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SÉANCE 1 :
Introduction au Droit International Public
La Ratification du traité de Münster (Traité de Westphalie), 15 juin 1648 par Gerard ter Borch
Documents :
• Plan des séances de TD – Bibliographie indicative –Plan du cours
• Définition du droit international
o E. TOURME-JOUANNET, Le droit international, PUF, 2016, p. 3-6, « Introduction ».
o J. SALMON, Dictionnaire de Droit international public, Bruylant, 2001, p. 386-387.
• Les grands penseurs du droit international public et leurs courants théoriques
o Francisco SUAREZ, Hugo GROTIUS, Emer DE VATTEL (extraits)
o Olivier CORTEN, Méthodologie du droit international public, ULB, 2009, p. 46-80.
• Notion de communauté internationale /ordre juridique international.
o P-M DUPUY, « L’unité de l’ordre juridique international », RCADI, n°297, p. 245 et s.
o M. DELMAS-MARTY, Vers une communauté de valeurs ?, (IV), Seuil, 2011, p.10-11
o E. TOURME-JOUANNET, « L’idée de communauté humaine », ADP, 2003, T.47, p.3-4.
• CPIJ, Affaire du Lotus, 7 septembre 1927, Série 1, n°10. (extrait)
Questions sur les documents :
• Qu’est ce que le droit international ?
• Quels en sont les grands penseurs et leurs courants respectifs
• Présentez l’affaire du LOTUS (CPIJ, Affaire du Lotus, 1928)
• Sujet de réflexion : Les grandes évolutions du droit international d’hier à
aujourd’hui.
• débat : La société internationale : communauté internationale, communauté
humaine, communauté mondiale ?
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TRAVAUX DIRIGÉS DE DROIT INTERNATIONAL PUBLIC
Premier semestre 2020-2021, Licence 3
Cours de Mr TOMKIEWICZ
Travaux dirigés - Mme STIRN
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Plan des séances de TD
Séance 5 : L’État
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Bibliographie indicative
(Veillez surtout à vous procurer et à consulter les dernières éditions).
Revues :
• Annuaire Français du Droit International (A.F.D.I)
• Documents d’actualité internationale (D.A.I)
• Journal du droit international (J.D.I)
• Journal européen du droit international (J.E.D.I)
• Recueil des cours de l’Académie de droit international de La Haye (R.C.A.D.I)
• Revue belge de droit international (R.B.D.I)
• Revue Générale de Droit International Public (RGDIP)
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PLAN DU COURS
INTRODUCTION GÉNÉRALE
1. Trois conceptions générales du droit international
2. Trois critères de définition du droit international
3. Exemples de définition
Section I. Histoire du droit international
I. Histoire classique
A. Les débuts du droit international classique
B. La doctrine du droit international classique
II. Histoire contemporaine
A. Les débuts du droit international contemporain : la recherche de la paix.
B. La doctrine contemporaine
Section II. Particularités de l’ordre juridique international : « bric-a-brac ou
système » ?
A. La juridicité contestée du droit international
B. Les réponses traditionnelles opposées aux négateurs du droit international
1. Retour sur les concepts
2. Typologie des réponses
C. Spécificité du système juridique international
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Introduction : les sources du droit international selon l’article 38.1du statut de la CIJ
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4- Régime juridique de droit international
B. Classification des traités
1. Classifications matérielles
2. Classifications formelles
II. Procédures d’adoption des traités
A. Règles générales pour tous les traités
1- Négociation
2- Adoption – Authentification
3- Expression du consentement à être lié
4. Entrée en vigueur
5. Dernière formalité : enregistrement et publication du traité
B. Règles spécifiques aux traités multilatéraux
1. Une procédure de conclusion institutionnalisée
2. Adhésion de nouveaux Etats au traité
III. Les degrés d’engagement dans les traités : les réserves
1- Généralités - Définition
2. Conditions de validité
3.- Distinction avec les déclarations interprétatives
4. Bilan coût-avantage des réserves
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B. Fin des traités en dehors de la volonté des parties
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B. Composition : les Etats et les organes
1. Les Etats
a. Acquisition et perte du statut de membre d’une organisation internationale
b. Les Etats dans les organes
2. Les organes
II. L’exemple onusien
A. Le traité constitutif
B. la structure de l’ONU : les organes
1. Organes principaux
2. Organes subsidiaires
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Section II. Les entreprises multinationales dans l’ordre
international
I. Une titularité de droits internationaux improbable
II. La capacité internationale
A. Capacité processuelle
B. Capacité normative
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t téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris 8 - IP 193.54.174.3 - 09/27/2020 06:48 - ©
Presses Universitaires de France
p. 3-6, « Introduc7on ».
