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Introduction à la Science du Droit

Normes, Institutions et Fonctions du Droit

Pr. Anas SERGHINI ANBARI


2023 - 2024
Chapitre Introductif

▪ Introduction Générale
▪ Notions liminaires de droit
▪ Droit Naturel
▪ Droit Positif
▪ Droit Objectif vs Droits Subjectifs

Introduction à l'Etude du Droit 2


Introduction

Le droit est une discipline complexe, au vocabulaire


particulier, à la technicité indéniable.

Le droit requiert un long et patient apprentissage.

Le droit peut avoir un coût pour les sujets de droit.

Le droit est censé être connu par les sujets de droit.

Introduction à l'Etude du Droit 3


Introduction

L’introduction à l’étude du droit est une introduction à toutes les disciplines juridiques,
aussi bien de Droit Privé que de Droit Public et de Science Politique.

Le droit comprend des règles (on dit aussi des normes) couvrant ainsi différentes
disciplines juridiques qui tentent de saisir cette activité par secteur :
✓ Politique : science politique
✓ Commerce : droit commercial,
✓ Relation de travail : droit du travail,
✓ Famille : droit de la famille,
✓ Entreprise : droit d’entreprise,
✓ Foncier: droit foncier etc……

Le droit saisit également les relations qui se nouent à l’échelle internationale, ce à


quoi répond notamment la matière de droit international public.

Introduction à l'Etude du Droit 4


Principes du droit

La méconnaissance du droit peut avoir un coût. La connaissance du droit , de


ses disciplines, est essentielle pour chaque sujet de droit:
✓Un chef d’entreprise qui licencie un salarié en méconnaissance des règles du
droit du travail risque d’engager sa responsabilité;

✓Un chef d’entreprise qui méconnait le droit fiscal peut subir des surcoûts
exorbitants…….;

✓Un élu qui ne respecte pas ses engagements peut voir sa responsabilité
engagée.. ;

✓Le propriétaire d’une clinique qui ignore qu’il est tenu de souscrire un contrat
d’assurance couvrant sa responsabilité directe pour les risques inhérents à
l’organisation et au fonctionnement de sa clinique, risque de subir de lourdes
pertes en cas de dommage.

Introduction à l'Etude du Droit 5


Principes du droit

Nul n’est censé ignorer la loi

▪ La méconnaissance du droit ne peut être évoquée par un citoyen pour échapper à


sa responsabilité. Il ne pourrait invoquer son ignorance de la loi pour échapper à
toute sanction .

▪ L’adage est expressément consacré par le code pénal marocain de 1962 en son
article 2 : « Nul ne peut invoquer pour son excuse l'ignorance de la loi pénale ».

▪ Il s ‘agit d’une fiction car il est impossible, même pour un juriste, de connaître
toutes les règles juridiques existantes! Mais c’est une fiction nécessaire au
fonctionnement de l’ordre juridique.

▪ La Constitution marocaine de 2011 affirme dans son article 6 le principe


d’obligation de publication des normes juridiques. Le Droit doit être énoncé,
promulgué et publié : c’est ce que justifie la codification du droit. Dans de
nombreux pays, des efforts sont déployés pour rendre le droit plus accessible et
plus intelligible pour les citoyens.
Introduction à l'Etude du Droit 6
Principes du droit

▪ Le principe de l'égalité devant la justice : Le principe de l'égalité


des citoyens devant la justice signifie que toute personne a une égale
vocation à être jugée par les mêmes juridictions et selon les mêmes
règles, sans aucune discrimination.

▪ Le principe de la légalité des délits et des peines signifie que seuls


les comportements préalablement qualifiés d'infractions par la loi
peuvent être poursuivis et seules les peines préalablement fixées par le
législateur peuvent être infligées.

Introduction à l'Etude du Droit 7


Droit Naturel
Le droit naturel est l'ensemble des droits que chaque individu possède du fait de
son appartenance à l'humanité et non de par la société dans laquelle il vit. Le droit
naturel, dont la liberté, l'égalité et le droit de propriété sont des composantes, est
considéré comme inné et inaltérable, universellement valable même lorsqu'il
n'existe aucun moyen concret de le faire respecter.

Le droit naturel cherche à établir une norme qui échappe aux fluctuations de
l'’histoire et des mœurs et qui évite l'arbitraire du jugement humain.
▪ Le droit naturel est un principe supérieur de justice inscrit dans la nature des
choses, partout le même et invariable ;
▪ Le droit légal essentiellement variable, puisqu'il prend en considération les
particularités des hommes et de la société. Ce droit légal doit s’efforcer d’être
à l’image du droit naturel.

Constat:
C’est le droit naturel qui animerai la règle juridique. Le droit positif ne serait que la
traduction de cette règle naturelle. Le droit positif est un instrument de contrainte
que l’on doit manier dans le sens édicté par la loi naturelle. Le droit positif ne serait
obligatoire que pour inviter les hommes à être égaux et à vivre en harmonie. 8
Droit Positif

Le droit positif désigne l'ensemble des règles de droit effectivement en vigueur


dans un Etat. Cette notion, sous-entend que les règles de droit sont issues des
hommes eux-mêmes et non pas de la nature ou d'une divinité. Cette notion
s'oppose à celle de "droit naturel".

Le droit positif est écrit, promulgué et publié. Son respect est sanctionné par le
recours aux juridictions chargées de l'appliquer. Il est constitué de l'ensemble
des textes juridiques officiels : constitution, lois, décrets, règlements
administratifs, règles de procédure et jugements.

Le droit positif international est constitué de l'ensemble des accords et des


traités en vigueur.

Le droit positif est un droit vivant qui évolue en fonction des époques et des
sociétés. Le positivisme légaliste considère que le droit positif émane des
autorités politiques et se suffit à lui-même. Pour le positivisme sociologique, le
droit positif est l'expression de la société. Il se comprend en observant la
société. Introduction à l'Etude du Droit 9
Pouvoir :
Régule et
organise le
droit.
• Pouvoir : Régule et
1 organise le droit.

• Droit doit être énoncé,


promulgué et publié : c’est
2 ce que l’on dénomme le
droit positif.
• Droit : doit
être énoncé, • Droit est une obligation et
promulgué et une justification.
publié : c’est 3
ce que l’on Le droit détermine • C’est une autorité et une
dénomme le norme à respecter.
des obligations
droit positif.

Introduction à l'Etude du Droit


Droit Objectif vs Droits Subjectifs

Le mot « Droit » évoque l’idée de sanction. Le droit a pour fonction de sanctionner


le non respect des règles établies. Ces règles qui sont formulées de manière générale
et impersonnelle, concernent chacun et ne désignent personne en particulier .

Le mot droit a deux significations distinctes :

▪ Il désigne l’ensemble des règles auxquelles sont soumises les personnes vivant
dans une société donnée sous peine de sanction : ( droit pénal, droit contrats,
droit des obligations ……) On parle également de normes ou d’ordre
juridique. C’est le droit objectif;

▪ Il désigne une prérogative dont peut se prévaloir une personne. Ces pouvoirs
reconnus aux sujets de droit qui constituent les droits subjectifs.

Exemples :
▪ Les droits des salariés sont consacrés par le code du travail,
▪ Les droits des commerçants par le code de commerce,
▪ Les droits des consommateurs par un dispositif édictant des mesures
de protection des consommateurs….
Introduction à l'Etude du Droit 11
Droit Objectif Droits Subjectifs

▪ Règles générales et abstraites ▪ Prérogatives, avantages ou


indiquant ce qui doit être fait pouvoirs particuliers dont
dans un cas donné, édictées bénéficie et peut se prévaloir
ou reconnues par un organe un sujet de droit, qu'il soit
officiel, régissant personne physique ou morale.
l’organisation et le
déroulement des relations Vs
▪ Les individus sont égaux
sociales et dont le respect est devant la loi (droit objectif),
assuré par des moyens de mais n'ont pas tous les mêmes
contrainte organisés par droits. Les droits subjectifs
l’Etat. sont opposables aux tiers, leur
respect ou leur
▪ C’est le droit objectif qui reconnaissance peut être
confère aux personnes leurs réclamée en justice.
droits subjectifs.
Introduction à l'Etude du Droit 12
Chapitre II
Contenu du droit

I. Classification des
règles de droit

II. Contenu du
droit commun

Introduction à l'Etude du Droit 13


I- CLASSIFICATION DES DOMAINES DE DROIT

Le droit applicable à une société comprend des règles de natures diverses parmi lesquelles on
opère les classifications suivantes :
1. Droit International
Le droit international régit les rapports de droit dans lesquels se rencontre un élément étranger.
On distingue :
▪ Le droit international public, contient les règles applicables dans les rapports des états
entre eux :
Exemple : conventions pour la non-prolifération des armes chimiques
▪ Le droit international privé, règle les rapports des particuliers entre eux, lorsqu’ils
comportent un élément étranger.
Exemple : Le contrat entre un étranger et un marocain, le divorce entre un
français et une marocaine, sont régis par le droit international privé.
2. Droit National
A l’intérieur du droit national, l’on distingue le droit privé qui régit les rapports des individus
entre eux, et le droit public qui contient les règles applicables, d’une part à l’organisation de
l’Etat et d’autre part aux rapports des particuliers avec l’Etat et ses agents.
Introduction à l'Etude du Droit 14
DROIT PUBLIC DROIT PRIVE

Droit Droit international public. Droit international privé.


