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Université A/MIRA de Bejaia, Faculté SECSG, Département des Sciences de Gestion, L2, Sections A & B

Cours élaboré par Dr KENDI Nabila nabila.kendi@univ-bejaia.dz

Chapitre I. Genèse des finances publiques et leur évolution dans la pensée économique

Chapitre 1 : Genèse des finances publiques et leur évolution dans la pensée


économique

I. La description des finances publiques


II. Genèse des finances publiques et leur évolution
III. Le besoins individuels (privés) et les besoins collectifs (publics)
IV. Les sources des finances publiques

I. La description des finances publiques

1. Définition des finances publiques

Il est possible de distinguer deux définitions différentes des finances publiques, fondées sur le
rôle de l'État dans l'activité économique.

On retrouve la définition traditionnelle des finances publiques par Gaston Guise -et d’autres
auteurs traditionnels : « C’est un ensemble de règles par lesquelles les États doivent appliquer
pour déterminer les dépenses publiques et le montant des ressources nécessaires pour faire
face à ces dépenses tout en répartissant leurs charges entre les individus ».

Quant à la définition moderne : « Les finances publiques sont connues dans la pensée
contemporaine comme l'étude des dépenses et revenus de l'État et des organismes publics de
toutes sortes, ainsi qu'une déclaration de l'étendue de leur impact sur la réalisation de
l'équilibre économique et social des pays et l'exploitation des ressources publiques pour
atteindre divers objectifs ».

La définition traditionnelle, repose sur la nature des recettes publiques et des dépenses
publiques dans le concept traditionnel. En effet, les recettes publiques trouvent leur existence
et leur raison d'être dans les dépenses publiques traditionnelles (fonctions régaliennes de
l’Etat) et dans la nécessité de les couvrir. Cette définition traditionnelle ne s'écarte pas du
cadre et des règles sur lesquelles repose la théorie traditionnelle de l'État gendarme où il ne
doit pas s'immiscer dans la vie économique et social, car les lois du marché et le système de
concurrence parfaite réalisent l'équilibre de l'économie nationale. Cependant, l'évolution du
rôle de l'État, d'un simple État gardien (gendarme) ou neutre à un État interventionniste, a
rendu la définition précédente des Finances Publiques incapable de traduire la réalité de cette
évolution, car l'objectif des Finances Publiques n'est plus seulement d'obtenir les recettes
publiques devant couvrir les dépenses publiques, mais l'objectif est devenu plus large et inclut
non seulement la couverture des dépenses publiques traditionnelles, mais aussi l’atteinte de
l'équilibre économique et social.

De ce qui précède, les finances publiques se présentent essentiellement comme un ensemble


de mécanismes de prélèvements et de réaffectation de ressources en fonction de la poursuite
d’objectifs d’intérêt général. C’est également la science qui étudie les règles régissant
l'activité financière des organismes et institutions publics afin d'obtenir les ressources
nécessaires à dépenser pour parvenir à la satisfaction des besoins publics. Ou encore, les

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finances publiques sont définies comme l’étude des ressources, des charges et des comptes
des administrations publiques, c’est-à-dire principalement de l’État, des collectivités
territoriales, des organismes de Sécurité Sociale, de ceux dépendants étroitement de l’État.»

Selon que l’on se place sur le plan juridique ou économique, il s’agit de :


 une discipline du droit public, et plus précisément du droit public financier.
Classiquement, les finances publiques sont scindées en trois branches : le droit fiscal 1, le
droit de la comptabilité publique2 et le droit budgétaire3.
 l’étude des finances des administrations publiques, c’est-à-dire des organismes dont
l’activité économique est principalement constituée des opérations de redistribution ou
de production de services non marchands et dont les ressources sont en majorité des
prélèvements obligatoires.

2. Les Administrations Publiques (les AP)

Les finances publiques sont constituées de l’ensemble des recettes et des dépenses des
administrations publiques (AP). Le secteur institutionnel « Administrations Publiques » de la
comptabilité nationale est constitué de tous les organismes, publics et privés (personnes
morales telles que les associations financées essentiellement par les fonds publics), financés
principalement par des prélèvements obligatoires et, intervenant dans un but d’intérêt
général. Il s’agit de :

 Les administrations publiques centrales

Elles comprennent :

- L’Etat (au sens strict) : il est considéré dans la comptabilité nationale comme
l’ensemble des services administratifs dont les opérations sont retracées dans les lois
de finances. Pour éviter des confusions avec l’Etat au sens large, on le qualifie parfois
d’Etat Central.