E. TOURME-JOUANNET, Le droit interna7onal. PUF, 2016,
t téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris 8 - IP 193.54.174.3 - 09/27/2020 06:48 - © Documen
Presses Universitaires de France
J. SALMON, Dic.onnaire de Droit interna.onal public, Bruylant, 2001, p. 386-387
Francisco Suarez, De legibus ac dea legislatore, (1612), extrait
1 Il faut remarquer que Grotius fait usage du terme de Jus voluntariutn gentium, dans un sens étendu,
comme renfermant toutes les bases du droit international, qu’on ne peut pas référer au droit naturel, mais
qui dépend du consentement volontaire de toutes les nations ou de plusieurs. • P. P. F.
Emer de VATTEL, Le Droit des gens, Londres, 1758.
A8en9on : dans la typographie ancienne les « s » sont généralement formés comme des
« f ».
II - LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE: UNE FICTION?
[p245]
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Premier semestre
Pourquoi revenir sur le thème de la « communauté internationale 2020-2021,
»? Y a-t-il Licence 3
encore quelque
Cours de Mr
chose à en dire? Beaucoup d’auteurs en ont déjà si bien parlé, à commencer par T OMKIEWICZ
Wolfgang
443 444 445 Travaux
Friedmann et René-Jean Dupuy ou Michel Virally et Manfred Lachs ; comme, dirigés
446 - Mme SaprèsTIRN
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eux, le feront notamment de façon concluante Georges Abi-Saab447 , Jochen Frowein448 ,
Pierre-Marie
Christian Tomuschat 449 , Juan-Antonio
DUPUY, L’unité de l’ordre
[p246] juridique
Carrillo-Salcedo450international 451 , la liste
et Bruno Simma(Vol.297),
RCADI.
n’étant jamais close, alors qu’une thèse particulièrement riche vient de lui être consacrée452.
Devant tant d’interrogations, certains préfèrent couper au plus court et conclure, avec un
agacement mal dissimulé:
«la communauté internationale as such n’existe pas, elle n’est pas autre chose qu’une ction
commode, derrière laquelle les Etats se plaisent à s’abriter pour échapper à leurs
responsabilités 453. »
Sans forcément prétendre prendre au mot l’auteur de cette opinion, on sera tenté de lui
répondre qu’il a en partie raison, mais en partie seulement. La « communauté internationale »
est en e fet une ction commode. Mais il oublie de constater une chose, pourtant déterminante
pour un positiviste, c’est que cette ction est d’un type très particulier: c’est une ction
juridique, dont l’essence, en e fet, est, en droit international, d’être utilisée par les Etats pour sa
commodité. Mais n’est-ce pas là, précisément, le propre de toutes les ctions juridiques ?
Cependant, avant de parvenir à un tel constat, il est d’abord nécessaire de rétablir le thème de
la « communauté internationale dans son ensemble » dans la perspective de son histoire
12contemporaine; en partant des années où le concept fut mis en circulation dans le cadre des
Nations Unies, sous l’in uence des nouveaux Etats, issus de l’humiliation coloniale, pour
arriver jusqu’aux abords de la période actuelle.
Sans forcément prétendre prendre au mot l’auteur de cette opinion, on sera tenté de lui
répondre qu’il a en partie raison, mais en partie seulement. La « communauté internationale »
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est en e fet une ction commode. Mais il oublie de constater une chose, pourtant déterminante
pour un positiviste, c’est que cette ction est d’un type très Premier semestre
particulier: 2020-2021,
c’est une ction Licence 3
Cours
juridique, dont l’essence, en e fet, est, en droit international, d’être utilisée pardelesMr TOMKIEWICZ
Etats pour sa
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commodité. Mais n’est-ce pas là, précisément, le propre de toutes les ctions juridiques ?
