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COURS: DROIT, STRUCTURES ET INSTITUTIONS POLITIQUES TRADITIONNELLES

BAC 2/DROIT UCB

Introduction
Objectifs du cours
Objet du cours

Chapitre premier: LES NOTIONS DE BASE


I.1. La culture: plusieurs definitions
I.2. La société
I. 3. Notion d’institution: trois acceptions
Plusieurs autres perceptions de l’institution
I.4. La notion d’organisation
I. 5. Notion de droit

Chap. deuxième:

ANALYSE ET PRESENTATION DES INSTITUTIONS SOCIOPOLITIQUES


II. 1. Le Système de parenté
II.2. Le pouvoir
II.2.1. la notion de pouvoir
II.2.2. Classification des systèmes politiques africains
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II.2. 3. Typologie de Max Weber


II. 3. L’économie
II. 3. 1. Perspectives anthropologiques de l’économie
II. 3. 2. L’analyse des systèmes économiques

Chap. Troisième:

III. DROIT ET COMMUNAUTE DANS L’AFRIQUE TRADITIONNELLE

III.1. Originalité des systèmes juridiques traditionnels


III. 1. 1. vision hiérarchique et spiritualiste de l’univers africain: fondement du droit traditionnel
III.1. 2. Anthropocentrisme et droit
III.1. 3. La communauté dans l’Afrique traditionnelle

A) Relativité et concrétude du droit dans l’Afrique traditionnelle


B) La propriété du sol

III. 1. 4. Harmonie du droit africain


III. 2. Problématique de l’acculturation du droit en Afrique

III.2. 1. L’unité dans la diversité

III. 2. 2. Les attitudes à éviter

BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE

Une liste d’ouvrages de base (non exhaustive) est disponible ; elle comprend les études suivantes :
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- Le Gendre P., (1988), Le Désir politique de Dieu. Etude sur le montage de l’Etat et du droit, Paris, Fayard ;

- Kuyu Mwissa C., (2005), Parenté et famille dans les cultures africaines, Paris, Karthala ;

- Colleyn, (1990), Eléments d’anthropologie culturelle et sociale, Bruxelles, Editions de l’Université de Bruxelles ;

- Boudon R., (2004), Dictionnaire critique de la sociologie, Paris, PUF ;

- Mesure S. et Savidan P., (2006), Le Dictionnaire des sciences humaines, Paris, PUF ;

- Bastide R., (1971), Anthropologie appliquée, Paris, Payot.

- Carbonnier J., Sociologie juridique, Paris, Armand collin.

- Bosc Robert, Sociologie de la paix, Paris, Spes.


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Droit, structures et institutions politiques traditionnelles

Introduction
• Cours conçu pour les étudiants de Deuxième Graduat Droit: dans un environnement troublé et mouvant, de suite
de la conflictualité justifiée par plusieurs facteurs dont notamment la question identitaire basée sur l’ethnie;
• Sur le plan mondial, questionnement dans une approche du local et du global: comment la mondialisation
informe-t-elle les réalités locales?
• S’interroger sur l’avenir des institutions traditionnelles; quelles sont-elles? Quel rôle exercent-elles face à
l’aplatissement des Etats modernes?
• Est-ce la fin des chefferies? Voire la tendance des électeurs des milieux coutumiers en novembre 2011, Décembre
2018 et 2023: n’y a t-il pas une sorte de remise en question du monopole du leadership coutumier ?;
• Se méfier d’une approche synchronique de la question, mais la croiser avec un regard diachronique pour
comprendre le rôle joué par ces institutions afin d’apprécier à juste titre leur place dans l’avenir des systèmes
sociopolitiques.
• Regard croisé intéressant pour minimiser les effets pervers de la mondialisation : voir le point de vue de Francis
Fukuyama et celui de Fernand Braudel sur la question;
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• Comment la mondialisation recrée-t-elle les différences? Quelles valeurs locales mises en œuvre pour atténuer
ses impacts? Voir l’irruption de l’acteur milicien et les sources de sa force

• Ces éléments justifient du bien fondé d’un cours de Droit, structure et institutions politiques traditionnelles du
point de vue de son utilité sociale directe;

• Il faut aussi s’interroger sur la source du droit, sur sa relation avec les autres domaines de sciences sociales en
tâchant de saisir comment la société fut régulée avant que le droit comme science prenne une certaine
autonomie;

• D’où la nécessité de comprendre son soutien mythologique et l’articulation entre celle-ci et la face visible du
droit: voir la thèse de Pierre Le gendre; dans Le Désir politique de Dieu. Etude sur le montage de l’Etat et du droit.
Objectifs du cours

• Objectif général: Les étudiants seront capables de maitriser les éléments constitutifs des institutions
sociopolitiques traditionnelles pouvant servir de balise à l’acculturation du droit positif

• Objectifs spécifiques:

• 1) Etre capable de décrire les notions de base du cours;

• 2) Parvenir à comprendre les institutions sociales traditionnelles structurant l’organisation sociale dans les
sociétés traditionnelles et

• 3) Arriver à percevoir les espaces de débat pour l’acculturation du droit en Afrique.


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Objet du cours

• Les notions de base: la culture, la société, l’institution, le droit, l’organisation, etc. sont présentés dans le
premier chapitre;

• Considérant la société/communauté comme un système, ses sous-systèmes sociaux (au sens de Talcott
Parsons): la parenté, la politique, la religion et l’économie sont aussi analysés (NB: minimiser la frontière
entre tradition et modernité, en considérant cette distinction comme un idéal-typique pour rendre compte
du fonctionnement du social);
La Problématique de l’acculturation du droit en Afrique est abordée dans le chapitre troisième; sont considérés dans ce
chapitre les difficultés et les mécanismes d’appropriation du droit positif en Afrique pour son effectivité

Chapitre premier: LES NOTIONS DE BASE

I.1. La culture: plusieurs définitions


Ce qui reste après que l’on a tout oublié, dit Jean Laloup;
Ensemble de pratiques sociales résultant de la socialisation, càd un ensemble de manières de penser, de sentir et d’agir
formalisées qui, étant apprises et partagées par une pluralité de personnes, servent d’une manière à la fois objective
et symbolique à constituer ces personnes en une collectivité particulière et distincte. (Influence durkheimienne dans
Règles de la méthode sociologique)
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• Notons ici l’importance de l’apprentissage et de la collectivité en tant qu’espace d’intériorisation des valeurs
communes; aussi convient-il de relever les deux dimensions soulignées par Emile Durkheim, à savoir la dimension
subjective (symbolique) et la dimension objective (bien présente aussi chez Michel Liu).
Pour Liu, la culture signifie la manifestation de l’existence d’un peuple; elle développe les rapports sociaux (max
Weber), elle est créatrice du lien social à travers trois dimensions:

- La dimension symbolique (langage, représentations et croyances (voir G.H. Mead);

- La dimension de la socialité (capacité à vivre ensemble par le partage de mêmes normes, valeurs, conduites,
code de politesse et de poursuite de buts communs);

- La dimension de la technologie, c.à.d les outils, les équipements, les procédés et les procédures; bref les
données matérielles et techniques mobilisées par chaque peuple ou organisation pour faire face aux aléas de
l’environnement.
Ces trois dimensions évoluent à travers trois phases, notamment:
. La phase de pérennisation, càd celle des permanences, des états qui demeurent, en dépit du changement;
. La phase de modification, concerne les process, càd les éléments de changement, de rupture;
• La phase de mutation relève d’une crise qui affecte profondément le lien social dans ces trois dimensions. Nécessité
de retrouver les mythes fondateurs au niveau symbolique dit imaginaire transcendant, redéfinir les modes de
gouvernance au niveau de la socialité et résoudre les énigmes sur le plan de la technologie. Ex: le développement
durable.
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En Occident, accent plus porté sur la technologie au détriment des autres dimensions; en Afrique,
accent mis sur le symbolique; ce qui a conduit à une culture folklorique, sclérosée. En Europe, matérialisme
athée.

I.2. La société

A envisager suivant les angles historique et sociologique:


A) Du point de vue historique: notion qui s’est imposée lors de l’échec de l’ordre social perçu comme un
phénomène allant de soi, quand l’intégration sociale s’est posée comme problème, de suite de la dissolution des
mondes traditionnels et religieux, entendus comme mode de régulation de la vie sociale.

