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Sociologie politique

Matière Sociologie politique

Property Cours

Date de création @11 octobre 2022 09:59

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Annexes

Devoir rendu? Non

Devoir à rendre Oui

Textes

Jean-Philippe Genêt “La genèse de l’État”

Jean-François Bayart “L’historicité de l’État importée”

Raymond ARON “L’essence du totalitarisme”, Commentaire, 2005.

P. ROSANVALLON, “L’universalisme démocratique. Histoire et problèmes”, revue


Esprit, 2008. p.104 à 120.

Vidéo : “La démocratie représentative”, Thierry MENISSIER, Canalu.tv

Sociologie politique 1
Première partie : Construction de l’ordre
politique
Qu’est-ce que l’état ? Il n’est pas considéré comme l’équivalent du gouvernement. L’état a
des caractéristiques propres :

- une forte spécialisation des rôles et des tâches de gouvernement,

- le monopole de la coercition et de la parole d’autorité par un groupe restreint de gouvernats,


- l’apparition d’une administration avec des corps et institutions spécialisées dans certains
domaine d’action (la guerre, la police, la perception des impôts, la justice, etc…).
L’état peut alors être défini par une monarchie, un régime chinois, un empire…Tout cela est
l’organisation d’un État.
Pour Jean-Philippe Genêt, l’Etat moderne en tant que structure socio-politique est définie de
la manière suivante :

“Un état moderne, c’est un État dont la base matérielle repose sur une
fiscalité publique aceptée par la société politique (et ce dans une
dimension territoriale supérieure à celle de la cité), et dont tous les
sujets sont concernés”.

L’état moderne apparaît comme le cadre socio-politique indissociable de l’autonomisation de


l’individu dans la culture occidentale.

Est-ce que l’état est une fin en soi ? ⇒ Non, l’État est une organisation, ce n’est pas une fin
en soi.

Séance 1 : Genèse et caractéristiques de l’Etat


A) L’état féodal :

Les Etats modernes se sont tous développés à partir de monarchies féodales.

Deux points clés dans la définition de l’Etat moderne (à ne pas confondre avec l’État
occidental): la nature de la société politique, d’une part, et d’autre part les caractéristiques de
l’individualisation dans la société considérée.

Repérage historique pour l’émergence de ce type d’Etat : identifier les royaumes de l’Europe
occidentale entre 1250 et 1350.

Sociologie politique 2
Analyse théorique : Théorie de Charles Tilly : les villes mobilisatrices du capital et les Etats
mobilisateurs de force militaire.
Charles Tilly, The formation of National States in Western Europe, Princeton, 1975;
Coercion, Capital and European States 990-1990, Oxford, 1990.
Or, en Angleterre, ce sont les réformes judiciaires d’Henri II qui vont être moteur d’un
changement.
La base matérielle du pouvoir de l’aristocratie dépend d’un droit national.

Mise en place du Parlement comme institution de gestion des crises, de la fiscalité et de la


législation.

B) Droit et économie :

Peut-on combiner ces analyses théoriques ? Droit et économie

En Europe, la domination d’une classe urbaine dont les revenus sont issus d’activités de
production artisanales.

Il y a des structures communes aux sociétés européennes et ailleurs; recherche de la


protection des rois, diffusion de nouvelles pratiques culturelles et religieuses.

Production de modes d’organisation politique en Europe.

En Angleterre, constitution d’une aristocratie agrégeant la noblesse ancienne et la bourgeoisie


commerçante. Le Parlement comme garantie de la domination de l’aristocratie.

Le Parlement et autres instances politiques vont constituer des institutions différenciées


exerçant leur autorité sur toute la société.

C) La religion :

Un autre contexte : le rôle du religieux dans la formation de l’Etat sur le long terme.

Le rôle nouveau de l’Eglise : les réformes et impacts sur l’organisation politique de la


société.

Production d’une séparation du monde des laïcs et de celui des clercs.

Répartition du pouvoir entre papauté et roi/empire.

L’État importé : entre rejet et hydratation

L’Etat importé a été la notion mise en avant par Bertrand Badie dans son ouvrage L’État
importé. Essai sur l’occidentalisation de l’ordre politique, Paris, Fayard, 1992.

Selon Badie, l’occidentalisation de l’ordre politique a été causé de désordres aussi bien
intérieurs qu’internationaux.

Sociologie politique 3
JF Bayard reprend cette thèse pour insister sur le caractère paradoxal de l’invention de la
modernité.

Il s’intéresse aux trajectoires du politique alors que B. Badie s’intéresse plus aux
conséquences de l’Etat importé au niveau interne et au niveau international.
A) Formation de l’État :
JF Bayart s’interroge sur les processus concrets de la formation de l’Etat ⇒ l’historicité de
l’Etat.
Pour lui, la thèse de l’extranéité est faible. Différentes trajectoires historiques en Asie,
Afrique, Maghreb.
Le moment colonial ?

Les créations du colonisateur ont fait l’objet de processus de réappropriation.


Nécessité de comprendre l’Etat contemporain en Afrique et en Asie à la lumière de la
“longue durée”, Fernand Braudel, et de leurs histoires singulières.

La difficulté méthodologique penser les discontinuités dans les trajectoires historiques.


Jeter les bases d’une “analytique interprétative” des formes contemporaines du pouvoir, pour
aboutir à des “problématisations” communes de leur “généalogie”.

Démêler les parts respectives de la “construction de l’Etat” (en tant qu’”effort conscient de
créer un appareil de contrôle”) et de la “formation de l’Etat” (en tant que “processus
historique largement inconscient et contradictoire de conflits, de négociations et de
compromis entre divers groupes).
Distinction posée par les auteurs B. Berman, J. Lonsdale, Unhappy Valley, Portsmouth, James
Currey, 1992.

B) Dimension culturelle/subjectivation :
La dimension culturelle prédominante dans l’analyse de l’Etat.

Les classes sociales, les catégories sociales, sont aussi des communautés de moeurs, d’idées
et de valeurs.
envisager l’historicité du politique en Afrique et en Asie, pra repérage des logiques
culturelles propres aux configurations du pouvoir et de l’accumulation.

Analyser à la fois la genèse des fondements sociaux de l’Etat et l’agencement culturel du


politique.
La compréhension de l’historicité culturelle conditionne la compréhension de l’historicité
politique en Afrique et en Asie.

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Séance 2 : La pluralité des sytèmes et des régimes politiques
Un politique système est un mode d’organisation d’un Etat.

Le système politique comprend le régime politique, la structure économique, l’organisation


sociale.
On parle du système de David Easton.

Son ambition est de construire un modèle permettant de comprendre tous les systèmes
politiques empiriquement donnés.
Emprunt au monde de l’économie.

