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DROIT CIVIL

CHARGE DU COURS : M. R. B. BONOGO

PLAN DU COURS

INTRODUCTION
I – Définition de la notion de droit
II – Caractères principaux de la règle de droit
III – Distinction entre le droit et les autres règles de conduite
sociale

PREMIERE PARTIE : LE DROIT OBJECTIF

CH I LES SUBDIVISIONS DU DROIT


I – Le droit national
II – Le droit international

CH II LES SOURCES DE LA REGLE DE DROIT


I – Les sources formelles
II – Les sources non formelles
III – Le contrôle de validité et la hiérarchie des normes

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CH III LA FORCE OBLIGATOIRE DE LA REGLE DE DROIT
I– La force obligatoire dans le temps
II – La force obligatoire dans l’espace

DEUXIEME PARTIE : LES DROITS SUBJECTIFS

CH I LES SUJETS DE DROIT


I – Les personnes physiques
II – Les personnes morales

CH II CLASSIFICATION DES DROITS SUBJECTIFS


I – La notion de patrimoine
II – Les droits patrimoniaux
III – Les droits extra patrimoniaux

CH III CLASSIFICATION DES BIENS


I – Les biens meubles et les biens immeubles
II – Les biens corporels et les biens incorporels
III – Autres classifications

CH IV ORGANISATION JUDICIAIRE AU BURKINA


FASO
I – Les principes généraux
II – Les différentes juridictions
III – Le personnel judiciaire
IV – Les voies de recours
V – Les règles de compétence

CH V LES CONTRATS

I – La notion de contrat
II – Les conditions de formation
III – Les effets de la validité des contrats

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INTRODUCTION

I – Définition de la notion de droit.


Le droit peut être défini sous deux aspects :
*Sur le plan objectif ,le droit est l’ensemble des règles et
prescriptions de conduite édictées par l’autorité publique et
sanctionnées par elle au moyen d’une contrainte matérielle en
vue de réguler la vie des personnes dans une communauté
donnée ;il est donc l’ensemble des règles régissant la vie des
personnes dans une communauté donnée. C’est le droit objectif.
*Sur le plan subjectif, le droit est une prérogative c’est à dire une
faculté, une possibilité, une éventualité reconnue à une personne
et dont celle-ci pourra s’en prévaloir dans ses relations avec les
autres. C’est le droit subjectif ; le titulaire de ce droit est le sujet
de droit.
L’existence du droit est intimement liée à l’existence d’une
société c’est-à-dire que la ou il y a société il y a droit et là où il y a
droit il y a société. Le droit est donc un facteur de régulation de la
vie en société. Il vise un ordre social désiré.
II – Caractères principaux de la règle de droit
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*La règle de droit est générale et impersonnelle : elle est générale
car elle s’applique de la même manière dans l’espace et le temps à
tous les cas et à toutes les personnes entrant dans son champ
d’application.
Elle est impersonnelle dans la mesure où elle n’est pas créée pour
un seul cas ou une seule personne mais pour tous les cas et
toutes les personnes entrant dans son champ d’application.
Ainsi donc la loi doit être la même pour tous, soit qu’elle punisse,
soit qu’elle protège. L’application correcte de ces deux caractères
permet d’éviter la discrimination, l’arbitraire et garantit l’égalité
entre les citoyens.
*Elle est impérative : la règle juridique est obligatoire,
contraignante c’est-à-dire qu’elle s’applique à son destinataire
indépendamment de sa volonté car elle est coercitive. Elle rend
obligatoire l’observation d’un modèle de comportement précis.
*La règle de droit est assortie d’une sanction : une sanction
accompagne la règle de droit pour garantir son efficacité. La
transgression de la règle de droit entraine une sanction objective
dont le monopole appartient à l’autorité publique. Cette sanction
a un caractère dissuasif et un caractère répressif. Elle peut être
civile ou pénale .La sanction n’est cependant pas une condition
sine qua non pour l’existence d’une règle juridique.
* La règle de droit est permanente : tant qu’elle n’aura pas été
abrogée selon les conditions de fond et de forme prévues à cet
effet, la règle de droit continuera toujours à s’appliquer aux
personnes et aux cas entrant dans son champ d’application.

III – Distinction entre droit et les autres normes de conduite


sociale
III – 1 Droit et morale

La morale vise le perfectionnement de la conscience individuelle


par la recherche constante du bien ; par contre le droit vise à
assurer un certain ordre social désiré.
La morale, en tant que règle autonome, provient de la conscience
individuelle de l’homme tandis que le droit qui est une règle
hétéronome provient de l’autorité publique.
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La morale est fondée sur une distinction nette entre le bien et le
mal, alors que le droit détermine des règles neutres. La morale est
fondée sur la persuasion et le droit sur la coercition. La
transgression de la règle morale entraine chez l’individu un
trouble avec sa conscience et la sanction est interne, donc
psychologique(le remords).Par contre la violation de la règle
juridique entraine un trouble entre l’individu et la société et sa
sanction est externe, matérielle et spécialement organisée par
l’autorité publique.
La règle juridique peut être contraire à la règle morale, elle peut
également coïncider avec la règle morale. On assiste de plus en
plus à une sorte de moralisation du droit.