• Pour Nisbet, la sociologie aurait inventé l’idée de société afin d’exprimer le caractère plus ou moins ordonné et
cohérent de la vie sociale lorsque diverses révolutions avaient sapé les fondements traditionnels de l’ordre
social

• On assiste à la séparation du pouvoir politique et du pouvoir religieux par la révolution des lumières et la
promotion de l’autonomie individuelle comme valeur centrale; la révolution industrielle fait de l’investissement
et du changement la condition même de la survie des systèmes.
B) Du point de vue de la sociologie, la notion de société est à comprendre d’abord comme une construction
intellectuelle:
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- Idée indissociable d’une définition de la modernité: (voir l’ouvrage de Tönnies Communauté et société) qui
est la matrice d’un récit de la modernité où la société est d’abord moderne; plusieurs récits s’opposent et se
croisent qui opposent tous tradition et modernité;

- Société moderne? Oui, pour au moins trois raisons:


. car dominée par la division du travail, par la complexité croissante des statuts, des institutions et des organisations;
Question: comment expliquer l’ordre social en dépit de la différenciation continue des pratiques sociales, des
inégalités sociales qu’elles engendrent, et de l’anomie qu’elles provoquent?
. car elle est de plus en plus démocratique, composée d’individus égaux et autonomes; idée qui s’impose lorsqu’il
faut expliquer comment ces individus arrivent à vivre ensemble, à coordonner leurs conduites et à surmonter la
guerre de tous contre tous qui menace au moment où chacun essaie de se comporter comme le seul principe de
son action;
. car rationnelle et « désenchantée »; les croyances et les religions y deviennent privées, et non plus des cadres
collectifs; dans ce cas, la société s’entend comme une construction continue et fragile où les institutions politiques
jouent un rôle central.

• Néanmoins, la société n’est pas seulement moderne; elle a été également conçue comme un système avec une
intégration fonctionnelle

• Les sociologues ont souvent cherché à expliquer la cohésion et l’intégration sociales par les nécessités
fonctionnelles d’un système à la manière d’un organisme vivant où chaque partie est indispensable: insistance
sur l’interdépendance entre les éléments du système;
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• Ainsi, la société ressemble à un monde organisé dans lequel chaque rouage culturel et social participe au
maintien de l’ordre social

• La force de cette représentation a longtemps tenu à sa plasticité: d’une part, elle a produit une image
conservatrice de la vie sociale; d’autre part, elle a renforcé les représentations critiques des sociétés modernes
perçues comme des machines de domination;

• Ici, la démocratie est perçue comme la culture de l’idéologie dominante et la socialisation, comme une modalité
de clonage des consciences;

• Ainsi, ces machines constitueraient un système tout aussi oppressif que celui des communautés traditionnelles;

• La société a été également capitaliste, déchirée alors par le travail industriel; celui-ci a conduit à la conception
de la vie sociale comme un processus de changement continu; il a aussi installé les conflits de classes au cœur
de la vie sociale.

• Question: comment expliquer le maintien de l’ordre en dépit de ces déchirements et de l’affrontement des
intérêts individuels?

• Réponse: Ici, l’idée de société apparaît comme une réponse au problème de l’ordre:
suite
• La société existe et se maintient parce qu’elle socialise les individus: grâce aux institutions, elle crée un ensemble
de représentations et de dispositions subjectives par lesquelles les individus se conforment progressivement
aux rôles qu’ils doivent jouer;

• L’idée de société appelle nécessairement celle de socialisation en tant que mise en adéquation des subjectivités
personnelles et des exigences systémiques fonctionnelles;

• Pendant longtemps, le travail des sociologues a consisté à expliquer la société par l’action sociale; l’action par la
socialisation, la socialisation par la société (voir la notion d’habitus chez P. Bourdieu et N. Elias: )
I. 3. Notion d’institution: trois acceptions

• 1) Sens classique: « instituer un peuple » signifie faire passer celui-ci, entendu comme collectivité
d’individus, mus par des passions qui l’isole ou oppose les individus, de l’état de nature à l’état social. Ici,
les personnes se reconnaissent une autorité extérieure à leurs intérêts et à leurs préférences. Ainsi, en est-
il de l’existence de l’art du législateur qui donne des lois, de l’existence de l’Etat où le peuple est assujetti
aux lois;

• Pour Montesquieu, l’esprit général d’une nation a trait à plusieurs choses qui gouvernent les hommes,
notamment le climat, la religion, les lois, les maximes du passé, les exemples du passé, les mœurs et les
manières d’usage.

• Les lois règlent plus les actions du citoyen et les mœurs gouvernent les actions de l’homme. Les mœurs
gouvernent plus la conduite intérieure;
suite
• Pour lui, dans une société instituée, il règne un ordre permettant aux individus d’établir des prévisions
régulières, de reconnaitre les droits et les devoirs qui les obligent les uns vis-à-vis des autres, à la fois comme
citoyens et comme personnes privées;

• Une double distinction: le citoyen opposé à l’homme et la conduite extérieure opposée à la conduite
intérieure;

• In fine, institutionnalisation par les lois mais aussi par les mœurs

• 2) les sociologues durkheimiens: font l’effort de donner à la notion un sens précis; les institutions veulent
dire des manières de faire, de sentir et de penser « cristallisées », à peu près contraignantes et distinctives
d’un groupe social donné;

• Eviter la confusion entre institutionnalisation et socialisation même si cette dernière s’avère nécessaire dans
la théorie de l’institution. Celle-ci permet l’acquisition des dispositions constitutives des attitudes de
confiance, c.à.d. l’expression de « bonnes raisons de traiter autrui au moins jusqu’à la preuve du contraire,
non pas comme un ennemi, mais comme un associé, un allié, ou au moins comme un ami »

• Cette attitude n’est pas fondée sur un mouvement du cœur, mais une bienveillance réfléchie, permettant
des liens de solidarité entre coopérateurs/ partenaires, sans aller jusqu’à la fusion ou même à l’intimité

• Cela crée un comportement institutionnel, c.à.d. un comportement civil qui sous-entend un préjugé de
confiance mutuelle; établit des rapports ordonnés entre partenaires soumis aux mêmes lois et aux mêmes
mœurs;
suite
• L’institutionnalisation peut se développer à partir d’un sentiment religieux mais aussi à partir des
mécanismes d’assurance et de fiscalisation contraignants;

• Dans les deux cas, il faut noter le consensus moral et religieux: solidarité nationale et négociations
collectives

• Ainsi, ce substantif s’applique à 2 grands types d’objets: les collectifs, les peuples et les nations d’une part;
et d’autre part, les individus;

• « Instituer » veut dire faire passer de l’état de nature, de désorganisation et d’inexistence sociales, à celui
de culture, d’ensemble organisé et d’activités sociales reconnues;

• Les institutions sont les appareils, les lois, les représentations, les activités qui opèrent cette transmutation
de la nature en société;

• Instituer des ensembles sociaux organisés et stables appelle une dimension politique; c.à.d. un ensemble
d’appareils et de procédures de négociations visant la production de règles et de décisions légitimes;
• Mais il faut voir l’institution au-delà de la sphère politique car il y a d’autres types d’activités nécessitant la
formation de règles, de conventions et de procédures de négociations: voir le marché. Celui-ci ne peut pas
fonctionner sans les institutions économiques; elles doivent avoir la capacité d’établir la confiance
indispensable aux échanges comme la monnaie, les droits de douane, les impôts, etc. Ainsi, l’intérêt égoïste
est discipliné par les institutions économiques;

• Les activités professionnelles nécessitent aussi des institutions: personne ne peut s’autoproclamer médecin
ou avocat.

• Enfin, chaque sphère d’activités appelle des institutions juridiques capables d’arbitrer les conflits individuels
et de distinguer les activités licites de celles qui ne le sont pas

• Les institutions politiques ont pour fonction d’assurer la régulation des rapports sociaux, de transformer les
conflits d’intérêts en processus et en choix publics, quelle que soit la nature (traditionnelle, monarchique ou
démocratique) de ces institutions;

• 3) senslarge: les principaux faits sociaux stables se transmettent d’une génération à l’autre, et s’imposent aux
individus; ainsi, en est-il des mœurs, des coutumes, des règles de marché, des religions;

• Plusieurs autres perceptions de l’institution:

• 1) le point de vue de Mary Douglas: les institutions ne sont pas seulement des « faits » et des pratiques
collectives, mais aussi des cadres cognitifs et moraux dans lesquels se développent les pensées individuelles;

• 2) les institutions sont indifféremment assimilées aux organisations;


• 3) Max Weber, in Economie et société, assimile l’institution à l’association et au « groupement comportant des
règlements établis rationnellement »;

• 4) Pour E. Hugues, il s’agit des organisations capables de distribuer des normes et des biens. Ensuite, il note
l’existence des « institutions bâtardes », càd celles qui distribuent les biens illégitimes (comme le gang de la
drogue), à côté des institutions officielles.

