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Université Abdou Moumouni de Niamey

Faculté des Sciences Juridiques et Politiques (F.S.J.P.)


Année académique 2021 - 2022
Licence 2

Cours

Sciences politiques

saisi par

BADJE
Talatou 1

Talatou
Introduction.
Parler de politique entre amis, lire la presse d’information au
quotidien, se tenir informer de l’actualité à travers les réseaux sociaux
ou autres médias de télécommunications, et bien connaître les
institutions publiques qui font l’architecture de l’Etat est une nécessité
intellectuelle pour qui ambitionne de connaître ou de comprendre le
champ politique. Mais cela ne saurait suffire pour devenir politiste,
c’est-à-dire un spécialiste de la science politique.
Dépasser le débat du jour animer par des commentateurs et hommes
politique, ne pas s’en tenir au sens commun, impose une démarche
scientifique à laquelle ce cours a l’ambition d’offrir les bases.
Le travail d’analyse des sciences politiques s’articule autours de trois
(03) obligations. Premièrement, il s’agit de séparer de façon la plus
rigoureuse possible le regard clinique du spécialiste de celui du citoyen
engagé ; deuxièmement, pour parvenir à cette fin, le politiste se doit
de travailler muni d’outils adaptés qui lui permettront d’avoir sur le
monde qu’il observe un regard ciselé et précis ; enfin, le politiste a
pour ambition de proposer un cadre conceptuel pour comprendre
l’activité politique.
Sortir du lieu commun nécessite de maîtriser les concepts dont on
parle : qu’est-ce-que c’est que l’État ? Le pouvoir ? La violence ? La
socialisation ? L’engagement ? Le pouvoir autoritaire ou
l’autoritarisme ? Comment les partis politiques fonctionnent-ils ? Etc.
Ce cours répond à ces exigences en proposant d’étudier l’Etat et le
pouvoir ainsi que les régimes politiques, le tout constituant le cadre
général de l’action politique. Ensuite le cours abordera les acteurs qui
structurent le champ politique. Ces acteurs sont les partis politiques,
les groupes d’intérêts, les syndicats, les médias et l’ensemble des
professionnels de la politique qui a animent ce jeu pour le pouvoir qui
fascine autant qu’il suscite des réactions de rejet.

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Chapitre 1 : l’Etat et le pouvoir.
Section 1 : sociogenèse de l’Etat.
Comment est apparu l’Etat en Europe sous la forme que nous lui
connaissons aujourd’hui, c’est-à-dire un « assemblage institutionnel
imposant à une population déterminée et sur un territoire défini des
règles de conduites et d’actions par le monopole de la violence
physique légitime » ? (Max Weber).
On présentera ci-dessous les différentes théories sur la genèse de
l’Etat moderne. Quatre (04) variables peuvent résumer ces différentes
positions : certains auteurs insistent sur l’influence des évolutions
sociales et économiques, quand d’autres mettent l'accent sur
l’influence des relations internationales ; d’autres auteurs pensent
l’Etat comme le fruit de sa propre dynamique, alors que certains
insistent sur les phénomènes guerriers à l'origine de la modernisation
étatique.
Paragraphe 1 : l’Etat, produit de la modernisation socioéconomique.
I. L’approche évolutionniste.
Cette approche s’inspire des travaux du sociologue français Emile
Durkheim. Les auteurs qui s’en référent expliquent la formation de
l’État à partir d’un processus plus vaste : celui de la division du travail.
L’État serait lié à la modernisation économique des sociétés
impliquant une division de plus en plus poussée des tâches. Alors
qu’auparavant un seul individu ou un seul groupe d’individus
détenaient l’essentiel du pouvoir (imposer les croyances, réguler la
société, favoriser les cultures, etc.). Désormais, la multiplication des
tâches, des échanges économiques et la complexité du monde social
conduisent à une division du travail. L’apparition de l’Etat répond à
cette exigence de fonctionnalité. Il se distingue de la société civile et
de la religion pour construire sa sphère d’intervention : faire la loi et
garantir l’ordre.

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II. L’approche marxiste.
Elle constitue l'approche la plus virulente, la plus critique de « l’Etat
bourgeois », comme le considère le théoricien marxiste. Pour Karl
Marx, tout État est le produit d'une division de la société en classes
antagonistes. L’État serait le produit de la classe dominante, c’est-à-
dire de la bourgeoisie capitaliste. Celle-ci se sert de l'appareil d’État
sous son contrôle pour opprimer la classe prolétarienne.
Finalement, l’État est une superstructure qui permet de contenir un
ordre établi dicté par la classe capitaliste et qui ne profite qu’à elle.
Dans cette théorie, les institutions d’Etat (police, armée,
gouvernement, justice, administration etc.) ne sont que des appareils
de classe aux mains des dominants. Avec la victoire attendue du
prolétariat sur la bourgeoisie, l’Etat n’aura plus lieu d’être.
L’État
Type L’État L’État
esclavagis L’État féodal
d’État bourgeois socialiste
te
Formes Despotis
Seigneurie / Démocratie Démocratie
politique me /
absolutisme / fascisme populaire
s tyrannie
Seigneurs -
Maîtres Bourgeois Bourgeois Prolétaires
Classes
– ou – –
en lutte
esclaves Bourgeois - Prolétaires Bourgeois
Seigneurs
Mode de
Esclavagis
producti Féodal Capitaliste Collectiviste
te
on
La base
Le chemin
techniqu
La force de fer et le Le moteur à
e& Le moulin
des bras moteur à explosion
économi
explosion
que

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III. L’approche culturelle.
Pour le politiste norvégien Stein Rokkan, il convient de prendre en
compte deux (02) considérations majeurs pour la formation de l’État.
La première concerne le rôle crucial de l’église catholique comme
organisation supra territoriale. C’est donc la distance géopolitique par
rapport à l’institution religieuse qui définit la force de l’Etat : plus on
s’éloigne du centre religieux, plus l’influence de l’Église est faible et
plus la construction de l’Etat se fera facilement. Ainsi au nord de
l’Europe, c’est l’église protestante qui devient un acteur primordial
dans la construction de l’Etat en adoptant la langue locale et en
participant à la standardisation culturelle. A l’inverse, au sud de
l’Europe, l’église catholique va longtemps s’opposer aux États-nations,
en soutenant même des fois les nationalistes combattants l’État
central, comme ce fut le cas en Espagne.
La deuxième considération, elle est d’ordre socioéconomique. Rokkan
situe l’Etat en relation avec une bande cité indépendante, riche et
autonome. La distance géopolitique par rapport à cette bande centrale
constitue l’axe politico-économique autour duquel l’Etat se constitue.
L’auteur distingue trois (03) régions autour de cet axe de cités
puissantes :
• Au centre de l’Europe, se trouve un réseau fragmenté de cités
puissantes sans qu’aucune ne domine réellement les autres. Il
n’existe donc pas de centre capable pour la formation d’un État
fort ;
• A l’ouest de l’Europe, on trouve des territoires avec un centre
fort et quelques villes importantes mais dominées par le centre
(cas de la France) ;
• A l’Est on retrouve un centre fort mais les villes ne sont pas le lieu
du pouvoir économique qui repose sur la possession de la terre
(cas des pays de l’Europe de l’Est).

