene Yefru et Paul Zeleza pensent que la pensée sur l’Afrique doit partir de l’Afrique.
Zeleza dit que la recherche dominante est fabriquée en vue d’imposer la supériorité
occidentale. Certains auteurs se demandent s'il est légitime d'étudier l'Afrique
quand on n’est pas africain.
- Richard Sklar, à l’inverse, explique qu’il peut y avoir une tendance à être sentimental
donc c’est réducteur. Il dit que l’afro centrisme doit être un impératif analytique : étudier
l’Afrique pour elle-même sans multiplier les références à l’extérieur.
Pour pallier les risques liés aux deux approches on peut utiliser des approches mixtes.
Dans un contexte de forte prégnance des clichés, si l’on veut rendre compte de l’Afrique
telle qu’elle est pour elle-même, il faut :
- Une immersion sociologique et une approche compréhensive (Weber, Bourdieu :
comprendre la position des dominés sans pour autant se transformer en militant). Cela
permet de concilier différentes approches qui visent à décrire l’Afrique sans subjectivité.
- Échapper à la tension entre universalisme et relativisme culturel. On peut utiliser des
concepts issus d’études différentes tout en les adaptant aux particularités locales.
o L’idée d’« autorité duale » de Richard Sklar explique qu’il y a une coexistence de
pouvoirs traditionnels et de gouvernements bureaucratiques modernes (sortes
d’imbrication des formes coutumières et modernes de l’exercice du pouvoir).
L’étude du pouvoir ne peut se faire à partir de catégories ni seulement
universelles ni seulement culturelles.
o Jean-François Médard montre que les états africains sont hybrides (coexistence
de normes traditionnelles et bureaucratiques). Ça rejoint la théorie d’Étienne Le
Roy qui parle de pluralisme juridique et normatif (les acteurs font appel à des
normes coutumières ou modernes).
- Mamoudou Gazibo veut adopter un relativisme culturel modéré : concilier un modèle
général et des études de cas. On s’autorise à revisiter les concepts, les modalités
d’analyse à la lumière des études africaines (décentrer le regard). On échappe à la
domination de modèles universalistes.
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- La première partie parle d’économie. Il donne les chiffres de la corruption. L’idée
dominante est de dire que la corruption est partout et qu’elle constitue un frein au
développement. Il déconstruit cela en disant que la corruption n’est pas une spécificité
africaine. Il explique qu’elle est acceptée dans l’échange social. Pour le cliché de la
migration massive, il explique que ce ne sont pas les plus pauvres qui émigrent. Les
migrations les plus importantes sont sud/sud (intra-africaines).
- Dans la deuxième partie sur l’histoire, il donne l’exemple des frontières. Il dit qu’elles ont
été imposées de l’intérieur (conférence de Berlin) mais les Etats y sont attachés et peu
de frontières y sont contestés. Beaucoup de frontières ont éclaté des ethnies mais
c’est une illusion de faire des frontières parfaites sans couper les ethnies. Il dit que les
frontières sont des opportunités puisqu’elles permettent d’échanger.
- Sur la quatrième partie sur la géographie du monde rurale, il part du cliché d’une
agriculture surtout vivrière et familiale. C’est vrai mais les agriculteurs s’adaptent aux
contextes.
Georges Courade montre que les courants afro-pessimistes sont souvent le fait d’Africains. Ils
sont le fait d’Occidentaux mais aussi d’Africains.
- Les idées reçues fonctionnent en miroir : des arguments construits vont alimenter
l’idée d’une Afrique criminelle et d’autres tout aussi construits vont à l’inverse plaider en
faveur d’une Afrique qui serait victime.
- Les courants « afro-pessimistes »
- Le culturalisme (version positive ou pessimiste) en prônant les vertus de l’agronomie
traditionnelle ou « les africains sont voués au sous-développement parce que leur culture
y correspond ».
- Il définit les mentalités (p26) : les croyances, les normes et les valeurs partagées au
sein d’un groupe qui déterminent ce qui est bien ou mal, positif ou négatif dans le
comportement des individus au sein d’une même société dans la longue durée. Aborder
un ensemble social par ses mentalités revient à souligner sa différence culturelle qui
serait donnée une fois pour toute (coutumes, traditions qui ne vont plus bouger). De
nombreuses études montrent qu’il y a un pluralisme dans les normes.
Dans ce texte, les auteurs s’interrogent sur la production des idées reçues. Ils retiennent 3
sources :
- Les projections occidentales (souvent liées aux aides occidentales) : soit on applique
des techniques toutes faites sans se préoccuper des spécificités locales, soit on va voir
dans l’Afrique un continent merveilleux, bucolique dont l’Occident ferait bien de s’inspirer,
soit encore on va alimenter des visions caricaturales du continent par la médiatisation de
faits divers vus comme insolites.
- Les idées d’isolement, les lourds héritages et l’hostilité du milieu naturel (l’Afrique
est isolée, il y a des littoraux et des déserts, cela empêche les contacts et donc la
diffusion du progrès)
- La démographie suicidaire et le refus du développement : on courait à la catastrophe
puisque la population est passée de 177 à 505 millions d’habitants entre 1950 et 1990 et
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que l’ONU prévoit 1.3 milliards d’habitants en 2040. Or ce développement
démographique ne lui permettra retrouver le rang du XVIIe siècle (17% de la population
mondiale). Le pays le plus peuplé est le Nigéria.