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Cependant, avant de parvenir à un tel constat, il est d’abord nécessaire de rétablir le thème de
la « communauté internationale dans son ensemble » dans la perspective de son histoire
contemporaine; en partant des années où le concept fut mis en circulation dans le cadre des
Nations Unies, sous l’in uence des nouveaux Etats, issus de l’humiliation coloniale, pour
arriver jusqu’aux abords de la période actuelle.
Deux temps dans l’analyse, par conséquent, dont le premier fournit les éléments d’une brève
histoire critique et dont le second constitue l’esquisse d’une théorie.
Tous les découpages sont arbitraires; ils prétendent rationaliser la lecture du réel à la lumière
d’un regard nécessairement subjectif. [p248] Discernons pourtant quatre temps: le lancement; la
maturation; l’épanouissement, puis l’amorce d’un déclin, lui-même, peut-être, aujourd’hui
promis à une forme de renouveau.
A - Le lancement
Le concept de communauté internationale apparaît sans doute au milieu des années soixante.
Ainsi, en 1968, trouve-t-on associées, à la déclaration adoptée par les Nations Unies à Téhéran
sur les droits de l’homme, cinq occurrences de ce concept, relevées par Christian
Tomuschat454. C’est, cependant, l’article 53 de la Convention de Vienne sur le droit des traités
qui donne au concept de communauté une densité proprement juridique:
«une norme impérative du droit international général est une norme acceptée et reconnue par
la communauté internationale des Etats dans son ensemble en tant que norme à laquelle
aucune dérogation n’est permise 455. »
Deux remarques s’imposent d’emblée à l’égard de ce texte, tellement connu qu’on perd parfois
(…)
à son égard toute distance critique.
La première est relative à sa formulation: l’audace de l’a rmation communautaire s’y trouve
tempérée par le fait qu’il ne s’agit pas encore d’une communauté de peuples mais seulement
d’Etats; pas davantage, a fortiori, d’une communauté totalement transnationale, qui désignerait
directement l’assemblée universelle des humains. La communauté, à l’époque, est encore, au
fond, la « collectivité internationale » de l’entre-deux-guerres456 , mais déjà transcendée par la
perception qu’ont ses membres d’une commune appartenance sinon toujours d’un devoir de
solidarité. 13
1. Une acception stricte, proprement interétatique, celle de CIEDSE, est celle de l’article 53 de la
Convention de Vienne. C’est la seule communauté qui soit nommément dotée de compétences
juridiques de caractère normatif, puisqu’il lui revient de désigner les normes impératives.
2. Une seconde acception, plus large, désigne la communauté internationale en tant que
titulaire d’intérêts fondamentaux (de caractères variés, matériels et moraux) dont la
contrepartie est constituée par des droits; leur violation constituait d’abord un « crime » d’Etat
tel qu’il fut longtemps dé ni par l’article 19 du projet sur la responsabilité adopté en première
lecture; elle désigne aujourd’hui encore une responsabilité aggravée dont le régime juridique
est sans doute encore à stabiliser. Cette seconde communauté, bien que cela ne soit plus
explicite, est encore essentiellement à base interétatique.
3. Une troisième acception, dépassant les limites étatiques, gagne également les peuples et les
opinions publiques, passives ou militantes, telles, pour cette dernière catégorie, que celle des
organisations non gouvernementales, englobant et les Etats et la « société civile internationale
», dont les préoccupations et les valeurs sont essentiellement tournés vers l’Humanité; moins,
du reste, l’humanité patrimoniale, celle qui, appuyée sur le fond des mers, remonte aux [p258]
années 1970 à 1982, que l’humanité personnelle, composée des individus dont chacun,
individuellement, jouit de libertés fondamentales, dont la méconnaissance porte atteinte à ce
qu’on pourrait désigner « les droits de l’homme en l’humanité ». Le lien est alors évident entre
cette acception humaniste autant qu’humanitaire de la communauté et la création puis le
développement de la justice pénale internationale479.
B - Fonctions
Les fonctions respectives de ces diverses acceptions sont variables: normative pour la première
et la seconde, la troisième est plus directement stratégique, notamment dans la mesure où elle
a pu assurer une consolidation ou un élargissement de l’assise de légitimité de certaines
résolutions du Conseil de sécurité, ou, à l’occasion, d’autres organes.