• 5) une approche institutionnelle: revoir la considération faite par Cornelius Castoriadis;

• Pour lui, il faut distinguer le pôle de l’institué et celui de l’instituant: le premier renvoie aux réalités statiques
qui garantissent la reproduction de l’institution dans le temps (voir le verbe latin stare) et le deuxième pôle
signifie que l’institution n’est pas figée, elle est appelée à se transformer en prenant en charge des ruptures
qui incluent de nouvelles émergences

• Institutions établissant des cadres communs de classification: elles établissent que les actions de type X seront
exécutées par des acteurs de type Y, que tel membre de famille a droit à tel statut, et que tels autres membres
n’y ont pas accès.

• Elles définissent le père, la mère, le fils, etc. et leurs rôles et statuts respectifs;
1. 4. La notion d’organisation

• Une organisation porte rarement sa propre finalité; elle est un instrument forgé pour arriver à d’autres fins,
ce qui se reflète dans le mot organon (voir Aristote),

• D’où des idées en rapport avec les tâches, les buts et les objectifs qui sont devenus des concepts
fondamentaux pour l’organisation.
• Ainsi donc, les outils et les instruments constituent des dispositifs mécaniques inventés et perfectionnés
pour faciliter l’accomplissement d’activités orientées vers un objectif particulier (Approche mécanique de
l’organisation);

• Au début du XXè S., Max Weber caractérisait l’organisation par la division du travail et la définition des
fonctions qui en découle grâce au système de communication, de la hiérarchie et du système de
rétribution/contribution;

• Et pour M. Crozier, l’organisation est tout simplement un « construit social »; dit autrement, elle est une
réponse au problème de l’action collective, celle-ci existant chaque fois qu’un problème ne peut être résolu
par un individu seul;

• Il existe néanmoins des caractéristiques permettant la distinction des organisations d’autres types de
collectivités humaines;

• Selon Khandvalla, toutes les collectivités humaines (la famille, un groupe d’amis, une société
confessionnelle, etc.), s’appuient sur un système d’autorité, spécialisent et divisent le travail, produisent
des valeurs, présentent des différences des statuts entre les membres, fonctionnent sur la base des relations
interpersonnelles informelles;

• Cependant, il y a des caractéristiques spécifiques aux organisations que ne possèdent pas les autres
collectivités humaines: 1) une organisation a un objectif spécifique à retrouver dans la finalité de
l’organisation; 2) elle dispose des personnels qualifiés, la qualification étant sans intérêt dans les autres
collectivités humaines; 3) une organisation s’appuie sur des systèmes de communication formalisé; 4) elle
produit des règles, c.à.d. la manière dont les individus doivent se comporter dans l’organisation; des
procédures qui disent comment les individus sont supposés réaliser les tâches à eux assignées, et le système
de contrôle; une organisation accorde une importance secondaire, voire nulle, aux liens émotionnels
1. 5. Notion de droit

• Notion à comprendre en lien avec celle de société au regard des propos précédents;

• Il s’agit des normes ayant pour fonction d’organiser la société: le terme « norme » renvoie à l’idée de
prescription, d’obligation; à la coexistence paisible et la coopération indispensable entre individus aux
besoins et volontés divers nécessitant une certaine organisation.

• Alors la société doit l’imposer là où il n’existe pas, au besoin par la force, pour arriver à des comportements
individuels utiles à sa perpétuation et à son harmonie;

• Chaque société a donc un système propre de création des normes, en cohérence avec ses caractéristiques
et son état de développement; le droit des sociétés primitives ne naît pas de la même manière que celui des
sociétés post-modernes; chaque régime politique a aussi sa propre manière de fabriquer la norme juridique

• En recherchant l’origine et les sources du droit, Pierre Le gendre pose la question suivante: comment se
présente le bien fondé des règles dites juridiques? Ou encore Qu’est-ce que la question du bien fondé du
système institutionnel?

• Pour y répondre, il faut revoir la question juridique dans son ensemble, s’efforcer d’en apercevoir les replis,
identifier ce qui fait du droit autre chose qu’une superstition sociale; en un mot, analyser la normativité
d’après son minimum reconnu

• La notion de repli conduit à la distinction de deux fonctions principales faite par R. K. Merton, notamment
la fonction cachée, latente et la fonction manifeste, apparente; voire aussi les notions linguistiques de
connotation/ dénotation (F. de Saussure), structure de surface et structure profonde (Noam Chomsky) ou
encore l’implicite et l’explicite;
• Démonstration de Pierre Le Gendre reposant sur la rupture opérée entre la Référence et les formes de
normativité moderne; dans les sociétés traditionnelles, cette référence fait appel au monde invisible (voire
cours de Religions traditionnelles)

• Rupture engendrant une sorte d’ennui, de paradoxe; en effet, l’humain a horreur du vide

• D’où le recours au simplisme, au raccourcis: l’ennui procède à un long processus de fragmentation du


discours sur la représentation et la référence; fragmentation veut dire que la culture industrielle va
s’organiser autrement, elle va produire sa propre normativité;

• les croyances sociales démobilisées autour de la référence, vont trouver un nouveau type de lien politique,
capable d’expliquer le progrès de la science et des réalisations techniques;

• Ce sont les idéologies technocratiques qui vont jouer ce rôle; elles sont dissimulatrices, rationnelles,
simplificatrices, etc. (voire Michel Baechler, in Qu’est-ce que l’idéologie?)

• L’idéologie: ensemble de croyances, des idées caractéristiques d'une personne, d'un groupe, d'une société
à un moment donné. Elle est synonyme d’utopie et renferme plusieurs significations selon le domaine
(sociologie, philosophie, science politique ou épistémologie); en politique, on parle d’idéologie pour
discréditer l’adversaire;

• La culture industrielle va s’émanciper des mythes et de la religion, d’où ce que Weber et Marcel Gauchet
plus tard, vont appeler le « désenchantement du monde » ou la « démagification du monde »;
• Désenchantement accompagné de plusieurs phénomènes de sécularisation, c.à.d. un grand programme
avec l’objectif de purifier, de nettoyer les espaces de représentation;

• Quid de la sécularisation? Passage de certaines valeurs du domaine du sacré dans le domaine du profane;
retour à la vie laïque, avec indult (terme de droit canonique qui désigne toute faveur accordée par le Saint-
Siège, soit au bénéfice d’une communauté, soit pour le bien d’un particulier et qui dispense du droit
commun de l’Église) de l'autorité compétente, d'un clerc ou d'un religieux; Passage d'un religieux dans le
monde séculier; transfert à l'État des biens ecclésiastiques ou exercice par l'État de fonctions précédemment
réservées au clergé (état civil, assistance publique, enseignement).

• L’ordre moderne de la normativité nécessitera une suite, un enchaînement de suppositions pour s’imposer
comme moment dogmatique. se servir ici de la perception du dogme par Roger Bastide, in Eléments de
sociologie religieuse: pour lui, le terme revêt essentiellement une dimension anthropologique, avec
l’objectif de maintenir la cohésion sociale après une controverse doctrinale

• Quid du dogme? : Proposition théorique établie comme vérité indiscutable par l'autorité qui régit une
certaine communauté: chez les catholiques, on peut citer: dogme de l’Assomption de la vierge Marie, dogme
de la très sainte Trinité; en philosophie, on peut aussi relever: dogme de l’immortalité de l’âme chez Socrate.