International Rapport des Etats entre eux. Rapports entre particuliers de
Classification des domaines de droit

nationalité différente.
Droit National Droit constitutionnel. Droit commun.
• Organisation de l’état. • Dahir des obligations et des
• Droits du citoyen. contrats. (Droit Civil)

Droit administratif. Droits spéciaux.


• Structure de l’administration. • Droit commercial.
• Rapports de l’administration avec les • Droit du travail.
citoyens. • Droit de la famille.
• Droit de la concurrence.
Droit des finances publiques.
• Droit de la consommation.
• Règles générales relatives au budget.
• Droit bancaire.
• Obligations fiscales des contribuables.
• Droit foncier.
Droit des libertés publiques. • Droit des nouvelles technologies
• Exercice des libertés accordées aux • …
citoyens dans leurs rapport avec l’Etat.
Procédure civile.
Droit pénal. • Organisation et fonctionnement
• Détermine et fixe les sanctions des des juridictions civiles.
violations de la règle de droit. • Déroulement du procès civil.

Procédure pénale.
• Organisation et fonctionnement des
juridictions pénales.
• Déroulement du procès pénal.
Introduction à l'Etude du Droit15
I - Droit Privé

▪ Le droit privé englobe l’ensemble des règles applicables aux rapports entre
particuliers.

▪ On le subdivise traditionnellement en quatre branches:

1. Le droit commun (droit civil)

2. Les droits spéciaux

3. Le droit de procédure

4. Le droit international privé

Introduction à l'Etude du Droit 16


I - Droit Privé

Le droit privé comprend :

1- Droit commun est l’équivalent du droit civil en France qui s’applique chaque
fois qu’aucune règle particulière ne régit la situation soit en fonction des
personnes soit en fonction des actes.
2. Droit commercial précise l’ensemble des règles applicables aux commerçants
et aux actes de commerce.

3. Droit du travail réglemente les conflits pouvant naitre à l’occasion de


l’exécution du contrat de travail ainsi que les relations entre employeurs et
employés.

4. Procédure civile encore appelée droit judiciaire, contient les règles applicables
à l’organisation judiciaire ainsi qu’aux actions intentées devant les tribunaux.

5. Droit comparé a pour objet de déterminer les ressemblances et divergence entre


les législations marocaine et étrangères.

Introduction à l'Etude du Droit 17


1 - Droit Commun

Le droit commun comprend l’ensemble des droits subjectifs dont chacun peut se prévaloir
des obligations qu’il doit en contrepartie assumer.

Ces droits subjectifs se divisent en deux catégories :


1. Les droits extrapatrimoniaux qui n’ont pas de valeur pécuniaire. Ils comprennent
notamment le droit de la famille et le droit de la personne.

2. Les droits patrimoniaux : qui ont une valeur en argent ils comprennent :
➢ Les droits réels qui s’exercent sur une chose matérielle.
Exemple : Le droit de propriété
➢ Les droits de créance, ou obligations, qui permettent à leur titulaire d’exiger
une prestation d’une autre personne.
Exemple : Le préteur a un droit de créance contre son emprunteur pour
obtenir la restitution des sommes prêtées.
➢ Les droits intellectuels est le droit qui confère à son titulaire un monopole
d’exploitation portant sur un œuvre de l’esprit ou sur l’exercice d’une activité
professionnelle.
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1 - Droit Commun

Le droit commun ( droit civil) comprend les domaines de droit suivants :

1. Droit des obligations, qui traite spécialement des créances et des dettes
(droit des contrats, droit de la responsabilité civile).

2. Droit des personnes, qui fixe le statut des personnes physiques et


morales;

3. Droit de la famille, qui régit la création, les effets et la dissolution des


liens de parenté (droit du mariage, droit de la filiation, droit de la
tutelle);

4. Droits réels, qui régissent les rapports qu’une personne peut avoir
directement sur les choses mobilières et immobilières.

Introduction à l'Etude du Droit 19


Droit Commun

Droits Extra
Droits Patrimoniaux
Patrimoniaux

Droit Réels Droits Droits Droits de la Etat


Personnels Personnalité Civil
Loi 39/08 code DR du Intellectuels
22/11/2011
ou Obligations

Droits Réels Droits Réels Droit de


Principaux Accessoires la Famille

Hypothèques
Gage Droits de
Privilèges l’homme
Propriété Démembrements
Art9 du code DR
de la propriété Et libertés

Usufruit Servitudes

Contenu du Droit Civil 20


2 - Droits Spéciaux

Exemple : Droit commercial

Le droit commercial englobe l’ensemble des règles particulières applicables


aux relations de commerce (droit des affaires).

On peut le subdiviser en trois branches:

1. L’entreprise commerciale (statut du commerçant et des sociétés


commerciales, ou droit des sociétés)

2. Les biens et l’activité commerciale (par exemple droit de la


propriété immatérielle, droit boursier, ...)

3. Domaines spéciaux (droit de la concurrence, droit bancaire, droit


des assurances privées, ...)

Introduction à l'Etude du Droit 21


3 - Droit de Procédure

Le droit de procédure est aussi appelé droit formel - par opposition au droit
de fond- ou droit matériel.

Il a pour but la reconnaissance des droits et leur réalisation dans les faits. C’est
une exigence de la règle juridique puisqu’elle est dotée en principe de la force
contraignante.

Le droit de procédure règle trois sortes de question:

1. L’organisation des tribunaux : fixation de la composition des autorités et


de la répartition des compétences;
2. La procédure proprement dite : description des différentes phases du
procès, y compris les voies de recours;
3. Le droit de l’exécution : fixation des mesures de coercition qui
permettent de faire passer le jugement dans les faits.
Introduction à l'Etude du Droit 22
Organisation Judiciaire du Royaume

COUR DE CASSATION
Chambre Pénale Chambre Civile Chambre Commerciale Chambre Sociale Chambre administrative
Chambre Statut Personnel et Succession

Cours d’Appel de Cours d’Appel


Cours d’Appel Commerce Tribunal Militaire
Administrative
21 3 2 1

Tribunaux de Première Instance Tribunaux de Tribunaux


83 Commerce Administratifs
8 7

Centres de juges résidents


165

Juridictions de Droit Commun Juridictions Spécialisées

Introduction à l'Etude du Droit 23


Juridictions du Royaume
Introduction à l'Etude du Droit

Eléments de
droit
Il s’agit
d’appliquer aux
éléments de fait
la règle de droit
qui permet de
Cour de cassation résoudre le litige
Juridiction de Droit

Eléments de fait : Juridictions du


Second Degré Cour d’appel;
Constitués par ce qui
s’est Cour Appel de
réellement produit. commerce;
De multiples
2ème examen de l’affaire Cour Appel
questions se posent: Droit & Fait administrative.
quand et comment
le litige s’est-il
Juridictions de fonds Juridictions du
produit ?
Premier Degré
Quelles sont les Tribunal de première
conséquences
instance ;
matérielles
ou morales ? 1er examen de l’affaire TPI de commerce;
Droit & Fait TPI administratif;
Qui est l’auteur du
litige?

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3 - Droit de Procédure

Procédure civile et l’exécution forcée Procédure pénale

▪ La procédure civile énonce les La procédure pénale contient


règles régissant l’organisation et l’ensemble des règles régissant
l’activité des juridictions appelées à l’organisation et l’activité des
trancher les litiges survenant dans organes chargés d’appliquer le
l’application du droit privé. C’est un droit pénal. Elle règle:
complément nécessaire du droit
privé. • L’organisation des autorités
(Ministère public, par ex) et
▪ Le droit de l’exécution forcée des tribunaux pénaux;
contient l’ensemble des règles
permettant à un sujet de droit privé • Les différentes phases de
d’obtenir l’exécution des jugements l’instruction et du procès
rendus en sa faveur, même contre pénal;
la volonté du débiteur .
Introduction à l'Etude du Droit
• L’exécution des peines. 25
4 - Droit International Privé

▪ Le droit international privé comprend l’ensemble des règles de droit interne


qui déterminent le juge compétent et la loi applicable à un conflit de droit
privé comportant un élément d’extranéité.