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Enfin, l’Etat se construit particulièrement vite dans la seconde zone
bénéficiant d’un centre puissant et des villes capables d'assoir
l’autorité des gouvernants et d’encourager une culture étatique
nationale.
Paragraphe 2 : l’Etat, produit des échanges internationaux.
Cette approche est défendue par Immanuel Wallerstein, sociologue
américain, qui pense l’Etat au sein d’une « économie – monde ». Cette
dernière est le produit du capitalisme marchand qui a suscitée des
échanges commerciaux à travers le globe. Les Etats naissent à partir
du moment où le commerce mondial prend son essor, au XVIe siècle
plus précisément. Le paradoxe est énorme : c’est la force de
l'économie marchande par nature transnationale et régulée qui va
déterminer la forme de l’État.
Il y’a donc une corrélation entre le nature de l’État et son
positionnement dans l’économie – monde. Son idée est de dire, au
centre les États sont forts car ils exploitent le périphéries et les
empêchent d’accéder à l’autonomie politique.
Paragraphe 3 : l’Etat, produit de sa modernité administrative.
Max Weber a été l’un de ces premiers auteurs à ne pas lier l’apparition
de l’Etat à un processus de développement économique, au rapport
de production ou à la division du travail. Pour lui, l’État trouve en lui-
même ses propres déterminants. Un État est un groupement politique
particulier qui a trois (03) caractéristiques propres :
• Il garantit une domination continue, c'est-à-dire assure que ses
ordres sont obéis et appliqués ;
• Cette faculté de se faire obéir est obtenue par l'usage de la
menace ou de la violence physique dont les dirigeants ont le
monopole ;
• Ce monopole s’exerce sur les sujets de l'appareil politique, c’est-
à-dire les ressortissants territoriaux de son action.

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Cette définition de l’État renvoie aux trois formes de dominations,
trois formes de pouvoir retenues par Max Weber. Le caractère
légitime de l’État l’associe sans difficulté avec la domination légale -
rationnelle, qui est pour le sociologue allemand la forme la plus
aboutie de la construction de l’Etat. Ici la légitimité des gouvernants
ne vient pas de la tradition ou du charisme, mais de l’acceptation des
sujets d’un ordre légal et impersonnel. L’ordre légal - rationnel est
fondé sur une bureaucratie qui présente pour Weber cinq (05)
caractéristiques :
• L’activité des fonctions publiques est réglementée et continue
(ordre légal d’action) ;
• Il existe un principe de hiérarchie administrative en vertu duquel
toute autorité est contrôlée (principe du contrôle hiérarchique
du donneur d’ordre) ;
• Les règles sont appliquées par des fonctionnaires spécialisés et
compétents (compétence des agent publique).
• La direction administrative est le moyen d’administration sont
séparés : par l’appropriation possible du pouvoir ( indépendance
de l’administration) ;
• La gestion administrative doit reposer sur des documents écrits
(lisibilité et communicabilité des documents administratifs) ;
C’est dans ce principe de hiérarchie administrative, autrement dit dans
la bureaucratisation, que Max Weber trouve les fondements de l’État
moderne.
Comme le note Bertrand Badie, « la bureaucratie incarne, aux yeux
de Weber, l’aboutissement du principe de la rationalité qui oriente,
selon lui, l’activité du monde occidental ». Pour Bertrand Badie, l’État
se développe en fonction de deux (02) critères majeurs :
• Les résistances qu’il rencontre de la part des pouvoirs
traditionnels qui vont alimenter la dynamique étatique ;

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• Le niveau de croissance industriel : la formation de l’État et son
développement dépend de la croissance du niveau de croissance
industriel.
Paragraphe 4 : l’État, produit de la guerre.
Pour l’historien américain Charles Tilly, l’État naît principalement de
son désir de faire la guerre. La genèse de l’État est donc à relier avec
l’activité guerrière : « la structure de l’État apparaît essentiellement
comme un produit secondaire des efforts des gouvernants pour
acquérir les moyens de la guerre ».
Pour Tilly, le processus de construction de l'État moderne est affecté
par de très nombreux conflits militaires dans lequel il a été l’acteur
central. Cela, non seulement parce que la guerre a très souvent
comme finalité d’agrandir le territoire de l’État, mais aussi et surtout
parce que l’État se renforce par et dans la guerre afin de remplir les
fonctions de coordination administratif de plus en plus complexe.
Finalement a travers la guerre, c’est l’administration de l’État centrale
qui se construit et qui assure paradoxalement une pacification interne.
Les influences de la guerre sur la construction étatique selon Charles
Tilly :
• L’extraction de ressources pour la guerre a exigée la mise en
place d’un important système fiscal, et donc un développement
de l’administration ;
• Pour former une armée unie, l’État central va négocier la
participation des seigneurs locaux pour le renforcement de
l’institution militaire ;
• Dans les périodes de paix, l’action administrative militaire de
l’État s’est stabilisée et a servi pour de nouvelles activités civiles
de renforcement du pays (construction de point de chaussées,
progrès de la médecine, aménagement du territoire, etc.) ;
• Après la guerre, les participants à l’effort de guerre (seigneurs)
ont revendiqués des droits favorisant une meilleure intégration

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de la population dans la politique (les seigneurs deviennent
administrateurs ou délégués du Roi) ;
• Les dettes de l’État accumulées pendant la guerre ont créées une
bureaucratie de service (l’État rembourse sa dette via ses
services) favorisant la participation de l’État à l’économie
nationale.
Section 2 : forme et type d’État.
Les travaux portant sur la sociogenèse de l’État conduisent à souligner
la diversité des trajectoires historiques de l’État. Cette diversité
permet de distinguer les États qui sont forts de ceux qui ne le sont pas.
Paragraphe 1 : les États en occident.
Les travaux de Bernard Badie, Stein Rolland et de Charles Tily se sont
surtout intéressés à l’émergence des États absolutistes ou «
Westphalien », en référence au traité de Westphalie de 1648
reposant, comme l’a mis en évidence Nobert Elias, sur la
monopolisation par un centre politique du recours à la contrainte
physique et des ressources fiscales sur un territoire donné.
I. l’État régulateur.
Jusqu’au XVIIIe siècle, l’État exerce essentiellement des fonctions
régaliennes (policière, militaire, judiciaire, et fiscale), en s’appuyant
sur la mise en place d’instruments administratifs (politique, armée,
justice, administration fiscale etc.), et la production de règles de droit
distinctes des règles coutumières.
II. L’État protecteur.
Une nouvelle rupture décisive se produit à la fin du XIXe siècle avec
l’avènement de l’État protecteur qui correspond à l’apparition de
politique publique d’un autre type : celui des politiques
redistributives. Elles traduisent le passage d’une conception
individuelle de la responsabilité à une conception collective, comme
l’illustre la mise en place des systèmes d’assurances collectives pour

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les accidents de travail (en Allemagne en 1871, en Angleterre en 1897,
et en France en 1898). La responsabilité de l’accident de travail ne
relève plus de l’ouvrier ou de l’employeur à titre individuel. Il faut
désormais la penser comme le produit de la société industrielle. On
passe alors d’une responsabilité personnelle à une responsabilité
collective prise en charge par l’État. C’est à lui d’assumer les risques
liés au développement du travail industriel. On assiste ainsi à
l’avènement d’une société assurantielle garantie par l’État.
La protection étatique s’étant par-delà la sécurité physique. Il
prémunit les individus face à différents risques (travail, maladie,
chaumage etc.).
III. L’État providence.
La place des politiques redistributives a été renforcée par
l’augmentation de l’interventionnisme de l’État après les deux guerres
mondiales. La période a également été marquée par la nécessité de
ressouder la collectivité nationale, ce qui s’est traduit par l’extension
des systèmes de protection sociale.
L’État s’acquitte de la dette qu’il a contracté vis-à-vis de sa population
qui a subi les effets directs et indirects des conflits mondiaux. Ainsi,
après 1918, l’indemnisation des victimes de guerres est un élément
important du développement de l’État providence (assurance sociale
obligatoire en France). On assiste alors à une universalisation de la
protection sociale jusqu’à l'égalité des souffrances vécus au cours de
la guerre, auquel succède des droits sociaux.
Paragraphe 2 : l’État d’ailleurs.
La perspective comparative offerte par la sociologie historique a été
prolongée par la prise en compte de trajectoires extra-occidental du
politique en s’intéressant en particulier à quatre (04) sphères
géographique ou culturel de l’État : la Chine, le monde musulman, le
monde indien et l’Afrique subsaharienne.

