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Les Finances de l’état marocain

Le terme "finance" fait généralement référence à l'exploration de la dynamique de l'argent.


Il implique l'examen de l'acquisition, du contrôle et de la gestion des fonds, qu'il s'agisse d'une
initiative privée menée par une personne physique ou morale, ou bien d'une opération
entreprise par une entité publique (l’état et ses établissements publics).

Les finances publiques englobent l'analyse des ressources, des dépenses et des comptes de
l'État, des établissements publics et des collectivités territoriales. Elles sont régies par des
textes de loi qui relèvent du droit public et des réglementations spécifiques qui encadrent les
opérations financières et comptables des entités du secteur public, formant ainsi l’élément
crucial afin d’assurer leur bon fonctionnement et leur viabilité économique.

Partie 1: Organisation et Structure:

1 – Généralités sur les finances publiques :

Définition :

Les finances publiques contiennent l'étude approfondie des mécanismes par lesquels l'État
acquiert les ressources financières nécessaires pour financer ses interventions économiques et
sociales, tout en répartissant cette charge entre l'ensemble des citoyens.

Ce champ d'étude s'inscrit dans le cadre de l'État providence et d'une gestion axée sur la
performance, prenant en considération les diverses entités administratives telles que l'État, les
organismes affiliés, les collectivités territoriales et les branches de la Sécurité sociale.

Les fonctions des finances publiques :

A. Allocation des ressources :

Les finances publiques servent à financer des biens et des services publics, tandis que la
fonction d'allocation des ressources consiste à répartir judicieusement les fonds disponibles
entre les secteurs tels que la santé, l'éducation, etc., via le processus budgétaire. Les décideurs
évaluent les priorités et les contraintes pour une distribution efficace, équitable et durable,
impliquant souvent des compromis entre divers besoins et intérêts.

B. Redistribution des richesses :

La fonction de redistribution des richesses vise à rééquilibrer la répartition des ressources


économiques au sein de la société. Elle intervient souvent via des politiques fiscales et des
programmes sociaux pour réduire les inégalités économiques. En utilisant des taxes, des
transferts sociaux et d'autres mécanismes, cette fonction cherche à soutenir les moins
favorisés et à atténuer les disparités de revenus et de richesse. Son objectif est d'assurer une
répartition plus équitable des ressources et d'offrir des opportunités équitables à tous les
membres de la société.

C. Stabilisation de l’économie :

La fonction de stabilisation de l'économie vise à atténuer les fluctuations économiques telles


que les cycles de croissance et de récession. Les gouvernements interviennent à travers la
politique monétaire et budgétaire pour stabiliser l'économie. La politique monétaire, menée
par la banque centrale, ajuste les taux d'intérêt et la masse monétaire pour contrôler l'inflation
et stimuler la croissance. La politique budgétaire utilise les dépenses publiques et les impôts
pour stimuler l'économie en période de ralentissement ou la freiner en cas de surchauffe.
L'objectif est d'assurer une croissance économique durable et de limiter les chocs
économiques.

La pluridisciplinarité des finances publiques :

Les finances publiques englobent un large éventail de domaines, incluant les sciences
politiques, le droit, les statistiques et la sociologie. Par exemple, dans le domaine des sciences
politiques, les interventions financières visent non seulement des objectifs économiques mais
également le renforcement de la souveraineté et de l'indépendance économique et politique,
tant au niveau national qu'international. En ce qui concerne le droit, elles permettent de
réguler et d'encadrer les actions financières de l'État par le biais de lois et de réglementations
spécifiques. Du côté des statistiques, elles jouent un rôle essentiel en permettant la mesure,
l'évaluation et la prévision des phénomènes financiers à l'aide d'outils statistiques. Enfin, du
point de vue de la sociologie, les finances publiques ont pour objectifs la réponse à des
problèmes sociaux et humains variés.

2 – Les acteurs des finances publiques : organigramme et structure

Le système de gestion financière du secteur public au Maroc s'inspire largement du modèle


français.

Il intègre les principes fondamentaux de la séparation des responsabilités entre l'ordonnateur


et le comptable, ainsi que des mécanismes de contrôle a priori et a posteriori, de nature
juridictionnelle.
Ces fondements sont enracinés dans les normes juridiques supérieures du Royaume,
notamment la Constitution et la Loi Organique relative aux lois de finances, placées sous la
supervision du Conseil constitutionnel

Au Maroc, les principaux acteurs des finances publiques comprennent :

Ministère de l’Économie et des Finances (MEF) : Il joue un rôle central dans la gestion des
finances publiques, la planification budgétaire et la supervision des politiques économiques.

Direction Générale des Impôts (DGI) : Responsable de la collecte des impôts et taxes au
niveau national.

Trésor Public : Gère les opérations financières de l’État, notamment la gestion de la dette
publique et l’exécution des paiements.

Cour des Comptes : Elle assure le contrôle des finances publiques et évalue la régularité et la
performance de la gestion publique.