▪ Il ne résout pas la difficulté juridique sur le fond, mais deux catégories de


problèmes préliminaires:

1. Les conflits de juridictions: quel tribunal, national ou étranger,


est compétent pour connaître d’un litige ?
2. Les conflits de loi : quelle est la loi applicable à la solution d’un
litige déterminé ?

Introduction à l'Etude du Droit 26


II - Droit Public

▪ Le droit public englobe l’ensemble des règles concernant l’organisation de


l’Etat, son fonctionnement et ses attributions. Il a trois caractéristiques:
1. Il vise l’intérêt général.
2. Il est lié à la chose publique.
3. C’est un droit autoritaire.

▪ Le droit public comprend :


• Le droit constitutionnel

• Le droit administratif

• Le droit pénale

• Le droit des libertés

• Le droit de procédure des juridictions pénales

Introduction à l'Etude du Droit 27


1 - Droit Constitutionnel

▪ Le droit constitutionnel est la branche du droit chargée d’analyser et de


contrôler les lois fondamentales qui régissent l’État.

▪ Il traite des règles relatives à l'organisation et au fonctionnement de l'Etat,


du gouvernement, du parlement, des juridictions et des institutions
publiques. Il organise notamment la séparation des pouvoirs. Il précise
également la façon dont les citoyens participent à l'exercice du pouvoir
(organisation des différents scrutins) :
➢ Les éléments concrets de l’Etat (territoire , population et
institutions);
➢ La structure de l’Etat: Institution Royale, Autorité Exécutive,
Autorité Législative, Autorité Judiciaire…………………
➢ L’organisation de l’Etat (droits politiques, fonctionnement des
principaux organes et instances);
➢ Les règles sur les droits fondamentaux;
➢ Les règles sur la procédure de révision de la Constitution.
Introduction à l'Etude du Droit 28
2 - Droit Administratif

Le droit administratif est une des branches du droit public. Il est constitué de règles
relatives à l'organisation et à l'activité de l'administration. La justice administrative
assure le respect des règles du droit administratif.

Les règles du droit administratif confèrent aux autorités administratives certaines


prérogatives privilégiées. Il n'existe pas de code administratif régissant la matière. Il
existe, en outre, différents codes contenant chacun des textes régissant le droit
administratif ( code des douanes, code général des impôts, code de recouvrement
des créances publiques, code des juridictions financières, etc.)

Le droit administratif est issu de sources écrites et non écrites:

▪ Les sources écrites : sont les textes écrits et publiés. Les règles sont
regroupées dans un ensemble de norme hiérarchisé ;
▪ Les sources non écrites : la jurisprudence définit les grands principes du droit
administratif et confère à ce droit un rôle créateur : le juge administratif
(tribunal administratif, cour administrative d'appel, Cour de cassation) crée du
droit pour suppléer au silence de la loi.
29
Introduction à l'Etude du Droit
3 - Droit Pénal

▪ Le droit pénal englobe l’ensemble des règles déterminant les atteintes à


l’ordre social appelées infractions et établissant les peines destinées à les
réprimer.

▪ Le droit pénal est une réaction de défense de la société contre certaines


atteintes à son organisation. Il est la garantie de la paix sociale.

▪ Traditionnellement, le droit pénal fait partie du droit public puisque la sanction


est exclusivement le fait de l’autorité publique et qu’il a pour objet la défense
de la société.

▪ Il a toujours existé des juridictions spécialisées en matière pénale et une


procédure pénale distincte. Le droit pénal se ramifie en branches spéciales
(droit pénal des mineurs, droit pénal économique) et fait appel à de
nombreuses sciences auxiliaires : criminologie, psychiatrie, médecine légale,
sciences physiques (balistique, etc.) et chimiques (toxicologie), etc..

Introduction à l'Etude du Droit 30


3 - Droit Pénal

Particularités : Classifications:
➢ Le droit pénal commun est le droit
1. Il est dominé par le souci des Droits
pénal (essentiellement contenu dans le
de l’homme;
code pénal) appliqué par les
2. Il obéit au principe de la légalité juridictions de droit commun.
des délits et des peines: ➢ Le droit pénal spécial traite des
infractions qui sont soumises à des
➢ la loi définit les infractions et juridictions spécialisées (droit pénal
le juge ne peut en créer de militaire, juridictions financières).
nouvelles;

➢ la loi définit les sanctions ➢ Le droit pénal international est une


applicables et ne peut en branche du droit qui s'attache à la
créer de nouvelles. responsabilité pénale individuelle dans
les crimes considérés
comme internationaux.

Introduction à l'Etude du Droit 31


Chapitre III
Caractères et contenu de la règle de droit

La règle de droit est une règle, générale, impersonnelle,


obligatoire et sanctionnée par l’autorité publique.

Ces caractères la distingue des autres règles applicables en


société.

Introduction à l'Etude du Droit 32


Eléments Introductifs

▪ La règle de droit doit alliée ce qui est fort et ce qui est juste. La loi, le règlement , la
décision de justice, le contrat sont des instruments de contrainte, parce qu’ils sont
obligatoires dés lors qu’ils répondent aux critères de sa qualification.

▪ La règle de droit a pour ambition de rassembler, d’équilibrer. Elle est facteur d’intégration
et non pas d’exclusion. Néanmoins, quelle que soit sa légitimité par le vote solennel des
représentants du peuple, la règle de droit s’impose, elle n’est pas choisie délibérément
par le citoyen. C’est pourquoi la sanction du non-respect s’affirme comme un élément
intrinsèque de la règle de droit.

▪ Une loi peut être obligatoire même si elle est mauvaise. Un jugement doit être exécuté
même s’il est injuste. La règle de droit est un instrument de force, qui doit poursuivre
comme finalité ce qui est juste. La justice a pour corollaire l’équité, l’égalité. Tous ces
mots peuvent former les composantes de ce qui est juste.

Comment obtenir un droit équitable, équilibré, harmonieux,


prudent reflétant l’honnêteté?

Introduction à l'Etude du Droit 33


L’idéale de justice symbolisé par la balance, représente la finalité de Droit. L’instrument de
force qu’est la règle contraignante doit être utilisé dans le but de justice. Sans cet idéal la règle
de droit n’est rien. C’est pourquoi le glaive qui symbolise la justice ne peut aller sans balance,
et que la balance n’a pas raison d’être sans la présence du glaive !

Justice Droit Egalité

Sanction Respect des règles Ethique et Morale


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Caractères de la règle de droit

La règle de droit

Générale et
Obligatoire
Abstraite

La règle de droit est une règle de conduite dans les rapports sociaux, générale ,
abstraite, obligatoire et sanctionnée par l’autorité publique. Ces caractères la
distinguent des autres règles applicables
Introduction à l'Etudeen société.
du Droit 35
Eléments Introductifs

▪ La règle de droit dicte un devoir : ▪ La règle de droit est édictée ou reconnue


caractère normatif. par un organe officiel, ou par des
particuliers en vertu de la liberté laissée
▪ Le droit est un ensemble de règles par la loi (contrats).
générales et abstraites : ➢ Le juriste applique des règles formelles;
➢ le sociologue étudie toutes les règles,
officielles ou non, par lesquelles les
➢ Générales: hommes s’organisent et résolvent leurs
elles s’adressent à un nombre conflits, etc.
indéterminé de personnes
▪ Le droit régit l’organisation et le
➢ Abstraites: déroulement des relations sociales :
elles régissent un nombre
➢ Le droit est un phénomène de société
indéterminé de situations organisée. On parle de socialité ou
concrètes. d’altérité du droit (prise en compte
d’autrui).
➢ Le droit n’a pas d’incidence sur
l’individu, tant que le comportement de
celui-ci n’a pas d’effet sur les tiers ou la
société. 36
La règle de droit est générale et abstraite

▪ La règle de droit est impersonnelle, elle n’est pas faite pour régir des cas
particuliers, elle ne vise aucune personne déterminée. Elle a vocation à s’appliquer
à tout individu remplissant les conditions qu’elle pose.

▪ La Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 affirme que la loi


« doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse » (article 6).
Le caractère de généralité de la loi est donc une exigence d’égalité et de non-
discrimination entre citoyens.