• Recours au simplisme idéologique qui va procéder à la fragmentation du discours de représentation;

• La fragmentation veut dire l’organisation de la normativité propre à la culture industrielle indépendamment


du holisme médiéval;

• Holisme médiéval: un roi, une loi et une foi (voir la Chanson de Roland et le rôle qu’y exerce Charlemagnes,
ou encore plus près de nous Lirangwe)
• Les idéologies modernes vont jouer exactement le même rôle, rendre le même service que le Dieu
législateur du christianisme rejeté; elles vont assumer la cause du droit en fondant l’herméneutique sociale;
• Le mot “herméneutique” (du grec hermenéia, interprétation) désigne l’art, la technique de l’interprétation
(ars interpretandi) et les règles connexes (regulae interpretandi), qui servent de guides à l’art d’interpréter
les textes classiques (herméneutique littéraire), les textes bibliques (herméneutique biblique), les canons et
textes législatifs (herméneutique juridique);

• Les idéologies ont donc pour objectif de prendre en charge la part du sacré qui était assurée par le Dieu
législateur, vont re sacraliser le droit
• Elles constituent un soubassement nécessaire à l’institutionnalité

• L’Etat et le droit montrent l’agencement visible du phénomène structural de l’institutionnalité; les deux
montrent aux sujets du droit ce qu’ils sont grace à la légitimité leur conférée par le système normatif (face
visible)

• La face cachée du système normatif est aussi importante car elle présente toute la valeur, la couleur, la
consistance et le caractère d’humanité du phénomène institutionnel;

• La construction de l’Etat et du droit constitue la partie n° 1 de ce phénomène, càd la partie sociale;

• la partie n° 2, càd la face cachée, en constitue le soutien mythologique; celui-ci permet à l’ordre
institutionnel de s’élever au dessus des aléas de l’historicité, d’envisager le mécanisme de la référence
absolue du point de vue le plus abstrait; le soutien mythologique protège contre la précarité, la «
déchaotisation du monde »;

• L’ordre institutionnel se reproduit grace à ce soutien mythologique abstrait.


• Le droit: étude des formes juridiques, de leur agencement, de leurs usages sociaux, des institutions, des
professionnels du droit, en tant que phénomènes sociaux particuliers

• Comme tel, le droit relève d’une sociologie du champ normatif: ici, les analyses de création des normes
juridiques, de production du droit et des agents qui les mettent en œuvre, participent d’une approche des
processus sociaux généraux;

• Ces processus sociaux sont: le mode de contrôle ou de régulation sociale des sociétés globales; les formes
de domination symbolique (P. Bourdieu, La Reproduction où il démontre comment le système d’éducation
en France contribue à la reproduction de la domination masculine et des inégalités sociales).
• Ces grandes notions passées en revue, nous pouvons entreprendre l’analyse de grandes institutions
présentées par Talcott Parsons;

• Dans son approche de la société comme système, et en vue de garantir la stabilité de la société, Parsons
esquisse un certain nombre de fonctions auxquelles celles-ci doit répondre:

-l’adaptation à l’environnement qui assure la survie de la société; à cette fonction correspond le


s/système économique;

-la poursuite d’objectifs (goal) car un système ne fonctionne que s’il est orienté vers un but; À
celle-ci correspond le s/système politique chargé de la définition des fins(finalités);

-l’intégration des membres au groupe, à laquelle correspond le s/système culturel (l’école, la


religion), chargé de la définition et du maintien des normes et des valeurs;
-le maintien des modèles et des normes (lattent pattern) auquel correspond le s/système social, chargé de l’intégration
sociale;

• Ce modèle permet à Talcott Parsons d’expliquer les différentes institutions sociales de la société américaine:
la famille, la police, la justice, l’enseignement, la religion et leurs fonctions respectives;

• Ne pas perdre de vue que l’enseignement porte sur les institutions politiques traditionnelles; ce qui explique
l’intérêt de commencer l’analyse de différentes institutions traditionnelles par le système de parenté

Chap. deuxième:
ANALYSE ET PRESENTATION DES INSTITUTIONS SOCIOPOLITIQUES
II. 1. Le Système de parenté

• Régulièrement présentée comme la charpente des sociétés primitives et traditionnelles

• Famille aussi entendue comme cellule fondamentale des sociétés modernes; il s’agit de la famille nucléaire;

• Néanmoins, ambiguïté sur la notion de famille: d’une part, elle désigne les personnes liées par le sang, et
éventuellement les alliées comme les tantes, les oncles, les cousins, les grands-parents, etc., et d’autre part,

• Elle désigne un groupe de personnes vivant ensemble dans le même foyer;

• Toutefois, ambiguïté levée par l’usage du concept de parenté dans la première acception, et de groupe
domestique dans la seconde;

• Dans les deux cas, on utilise deux mécanismesde transmission:

• Le mariage sert de transmission des femmes (et des hommes);

• La filiation sert de transmission des biens

• Les sociologues et les anthropologues retiennent la parenté comme phénomène d’abord social et non
biologique;

• Certes, il existe un rapport entre les deux, mais leur intérêt porte sur la manière dont la société traite le
phénomène biologique; c’est donc la filiation sociale qui aura de l’importance et non la filiation biologique;

• Quelques termes à retenir: 1) le lignage, entendu comme groupe de personnes descendant d’un même
ancêtre commun reconnu; peut se répartir en différentes branches, on peut remonter dans le temps jusqu’à
la 8ème, 9ème et 10 ème génération, afin de découvrir les nombreux collatéraux dans les autres branches du
même lignage
• Ces nombreux collatéraux s’appellent cognats

• 2) le clan: groupe rassemblant des personnes qui se disent descendre d’un même ancêtre, mais on ne peut
pas remonter tous les maillons de la chaine; cet ancêtre peut même n’avoir pas existé; il peut être un ancêtre
mythique et éventuellement, un être autre qu’un homme: une plante ou un animal peut servir d’un ancêtre
éponyme.

• C’est le totémisme (voir Sigmund Freud, in Totem et tabou) qui lie certaines personnes se reconnaissant d’un
même ancêtre commun, par une série d’interdits, d’ordre rituel, alimentaire, etc.

• Très souvent, le clan renvoie à une population vivant sur un espace déterminé; ici, on oppose les clans qui
échangent entre eux les femmes, phénomène appelé exogamie, et dont l’objectif est de pacifier les relations
entre ces peuples

• Pas confondre le clan avec un groupe de voisinage, c.à.d. une certaine population vivant sur un territoire
donné.
3) La tribu: lire Au cœur de l’ethnie. Ethnie, tribalisme et Etat en Afrique de J.-L. Amselle et E. M’Bokolo

• Réunit généralement plusieurs clans et se définit en partie par le territoire sur lequel elle vit.

• En Afrique, le concept de tribu a souvent pris une connotation politique, ouvrant la porte à des conflits
ethniques de grande envergure (voir « les écueils de la paix et de la réconciliation: Rwanda, Burundi », in
Cahiers de l’Afrique, n0 1, Paris, 2004)
Relations élémentaires de la parenté
C’est la structure fondamentale qui se multiplie des générations en générations, en augmentant le nombre des
sœurs et des frères; Deux types de nomenclature ou système d’appellation pour rendre compte de cette structure
fondamentale:
a) La nomenclature descriptive: ici, les mots utilisés décrivent la situation des individus et leurs positions.
Pour « Ego », le mot père définit son père et personne d’autre; de la même manière, les frères de son
père et de sa mère, sont tous ses oncles et occupent la même position;
b) La nomenclature classificatoire: selon Morgan, dans un système classificatoire, les gens sont classés sous
le même nom même s’ils ne sont pas dans la même position.
Pour certaines tribus, mon père et le frère de mon père sont tous les deux, pour moi, « mes pères ». Je les appelle
tous les deux « père ». De même, le sœur de ma mère et ma mère, sont toutes les deux, pour moi, « mes mères ».
Je les appelle toutes les deux « mère », et je me conduis exactement de la même manière à leur égard.
Deux autres notions méritent d’être soulignées: système patriarcal/matriarcal et la question d’alliance
• Patriarcat/matriarcat: rien à voir avec le système • Le frère est considéré comme le père au sens
de parenté; reconnu à ce terme;
• Définissent simplement la répartition de • Le mariage a pour fonction fondamentale de lier
l’autorité au sein de la famille; deux lignées qui, au départ, n’ont pas de lien.
Dans la plupart des sociétés, c’est la femme qui assure
• La fille reste chez sa mère et son frère dans le la liaison entre ces deux familles ou entre ces deux
système matrilinéaire, elle conserve le nom de lignées. Elle est donc le lien social qui rassemble dans
son frère, transmet le nom de son frère à ses une même société les lignages différents.
enfants; • Elle est à l’intersection de multiples échanges
entre divers lignages.