- Les organismes divers d’administration centrale : ils ont des ressources qui
proviennent essentiellement des subventions de l’Etat et des paiements partiels des
services qu’ils produisent (taxes). Ils ont des statuts juridiques très variés mais
disposent tous de l’autonomie financière. Ils exercent leur activité dans divers
domaines qui leur sont confiés par l’Etat, tels que l’enseignement (universités, grandes
écoles nationales, …), la recherche (Centre national de la recherche scientifique, …),
la culture (théâtre, musés nationaux, …), la santé (Hôpitaux, les polycliniques, …),
l’action sociale (la DAS, ..), les affaires économiques (les institutions pour la
recherche d’emploi), …

 Les administrations publiques locales

1
Le droit fiscal s’intéresse à la question des ressources publiques, et plus spécifiquement aux règles techniques de
détermination et de perception des recettes fiscales (impôts).
2
La comptabilité publique est l’ensemble des règles régissant l’encaissement et le décaissement de l’argent public, la tenue
des comptes publics, et, d’une façon générale, les techniques de gestion publique.
3
Le droit budgétaire est l’ensemble des règles encadrant l’adoption et la mise en œuvre du budget, c’est -à-dire l’acte de
prévision et d’autorisation financière pour l’exercice à venir.

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Elles regroupent les collectivités locales (territoriales) et les organismes divers


d’administration locale.

- Les collectivités locales : La création de collectivités territoriales s’inscrit dans une


démarche de décentralisation du pouvoir de décision de l'État. L’État transfère des
compétences et des moyens (budget, personnel...) à des entités distinctes. Ces entités
possèdent une base territoriale et sont administrées par des conseils élus au suffrage
universel. Les collectivités territoriales, au même titre que l'État ou les établissements
publics, sont des personnes morales de droit public. Selon la constitution Algérienne,
les collectivités territoriales (locales) algériennes sont composées de deux niveaux : les
communes et les wilayas. La législation algérienne définit la commune comme étant la
collectivité territoriale de base. Celle-ci est dotée d’une autonomie financière et
constitue l’assise de la décentralisation. Elle exerce ses prérogatives dans tous les
domaines de compétence qui lui sont dévolus par la loi et concourt, avec l’État, à
l’administration et à l’aménagement du territoire, au développement économique,
social et culturel, à la sécurité ainsi qu’à la protection et à l’amélioration du cadre de
vie des citoyens.

- Les organismes divers d’administration locale : ils ont des statuts variés, mais leurs
compétences et leurs financements sont locaux et leurs ressources proviennent
essentiellement de subventions des collectivités locales et de taxes parafiscales. Il
s’agit par exemple des agences d’urbanisme, des chambres de commerce, des caisses
des écoles, des lycées et des collèges, ….

 Les administrations de sécurité sociale

Le système de sécurité sociale est l’ensemble des institutions, des mécanismes et des
programmes ayant pour but d’assurer la sécurité et le bien-être social des individus. Il couvre
tous les risques sociaux qui pourraient toucher l’assuré et ses ayants droit. Il comprend
l’ensemble des assurés tenus de contribuer à son financement par des cotisations à leur
charge. En d’autres termes, le système est à base contributif (en répartition) avec une
cotisation qui implique essentiellement les travailleurs et les employeurs.

En Algérie, la gestion de ce système est assurée par des caisses placées sous la tutelle du
ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité Sociale. Ces caisses sont :
 La Caisse nationale des assurances sociales (CNAS).
 La Caisse nationale de sécurité sociale des non-salariés (CASNOS).
 La Caisse nationale des retraites (CNR).
 La Caisse nationale d'assurance-chômage (CNAC).
 La Caisse nationale des Congés payés des travailleurs du Bâtiment et d'Hydraulique
(CACOBATPH).

Qu’est-ce que la sécurité sociale ?

La sécurité sociale est définie par tous les mécanismes de prévoyance collective qui
permettent aux individus et aux ménages de faire face financièrement aux conséquences des
risques sociaux qu’ils rencontrent.

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Les risques4 sont des situations ou des événements qui perturbent la situation économique des
ménages par augmentation des dépenses et/ou la diminution des ressources. Les risques
peuvent être de nature diverse :
● Origine professionnelle : accidents du travail, maladies professionnelles.
● Origine non professionnelle : vieillesse, allocations familiales, invalidité, maladie,
maternité, décès, veuvage.
● Origine économique : chômage.