▪ Soumis aux mêmes lois, tous les personnes physiques ou morales, y compris les
pouvoirs publics sont égaux en droit. La Constitution consacre également l’égalité
des personnes devant la loi ( article 6).

▪ Le caractère de généralité de la règle de droit n’exclut pas la possibilité pour le droit


de prendre en considération des catégories de personnes: consommateurs, salariés,
commerçants. La règle de droit sera la même pour chaque catégorie. On retrouve la
généralité dans le particulier.

Introduction à l'Etude du Droit 37


La règle de droit est générale et abstraite (suite)

▪ La nécessité pour le législateur de protéger des personnes en situation de


vulnérabilité a conduit à ce que certains auteurs ont pu qualifier d’« émiettement du
droit » : un droit pour la protection des salariés, un droit pour la protection des
consommateurs, une législation spéciale pour la protection des personnes
handicapés, etc.… Ce mouvement ne concerne d’ailleurs pas uniquement les
personnes mais affecte également les actes et les faits juridiques, comme en
témoigne le développement des contrats spéciaux et la multiplication des régimes de
responsabilité civile.

▪ La règle de droit se distingue du jugement, de la décision de justice qui statue sur un


cas particulier et ne concerne que les parties au procès. Le jugement n’a pas la
portée générale et abstraite de la loi.

▪ Le jugement est une mesure individuelle par laquelle le pouvoir judiciaire donne un
ordre qui met fin à un litige. Le jugement n’a de force juridique qu’à l’égard des
parties au procès. C’est le principe de l’autorité relative de la chose jugée.

Introduction à l'Etude du Droit 38


La règle de droit est obligatoire

▪ La règle de droit est obligatoire en ce qu’elle s’impose aux citoyens . La règle de droit
est obligatoire, elle s’impose à tous (loi impérative, loi d’ordre public). Les individus ne
sont pas libres de se soumettre ou non à la norme juridique. Ils ne peuvent y déroger.
Ils ne sont pas censés l’ignorer et doivent la respecter sous peine de sanctions.

▪ La règle de droit s’impose aussi bien aux individus qu’aux juges qui doivent rendre
leurs décisions conformément à la loi, au besoin après avoir procédé à son
interprétation.

▪ La soumission à la norme juridique connaît cependant des degrés. Il existe des règles
impératives auxquelles il n’est pas permis de se soustraire sous peine de sanction. Ce
sont les règes d’ordre public.

▪ Lorsqu’une règle est considérée indispensable au bon fonctionnement de la société,


elle est impérative et il n’est pas possible d’y déroger, d’échapper à son application ou
de s’en écarter. Les individus ne peuvent pas, par une manifestation de volonté
contraire, y déroger. C’est le cas des règles pénales ou des règles du droit des
personnes ( mariage, filiation, état civil).

Introduction à l'Etude du Droit 39


La règle de droit est obligatoire (suite)

▪ Il existe cependant des règles que les parties peuvent écarter, si tel est leur
volonté . Il arrive également que le législateur autorise les parties à écarter
une loi de protection si cet écart est dans l’intérêt d’une des parties. C’est le
cas en matière des relations de travail :

➢ L’article 11 du code du travail précise que ses dispositions ne font pas obstacle à
l’application des dispositions plus favorables consenties aux salariés par les
statuts , le contrat de travail, la convention collective de travail, le règlement
intérieur ou les usages.

➢ En droit de la famille, chacun des deux époux dispose d’un patrimoine distinct
du patrimoine de l’autre. Toutefois, ils peuvent dans le cadre de la gestion des
biens à acquérir pendant la relation conjugale, se mettre d’accord sur le mode
de leur fructification et répartition. Cet accord est consigné dans un document
séparé de l’acte mariage. (Article 49 du code de la famille ).

▪ Le caractère impératif ou supplétif de la règle de droit est lié à l’objectif


poursuivi par la loi et à l’importance de la matière concernée.

Introduction à l'Etude du Droit 40


Autres caractères de la règle de droit

▪ Ces différences d’intensité dans la contrainte et la sujétion de la règle de droit ont


conduit des auteurs à se demander si la règle de droit qui impose et au besoin
sanctionne est le meilleur moyen d’organiser la vie en société ? N’est-il pas possible
d’envisager de substituer à la loi d’autres règles de conduite ?

▪ La question mérite d’être posée lorsqu’on apprend que certains peuples sont hostiles
au droit et où seules les règles flexibles, fondées sur le non droit, peuvent apaiser les
différents et ramener les hommes à la vertu: exemple du droit chinois. Le droit est
perçu comme risque d’incertitude et d’insécurité plutôt que source de stabilité et
d’harmonie.

▪ A la faveur de cette approche, il est utile de signaler le développement sans


précédent du droit dit souple par opposition au droit dur. Le droit souple serait
composé de Chartes, de recommandations, de guide de bonnes pratiques,… qui
affirment des objectifs sans énoncer de sanctions et qui compte davantage sur
l’implication des citoyens et leur sens de la responsabilité et de l’engagement. Il serait
constitué d’éléments de cadrage à respecter lors de l'élaboration et de mise en
œuvre des politiques publiques.
Introduction à l'Etude du Droit 41
Autres caractères de la règle de droit

▪ Le droit souple emporterait davantage l'adhésion que certaines règles de droit


«dur», pourtant seules dotées de la force contraignante... Le droit de la
persuasion concurrencerait-il celui de l'autorité et de la sanction ?

▪ Le développement du droit souple ne veut pas dire disparition du droit dur. S’il est
vrai que dans certains secteurs d’autres systèmes normatifs se développent, le
droit dur reste dominant partout ailleurs conduisant à une véritable inflation
législative.

▪ Il faut dire aussi que même dans les pays d’extrême Orient, se dessine aujourd’hui
un processus devant progressivement conduire à l’adoption d’un code civil ce qui
conduirait à un rapprochement des systèmes juridiques.

Introduction à l'Etude du Droit 42


Autres caractères de la règle de droit

Illustration

La loi - cadre n 99 - 12 portant charte nationale de l'environnement et du


développement durable a notamment pour objectifs d’intégrer le développement
durable dans les politiques publiques sectorielles et d’harmoniser le cadre juridique
national avec les conventions et normes internationales. Elle prévoit les réformes
d’ordre institutionnel, économique, financier et culturel en matière de gouvernance
environnementale et définit les engagements du gouvernement, des collectivités
territoriales, des établissements et entreprises publics, de l’entreprise privée, des
associations et des citoyens en matière de protection de l’environnement et de
développement durable.

Le guide bonne exécution des analyses médicales ( arrêté du Ministre de la Santé du 7


septembre 2012) qui a notamment pour objectif de « rappeler un certain nombre de
règles et de recommandations dont le but n’est ni imposer des contraintes, ni
d’empiéter sur la compétence propre du biologiste : le choix de la méthode utilisé
pour l'exécution d'une analyse particulière relève de sa seule compétence. Toutefois, il
est important que cette méthode soit adaptée aux connaissances théoriques et
pratiques du moment et qu'elle suive, dans la mesure du possible, les
recommandations des sociétés savantes nationales ou internationales afin d'assurer la
Introduction à l'Etude du Droit 43
qualité exigée ».
Autres caractères de la règle de droit

Pacte de Bonne Gestion (Déclaration du gouvernement devant le parlement) :

Le Pacte de Bonne Gestion se veut l'émanation d'une approche stratégique


visant l'édification d'une administration citoyenne, moderne et aspire à
revitaliser ses structures, à rénover ses mécanismes de fonctionnement et à
susciter une culture organisationnelle d'un type nouveau.

Le PBG doit être considéré comme étant un cadre référentiel qui détermine les
valeurs et les principes généraux qui doivent régir désormais l'action et la
conduite à adopter au sein des services publics dans le but de servir l'intérêt
général, de satisfaire les besoins du citoyen et de rétablir la confiance entre ce
dernier et l'administration.

Trois (3) ouvertures essentielles s'offrent pour la mise en œuvre de ce pacte:


▪ Moralisation de la vie administrative ;
▪ Rationalisation de la gestion publique ;
▪ Communication et ouverture sur l'environnement.

Introduction à l'Etude du Droit 44


La sanction caractère de la règle de droit

La sanction ne caractérise pas véritablement la règle de droit puisque les règles


religieuses ou morales peuvent également être sanctionnées. La sanction qui
caractérise la règle de droit est la sanction étatique. La règle de droit est une règle
sanctionnée par l’autorité publique. La sanction est d’origine étatique et s’exprime le
plus souvent par l’intervention des tribunaux.

