Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Le mercredi 30 novembre 2022, l’Assemblée nationale a adopté avec 135 voix pour et
35 voix contre, la loi de finances de l’Etat du Niger au titre de l’exercice budgétaire
2023. Elle s’équilibre, en recettes et en dépenses, à 3.291 milliards de F CFA.
Telle est la situation financière que l’Etat du Niger projette au titre de l’exercice
budgétaire 2023. Elle résume ses ambitions financières tant en ce qui concerne les
dépenses qu’au titre des recettes.
Une telle situation est nécessairement différente d’une année à une autre et d’un Etat
à un autre. Les finances publiques se présentent, dès lors, comme un outil
indispensable pour la bonne connaissance d’un Etat dans le temps et dans l’espace.
Comprendre l’Etat exige ainsi la connaissance de ses « finances ».
Les finances publiques sont à l’origine des transformations essentielles des institutions
administratives et politiques. Dans le temps et dans l’espace, elles ont été à la base
des grandes révolutions démocratiques et de la structuration des régimes politiques
contemporains. En France par exemple, les questions financières ont déclenché la
chute de l’ancien régime.
De surcoût, notre vie quotidienne est rythmée d’opérations financières. Nous avons
tous un budget confectionné sur la base de ressources (salaire, bourse, impôt,
bénéfice, taxe, emprunt, subvention, etc.) et de charges (eau, électricité,
loyer, remboursement de dette, transport, restauration, etc.)
Cependant, si les personnes privées peuvent dépenser et obtenir des recettes sans
formalisme particulier, l’Etat ne peut procéder de la même façon. Le comptable qui
ne recouvre pas un impôt légalement assis engage sa responsabilité personnelle et
pécuniaire. De même, le maire qui exécute une dépense sans l’autorisation de
l’assemblée locale commet une faute de gestion.
On devine aisément l’objet du droit des finances publiques : encadrer juridiquement
l’activité financière des organismes publics.
Au regard de ces constats, l’on peut se poser quelques questions dont :
- Qu’est ce qui constitue les charges et ressources publiques ?
- Quelles sont les règles qui les régissent ?
1
- Qui doit intervenir dans le processus de la dépense et/ou de la recette publique e
et en quelle qualité ?
- Quels sont les impacts des masses budgétaires sur la vie d’une société, d’une
personne publique et en particulier sur celle de l’Etat ?
L’acuité de ces questions et la pertinence des réponses qui devraient être don
nées faisaient dire à la Commission Française des Etudes de Droit installée par l’arrê
té du 1efévrier 1878 que la discipline des finances publiques «ne pourrait ma
nquer de plaire aux esprits élevés et à coup sûr, elle multiplierait les hommes ca
pables de gérer à un degré quelconque les intérêts du pays».Elle estimait dés lors n
écessaire l’enseignement de la matière.
La remarque et la décision prise sont justes pour trois raisons :
▪ d’abord, comme le disait Jean Baptiste Colbert : «c’est une maxime cons
tante et reconnue généralement dans tous les Etats du monde, que le
s finances en sont la plus importante et la plus essentielle partie. C’est
une matière qui entre en toutes les matières, soit parce qu’elle regar
de la substance de l’Etat en son dedans, soit qu’elle regarde son accroissem
ent et sa puissance au dehors». Pour confirmer cela, le professeur Mauri
ce Hauriou écrivait que les finances publiques sont l’élément le plus impo
rtant de la chose publique. Et le professeur Gaston Jèze de préciser que « ce
ux qui n’ont pas médité longuement avec la méthode scientifique sur les pro
blèmes financiers sont incapables de diriger les finances publiques d’un Etat :
il leur est matériellement impossible de trouver les solutions aux grands pr
oblèmes financiers » ;
2
▪ Enfin,l’enseignement des finances publiques permettra de prendre
position sur les affaires de la communauté, parce qu’on saura de quoi il s’agit pour
pouvoir apprécier ce qui est en jeu
On étudiera ainsi: le processus de formation du droit financier en Europe (I) ;
la définition des finances publiques (II), son champ d’application (III) et les
différentes branches de la matière (IV).