Une prestation sociale est un dédommagement fourni à toute personne assujettie à un


organisme de la sécurité sociale (c’es-à-dire, toute personne affiliée au régime de la sécurité
sociale : les assurés et leurs ayants droit) lorsqu’elle se trouve dans une situation qui nécessite
une couverture par la protection sociale (EX : remboursement maladie, pension de retraite,
pension d’invalidité, allocation chômage, etc.). Ces prestations sociales sont, en général,
versées en contrepartie du versement des cotisations mensuelles.

Ces prestations peuvent être fournies :


- « en espèces » - (parlant alors de prestations en espèce ou pécuniaire) c’est le cas de la
pension de retraite que perçoit régulièrement le retraité, c’est le cas du chômeur qui reçoit
en espèces son allocation chômage, etc. et/ou
- « en nature » - (parlant alors de prestations en nature) c’est le cas lorsqu’un patient est
soigné à l’hôpital. C’est également l’existence d’équipements sociaux comme les crèches
pour l’accueil des enfants, ou de services tel le SAMU social qui vient en aide aux plus
déshérités en intervenant souvent dans la rue.

 L’assurance maladie
L’assurance maladie assure une double fonction de remboursement des frais de soins de santé
et de bénéfice d’indemnités de remplacement de revenus en cas de congés de maladie.

 L’assurance maternité
De nos jours, l’accouchement est devenu de plus en plus médicalisé. Il implique des frais
médicaux et des arrêts de travail pour les parturientes. Pour cela, l’assurance maternité obéit
aux mêmes dispositions que l’assurance maladie.

 L’assurance invalidité
Elle consiste en l’octroi d’une pension à l’assuré social âgé de moins de 60 ans, présentant
une invalidité qui réduit sa capacité de travail ou de gain de 50% au moins.

 L’assurance accidents de travail

L’ouverture du droit au travailleur salarié commence dans l’heure qui suit son embauche. Il
n’est pas tenu aux conditions d’immatriculation ou de durée de travail. L’unique condition
exigée est que l’accident est en rapport direct (le fait ou à l’occasion) du travail. La législation
algérienne prévoit deux risques :
a) l’accident du travail proprement dit et défini comme « tout accident ayant entraîné une
lésion corporelle, imputable à une cause soudaine, extérieure et survenue dans le cadre de la
relation de travail »,

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Le risque est un évènement futur, incertain et ne dépond pas exclusivement de la volonté de l’assuré.

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b) l’accident intervenu durant le trajet (en mission commandée par l’employeur, lieu de
résidence, lieu habituel des prises de repas, de visites familiales..).

 L’assurance des maladies professionnelles

Les prestations servies au titre de l’assurance maladies professionnelles sont identiques à


celles octroyées au titre de l’assurance accidents de travail. Il y a deux types de prestations :
l’une temporaire et l’autre permanente, selon le cas. Leur détermination obéit aux mêmes
règles que celles des accidents de travail.

 L’assurance décès

L’assurance décès est destinée à faire bénéficier les ayants droit de l’assuré social décédé d’un
capital décès. Elle concerne les régimes salariés (CNAS) et non salariés (CASNOS).

II. Genèse des finances publiques et leur évolution

Les finances publiques ont été associées à l'émergence des domaines de l'État, dotés de
systèmes financiers qui traitaient les revenus et les dépenses. Dans ce point, nous allons
expliquer le contexte temporel et culturel de l’émergence et du développement des finances
publiques.

Il est admis que l’émergence de l’État a précédé l’émergence de ses finances publiques et que
son émergence était liée à l’émergence des civilisations anciennes.

1. Les finances publiques dans l'Antiquité

Les systèmes financiers étaient connus des pharaons, des Grecs et des Romains, ainsi qu'en
Perse, en Inde et en Chine. Ces empires furent caractérisés par de nombreuses guerres entre
eux, en plus de nombreuses révolutions internes. Et comme il faut préparer la guerre, l’Etat
colonisateur a besoin de fonds pour constituer et construire son armée. Dans le même temps,
il lui fallait également construire des châteaux et des forts pour se protéger de tout ennemi
externe.

Cela s’ajoute aux besoins financiers de l’État pour maintenir la sécurité nationale et la
stabilité politique. Pour ces raisons, le besoin en fonds publics était permanant.