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Deux aspects communs ont été soulignés. D’une part la prédominance
historique des modes d’organisation du pouvoir politique diffère de
celle de l’État occidental, en particulier celle de l’Empire caractérisé
par une moindre centralisation et une faible différenciation. D’autre
part, la mise en place d’organes étatiques sous l’influence de l’occident
à travers la colonisation, puis les processus d’importation de l’État.
En Inde et en Afrique par exemple, les trajectoires historiques du
politique sont marquées, à partir du XVIe siècle, par des interactions de
plus en plus fortes avec les États occidentaux eux-mêmes. On assiste
alors à un transfert de structures de l’État occidental par la
colonisation. Il correspond à une exportation de deux éléments
principaux de l’État occidental : la territorialisation du pouvoir et son
industrialisation.
A partir du XIXe siècle, sont également déployées des stratégies
d'importation pour renforcer d'éléments importants de l'État pour
renforcer les pouvoirs impériaux. Ces stratégies s'inscrivent dans le
cadre du projet de modernisation conservatrice, comme le montre les
exemples de l'Empire Ottoman du Japon sous l'ère Meïji.
Au XXe siècle, l’importation d’éléments empruntés aux États
occidentaux s’opère dans le cadre de la décolonisation qui ne remet
pas en cause une partie de l’héritage coloniale. Il en résulte la
formation d’États néo-patrimoniaux.
Section 3 : la nation et le nationalisme.
Paragraphe 1 : l’État, architecte de la nation.
L’État est l’un des grands architecte de la nation fort de ses outils
d’apprentissages (écoles, ouvrages), de mémoire (musées,
monuments aux morts, les cérémonies etc.) ou administratifs (état
civil).
Pour reprendre les mots du philosophe Michel Foucault, « l’Etat a
formaté les mots et les choses en favorisant la disparition des patois

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des langues régionales au profit d’un idiome commun en unifiant des
marques de mesures et de poids, en réduisant les différences, et en
désenclavant grâce au réseau de chemin de fer ou de réseau postal
les zones les plus reculées ». Il a entrepris et réussi la congruence entre
l’espace politique et administratif qui lui est propre, et l’espace
psychologique et culturel de la société civile sous son autorité.
Est-ce à dire que ce schéma historique qui fut la construction de l’État-
nation français est universellement partagé ? Ne peut-il exister des
nations sans immixtion étatique ou de façon plus étonnante encore
des nations sans Etat à l’image des nations kurdes, palestiniennes,
basques ou tamouls ?
Paragraphe 2 : deux regards sur la nation.
Une classique opposition entre deux visions de la nation structure le
débat intellectuel.
Une première acception du terme renvoi à la construction française et
révolutionnaire de la nation faisant de celle-ci la résultante d’un libre
accord de volontés, le fruit d’un contrat social, qui donnera naissance
à l’État républicain. On parlera de la ‘‘ nation contractualiste ’’.
Par opposition, la conception germanique de la nation provient de
l’héritage antirévolutionnaire de penseurs romantiques allemands où
la nation relève d’une évidence historique, structurelle ou parfois
biologique, indépendamment de toute intervention politique. On
parlera ici des ‘‘ nations romantiques ’’.
L’opposition entre ces deux conceptions de la nation peut sembler
schématique, d’abord parce que la réalité de l’acquis de nationalité
s’est modifié en France comme en Allemagne. Ensuite parce que bien
des penseurs français ont défendue une conception fermée de la
nation alors que de grandes figures républicaines comme Ernest
Renan insisteront sur la mixité du régime national.

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Paragraphe 3 : théorie de la « nation building ».
Pour les théoriciens de ce courant, qui se rattachent une nation
contractuelle, c’est bien l’État et la modernité qui sont à l’origine de la
nation. Celle-ci n’est donc pas une donnée qui s’impose mais le fruit
de la construction historique et culturelle de l’État, grand architecte du
projet national.
Comme l’explique Ernest Gellner, un des auteurs les plus
représentatifs de ce courant : « le nationalisme n’est pas l’éveil d’une
force ancienne, l’attente qui sommeille, bien que ce soit ainsi qu’il se
présente. C’est en réalité la conséquence d’une nouvelle forme
d’organisation sociale fondée sur la haute culture défendante de
l’éducation ».
L’État est au cœur du projet national pour Gellner qui met en avant
son rôle éducatif, sa capacité à offrir à tous les bienfaits de son
développement. C’est cette haute culture partagée par opposition aux
« basses cultures paysannes » de l’ancien régime enseigné à l’école et
rappelé dans les musées de l’Etat qui fondent la réalité nationale.
Pour d’autres, comme Karl Deutch, « le nationalisme est avant tout
le produit de la modernisation économique ». L’âge de la nation est
celui de la révolution industrielle. Cette dernière oblige les individus à
un partage d’expériences et de vie qui brise des unités
communautaires villageoises. Partageant cette même approche,
Benedict Anderson va penser le développement du nationalisme en
lien avec la grande transformation que constitue la révolution et
l’édition.
Paragraphe 4 : le nationalisme comme ressources politiques.
Un regard plus stratégique sur le nationalisme conduit certains auteurs
à percevoir ce dernier comme un discours politiques permettant à
certains acteurs exclut de la scène politique de mobilier à leurs profits
aux soutiens électoraux.