III – 2 Droit et religion

Le droit et la religion sont des règles hétéronomes donc imposées


à l’homme de l’extérieur : la religion est imposée à l’homme par
l’être suprême (Dieu) et le droit par la société. La règle religieuse
est basée sur la foi .La violation de la règle religieuse (péché) est
sanctionnée sur terre par l’autorité religieuse (pénitence) et
ultérieurement par l’être suprême (jugement dernier) ; cette
sanction ultérieure semble différée, probable, hypothétique
(l’enfer, le purgatoire).Par contre la violation de la règle juridique
(infraction) entraine une sanction matérielle, certaine et
spécialement organisée par l’autorité publique. Il existe des Etats
ou il y a une distinction entre le droit et la religion (Etats laïcs) et
des Etats ou le droit et la religion sont confondus. Dans ce
dernier cas la violation de la règle religieuse qui est également
une règle juridique est sanctionnée par l’Etat.

III – 3 Le droit et la règle de bienséance

Les règles de bienséance sont des règles auxquelles il convient de


se conformer en société. Il s’agit donc des règles de civilité, de
politesse, de courtoisie, de savoir vivre, d’usage. Elles sont donc
des règles de convenance sociale .Tout comme le droit, les règles
de bienséance organisent la vie en société. Les règles de
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bienséance sont des règles autonomes .La violation de ces règles
ne saurait entrainer un recours à la contrainte de l’autorité
publique contrairement à la transgression de la règle juridique. Il
peut cependant y avoir une sanction sociale effective telle que la
réprobation sociale, l’exclusion.

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PREMIERE PARTIE : LE DROIT OBJECTIF
CH I LES SUBDIVISIONS DU DROIT

Traditionnellement, le droit se subdivise en deux grandes


branches : le droit national et le droit international.

I – Le droit national ou le droit interne

Il est le droit qui s’applique à l’intérieur des frontières d’un Etat et


dont les sources sont internes à cet Etat. L’existence de ce droit
traduit le principe de souveraineté reconnue à chaque Etat. Le
droit national est essentiellement un droit de subordination du
citoyen à l’Etat. Il se subdivise en deux grandes parties : le droit
national public et le droit national privé.

I – 1 Le droit national public

Il est le droit conférant à l’Etat et ses démembrements plus de


prérogatives qu’aux particuliers. Sa finalité est la protection de
l’intérêt général. Ses principales disciplines sont les suivantes :
*Le droit constitutionnel : il regroupe les règles régissant
l’organisation du pouvoir au sein de l’Etat et le fonctionnement
des institutions publiques. Ces règles sont contenues dans un
document appelé constitution.
*Le droit administratif : il régit l’organisation et le fonctionnement
des services publics et gouverne les rapports entre
l’administration publique et ses administrés.
*Le droit budgétaire : il régit l’élaboration et l’exécution du budget
de l’Etat et précise les règles de la comptabilité publique.
*Le droit fiscal : il réglemente les modalités de contribution des
personnes à la couverture des charges publiques par le système
de l’impôt.
*Le droit pénal : il qualifie, poursuit et réprime les comportements
dangereux dans la société (infractions).

I – 2 Le droit national privé


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Il régit les relations entre particuliers. Il est un droit égalitaire car
traitant à égalité ses sujets. Sa finalité est la protection de
l’intérêt particulier (individuel ou collectif).Ses principales
disciplines sont les suivantes :
*Le droit civil : il est le droit commun des relations entre
particuliers c’est-à-dire le droit s’appliquant aux relations entre
particuliers en l’absence de dispositions particulières. Il traite
traditionnellement des personnes, de la famille, des biens, des
obligations entre créancier et débiteur, des contrats.
*Le droit commercial : il est la partie du droit privé relative aux
opérations juridiques faites par les commerçants dans
l’accomplissement de leur activité professionnelle soit entre eux,
soit avec leurs clients. Il régit donc les commerçants dans
l’accomplissement de leur profession et gouverne les actes de
commerce accomplis par toute personne. Il comprend de
multiples sous disciplines.
*Le droit du travail : il gouverne les relations professionnelles
individuelles et collectives entre travailleurs et employeurs du
secteur privé généralement.
*Le droit judiciaire : il détermine les règles à suivre pour faire
valoir ses droits devant les juridictions.
II Le droit international ou le droit externe
Il régit les relations internationales. Il est essentiellement un droit
de coordination donc un droit consensuel. Il vise la coexistence
pacifique. Il se subdivise en deux parties.

II – 1 Le droit international public

Il régit les relations entre Etats et entre Etats et organisations


internationales ; il détermine également l’organisation et le
fonctionnement des institutions internationales. Ces règles sont
définies dans les traités et conventions internationaux. Il
comprend des sous démembrements tels que le droit des relations
diplomatiques et consulaires, le droit international maritime, le
droit international humanitaire.

II – 2 Le droit international privé


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Il règlemente les relations entre particuliers en présence d’un
élément d’extranéité. Il n’est international que par son objet et
non par ses sources. En réalité il est un droit national privé
s’appliquant à une relation internationale. Il traite
essentiellement des conflits de nationalité, de la condition des
étrangers, des conflits de lois et des conflits de juridictions.