Easton veut voir n’importe quel système politique comme un système d’élaboration d’outputs
(produits manufacturés) à partir d’inputs (matière premières).
Les matières premières sont les exigences des membres du sytème politique (in put), les
produits sont les décisions (out put) qui leur sont livrées.

Une exigence est “la demande qu’une décision contraignante soit prise”.
Des mécanismes président à la transformation des émotions en exigences pratiques et bien
formulées. Mécanismes dits structuraux tels que politiciens, juristes, groupes de pression,
partis politiques, etc. ou mécanismes culturels tels que normes morales, codes, règlements.

Les exigences formulées et traitées d’une certaine manière :


Ainsi un système politique comporte une constitution des rôles de commandement spécifiés
et hiérarchisés d’une certaine manière (ce qu’Easton appelle les “autorités”), une constitution
(”régime”), une personnalité morale (”une communauté politique”).

Les exigences ne peuvent être formulées et traitées dans un système donné si tous ne sont pas
d’accord sur la manière de le faire.
Il n’y a système que par contrat, disaient déjà les auteurs classiques.

Les décisions comment les analyser ?


Outputs sont autants de réponses aux exigences;

Les institutions qui permettent à chacun de s’exprimer


Les “idéologies légitimantes”, ou la croyance que le régime incarne le bien commun.
Les décisions contraignantes, réponses aux exigences particulières qui auront fait l’objet de
débats politiques

Easton donne un aspect dynamique à son schéma, qui explique non seulement la permanence
mais aussi le changement dans un régime politique quelconque.

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2- Généalogie des classements des régimes politiques
Aristocratie veut dire gouvernement dirigé, l’autorité exercée par un “petit nombre” devait
représenter les compétents, les meilleurs parmi la nation.

Oligarchie : c’est un système politique dans lequel une petite élite dirigeante prend les
ressources de tout le monde et rend en retour seulement à son propre groupe.
Caractère patrimonial car la plupart des membres de l’oligarchie ne distinguent pas leurs
intérêts et ceux de l’État. Ils ne servent pas l’intérêt commun.

Pour Montesquieu, “il y a trois espèces de gouvernements : le républicain, le monarchique et


le despotique”.

A) Les régimes pluralistes :


Chez Aristote le mot démocratie pouvait être compris comme péjoratif.
La démocratie pluraliste, c’est d’une part, un principe représentatif en vertu duquel le peuple
réputé souvereain, délègue à un petit nombre le soin d’exprimer sa volonté; d’autre part, un
principe libéral qui privilégie la libre compétition des candidats à la représentation.

Différents régimes politiques démocratiques; régime parlementaire, régime présidentiel,


fédéralisme. Certains peuvent s’entrecroiser.

Séance 3 : Les clivages partisans et les cultures politiques


La genèse des partis politiques
Les premiers partis sont nés avec les régimes représentatifs (Angleterre, France) dès le
XVIIIème.

L’élargissement du droit de suffrage pousse à la création de structures permanentes en dehors


des enceintes parlementaires.
Au milieu du XIXème : une autre génération de partis, en connexion avec le développement
de la question sociale et l’émergence du mouvement ouvrier ⇒
mouvement révolutionnaire,
influence de Marx.

Ce qui permet de parler d’eux en termes de partis politiques, c’est la présence de leurs
candidats dans les luttes électorales.
C’est le sytème de leurs candidats dans les luttes électorales.

C’est le système pluraliste de partis qui va s’imposer.

Comment définir les partis? Ce sont des organisations qui mobilisent des soutiens en vue de
participer directement à l’exercice du pouvoir politique au niveau central et/ou local. Ce sont

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des structures juridiques.

Ils cherchent à convaincre, entrent en compétition les uns avec les autres (dans les régimes
pluralistes).
Comment fonctionnent les partis? Les membres du parti partagent des croyances communes,
mais ils ont aussi des logiques d’intérêts et des analyses particulières.

La représentativité des partis


La représentativité d’un parti? Comment l’évaluer?

La structure sociale de leurs adhérents et celle des elécteurs dont ils réussissent à drainer les
suffrages.

Il ya aussi l’image qu’ils réussissent à imposer dans la sphère publique, cela permet de
mesurer leur représentativité.

Tout dépend de la distinction entre partis uniques et partis en compétition dans une
démocratie pluraliste.
Les partis uniques : leur ambition commune : imposer une image de puissance et de cohésion
autour d’un projet de société.

Le recours au suffrage universel constituait un moyen de tester leur capacité d’encadrement


de la population.

Aujourd’hui, les partis uniques sont bousculés au profit du pluripartisme.

Des causes internes : les aspirations démocratiques des couches sociales issues de la
modernisation économique comme en Corée du Sud, à Taiwan, au Maghreb,
Et la volonté de se démarquer du système soviétique dans les pays issus de la désintégration
de l’URSS.

Des facteurs nationaux : les pressions occidentales (néolibérales) en Afrique, en Asie du Sud-
Est ou en Amérique Latine.

Les partis occidentaux dans les démocraties plurialistes:

Les partis représentent des courants de pensée que l’on associe à nationalisme, libéralisme,
démocratie chrétienne, socialisme démocratique, socialisme révolutionnaire, anarchisme et
aujourd’hui écologie.
Or, il est exceptionnel qu’ils défendent les intérêts d’une seule catégorie sociale et en même
temps ils traduisent des clivages sociaux.

Ces fractures (sociales) vont marquer des sensibilités au sein même des partis.

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⇒ Stein Rokkan, Citizens, Elections, Parties. Approaches to the Comparative Study of the
Processes of developpment, Oslo University.

La première fratcure se stiue autour de la question de l’Etat: antagonisme du national et du


local : clivage qui sépare les partis jacobins et les partis “girondins”.

Une seconde fracture concerne la question des rapports entre religion et politique ⇒ la
question de la sécularisation.
Une troisième frature est celle issue de la révolution industrielle, les exclus de la croissance
qui appartiennent le plus souvent au monde rural.

Une quatrième fracture se situe au sein même du mode de production industriel devenu
dominant ⇒les propriétaires des moyens de production/ les salariés-les bourgeois/partis
ouvriers.

Au sein même d’un parti, peuvent être représentés des réponses, des sensibilités différentes
voir contradictoires.

Les formations politiques ne représentetn pas avec fidélité les clivages de la société.

Le rôle des partis


Des machines électorales:

Le fonctionnement des partis


Les moyens d’action matériels
Tout d’abord les dépenses :

Les coûts fixes de fonctionnement intérieur

Les dépenses de formation des militants, cadres, candidats et élus.


Le coût des activités externes de propagande et d’insertion dans le tissu social

Le financement des campagnes électorales.