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Pour Nathan Glazer, le nationalisme ne serait qu’un discours de
légitimation de groupes sociaux de défendre leurs intérêts face un
pouvoir central distant. Plutôt que d’incarner les intérêts égoïstes et
vastement matériels, les entrepreneurs nationalistes, parents d’une
légitime forte fondée sur la défense de la culture de la langue, de
l’identité et de croyances, s’activent de plus en plus sur la scène
politique. Ces groupes d’intérêts nationalistes se débloquent
parallèlement à la logique de l’État providence pourvoyeur des
ressources sollicitées par ses entrepreneurs identitaires.
Section 4 : le pouvoir, renvoi à la notion de nomination.
S’il y est une notion au cœur même de la réflexion politique, c’est bien
celle du pouvoir : enjeux majeurs des affrontements politiciens, objet
de dénonciation de ceux qu’estiment le subir, source de puissance
pour ceux qui s’en réclament. Le pouvoir se révèle tout autant dans la
figure de l’Etat que dans celle des élites, des médias, des patrons, sans
que l’on sache vraiment en spécifier les formes
Paragraphe 1 : le pouvoir politique et les autres formes de pouvoir.
Nombreux sont les théoriciens du politique qui caractérisent le
pouvoir politique par sa coexistence aux sociétés globales. Toutefois,
l’anthropologie , de même qu’une simple observation de la réalité
contemporaine nous permettent de discerner d’autres formes du
pouvoir.
I. Pouvoir politique et puissance parentale.
La puissance parentale constitue l'une des structures les plus
classiques d’emprunt de la part du pouvoir politique. Il suffit de penser
à la royauté héréditaire reconnue dans presque toutes les sociétés
humaines. Le recrutement du pouvoir se fait sur la base du rapport
paternité – filiation (plus rarement maternité). L’exercice de ce
pouvoir repose sur la transposition de ce rapport à l’ensemble des
membres du groupe social et politique ainsi constitué. Le roi est
l’objet, de la part des gouvernés, d’une attitude de vénération et

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d’amours filiaux. Dans nos sociétés démocratiques, cette structure
tantôt demeure, mais à l’état d’institution marginalisé à fonction
symbolique de l’unité et de la cohésion nationale au sein du système
politique (exemple de la Grande Bretagne), tantôt disparaît au profit
de l’institution Républicaine. Dans cette dernière hypothèse, elle peut
se maintenir sous formes d’idéologies variées comme fonctionne
soutien au pouvoir politique : le paternalisme politique, et plus
particulièrement le fait des pouvoirs fortement personnalités. Staline
a usé abondement du qualificatif de « père du peuple ». Ce
chevauchement entre structure parentale et celle de pouvoir politique
soulève d’abord le rapport entre les deux notions de pouvoir et de
paternité.
II. Pouvoir politique et pouvoir religieux.
Là encore les tendances d’indentification et d’instrumentalisation sont
nombreuses. Contrairement à un préjugé fréquent, il ne s’agit pas tant
d’une captation du pouvoir politique par le pouvoir religieux, que de
l’inverse. L’une des raisons principales de ce phénomène, tient à
l’inquiétude laquante à tout détenteur du pouvoir politique : celle de
ne point être obéi.
La dépendance physique et naturelle à l'égard du Père, la quête du
bonheur et d’une justice transcendante, confèrent aux Parents comme
aux chefs religieux une assurances d’être suivis dans leurs préceptes
par ceux qui dépendent d’eux. Le détenteur du pouvoir politique ne
bénéficie pas de ce même soutient naturel. C’est pourquoi il cherche
à se rapprocher de ces deux autres structures du rapport
commandement – obéissance inhérent à tout phénomène de pouvoir,
pour tenter d’en bénéficier dans ses rapports avec les gouvernés.
III. Pouvoir politique et pouvoir économique.
Pendant longtemps, la théorie marxiste a colonisé l’interprétation
selon laquelle le politique n’était qu’un reflet du statut des rapports
de production. Autrement dit, que le pouvoir politique se trouvait dans

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une dépendance plus ou moins voilé, mais totale et réelle, par rapport
au pouvoir économique.
Ces situations réelles ne permettent pas d’admettre le simplisme
d’une généralisation. Le pouvoir économique ne dicte ses choix au
pouvoir politique. Il y’a tout simplement un rapport réciproque
d’influence, éventuellement de dépendance.
Paragraphe 2 : les spécificités du pouvoir politique.
I. Les éléments constitutifs de tout phénomène de pouvoir.
Ces formes de pouvoir connaissent, sous des modalités variables,
l’élément universellement reconnu comme constitutif de ce
phénomène, à savoir rapport commandement – obéissance. Ce
rapport implique nécessairement l’existence d’une hiérarchie
suprématiste, institutionnelle ou factuelle.
C’est pourquoi le concept d’influence, utilisé par Robert Dahl, ne
contredit pas l’existence universelle du rapport commandement –
obéissance comme constitutif de tout forme de pouvoir.
II. Les motivations du titulaire du pouvoir.
Les motivations du détenteur du pouvoir sont au nombre de trois (03) :
• Désir de domination ;
• Désir de faire le bien d’autrui ;
• Incorporation à la sacralité de tout pouvoir.
Paragraphe 3 : les instruments du pouvoir politique.
I. Le droit.
C'est l’instrument universel de construction sociale, particulièrement
politique. Le droit est la règle extérieure assortie de sanctions qui
garantissent l’exécution des engagements pris. Dans le domaine du
politique il y a toujours des règles écrites ou pas, sommaires ou
étendues, qui définissent le fonctionnement du pouvoir. Il t’a des

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Constitutions au sens matériel du terme, c’est-à-dire au sens d’un
contenu quel qu’en soit la forme.
II. La force.
Le recours à la force est un instrument du pouvoir, souvent premier
instrument par rapport au doit. La conquête, le coup d’État,
l’insurrection organisé etc., sont autant de cas où le recours à la force
est fondateur du pouvoir politique
III. La religion et la morale.
Elles font également partie des moyens utilisés par le pouvoir politique
dans sa fonction créatrice d’ordre. Le pouvoir politique est
fréquemment à la recherche du soutient ou même, parfois, de
l’instrumentation du pouvoir religieux.
IV. L’éducation.
Dans le désir perpétuel du pouvoir politique d’obtenir l'adhésion des
gouvernés, le recours à l’éducation, au contrôle de l’école peut
constituer un autre moyen d’emprise, surtout à long terme.
V. La propagande idéologique.
Elle se matérialise dans la volonté de soumettre les gouvernés, parfois
à leur insu. Les citoyens passent à la technicité des textes juridiques,
renoncent à les reconnaître et s’en remettent aux médias. Ce qui
oblige de plus en plus le pouvoir politique à recourir à des campagnes
publicitaires pour vulgariser et faciliter la connaissance des textes
juridiques qu’il a adopté. Dans d’autres cas, il ne s’agit pas seulement
au pouvoir politique de faire connaître les normes qu’il adopte, mais
de tenter de contrôler l’information.
Paragraphe 4 : les degrés d’institutionnalisation du pouvoir politique
et l’État.
I. Les deux notions d’institutions.

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Maurice Duverger, dans son ouvrage « Introduction à la politique »
(1964), citait à propos du concept d’institution la définition du
dictionnaire Robert, à savoir « l’ensemble des formes ou structures
fondamentales d’organisation sociale, telles qu’elles sont établies
par la loi ou la coutume d’un groupement humain ». Sans être
parfaite, cette définition met en évidence la dualité de manifestation
du phénomène en parlant de la loi ou de la coutume. En effet, on peut
retenir une définition large du concept équivalente à sa définition
sociologique : un comportement collectif qui, par sa répétition et sa
stabilité, aboutit à une structure sociale.
La définition juridique du concept d’institution est plus étroit. Elle vient
formaliser avec précision en renforçant, comme cela a été dit
précédemment, les caractères de visibilité, de durabilité, de rigidité de
l’institution au sens sociologique.
Les rapports réels entre ces deux notions d’institutions peut relever de
trois (03) situations suivantes :
• Ou bien l’institution au sens sociologique ne conduit pas
directement à la configuration juridique : exemple de la
consommation du thé en Grande Bretagne qui ne fait pas l’objet
d’une législation, même si cette coutume peut entraîner de
conséquences juridiques secondaires en droit social ;
• Ou bien l’institution juridique vient couronner une pratique
sociologique antérieure ;
• Ou bien l'institution juridique cherche à créer un comportement
sociologique ultérieur conforme au programme tracé par la règle
de droit nouvelle.
II. L’institutionnalisation du pouvoir politique.
Un pouvoir politique est faiblement institutionnalisé lorsque son
existence est incertaine soit en raison d’une insuffisance de consensus
tacite ou expresse de la part du gouverné, soit en raison d’une