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CH II LES SOURCES DE LA REGLE DE DROIT
I – Sources formelles

Il s’agit des actes émanant des autorités habilitées à édicter la


règle de droit. Ces sources sont de plusieurs catégories.
I – 1 La constitution

Elle est la loi fondamentale de l’Etat. Au sens matériel, elle est


l’ensemble des règles écrites ou coutumières qui déterminent la
forme de l’Etat, la dévolution et l’exercice du pouvoir d’Etat. Au
sens formel, elle est un document relatif aux institutions
politiques dont l’élaboration et la modification obéissent à une
procédure différente de la procédure législative ordinaire. Elle se
place au sommet de l’ordonnancement juridique car toutes les
autres règles de droit lui sont subordonnées.
I – 2 Les traités internationaux

Ils sont des accords conclus entre les sujets du droit international
(Etats et organisations internationales) pour régir leurs relations
dans des domaines précis .Ils peuvent être bilatéraux ou
multilatéraux. Pour être applicable sur le plan interne, en
principe, le traité doit être ratifié par l’organe compétent. Les
traités peuvent être normatifs ou institutionnels.
I – 3 La loi

Au sens formel, la loi désigne tout acte émanant du pouvoir


législatif(le Parlement).Au sens matériel, la loi est tout acte posant
des règles de portée générale dotées de la force obligatoire quel
qu’en soit son auteur ; c’est donc la loi au sens large.
I – 3 – 1 Les actes législatifs
*la loi référendaire : elle est la loi issue d’une consultation
populaire (référendum).
*La loi constitutionnelle : elle a pour objet l’adoption ou la
révision de la constitution.
NB : ces deux catégories renvoient à la constitution.

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*La loi organique : elle est une délibération du parlement ayant
pour objet l’organisation ou le fonctionnement des institutions.
Ex. : le conseil constitutionnel, le conseil économique et social.
*La loi ordinaire : elle est une délibération régulièrement
promulguée du parlement. Certaines lois ordinaires ont un
caractère spécial. Il s’agit entre autres de la loi de finances (loi de
finance de l’année, loi de règlement, loi de finances rectificatives,
loi programme, loi d’orientation).La loi ordinaire résulte soit d’un
projet de loi (l’initiative provient du gouvernement) soit d’une
proposition de loi (l’initiative provient du parlement) soit d’une
pétition (l’initiative provient d’une fraction de la population).
I – 3 – 2 Les actes règlementaires ou le règlement

L’acte règlementaire est tout texte édictant des règles générales


émanant du pouvoir exécutif et des autorités administratives. Il
s’agit de l’ordonnance, du décret et de l’arrêté.
*L’ordonnance : elle est acte signé par le président du Faso après
délibération du conseil des ministres dans des domaines réservés
à la loi et dans des cas limitativement énumérés par la
constitution. Elle a donc une nature hybride : elle est prise par
l’exécutif(le Président du Faso) mais intervient dans un domaine
normalement réservé au législatif. Elle entre en vigueur dès sa
publication.
*Le décret : le décret simple est un acte signé par le Président du
Faso ou par le premier ministre et contresigné par le ou les
membres du gouvernement compétents.
Le décret en conseil des ministres est un acte signé par le
Président du Faso et par le premier ministre, après avis du
conseil des ministres et contresigné par le ou les membres du
gouvernement compétents.
Le décret autonome est celui pris dans les matières relevant du
domaine règlementaire.
Le décret d’application est celui qui a pour but de préciser les
conditions de mise en œuvre d’une loi.
*L’arrêté : il est un acte de portée générale ou individuelle pris par
une autorité inférieure à celle du premier ministre dans le cadre
de sa compétence. Ainsi pourra-t-on avoir des arrêtés
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ministériels, des arrêtés des gouverneurs, ceux des présidents de
conseils régionaux, ceux des hauts commissaires, les arrêtés des
maires, des autorités administratives indépendantes, des préfets

I – 4 La convention collective de travail
Elle est un accord relatif aux conditions de travail conclu entre
les représentants d’un ou plusieurs syndicats ou groupements
professionnels de travailleurs d’une part, et une ou plusieurs
organisations syndicales d’employeurs ou tous autres
groupements d’employeurs ou un ou plusieurs employeurs pris
individuellement d’autre part. Par sa nature, elle est un acte
contractuel Elle a un aspect normatif dans la mesure où elle est
extensible dans son champ d’application. La convention collective
a ainsi un corps de contrat mais une âme de loi.
I – 5 La coutume

Elle est un ensemble de pratiques qui, à force de répétition,


s’imposent à un moment donné comme règles obligatoires. Elle
comprend un élément matériel qui est la répétition d’un
comportement dans le temps et l’espace et un élément
psychologique qui est la croyance au caractère obligatoire
reconnu à ce comportement. Elle est généralement non écrite et
supplée dans certains cas la lacune de la loi. Elle semble
aujourd’hui en perte de vitesse comme source de droit.
II – Les sources non formelles

Il s’agit de la jurisprudence et de la doctrine.


II – 1 La jurisprudence

Elle est l’ensemble des décisions de justice rendues par les


tribunaux (jugements) et cours (arrêts) en cas de contentieux. Il y
a jurisprudence lorsque plusieurs décisions de justice vont dans
le même sens. En principe la jurisprudence ne devrait pas être
une source du droit puisque le juge n’a pas de pouvoir normatif.
Le judiciaire a pour mission d’appliquer la loi et non de la créer.
Mais lorsque le juge est saisi d’une affaire dans laquelle il y a une
lacune ou une imperfection de la loi, pour éviter le déni de
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justice ,il sera obligé d’interpréter une règle de la loi pour
l’appliquer à ce cas. Plus la règle de droit est absente ou
imprécise, plus le pouvoir d’interprétation du juge sera important.
Ce pouvoir d’interprétation confère certes au juge un certain
pouvoir créateur de droit.
II – 2 La doctrine