Budget du parti repose sur les cotisations des adhérents et militatns : il y a aussi l’importance
des prélèvements opérés sur les indemnités des élus.

Mesures de transparence: comptes de campagne des candidats.


En France, les aide publiques ⇒remboursement forfataire des dépenses électorales engagées
par les candiats ayant obtenu 5% des suffrages exprimés.

La notion de culture politique

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Durkheim et les représentations collectives dans les “Formes élémentaires de la vie
religieuse”.

Le concept de culture politique résulte de l’emprunt par une science politique d’inspiration
behaviouraliste du concept de culture (tradition anhtropologique).

La culture politique: un ensemble de connaissances et de croyances permettant aux individus


de donner sens à l’expérience routinière de leurs rapports au pouvoir qui les gouverne, et aux
groupe qui leur servent de références indentitaires.

Deuxième partie : L’acceptation de l’ordre


politique
Séance 4 : La légitimation de l’ordre politique
La notion de légitimité:
Il existe deux types de rapport au pouvoir chez les individus et selon la nature du régime:

Le rapport de sujétion ou d’obéissance subie est caractérisée par une attitude


générale de soumission, de la crainte qu’inspirent les appareils coercitifs.

Le rapport de consentement, ou d’”obéissance volontaire” suppose un


aqcuiescement des individus, une acceptation du pouvoir et de ses manifestations.

Le terme de consentement peut désigner des rapports au pouvoir multiples.

L'individu se résigne à l'existence d'appareils politiques spécialisés, par habitude ou


parce qu'il partage une croyance diffuse en leur nécessité sociale.

II peut en concevoir l'utilité parce qu'il en attend pour lui et ses concitoyens des
avantages.

Il peut aussi s'en faire le soutien: il souscrit aux croyances et aux valeurs dont le régime
et les dirigeants se réclament.

La légitimité d'une forme de pouvoir est de l'ordre des croyances partagées par un grand
nombre:

la légitimité est une croyance faisant qu'en dépit de leurs insuffisances et de leurs
défauts, les institutions politiques d'un peuple lui apparaissent supérieures à toutes les
autres formes de gouvernement. (Dictionnaire de la science et des institutions
politiques).

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La légitimation du pouvoir peut s'analyser comme la production d'un ensemble d'actes et
de discours dont les dirigeants attendent une légitimité accrue.

Les principes et les pratiques de la légitimité varient dans l'espace et


le temps:

autorité divine ou magique, coutumes ancestrales, hiérarchies lignagères ou


générationnelles, hérédité dynastique, loi dite naturelle, constitutionnalité, régularité
juridique, légitimité démocratique dérivée de l'élection ou d'une dynamique populiste.

La légitimité est de portée sociale -> elle dérive essentiellement d'un imaginaire politique
dans une société et d'un système de valeurs.

Max Weber: plusieurs types de légitimité ou trois grands types de domination légitime.

La domination rationnelle légale

La domination traditionnelle

La domination charismatique.

L'objectif principal retenu ici est la description des mécanismes qui accréditent la
légitimité du pouvoir politique, et pas seulement la légitimité des formes que prend ce
pouvoir dans les diverses sociétés.

Selon J. Lagroye, une étude de la légitimation du pouvoir ne saurait donc prendre pour
base la typologie weberienne.

Il s'agit d'analyser les comportements politiques et les croyances.

Pour Lagroye, la légitimité implique une croyance en la valeur sociale des institutions.

La légitimité d'un régime découle de son identification à un système de normes, de son


aptitude présumée à assurer le triomphe des valeurs socialement désirables (recherche de
soutiens).

Si on prend en compte la démarche idéologique, elle ne peut être comprise qu'en


référence aux valeurs qui prédominent dans la société.

Le discours du pouvoir, celui des dirigeants politiques et idéologues, ne « fabrique »


donc pas une idéologie dominante; celle-ci préexiste d'une certaine manière à ce discours
(la famille, l'école, l'Eglise...les partis politiques).

Cependant le discours du pouvoir demeure important.

La démocratie constitue-t-elle un système de domination parmi


d’autres?

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Les relations de pouvoir légitimées et stabilisées relèvent de la domination.

Or, un pouvoir qui ne repose que sur la contrainte, est un pouvoir précaire, menacé.

Pour se maintenir le pouvoir doit être reconnu et correspondre à des croyances partagées
-> être conforme aux croyances dans ce que doit être le pouvoir.

C'est une forme de domination pour que le pouvoir soit efficient;

pouvoir perçu comme une nécessité sociale.

Fonder la domination sur le consentement-> la question de l'habitus.

Habermas/N. Elias/Bourdieu

L'habitus est l'ensemble des dispositions acquises, des schèmes de perception,


d'appréciation et d'action, inculqués par le contexte social en un moment et une place
particuliers ; ce sont des façons d'être et de faire, soumises à une sorte d'automatisme.
(Anne-Cécile Douillet, Sociologie politique. Comportements, acteurs, organisations,
Armand Colin, 2017, p. 42).

Qu'en est-il de la parole et soumission?

La prétention de la parole souveraine à énoncer les fondements de l'ordre social -›une


relation entre le pouvoir et le sacré.

Assujettissement et sacré du pouvoir: la désobéissance au souverain est sacrilège, tant


qu'il ne contrevient pas à sa mission, tant qu'il ne rompt pas l'ordre.

Désobéir, c'est s'exclure de l'ordre universel et de la communauté.

Pour J. Lagroye, inversement, la relation qui s'établit entre l'assujetti et le pouvoir


politique est indissociablement d'amour et de peur.

La légitimation peut être production de sacré.

Processus de délégitimation de l’ordre politique.


Pour Jacques Lagroye, « la légitimation est l'acquisition d'une légitimité ».

Du coup, la délégitimation est la perte de cette légitimité ou bien le fait de contraindre à


consentir, à reconnaitre le pouvoir légitime.

M. Dobry parle de « déperditions de légitimité ».

Dobry prend en compte le modèle théorique de D. Easton.

Easton considère que les croyances porteuses de légitimité ne concernent que le régime
et les autorités - la production des crises politiques en lien avec les réservoirs de soutien

Sociologie politique 11
diffus ou de légitimité.

L'exemple d'Henri VIII et l'Eglise anglicane (XVè siècle): la question de la mutation de


l'ordre politique. La délégitimation vient d'en-haut.

Le pouvoir politique reçoit sa légitimité d'un accès à la connaissance suprême et dans le


cas de l'Angleterre, elle passera par le roi devenu chef de l'Eglise et non plus le pape.