La constitution des règles financières s’est déroulée en deux temps. Le pouvoir financier est
affirmé en matière de recette (A) et plus tard en matière de dépense (B).
3
budgétaires : annualité, spécialité, universalité, unité et équilibre budgétaire. Enfin, les règles
de la comptabilité publique se dessinent. L’unité de caisse, la séparation des ordonnateurs et
des comptables, la règle du service-fait et l’existence de pièces justificatives de dépenses feront
leur apparition avec l’ordonnance du 31 mai 1938 portant règlement général sur la
comptabilité publique. En réalité, la fiscalité a toujours provoqué des tensions, des inégalités
et des frustrations.
Les finances publiques selon l’expression doctrinale constituent une scienceF carrefour dans
laquelle convergent plusieurs disciplines. La loi de finances est élaborée en fonction des
données économiques et sociales.
Les finances publiques dépendent aussi des idéologies politiques, option abstentionniste et
interventionniste de l’État.
Les finances publiques entretiennent des relations avec les autres branches du droit public.
Ainsi, la Constitution contient des dispositions de nature financière.
Les finances publiques relatent de façon abondante les prérogatives de puissances publiques
connues avec la célèbre jurisprudence Blanco. Ainsi, l’administration fiscale peut bloquer les
comptes bancaires d’une entreprise qui n’a pas payé ses impôts.
4
Les règles internationales qui impactent les finances publiques sont nombreuses. Elles
découlent des traités multilatéraux et bilatéraux.
En finances publiques, l’Etat dispose de privilèges et reste soumis à des contraintes. Même si
les finances publiques ne constituent pas une discipline autonome, elles conservent son
champ d’application.
Le champ classique est constitué par les finances de l’Etat (A). L’évolution est allée dans le
sens de la diversification du domaine des finances publiques (B).
Les règles juridiques et financières sont apparues avec la naissance de l’Etat. Les finances
publiques pouvaient alors être assimilées aux finances de l’Etat.
En outre, les finances de l’Etat constituent la matrice juridique des règles financières appliquées
aux autres organismes publics.
Dans la période moderne, les finances publiques ont subi un éclatement avec l’intervention de
plusieurs organismes publics.
Les finances de l’Etat cohabitent désormais avec les finances des collectivités territoriales,
des établissements publics, des entreprises publiques, des agences et autres structures (les
fonds, les offices).
On peut citer, enfin, les finances sociales et celles des autres organismes d’intégration
économique (UEMOA, CEDEAO).
La diversification du champ permet d’appréhender les branches qui composent les finances
publiques.
- Le droit budgétaire : il s’intéresse à l’étude des budgets publics. Il s’agit des règles
d’élaboration, d’adoption, d’exécution et de contrôle du budget.
5
- Le droit fiscal : c’est l’ensemble des règles qui étudient le pouvoir fiscal, ses conditions
d’exercice et les problèmes juridiques relatifs à l’impôt.
6
SEMESTRE I : LE DROIT BUDGÉTAIRE
Il sera abordé le cadre normatif du droit budgétaire (titre 1) et l’objet du droit budgétaire (titre
2).
Il faut entendre par cadre normatif du droit budgétaire, les règles et les valeurs juridiques qui
encadrent l’action financière des personnes publiques. Ces normes constituent un gage de
transparence dans la conduite des affaires publiques tout en facilitant le contrôle parlementaire.
Le cadre normatif sera appréhendé à travers les sources du droit budgétaire (chapitre 1) et les
principes du droit budgétaire (chapitre 2).
Pour l’essentiel, les normes constitutionnelles ont une double vocation. Elles déterminent un
ordre juridique financier qui fixe les grands principes des finances publiques (paragraphe 1)
et le partage des compétences financières entre les autorités publiques (paragraphe 2).
Dès son préambule, la Constitution du 25 novembre 2010, l’Etat du Niger affirme son
attachement aux grands principes des finances publiques. Ces principes sont classiques et
fondateurs (A) d’autres sont réformateurs (B).