Bank Al-Maghrib : La banque centrale du Maroc, qui participe également à la gestion de la


politique monétaire et à la stabilité financière.

Agence pour la Promotion et le Développement Économique et Social des Préfectures et


Provinces du Sud du Royaume : Elle contribue au financement des projets de
développement dans les régions du Sud du Maroc.

Inspection générale des finances (IGF) est un corps de contrôle de niveau supérieur dont les
missions définies par la loi de 1960 demandent à être actualisées pour mieux prendre la réalité
du nouvel environnement économique, financier et juridique du pays. De façon général, le
rôle de l’IGF, doit évoluer d’une fonction de contrôle traditionnel des services comptables,
qui doit constituer le cœur de l’activité de l’Inspection centrale des services de la Trésorerie
Générale du Royaume, vers une fonction plus large d’audit des finances et du secteur publics
de l’Etat.

Le Chef du Gouvernement, autorité budgétaire. Le Chef du Gouvernement joue un rôle


important en vertu des compétences qui lui sont dévolues par la Constitution et la loi
organique. Cette dernière consacre le Chef du Gouvernement en tant qu’autorité budgétaire
aux côtés du ministre chargé des finances.

Le Ministère des Finances est en charge des questions financières et monétaires, y compris
les politiques des crédits et de finances extérieures. Par ailleurs il assure la tutelle financière
des entreprises et établissements publics ou à participation étatique et, le cas échéant,
contribue dans une large mesure à leur transfert au secteur privé, dans les cadres, législatif et
réglementaire du processus de privatisation.

La Cour des comptes a pour mission principale de s'assurer du bon emploi de l'argent public
et d'en informer les citoyens. Juridiction indépendante, elle se situe à équidistance du
Parlement et du Gouvernement.

La cour des comptes en tant qu’institution indépendante au Maroc, est l’une des institutions
constitutionnelles les plus importantes dans la chaine de reddition des comptes du pays. Elle a
réussi par sa mission principale de supervision à la consolidation du principe de la reddition
des comptes, en visant à inculquer cette culture de reddition des comptes chez les acteurs
publics.

Partie 2 : Evolution des finances publiques marocaines :

1 – Contexte historique :

Les finances publiques, en tant que discipline, se sont développées au fil du temps en
réponse aux besoins croissants des gouvernements en matière de gestion de leurs ressources
financières. L'émergence des finances publiques est étroitement liée à l'évolution des États et
de leurs fonctions au fil de l'histoire. Voici quelques étapes clés dans l'apparition des finances
publiques.

Antiquité : Les premières formes d'administration fiscale remontent à l'Antiquité. Les


civilisations grecques et romaines ont utilisé des impôts pour financer les activités
gouvernementales, y compris la défense et les infrastructures.

Moyen Âge : Pendant cette période, les rois et les seigneurs féodaux ont levé des impôts pour
financer les guerres et maintenir l'ordre. Cependant, il n'y avait pas de système financier
public formel.
Renaissance : Avec la Renaissance, l'idée de la souveraineté de l'État a commencé à émerger.
Les monarques ont cherché à renforcer leur autorité en développant des systèmes fiscaux plus
sophistiqués.

XVIIe et XVIIIe siècles : La montée de l'État moderne en Europe a conduit à des besoins
financiers accrus. Les idées de penseurs comme Jean-Baptiste Colbert en France et Sir
William Petty en Angleterre ont jeté les bases de la pensée économique et de la gestion des
finances publiques.

Révolution industrielle : La Révolution industrielle a entraîné une transformation


économique majeure, nécessitant des investissements publics dans les infrastructures et les
services sociaux. Les États ont commencé à jouer un rôle plus actif dans l'économie.

Émergence de la théorie des finances publiques : Au XIXe siècle, des économistes tels que
David Ricardo et John Stuart Mill ont commencé à développer des théories sur le rôle de
l'État dans l'économie et la manière dont les finances publiques devraient être gérée.

XXe siècle : Les guerres mondiales et les crises économiques ont renforcé le rôle de l'État
dans l'économie, avec une expansion significative des dépenses publiques. La théorie
keynésienne a influencé la politique économique, encourageant les gouvernements à
intervenir activement pour stimuler l'économie en période de récession.

2 – L’évolution des finances publiques marocaines :

Les institutions financières publiques des pays en développement, comme au Maroc, sont
relativement récentes et ont évolué avec la conception de l'État. Originellement influencées
par des principes musulmans à leur création, elles ont progressivement adopté une approche
plus moderne sous le protectorat, pour ensuite se développer davantage après l'indépendance
en s'inspirant des normes universelles du droit budgétaire, notamment du modèle français.

L'histoire des finances publiques au Maroc se divise en trois périodes distinctes : avant
l'indépendance, de 1956 à 1976, et depuis 1977 jusqu'à nos jours.