La sanction peut frapper les personnes ou les actes. Lorsqu’elle frappe les
personnes, il ne s’agira pas toujours de punir par une peine privative de liberté
(emprisonnement) mais aussi de réparer un dommage causé en payant le plus
souvent une indemnité à la victime.

Lorsqu’elle frappe des actes, il s’agira le plus souvent d’une nullité, c’est-à-dire d’une
destruction rétroactive . L’acte est privé de ses effets et est censé n’avoir jamais
existé. La sanction peut être ainsi de nature pénale, civile mais aussi administrative,
(retrait d’une autorisation) disciplinaire (blâme prononcé par un ordre professionnel).

Introduction à l'Etude du Droit 45


La règle de droit est obligatoire (suite)

La violation de la règle de droit est sanctionnée par la contrainte. C’est ce caractère


spécifique qui permet de faire régner l’ordre social et d’assurer l’égalité des citoyens.

Peines Emploi de la force publique


Châtiment corporel
(emprisonnement); Expulsion ;
Sanctions pécuniaire (amende) Sanction
Pénales Saisie des biens Civile
contre le délinquant
responsable pénalement

Contrainte
revêt plusieurs formes

Sanction Nullité d’un acte accompli Sanction


Civile
Versement de dommages
intérêts à la victime d’un contrairement aux prescriptions Civile
préjudice par l’auteur du dommage légales
qui engage sa responsabilité civile Le contrat conclu par un incapable est nul

Introduction à l'Etude du Droit 46


Sanctions Civiles
Les sanctions civiles sont réparties en deux catégories : celles qui sont destinées à assurer
la réparation et celles engendrant une contrainte.

I. La réparation :
Les sanctions donnant lieu à réparation sont de deux types :

Nullité des actes juridiques viciés: Dommages- intérêts.


▪ art 149, adoption ordinaire est nulle et ▪ réparation du préjudice subi par la
non avenue et ne produit aucun des victime consiste à lui attribuer une
effets qui découlent de la filiation somme d’argent ou des dommages
légitime. intérêts.
▪ art 224, actes de l’incapable sont nuls art 77 du DOC
et ne produisent aucun effet.

II. La contrainte :
Il existe deux types de contrainte :
Contrainte directe : contrainte sur Contrainte indirecte: contrainte
la personne sur les biens de la personne
▪ occupation d’un local sans
justification peut faire l’objet ▪ saisie de ses biens suite au non
d’une mesure d’expulsion Introduction à l'Etude du Droit paiement d’une dette
47
Sanctions Pénales

Selon la gravité des sanctions , le code pénal distingue trois grandes catégories
d’infractions : les crimes, les délits et les contraventions.

Les peines criminelles

▪ Peine de mort (peine capitale)


▪ La réclusion perpétuelle ;
▪ La réclusion à temps 5 à 30 ans
▪ La résidence forcée ;
▪ La dégradation civique.
art16 du code pénale

Introduction à l'Etude du Droit 48


Sanctions Pénales
II - les délits :

Délits de police : peines


Délits correctionnels: d’emprisonnement entre
peines d’emprisonnement 1mois et <= 24 mois,
de 2 à 5ans amende > 1200 dirhams

art 494, punit de art 483, peine de 1mois à


l’emprisonnement d’un 2ans à l’encontre de
2 à 5ans et d’une celui qui se rend
amende celui qui par coupable d’un outrage
fraude, violences ou public à la pudeur,
menaces, enlève une nudité volontaire ou
femme mariée, la gestes obscènes.
détourne ou la
déplace……..

III – les contraventions :


Ce sont des infractions qui donnent lieu à des sanctions assez légères: amende
de 30 à 1200 dirhams et/ou une courte
Introduction détention.
à l'Etude du Droit 49
L’autorité publique a le monopole de la sanction car nul ne peut se faire lui-
même. C’est à la Justice qu’il appartient de trancher, en toute neutralité, les
conflits entre les personnes et de sanctionner le non respect des normes.

C’est pour assurer son impartialité que la Constitution affirme que :


▪ Le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du
pouvoir exécutif; article 107
▪ Dans sa fonction judiciaire, le juge ne saurait recevoir d’injonction ou
instruction, ni être soumis à une quelconque pression. article 109

Cette importance de l'intervention du tribunal en tant qu'organe de l'Etat


n'exclut pas :
1. le recours à l'arbitrage en tant que mode de résolution des conflits;
2. L’existence de moyens de défense conférés aux contractants;
3. La possibilité laissée à l’administration de contraindre les administrés
récalcitrants à assurer l’exécution de ses actes.

Introduction à l'Etude du Droit 50


L'arbitrage est un mode de résolution des conflits

▪ A côté de la Justice de l'Etat , il y a donc une justice alternative fondée sur


la volonté des parties et qui permet d'aboutir au règlement du conflit, qui
tranche un litige : c'est l'arbitrage. Cet arbitrage peut être national ou
concerner le commerce international.

▪ L'arbitrage est un mode alternatif de règlement des conflits. Il présente de


nombreux avantages: confidentialité et rapidité notamment. Cependant,
pour être exécutoire, c'est à dire être mise en exécution, la sentence
arbitrale doit être rendue exécutoire par ordonnance du président du
tribunal de première instance dans le ressort duquel elle a été prononcée
.(Article 320 du Code de Procédure civile).

Introduction à l'Etude du Droit 51


La loi confère à l’administration le pouvoir de contraindre les administrés
récalcitrants à s’exécuter

▪ L’administration dispose du privilège d’exécution d’office qui signifie qu’elle peut


employer la contrainte contre l’administré en recourant à la force publique et sans
avoir à saisir le juge. Il s’agit d’une prérogative exorbitante de droit commun.
L’administré peut toujours, mais souvent a postériori, se pourvoir devant le
tribunal.

▪ Lorsqu’il s’agit d’une exécution forcée portant atteinte à la liberté des administrés,
la loi exige une décision du tribunal.

Loi n° 15 - 97 formant code de recouvrement des créances publiques


Article 45 : La saisie est exécutée nonobstant toute opposition, sauf à l'opposant de se pourvoir devant la
juridiction compétente, dans les conditions fixées aux articles 119 à 121 de la présent e loi.

Article 80 : La contrainte par corps est exercée au vu d'une requête désignant nommément le débiteur. Cette
requête visée par le chef de l'administration dont relève le comptable chargé du recouvrement,
est adressée au tribunal de première instance sous réserve du respect des dispositions de l'article
141.

Article 141: Le juge des référés statue sur la requête qui lui est présentée dans un délai n'excédant pas trente
(30) jours et fixe la durée d'incarcération. La contrainte par corps est immédiatement applicable.
Elle est mise à exécution, dès réception de la décision fixant la durée d'incarcération, par le
Introduction à l'Etude du Droit 52
procureur du Roi près de la juridiction compétente .
Chapitre VI
Les Sources du Droit

▪ Le droit objectif est constitué par l’ensemble des règles de droit applicables
à une époque donnée. L’origine et les caractères de ces règles dépendent de
leurs sources.
▪ On entend par « sources » du droit, les différentes manières dont les règles
juridiques sont établies : ces règles émanent d’autorités qui ont le pouvoir
de les créer et d’en imposer l’observation.
▪ Les sources du droit peuvent être classées en deux catégories principales :
➢ Les sources directes qui comprennent la loi et la coutume;
➢ Les sources indirectes sont la jurisprudence, la doctrine et la
pratique. Les sources indirectes sont appelées aussi sources
d’interprétation, qui découlent de la nécessité de compléter et
d’interpréter les sources directes.

Introduction à l'Etude du Droit 53


Section I : Les sources directes du droit

LA LOI
Constitution
Traités Internationaux
Lois organiques et ordinaires
Règlements

LA COUTUME

Introduction à l'Etude du Droit 54


Souvent on entend qu’une
loi n’est pas conforme au
DROIT droit ou qu’un arrêt d’une
juridiction n’est pas du bon
droit. Une idée ancienne
stipule que la loi n’est que
la mise en forme du droit.
Un juriste romain célèbre l’a
parfaitement résumé : Ce
Loi
Loi

n’est pas de la règle que


découle le droit mais c’est
du droit que découle la
règle.

Le droit est la source de la Introduction


loi alors que
à l'Etude la loi est le canal du droit.
du Droit 55
En fait, si l’on veut user d’une autre image, on peut dire que droit et loi sont un peu comme
eau et bouteille, contenu et contenant. Le droit n’est pas une substance éthérée, il doit être
énoncé, écrit, posé, comme l’eau doit être mise en bouteille sans quoi il se répandrait et
s’évaporerait.
LOI DROIT

Mise en forme du droit Source de la loi


Contenant Introduction à l'Etude du Droit Contenu 56
Illustration
A l’inverse, une bouteille vide présente peu d’intérêt. La bouteille peut être vide, soit
parce qu’elle n’a jamais été remplie, soit parce qu’elle a été consommée. Dans les deux
cas, elle est mise à l’écart. On peut ajouter que même remplie, la bouteille peut l’être de
produit divers : il y a l’eau minérale naturelle, eau de source et il y a l’eau plate.