Elle est l’ensemble des réflexions émises dans des ouvrages par
des spécialistes du droit sur un problème juridique donné. Par
extension, elle désigne ces spécialistes eux-mêmes. La doctrine
joue un rôle d’information car elle donne des renseignements sur
une règle de droit. Elle émet également des critiques sur la règle
de droit en mettant en exergue ses imperfections, ses
incohérences. Ces critiques pourront ultérieurement influencer le
législateur et même le juge car ceux-ci pourront s’en inspirer
dans leurs œuvres ultérieures .La doctrine aura ainsi contribué à
l’élaboration de la règle de droit et pourra être considérée comme
une source indirecte de la règle de droit.
III – Validité et hiérarchie des normes
III – 1 Validité de la règle de droit

Pour être valide sur le plan juridique, la règle de droit doit obéir à
deux conditions.
*Conditions de validité formelle : la règle de droit doit être posée
par l’organe ayant qualité à le faire c’est-à-dire l’organe
compétent. Elle doit également être prise dans les formes prévues
à cet effet c’est-à-dire qu’elle doit respecter la procédure
d’élaboration.
*Conditions de validité matérielle : elles concernent le contenu de
l’acte. L’acte doit être pris dans le domaine qui lui est réservé (la
loi ou le règlement), et il doit respecter la hiérarchie des normes
c’est-à-dire que les textes inférieurs doivent se subordonner aux
textes supérieurs.

III – 2 La hiérarchie des normes


Toutes les règles de droit n’ont pas la même valeur juridique. La
hiérarchie est la suivante.
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*La primauté de la constitution
En tant que loi fondamentale, la constitution se place au sommet
de l’ordonnancement juridique et toutes les autres règles de droit
lui sont subordonnées. Le mécanisme juridique prévu pour
garantir cette position est le contrôle de constitutionnalité des lois
exercé par le conseil constitutionnel avant la promulgation de la
loi.
*La supériorité du traité sur la loi
Les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont
une autorité juridique supérieure à celle des lois mais inférieure à
celle de la constitution. Le contrôle de conventionalité des lois est
le mécanisme juridique prévu pour garantir cette supériorité du
traité sur la loi.
*La priorité de la loi sur le règlement
La loi (acte législatif) a une valeur juridique supérieure à celle du
règlement. Le mécanisme juridique traduisant cette priorité est le
contrôle de légalité du règlement et il est exercé de façon
incidente par les juridictions administratives (ex. : recours pour
excès de pouvoir).

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CH III LA FORCE OBLIGATOIRE DE LA REGLE DE DROIT

La force obligatoire est l’incidence produite par la règle de droit


sur ses destinataires. L’application de la règle juridique connait
des limites imposées par le temps et l’espace.
I – La force obligatoire de la règle de droit dans le temps
I – 1 La durée de la force obligatoire
La règle juridique produit force obligatoire entre son entrée en
vigueur et son abrogation.
I – 1 – 1 L’entrée en vigueur de la loi

La loi en tant qu’acte parlementaire n’entre en vigueur qu’après


l’accomplissement de deux formalités : la promulgation et la
publication au journal officiel.
*La promulgation : elle est l’acte par lequel le président du Faso
reconnait officiellement et solennellement l’existence d’une loi et
donne l’ordre aux autorités publiques d’observer et de faire
observer cette loi. Elle résulte d’un décret présidentiel qui ne
comporte que deux articles : le premier précise la promulgation
(« est promulguée la loi n°… ») et le second affirme la publication
au journal officiel (« le présent décret sera publié au journal
officiel du Faso »).La promulgation doit intervenir dans les vingt et
un (21) jours qui suivent la transmission du texte définitivement
adopté par le Parlement .Mais le délai est ramené à huit(8) jours
en cas d’urgence déclarée par le Parlement.
*La publication au journal officiel du Faso : elle a pour finalité de
porter à la connaissance du grand public le contenu de la loi .Le
texte de la loi doit donc être publié au journal officiel du Faso. La
publication au journal officiel est valable pour la loi en tant
qu’acte législatif et pour les actes règlementaires également. La loi
ne sera applicable à ses destinataires qu’après l’écoulement d’un
délai de huit(8) jours après sa parution au journal officiel du
Faso.
Certains arrêtés ne nécessitent pas cependant la publication au
journal officiel du Faso. Il existe également des procédures de
publication d’urgence : communiqués à la radio ou à la télé,
affichage dans des lieux publics.
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I – 1 – 2 La disparition de la force obligatoire
L’abrogation constitue la perte de la force obligatoire de la règle
de droit. Elle peut être totale ou partielle .Il existe essentiellement
deux types d’abrogation.
*L’abrogation expresse : l’abrogation est dite expresse quand une
loi nouvelle proclame expressément la suppression de la loi
antérieure. La formule consacrée est généralement la
suivante : « toute disposition antérieure contraire est nulle ».La loi
ancienne est donc expressément abrogée au profit de la loi
nouvelle.
*L’abrogation tacite : la loi nouvelle ne précise pas formellement
l’abrogation de la loi ancienne. Cette abrogation résulte de
l’incompatibilité entre le contenu de la loi nouvelle et celui de la
loi ancienne. Les deux contenus étant incompatibles ,quand il
s’agit de deux règles de même niveau, la règle nouvelle s’applique
au détriment de la règle ancienne et la règle spéciale s’applique
au détriment de la règle générale ;mais si les deux règles sont de
niveaux différents, la règle supérieure s’applique au détriment de
la règle inférieure en vertu de la hiérarchie des normes.
NB : La désuétude : elle est une pratique de non application d’une
règle de droit qui existe toujours La règle n’est pas spécialement
abrogée mais en réalité, elle ne fait plus l’objet d’une application.
Elle semble donc inefficace. Cette pratique résulte soit de
l’inadaptation de la règle à la réalité soit de la défaillance plus ou
moins prolongée des organes chargés de veiller à son application.
Par la désuétude, l’on a l’impression que la règle est abrogée alors
même qu’elle existe toujours.