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compétition non achevée avec d’autres pouvoirs. Il s’agit donc ici de
l’institutionnalisation au sens sociologique.
Au contraire, un pouvoir institutionnalisé repose sur des structures,
des règles objets d’un consensus dans une durée excédant
habituellement la vie des personnes qui gouvernent. L’appropriation
privée du pouvoir par le gouvernant (patrimonialité) est un signe d’une
faible institutionnalisation du pouvoir politique.
III. L’apparition de la forme étatique du pouvoir politique.
Contrairement à la thèse soutenue par Marcel Prelot dans plusieurs
de ses ouvrages, les deux notions de politique et d’institution de l’État
ne s’identifient pas : tout pouvoir politique n’est pas étatique. Une
telle affirmation est doublement vérifiable, et dans l’évolution
historique des sociétés politiques et dans leurs simultanéité présentes,
sauf à falsifier les termes ‘‘ les seigneuries féodales ’’, ‘‘ les tribus ’’, ‘‘
certains royaumes et empires ’’, ne sont pas des formes préétatique
ou paraétatique du pouvoir politique. Ce sont tout simplement
d’autres formes du pouvoir politique.

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Chapitre 2 : les régimes politiques.
La politique s’actualise de manière très différente selon le temps, le
lieu, et le contexte social. La science politique doit comprendre et
étudier cette diversité. L’analyse des régimes politiques répond à cet
objectif. En effet, la méthode la plus adaptée pour mener cette analyse
est celle qu’a défini Max Weber sous le nom de ‘‘ type idéal ’’. Il faut
préciser que les types de régime ne sont pas des slogans déguisés,
c’est-à-dire n’ayant aucun jugement de valeur.
C’est en gardant en esprit ce principe que l’on va considérer trois (03)
grands types de régime : les régimes dictatoriaux ou totalitaires, les
régimes dits traditionnels et les régimes démocratiques.
Section 1 : les régimes dictatoriaux et totalitaires.
Paragraphe 1 : les régimes dictatoriaux.
Les régimes dictatoriaux ont en commun de confisquer le pouvoir au
profit du Gouvernement en place. Celui-ci s’attribue un monopole
absolu et ne tolère aucune procédure susceptible de remettre en
cause sa domination. Les mécanismes de l’alternance pacifique, tels
que les élections, sont supprimés ou transformés en simulacres.
L’ordre est maintenu avec brutalité et fermeté. La répression peut aller
jusqu’à mettre sur les opposants politiques une censure avouée ou
occulte limitant l’information. Le pouvoir intervient dans trois (03)
domaines qui comportent des implications politiques.
Quels sont les différents types de dictature ?
I. Les dictatures personnelles.
Les dictatures personnelles se définissent comme l’absence totale ou
quasi-totale de justification de règne d’un individu ou d’un clan. Ce
sont des pouvoirs de faits fréquents dans la plupart de certains pays
du tiers-monde.
Les caractéristiques de dictatures personnelles sont :

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• Un pouvoir anarchique, mais simple : du point de vue moderne,
un tel pouvoir semble archaïque. Il est sans loi et sans
justification si ce n’est que quelques slogans sonores et creux
(Salut du peuple, lutte contre la corruption etc.). Mais il est
simple, car celui qui dispose de la force impose par la violence
son pouvoir. Un tel phénomène met en branle les ressorts les
plus primitifs de l’âme humaine ;
• Le problème de succession : ce type de pouvoir comporte
cependant un inconvénient majeur, car une fois le dictateur mort
sa volonté ne sera nécessairement pas respectée. Sa disparition
ouvre donc une période de crise et d’incertitude qui dégénère
sur une guerre de succession. Les prétendants s’affrontent en
bataille rangée jusqu’à ce que l’un d’eux l’emporte ;
• Charisme et culte de la personnalité : ces régimes posent enfin
une question qui appelle tous les pouvoirs politiques
personnalisés : faut-il faire une place dans l’analyse du
phénomène de charisme ? Max Weber indique que la légitimité
charismatique trouve sa source dans la qualité extraordinaire du
chef. Mais le dictateur présente rarement ce caractère. Il faut
donc distinguer du pouvoir charismatique le culte de la
personnalité. C’est en effet après son accession au pouvoir que
l’on découvre le génie du dictateur à travers la publication de ses
œuvres complexes (l’élection de son statut ou la fabrication de
son statut, la célébration de ses mérite épuisables). Il s’agit d’une
stratégie pour convaincre la population du caractère non
politique du pouvoir : le génie du chef garantit que lui seul est
digne de gouverner et que son pouvoir ne saurait finir qu’avec sa
vie.
II. Les dictatures fondées sur un projet.
Dans d’autres cas, le pouvoir dictatorial ne se présente pas comme
étant lui-même sa propre fin. Il se déclare au service d’une cause qui
le dépasse et le légitime. C’est naturellement une cause sacrée qui

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justifie les moyens employés et disqualifie à l’avance toute opposition.
Ce schéma est applicable aux objectifs divers. Dans une conjoncture
de crise ultérieure à la guerre, il produit une dictature de Salut public.
La fibre nationale est particulièrement sollicitée.
• Les dictatures nationalistes qui dégénèrent en dictature
personnelle ;
• Le franquisme : le franquisme peut être pris comme un exemple
de dictature militaire. Dans un pays aux structure sociales
archaïques, la lutte des classes conduit tragiquement à la guerre
civile ;
• Le franquisme italien : il présente les traits d’une dictature
personnelle avec le culte de la personnalité de Mussolini. Mais
c’est aussi une dictature traditionnaliste dans la mesure où il
visait à créer un empire colonial et a révéler un orgueil national
bafoué.
Paragraphe 2 : les régimes totalitaires ou totalitarisme.
Le système totalitaire est une réalité absolument spécifique. Seul le
nazisme et le communisme, dont Hannah Arendt a montrée les
profondes affinités, ont fournis les illustrations incontestables de cette
catégorie de régime. Le totalitarisme se caractérise en effet par une
articulation inédite des anciens et des nouveaux par leur dimension
idéologique et par l’emprise totale qu’il veut imposer à la société.
En outre, le totalitarisme valorise la jeunesse, la modernité et le
progrès technique. L’idéologie que revêt ce mot est une doctrine
élaborée qui se définit elle-même comme scientifique et qui est
censée inspirer et justifier la conduite des gouvernants. La société doit
être entièrement contrôler par le pouvoir totalitaire qui se méfie, a
priori, d’elle, ce qui n’est pas le cas des régimes dictatoriaux.
Ainsi, les travailleurs sont étroitement encadrés dans des
organisations corporatives dépourvues de toute autonomie ; les
organisations ou associations sont supprimées ou contrôlées ; la