• Dans le système patrilinéaire, le père transmet son nom, son clan et ses biens à ses enfants. >On parlera aussi du
système patrilocal dans la mesure où l’épouse vient habiter le toit habiter de son époux;

Le rôle de la femme est donc lié au principe de l’exogamie; la femme est choisie en dehors de son lignage lorsqu’on
veut avoir des rapports sociaux avec les autres lignages;
La règle de l’exogamie peut être considérée comme une règle positive qui affirme l’existence sociale des autres
parmi lesquelles on choisit les femmes;
La loi de l’exogamie ne protège pas contre le péril biologique de consanguinité, mais sert à renforcer les relations
sociales entre divers lignages
Le tabou de l’inceste a pour fonction de procurer une femme en dehors de son groupe social.
La parenté est en fait une institution sociale, elle est certes fondée sur la réalité biologique mais elle est, et reste
largement tributaire des règles sociales ou
culturelles, à savoir, la filiation, l’alliance, la germanité
• La parenté est donc l’ensemble des liens de germanité, d’alliance et de filiation construits sur des
représentations;
• Ces liens assurent une triple fonction: 1) ils construisent ou favorisent la cohésion sociale, en promouvant la
solidarité et la coopération entre les lignages; 2) ils régulent les rapports conjugaux; 3) ils permettent aux
groupes sociaux de se reproduire en remplaçant les défunts par de nouvelles naissances
• La culture réserve une place importante à la perception et à l’institutionnalisation de la parenté. Cette dernière
a comme base la loi de la prohibition de l’inceste, dont Cl. Lévi-Strauss faisait un critère distinctif , avec le
langage, de l’homme avec les animaux (voir La Parenté en question)
• Cette loi d’ordre social ouvre à la logique du « don/contre don » de Marcel Mauss: une réciprocité qui nécessite
l’obligation de recevoir et de donner, parce que « Recevoir sans rendre, c’est se subordonner »
• Voici le processus institutionnel de la parenté:
Germanité Alliance Filiation
Première règle: Deuxième règle: Troisième règle:
- Prohibition de - Echange - L’objectif
l’inceste obligatoire des numéro 1 de la
femmes et des perpétuation de
hommes l’espèce, c’est-à-
dire le besoin de
survie

- Germanité - Alliance - Filiation


Germanité: même père
Même mère

Filiation Alliance: échange


reproduction obligatoire des femmes
et des hommes
La socio-anthropologie fait appel à l’analyse structurale pour faire émerger les structures sous-jacentes, afin
d’expliquer le système de parenté

• Cette analyse faite par Cl. Lévi-Strauss permet de:

• Décrire les rapports de différents éléments entre eux, et avec le tout grace à une représentation graphique;
• Préciser les explications systémiques en mettant de l’ordre dans l’enchaînement des faits;

• Mettre en comparaison des phénomènes qui paraissent hétérogènes alors qu’ils possèdent des ressemblances.

• Le système de parenté le plus simplifié apparaît dans cette structure élémentaire:


(4)

(3)

(2)
(1)
Cette structure relève d’un système global qui comporte 4 types de relation:

• (1) oncle maternel/neveu

• (2) père/fils

• (3) mari/femme

• (4) frère/sœur

• Cette structure comporte trois types de relations familiales:

• (4) la germanité ou la consanguinité

• (3) l’Alliance

• (2) la filiation
Principe universel de l’interdiction de l’inceste

• « un homme ne peut obtenir une femme que d’un homme qui la lui cède sous forme de fille ou de sœur »

• La relation de beau-père forme inévitable autour duquel se construit la structure de parenté. Et tout système
de parenté est élaboré à partir de cette structure élémentaire se répétant ou se développant par
intégration de niveau élémentaire »

• De cette réflexion, se dégage la conclusion que la parenté constitue un système;


suite

• Qu’est-ce qu’un système?

• Jusqu’aux années 1980, le système s’entendait traditionnellement comme « un ensemble d’éléments organisés en
interactions complexes en vue d’une finalité dans un environnement changeant »( Ludwig Von Bartalanfy, in Théorie
générale des systèmes, paris, Bordas, 1973);

• Les systèmes peuvent être physiques, biologiques, sociaux, ou encore combinés.

• Actuellement, on s’accorde à dire qu’un système n’est pas quelque chose qui existe dans la réalité; il est uniquement
une construction mentale, variable en fonction du contexte et des intentions que nous élaborons pour faciliter la
compréhension et la construction d’un réel complexe.
suite

• Appliqué à la parenté, le système devient un ensemble des principes, des faits, d’idées et des connexions
cohérents

• Le fait de parenté implique des attitudes, des comportements, des règles matrimoniales, des terminologies,
des règles de filiation, de types catégories de parenté à plaisanterie, à évitement, à compétition, etc.

• Parenté à évitement: belle-mère/beau-fils; parenté à plaisanterie: grands parents/petits fils; parenté à


compétition: deux familles alliées;

• Le système de parenté implique aussi des principes structuraux de classification, de descendance, de


filiation, des règles d’héritage et de succession, les statuts et les rôles sociaux, le culte des ancêtres, les
questions d’éducation des enfants, les règles de gestion de terre et leurs propriété, la question de
généalogie, etc.
suite

• Chaque étude de parenté part de la structure élémentaire pour comprendre la cohésion interne;

• Celle-ci se caractérise par la solidarité;

• Le système de parenté comporte des sous systèmes appelés systèmes par commodité, c.à.d. des systèmes
de symbolisation ou de représentation avec des signes qui représente le diagramme de parenté

DIAGRAMME P W??

Système d’appellation

• Rassemble les différents termes utilisés par différents parents pour que l’un désigne les autres;

• Ce terme détermine la nature de concept à employer en cas d’adresse, de référence ou de description

• Ex., pour l’adresse, on dira: « papa »; pour la référence, on dira: « mon père » et pour la description, on dira:
« le mari de ma mère »
Système d’alliance

• Présente plusieurs types de mariage et montre les modalités régissant tout processus matrimonial;
• On a ainsi plusieurs types de mariage:

• L’endogamie: mariage au sein du même groupe d’où sont issus les deux conjoints;

• L’exogamie: mariage entre deux conjoints de groupes différents;

• Polygamie: mariage entre un conjoint et plusieurs partenaires;

• Polygynie: un homme avec plusieurs femmes;

• Polyandrie: quand une femme a plusieurs époux/maris


Système de filiation ou de descendance

• Définit l’appartenance des enfants ou leur descendance dans un groupe;

• En Afrique, on distingue 3 principaux modes de descendance: la filiation unilinéaire qui est la plus répandue
et qui donne aux enfants une seule descendance, soit celle du père ou celle de la mère; la filiation bilinéaire
où l’appartenance des enfants appartient aux deux conjoints, et la filiation indifférenciée.
Système d’attitude

• Genre de relations qui découlent de la parenté comme les règles de politesse adoptées par les individus les
uns vis-à-vis des autres, et ce, en fonction des positions sociales qu’ils occupent dans la structure de la
parenté.
• Ces attitudes peuvent varier selon que l’on se trouve devant un parent direct (père/mère), un parent
collatéral (oncle), un parent de sang, un parent par adoption
Intérêt de la parenté

• Elle occupe la première place dans l’analyse et la compréhension des institutions sociales

• Elle est le cadre primordial où se développe l’individu physiquement, psychologiquement, socialement et


même intellectuellement;

• L’homme ressent le besoin du lien de parenté et le crée là où il n’existe pas, ne serait-ce qu’artificiellement

• La recherche permanente du lien de parenté répond au besoin de sécurité en se forgeant une identité; il
veut être reconnu comme appartenant à une communauté, à un groupe, à une structure sociale déterminée
et bien soudée.

• L’identité sert donc de protection, de sécurité dans un environnement qui fait toujours peser ses menaces
sur l’homme
suite

• La parenté comme réseau des relations sociales verticales et horizontales, soustrait l’homme de l’anonymat
et de toute contingence généalogique;

• Elle répond également au besoin de cohésion sociale car l’homme s’identifie par référence à d’autres.
Chacun est lié à tel individu; il occupe une position sociale dans le groupe où il a aussi sa racine. Cela lui
permet de travailler aussi pour la survie du groupe
II.2. Le pouvoir

• Cette notion introduit à la science politique, à l’anthropologie politique;

• Se méfier de la définition ethnocentrique du politique qui restreint son sens à l’exercice du pouvoir par l’Etat.