Il reste que la Convention de Vienne (1969) n’est pas rati ée par tous (même si la France
pourrait le faire bientôt) et que les diverses acceptions du terme introduisent une constante
ambiguïté dans la signi cation qu’on lui donne. Il demeure aussi que les usages stratégiques
qu’on en fait con nent en bien des cas au détournement pur et simple, pour dégrader la
référence communautaire en un alibi douteux destiné à justi er des actions unilatérales
collectives restreintes. Il est également manifeste que la notion de communauté est de plus en
plus concurrencée par des références à l’universel qui passent par les marchés plus que par les
normes; c’est bien là, notamment, l’une des signi cations du nouveau mythe mobilisateur de «
globalisation ».
/
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M. DELMAS-MARTY, Vers une communauté de valeurs ?, (IV), Seuil, 2011, p.10-11
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L’idée de communauté humaine
à la croisée de la communauté des Etats et de la communauté mondiale
Emmanuelle Jouannet
permet à la plupart des auteurs de faire la différence entre communauté et société, laquelle
peut regrouper sans Professeur à l’Université
unir véritablement. Non pas Paris
que1 l’on
(Panthéon-Sorbonne )
retienne ici la division doctrinale
allemande entre société et communauté qui est fondée sur une conception organiciste des
choses.7 On ne tranche pas le débat -qui reste encore un débat- pour savoir si la société est un
Paru in La Mondialisation entre Illusion et l’Utopie, Archives de philosophie du droit,
construit par rapport à la communauté qui serait un donné naturel basé sur un phénomène de
2003, Tome 47, pp. 191-232.
solidarité spontané. On ne reprendra donc pas l’idée selon laquelle la communauté est
nécessairement
RESUME antérieure à semble
: La mondialisation la société.
faire On ne cherche
ressurgir pasde
la notion non plus à retenir
communauté la conception
humaine mondiale afin de
naturaliste
penser un ordredes anciens
juridique par rapport
commun à une conception
ou mondialisé qui lui soitvolontariste plus
applicable ; il modernedepuisque
permettrait dépasserce
lesont
phénomène
deslàEtats
encore des réponses
souverains fournies par
et de transformer le les doctrines
droit à différents
interétatique classiquemoments
au profit de l’histoire.
d’un nouveauCe sont
droit commun.
L’étude s’efforce de montrer l’intérêt et les limites d’une telle perspective en révélant, dans un premier temps,
des présentations possibles de cette distinction mais qui
les deux modèles de communautés juridiques hérités de l’histoire de la pensée,
ne sont pas les seules et ne
et en faisant valoir, dans un
8
correspondent
second pas forcément
temps, comment on peut, en à la réalitédepositive
s’inspirant Kant et de contemporaine. Elles demandent
certains auteurs contemporains, à être
intégrer la pensée
d’unétudiées mais nonmodéré
cosmopolitisme pas retenues à titrel’ordre
pour penser préliminaire.
juridiqueOn ajoutera seulement
international contemporainque sans
cettetomber
notiondans la
radicalité d’un strict interétatisme
d’organisation, ou d’un strict
ou de regroupement personnes, .rassemble cette fois-ci communauté et
de mondialisme
société dans une commune opposition à l’idée d’état de nature. Prétendre que les individus ou
les Etats sont organisés en communauté ou en simple société implique, en effet, que, d’une
Repenser l’ordre juridique international en raison des phénomènes de mondialisation
manière ou d’une autre, ceux-ci ont réussi à s’arracher à l’état de nature supposé antérieur
est un problème qui ne se pose bien, semble-t-il, que si on tient compte de deux notions
d’un point de vue logique, historique ou chronologique.
fondamentales de l’histoire de la pensée qui sont au coeur des débats les plus contemporains.