I – 2 La résolution des conflits de lois dans le temps


I – 2 – 1 Les règles de principe

*Le principe de la non rétroactivité de la loi


La loi nouvelle ne doit pas être appliquée à des actes et faits
juridiques qui se sont déroulés avant son entrée en vigueur en
vue de modifier ou d’effacer les effets juridiques produits sous
l’emprise de la loi ancienne. Il s’agit d’un principe d’ordre public
car garantissant la sécurité juridique. En effet, le droit se
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détruirait lui-même s’il pouvait inquiéter une personne qui a agi
conformément à la loi, car personne n’oserait plus exécuter les
ordres de la loi de crainte de voir ultérieurement des actes
légitimement posés remis en cause par la loi nouvelle inconnue à
l’époque. La constitution a également énoncé ce principe en
matière pénale. Il existe cependant des exceptions à ce principe :
les lois expressément rétroactives, les lois interprétatives et la loi
pénale plus douce ; ces lois sont rétroactives.
*Le principe de l’effet immédiat de la loi
La loi nouvelle régit les actes et faits qui se déroulent à partir de
son entrée en vigueur et elle s’applique aux effets postérieurs de
situations juridiques créées antérieurement à son entrée en
vigueur. Les lois supplétives constituent une exception à ce
principe ; de même, les contrats en cours d’exécution au moment
de l’entrée en vigueur d’une loi nouvelle ne sont pas en principe
régis par cette loi nouvelle.

I – 2 – 2 Application des règles

La résolution des conflits de lois dans le temps s’effectue selon le


schéma suivant :
*Les situations juridiques naissant à partir de l’entrée en vigueur
de la loi nouvelle : la loi nouvelle s’y applique (principe de l’effet
immédiat de la loi) ;
*Les situations juridiques éteintes avant l’entrée en vigueur de la
loi nouvelle : la loi nouvelle ne s’y applique pas (principe de la non
rétroactivité de la loi) ;
*Les situations juridiques nées sous l’emprise d’une loi ancienne
mais continuant à produire des effets juridiques après l’entrée en
vigueur d’une loi nouvelle :
- pour les effets définitivement réalisés, la loi nouvelle ne
s’applique pas (principe de la non rétroactivité de la loi) ;
- pour les effets futurs, quand il s’agit d’une situation non
contractuelle, la loi nouvelle s’y applique (principe de l’effet
immédiat de la loi), mais quand il s’agit d’une situation
contractuelle, la loi nouvelle ne s’applique pas sauf volonté
contraire du législateur ou des parties (autonomie de la volonté).
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II – La force obligatoire de la règle de droit dans l’espace
La force obligatoire de la règle de droit dans l’espace repose sur
deux principes.
II – 1 Le principe de la territorialité de la règle de droit

Selon ce principe, la loi est applicable à toutes les situations


visées qui se produisent à l’intérieur du territoire national
indépendamment de la nationalité des personnes visées. La règle
de droit est obligatoire sur toute l’étendue du territoire national.
Le principe de la territorialité de la règle de droit résulte du
principe de souveraineté reconnu à chaque Etat. Il est énoncé par
la constitution et la loi .Ainsi selon la constitution, tous les
burkinabé et toute personne vivant au Burkina Faso bénéficient
d’une égale protection de la loi. Les immunités accordées à
certaines personnalités constituent des exceptions à ce principe.
II – 2 Le principe de la personnalité de la règle de droit

La règle de droit va s’appliquer, selon ce principe, à son


destinataire en tenant compte de sa nationalité, peu importe sa
situation géographique. Il permet d’appliquer au Burkina Faso
des lois étrangères à des personnes vivant au Burkina Faso. La
loi va s’appliquer à son destinataire en tenant compte
uniquement de sa nationalité. La personnalité des lois s’applique
à l’état et la capacité des personnes.

II – 3 La résolution des conflits de lois dans l’espace

La résolution des conflits de lois dans l’espace relève du droit


international privé. Il y a conflit de lois dans l’espace ou conflits
de juridictions toutes les fois qu’il existe dans une relation un
élément d’extranéité. Ces conflits sont résolus suivant les
procédés suivants entre autres :
Le rattachement à la loi nationale des intéressés (statut
personnel) : les questions relatives à la capacité et l’état des
personnes relèvent de la loi nationale des intéressés (principe de
la personnalité des lois) ;
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Le rattachement à la loi du lieu de situation réelle (statut réel) :
les biens meubles et immeubles sont régis par la loi du lieu de
leur situation indépendamment de la nationalité de leurs
propriétaires (principe de la territorialité des lois) ;
Le rattachement à la loi du lieu du fait dommageable : la loi
relative à la responsabilité délictuelle est celle du lieu où s’est
déroulé le fait dommageable (principe de la territorialité des lois) ;
Le rattachement opéré par la volonté des parties (loi
d’autonomie) : les contrats sont soumis aux règles décidées par
les parties.