• Plusieurs phénomènes du pouvoir restent inexpliqués: certaines sociétés sont par exemple gouvernés sans
intermédiaire d’un gouvernement central;

• C’est vrai que les organisations centralisées étaient le principe général dans les sociétés précoloniales;

• Néanmoins, d’autres sociétés préservaient leur cohésion , sans pouvoir apparent;

• On pouvait donc observer les deux modes habituels de l’exercice du pouvoir, notamment la coercition et le
consentement populaire
Quelques cas observés

• Malinowski a pu observer l’exercice du pouvoir par un jeu de prestations mutuelles entre le chef et les
membres du groupe;

• Evans-Pritchard constate aussi en 1940, que le système de parenté fonctionne avec un système d’alliances
et d’oppositions entre parties d’un même lignage pour la résolution des conflits chez les Nuer;

• Et Lévi-Strauss, en analysant la fonction politique du chef dans une société amérindienne, avait remarqué
que le pouvoir du chef politique reposait sur le consentement des sujets, et non sur la contrainte du chef.
Tentatives d’explication

• Pour comprendre tous ces mécanismes, donner au politique une définition plus large que celle qui dérive
de sont étymologie;
• Partir du principe que toute société possède un niveau politique, c’est-à-dire un ensemble des mécanismes
ayant pour objectif d’assurer la cohésion sociale;

• Le « fait politique » veut dire un moyen de contrôle social (Henri Mendras) ou de régulation sociale pour
résister contre les tensions internes ou encore contre les agressions extérieures;

• Mais pierre Clastres, in La Société contre l’Etat en 1971, fait de l’apparition de l’Etat la condition nécessaire
de la vie politique;

• L’Etat est accompagné par l’éclosion des classes sociales et de l’exploitation économique.
suite

• Thèse non soutenable au regard de ce qui vient d’être dit;

• Dans chaque société, il existe un pouvoir, un droit car, selon Malinowski, « il y a toujours un corps
d’obligations contraignantes considérées comme un droit pour l’une des parties, et reconnues comme un
devoir par l’autre partie »;

• En général, la régulation sociale et les fonctions judiciaires ne sont pas non plus séparées des systèmes de
représentations et s’exercent à travers eux;

• Ainsi, dans les sociétés traditionnelles, les rapports de pouvoir ne paraissent légitimes que s’ils semblent
s’inscrire dans l’ordre naturel.

• Tout pouvoir doit donc son efficacité à l’ignorance, tout au moins partielle des mécanismes qui le fondent;

• Il faut une sanction pour réprimer les violations afin de certifier l’ordre juridique qui en découle grace à
l’élaboration des règles juridiques
II.2.1. la notion de pouvoir

• C’est par le pouvoir que nous entrons en politique, c.à.d. par l’élévation des hommes vers la participation
au pouvoir ou à l’influence sur sa répartition, soit entre Etats, soit à l’intérieur d’un Etat, entre les groupes
humains qu’il renferme » (Max Weber).

• Toujours dans ce sens, Raymond Aron écrit: « Est politique, l’étude des relations d’autorité entre les
individus et les groupes, de la hiérarchie des puissances qui s’établit à l’intérieur de toutes les communautés
nombreuses et complexes »
Relation interpersonnelle dans laquelle un acteur social obtient d’un autre le comportement qu’il désire (voir
Jacques Maquet, Pouvoir et société en Afrique);

• Cette domination est bien circonscrite et doit reposer sur des facteurs tels que : la coercition à
travers le monopole de la violence physique, la protection des sujets, la prééminence du chef
(charisme personnel, compétence technique, expertise, etc.)
suite

• Pour Jean-Pierre Warnier et Laburthe-Tolra, le pouvoir est la capacité que possède un individu ou un groupe
d’individus d’exercer une contrainte pour obtenir d’autrui quelque chose ou quelques actes;

• Il est issu de plusieurs sources, notamment la force, la séduction, l’éloquence, etc.

• Tout pouvoir légitime constitue une autorité Les notions d’autorité, de pouvoir et de légitimité, constituent
des concepts majeurs en sciences sociales (sociologie, anthropologie, sciences juridiques, sciences
politiques);

• Elle sont particulièrement importantes pour comprendre les spécificités des institutions socio-politiques de
l’Afrique traditionnelle

II.2.2. Classification des systèmes politiques africains


• Fortes, in African Political Systems, proposait les systèmes politiques africains en trois catégories:

• 1) les petites sociétés non centralisées: exemple des bochimans d'Afrique Australe. Ici, l’unité politique la
plus vaste comprend des personnes reliées par des relations de parenté où les structures politiques sont
indifférenciées;

• 2) Les sociétés sans institutions centralisées: les relations entre groupes ne sont pas réglées par une autorité
spécialisée mais par le système de lignage segmentaire; ici, l’importance des unités politiques en jeu dépend
de la fusion ou de l’opposition des segments de lignage, les uns vis-à-vis des autres;
3) les sociétés pourvues d’une autorité centralisée: avec appareil administratif, institutions judiciaires et
militaires; Exemple: les Zoulou d'Afrique du Sud, les Ngwato du Botswana, les bemba de Zambie, les Kede du
Nigeria, ainsi que d’autres peuples d’Afrique dans la région des grands lacs.

• L’éventail des systèmes politiques traditionnels ne se limite pas à ces trois catégories; il existe de nombreux
systèmes intermédiaires plus complexes, surtout à l’intérieur de deux premiers.
A) les sociétés segmentaires

• Elles sont composées des groupes locaux construits sur la base de la filiation unilinéaire;

• Les relations entre ces groupes sont conçues en termes de relation entre lignage ou segment de lignage

• En l’absence du pouvoir central, c’est l’opposition équilibrée entre groupes locaux qui constituent la
structure du pouvoir: exemples chez les Logoli du Kenya, les Tetela du Kasaï et les Nuer du Soudan
• Ces sociétés sont encore dites acéphales (sans Etat): l’organisation sociale y repose sur les relations de
parenté et la fonction politique opère à travers les structures parentales: lignages, clans, mais de façon
diffuse;

• On parle aussi des sociétés à pouvoir diffus


Suite

• Il existe cependant des sociétés sans instituions centrales et qui ne possèdent pas d’organisation
segmentaire;

• C’est le cas des Minyanka du Mali;

• L’unité maximale y était parfois le village qui regroupait des segments locaux de lignages hétérogènes;

• Ce village était sous l’autorité du descendant du premier occupant du lieu.

• Chez d’autres peuples comme les yako et les ibos du Nigeria, ce sont les conseils du village qui sont investis
de l’autorité
b) Les sociétés unitaires

• Elles présentent les caractéristiques suivantes: Existence d’un appareil administratif; Institutions
politiques; corps militaire et institutions religieuses régentées par le roi qui est aussi le chef de culte;

• Autorité politique détenue par un personnage, le roi qui est chef suprême;

• Existence d’un gouvernement exerçant directement son autorité par un monarque, ou indirectement par des
mandataires interposés
Remarque: une erreur d’approche

• La critique majeure formulée contre l’analyse des systèmes politiques traditionnelles est de vouloir chaque
fois rechercher la distinction entre les systèmes unitaires et les systèmes segmentaires ou acéphales;

• Voir ici l’influence évolutionniste (Charles Darwin) présente en sciences sociales chez Ferdinand Tönnies,
dans Communauté et société; ici, la communauté est l’apanage des groupes primitifs ou traditionnels, alors
que la société, comme abordée plus haut, renvoie aux sociétés dites modernes;

• Voir également les trois étapes suggérées par Auguste Compte dans l’avancée vers le progrès: l’étape
théologique caractérisée par les prêtres, l’étape philosophique dominée par les philosophes et l’étape
technocratique où les savants sont les principaux ingénieurs sociaux
suite

• Emile Durkheim a pensé aussi cette dichotomie en termes d’organisation mécanique et organisation
organique;

• L’organisation mécanique est dominée par un droit répressif car, selon Durkheim, elle est la seule règle la
plus à même de contraindre l’individu aux obligations collectives;

• Expression de la prééminence de la collectivité sur l’individu;

• La solidarité organique est caractéristique de la modernité et est basée sur le contrat. Les rôles y sont de
plus en plus différenciés et les tâches spécialisées (aller plus loin dans De la division du travail social); ici,
promotion croissante du libre arbitre annonçant le processus de subjectivation
II.2. 3. Typologie de Max Weber

• Remarques: Max Weber ne s’intéresse pas particulièrement à la typologie des formes de pouvoir; il adopte
plutôt les différents modes de domination légitime qui ne dépendent pas forcément de la présence de l’Etat;
il distingue trois formes de domination:

• A) La domination traditionnelle où les relations personnelles servent de base à l’autorité politique; cette
domination peut être gérontocratique, c.à.d. que la prééminence est laissée aux personnes les plus âgées,
aux vieux ou aux aînés (voir Sous l’Orage, de seydou Badian); patriarcale quand la prééminence revient au
chef de famille (patriarche), à l’intérieur de la même lignée (voir le pater familias chez les Romains);