Ils sont fondateurs parce qu’ils forment le noyau dur des règles financières.
- Principe de la légalité fiscale :
- Principe égalité fiscale
- Principe du consentement à l’impôt
7
- Principe de l’autorisation budgétaire
- Principe de la reddition des comptes
À travers ces principes, l’objectif est d’introduire dans la constitution les nouveaux sujets et
défis de la gouvernance financière (lutte contre la corruption, déclaration des biens, gestion des
ressources naturelles).
Aussi ont-ils été introduits dans le préambule de la constitution, le principe de bonne
gouvernance.
La bonne gouvernance implique une gestion efficace, intègre et durable des ressources
publiques. On peut citer enfin, le principe de la déclaration des biens. L’article 51 de la
constitution mentionne qu’« Après la cérémonie d'investiture et dans un délai de quarante- huit
(48) heures, le président de la Cour constitutionnelle reçoit la déclaration écrite sur l'honneur
des biens du Président de la République. Cette déclaration fait l'objet d'une mise à jour annuelle
et à la cessation des fonctions. La déclaration initiale et les mises à jour sont publiées au Journal
Officiel et par voie de presse. Une copie de la déclaration du Président de la République est
communiquée à la Cour des comptes et aux services fiscaux. Les écarts entre la déclaration
initiale et les mises à jour annuelles doivent être dûment justifiés. La Cour constitutionnelle a
tous pouvoirs d'appréciation en ce domaine. La Cour des comptes est également chargée de
contrôler la déclaration des biens telle que reçue par la Cour constitutionnelle.»
En plus d’inscrire dans la charte fondamentale ces principes de base des finances publiques, la
Constitution organise la distribution du pouvoir financier.
La constitution est la source directe et indirecte de toutes les compétences et procédures dans
l’ordre juridique financier.
Il faut bien un partage de compétence entre l’exécutif et l’Assemblée nationale (A). En outre,
les dispositions constitutionnelles définissent les compétences dévolues au pouvoir judiciaire
(B).
8
Les prérogatives de l’exécutif ne sont pas négligeables en matière financière.
L’exécutif définit la politique économique, sociale et budgétaire de la nation .
Il faut signaler que l’État partage le pouvoir financier en respectant les compétences des
collectivités territoriales et autres organismes publics.
Ce partage des compétences s’exerce sous le contrôle du pouvoir judiciaire.
La Cour des comptes est une institution qui exerce à l’image des autres juridictions le pouvoir
judiciaire.
L’article 141 de la Constitution fixe les attributions de la juridiction financière qui exerce un
contrôle juridictionnel et un contrôle non juridictionnel. La Cour juge les comptes des
comptables publics et s’assure du bon emploi des fonds publics. La Cour des comptes assiste
le Président de la République, le Gouvernement et l’Assemblée nationale dans le contrôle de
l’exécution des lois de finances.
Les sources constitutionnelles sont mises en œuvre par des normes infra constitutionnelles.
Pendant longtemps, les finances publiques étaient régies par des textes d’origine nationale en
raison de la souveraineté des États. Il sera envisagé l’étude des sources internes (paragraphe
1). L’environnement des finances publiques est marqué ces dernières années par un abandon
de souveraineté financière au profit d’institutions supranationales, d’où l’étude des sources
externes (paragraphe 2).
On note une prééminence des sources textuelles (A) et une faiblesse des sources
jurisprudentielles (B)
Le droit financier n’est pas un droit jurisprudentiel mais plutôt du droit écrit. Les sources
textuelles sont nombreuses. On peut citer : les lois organiques (loi organique n°2012-09 du
26 mars 2012 relative aux lois de finances), les lois de finances de l’année, les lois de finances
rectificatives, les lois ordinaires, les lois fiscales.
Il faut relater aussi l’existence de sources administratives à travers les règlements d’exécution
et les règlements autonomes (décret n° 2013-083/PRN/MF du 1er mars 2013 portant
règlement général de la comptabilité publique).
Si les sources textuelles sont importantes, les sources jurisprudentielles sont limitées.