" Donation de sens: « La légitimation ne dit pas seulement à l'individu pourquoi il


devrait agir d'une certaine manière et pas d'une autre; elle lui dit aussi pourquoi les
choses sont telles qu'elles sont », Jean LECA, Traité de science politique. Tome 1.
(1985).

La légitimation procède donc d'un ensemble de mécanismes sociaux que le pouvoir


institué contrôle....mais que partiellement.

La conformité d'un régime au système dominant des représentations et des croyances


n'est pas établie par un calcul rationnel; elle tient à quantité de facteurs qui échappent
largement à la volonté des dirigeants.

Facteurs: la durée; la complicité des élites; une situation économique favorable, sans
oublier que le pouvoir n'est pour rien, ou peu, dans cette conjoncture.

Séance 5 : La représentation politique : modalité et limites


Les fonctions du vote
Le suffrage universel remplit deux fonctions autres que le choix du gouvernement:

conférer un surplus d'autorité légitime à ceux qui exercent le pouvoir

réactiver chez les gouvernés le sens de leur appartenance au grand groupe.

Des élections avec candidature unique indispensables aux gouvernements autoritaires


pour des objectifs bien précis:

renforcer leur autorité en faisant en sorte de réduire l'abstentionnisme

disqualifier les manifestations d'opposition

En contexte démocratique: le vote s'inscrit dans un processus de légitimation des


gouvernements si....

la participation demeure à un niveau acceptable socialement.

Accorder le droit de vote ne suffit pas à faire voter (montée de l'abstention dans les
démocraties pluralistes).

Sociologie politique 12
Que faire? Obligation de voter?

Les conditions légales du vote définissent le corps électoral.

Les lois électorales définissent les règles du jeu:

électeurs, éligibles, la durée du mandat, la dimension des circonscriptions, le nombre de


sièges à pourvoir, la manière de comptabiliser les voix pour proclamer le(s) vainqueur(s).

Ce sont les gouvernants qui décident en la matière.

Les lois électorales se rapportent aux scrutins majoritaires et scrutins proportionnels->


favoriser la stabilité gouvernementale ou l'équité de la représentation?

Scrutin majoritaire à un tour: la clarté des enjeux de la consultation électorale


(bipartisme de type britannique).

La proportionnelle favorise le multipartisme.

Les conséquences seront différentes pour la constitution d'un gouvernement.

Néanmoins, dans les deux cas, c'est la dimension droite/gauche qui apportera une
visibilité (claire).

Cela contribue à former les cultures politiques: un repère identitaire pour les individus
électeurs.

Qui sont les non-votants?

Il convient de distinguer les non-inscrits et les abstentionnistes.

En France, le nombre des non inscrits est évalué autour de 10% des personnes en âge de
voter.

Rejet explicite de toute participation politique: pour quelles raisons?

Contexte urbain des grandes villes: la non inscription facilitée par l'absence de pression
sociale

Si l'on comptabilisait les non-inscrits dans les statistiques électorales, la visibilité de


l'abstention en serait accrue....ce que ne peuvent souhaiter les dirigeants politiques.

En France, l'absentationnisme est plus élevé aux élections législatives qui suivent
immédiatement une élection présidentielle.

La participation aux législatives de 2022 était de 46,23% des inscrits (soit 53, 77% se
sont abstenus), 28,01% d'abstention aux présidentielles de 2022.

Le vote peut mesurer les fluctuations du comportement civique: évolution du sentiment


d'insertion individuelle, aptitude à porter un jugement plus exigeant sur les enjeux de la

Sociologie politique 13
compétition électorale.

Le problème de la représentation
Parce que le pouvoir s'exerce dans des conditions qui font une place à l'exigence de
légitimité : les gouvernants doivent constamment démontrer leur représentativité.

Or, difficultés, en raison de la professionnalisation de la vie politique de plus en plus de


gens « vivent d'elle et pour elle » (M.Weber)

Le processus de différenciation des tâches politiques est devenu encore plus complexe.

Intensification des rapports entre la sphère politique et l'administration publique,


l'économie et la culture..., ce qui pose en termes nouveaux la question : qui gouverne
dans la société ?

Qu'est-ce que la représentation?

« La représentation est le concept fondateur des régimes démocratiques modernes.


Rompant avec la théorie classique de la démocratie, ceux-ci ne supposent pas le
gouvernement du peuple par le peuple, mais le gouvernement du peuple par les
représentants du peuple ». (Dictionnaire de la science politique et des institutions
politiques).

Selon Bourdieu, la représentation est en quelque sorte un « coup de force symbolique ».

C'est une fiction nécessaire. Il faut trouver le lien qui unit représentés et représentant (par
les valeurs).

Représentation universaliste ou particulariste ?

Toute théorie du gouvernement représentatif est confrontée au même dilemme :

faut-il représenter l'unité du groupe ou bien la diversité de ses composantes ?

La représentativité :

Des écarts de représentativité peuvent être tolérables ou non.

Il est impossible de représenter exactement la structure des classes sociales, les tranches
d'âge, les familles spirituelles, etc.

La représentativité ne peut se définir par l'adéquation exacte entre les opinions du


représentant et celles des représentés. Elle résulte d'une lutte continue (processus social,
processus politique).

Elle influence le leadership.

Sociologie politique 14
L'accès à la classe politique
Problème de légitimité du régime politique lorsque l'on constate des surreprésentations
de certaines catégories sociales.

Dans les régimes pluralistes, la sous-représentation des femmes, des classes dites
populaires, crée-t-elle un malaise dans le débat politique?

Accès à la classe politique: question de pouvoir et vouloir faire de la politique.

Jusqu'au dernier tiers du 19è siècle, sur-représentation de l'aristocratie dans le personnel


politique dirigeant.

Avec le suffrage universel et critères de compétence dans le recrutement des


fonctionnaires, émergence des professions libérales et classes moyennes dans la classe
politique.

La seconde moitié du 20è siècle caractérisée par « l'aristocratie » de la fonction publique,


au niveau des ministres et de leurs collaborateurs.

« Noblesse d'Etat » (expression de P. Bourdieu) puissante en France.

Vouloir faire de la politique: il faut savoir mobiliser le maximum de soutiens, des


réseaux.

Cursus classique à distinguer du cursus moderne d'accès à la classe politique.

Cursus moderne: l'entrée politique se fait directement dans les cabinets ministériels, à
l'Elysée comme membres officiels.

Le travail politique
Quelle en est la véritable spécificité?

Une composante essentielle renvoie à l'exercice de la parole

Cette parole doit servir à mobiliser des soutiens pour le gouvernement; ce qui suppose
qu'il satisfasse un minimum d'attentes ou d'exigences (D. Easton).

Mener une politique qui propose des « satisfactions », c'est réduire un écart entre les
perceptions négatives d'une situation et les espérances d'amélioration considérées comme
légitimes.