Il s’agit des notions d’Etat souverain et de communauté humaine. Plus précisément dit peut-
Par ailleurs,
être : la notion il est en outre
de communauté courant les
humaine de définir extensivement
rassemble mais cellela de
communauté
communauté comme humaine
9
unissantles
mondiale desdisjoint.
personnesQuephysiques oupensé
l’Etat soit morales.
commeLa notion de communauté
une communauté peut est
humaine ainsi
enêtre
effet une
présentée
idée acquisecomme une communauté
au moment de ces personnes
de la formation du concept morales que
d’Etat sont les Etats,
lui-même et surautrement
laquelleditnous ne
1
comme unepas.
reviendrons communauté humaine
En revanche queformée de communautés
le monde forme à luiétatiques.
seul uneC’est donc la vision
communauté de
humaine est
unecette
idéecommunauté des communautés,
à la fois simple et dérangeante, appelée également
évidente communauté
ou contestée, suivant internationale
que l’on joue ou sur la
parenté qui unitinterétatique,
communauté les hommesqui ou s’oppose
sur la singularité quid’une
à la vision différencie chaque
communauté communauté étatique.
interindividuelle et
Pris ensemble,
mondiale. Les endeuxtous les correspondent
visions cas, les notions
à desde communauté
communautés humaine
humaines mondiale
mondiales et d’Etat
au sens
souverain semblent
large, mais l’une estapparemment s’exclure.
composée d’individus La souveraineté
regroupés en Etats tandisdeque
l’un paraît
l’autre constituer une
est identifiée
barrière
à un ensemble plus indifférencié d’individus, ou du moins de personnes non étatiques. 10 La de la
insurmontable à la réalisation véritable de l’autre ou, inversement, l’avènement
seconde semble signer le déclin du premier. Et à l’heure actuelle, c’est l’idée de communauté
communauté interindividuelle ou mondiale n’est pas considérée comme une communauté
humaine mondiale qui connaît un regain de faveur tout à fait remarquable alors que justement
totalement individualisée et atomisée, mais au contraire comme l’union du genre humain en
c’est de l’affaiblissement de l’Etat dont on ne cesse de parler.2 L’Etat souverain est miné de
raison d’une unification religieuse, morale, éthique ou sociologique ou même juridique. La
1
Sur ce point, nous nous permettons de renvoyer à notre ouvrage Emmer de Vattel et l’émergence doctrinale du droit
international classique, Paris, Pedone, 1998, pp. 319ss. Bien entendu cette idée peut être contestée de différentes manières
aujourd’hui, mais nous public
de droit international laisserons de côté
», RCADI, 1996cette discussion
(257), pp.51ss etpour
« Lerecentrer
concept de la patrimoine
question sur les notions
commun de communauté
de l’humanité »,
internationale
Ouvertures eten mondiale.
droit international. Hommage à R.J Dupuy, Paris, Pedone, 2000, p. 63 ; S. Bélaïd, in Les nouveaux aspects du
2
De façon non exhaustive et pour les travaux les plus récents qui font état de cet affaiblissement de l’Etat en liaison avec la
droit international, Paris, Pedone, 1994, p.320 et R.J Dupuy, « Communauté internationale et disparités de développement »,
mondialisation -la plupart du temps pour le regretter- v. par exemple Le droit saisi par la mondialisation, C. A Morand (dir.),
RCADI, 1979-IV (165), p.220.
Bruylant,
7 Ed. Université libre de Bruxelles, Helbing et Lichtenhahan, 2001 ; M. Mahmoud Mohamed Salah, Les
C’est la distinction
contradictions que proposait
du droit mondialisé, R. JPUF,
Paris, Dupuy2002in ;La communauté internationale
Mondialisation et Etat de droit,entre
D.leMockle
mythe (dir.),
et l’histoire, Paris,Bruylant,
Bruxelles,
2000 ; Le droit1986,
Economica, dans p.15, en s’appuyant sur
la mondialisation, M. les travaux Gendreau
Chemillier de Ferdinand Tönnies,
et Y. Communauté (dir),
Moulier-Boutang et société
Paris,Catégories
PUF, 2001 ; La
fondamentales
mondialisation dudedroit,
la sociologie pure (1887),
C. Kessedjian et E.Paris,
LoquinRetz, 1977.Paris,
(dir.), C’est Litec,
une distinction
2000 ; R. encore reprise« aujourd’hui
J Dupuy, par A. Pellet
Le dédoublement du monde »,
et P. Daillier,
RGDIP, 1996/2,Droit international
pp.313-321 et PMpublic,
Dupuy,Paris, LGDJ,
Droit 1999, 6è ed.,public,
international p.38, mais aussiPrécis
Paris, par certains
Dalloz,théoriciens anglo-saxons
2002, pp.22ss. des le point
V. aussi
relations
de vue internationales
complémentaire surcomme H. de
le déclin Bulll’Etat
et A.deWatson, The sociologues
la part des Expansion ofetInternational
théoriciens Society, Oxford,
des relations Clarendon Press,
internationales comme par
ex. 1984, p.1. V. aussi
J. N Rosenau, de H.
« Le Bull : ordre
nouvel The Anarchical
mondial Society.