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population est contrôlée jusqu’à dans sa vie quotidienne grâce à des
comités de surveillance des quartiers ; la délation est vivement
encouragée.
Le totalitarisme n’a pas pour but le bien-être de la population et aucun
centre de décision autonome ne saurait être toléré. La limite du droit
n’est pas opposable aux pouvoirs totalitaires.
Section 2 : les régimes dits traditionnels.
Dans les pays classiquement qualifiés de pays en développement, on
trouve des formes de pouvoirs de type traditionnel, pouvoirs
agrémentés d’éléments bureaucratiques, militaires, ou néo-
patrimonialiste.
Paragraphe 1 : le régime autoritaire patrimonial.
C’est un régime caractérisé par un mode de nomination traditionnelle
reposant sur la confusion entre les ressources de l’État et biens
personnels du chef. Celui-ci, disposant d’un pouvoir arbitraire,
s’approprie et redistribue de manière discrétionnaire les ressources
matérielles et symboliques sous le mode de ‘‘ père de famille ’’ en vue
de s’assurer loyauté et soutien de la part de ses sujets.
Le prolongement de ce type de régime, dans des contextes plus
récents, a été conceptualisé sous le terme de néo-patrimonialisme.
Paragraphe 2 : le régime sultanique.
Le terme ‘‘ sultanique ’’ est de Max Weber. Les régimes sultaniques
sont des régimes tyranniques exercés par un individu et ses fidèles,
soutenus par une garde prétorienne. Ils sont partisans d’idéologies
hautement arbitraires. Ils sont en effet au service d’intérêts privés : la
loyauté à l’égard du dirigeant n’est pas assurée par une légitimité de
type traditionnelle, mais par un mélange de peur et de gratitude pour
des mesures sociales, paternalistes, occasionnel et de gratification
offertes aux collaborateurs.

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Les sociétés sud-américaines ont connues une forme de sultanisme
avec des gouvernements de notables locaux, souvent des grands
propriétaires de terres, reposant sur des relations patron – client, et la
coercition se faisait sous la forme de milice paramilitaire.
Section 3 : la démocratie.
À la différence des régimes précédents, les régimes démocratiques
assurent leurs caractères politiques. Gouvernants et gouvernés savent
que rien ne désigne, de façon nécessaire, un homme ou un parti pour
exercer le pouvoir à l’exception de tout autre : ni la coutume, ni ‘‘ Dieu
’’, ni le sens de l’histoire ne peuvent confier un tel mandat. Seul le
consentement du peuple peut fonder la légitimité de ce pouvoir, et ce
consentement ne peut être donné que pour un temps déterminé.
Qu’est-ce donc la démocratie ? La démocratie vient du grec et signifie
‘‘ gouvernement du peuple ’’. Elle s’oppose à la monarchie
(gouvernement d’un seul) et à l’oligarchie (gouvernement de
quelques-uns). Est donc démocratique un gouvernement qui n’est ni
oligarchique ni monarchique. Pour préciser le sens du terme, on a
souvent recours à la formule plus développée. On dit ainsi que la
démocratie est ‘‘ le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple
’’.
Paragraphe 1 : les principaux caractères des régimes démocratiques.
Représentative, la démocratie repose sur la délégation et l’état de
droit. En effet, dans un régime démocratique, personne n’a droit au
pouvoir : les rois en sont les esclaves. Les délégations sont contingents,
elles assument un caractère politique mais elles sont, en outre,
limitées car tous ces pouvoirs ne sont pas confiés aux gouvernants.
La délégation comporte aussi des limites juridiques. Les gouvernants
ne jouissent pas, en effet, durant leur mandat, d’un pouvoir absolu.
Cette limite constitue ce que l’on nomme en droit public : le droit
constitutionnel et le droit administratif. L’existence de ce droit public

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suppose que le pouvoir qui dispose de la force accepte de s’autolimiter
pour respecter certaines règles.
On peut affirmer donc que seuls les régimes démocratiques
constituent, à proprement parlé, un état de droit. Ils sont donc, en
effet, les seuls qui puissent respecter le principe de la séparation des
pouvoirs. Ce principe, élaboré par John Locke et Montesquieu, pose
que le pouvoir de gouverner (l’exécutif), le pouvoir de légiférer (le
législatif) et le pouvoir d’appliquer la loi (le judiciaire) doivent être
exercés par des autorités différentes afin d’écarter les risques de
l’arbitraire menant à la dictature.
Paragraphe 2 : les différentes types de démocratie.
I. La démocratie directe, un concept limité.
A quelle condition peut-on dire que le peuple se gouverne par lui-
même ? Il est clair que ces conditions sont difficiles à remplir.
Gouverner, en effet, c’est arrêter les décisions collective qui engage
l’avenir du groupe : choix diplomatique et stratégique, choix législatif,
etc. Or faire prendre effectivement toutes ces décisions par le peuple,
c'est-à-dire par l’ensemble des citoyens majeurs jouissant de leurs
droits civils, se heurte à des obstacle : un obstacle technique et un
obstacle psychologique.
• Obstacle technique : aucun orateur n’aurait la voix assez
puissante pour se faire entendre
• Obstacle psychologique : le gouvernement exige un
investissement psychologique considérable, un sentiment de
responsabilité personnelle dans les décisions prises et à prendre.
Il n’est pas étonnant dans ces conditions que beaucoup
d’individus ne veuillent pas exercer ces responsabilités.
L’idée de démocratie directe est donc utopique. Parce qu’elle
reconnaît les donnés objectives les plus simples de l'activité

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gouvernementale et de l’existence humaine. La conclusion s’impose :
seule une démocratie représentative est en pratique possible.
II. La démocratie représentative.
Une démocratie est représentative lorsque le peuple désigne les
représentants qui gouvernent en son nom. Le peuple désigne ces
représentants par le biais de l’élection et il leurs confie un mandat. On
parle alors de mandat représentatif lorsque l’élu est libre d’agir à sa
guise sans être lié en aucune manière par la volonté des électeurs.
La démocratie représentative c’est une démocratie qui a comme
avantage l’élection et le mandat. Il en résulte d’une part qu’il ne peut
se prononcer sur des questions imprévus. D’autre part, les électeurs
jouissent du pouvoir de révoquer en cours de mandat un élu qui se
montrerait infidèle à leur prescriptions. Il y a donc au contraire mandat
impératif quand les élus ne peuvent accomplir que ce qui a été
explicitement prescrit par leur mandat.
III. La démocratie semi représentative.
Elle permet une participation plus poussée du peuple au
gouvernement dans ce cas. Une question est soumise aux électeurs
qui se prononcent par oui ou par non. Le pouvoir de poser les
questions est exercer par les représentants selon les modalités
définies par la Constitution. On parle alors de référendum.
Dans un contexte favorable où les procédures de démocratie semi-
directe sont d’usage courante et où les gouvernants les considèrent
comme la conséquence nécessaire du principe démocratique, leur
emploi accroît la participation des citoyens à la gestion des affaires
publiques (cas de la Suisse). Elle est alors revendiqué courante.