Dualité idéal-typique : politique gestionnaire/politique symbolique, dans la pratique du


travail politique les deux étroitement liées.

Et l'action politique?

Sociologie politique 15
A la fois communicationnelle (au stade des négociations et de l'adoption de certaines
mesures), et matérielle (au stade de l'exécution sur le terrain).

« Or, c'est au niveau communicationnel que se manifeste le plus visiblement


l'intervention de l'instance politique » (P.Braud, Sociologie Politique).

Une politique qui vise à offrir des satisfactions est toujours génératrice d'autres
insatisfactions.

L'action politique, c'est essentiellement un travail sur les représentations du réel. Car la
capacité sur le terrain est souvent réduite.

Le succès de l'action politique, évalué en termes de satisfaction des citoyens, dépend des
représentations positives que les gouvernants ont réussi à susciter.

Cela passe par le langage politique (en lien avec la communication politique).

L'appel aux valeurs car le discours/action politique ne peut se tenir sur le registre
gestionnaire, économiste et technicien.

Il leur faut identifier leur combat à une grande cause, d'ordre moral ou éthique (toujours
en lien avec la cuIture politique, la légitimité, la légitimation).

Le travail politique

C'est plaider : les dirigeants politiques se doivent d'être des avocats, des passeurs et des
courtiers.

C'est décider et endosser des décisions.

C'est aussi contrôler à des fins de transparence: identifier les dysfonctionnements


administratifs, anomalies qui menacent l'efficacité d'un régime politique.

La démocratie se révèle un mode de gouvernement plus performant que les systèmes


autoritaires.

Séance 6 : L’acceptation de l’ordre collectif : les groupes


d’intérêts
Cette séance portant sur l’action collective nous amène à analyser les mouvements
sociaux et les groupes d’intérêts.

Tout d’abord, il faut revenir sur la notion de participation politique étudiée lors de la
séance précédente et qui portait, entre autres, sur la fonction du vote.

Le vote est une forme de participation politique.

Sociologie politique 16
Les mouvements sociaux sont aussi une forme de participation politique importante dans
les démocraties pluralistes.

Bibliographie: bibliographie du cours; Jean-Yves Dormagen, Daniel Mouchard,


Introduction à la sociologie politique, De Boeck Supérieur, 2019; P. Braud, Sociologie
politique, LGDJ, 2004.

La logique de l’action collective


De manière générale, la recherche de « biens » permet de comprendre les motivations
qui poussent les individus à s’unir et s’organiser en vue de l’action.

Le rejet, échec d’une aspiration provoquent des frustrations, des insatisfactions→


dimension émotionnelle à analyser et essentielle pour mieux comprendre les
antagonismes et conflits sociaux.

Le conflit en lien avec l’organisation sociale (division du travail, répartition des biens, le
contrôle des moyens de production, etc.).

La question de l’appartenance à la classe sociale et conflits mais pas suffisant comme


modèle d’explication.

Les intérêts et les aspirations des individus sont conditionnés par la position qu’ils
occupent dans un champ social (P. Bourdieu).

Pour identifier les intérêts des individus, il faut s’intéresser au milieu d’origine et au
champ qui structure les espérances.

Il faut prendre en compte le contexte social et politique: le contexte de la mobilisation.

Le contexte de mobilisation correspond aux caractéristiques du groupe mobilisé et au


système politique dans lequel il s’inscrit.

L’analyse de la structure des opportunités politiques est une manière de comprendre le


contexte des mobilisations. Travaux de Sidney Tarrow: l’état des rapports entre les forces
politiques, le moment et les soutiens dont disposent les groupes mobilisés au sein du
pouvoir politique.

Les théories explicatives de l’action


Grèves, manifestations, sit-in, blocages, occupations de locaux: formes d’action
exprimant des revendications.

Ces actions collectives rythment la vie politique en dehors des périodes électorales.

Constat: le potentiel protestataire s’accroit.

Sociologie politique 17
Définitions :

La participation politique conventionnelle désigne le vote mais aussi l’ensemble des


comportements liés au processus électoral (inscription sur les listes, participation à une
campagne) à l’engagement partisan (adhésion, militantisme) ou plus généralement à la
politique (s’informer, discuter, débattre de la politique).

La participation politique non conventionnelle désigne les activités politiques de type


protestataire (signer une pétition, prendre part à une manifestation, occuper un bâtiment
public…).

(Jean-Yves Dormagen, Daniel Mouchard, Introduction à la sociologie politique, De


Boeck Supérieur, 2019, p. 219).

Qu’est-ce qu’un mouvement social?

Tout d’abord, un mouvement social, d’un point de vue sociologique, est une forme
d’action collective → une action menée par plusieurs individus en même temps, de façon
concertée et intentionnelle.

Il faut identifier la finalité de ce type d’action collective:

exprimer et défendre collectivement des demandes face à une autorité considérée comme
ayant la possibilité de faire aboutir ces revendications (de nouveau se référer au schéma
de D. Easton).

C’est le pouvoir politique qui est visé le plus souvent.

Or ce peut être aussi la direction d’une entreprise, par exemple.

Comment l’action se déroule?

Ce questionnement est en lien avec « les logiques de l’action collective »→ Mancur


Olson, La logique de l’action collective, Paris, PUF, 1978 (préface de Raymond
Boudon).

Qui agit? Dans quel cadre? → contenu des revendications et dimension


organisationnelle.

Les travaux d’Anthony Oberschall sur la mobilisation des ressources→ étude des
processus de passage à l’action.

Il faut analyser les formes d’action concrètes et aussi leur évolution historique. Du coup,
on s’intéresse à la notion de « répertoire d’action », forgée par Charles Tilly.

« Répertoire d’action »: défini comme la configuration des moyens de pression et


d’influence mobilisables par un groupe.

Sociologie politique 18
En somme, C. Tilly insiste sur la fluidité des ressources politiques disponibles (tout
dépend de la conjoncture/ contexte et du choix des moyens disponibles).

Les groupes d’intérêt


Groupe d’intérêt (ou groupe de pression) désigne toute structure organisée qui défend
collectivement un intérêt spécifique, auprès du pouvoir politique sur lequel le groupe
cherche à exercer de l’influence.

Différences entre groupes d’intérêt et partis politiques: deux acteurs du champ politique
dont l’intervention n’a pas la même finalité ni les mêmes modalités.

Parti politique → conquête du pouvoir politique.

Groupe d’intérêt→ influence le pouvoir politique (de la négociation à la violence


physique).

Des groupes d’intérêt peuvent néanmoins devenir des partis politiques (en France le cas
des Verts, par exemple).