A partir de là, il fallait avoir des systèmes financiers afin que le dirigeant donne des
instructions, des ordres et des directives concernant le prélèvement et la source des recettes
ainsi que la nature et l’exécution des dépenses.

2. Les finances publiques au Moyen Âge

Du développement des sociétés et de l'émergence du système féodal au Moyen Âge (Ve


siècle), jusqu’à l'effondrement de l'Empire romain et du système féodal (XVe siècle), deux
classes ont émergé dans la société : La classe des seigneurs féodaux et la classe des esclaves
fonciers et des paysans. Ainsi, les relations sociales, économiques et financières étaient basées
sur la division des classes. C'est à ce moment-là qu'on a découvert l’Amérique, qui rendait

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rare la présence des esclaves chez les seigneurs féodaux en raison de leur vente sur le nouveau
continent, où les terres étaient louées au fermier en échange d’une rente en nature ou en
espèces du fait de l’agriculture de ce dernier aux terres, d'où l'émergence du système de
domaine, qui portait sur les relations politiques, productives, financières et sociales
nouvelles ; elle apparaît la classe des maîtres qui possédaient les terres des seigneurs féodaux.
Un domaine est un lopin des terres qu'il s'attribue et sont cultivées par des paysans, esclaves et
libres, et les récoltes revenant au propriétaire de la terre.

A partir de là, les principales sources de recettes publiques sont devenues :


- Domaine.
- Taxes imposées aux agriculteurs du domaine en échange de leur protection par le
propriétaire foncier.

Diverses formes de recettes, dont nous citons :

- Taxe foncière : elle était perçue en espèces ou en nature. Le principe de solidarité


caractérisait la responsabilité de la collecter : chaque État, province ou territoire en
perçoit un impôt et tous ceux qui y vivent y contribuent.
- Impôt par tête5 : Elle était imposée aux particuliers, à l'exception de la classe libre et
du clergé.
- Taxe sur le bétail : elle était imposée à chaque tête de bétail.
- Taxe d'immeuble, taxe professionnelle et titres officiels.
- Travail forcé : travail non rémunéré, car un certain nombre de jours par semaine
étaient consacrés au travail du dirigeant sans compensation, en plus des emplois non
rémunérés tels que le travail de shérif et de percepteur d'impôts.

Les dépenses les plus importantes étaient les suivantes :

- Dépenses pour équiper l'armée afin de mener des invasions et construire des forts et
des châteaux.
- Dépenses pour les affaires internes et les révolutions.
- Dépenses pour la sécurité, les intérêts et les célébrations privées du dirigeant.

En résumé de cette étape, elle s'est caractérisée par une abondance de revenus qui n'étaient pas
suffisants pour répondre aux exigences croissantes du dirigeant, ni pour préparer
constamment les guerres, mener des invasions et réprimer les révolutions internes.

3. Les finances publiques en Islam

Nous allons présenter les recettes publiques et les dépenses publiques dans le système
islamique.

Sources de financement de l’État islamique :


- Zakat : la Zakat est imposée sur tout ce qui est considéré comme un atout pour un
bénéfice mutuel, comme le bétail (chameaux, vaches, moutons, ...), les métaux
précieux (or, argent, ...), la nourriture (dattes, blé, l’huile d’olive, ...) et autres.

5
Un impôt par tête, ou « impôt personnel au sens strict », est un impôt dont le montant est identique pour toutes les
personnes. Il ne repose pas sur les biens ou sur les revenus, il est dû à raison de l'existence de la personne.

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- Kharaj : imposé sur les terres conquises par les musulmans par la paix et la force.
- Dîmes commerciales : ce sont des taxes sur le commerce des musulmans et des non-
musulmans s'ils effectuent leur commerce en terres musulmanes. Ceci en échange de
leur protection et de leur commerce par l’État islamique.
- Jizyah : une somme d'argent imposée aux chefs des habitants qui sont entrés en
possession des musulmans. Il n’y a pas une limite à ce montant financier, et il peut
augmenter ou diminuer selon les circonstances et conditions estimées par le dirigeant
musulman.
- Les butins : tous les biens obtenus par les combattants musulmans au cours de la
guerre contre les infidèles sont légalement considérés comme butin.