26
Chapitre 3 : les acteurs de la vie politique : les forces organisés
Plus directement identifiables, les forces organisés sont mieux connus
de la science politique que les forces diffuses. Elles sont cependant
assez difficile à classer parce que leur structure, leur but, leur modes
d’action et leur efficacité sont très sensibles aux contingences. Il existe
à cet effet une variété de force et de critères pour les différencier.
Aussi nous proposons d’envisager d’étudier successivement les cinq
(05) grandes catégories des forces organisés : le corps électoral, les
partis politiques, les groupes de pression, la presse, et l’armée.
Section 1 : le corps électoral.
Paragraphe 1 : une force neutre, artificielle et divisée.
Que le corps électoral soit placé aux premier rang des force politique
organisé, ce n’est pas contestable, du moins dans les régimes
démocratique. Le corps électoral est, en effet, la source initiale de
toute énergie politique officiellement mise en œuvre par les organes
de l’État. Il convient de considérer toutefois que le corps électoral doit
ce privilège au fait qu’il constitue une force d'une nature particulière.
En effet, c’est une force neuve en ce sens qu’il peut, selon les cas,
procurer à des politique diverses l’énergie nécessaire. C’est aussi une
force artificielle car sa structure dépend des textes qui l’organisent. Il
est enfin une force divisée, car, s’il est neutre dans son essence, il est
divers dans ses manifestations.
Chacun de ces caractères méritent de retenir l'attention.
I. Le corps électoral n’est pas directement assorti à des fins
politiques définies.
Le corps électoral n’est pas organiser pour promouvoir l’établissement
d’un ordre social libéral ou socialiste. C’est une force dont la finalité ne
préexiste pas à l’emploi mais se révèle seulement aux termes de sa
mise en œuvre. Au départ c’est une force neutre. Les objectifs
n’apparaîtront qu’une fois connus les résultats des élections, en

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fonction des voix obtenues par les différentes formations politiques en
compétition. Il s’en suit pour se révéler comme une exigence positive.
La force incluse a besoin d’un truchement qui sera toujours un
programme pour se révéler comme un nombre, un compte. La
neutralité du corps électoral permet d’y englober toutes les catégories
sociales avec leur divergence d’intérêts ou d’inspirations. Et elle
permet également au pouvoir issu du suffrage de se réclamer de la
seule volonté légitime dans un régime fondé sur l’élection : celle qui
résulte du verdict du corps électoral.
II. Le corps électoral peut être inclus dans la liste des organes de
l’État.
Ce caractère de force officielle lui vaut une autorité particulière et
incontestable (possibilité d’influence). En revanche, il lui privé de la
spontanéité dont peuvent se prévaloir d’autres forces ignorées du
législateur.
III. Le corps électoral comme force unitaire.
Lorsqu’on dit « le peuple nigérien a adopté la Constitution de la 7 e
République par référendum », le mot peuple au singulier traduit bien
l’idée, il constitue une unité indivisible. Cependant, dans la réalité, ce
corps est loin d’être homogène : il comprend des électeurs ayant des
sensibilités politiques différentes juridiquement unifiées,
sociologiquement et politiquement diverses.
Paragraphe 2 : le corps électoral, organe de l’État.
Lorsqu’on dit que « le peuple a décidé […], le corps électoral a décidé
[…] », il ne s’agit pas d’une formule consacrée signifiant la majorité du
peuple. C’est bien au corps électoral, dans son ensemble, qu’est l’acte
de volonté où le choix est imputé.
La théorie de l’organe ne concerne en rien la manière dont s’élabore
la volonté de l’organe. Lorsqu’on dit que « le Parlement est l’organe
législatif », on n’entend nullement reconnaître le fait que les

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Assemblées sont composées des personnalités dont les conceptions
politiques sont diverses et que le vote porte la marque de leur combat.
Il en va exactement du corps électoral. Ni sa différence sociologique,
ni son hétérogénéité ne sont contestées. Rien ne leur interdit de
manifester leur conséquences tout au long de la campagne. Bref, le
politique, fait d’opposition, de calcul, de besoins, de haine, de refus et
d’attentes trouve à s’exprimer et à agencer ses desseins. Ce sont les
zones, les partis politiques, les programmes qui s’affrontent. Mais au
soir du vote, c’est le corps électoral qui s’est prononcé, et, par la
formulation de son verdict, il devient l’organe du pouvoir étatique.
Tout ce qui a précédé le scrutin se résolve dans la volonté unique qu’il
fait connaître. Il n’y a plus de majorité, ni de minorité. Il y a un acte
tenu pour accompli pour le compte de l’État, et qui à ce titre est revêtu
de l’autorité juridique qui lui interdit de mettre en cause les incidents
qui ont procédés sont accomplissement.

Paragraphe 3 : rapport entre le corps électoral et la collectivité réelle.


Le corps électoral étant un organe de l’État, son étude est en premier
chef du ressort du droit constitutionnel. Il faut donc commencer par
l’analyse, dans chaque cas particulier, de la législation électorale en
vigueur. La science politique a des curiosités que la simple
interprétation des textes ne peut satisfaire. Elles ne peuvent être
comblées que par une confrontation des règles de droit avec la réalité.
Cette confrontation peut être effectuée à un double point de vue :
d’abord en ce qui concerne la consistance du corps électoral, ensuite
à ce qui attrait à la portée de ses décisions. Quant à la consistance du
corps électoral, la question principale est celle du degré
d’approximation de sa concordance avec la collectivité
sociologiquement considérée. A cet égard, on dit constater que le
corps électoral n’est jamais la collectivité, il ne coïncide pas avec elle.
Le corps électoral est unique tandis que la collectivité est
sociologiquement divisée. Le corps électoral réuni des citoyens, alors

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que la collectivité est composée d’hommes et de femmes infiniment
diversifiée par leur situation.
Section 2 : les partis politiques.
Paragraphe 1 : une pluralité de définitions.
Benjamin Constant (1872) défini le parti politique comme ‘‘ une
réunion d’hommes qui professent une même doctrine politique ’’.
Pour Hans Kelsen (1932), les partis politiques sont des ‘‘ formations
qui groupent des hommes de mêmes opinions pour leur assurer une
influence véritable sur la gestion des affaires publiques ’’. Ces deux
définitions font prévaloir l’aspect de rassemblement d’hommes en
occultant l’aspect institutionnel.
La définition proposée par Goguel François (1972) va beaucoup plus
loin. Pour cet auteur, un parti politique est un ‘‘ groupement organisé
pour participer à la vie politique en vue de conquérir partiellement
ou totalement le pouvoir et d’y faire prévaloir les idées et les intérêts
de ses membres ’’.
Lapalombra et Leiner (1966) définissent le parti politique à travers
quatre (04) caractéristiques majeures :
• C'est une organisation durable dont la durée de vie est
supérieure à celle de son fondateur ;
• C’est une organisation complète allant jusqu’à l’échelon local ;
• C’est une volonté délibérée d’exercer directement le pouvoir au
niveau national ou au niveau local ;
• C’est une volonté délibérée de chercher un soutien populaire.
Paragraphe 2 : partis politiques et société civile.
Un parti politique se distingue des organisations de la société civile par
ses missions. En effet, les partis politiques ont vocation à conquérir le
pouvoir et à l’exercer. En revanche, la société civile est perçue comme
une constitution de liens sociaux en marge de l’État et transcendant
les solidarités de base fondées sur le sang ou l’alliance. La société civile