A - Avant l'indépendance :

Les débuts des institutions financières publiques au Maroc sont liés à l'évolution de la
conception de l'État. Bien avant le XXe siècle, le Maroc possédait un système de finances
publiques qui englobait les biens du Makhzen. Il existait également le Beit el mal, alimenté
par des contributions religieuses telles que la zakat et l'achour. Sous le règne de Moulay
Slimane (1792-1822), le corps des Oumanas a été créé, placé sous les ordres de l'Amin El
Oumana, qui agissait comme un véritable Ministre des Finances. Ce système impliquait
différents responsables pour la perception des recettes, l'exécution des dépenses et le contrôle
comptable, avec des rapports transmis au Sultan et examinés par la Béniqua, qui faisait office
de Cour des Comptes.

Le premier budget global a été établi en 1910 dans la région de Chaouia, puis étendu
successivement à d'autres régions comme Meknès, Rabat, Fès, Marrakech et le territoire du
Tadla entre 1912 et 1913. La Direction Générale des Finances a été mise en place en juillet
1912, avec ses premiers services créés pour l'exercice 1913-1914. Cette première
consolidation budgétaire concernait les prévisions de recettes et de dépenses pour différentes
régions, ainsi que la dette, auxquelles se sont ajoutées les dépenses des services administratifs
centraux.

Ensuite, le Contrôle des engagements de dépenses de l'État a été créé par un dahir en
décembre 1921, suivi par l'institution de la commission des marchés via un arrêté résidentiel
en juin 1936. Le premier Ministre des Finances dans l'histoire du Maroc a été nommé par un
dahir en décembre 1955, lors de la création du gouvernement marocain.

B - Entre 1956 et 1976 :

Après l'indépendance, les charges publiques ont augmenté, mais sur le plan financier, la
rupture avec le franc français en décembre 1958 a entraîné un effondrement des ressources,
décourageant les investissements étrangers. Sur le plan institutionnel, quelques événements
clés méritent d'être soulignés : la création en 1956 du conseil national consultatif à des fins
parlementaires, puis en 1959, la création de la Banque du Maroc et l'établissement du dirham
comme unité monétaire nationale.

C - Depuis 1977 jusqu'à nos jours :

Face à ces déséquilibres économiques structurels, des mesures ont été prises pour stabiliser
l'économie marocaine. Sous la pression des instances monétaires mondiales (FMI et Banque
mondiale), le Maroc a été contraint d'appliquer un programme d'ajustement structurel à partir
de 1983. Ce programme comprenait des mesures budgétaires, fiscales et économiques pour
rééquilibrer l'économie.

L'évolution des finances publiques au Maroc a connu des phases marquantes reflétant la
croissance économique et les politiques gouvernementales. Au fil du temps, les recettes et
dépenses ordinaires de l'État ont joué un rôle prépondérant dans l'équilibre budgétaire. Les
recettes ordinaires représentent les revenus réguliers perçus par l'État, comprenant
principalement les impôts directs et indirects, les taxes, ainsi que les revenus non fiscaux
comme les recettes des entreprises publiques. Parallèlement, les dépenses ordinaires
englobent les dépenses de fonctionnement de l'État telles que les salaires des fonctionnaires,
les dépenses en biens et services publics, et les transferts sociaux.

Au niveau du graphique suivant se présentent les fractions du PIB marocain détenues par les
recettes publiques (hors TVA) et les dépenses publiques entre 2005 et 2020, offrant ainsi une
vision synthétique de la contribution de ces éléments à l'économie nationale et mettant en
lumière l'équilibre ou les déséquilibres budgétaires au fil du temps.

Source : Le site web du Ministère d’économie et des finances

La répartition du PIB entre les dépenses publiques et les recettes hors TVA au Maroc de
2005 à 2020 montre une stabilité relative. Les dépenses publiques représentent entre 19,3% et
25,4% du PIB, suggérant une constance dans les investissements gouvernementaux dans
l'économie. De même, les recettes publiques hors TVA oscillent entre 21,1% et 26% du PIB,
indiquant une régularité dans la collecte des revenus fiscaux, reflétant une gestion financière
relativement stable malgré des fluctuations d'une année à l'autre.

Conclusion :

La transformation du Maroc s'étend aux finances publiques, redéfinissant la relation État-


territoire. Les réformes économiques, dont la privatisation partielle, visent à accroître
l'efficacité et à attirer des investissements étrangers. La décentralisation financière renforce la
prise de décision locale, mais nécessite une coordination rigoureuse. L'engagement croissant
de la société civile souligne l'importance de la transparence et de la responsabilité dans la
gestion des ressources publiques. Ainsi, tout en préservant son autorité, le Maroc cherche
toujours à optimiser ses ressources pour un développement durable et équilibré à l'échelle
nationale.

Références :

"A History of Economic Thought: The LSE Lectures" par Lionel Robbins

"Public Finance and Public Policy" par Jonathan Gruber

" Théorie des finances publiques " par Richard Musgrave

Site WEB officielle du Ministère de l’économie et des finances

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