• patrimonialiste ou sultaniste, lorsque l’on réserve une très grande orthodoxie aux coutumes, considérées
comme inviolables et sacrées; l’autorité y est personnelle et personnalisée; il s’agit plus des hauts dignitaires
que des fonctionnaires

• b) La domination légale caractérisée l’organisation bureaucratique

• Le pouvoir est fondé sur la compétence et nos sur l’origine sociale; il s’inscrit dans le cadre d’une
réglementation impersonnelle;

• L’exécution des tâches est divisée en fonctions spécialisées aux contours méthodiquement définis;
suite

• La carrière est régie par des critères objectifs de qualification, d’ancienneté, etc., et non par des critères
individuels;
• La bureaucratie est caractérisée par un mode de gestion (la comptabilité analytique) et un mode
d’organisation fondé sur la rationalisation des tâches telle qu’elle commençait à être mise en œuvre (Taylor,
Fayol);

• Cette rationalisation touche également les formes de pensée, à travers l’essor des sciences et des
techniques;

• La technisation et la laïcisation mettent fin à l’univers des mythes et des croyances religieuses; d’où le «
désenchantement du monde »
c)La domination charismatique

• Celle qui est acquise par une qualité extraordinaire, qui confère à une personne des forces naturelle et
surnaturelles

• La personne peut être considérée comme un envoyé de Dieu

• La domination charismatique n’est pas perpétuelle; elle peut être suscitée par un contexte particulier et
s’effriter dès que le contexte qui l’a créée évolue;

II. 3. L’économie

• Institution à comprendre sous deux aspects notamment:


• Les perspectives anthropologiques de l’économie;

• L’analyse des systèmes économiques


II. 3. 1. Perspectives anthropologiques de l’économie

• Difficultés des anthropologues occidentaux à comprendre les logiques d’échanges en cours dans les sociétés
africaines, et ce, à cause de l’ethnocentrisme;

• D’où la qualification de ces échanges d’irrationnels car, ils ne sont pas régis par les lois du marché, mais bien
par les structures de parenté (G. Balandier, Anthropologie politique);

• Découverte de nombreuses cérémonies spectaculaires faisant l’objet de destruction et de distribution


massive des biens;

• Cette découverte remet en question l’image du « sauvage », toujours à la recherche de la survie uniquement
Ces différentes découvertes, notamment celle de:

• En 1909, Francis Boas

• En 1922, Bronislaw Malinowski;

• En 1924, Marcel Mauss;


• Inauguration d’une théorie des échanges et du don qui va considérablement modifier la
perception des économies primitives;

• Ces travaux permettent de comprendre que dans certaines sociétés, l’échange n’a pas
nécessairement une finalité économique;

• On ne peut non plus l’étudier sérieusement sans la prise en compte de l’organisation sociale dans son
ensemble
Les conséquences de ces découvertes

• On cesse de définir l’économie primitive par des termes négatifs comme faible productivité, économie de
survie, faible valeur ajoutée, absence d’épargne; bref par tous ces indicateurs d’une économie libérale
moderne;

• Découverte progressive des formes non marchande des compétitions économiques;

• Les cérémonies de type « potlatch » (du nom que leur donnaient les indiens de la côte ouest de l’Amérique
du nord), remplissaient ces fonctions:

• « Affirmer le statut des groupes en présence et leur donner une expression publique »
suite

• Production des mêmes effets notamment la neutralisation des surplus sur le plan économique car;
• L’accumulation, suivie d’une redistribution calculée était une modalité de l’exercice du
pouvoir politique;

• Ainsi, pour Mauss, dans certaines sociétés, « donner, c’est manifester sa supériorité; accepter sans rendre,
c’est se subordonner »;

• Une remarque: ces analyses se limitent à l’économie cérémonielle (« potlatch » et « kula »), laissant dans
l’ombre les autres sphères moins prestigieuses de la production et de l’échange
Marshall Sahlins: du mythe de la rareté à la rareté instituée

• En 1972, publication de Stone Age Economics, traduite en français en 1996, par Age de pierre, âge
d’abondance, titre quelque peu provocateur;

• Ici, le chercheur entend évacuer l’image stéréotypée du « sauvage », employant son temps et son énergie à
produire ses moyens de subsistance pour éviter la famine;

• L’exemple convoqué est celui des chasseurs-collecteurs du désert du Kalahari, en Afrique australe;

• Les bushmen n’ont que de faibles moyens, mais ceux-ci sont à la fois suffisants pour répondre à leurs besoins
et adaptés à leur vie nomade;

• L’économie primitive ne se réduit donc pas à la quête obsessionnelle de moyens précaires de survie

• Durée de travail des Bushmen: 2h 15min en moyenne/j;


• Disposent de peu de biens, mais ils ne sont pas pauvres;

• Comparaison de leur situation à celle de la société de marché, avec des besoins illimités, exigeant toujours
beaucoup de ressources rares;

• Dit autrement, la rareté prend toute sa signification dans les sociétés où les aspirations et les besoins de
l’homme s’étendent sans fin;

• Donc, la notion de rareté n’a de sens que sur la base d’une comparaison des moyens et des fins;

• En conséquence, il faut relativiser l’abondance des sociétés modernes et la pénurie des sociétés primitives

• Question: pourquoi les Bushmen ne s’engagent pas dans la voie du développement économique en
produisant plus que le minimum nécessaire à leur autosubsistance?

• Pour Harry Pearson, on ne peut faire de la capacité à dégager un surplus une cause essentielle du
développement économique;

• En effet, il existe partout des surplus possibles;

• Mais, ce qui importe, ce sont les moyens institutionnels qui leur donnent vie;
• Les Bushmen n’ont pas l’opportunité de commercialiser des biens de l’extérieur, n’ont pas de classe oisive à
faire vivre;

• Ils ne ressentent donc pas la nécessité de produire plus que leurs besoins, et par conséquent de dégager des
surplus;

• Comme on peut donc le constater ici, les comportements face à la rareté ne peuvent pas être interprétés
indépendamment du contexte institutionnel;

• Insistance par Sahlins et Godelier sur le caractère relatif de l’économie reposant sur la loi du marché, à
l’exemple de Vilfredo Pareto qui remet à l’honneur la rationalité économique fondée sur les dépenses
ostentatoires pour le prestige social
II. 3. 2. L’analyse des systèmes économiques

• Intérêt des anthropologues pour les sociétés rurales produisant elles-mêmes leurs propres moyens de
subsistance;

• Principales branches de la production: agriculture, élevage, pêche, chasse, collecte et combinaison de ces
diverses activités;

• Partout, les hommes s’organisent entre eux et par rapport à la nature (revoir les trois dimensions de la
culture) pour assurer leur survie;
Objet de travail

Moyens de
production
Moyens de travail

Facteurs de Travailleurs
production

Activité humaine
Non travailleurs

• Partout ils combinent des éléments (facteurs de production) pour arriver à la production; Ces facteurs sont:

• L’objet de travail: terre, territoire de chasse, l’eau pour la pêche, etc. on a aussi les matières premières
comme l’objet de travail déjà transformé;

• Les moyens de travail, c.à.d. des choses ou des procédés que l’homme interpose entre lui et son objet de
travail comme les outils, les animaux de trait, les installations hydrauliques;

• L’activité humaine, c.à.d. la force du travail. Ceci peut être schématisé ainsi:

Schéma permettant de comprendre les différences entre les systèmes économiques et leur agencement;

• Il permet de comprendre cette combinaison sous son double aspect, à savoir l’aspect technique et l’aspect
social;

• On voit que dans toute économie, les différents facteurs de production et certains rapports sociaux
s’imbriquent mutuellement;

• Les individus, comme agents économiques, se chargent d’une partie du travail, et


s’approprient une part de produit;
Généralement, dans les systèmes économiques traditionnels, les rapports politico-religieux donnent forme à la
domination économique (voir l’hypothèse de M. Godelier, dans Au fondement des sociétés humaines);

• En Afrique traditionnelle, les facteurs essentiels des modes de production reposent sur la force de l’homme
Pour les paysans, l’idéal était de vivre de leurs propres cultures, de consommer leur propre production;

• La cellule économique de base s’arrête à l’essentiel des biens dont la communauté a besoin, et peut se
passer des biens importés (économie autarcique);

• Cette unité économique de base connaît une ampleur variable selon le contexte économique,
technique et culturel;

• L’important était le contrôle d’un grand nombre de bras, et non l’acquisition des outils et de la terre;
Certaines sociétés pouvaient être qualifiées de communautaire car leurs cellules constitutives étaient des
ensembles vastes, fondés sur l’organisation collective du travail, de la redistribution et de la consommation des
biens;

• Ce qui importait, c’était l’existence des mécanismes stables pour assurer la constitution et la pérennité des
groupes sociaux stables et cohérents grace à un contrôle exercé sur l’individu.
• Prise en charge de la dimension collective, communautaire des rapports de production par les systèmes de parenté,
les théories de la personne humaine de l’hérédité et par le pouvoir;

• Ainsi, la parenté donne forme aux rapports sociaux de production et les explique aux yeux des individus;

• Pour Claude Lévi-Strauss, les biens ne sont pas seulement des commodités économiques, mais des véhicules et des
instruments des réalités d’un autre ordre:

• Puissance, pouvoir, sympathie, statut, émotion, etc.