Aspects des dépenses publiques :


- Dépenser pour ceux qui ont droit à la zakat.
- Dépenser pour l'enfant, la famille et les proches, proportionnellement à la capacité de
le faire.
- Dépenser au nom de la charité pour ceux qui en ont besoin, y compris les pauvres, les
nécessiteux et les voyageurs.
- Dépenser au nom de l'intérêt public : industrie, agriculture, commerce,...
- Dépenser pour les équipements de l'État et sa sécurité.
- Dépenser pour la croissance économique et le développement.

4. Les finances publiques dans le système capitaliste

Nous traiterons les finances publiques dans le système capitaliste durant deux principales
périodes : libérale et interventionniste.

4.1. Les finances dites classiques de la période libérale (Etat gendarme)

Pendant le 19eme siècle jusqu’à la première guerre mondiale, la vie économique est dominée
par la primauté du capitalisme et par la supériorité de l’initiative privée.

Selon les classique (A. Smith : « Laisser faire- Laisser passer), l’Etat doit laisser jouer la libre
concurrence et les mécanismes naturels du marché autorégulateur. Il doit se tenir en dehors de
la vie économique et son action doit être aussi légère et neutre que possible.

 Un marché autorégulateur

Le marché6 autorégulateur7 est un marché en concurrence pure et parfaite où la restauration


de l’équilibre s’assure par lui-même (par ses propres mécanismes) par le biais de la flexibilité
6
Un marché est le lieu de rencontre entre une offre et une demande. Cette rencontre détermine une quantité échangée (de
travail, de production, de monnaie, de titres) et un prix de vente (salaire, prix des biens, taux d'intérêt, cours boursier).
7
La concurrence pure et parfaite réunie cinq conditions : L'atomicité des agents qui implique l'existence d'un grand
nombre d'offreurs et de demandeurs, tous de taille limitée par rapport à celle du marché, afin qu'aucun vendeur ou aucun
acheteur ne représente un poids suffisant pour influencer les conditions du marché et notamment le prix d'équilibre. La libre
entrée des offreurs et des demandeurs qui suppose l'absence de contraintes sur le marché qui les empêcherait d'y accéder.
L'homogénéité des produits ou services échangés sur un marché, c'est à dire que concrètement sur le marché, les
acheteurs sont complètement indifférents à l'identité du producteur. L'homogénéité garantit donc que les offreurs et les
demandeurs ne discutent que des quantités et des prix des produits. L'information est parfaite sur le marché
(transparence du marché), c'est à dire que tous les offreurs et tous les demandeurs connaissent en même temps,
instantanément et sans coûts, toutes les informations utiles concernant les échanges sur le marché. La mobilité des facteurs

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des prix (c'est-à-dire que le prix est le mécanisme autorégulateur). Il s’agit du


rétablissement de l’équilibre économique par les propres mécanismes du marché. Ainsi, le
fonctionnement d'un marché autorégulateur présente l'avantage d'éliminer automatiquement
tout déséquilibre à la suite d'un choc quelconque affectant l'offre ou la demande sur le marché.

 L’Etat gendarme

Pour les classiques, les actions et interactions économiques aboutissent à la formation d’un
équilibre spontané entre l’offre et la demande, qu’Adam Smith illustre par la métaphore de
la « main invisible» qui assurerai cet équilibre sans qu’aucune intervention extérieure ne soit
nécessaire, et, en particulier, l’intervention de l’Etat. Ainsi, l'intervention de l'État dans le
fonctionnement de l'économie doit être minimale. L’État doit se limiter à ses fonctions
régaliennes : la justice, la voirie et la sécurité, soit un rôle d’État gendarme8. Toute
ingérence (intervention) de l’État dans les affaires privées doit être refusée car il risque de
perturber le libre jeu du marché et donc de créer des situations de crise.

L’Etat gendarme a pour rôle essentiel de :

- Faire voter et respecter les lois afin de réglementer l’économie, les agents économiques, …
- La défense nationale.
- L’administration générale.
- La construction et l’entretient de certains ouvrages publics, les transports, l’éducation, …

Selon les libéraux, les grands principes de gestion des finances publiques sont :

- Limitation au maximum des finances publiques : l’Etat doit dépenser le stricte


nécessaire au maintient de l’ordre social et à l’armé ; l’Etat est un mauvais commerçant,
un mauvais agriculteur, un mauvais industriel, …

- Légèreté et neutralité de l’impôt : l’impôt a pour unique fonction de procurer à l’Etat


les moyens de financer ses dépenses. Selon J. B. SAY, les impôts doivent être les plus
faibles et les plus discrets possibles, où est exclut tout objectif économique ou/et social.