L’image utilisée, bouteille et eau minérale, loi et droit, doivent concorder. Lorsqu’une
bouteille, qui comporte une étiquette de telle ou telle qualité on doit trouver une eau
correspondante. La loi doit être le contenant du droit. Mais il pourra arriver que l’eau
minérale annoncé déçoive. Il est possible aussi qu’il y ait un trafic d’eau. Il est même
possible qu’il y ait substitution de produit. Dans ce cas, la loi n’édicte plus le droit.

Elle est dans le meilleur des cas un ersatz de droit (Elle mélange précepte moral et
législation), elle est inconsistance (elle veut tout dire et ne rien dire) dans certain cas la
perversion (c’est-à-dire le renversement) du droit.

Introduction à l'Etude du Droit 57


Dualité de Sens

Le substrat
La règle ou la norme
Ou le résultat de la règle

DROIT LOI

Source de la loi Mise en forme du droit


Contenu Contenant

Concordance nécessaire entre la loi et le Droit


La loi doit être juste et conforme au Droit
Introduction à l'Etude du Droit 58
I - Les Sources Directes du Droit

LA LOI
Le terme « Loi » a deux sens :
▪ Au sens strict la loi est l’acte qui émane du pouvoir législatif conformément
aux règles établies par la constitution.
▪ Au sens large il désigne toutes les règles posées par un orange étatique
compétent : il englobe donc les textes émanant aussi bien du pouvoir
législatif que du pouvoir exécutif.
Depuis l’indépendance, les constitutions marocaines distinguent nettement, la loi
« stricto sensu » du règlement. La loi dans son sens étroit est l’œuvre du pouvoir
législatif, avec ses deux chambres - la chambre des représentants et celle des conseillers.
Alors que le règlement relève du pouvoir exécutif et des autorités administratives.

Les textes sont classé en fonction des différentes autorités qui les formulent. Il existe une
hiérarchie entre ces catégories qui s’établit ainsi :
▪ Loi constitutionnelle
▪ Traités internationaux
▪ Lois organiques et ordinaires

Ces trois catégories forment les lois au sens


Introduction strict.
à l'Etude du Droit 59
Domaine du règlement

▪ Il s’agit du règlement exercé au niveau national. A cet égard, l’Exécutif est appelé à
intervenir dans deux domaines différents :

1. Il prend des règlements dans les matières autres que celles qui sont du domaine
de la loi (art 72 de la Constitution) : il s’agit des règlements dits autonomes .
2. Il édicte des règlements d’application de la loi sur la base de l’article 89 de la
Constitution qui dispose que « Le gouvernement assure l’exécution des lois ».
L’Exécutif peut donc édicter des règlements dans certaines matières où le
législateur n’est pas habilité à intervenir. Ce qui n’entraîne pas une primauté de
l’Exécutif sur le Législatif. Car si la distinction entre règlements autonomes et
règlements d’application (ou subordonnés) est valable sur le plan intellectuel, le
régime juridique des deux types d’actes est le même : ce sont des actes
administratifs, susceptibles de contestation devant le juge administratif, à la
différence de la loi.
▪ Les règlements administratifs comprennent :
• Les décrets du chef du gouvernement
• Les arrêtés ministériels
• Les arrêtés préfectoraux
Introduction à l'Etude du Droit 60
• Les arrêtés municipaux
Domaine du règlement

▪ D’un point de vue matériel, le règlement est l’acte qui comporte des dispositions
générales et impersonnelles.

▪ Du point de vue organique, le règlement est l’acte unilatéral pris par le gouvernement,
plus exactement par le chef du gouvernement et les ministres par délégation.

En dehors des dispositions constitutionnelles expresses qui font du gouvernement le


seul titulaire du pouvoir réglementaire, celui-ci est exercé par d’autres autorités tant au
niveau national que local sur des bases différentes.

▪ Le pouvoir réglementaire est également exercé, par le Roi , ce pouvoir apparaissant


comme le complément indispensable de certains pouvoirs qui lui sont attribués par la
Constitution . C’est ainsi que, sur la base de de la Constitution, le Roi est habilité à
promulguer par dahir des lois. De même, en raison de sa qualité de Chef suprême des
Forces Armées Royales (article 30 de la Constitution), le Roi peut prendre les mesures
réglementaires intéressant cette institution.

Introduction à l'Etude du Droit 61


LA HIÉRARCHIE DES NORMES

CONSTITUTION
Organisation des pouvoirs de l’Etat

TRAITÉS RATIFIÉS

Lois Organiques

Loi au sens strict Dahirs Règlements autonomes du


Pouvoirs dévolus par les Chef du Gouvernement
matières réservées par l’article
articles 41,42, 50,51 de la matières non réservées à la loi art72
71 de la constitution
constitution

Décrets d’application des lois


et règlements autonomes
Article 89

Arrêtés ministériels

Arrêtés préfectoraux

Arrêtés municipaux
Introduction à l'Etude du Droit 62
La Constitution
Elle occupe le sommet de la hiérarchie. La constitution détermine :
• Les droits et devoirs de l’Etat et du citoyen,
• L’organisation et le fonctionnement des pouvoirs publics
• Les autorités compétentes pour formuler les textes de loi.

CARACTÈRES GÉNÉRAUX
▪ La constitution de 2011 actuellement en vigueur, est complétée par des lois organiques qui
fixent notamment les modalités de nomination du pouvoir exécutif , législatif et judiciaire.
Les nominations dans la haute fonction , ainsi que la procédure devant la cour
constitutionnelle etc.

▪ La constitution de 2011 débute par un préambule qui se réfère à la construction d’un état de
droit démocratique, elle garantit en outre les droits et libertés fondamentaux tels que la
liberté politique individuelle et de conscience l’égalité et le droit.

▪ La constitution distingue entre le pouvoir législatif , le pouvoir exécutif et judiciaire, elle


prévoit également la cour constitutionnelle ainsi que des organes de régulation et de bonnes
gouvernance.
Introduction à l'Etude du Droit 63
Dans les constitutions précédentes, le domaine réservé à la loi était réduit à quelques
matières limitées :

31 domaines
réservés à la loi
11 domaines
réservés à la loi Constitution 2011
4 domaines
réservés à la loi Constitution de 1972,
révisée en 1992 et
1996
Constitution 1962
et 1970

D’autres dispositions de la constitution de 2011 font état des matières attribuées au


Parlement. Il s’agit d’une trentaine d’articles : la loi de finance (art. 75), la constitution
des organisations syndicales et leur financement (art. 28) ; la liberté de concurrence ;
l’accès aux médias publics, etc….

Introduction à l'Etude du Droit 64


Domaines de la loi (article 71 de la constitution)
Sont du domaine de la loi, outre les matières qui lui sont expressément dévolues par
d'autres articles de la Constitution :
▪Les libertés et droits fondamentaux
▪Le statut de la famille et l'état civil,
▪Les principes et règles du système de santé,
▪Le régime des médias audio-visuels et de la presse sous toutes ses formes,
▪L’amnistie, (acte législatif qui arrête et supprime les condamnations.)
▪La nationalité et la condition des étrangers, -la détermination des infractions et des peines
qui leur sont applicables,
▪ L'organisation judiciaire et la création de nouvelles catégories de juridictions,
▪ La procédure civile et la procédure pénale,
▪Le régime pénitentiaire, - le statut général de la fonction publique,
▪Le statut des services et forces de maintien de l'ordre,
▪ Le régime des collectivités territoriales dont les principes de délimitation de leur ressort
territorial,
▪Le régime électoral des collectivités territoriales, dont les principes du découpage des
circonscriptions électorales,
▪Le régime fiscal et l'assiette, le taux et les modalités de recouvrement des impôts,
▪Le régime juridique de l'émission de la monnaie et le statut de la banque centrale,
▪Le régime des douanes, -le régime des obligations civiles et commerciales, le droit des
sociétés et des coopératives, -les droits réels et les régimes des propriétés immobilières
publique, privée et collective, -le régime des transports, -Les relations de travail, la sécurité
Introduction à l'Etude du Droit 65
Elaboration de la loi

L’initiative des lois appartient :