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DEUXIEME PARTIE : LES DROITS SUBJECTIFS

CH I LES SUJETS DE DROIT

La vie juridique est animée par les personnes juridiques .Ces


personnes sont les sujets de droit .Il s’agit des personnes
physiques et des personnes morales. Le sujet de droit bénéficie
d’un droit inné appelé personnalité juridique. La personnalité
juridique est l’aptitude à avoir des droits et assumer des
obligations. Le sujet de droit est dit sujet actif ou créancier
quand il exerce les droits dont il est titulaire et sujet passif ou
débiteur quand il assume les obligations mises à sa charge.
I – Les personnes physiques
La personne physique est l’être humain quels que soient son âge
et son sexe.
I – 1 Durée de la personnalité juridique
I – 1 – 1 Début de la personnalité juridique
La personnalité juridique commence en principe dès la naissance
accomplie de l’enfant vivant. L’enfant doit donc naitre vivant et
viable. L’enfant mort-né et l’enfant non viable c’est à dire inapte à
la vie sont considérés n’avoir jamais existé.
A titre exceptionnel, l’enfant simplement conçu jouit de la
personnalité juridique chaque fois qu’il y va de ses intérêts mais à
la condition qu’il naisse vivant et viable.
La naissance de l’enfant doit être déclarée à l’officier de l’état civil
dans un délai de deux(2) mois Celui-ci dressera alors un acte de
naissance qui sera remis au déclarant.
I – 1 – 2 Fin de la personnalité juridique
La mort (décès) marque la fin de la personnalité juridique. Elle
doit être déclarée à l’officier de l’état civil dans les deux (2) mois
qui suivent et un acte de décès sera dressé à cet effet.

I – 1 – 3 Incertitude sur la personnalité


L’absence et la disparition sont des états voisins de la mort.
L’absence est l’état d’une personne dont le manque de nouvelles
rend l’existence incertaine. Le régime de l’absence commence dès
lors que les dernières nouvelles de la personne remontent à plus

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d’un an. Toute personne intéressée pourra alors saisir le tribunal
de grande instance du dernier domicile connu de la personne
pour la déclaration de présomption d’absence .Un an après le
dépôt de cette requête, le tribunal pourra déclarer la présomption
d’absence. Deux ans après le jugement déclaratif de présomption
d’absence, le tribunal pourra être saisi d’une demande en
déclaration d’absence qui permettra au conjoint de l’absent de
demander le divorce pour cause d’absence. Dix ans après les
dernières nouvelles de l’absent, tout intéressé pourra demander
au tribunal de prononcer le jugement déclaratif de décès de
l’absent. Si l’absent reparait avant le jugement déclaratif de
décès, il reprend la totalité de ses biens mais le mariage de son
conjoint lui est opposable. S’il reparait après le jugement
déclaratif de décès, il reprend ses biens dans l’état ou il les
trouvera.
La disparition est l’état d’une personne dont l’absence s’est
produite dans des circonstances mettant sa vie en danger et dont
le corps n’a pu être retrouvé. Ex. En cas de catastrophe naturelle.
Le tribunal pourra prononcer son décès à la requête du
procureur.
I – 2 Identification de la personne physique
Juridiquement la personne physique est identifiée par un nom,
un domicile et une nationalité.
I – 2 – 1 Le nom
Il est une appellation obligatoire servant à désigner une personne
dans un groupe social donné. Le nom est en principe immuable,
incessible et imprescriptible.
*Composition
Le nom se compose obligatoirement de deux éléments que sont le
patronyme et le prénom. Le patronyme ou nom patronymique ou
nom de famille permet de rattacher une personne à une famille
donnée. Son choix n’est pas libre. Le prénom permet de
distinguer les membres d’une même famille. Il peut être unique
ou plural et son choix est laissé à la discrétion du déclarant
pourvu qu’il ne soit pas contraire à l’ordre public et les bonnes
mœurs.

21
Le pseudonyme et le surnom sont des accessoires, des éléments
facultatifs du nom. Ils n’ont aucune valeur juridique en eux-
mêmes .Le pseudonyme est un nom d’emprunt que s’attribue un
individu, généralement dans les domaines artistiques et
littéraires, en vue de masquer son identité à l’état civil. Ex : Henri
SEBGO (Norbert ZONGO). Le surnom est une appellation donnée
à un individu par son entourage en fonction de ses
caractéristiques. Ex .Mr X dit le caméléon.
*Critères d’attribution du patronyme
Le patronyme s’acquiert par la filiation, le mariage, l’adoption et
la voie administrative.
La filiation : l’enfant légitime (né dans le mariage) porte le
patronyme du mari de sa mère (son père) sauf désaveu. L’enfant
naturel (né hors mariage) porte le patronyme de son père s’il est
reconnu concomitamment par ses père et mère. S’il n’est pas
reconnu par son père, il porte le patronyme de sa mère.
Le mariage : la femme mariée conserve son patronyme d’origine,
mais pourra porter le patronyme de son conjoint dans la vie
courante. En cas de divorce, elle perd l’usage de ce patronyme
sauf autorisation judiciaire ou autorisation de son ex conjoint.
L’adoption : par l’adoption plénière, l’adopté intègre la famille de
l’adoptant et portera désormais le patronyme de l’adoptant au
détriment de son patronyme d’origine. Par contre dans l’adoption
simple, l’adopté conserve son patronyme d’origine auquel il
pourra ajouter le patronyme de l’adoptant. L’adoption crée donc
un lien de parenté juridique entre l’adopté et l’adoptant.
La voie administrative : l’enfant abandonné dès sa naissance
portera le patronyme que lui aura donné l’officier de l’état civil à
qui il aura été présenté.