9
B- LA FAIBLESSE DES SOURCES JURISPRUDENTIELLES
Les sources deviennent de plus en plus importantes en raison de la globalisation des économies.
Certaines normes ont une vocation universelle (A) d’autres ont une origine communautaire
(B)
10
B- LES SOURCES D’ORIGINE COMMUNAUTAIRE
11
CHAPITRE II : LES PRINCIPES BUDGÉTAIRES
Les principes budgétaires ou règles de présentation du budget sont nés sous la Restauration
en France en 1830. Ils permettent au parlement de contrôler l’exécutif. On peut distinguer
les principes budgétaires classiques (section 1) des nouveaux principes (section 2).
Il faut examiner le contenu du principe (A) avant d’apprécier les multiples atténuations dont il
fait l’objet (B).
Ce principe signifie que « les recettes et les dépenses budgétaires de l’Etat sont retracées,
sous forme de recettes et de dépenses, dans le budget général » (voir article 31 de la loi
organique 2012 relative à la loi de finances ; voir aussi article 7). On parle aussi de totalité
budgétaire.
Avec ce principe, les recettes et les dépenses sont retracées et approuvées.
12
On peut citer comme atténuations ou exceptions, les budgets autonomes qui concernent les
organismes jouissant d’une autonomie financière (établissements publics, collectivités
territoriales, agences, les délégations, les offices).
Ces dérogations qui donnent des souplesses de gestion à l’exécutif sont perceptibles à travers
l’universalité budgétaire.
L’universalité sera appréhendée par ses composantes (A) et ses exceptions (B)
Ce principe est défini à l’article 32 de la loi organique, suivant cette formulation « Il est fait
recette du montant intégral des produits sans contraction entre les recettes et les dépenses.
L’ensemble des recettes assurant l’exécution de l’ensemble des dépenses, toutes les dépenses
et toutes les recettes sont imputées au budget général ».
Tel qu’énoncée, l’universalité engendre deux conséquences. Il faut noter la règle de la non
compensation. Ce principe oblige l’exécutif lors de la préparation administrative de la loi de
finances d'inscrire de façon séparée le montant intégral des recettes et des dépenses. C’est
pourquoi, la règle de la non compensation est aussi appelée, règle du produit brut.
L’universalité budgétaire implique aussi la non affectation. La règle interdit l’affectation d’une
recette à une dépense spécifique. La non affectation garantit l’égalité et la solidarité devant le
service public. La règle contient toutefois plusieurs exceptions.
Les budgets annexes, les comptes spéciaux du trésor et les budgets autonomes nuancent le
principe de l’universalité en ce que des recettes sont affectées à des dépenses particulières. Il
faut ajouter les taxes parafiscales, des impositions affectées à des organismes (Voir article 9
de la loi organique). Les exceptions à l’universalité peuvent également s’exprimer sous forme
de procédures particulières.
Les fonds de concours concernent des contributions « volontaires versées par les personnes
morales ou physiques et notamment les bailleurs de fonds, pour concourir avec les
ressources de l’État à des dépenses d’intérêt public ». (Article 33 alinéa 3 LOLF).
Les rétablissements de crédit consistent à reverser aux services publics des sommes
provisoirement ou indûment payées. Ces sommes peuvent faire l’objet de réaffectation.
Le principe de l’universalité abordé, il convient maintenant de voir son support temporel à
travers l’annualité budgétaire.
13
PARAGRAPHE 3: LE PRINCIPE DE L’ANNUALITÉ BUDGÉTAIRE
A- LA SIGNIFICATION DU PRINCIPE
B- LES LIMITES
En principe, les crédits ouverts sur une année ne créent aucun droit sur les années suivantes.
Le crédit non employé ne peut plus être utilisé (voir article 11 du décret n°2013-083/PRN/MF
du 1er mars 2013 portant règlement général sur la comptabilité publique).
Les exceptions sont nombreuses. Ainsi, les crédits ouverts au titre des fonds de concours et des
financements sur ressources externes non consommés à la fin de l’année budgétaire sont
reportés de droit.