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est perçue comme un contre-pouvoir. Elle assure un rôle important de
sensibilisation et de responsabilisation des populations sur les
problèmes importants qui devrait être solutionner par les
gouvernants. Par exemple, le rôle des syndicats est de défendre les
intérêts de leurs membres par la structuration de leurs demandes
autour de questions essentielles.
Paragraphe 3 : rôles et missions des partis politiques.
Le rôle classique d'un parti politique consiste à structurer, canaliser le
vote des citoyens afin de conquérir le pouvoir et de l’exercer. Les partis
politiques ont aussi pour rôle d’encadrement et de sensibilisation des
électeurs. Ils contribuent à la formulation et à la mise en œuvre de
politiques publiques.
Les partis politiques remplissent trois (03) grandes fonctions :
• Clarification des choix électoraux ;
• Formation et sélection des candidats ;
• Intégration sociale.
Paragraphe 4 : classification des partis politiques.
Tout les partis politiques des régimes démocratiques ne sont pas
identiques. Il est possible cependant de dégager quelques types
dominants. Dans cette perspective, il convient d’abord d’analyser la
distinction traditionnelle élaborée par Maurice Duverger entre partis
des cadres et partis de masse, puis de s’interroger si cette distinction
s’applique aux partis politiques nigériens.
I. Les caractères distincts des partis des cadres.
• L’autorité au sein de ces partis est personnelle et décentralisée ;
• La légitimité repose sur le volontariat.
II. Les caractères distincts des partis des masses
À la différence des partis des cadres, les partis des masses sont le
produit d’une volonté consciente, celle de mettre le parti au service de

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fins différentes. Le motifs de création des partis de masses sont les
suivants :
• Une souci d’efficacité en donnant la parole aux plus défavorisés,
ceux qui ne possèdent aucun poids politique, car ils sont exclus
du réseau d’influence ;
• La recherche du nombre et de pédagogie. Il convient de
compenser par le nombre la faible influence des prolétaires. A ce
point de vu, les cotisations modiques, mais multipliées, jouent un
rôle important.
Les caractéristiques de ces partis politiques sont les suivantes :
• La discipline partisane ;
• Une forte démocratie interne ;
• Un pouvoir exorbitant pour les structures partisanes.
Paragraphe 5 : le système des partis politiques.
Il existe trois (03) grands types de système des partis :
I. Le système bipolaire.
On parle de système bipolaire lorsque la vie politique est dominée par
deux forces politiques ayant vocation à exercer le pouvoir, et qui
d’ailleurs l’exercent alternativement. Ces forces sont parfois composer
de deux partis : dans ce cas, on parle de système bipartisan. Dans
d’autres cas, elles sont constituées par des coalitions, mais celles-ci
doivent être suffisamment stable. Dans les deux cas, les partis
concernés n’ont pas le monopole de la représentation politique car
d’autres formations existent. Mais elles sont marginalisées par le
mode de scrutin qui ne les permet pas de participer à l’exercice du
pouvoir.
La conséquence essentielles est l’existence d’un tel système et la clarté
de choix. Les électeurs ne savent pas, avant les élections, quelle force
politique gouverne ou gouvernera. Mais ils connaissent l’alternative.

32
Ils ont donc le sentiment de participer personnellement à une décision
dont les termes sont parfaitement explicités.
II. Le système multipolaire.
Dans un système multipolaire, trois partis politiques, au moins, ont
vocation à exercer le pouvoir. Il n’existe pas d’alliances stable dans un
tel système. Il en résulte que les élections ne déterminent
qu’indirectement la composition du Gouvernement. Les alliances sont
nécessaires pour constituer une majorité de gouvernement. Celle-ci
est souvent précaire. Le Gouvernement est à la merci des
renversements d’alliances que les surenchères perpétuelles des partis
rendent probables. L’instabilité politique constitue donc la
conséquence ordinaire d’un tel système.
Toutefois, le système multipolaire présente un avantage, celui d’offrir
aux électeurs un large éventail de choix.
III. Le système des partis dominants.
Celui-ci se caractérise par la présence au pouvoir, sur une longue
période, et cela malgré la tenue régulière d’élections, d’une même
formation politique. Autrement dit, un tel système réalise la catégorie
paradoxale d’un multipartisme sans alternance. Cette configuration
est rare. Elle peut cependant se réaliser dans de le cas où une majorité
sociologique, constituée par les classes les moins favorisées,
déterminent mécaniquement une majorité politique. Ainsi s’explique
l’emprise durable des partis socio-démocrates dans des pays
scandinave, notamment en Suède. Un tel système garantie la stabilité
politique, mais au prix d’une d’efficacité progressive de l’action
gouvernementale car le pouvoir use.
Section 3 : les groupes de pression.
A la différence des partis politiques, les groupes de pression ne
revendiquent pas le pouvoir. Les intérêts qui les font agir sont
apolitiques. Mais, paradoxalement, ce sont les intérêts apolitiques qui

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les conduisent à intervenir en politique. Si le pouvoir politique ne
prend aucune décision qui les concerne, les groupes de pression
l’ignorent. C’est seulement quand le pouvoir s’apprête à prendre des
décisions les concernant que les groupes de pression vont agir.
Paragraphe 1 : les caractères spécifiques de groupes de pression.
• Un minimum d’organisation ;
• La différence d’intérêts propres ;
• Un certain degré d’autonomie.
Paragraphe 2 : une pression politique effective.
Pour entrer dans la catégorie de groupe de pression, une organisation
doit exercer une pression politique effective. On constate que les
groupes religieux ont souvent recours à la pression politique. On
constate aussi que l’association de pêcheurs ou de chasseurs est
susceptible de se mobiliser si l’action ou l’inaction des autorités
politiques contrarie ses objectifs. La pression politique effective est
constatée au cas par cas.
Paragraphe 3 : typologie des groupes de pression.
• Les groupes défendants des intérêts matériels.
Il s’agit des organisations corporatives qui expriment et coordonnent
l’action collective des membres d’une profession. On peut citer dans
cette catégorie le Syndicat des Travailleurs Salariés et le Syndicat des
Organisations Patronales.
• Les groupes défendants des intérêts moraux.
A la défense d’intérêts matériels corporatifs, on oppose
traditionnellement la défense d’intérêts moraux. Ces intérêts moraux
sont, en effet, aussi divers que les préoccupations humaines. On peut
citer entre autres les organisations fondées sur la condition objective
des individus (des organisations féministes ou syndicat des étudiants).
Il s’agit là de catégories qui ne se définissent pas en terme

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professionnel. On peut citer également les organisations spécialités
(les associations de défenses de droits des consommateurs, des
associations de défense de la nature, des associations des sans logis
etc.)
Paragraphe 4 : l’action des groupes de pression.
Les objectifs de l’action sont clairs : obtenir du pouvoir publique les
décisions de toute nature conforme à leurs intérêts et empêcher
l’adoption de celles qui leur seraient contraires. Pour cela, des
modalités différentes d’action sont utilisées : il y a la pression directe
et celle indirecte.
I. La pression directe.
Elle s’exerce à travers des modalités, tantôt ouvertes (information,
participation, menaces publiques), tantôt occultes (corruption).
II. La pression indirecte.
Elle se caractérise par la communication (la presse), la grève, le
chantage au désordre.

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Bibliographie
• G. Bordeau, l’État, Paris, Seuil, 1970 ;
• Jean-Marie Denquin, Introduction à la science politique,
Wachette ;
• Jean Vincent Holeindre (Dir), le pouvoir, Paris, Seuil, 2014 ;
• Christophe Roux & Éric Savarese (Dir), science politique,
Bruxelles, 2018 ;
• Philipe Braud, la démocratie politique, Paris, Seuil, 1997 ;
• Philipe Braud, science politique (l’Etat), Seuil, 1997 ;
• Le lexique des sciences politiques.

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