I – 2 – 2 Le domicile
Le domicile est le lieu de résidence habituelle d’une personne
c’est-à-dire le lieu où vit, s’installe et s’établit une personne et
d’où elle ne s’éloignerait qu’avec un esprit de retour. Il est le lieu
de localisation juridique d’une personne. Il est obligatoire,

22
permanent et unique. Il peut être déterminé de plusieurs
manières :
*Le domicile volontaire : les personnes n’ayant pas de résidence
fixe sont réputées domiciliées dans le lieu qu’elles auront choisi
sur le territoire de la circonscription ou des circonscriptions
administratives sur lesquelles elles circulent habituellement.
*Le domicile légal : la loi impose à certaines personnes leur
domicile indépendamment de leur volonté. Ainsi les conjoints
sont domiciliés au lieu de résidence familiale sauf autorisation
judiciaire de résidence séparée ; le domicile du mineur non
émancipé est celui de ses parents ou tuteur et le domicile du
majeur incapable celui de son tuteur.
*Le domicile professionnel : il n’est valable que pour les actes de
la vie professionnelle. Ainsi les commerçants, les industriels et les
artisans sont domiciliés au siège principal de leurs opérations ou
au lieu où ils ont ouvert un établissement ; les fonctionnaires et
les officiers publics sont domiciliés au lieu où ils exercent leurs
fonctions, ceux qui exercent des professions libérales au lieu où
ils se sont installés.
* Le domicile élu : pour l’exercice d’un droit ou l’exécution d’un
acte juridique donné, une personne peut faire élection de
domicile en un endroit donné. Ce domicile n’a d’effet qu’à l’égard
des personnes qui y ont librement consenti.
I – 2 – 3 La nationalité
Elle est le lien politique et juridique existant entre une personne à
un Etat. En vertu du principe de souveraineté, chaque Etat
détermine librement les conditions d’attribution, d’acquisition, de
perte et de déchéance de sa nationalité.
*Attribution de la nationalité burkinabé à titre de nationalité
d’origine
La nationalité burkinabé est attribuée selon les critères suivants :
-La filiation ou le droit du sang : l’enfant né d’un père ou d’une
mère burkinabé a la nationalité burkinabé.
-La naissance au Burkina Faso ou le droit du sol : l’enfant né au
Burkina Faso de parents inconnus est burkinabé.
*Acquisition de la nationalité burkinabé

23
La nationalité burkinabé s’acquiert par le mariage, la naissance et
la résidence au Burkina Faso, la déclaration de nationalité et par
décision de l’autorité publique.
-Le mariage : l’étranger ou l’apatride qui épouse un burkinabé
acquiert la nationalité burkinabé au moment de la célébration du
mariage en principe.
*La naissance et la résidence au Burkina Faso : l’individu né au
Burkina Faso de parents étrangers acquiert la nationalité
burkinabé à sa majorité s’il a sa résidence habituelle au Burkina
Faso à cette date depuis au moins cinq ans.
*La déclaration de nationalité : l’enfant mineur né au Burkina
Faso de parents étrangers peut réclamer la nationalité burkinabé
par déclaration s’il a au moment de sa déclaration sa résidence
habituelle au Burkina Faso depuis au moins cinq ans.
*La décision de l’autorité publique : l’étranger ou l’apatride peut
bénéficier de la nationalité burkinabé par naturalisation ou
réintégration.
- La naturalisation : pour avoir la qualité de burkinabé, l’étranger
ou l’apatride devra adresser une demande timbrée au procureur
du Faso qui ordonnera une enquête sur l’intéressé. Les résultats
de cette enquête et la requête sont transmis au ministre chargé
de la justice qui dressera un rapport Le dossier est présenté en
conseil des ministres .A l’issu de ce conseil, un décret de
naturalisation sera alors pris. Le requérant doit en principe
résider habituellement au Burkina depuis les dix années qui
précèdent sa demande. Il doit être de bonne vie et de bonnes
mœurs, sain d’esprit et de bonne moralité et justifier
d’investissements importants s’il est commerçant ou industriel.
- La réintégration : il s’agit de la restitution de la qualité de
burkinabé à l’étranger qui avait cette qualité à un certain moment
mais l’avait perdue. La procédure est identique à celle de la
naturalisation.
*La perte et la déchéance : la nationalité burkinabé se perd par la
répudiation. Par la répudiation, l’individu décide de renoncer
volontairement à sa qualité de burkinabé. Ainsi le burkinabé qui
a épousé un étranger peut par déclaration renoncer à sa
nationalité. Par la déchéance l’autorité publique décide de retirer
24
la nationalité à une personne à titre de sanction. Ainsi la
personne qui a acquis la nationalité burkinabé peut en être
déchue quand elle s’est livrée au profit d’un Etat étranger à des
actes incompatibles avec la qualité de burkinabé et préjudiciables
aux intérêts du Burkina.
I – 3 La capacité juridique
Elle est l’aptitude à avoir des droits (capacité de jouissance) et à
les exercer soi-même (capacité d’exercice).L’incapacité est
l’inaptitude d’une personne à jouir des droits (incapacité de
jouissance) ou à les exercer (incapacité d’exercice).L’incapacité de
jouissance est toujours partielle car il est inconcevable de priver
une personne de la jouissance de tous les droits. L’incapacité
d’exercice peut être générale (cas du mineur non émancipé) ou
spéciale (cas du majeur en curatelle).Le mineur est la personne
qui n’a pas encore les vingt ans .L’émancipation peut s’obtenir à
dix-huit ans et exceptionnellement à seize ans. La protection du
mineur non émancipé se fait par la tutelle qui est un régime
représentation. La protection du majeur incapable(les aliénés, les
faibles d’esprit et les prodigues) s’effectue par la tutelle (pour les
aliénés et les faibles d’esprit) et par la curatelle (pour les
prodigues).La curatelle est un régime d’assistance.