En outre, les crédits de paiement et les autorisations d’engagement peuvent être reportés.
Les reports de crédits permettent donc d’éviter l’annulation des crédits et la « fièvre du mois
de décembre ».
Un dispositif est aussi aménagé pour des dépenses pluriannuelles dans le cadre des
investissements ou des contrats de partenariat (article 19 de la LOLF).
Dans ce cadre, les autorisations d’engagement peuvent avoir une portée pluriannuelle (article
19 de la LOLF).
Il faut noter les anticipations sur les crédits de l’année suivante (article 20 de la LOLF). Durant
l’année budgétaire, il faut noter les décrets d’avance qui se manifestent par des crédits
supplémentaires ouverts en cas d’urgence et de nécessité impérieuse d’intérêt national (article
21 de la LOLF).
Enfin, les lois de finances rectificatives constituent une exception infra annuelle du principe de
l’annualité (article 47 de la LOLF).
À côté de l'annualité, nous allons examiner le principe de spécialité des crédits.
14
PARAGRAPHE 4: LE PRINCIPE DE SPÉCIALITE BUDGÉTAIRE
La vertu cardinale de cette règle est de pouvoir connaître l’utilisation faite de l’impôt
L’équilibre budgétaire doit être appliqué dans les finances classiques (A) et ensuite dans les
finances modernes (B).
15
Pour Edgar Allix, un auteur classique des finances publiques, le ministre des finances devait
« faire cadrer les évaluations de dépenses et les évaluations de recettes ». Il doit « réaliser en
un mot l’équilibre du budget en cherchant les économies possibles ou les compléments de
recettes nécessaires pour l’obtenir.»
L’équilibre est le signe d’une gestion financière rigoureuse. L’Etat ne doit pas être endetté
parce que le déficit entraîne l’emprunt, une dette reportée qui sera payée par les générations
futures. L’équilibre budgétaire confine l’État au plan socio-économique à des missions
strictement régaliennes.
Dans les finances publiques modernes, cette conception de l’équilibre ne prévaut plus. sauf
pour certains organismes publics.
L’équilibre n’est plus conçu comme dans les finances classiques. L’Etat peut avoir un déficit
budgétaire jusqu’à 3% du PIB. Le déficit permet de relancer l’économie. Il ne doit pas être
excessif. L’équilibre est donc appréhendé de façon macro-économique. C’est le sens des
dispositions de l’article 3 de la LOLF.
La gouvernance financière moderne est dominée par l’avènement de règles qui enrichissent et
rénovent la gestion budgétaire. On peut illustrer cette dynamique par la sincérité
(Paragraphe 1), la transparence (paragraphe 2) et la performance budgétaire ( paragraphe
3).
Le principe de sincérité est récemment consacré en droit positif. Il convient de voir son contenu
(A) et ses variantes (B).
A- LE CONTENU DU PRINCIPE
Le contenu du principe a été construit par le juge constitutionnel français en 1993 (décision
93-320 du 21 juin 1993). Il est aujourd’hui repris dans les LOLF.
Le principe de sincérité interdit l’absence de réalisme dans les prévisions budgétaires.
Ce principe fait obligation de ne pas dissimuler les éléments financiers ou patrimoniaux. En
termes plus simples, la sincérité c’est une image de vérité naturelle qui n’est pas altérée.
16
La sincérité renferme plusieurs composantes parce qu’elle fait intervenir une dimension
comptable et budgétaire.
B- LES INSUFFISANCES
La transparence budgétaire est affaiblie par l’existence d’informations financières non rendues
publiques. On peut donner l’exemple des fonds spéciaux, du patrimoine déclaré par certaines
autorités politiques, etc. Certains rapports officiels ne sont pas aussi publiés. De même, il faut
noter l’ampleur des scandales et des infractions financières.
La transparence budgétaire reflète aussi une administration crédible et performante.
17
PARAGRAPHE 3: LA PERFORMANCE BUDGÉTAIRE
A- LA PLURIANNUALITÉ
Il existe plusieurs éléments qui concourent à responsabiliser les gestionnaires de l’agent public.