- Le respect de l’équilibre budgétaire annuel : le déficit budgétaire génère de l’inflation


(déclencher la planche à biller pour le combler) ou de l’endettement (recours à l’emprunt
public pour le financer). L’excédent budgétaire atteste un excès de prélèvement opéré par
l’Etat sur l’économie et un gaspillage d’allocation des ressources. Il y’a donc
thésaurisation par l’Etat, de fonds qui auraient été mieux utilisés par l’initiative privée.

- Limitation de l’emprunt aux circonstances exceptionnelles : l’emprunt ne doit pas être


utilisé qu’en cas de force majeure de besoin d’importantes ressources supplémentaires
(quand il s’agit de financer par exemple une guerre). La charge de la dette publique doit
être limitée au maximum.

est parfaite, c'est à dire qu'il n'existe aucun obstacle au déplacement des biens, des travailleurs et des capitaux. 4
L'expression "Etat gendarme" désigne une forme de l'Etat qui limite ses interventions aux fonctions régaliennes : armée
(défense du territoire), police (maintien de l'ordre) et justice pour assurer la sécurité et la liberté des individus.
8
L'expression "Etat gendarme" désigne une forme de l'Etat qui limite ses interventions aux fonctions régaliennes : armée
(défense du territoire), police (maintien de l'ordre) et justice pour assurer la sécurité et la liberté des individus.

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4.2. Les finances publiques de la période interventionniste (Etat providence)

A la fin de la 1ère guerre mondiale, les dépenses publiques ont atteint 30% des richesses
produites du fait du coût des pensions versées aux anciens combattants, en plus de la
participation de l’Etat au financement de la restructuration via les déficits budgétaires ; celle-
ci a prit forme de travaux publics et d’aides à des secteurs fortement touchés (construction,
industrie, transport, …)

Par ailleurs, la crise de 1929 a conduit l’Etat (les pouvoirs publics) à intervenir délibérément
pour soutenir l’activité économique et la vie sociale (indemnisation des chômeurs, aides aux
entreprises, réalisation des grands travaux, …). L’intervention de l’Etat (interventionnisme)
vise à corriger les déficiences du libre jeu des mécanismes de marché. Sur le plan des finances
publiques, cela se traduit non seulement par une augmentation des dépenses à caractère
économique et social mais aussi, par un alourdissement (allègement) de la fiscalité. Le déficit
budgétaire devient ainsi un moyen de relance d’une économie en dépression 9 . Après la
seconde guerre mondiale et sous l’impulsion de la théorie keynésienne, l’Etat devient un
véritable acteur économique.

 Le rôle de l’Etat providence dans l’économie

Selon Keynes, le chômage est involontaire en raison de l’insuffisance de la demande effective, et


sa résorption dépend d'une action de l'Etat pour soutenir la demande. Les keynésiens sont
partisans de l’Etat-Providence et prônent une politique de relance par la demande. Cette
politique de relance est une politique économique conjoncturelle qui a pour but de relancer
l'économie d'un pays lorsque ses capacités de production sont sous-utilisées. Elle consiste à
utiliser certains instruments budgétaires (dépenses publiques, endettement public, prélèvements
fiscaux) pour influer sur la conjoncture économique. La finalité est de favoriser la croissance pour
lutter contre le chômage. La relance par la demande s'effectue par :

- Un plan de relance keynésienne lorsque les mesures consistent à augmenter les


investissements et travaux publics pour relancer l’économie (augmentation des embauches,
des investissements des entreprises publiques et cercle vertueux vers les entreprises privées et
la population). En effet, une augmentation des dépenses publiques va conduire les
entreprises à augmenter leur production et la demande de travail et donc à embaucher.
L'augmentation de l'activité économique va générer une hausse des recettes fiscales qui va
partiellement compenser celle des dépenses publiques.
- Un plan de relance par la consommation lorsque les mesures concernent des baisses
d’impôts ou des augmentations de transferts sociaux pour les particuliers, engendrant une
hausse du pouvoir d’achat et l’envie de consommer plus (relancer la consommation des
ménages). Ceci va conduire les entreprises à augmenter leur production (suite à
l’augmentation de la demande effective) et la demande de travail et donc à embaucher.