▪ Au gouvernement qui établit un projet de loi délibéré en conseil des ministres;
▪ Aux députés et conseillers qui formulent une proposition de loi précédée d’un
exposé des motifs.
Le projet ou la proposition est déposé sur le bureau de l’une des deux chambres qui confie
l’étude à une commission spécialisée , un rapporteur est désigné puis le projet ou la proposition
est inscrit à l’ordre du jour de l’assemblée.
Le vote en séance publique par l’une des deux chambres du projet ou de la proposition de
loi comprend :
▪ Une discussion d’ensemble portant sur les motifs et l’opportunité du texte
▪ L’examen de la loi article par article et des amendements (modifications) proposées
par la commission ou par les parlementaires.
▪ Le vote du texte initial ou le texte modifié.
Le texte voté par la chambre des représentants est transmis à la chambre des conseillers en vue
d’un second vote. En cas de désaccord entre les deux chambres le texte revient devant la
première c’est la navette.
Le gouvernement peut mettre fin à la navette, par la création d’une commission mixte paritaire,
formée par des députés et des conseillers qui élaborent un texte commun.
Si le texte élaboré par cette commission ne recueille pas l’adhésion des deux chambres
66 la
A. DURÉE DE LA FORCE OBLIGATOIRE

Les lois acquièrent force obligatoire dès leur entrée en vigueur et jusqu’à leur abrogation
pendant cette période d’application, la force obligatoire des lois varie selon leur nature.

1. Entrée en vigueur de la loi


La loi votée par le parlement ne devient applicable qu’après la réalisation de trois
événements qui sont chronologiquement : la promulgation, la publication et le délai
d’information.

a)- La Promulgation
C’est l’acte par lequel le Roi promulgue la loi (article 50 de la constitution) : atteste
l’existence et la régularité de la loi, en ordonne sa publication et son exécution par tous
ceux qui y sont assujettis. Cet acte ne concerne que la constitution et les lois votées par le
Parlement. Le règlement qui est l'œuvre du pouvoir exécutif est exécutoire par
nature.
Illustration : La chambre des représentants et la chambre des conseillers adoptent la
loi. Le Roi promulgue la loi dont la teneur suit : (texte de la loi) la
présente loi sera porté par un Dahir. La date de la promulgation du
Dahir devient celle de la loi.
Introduction à l'Etude du Droit 67
b)- La Publication
La publication consiste dans l’insertion du texte de loi au BO. Elle a pour objet de
faire connaitre le texte de la loi au public. Elle concerne aussi bien les lois que les
règlements.
Elle a lieu au bulletin officiel du Secrétariat Général du Gouvernement (B.O). La
procédure de publication est mentionnée à l’art. 50 de la constitution.

c)- Le délai d’information


Un délai légal est accordé aux citoyens pour prendre connaissance de la loi, à
l’expiration duquel nul n’est censé l’ignorer la loi : la loi devient alors obligatoire.
La loi peut prévoir la date de sa mise en vigueur ( un jour franc après la publication)
ou en subordonner l’application à la publication de textes d’application.

2. Abrogation de la loi
L’abrogation fait perdre à la loi son caractère obligatoire pour l’avenir. Elle peut revêtir
deux formes :
▪ Abrogation expresse : la loi nouvelle précise les textes antérieurs qu’elle
déclare abrogés.
▪ Abrogation tacite : les dispositions de la loi nouvelle sont incompatibles avec
Introduction à l'Etude du Droit 68
celles de la loi ancienne. C’est à l’interprète de déterminer les textes abrogés.
B. DEGRÉS DE LA FORCE OBLIGATOIRE

Il résulte de la doctrine que le degré de la force obligatoire varie selon les lois. Il faut
distinguer :
• Les lois supplétives de volonté;
• Les lois impératives ou d’ordre public.

1. Les lois supplétives ne s’imposent aux individus que s’ils n’ont pas manifesté de volonté
contraire, c’est-à-dire sauf si les contractants l'ont écartée par des clauses ou des
dispositions particulières qui lui sont contraires. Elles présentent une grande utilité
lorsque les intéressés n’ont pas la compétence ou le temps nécessaires pour déterminer
tous les détails de leurs engagements.
Exemple : Les époux peuvent avant le mariage choisir leur régime matrimonial. S’ils
n’ont pas pris de dispositions particulières expresses dans un contrat de
mariage leurs apports pécuniaires seront automatiquement soumis au
régime légal du code de la famille.

2. Les lois impératives sont celles auxquelles il n’est pas permis de déroger par une
manifestation expresse de volonté. C’est une loi d'ordre public à laquelle on ne peut pas
déroger, par aucun moyen et en aucune circonstance, même par une manifestation expresse
de sa volonté (par contrat ou convention) ou en invoquant la coutume. Elle s'impose à tous.
Les lois impératives concernent les intérêts fondamentaux
Introduction à l'Etude du Droit de l'Etat et de la société. 69
B. DEGRÉS DE LA FORCE OBLIGATOIRE

3. Critère de la distinction entre lois impératives et lois supplétives :


▪ La loi elle-même précise son caractère :
Le caractère impératif résulte de dispositions telles que « le présent
texte est d’ordre public. Toute clause contraire est nulle ».
Le caractère supplétif apparait lorsque la loi déclare qu’elle s’applique
« sauf clause contraire ».

▪ La loi ne contient aucune précision :


Le tribunal et les interprètes doivent déterminer le caractère d’ordre
public des textes en recherchant quel est l’intérêt que la loi a pour objet
de protéger :
1. s’il s’agit d’un intérêt public ou social essentiel, la loi est
impérative,
2. s’il s’agit d’un intérêt privé la loi est supplétive.

Introduction à l'Etude du Droit 70


C. APPLICATION DE LA LOI DANS LE TEMPS ET DANS L’ESPACE

1. APPLICATION DE LA LOI DANS LE TEMPS : LE PRINCIPE DE NON


RÉTROACTIVITÉ DES LOIS
Dès qu’une loi nouvelle entre en vigueur il faut déterminer à quelles situations juridiques elle
doit s’appliquer.
En effet, la plupart des situations juridiques ont une certaine durée: nées sous la loi ancienne,
elles se prolongent sous la loi nouvelle. Celle-ci doit- elle leur être appliquée. ?
Exemple :
✓ la majorité étant fixée à 18 ans, si une loi nouvelle en reportait l’âge à 21 ans,
s’appliquerait elle aux personnes âgées de plus de 18 ans et déjà majeures ? Les actes
qu’elles avaient valablement passés sous l’empire de la loi ancienne deviendraient ils
nuls ?

✓ La nouvelle Moudawana a rendu facultative une condition jusqu’alors essentielle :


Elle a donné à la femme majeure la pleine capacité pour décider de se marier. Elle
conserve la possibilité d'être assistée par un wali, mais elle est désormais libre de
faire ou non usage de cette faculté. ? met-elle en cause la validité des actes
accomplis régulièrement sous le contrôle du wali (tutelle) sous le régime précédent ?
Introduction à l'Etude du Droit 71
La question peut être réglée par la loi nouvelle qui inclut des dispositions transitoires qui
ne vont pas toujours sans créer une insécurité juridique.
La loi ancienne continue d’avoir certains effets. À défaut de dispositions transitoires qui
règlent explicitement le passage entre les deux lois, il faut déterminer concrètement les
effets juridiques de la loi nouvelle. Il faut en particulier déterminer dans quelle mesure la
loi nouvelle s'applique à des situations nées avant son entrée en vigueur.
La sécurité des relations juridiques risque d’être gravement perturbée si des actes
valablement passés peuvent être remis en cause à chaque changement de législation c’est
pourquoi la législation pose le principe de la non-rétroactivité des lois : « la loi ne
dispose que pour l’avenir elle n’a point d’effet rétroactif ».
C'est pourquoi le principe de non rétroactivité est un principe d'ordre public.
Illustration :
L’article 4 du code pénal en vertu duquel « Nul ne peut être condamné pour un fait qui,
selon la loi en vigueur au temps où il a été commis, ne constituait pas une infraction ».
Il existe cependant des exceptions à ce principe. En matière pénale par exemple, le
législateur ne peut pas rendre rétroactive une loi prévoyant une peine plus sévère que la loi
en vigueur au moment où l'infraction a été commise. Inversement, la loi qui prévoit une
peine plus douce produira un effet rétroactif.
Introduction à l'Etude du Droit 72
C. APPLICATION DE LA LOI DANS LE TEMPS ET DANS L’ESPACE

2. APPLICATION DE LA LOI DANS L’ ESPACE

La loi s’applique sur l’ensemble du territoire à toutes les personnes qui s’y trouvent. C’est
le principe de territorialité. Il arrive cependant qu’une situation juridique soit affectée d’un
élément d’extranéité ; par exemple un étranger situé sur le territoire national. Deux
législations peuvent alors avoir à s’appliquer cumulativement ; il s’agit alors d’une question
de droit international privé.