Différents types de groupes d’intérêt selon le contenu des revendications mais aussi à
distinguer selon la taille et les ressources disponibles.

Exercice de pressions sur le pouvoir politique, national, local supranational →


développement considérable au niveau de l’Union européenne.

Le cas des syndicats: les syndicats de travailleurs de puissants groupes d’intérêt au sein
des systèmes politiques européens.

Perspective historique à prendre en compte → au XIXè siècle, fondation de grandes


organisations, Trade Union Congress en Angleterre (1868), Confédération Générale du
Travail en France (1895).

Développement du syndicalisme n’est pas homogène en fonction des contextes: la


question du syndicalisme de masse → en France estimation 10% de la population active
contre 70% en Finlande.

Philippe Braud (Sociologie politique) distingue deux grands types de groupes:

Les groupes identitaires: défense des intérêts d’une catégorie spécifique de la société
(économiques, professionnels, religieux, culturels…). Un groupe identitaire important
dans les démocraties contemporaines → un syndicat.

Les groupes porteurs d’une cause: ils défendent une cause, une valeur, une idée comme
l’environnement, l’antiracisme, cause susceptible d’être soutenue par des catégories de la
population. Obtenir des soutiens les plus diversifiés possibles.

Sociologie politique 19
Troisème partie : La réfutation de l’ordre
politique
Séance 7 : Espace public, opinions publiques, espaces
médiatiques

Séance 8 : Les stratégies du conflit


La manifestation
Les manifestations sont des pratiques pacifiques de participation

La notion d’engagement politique. Il s’agit d’un comportement valorisé, en tant


qu’expression par le citoyen du sens de ses responsabilités dans la société.

Il constitue un élément nécessaire à la vitalité des régimes démocratiques:

-au niveau des institutions, en alimentant le vivier des candidats au métier de


représentant

-au niveau de la société civile (les pratiques associatives), émergence des formes de
contre-pouvoir face aux gouvernants issus des urnes.

Niveau d’engagement politique:

Le seuil de l’engagement, c’est l’association de l’individu à une action collective.

Engagement éphémère dans la participation à des manifestations ou des campagnes de


mobilisation, engagement permanent avec l’adhésion à des organisations tels
qu’associations politiques, syndicats ou partis.

Adhésion peut demeurer passive ou au contraire recouvrir un activisme qui mobilise


beaucoup de temps et d’énergie.

La diffusion des pratiques de participation démocratique est très contratstée selon les
cultures politiques.

En France, début du XXIe, moins de 1% la proportion de citoyens qui adhèrent à un parti


politique.

En revanche, la recherche d’informations politiques à travers la presse écrite ou parlée


demeure largement répandue.

Les mobilisations ponctuelles comme la protection d’un site menacé sont en


développement.

Sociologie politique 20
Comment expliquer ce faible degré d’engagement pratique?

Pour Daniel GAxie, l’engagement d’un individu en tant que citoyen actif serait correlée
avec son niveau de compétence politique, elle-même en rapport avec son niveau culturel
et son insertion professionnelle.

L’appartenance à la catégorie des cadres supérieurs et aux professions à haut niveau de


diplômes est un facteur qui prédispose à l’acquisition des savoirs politiques
indispensables.

Limites de la thèse: depuis plus de 30 ans, élévation du niveau général de connaissances


et déclin de la participation.

Il faut donc se tourner vers d’autres explications.

Une autre approche se place du point de vue du contrôle social, càd des pressions qui
s’exercent (ou non) pour inciter voire contraindre l’indiviu à la participation.

Les travaux de Mancur Olson “Les logiques de l’action collective”.

Tout se passe comme si la stabilité du système politique démocratique exigeait un


équilibre entre politisation et indifférence, apathie et participation.

Une autre catégorie de facteurs: prise de conscience de la difficulté de changer les choses
par des engagements, en raison de l’élévation du niveau des connaissances et du
jugement critique.

Selon P.Braud, la montée de clairvoyance a des effets démobilisateurs.

Même l’action, ponctuelle a ses limites, elle peut même générrer un certain aveuglement
égoïste dans la lutte ⇒
du coup, penser globalement, agir localement.

Pourquoi l’engagement de quelqun-uns?

Les facteurs impliqués dans le passage à l’acte.

L’importance des convictions: l’activiste agit pour faire passer ses valeurs dans la
société.

Besion de s’affirmer dans l’espace public, pour l’stime de soi, pour des raisons en lien
avec des réseaux familiaux aussi.

En Europe, depuis les années 80, une sensible évolution des modèles d’engagement
civique et politique ⇒contexte de forte affirmation de l’individualisme, les anciennes
pratiques militantes remises en cause.

Aucune grande cause ne semble justifier aujourd’hui des sacrifices d’ordre culturel ou
affectif, familial.

Sociologie politique 21
Emergence de nouvelles formes d’engagement plus distanciées ⇒ des individus en quête
d’un nouveau répertoire d’action qui inclue une vision planétaire des problèmes et un
souci de l’efficacité pratique sur le terrain.

Pierre Favre a distingué trois types de manifestations.

Les premières qu’il appelle “iniciatrices” ont pour fonction majeure d’imposer sur la
scène politique avec le maximum de visibilité, un enjeu ou un problème occulté par le
jeu institutionnel.

Les secondes “routinières”: elles permettent à des organisations de rappeler


périodiquement leur capacité mobilisatrice et leur représentativité. C’est la catégorie des
manifestations syndicales classiques.

Les troisièmes sont associés à des crises politiques globales. Le 30 mai 1968, l’enjeu des
mouvements de foules n’est plus la prise en charge de revendications spécifiques à
certains groupes sociaux, mais le maintien ou la chute des pouvoirs publics.

Conclusion: prendre en compte la double dimension, instrumentale et identitaire, de


toute manifestation. Dire qui l’on est, instrumentale et identitaire, de toute manifestation.
Dire qui l’on est, dire ce que l’on veut; et cela, soit dans le cadre du système politique,
soit contre lui.

Evidentes connexionq entre le champ politique institutionnel et les rassenblements dans


la rue.

La capacité d’un parti à mobiliser ses partisans constitue une ressource politique
importante, càd un moyen de pression sur les gouvernements, sur les autres partis ou sur
les partenaires sociaux.

L’explication de la violence politique


La “banalisation” de la manifestation n’exclut pas des incidents et montre que la gestion
de ce type d’action collective (par les organisateurs et la police) demeure complexe.

Manifestations sont souvent associés à la notion de turbulence.

La manifestation signale une affirmation collective d’existence politique, échappant peu


ou prou au contrôle du pouvoir d’Etat.

Spontanée ou organisée, elle peut menancer les canaux institutionnels et la sérénité de


l’ordre public.