9
La dépression économique est une forme grave de crise économique. Si le ralentissement de l'activité économique prend un
caractère cumulatif et n'est pas enrayé, la récession peut alors déboucher sur une dépression.

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4.3. Les finances publiques de l’Etat-acteur économique

Les grandes fonctions de l’Etat-acteur économique (les fonctions des finances publiques)10 ou
les principales fonctions économiques de l'État sont : la régulation, l’allocation, et la
redistribution.

 La fonction d’affectation des ressources (Allocation)

Elles correspondent aux fonctions les plus anciennes des pouvoirs publics. L’Etat, en tout
temps, a dû faire face à certaines dépenses correspondant aux tâches administratives
(administration générale, la police, la justice, la défense nationale, l’enseignement, la sécurité
sociale, …). Il s’agit donc de faire fonctionner un certain nombre de services publics
correspondant à des besoins qui ne sont pas satisfaits par l’initiative privée.
Nous sommes en présence de besoins publics dont la satisfaction est assurée par une
production émanant des Administrations Publiques, financés essentiellement (ou
intégralement) par des prélèvements obligatoires.

 La fonction de redistribution des revenus (Redistribution/ Justice sociale)

Il s’agit de la mise en ouvre, par les pouvoir publics, de mécanismes de répartition dite
secondaire, ou redistribution, fondée sur un principe de justice distributive, c'est-à-dire sur la
prise en considération des besoins. Cette fonction s’est développée davantage après la seconde
guerre mondiale avec l’appui des idées keynésiennes selon lesquelles en redistribuant des
revenus au profit des catégories sociales défavorisées, les pouvoirs publics élèvent la PmC
(propension marginale à consommer) de l’ensemble de la nation. Ils exercent donc, une action
favorable sur le niveau de la demande globale, et par ce biais, sur l’activité économique et sur
l’emploi.

La redistribution repose sur les mécanismes de la sécurité sociale, la fiscalité ou certaines


dépenses de l’administration centrale, ou des collectivités locales qui sont destinées aux
familles pauvres (à faible revenu). Exemple : aides sociales aux plus démunis.

 La fonction de régulation de la vie économique (Régulation)

Cette fonction consiste, pour les pouvoirs publics, à atténuer les déséquilibres économiques
(chômage, inflation, déficit du commerce extérieur, croissance économique).
La régulation s’effectue par des mesures de relance ou de freinage de la demande globale
selon les objectifs du carrée magique poursuivis (la politique stop and go). Les finances
publiques permettent ainsi à l’Etat d’agir sur sa propre demande en faisant varier sa
consommation (dépenses de fonctionnement), ou ses investissements et en influençant la
demande privée (PmC) par la politique budgétaire. Dans le cas d’une politique de relance, il
peut alléger les impôts, développer les aides à l’investissement par des subventions et des
incitations fiscales, et augmenter certaines prestations sociales. Inversement, dans le cadre
d’une action de freinage, l’Etat peut alourdir les impôts, réduire les subventions et aides
fiscales et éviter d’augmenter les prestations sociales.

10
Dans un ouvrage de Musgrave (1959) « Théorie des finances publiques », il nous explique que les finances publiques ont
trois fonctions : Allocation des ressources, redistribution et stabilisation.

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Université A/MIRA de Bejaia, Faculté SECSG, Département des Sciences de Gestion, L2, Sections A & B
Cours élaboré par Dr KENDI Nabila nabila.kendi@univ-bejaia.dz

Chapitre I. Genèse des finances publiques et leur évolution dans la pensée économique

III. Le besoins individuels (privés) et les besoins collectifs

1. Définition du besoin

C'est le désir d'obtenir les moyens nécessaires à l'existence, à la préservation ou au progrès


d'une personne, sans qu'il soit nécessaire pour son existence d'être en possession de ces
moyens, mais cela suppose que la personne connaisse le but qu'elle recherche et les moyens
qui permettent d’atteindre cet objectif. Ou : C'est un sentiment par lequel un individu tend
vers quelque chose.