: ForcesA sous-jascentes
Study of Order inetWorld Politics,
résultats Londres,
», Etudes Macmillan, 1977.
internationales, vol. XXIII, n°1,
8
1992,Pour
pp.32ss et « Les processus
un résumé de ces différentesdepositions
la mondialisation
v. Dictionnaire: retombées significatives,
encyclopédique de théorie etéchanges impalpables
de sociologie du droit, et symbolique
op.cit,
subtile », Etudes internationales, vol. XXIV, n°3, 1993, pp.502ss ou B. Badie, La fin des territoires. Essai sur le désordre
pp.72-76.
international
9 et surdu
V. la définition l’utilité sociale
dictionnaire du respect,
Salmon, Paris,
supra note 5 etFayard,
C. Leben1995
« De et avec M.
quelques C. Smouts,
doctrines Le juridique
de l’ordre retournement du monde.
», Droits,
Sociologie de la scène
Ordre juridique internationale,
?/1, n°33, 2001, p.20. Paris, Presses de la FNSP et Dalloz, 1992.
10
Devant la nécessité de faire des choix au regard d’une terminologie usuelle fluctuante, nous associons donc l’idée de
communauté mondiale à celle de communauté interindividuelle afin de faire ressortir l’opposition à la communauté
interétatique. Bien des nuances devraient être introduites dans cette présentation mais on se limitera ici à en exposer trois : 1) 1
d’abord, les idées de communauté entre Etats et de communauté d’individus ne visent qu’à faire ressortir leurs composants
prioritaires mais pas de façon exclusiviste car elles peuvent l’une comme l’autre englober d’autres acteurs ou sujets qui
seront simplement considérés comme secondaires. 3) ensuite, la communauté internationale peut d’une certaine façon être
présentée comme mondiale car couvrant l’ensemble de la planète, mais il nous a semblé plus pertinent de réserver ce terme
de communauté mondiale à une communauté qui visait l’humanité toute entière, le monde des hommes si l’on veut pas
rapport à celui des Etats. 3) enfin, on devrait parler de communauté mondialisée plutôt que de communauté mondiale car
autant la communauté des Etats semble avoir –et encore- une certaine réalité, autant la communauté mondiale est avant tout
une construction purement intellectuelle et au mieux, un simple processus en cours
10
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communauté des Etats, quant à elle, peut être régulée sans poursuivre d’objectifs communs
autre que celui, minimal, de coexistence et donc de stabilité. Elle sera dès lors plus volontiers
identifiée à une simple société interétatique. Elle peut également traduire des valeurs
communes plus avancées-qui se traduisent ou non par des finalités communes- de telle sorte
que l’on insiste sur son aspect communautaire. En tout état de cause, il en résulte que les Etats
sont les composants principaux de la communauté interétatique tandis que ce sont les hommes
qui composent de façon immédiate la communauté interindividuelle.11 Ceci posé, on s’en
tiendra exclusivement à cette présentation des deux idées de communautés humaines au sens
large suivant qu’elles sont envisagées sous une forme interétatique ou cosmopolitique; donc
sans revenir, sinon de façon indirecte, à l’idée d’une simple société entre Etats. On s’intéresse
en effet, moins à la distinction entre société et communauté d’Etats, qu’aux différentes
acceptions que peut prendre la notion même de communauté humaine pour penser l’ordre
juridique international dans son ensemble.