• Si par exemple, l’échange prend la forme de dons réciproques, comme disent les proverbes shi, « Mpa nguhe
bw’obwira bulama » (L’amitié se renforce par des cadeaux réciproques), ou encore « Orhahira e’mbuga arhayilola (Il
ne sert à rien d’attendre des autres lorsque soi-même, on n’est prompt à donner) »,

• C’est parce que l’essentiel des besoins est satisfait par la production du groupe et que les rapports avec les autres
groupes sont marqués par le prestige social;

• La compétition sociale porte sur l’accroissement de la cellule sociale et sur la possession des biens
difficiles à acquérir, comme les biens de prestige, par exemple
Chap. Troisième:
DROIT ET COMMUNAUTE DANS L’AFRIQUE TRADITIONNELLE

A développer sous deux angles:


1. L’originalité des systèmes juridiques traditionnels;
2. La problématique de l’acculturation du droit en Afrique
III.1. Originalité des systèmes juridiques traditionnels

• Formulations des normes juridiques par les ancêtres dans des systèmes cohérents;

• Spécificité de ces systèmes à rechercher dans le mode cohérent d’expression orale;

• Système imprégné d’un contenu religieux;

• D’où constitution par ces systèmes d’un droit avec des coutumes solidement personnalisées;
III. 1. 1. vision hiérarchique et spiritualiste de l’univers africain: fondement du droit traditionnel

• Vision conférant au système juridique africain des caractéristiques spécifiques;

• Ce droit n’est pas un acte des vivants uniquement car marqué par l’héritage des ancêtres;

• La parole de ces derniers est transmise par la tradition orale qui en fixe les règles de vie pour la communauté;
• D’où un fondement transcendant l’impératif juridique et qui lui confère une autorité pareille à celle des
premiers codes écrits
III.1. 2. Anthropocentrisme et droit

• Tout l’appareil juridique et toutes les autres institutions sont conçues pour le service de l’homme;

• Le bien fondamental de l’homme apparaît alors comme la vie, et non la liberté qui en est quand même la valeur
structurante;

• Néanmoins, cette dernière n’est pas envisageable en dehors de la communauté;

• Les conflits et les tensions sont régulés dans l’objectif de promouvoir la vie;

• La communauté est le lieu de l’insertion de la personne et de son développement harmonieux


III.1. 3. La communauté dans l’Afrique traditionnelle

• L’homme vit dans l’union totale avec le monde visible et de manière hiérarchisée (voir Mulago, Un visage
africain du christianisme);

• La communauté renvoie à la société globale, intégrée, mais irréductible à la somme des individus qui la
composent;

• Les tensions et les conflits sont reconnus et possèdent ainsi des espaces de régulation, avec des institutions
comme la palabre africaine et le bushingatahe (au Burundi) ;
• Ces tensions montrent bien qu’il s’agit des sociétés en mouvement (Georges Balandier, in Sens et puissance, Le
Désordre, et.)

A) Relativité et concrétude du droit dans l’Afrique traditionnelle

• Notion du juste et de l’injuste variable selon les peuples et le temps;

• Justice à comprendre comme une réalité concrète en Afrique traditionnelle;

• Elle est rendue par l’autorité coutumière dotée d’un pouvoir personnel; joue un rôle communautaire;

• Elle recherche avant tout à rétablir l’équilibre social par la recherche de la réconciliation de deux parties

• Ce magistrat est à l’opposé du bureaucrate moderne qui se comporte en fonctionnaire supérieur, chargé
uniquement de réprimer les infractions;

• La justice va au-delà du monde visible


B) La propriété du sol

• C’est la propriété par excellence

• Elle est inaliénable et attachée au groupe social;


• Elle est au fondement de la souveraineté et de l’indépendance de la communauté;

• D’où les grandes questions liées à l’appropriation de l’espace dans la région des grands Lacs;

• Beaucoup de tensions et de conflits fonciers posant la question de l’avenir des institutions coutumières et de la
pauvreté dans les milieux ruraux.
III. 1. 4. Harmonie du droit africain
• Quatrième facteur de stabilité du système juridique africain reposant sur l’appropriation et l’harmonie;
• Pas d’existence compartimentée dans les sociétés traditionnelles, mais une vision globale qui met en place
un appareil juridique en lien direct avec le cadre de vie;
• Ce cadre est stable et l’appareil juridique en est le vêtement adapté à l’écologie;
• Il supplée au défaut de technicité par le recours au formalisme grâce aux genres littéraires oraux;
• Les litiges sont débattus publiquement à travers des représentations méthodiques
et procédurales;
• Les palabres se présentent en scènes de théâtre où chacun joue son rôle et où chaque partie défend sa
position en toute liberté de parole;
• Arbitrage définitif accepté de manière quasi unanime et relâchement des tensions dans la communauté
III. 2. Problématique de l’acculturation du droit en Afrique

• Le contexte de modernité pose de façon pertinente le problème de l’acculturation du droit;


• On a des lois contraignantes du droit positif formulées sur la base d’un contexte étranger;

• Comment aller vers l’effectivité de ce droit?

• Nécessité d’entrer dans une démarche dynamique interne aux cultures africaines;

• Inclure dans cette démarche le processus d’apprentissage qui exige un temps long
pour l’éducation à la culture du droit;

• Que faire dans ce cas ou comment se comporter?


III.2. 1. L’unité dans la diversité

• Acculturation s’entend de « l’ensemble des phénomènes qui résultent de ce que des groupes d’individus de
cultures différentes entrent en contact continu et direct et des changements qui se produisent dans les patrons
« pattern » culturels originaux de l’un et l’autre des deux groupes », voir Memorandum de Redfield, Linton et
Hercovits

• Cette définition signifie que le concept est un des aspects du changement culturel, à distinguer aussi de
l’assimilation qui n’est qu’une phase de l’acculturation;

• Distinguer aussi l’acculturation, en tant que processus culturel, et l’intégration qui est un processus
sociologique,

• Comprendre la notion de justice comme une nouvelle formulation de la justice pour tous mais dans un contexte
précis;
• Ambition pour le droit de mettre en place des conditions anthropologiques de l’existence;

• L’homme cesse d’être livré à l’arbitraire; il est mis à l’abris de tout abus du pouvoir et de l’autorité;

• Cette unité comprend deux éléments:

• L’élément invariant: tout homme a besoin d’être protégé, des conditions humaines minimales(droits
fondamentaux) et chaque société est supposée détenir des valeurs qui la fait exister en termes des droits
minima, partagées par tous ses membres;

• L’élément variable: ce sont les moyens par lesquels ces minima sont transmis; ils sont différents en fonction des
cultures et c’est là qu’il faut travailler pour acculturer le droit et éviter une transmission traumatique d’un droit
positif rédigé dans un autre contexte

III. 2. 2. Les attitudes à éviter

• Les droits de l’homme, un concept venu d’ailleurs, mais exprimant une même aspiration humaine: ne pas
toujours vouloir politiser la question pour justifier les graves atteintes à la dignité de la personne humaine;
• Eviter également l’instrumentalisation des droits de l’homme pour justifier la poursuite des intérêts
économiques des puissances:
plusieurs cas de figure l’illustrent parfaitement;

• Halte à une exaltation exacerbée des particularismes culturels: ceci peut participer de l’absolutisation de
l’identité culturelle au mépris de l’identité humaine;

• Dans ce cas, le droit à la différence risque de signifier le droit à l’enferment, à la régression, et donc le droit à la
mort sociale;

• Cette vision a contribué à la consolidation des systèmes monolithiques des jeunes Etats en Afrique.

• Toutes ces notions développées dans ce cours, nous prépare à aborder aisément le cours d’Anthropologie
juridique.

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