Chaque matière obéit à des règles particulières. L’état et la capacité des personnes relève
du statut personnel.
Exemples
▪ La capacité civile de l'individu est réglée par la loi qui régit son statut personnel .
Article 3 du DOC
▪ Un conflit autour d’un immeuble sera régi par la loi du pays où il se situe.
▪ Une infraction commise par un étranger sera soumise au droit pénal marocain.
En vertu de l’article 10 du code pénal « Sont soumis à la loi pénale marocaine,
tous ceux qui, nationaux, étrangers ou apatrides, se trouvent sur le territoire du
Royaume, sauf les exceptions établies par le droit public interne ou le droit
international ».

Le juge peut écarter l’application d’une loi étrangère jugée contraire à l’ordre public. 73
La Coutume
▪ La coutume est une règle de conduite « qui découle d'une pratique ancienne, d'un usage
qui s'est prolongé dans le temps et qui devient à certaines conditions une règle de droit.
▪ L'usage coutumier présente les principales caractéristiques de la règle de droit : il est
générale et impersonnel, bénéficie d'une certaine notoriété et considéré par les sujets de
droit comme ayant un caractère obligatoire.

Cette définition comprend deux éléments :


1. Un élément matériel : l’usage très prolongé
2. Un élément psychologique : la conviction que l’usage est obligatoire
Les règles coutumières ont une double origine : populaire lorsqu’elles résultent d’une
pratique constante de la masse des individus savante lorsqu’elles sont formulées souvent
par une doctrine et une jurisprudence anciennes sous formes d’adages.
Exemple :
▪ La femme porte le nom patronymique du mari.

La coutume présente l’avantage de correspondre parfaitement aux besoins et aux idées du


groupe social et d’évoluer avec lui. En contrepartie elle a le défaut d’être mouvante et
imprécise. Le domaine de la coutume est étendue en droit marocain.
Introduction à l'Etude du Droit 74
Les rapports entre la loi et la coutume
Il est classique de distinguer, à ce sujet, deux situations différentes : tout d’abord, celle où
la loi renvoie expressément à la coutume ; celle, ensuite, où une coutume vise à
combler une lacune de la loi ; celle, enfin, où la coutume est contraire à la loi.
1. La coutume peut jouer un rôle à défaut de réglementation légale:
✓ La coutume comble les lacunes de la loi :
Exemple : La preuve de la qualité d’hériter se fait par des procédés mis au point
par les adoules.
✓ La loi elle-même renvoie à la coutume:
Exemple : Les bonnes mœurs et le bon père de famille résultent de la coutume
existant à une époque donnée.

2. La coutume peut aller à l’encontre de la loi ?


✓ Une coutume peut être contraire à une loi interprétative ou supplétive, car une
telle loi peut toujours être écartée par une manifestation de volonté contraire
exprimée par les contractants.
✓ Une coutume ne peut en principe aller à l’encontre d’une loi impérative, car il ne
peut exister deux réglementations obligatoires et contradictoires. On en déduit que
la loi ne peut être abrogée par désuétude.
Introduction à l'Etude du Droit 75
Section II : Les sources indirectes du droit

▪ Les sources indirectes ne créent pas des règles de droit obligatoires. Ce


sont des références permettant de compléter les règles de droit.

▪ Elles sont nées de la nécessité d’interpréter les sources directes (quand


leur sens est obscure) et de les compléter (quand elles présentent des
lacunes). La loi et la coutume ne pouvant prévoir toutes les situations qui
peuvent se présenter.

▪ Les sources indirectes émanent d’autorités qui ont pour fonction


d’analyser et d’appliquer les règles de droit : les tribunaux et les
théoriciens du droit. Ce sont la jurisprudence et la doctrine.

Introduction à l'Etude du Droit 76


LA JURISPRUDENCE

▪ La jurisprudence est constituée par l’ensemble des décisions émanant des


juridictions de l’Etat. Elle concourt à la formation des règles de droit.
▪ La jurisprudence désigne l’habitude des tribunaux de trancher une question
de la même manière. On parle ainsi de jurisprudence constante. L’élément
de répétition est une composante importante de la jurisprudence. Mais il peut
arriver que, plus ou moins subitement, les tribunaux, sur une question
déterminée, changent leur manière de juger et apportent une solution
nouvelle, différente de celle qui été admise.
▪ C’est le revirement de jurisprudence. En pratique, la jurisprudence se forme
à partir des arrêts de la cour de cassation, la plus haute autorité judiciaire
ayant pour rôle d’unifier l’interprétation de la loi.
▪ La jurisprudence constitue-t-elle une source de droit ? Les décisions des
tribunaux formant jurisprudence ont-elles la qualité de règle de droit ? La
réponse qui est souvent apportée à cette question contraste avec le rôle et
l’importance de la jurisprudence dans la formation, le développement et le
progrès du droit. Introduction à l'Etude du Droit 77
▪ De nombreux auteurs estiment que la jurisprudence ne peut pas être une source de
droit car les juges se limitent à appliquer le droit à l’interpréter et non à le créer. C’est
au pouvoir législatif et non judiciaire de créer du droit. De plus, la décision de justice a
un effet relatif, limité aux parties alors que la loi est générale et impersonnelle.

▪ Enfin, rien n’interdit au juge de changer de manière de juger puisqu’il n’est pas lié par
sa décision ( pas de règle du précédent comme en common law) et l’inconstance de la
jurisprudence ne lui permet pas ,comme la loi, d’assurer sécurité et prévisibilité
juridiques.

▪ Ces arguments ne sont pas sans valeur mais on constate que la question de la
jurisprudence en tant que source de droit est posée dans une vision de suprématie de
la loi. Les auteurs, souvent, veulent que la décision du juge ait les caractères de la loi
pour qu’elle accède au statut de source de droit. Or la jurisprudence n’est pas la loi . Il
faut apprécier l’importance et le rôle de la jurisprudence dans ce qui fait sa
particularité.

▪ La jurisprudence joue un rôle essentiel. Le juge applique la loi, l’interprète souvent et


ce faisant contribue à l’évolution et au progrès du droit. Cette contribution est
essentielle dans les matières qui, comme le droit administratif, ne sont pas codifiés.
Même dans les matières codifiées, sa contribution est majeure. Tout le droit de la
responsabilité civile délictuelle a été construit par la jurisprudence
Introduction à l'Etude du Droit 78
LA DOCTRINE

▪ La doctrine se ramène à l’ensemble des opinions, idées émises par les auteurs dans les
ouvrages , thèses , revues juridiques ou à l’occasion de séminaires. La doctrine peut
influencer le législateur. Elle montre les limites et les imperfections des lois,
suggèrent des réformes et souvent la doctrine est associée aux réformes législatives.
▪ La doctrine ne joue qu’un rôle indirect dans l’élaboration des règles de droit,
l’opinion d’un auteur ne s’imposant jamais aux tribunaux ni au législateur.

Rôle de la doctrine

▪ Elle interprète le droit en dégageant à partir des arrêts et des textes, des solutions
juridiques, elle trace certaines lignes de conduite que suivront parfois les
tribunaux.
▪ Elle réalise une synthèse du droit : elle dégage des principes généraux de
l’ensemble des textes et des décisions individuelles.
▪ Elle assure les progrès du droit : les travaux de la doctrine mettent à jour les
imperfections des solutions existantes et en proposent de nouvelles. La doctrine
influence les tribunaux et le législateur.
Introduction à l'Etude du Droit 79
LA PRATIQUE

▪ Le rôle des praticiens - notaires, avocats, conseils juridiques - est d’aider


les particuliers à résoudre les difficultés d’ordre juridique qu’ils
rencontrent.

▪ Ils interviennent comme conseil ou comme défenseur. Ils créent


indirectement des règles de droit dans la mesure où les clauses et
formules utilisées dans leurs actes finissent par devenir des clauses de
style adoptées par tous (à titre d’usage).
▪ Les praticiens contribuent à l’interprétation de la règle de droit en
proposant des solutions qui, si elles sont adoptées par les juridictions
formeront la jurisprudence .

Introduction à l'Etude du Droit 80


Université Mohammed V Rabat
Faculté des Sciences Juridiques
Economiques et Sociales
Agdal

Introduction à l’Etude du Droit


Licence Droit

Pr. Anas SERGHINI

Année universitaire: 2019-2020

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