C’est pourquoi, enfin, la notion de système juridique vient compléter utilement cette
présentation en révélant ce qu’elle peut avoir de réellement problématique. La notion de
communauté humaine renvoie le plus souvent à l’idée d’un système juridique qui lui est
destiné. On est ainsi accoutumé à définir un ordre juridique en tant que système de normes
comme « régissant l’existence et le fonctionnement d’une communauté humaine ».12 Dés lors
l’alternative qui, dans un premier temps, pouvait être pensée comme une simple opposition
entre deux visions sociologiques ou culturelles de la communauté humaine est ici radicalisée
par sa juridicisation. On passe à la notion de communauté juridique comme représentation ou
construction intellectuelle d’une communauté sociologique, plus ou moins existante, plus ou
moins réelle, qui est soumise au même ordre juridique.13 Et ce qui va faire problème, c’est
moins le fait que l’on envisage la communauté comme interindividuelle ou interétatique,
c’est-à-dire en tant que formes sociales de regroupement, que le fait que ces deux
communautés soient envisagées comme soumises à une ordre juridique de nature différente.
Le premier ordre juridique est logiquement interétatique et décentralisé, le second est
communautarisé, que ce soit sous une forme transnationale, cosmopolitique ou
supranationale. Le premier a pour sujet les Etats et le second a pour sujet les hommes et
parfois l’humanité, ou la communauté elle-même, qui sont alors personnifiées. Ce n’est donc
en réalité qu’à ce moment là, c’est-à-dire lorsque l’on conçoit des systèmes juridiques
différents adossés à des conceptions différenciées de la communauté –selon un lien considéré
par certains comme inéluctable-, que surgit l’idée d’un inévitable conflit et du nécessaire
dépassement de l’une des deux visions au profit de l’autre. Ces deux modèles juridiques de
communauté des Etats et de communauté mondialisée imprègnent en effet beaucoup de
représentations doctrinales contemporaines ainsi que certains textes de droit positif
international,14 où ils sont naturellement pensés comme étant successifs, alternatifs, et
antagonistes. C’est un peu comme si on ne pouvait penser la communauté humaine mondiale
que contre la communauté des Etats car on oppose le mondialisme ou le cosmopolitisme
comme système juridique d’une communauté mondiale interindividuelle à l’internationalisme
ou l’interétatisme comme système juridique de la communauté des Etats.
11
Par souci de simplification, on laisse également de côté la question des groupements moraux interétatiques et non étatiques
bien qu’ils jouent un rôle significatif à l’heure actuelle.
12
C. Leben, « De quelques doctrines de l’ordre juridique », Droits, op.cit, loc.cit.
13
Sur les relations entre ordre juridique et ordre social, v. l’étude remarquable de J. Chevallier, « L’ordre juridique », Le droit
en procès, Paris, PUF, 1984, pp.19ss et pp.32ss.
14
V. les références données par P. Weill, « Le droit international en quête de son identité. Cours général de droit international
public », RCADI, 1992-VI (237), pp.306-312 et P.M Dupuy, Droit international public, op.cit, pp.386ss.
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PUBLICATIONS DE LA COUR PERMANENTE DE JUSTICE
INTERNATIONALE
SÉRIE A - N" 70
Le 7 septembre 1927
AFFAIRE DU « LOTUS 1)
SERIES A.-No. 70
September 7th, 1927
COLLECTION OF JUDGMENTS
1927.
7 septembre.
ssier E. c. X.
DOUZIEMESESSION (ORDINAIRE)
lble XII : 2 .
Prdsents :
MM. HUBER,Prdsident,
LODER,ancien Prdsident,
WEISS, Vice-Prdsident,
Lord FINLAY,
MM. NYHOLM,
MOORE,
DE BUSTAMANTE,
ALTAMIRA,
ODA,
ANZILOTTI,
PESSÔA,
FEÏZI-DAÏMBEY, Juge national.
POINT DE FAIT.
D'après les exposés présentés à la Cour par les agents des Parties
dans leurs Mémoires écrits ainsi que dans leurs plaidoiries orales,
les faits se trouvant à l'origine de l'affaire sont, de l'accord des
Parties, les suivants :
Le 2 août 1926, vers minuit, un abordage s'est produit entre le
paquebot français Lotus, à destination de Constantinople, et le
vapeur charbonnier turc Boz-Kou~t,en un lieu situé cinq à six milles
marins au nord du cap Sigri (Mitylène). Le Boz-Kourt, coupé en
deux, a sombré, et huit ressortissants turcs se trouvant à son bord
ont péri. Après avoir fait toute diligence pour venir à l'aide des
naufragés, dont dix ont pu être sauvés, le Lotus a continué sa route
vers Constantinople, oh il est arrivé le 3 août.