2. Distinction entre les besoins individuels (privés) et les besoins collectifs (publics)

L'activité humaine, en général, vise à satisfaire un besoin, et certains besoins peuvent être
entièrement satisfaits individuellement, comme le besoin de nourriture et de vêtements et le
besoin de protéger le corps des fluctuations climatiques. Il s’agit donc des besoins que les
gens ressentent individuellement et qui découlent des nécessités de la vie matérielle. Ce type
est appelé besoins individuels. Même si certains besoins naissent de l'existence de la société
en tant que groupe organisé, le groupe (représenté par l'État et ses organismes publics) est
chargé de les satisfaire. Il est représenté par le besoin de sécurité et de protection contre les
attaques d'autrui. Ce sont donc des besoins que les gens ressentent collectivement et qui
n'existent qu'avec la présence d'individus dans la société. Ce type est appelé besoins publics et
l'État est responsable de leur satisfaction.

3. Les critères de distinction entre besoins individuels (privés) et besoins collectifs


(publics)

Il n’existe pas de règle générale permettant de distinguer les besoins publics des besoins
privés, car il n’existe pas de différences fondamentales entre les deux types qui limiteraient la
satisfaction de certains d’entre eux à l’État et la satisfaction d’autres aux particuliers. La
nature des besoins publics fait donc l’objet de grands débats parmi les économistes. Sur cette
base, de nombreux critères sont adoptés par les économistes comme base pour déterminer les
besoins publics.

- La nature de la personne chargée de satisfaire le besoin : Ce critère est basé sur le fait
que les besoins publics sont les besoins que l'État ou l'un de ses organismes satisfont.
Ceci signifie que cette norme dépend (pour différencier les besoins publics et les besoins
privés) de l'entité chargée de satisfaire ce besoin.
- La nature de la personne qui ressente le besoin : Ce critère repose sur le principe selon
lequel un besoin est privé si sa source est ressentie individuellement, et un besoin est
public si sa source est collective. Cela signifie qu'un besoin privé est un besoin individuel
alors qu'un besoin public est un besoin collectif.
- Le critère du plus grand bénéfice possible au moindre coût possible : L'État satisfait
les besoins publics quel que soit le coût matériel, c'est-à-dire qu'il n'est pas régi par la loi
du coût et du bénéfice, tandis que les individus sont régis par ce principe et cherchent à
obtenir le maximum de satisfaction possible au moindre coût possible.
- Le rôle traditionnel de l'État : Ce critère stipule que si le besoin collectif est inclue dans
la fonction traditionnelle de l'État, qui est la sécurité et la justice externes et internes, tout
ce qui est autre que cela est considéré comme privé (individuel).

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Chapitre I. Genèse des finances publiques et leur évolution dans la pensée économique

Il en ressort clairement que les deux conditions suivantes doivent être remplies pour accorder
le critère public :
1- La satisfaction du besoin devrait générer un intérêt général.
2- La satisfaction du besoin devrait faire partie de la nature du rôle de l’État.

IV. Les sources des finances publiques

Les finances publiques dépendent des sources constitutionnelles, législatives et réglementaires.

 Les sources constitutionnelles

La Constitution algérienne énonce les principes fondamentaux de la fiscalité tels que stipulés
dans l'article 64 de celle-ci. (Égalité pour tous devant les impôts ; participation aux charges
publiques selon les capacités ; la fiscalité est déterminée par la loi ; les charges financières,
notamment les impôts et taxes, surviennent avec effet immédiat). La constitution précise le
délai maximum dont dispose le Parlement pour adopter la loi de finances (Le Parlement devra
adopter la loi de finances dans un délai maximum de 75 jours à compter de la date de son
dépôt. Si ce délai est dépassé, la loi de finances est promulguée par le Président de la
République conformément à l'article 120). La constitution précise également que le vote du
budget relève de la compétence de l'article 122. La constitution stipule l’utilisation appropriée
et adéquate des allocations financières pour chaque secteur sous la supervision du Parlement
conformément à l’article 160 et le contrôle de la Cour des comptes conformément à l’article
170.

 Les sources législatives

Les lois de finances représentent la source la plus importante, car elles séparent les recettes et
les dépenses, dans tous les ca, de manière à satisfaire les besoins publics. Tant que les besoins
publics évoluent sur de courtes périodes, la loi de finances est promulguée chaque année,
suivi d'une loi de finances complémentaire pour faire face aux nouvelles circonstances. Par
ailleurs, l'ensemble des règles qui encadrent l'exécution des opérations de dépenses et de
recettes au sein de l'administration publique, avec ses règles spécifiques en termes de
séparation des ordonnateurs et des comptables sont soumis au droit de la comptabilité
publique.

 Les sources réglementaires.

Ce sont les décrets promulgués pour mettre en œuvre les lois de finances.

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