Il s’agit ainsi de la déconcentration de l’ordonnancement, de la fongibilité des crédits, des
projets annuels de performance ( PAP) et des rapports annuels de performance ( RAP ). Les
gestionnaires doivent développer la culture de responsabilité en budgétisant les crédits sous
forme de programmes (voir article 12, 13 et 14 de la LOLF).
Le cadre juridique du droit budgétaire connu, il faut maintenant examiner son objet à travers
l’étude des lois de finances.
18
TITRE II : L’OBJET DU DROIT BUDGÉTAIRE OU L'ÉTUDE DES LOIS DE FINANCES
Le droit budgétaire étudie les règles qui se rapportent au budget public. On se limitera ici au
budget le plus important de la nation, celui de l’État désigné sous le vocable de lois de finances.
Les lois de finances expriment les moyens financiers qui permettent à l’État de fonctionner et
d’investir. On insistera sur la loi de finances de l’année en raison de sa portée particulière. La
structuration (chapitre 1) et les procédures de la loi de finances (chapitre 2) seront abordées.
19
CHAPITRE I: LA STRUCTURATION
La loi de finances de l’année est particulière par rapport aux lois de droit commun. On peut
illustrer ce propos par un texte (paragraphe 1) et les annexes (paragraphe 2). PARAGRAPHE
L’originalité de la loi de finances de l’année réside dans la règle de la bipartition. Il s’agit selon
le législateur d’avoir une plus grande clarté pour exploiter les documents budgétaires à travers
la première (A) et la seconde partie (B).
La première partie donne une vision macro budgétaire de la loi de finances. En effet, aux
termes de la loi, la loi de finances de l’année, dans la première partie, prévoit et autorise les
masses budgétaires ; fixe les plafonds des dépenses, arrête les données générales de l’équilibre
budgétaire et financier présenté dans un tableau d’équilibre (voir article 45 de la LOLF).
Cette partie a pour finalité de répartir les crédits budgétaires entre les ministères et institutions
constitutionnelles. En effet, la loi organique précise que la deuxième partie fixe pour le budget
général par programmes et par dotations, le montant des autorisations d’engagement et des
20
crédits de payement ; détermine par ministères, par institutions constitutionnelles et par budgets
annexes, le plafond des autorisations d’emploi rémunéré par l’État etc. (voir article 45 de la
LOLF.
Cette règle de bipartition est essentielle et emporte des conséquences juridiques notamment
le vote de la première partie avant la seconde partie. Après ces différentes parties, les lois de
finances sont accompagnées d’annexes obligatoires.
Dans la nouvelle réforme des finances publiques, toutes les annexes sont devenues obligatoires.
Nous avons les annexes de base (A) et celles explicatives (B).
Il s’agit entre autres d’un rapport définissant l’équilibre économique et financier, les résultats
connus et les perspectives, du DPBEP prévue à l’article 52 et du DPPD prévue à l’article 53.
(Voir article 45 de la LOLF). Ces documents ont l’avantage de faire un bilan et de faire de la
prospection sous les ressources attendues et les dépenses envisageables.
Les annexes explicatives permettent également d’enrichir l’information parlementaire.
Suivant les dispositions de la loi, les annexes explicatives développent pour l’année en cours
et l’année considérée par programmes ou par dotations, le montant des crédits présentés par
nature de dépenses. Ces annexes sont accompagnées du PAP de chaque programme. Les
annexes explicatives comportent également un état développé des restes à payer de l’état établi
au 31 Août de l’année en cours. L’état des restes à recouvrer est également identifié dans les
annexes explicatives (voir article 46 de la LOLF).
La structuration formelle de la loi de finances appréhendée, l’examen de son contenu devient
nécessaire.
L’article 101 de la constitution mentionne que la loi de finances prévoit et autorise pour
chaque année civile, l’ensemble, des ressources et des charges de l’État. L’article 3 de la
LOLF précise que cette détermination des masses budgétaires tient compte de la discipline
communautaire. Il faut donc examiner la détermination des ressources et des charges de l’État
21
(Paragraphe 1) et la prise en compte de la discipline financière de l’UEMOA (paragraphe
2).