Dans les régimes démocratiques, recourir à la violence constitue l’aveu d’un échec ou
d’un refus.

Sociologie politique 22
Or, l’usage de la violence est un moyen d’accéder à l’existence politique en s’imposant
comme interlocuteur face aux gouvernants, autres partis et forces sociales contraits de se
situer par rapport aux objectifs affichés.

Plus encore, la violence revêt souvent le visage d’une protestation, justifiée ou non,
contre l’exclusion ou la marginalisation sur la scène institutionnelle.

Cas de l’Afrique du Sud: lutte armée de l’ANC contre l’apartheid, opposants aux
régimes en place et autoritaires.

Des groupes délaissent délibérément les modes d’expression démocraitques par


radicalisme religieux (l’islamisme radical des geoupes djihadites, Al Qaïda) ou par
gangstérisme économique comme la narco-violence en Colombie, la violence maffieuse
en Sicile…

Il n’est pas facile de définir la violence politique ⇒ diversité de ses modalités.


Parce que la violence est, en général, réputée illégitime, la définition de ses limites
exactes devient un enjeu politique majeur en certaines circonstances.

L’enjeu: c’est le lien, établi ou non, entre violence d’Etat et violences contre l’Etat.

La première est légitimisée par le souci de protéger l’ordre public contre les fateurs de
troubles: la provocation justifie la répression.

La seconde, au contraire, se donne comme excuse le devoir de lutter contre


l’asservissement: c’est la répression qui ailmente la protestation.

C’est pourquoi dans l’histoire de la pensée politique, on peut repérer des théories
défendant le tyrannicide ou le droit de résistance à l’oppression.

Problème de son acceptabilité morale. Ce débat occupe une place importante dans la
réflexion de Marx, Jean-Paul Sartre.

La perspective de science politique dont les travaux aux Etats-Unis à partir des anées
1970: ceux de Ted Gurr ou Douglas Hibbs qui accumulent des données empiriques qui
seront modélisées.

D’autre part, des études socio-histoirques, ceux de Barrington Moore ou Charles Tilly
qui s’efforcent de penser le rôle de la violence dans le changement social.

Le modèle explicatif de Gurr

Gurr replace l’analyse psychologique dan un schéma sociologique où, à l’origine de la


violence sociale, se situe la notion de frustration relative.

Sociologie politique 23
Les potentialités de violence sociale sont à leur sommet lorsqu’un maximum d’individus
se trouvent placés dans ue situation identique.

Le passage à la vilence politique (étude du contexte) est favorisé tout d’abord par la
diffusion de normes éthiques justificatrices.

Au XIXe, apparaissent les tensions sociales en lien avec la grande industrie, de nouvelles

théories justificatrices de la violence marxisme ou anarcho-syndicalisme. L’Etat étant
un Etat de classe, violence inéluctable “en réponse” à la violence des dominants.

Des justifications éthiques sont souvent alléguées après des violences de rues: “la juste
colère des travailleurs”, “les rpovocations policières”, “le désespor des paysans”, thèmes
qui veulent rappeler la problématique de la légitime défense.

Selon Ted Gurr, un certain nombre de facteurs propices au passage à la violence:

les succès déjà obtenus par le groupe sociale grâce au recours dans le passé à la violence;

l’exemple des succès arrachés par d’autres groupes qui invite au mimétisme

la manière de souligner son efficacité dans le traitement médiatique de l’actualité,

enfin le sentiment (subjectif) d’être marginalisé dans le jeu institutionnel normal.

Seule la violence permet d’obtenir la prise en considération des exigences collectives.

La gestion du conflit en démocratie


Pour le Marxisme, le conflit lié à un certain type de structures sociales, et pourrait
disparaître par l’entremise du progrès ou de la révolution.

Durkheim accorde peu d’attention au conflit, sociologue sur la question de l’intégration


⇒ le conflit est dysfonctionnel.
Pour Weber, au contraire, le conflit est considéré comme “normal”; rôle permanent au
sein des relations sociales, car “il est impossible, selon toute l’expérience acquise à ce
jour, d’éliminer la lutte”.

Simmel considère également que le conflit constitue une forme de sociation. Les facteurs
de dissociation - la haine, l’envie, le besoin, le désir - sont les causes du conflit.

Glissement vers une sociologie purement fonctionnelle du conflit aussi réductrice que la
perspective dysfonctionnelle.

Quelles sont les conséquences du conflit? En lien avec les ruptures ou les révolutions
bouleversant le système social.

Sociologie politique 24
Les sociétés tentent de gérer les risques internes ou externes. Or, les ruptures montrent
l’illusion de la croyance en l’extinction ou, encore, la stabilisation des conflits.

Le conflit a une place en démocratie.

Le problème du maintien de l'ordre et de l'unité politique conduit à s'interroger sur les


limites de l'exercice du conflit en démocratie.

Pour Isabelle Sommier, les règles du conflit en démocratie ne sont plus respectées car
pour elle les dynamiques des manifestations ont changé : des individus méfiants envers
tout système font face à des policiers surarmés.

Les travaux de Olivier Fillieule: la contestation altermondialiste qui se développe et une


nouvelle ère de répression et de « criminalisation »

des mobilisations protestataires.

Séance 9 : Les modalités du changement politique.


Le moment révolutionnaire
La question révolutionnaire-> on s'intéresse à la question du changement, du changement
social.

La violence d'Etat se déploie pour protéger « l'ordre social » et se fonde sur une norme
justificatrice : la légitime défense collective.

Cependant, des exemples où la violence d'Etat, militaire et policière, mise au service d'un
processus révolutionnaire.

C'est la thèse léniniste de la dictature du prolétariat avant l'avènement de la société sans


classes.

Au XXè siècle, beaucoup de régimes militaires issus d'un coup de force (en Turquie avec
Mustapha Kemal, en Egypte avec Gamal Abdel Nasser, en Irak avec Saddam Hussein) -
> transformation de la société, modernisation accélérée.

Révolution/ coup d'Etat?

La « révolution des officiers libres » en Egypte : rupture radicale, mais dans un contexte
de très faible mobilisation populaire.

Problème de l'extension de ce concept qui contribue à appauvrir sa vertu tant descriptive


qu'explicative (« révolution agricole », « révolution industrielle », « révolution
technologique »).

Sociologie politique 25
Difficile de rassembler l'ensemble des cas dans une catégorie unique qui permettrait de
fonder une théorie.

Elle est étudiée dans une perspective socio-historique qui permet de l'appréhender et de
la définir au regard du processus de développement propre à la société étudiée.

Comment la définir? Critère de la violence?