Les ressources et les charges de l’État sont constituées de recettes et de dépenses budgétaires
(A) ainsi que des ressources et des charges de trésorerie (B)
Les recettes budgétaires peuvent être divisées en recettes fiscales ( impôts, taxes, cotisations
sociales) et recettes non fiscales (rémunérations des services rendus et de redevances, les
fonds de concours, les dons, les legs etc). (Voir article 7 de la LOLF).
Les dépenses budgétaires sont constituées des dépenses ordinaires et des dépenses en capital.
Les dépenses ordinaires ou courantes sont des charges habituelles. Il s’agit des dépenses de
personnel, les charges financières de la dette, les dépenses d’acquisition de biens et de services,
dépenses de transfert courant et dépenses en atténuation de recettes. Les dépenses en capital
sont des dépenses d’investissement: on distingue, les dépenses d’investissement exécuté par
l’État des dépenses de transfert en capital (voir article 11 de la
LOLF)
Les ressources de trésorerie renvoie aux produits provenant de la cession des actifs, les produits
des emprunts à court, moyen et long terme et enfin les dépôts sur les comptes des
correspondants.
Les charges de trésorerie concernent le remboursement des produits des emprunts et les retraits
sur les comptes des correspondants. Ces ressources et ses charges sont évaluées en fonction de
la discipline budgétaire établie par l’UEMOA.
La discipline financière repose sur les critères de premier rang (A) et de second rang (B)
Les critères de premier rang sont ceux dont le non-respect entrainent la formulation explicite
de directives à l’égard de l’État membre concerné avec un programme de mesures
22
rectificatives. Ces critères sont au nombre de trois: Le ratio du solde budgétaire global rapporté
au PIB doit être supérieur ou égal à moins 3% ( voir article 7 du pacte ), ce critère permet
de mesurer le déficit global et la souveraineté financière de l’État. Le second critère est
relatif aux taux d’inflation annuelle moyen qui est doit être 3% maximum par an.
Le troisième critère évoque le ratio de l’encours de la dette intérieur et extérieur rapporté au
PIB ne devrait pas excéder 70%.
Les critères de second rang constituent des repères indicatifs dont le non-respect ne fait pas
l’objet de recommandations explicites. Ces critères sont au nombre de deux : le ratio masse
salariale sur les recettes fiscales ne doit pas dépasser 35%. Le taux de pression fiscale doit être
supérieur ou égal à 20%. Ce critère vise à encourager les États dans la mobilisation des recettes
fiscales. La pression fiscale est le pourcentage d’impôts prélevé sur la richesse nationale.
Au demeurant, nous constatons que la loi de finances est un texte juridique particulier parce
qu’elle reflète l’identité financière de l’État en termes de politique économique et sociale. C’est
pourquoi elle est élaborée, adoptée, exécutée et contrôlée selon des procédures particulières ou
originales que l’étude du processus budgétaire permettra de cerner.
23
CHAPITRE II: LES PROCESSUS DE LA LOI DE FINANCES OU LE PROCESSUS BUDGÉTAIRE
Le processus budgétaire découle de la règle des 4 temps alternés. Il sera abordé d’une part les
règles par lesquelles la loi de finances est élaborée et adoptée. C’est la prise de décisions
budgétaires. Elle fait apparaître la prééminence de l’exécutif puisque le président de la
République définit la politique de la nation. La prise de décisions budgétaires indique les règles
d’élaboration (section 1) et l’adoption de la loi de finances (section 2).
Le processus budgétaire est composé des méthodes d’évaluation des grandes masses
budgétaires (A) et du calendrier budgétaire (B).
B- LE CALENDRIER BUDGÉTAIRE
Le parlement doit de soixante (60) jours au plus pour voter (article 114 de la Constitution).
L’adoption parlementaire est composée d’une phase d’examen (A) et d’une phase de vote
(B)
24
A- LA PHASE D’EXAMEN
Après le dépôt du projet de loi de finances, la conférence des présidents saisit les commissions
du texte.