La violence protestataire n'est pas toujours associée à un projet politique de


transformation. Ex: les révoltes paysannes d'Ancien Régime, les révoltes urbaines des
banlieues à l'ère industrielle-› explosion de violence colérique.

Theda Skocpol (T. Skocpol, Etats et Révolutions sociales. La Révolution en France, en


Russie et Chine, trad., Paris, Fayard, 2000)-> la révolution comme un processus de
participation populaire visant à une transformation sociale et aboutissant à
l'institutionnalisation d'un nouvel ordre politique.

Déf de la révolution : la révolution désigne toute rupture radicale intervenant dans le


mode d'organisation d'une société. (Dictionnaire de la science politique et des institutions
politiques).

Distinction révolutions sociales et révolutions politiques (T. Skocpol):

les premières affectant l'organisation politique ainsi que la structure sociale (Révolution
française de 1789, révolution russe de 1917, révolution chinoise de 1949)

les secondes, à l'instar de la Révolution anglaise de 1642, ne concernent que l'ordre


politique.

Le principal problème posé: critère(s) permettant d'établir qu'une rupture est


suffisamment radicale pour qu'on puisse faire état d'une révolution.

La dimension de la violence politique est aussi à prendre en compte.

Les modèles séquentiels

Le processus révolutionnaire: étapes successives, produites logiquement par sa


dynamique interne.

Pour Crane Brinton (The anatomy of Revolution, 1938), les 1ers signes de la révolution
sont l'intensification des conflits de classe et la crise de légitimité du pouvoir politique.
Dans une fère phase, le gouvernement emploie la force pour résister aux revendications
mais, affaibli pour des raisons politiques et financières, il échoue.

Dans une seconde phase, le pouvoir appartient à des révolutionnaires modérés mais
contestés doublement : par des secteurs plus conservateurs et des secteurs plus radicaux
de l'opinion publique.

Sociologie politique 26
La troisième phase se caractérise par la prééminence absolue des révolutionnaires les
plus durs, qui exercent un pouvoir dictatorial.

La thèse de Brinton, fondée sur l'étude historique de 4 révolutions

Anglaise au XVII è siècle

Américaine et française au XVIllè siècle

Bolchévique au XXè siècle

Enchainement historique et descriptif.

Les modèles psycho-sociaux

Frustration subjective pour expliquer le point de départ d'un processus révolutionnaire.

James Davies affirmait : « la révolution a le plus de chances de se produire quand une


période prolongée de progrès économiques et sociaux est suivie par une courte période,
devant laquelle le fossé entre les attentes et les gratificationsSelareu rapidenteaig,
devenant induelrabit. sserustrelion ttentins es Une g ratificationelle s'étend largement
dans la société, cherche des modes d'expression dans l'action violente ». James Davies, «
Vers un théorie de la révolution », in P. Birnbaum, F. Chazel (dir.), Sociologique
politique, Paris, A. Colin, 1971.

La courbe en J renversé, le temps t2 est celui où éclate le processus révolutionnaire.

Cas de la Révolution russe de 1917, coup d'Etat nassérien de 1952, Révolution française
de 1789 ou à celle du Mexique de 1911.

Le sentiment de frustration n'a d'importance politique qu'à condition d'être mobilisé par
des organisations et des leaders qui affrontent les gouvernants.

Les modèles socio-historiques

Barrington Moore, Les origines sociales de la dictature et de la démocratie (1966) -> les
rôles politiques joués par les aristocraties foncières et les classes paysannes dans la
transformation en sociétés industrielles des sociétés agraires européennes.

L'auteur distingue trois grands scénarios de modernisation révolutionnaire : les types


démocratique, fasciste et communiste.

Pour Ekkart Zimmermann, la révolution résulte de la perte de légitimité du régime


politique > impuissance des gouvernants à maîtriser une crise (économique) et la
nécessité d'affronter des masses populaires profondément mécontentes. Similaire à
l'analyse de Brinton et Davies.

Sociologie politique 27
Mais aussi désertion des élites qui peuvent encadrer les mécontents dans des
organisations protestataires,

degré de loyauté et puissance des forces policières ou militaires.

Ainsi la violence, comme arme révolutionnaire, joue un rôle majeur dans la


déstabilisation des régimes politiques.

C. Tilly, La France conteste. De 1600 à nos jours, Trad., Paris, Fayard, 1986.

Répertoire d'action collective

Transition politique et transitologie


La transition politique traduit le processus de démocratisation.

Une transition vers un régime démocratique comme a pu le montrer le cas de l'Afrique


du Sud. La transitologie décrit la question de la rupture : cette rupture, a-t-elle bien lieu ?

Transition politique: processus de passage de formes diverses d'autoritarisme à la


démocratie, par démocratisation des régimes en place, par un changement net de régime.

Pourtant, la transition démocratique constitue un laps de temps intermédiaire à l'issue


incertaine-› rien n'assure qu'il doive déboucher vraiment sur la démocratie.

« Transitologie »: les tactiques et les techniques de gouvernement capables d'assurer des


changements de régimes ordonnés, sans vainqueurs ni vaincus, et garantissant la
continuité de l'Etat.

Ce paradigme des transitions démocratiques remis en cause dans deux perspectives au


moins:

Fareed Zakaria insiste sur une « zone grise » occupée par des « démocraties illibérales »
ni vraiment autoritaires ni véritablement démocratiques.

La seconde perspective est celle, avant tout américaine, de la « démocratie internationale


», imposée par une intervention extérieure-> cas de l'Irak.

Néanmoins, lorsqu'on parle de transitions politiques, la principale préoccupation est celle


de la consolidation démocratique.

Guy Hermet soutient que « la démocratie est consolidée lorsqu'elle devient le régime
sans alternative réellement imaginable aussi bien pour les élites que pour l'immense
majorité des membres d'une société ».

G. Hermet, «Les démocratisations au vingtième siècle : une comparaison Amérique


Latine/Europe de l'Est », Revue internationale de politique comparée, vol 8, n°2, 2001, p.

Sociologie politique 28
288.

L'alternance au pouvoir est considérée comme un indicateur de bonne santé


démocratique d'un système de gouvernement.

L'alternance peut prendre plusieurs formes: elle peut être démocratique, tout comme elle
peut résulter d'une insurrection, d'un coup d'Etat ou d'une révolution.

L'alternance par voie inconstitutionnelle (coup d'Etat, révolution,), offre plus de


perspectives de changement social ou et politique.

La destruction de l'ordre politique ?


Déf. (dictionnaire de la science politique et des institutions politiques) de l'ordre
politique :

« représentation conceptuelle de l'ensemble des relations politiques qui caractérisent une


société donnée à un moment donné du temps ».

Peut-on détruire l'Etat?

Sociologie politique 29

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