- L’examen en commission:
l’assemblée nationale compte xx commissions. Aux termes de l’xx portant règlement intérieur
de l’assemblée nationale: les commissions sont saisies de tous les projets, propositions de loi
et affaires de leur compétence. La commission des finances et du contrôle budgétaire saisi au
fond sur tout projet de loi de finance reçoit le rapport de chaque commission technique qui est
relatif à la partie du document budgétaire qui l’intéresse
En terme plus simple, les commissions techniques établissent des rapports qu’elles transmettent
à la commission des finances et du contrôle budgétaire. Cette dernière fait la synthèse pour
préparer le rapport général qui sera partagé en plénière
- L’examen en plénière:
La procédure des discussions en séance plénière est organisée par les dispositions des articles
xx du règlement intérieur. Le rapporteur général fait la lecture du rapport de la commission
des finances et du contrôle budgétaire. Ce document renferme les grandes orientations du projet
de de loi de finances; il renferme également les observations de la commission des finances et
les réponses des ministres lors des travaux en commission. A l’occasion de l’examen en
plénière, les députés peuvent faire des amendements. Ce pouvoir est encadré par l’article 82
de la constitution qui posé l’irrecevabilité des amendements qui aggravent une charge ou
diminuent une ressource sans l’existence d’une compensation financière. Le conseil
constitutionnel exerce un contrôle de la procédure des amendements (décision du 24 février
1998, amendement Niandiar Sène augmentant le nombre des députés de 120 à 140).
Après la phase d’examen du projet de la loi de finances, intervient le vote.
Lorsque le projet de loi de finances est déposé sur le bureau de l’assemblée nationale, les délais
sont assez courts. L’assemblée nationale dispose en effet d’un délai de soixante (60) jours au
plus pour voter le projet de loi de finances (voir article 68 de la constitution et l’article 57 de
la LOLF de 2020). Pour diverses raisons, le retard peut subvenir lors de l’adoption de la loi de
finances.
Le retard peut être imputable à l’assemblée nationale. Dans ce cas, à l'expiration du délai de
soixante jours, si le projet de loi de finances n’est pas définitivement voté, il est mis en vigueur
25
par décret. Il est tenu compte des amendements votés par l’assemblée nationale et acceptés par
le président de la République.
Le retard peut être imputable à l’exécutif. Dans cette hypothèse, selon l’article 68 de la
constitution, si par suite d’un cas de force majeur, le projet de loi de finances n’est pas déposé
en temps utile pour que l’assemblée nationale puisse disposer du délai de soixante (60) jours,
la session est immédiate prolongée jusqu’à l’adoption de la loi de finances. Si le prolongement
de la session budgétaire empiète sur l’année n+1, le président de la République met en œuvre
ses prérogatives spécifiques prévues (voir article 68 de la constitution et l’article 57 de la
LOLF). On voit dans les deux cas la prépondérance de l’exécutif puisque l’assemblée
nationale est presque dessaisie.
L’assemblée vote soit à main levée soit par vote électronique, soit par assis et levé, soit au
scrutin public, soit au scrutin secret (article 83 et 84 du règlement intérieur).
La loi de finances est cependant un document particulier. Ainsi, on vote la première partie et
après la seconde partie (voir décisions des 24 et 30 décembre 1979 du Conseil constitutionnel
français: annulation de la loi de finances pour 1980 pour non respect de l’ordre de vote).
Pour le budget général, les évaluations de recette vont l’objet d’un vote d’ensemble. Pour les
dépenses, le vote est fait par programme et/ou par dotation à l’intérieur des ministères et
institutions.
Lorsque la loi de finances est définitivement adoptée, le président de la République doit
procéder à la promulgation dans les huit (8) jours francs qui suivent l’expiration des délais de
recours. En effet, la loi de finances avant sa promulgation, peut faire l’objet d’un contrôle de
constitutionnalité par le Conseil constitutionnel.
La promulgation de la loi de finances ouvre en réalité une autre étape du processus budgétaire
26