II – Les personnes morales


La personne morale est un groupement de personnes ou une
masse de biens constituée de façon autonome et doté de la
personnalité juridique. Elle poursuit un intérêt général ou
particulier, un but lucratif ou non lucratif. Elle est une
abstraction et non une fiction, une construction juridique et non
biologique.
II – 1 Classification
On distingue deux catégories de personnes morales : les
personnes morales de droit public et les personnes morales de
droit privé.
II – 1 – 1 Les personnes morales de droit public
Ces personnes morales sont créées par l’autorité publique et
fonctionnent conformément aux règles du droit public. Elles ont

25
pour finalité la protection de l’intérêt général. Il s’agit de l’Etat et
de ses démembrements.
*L’Etat
Il existe plusieurs définitions possibles de la notion de l’Etat.
L’Etat peut être défini comme la personne morale dotée de la
souveraineté. Il peut être défini également comme un groupement
humain établi sur un territoire donné et soumis à l’autorité
exclusive d’un gouvernement. L’existence de l’Etat implique la
réunion de trois éléments matériels : une population (donnée
démographique), un territoire (donnée géographique) et un
gouvernement (donnée politique).Il existe des Etats simples et des
Etats composés. L’Etat veille à la satisfaction de l’intérêt général.

*Les démembrements de l’Etat


Les collectivités territoriales ou locales et les établissements
publics sont les démembrements de l’Etat.
Les collectivités territoriales sont des subdivisions du territoire
national dotées de la personnalité juridique et de l’autonomie
financière et chargées de gérer les affaires locales. Il s’agit de la
région et de la commune. Contrairement aux collectivités
territoriales, les circonscriptions administratives (régions,
provinces, départements) n’ont pas de personnalité juridique. Les
collectivités locales résultent de la décentralisation territoriale
contrairement aux circonscriptions administratives qui résultent
de la déconcentration.
Les établissements publics
Ils sont des organismes spécialisés de droit public chargés
d’exercer à la place de l’Etat ou de ses démembrements une
activité de service public dans le cadre limité de leur spécialité. Ils
jouissent de la personnalité juridique et de l’autonomie
financière .Ils résultent de la décentralisation fonctionnelle ou
technique. Il existe plusieurs catégories d’établissements publics.
II – 1 – 2 Les personnes morales de droit privé
Elles sont créées par des particuliers ou par des particuliers
conjointement avec l’autorité publique. Elles fonctionnent
conformément aux règles du droit privé et leur finalité est la
protection de l’intérêt particulier. Il s’agit essentiellement des
26
sociétés, des associations, des groupements d’intérêt économique
et des fondations.
*Les sociétés
La société est une personne morale créée généralement par deux
ou plusieurs personnes qui conviennent par un contrat d’affecter
à une activité des biens en nature ou en numéraire dans le but de
partager le bénéfice ou de profiter de l’économie qui pourra en
résulter. Ces personnes s’engagent également à contribuer aux
éventuelles pertes. La société poursuit donc un but lucratif : la
recherche d’un gain et son partage entre ses membres. Il existe
des sociétés commerciales et des sociétés non commerciales ou
sociétés civiles. La capacité juridique de la société est limitée par
son objet social.
*Les associations
L’association est un regroupement de personnes poursuivant un
but non lucratif. Elle peut poursuivre un but culturel, sportif,
artistique, politique, professionnel, confessionnel….

*Les fondations
La fondation est une masse de biens affectés par une personne à
une œuvre humanitaire. En tant que masse de biens, la fondation
n’a pas de membres. Ex. : Fondation Raoul Follereau.
*Les groupements d’intérêt économique
Le groupement d’intérêt économique est un groupement qui a
pour but de mettre en œuvre pour une durée déterminée tous les
moyens propres à faciliter ou à développer l’activité économique
de ses membres ,à améliorer ou à accroitre les résultats de cette
activité. Il est un instrument de collaboration entre des
entreprises préexistantes. Il se place à la limite entre société et
association.
II – 2 L’existence de la personne morale
II – 2 – 1 Le début
L’existence de la personne morale suppose l’accomplissement de
certaines formalités étant donné que la personne morale est une
abstraction c’est- à - dire une construction juridique et non une
construction biologique. La personne morale doit avoir des
statuts. La personnalité morale de la société et du groupement
27
d’intérêt économique commence à partir de leur immatriculation
au registre du commerce et du crédit mobilier tenu par le greffe
du tribunal de grande instance ; celle de l’association commence
à partir de la déclaration d’existence formulée auprès de l’autorité
administrative compétente. Une personne morale créée mais qui
n’a pas été soumise à ces formalités ne peut donc accéder à la vie
juridique. La création de la personne morale est souvent
accompagnée de mesure de publicité.
II – 2 – 2 La durée de vie
Généralement les personnes morales ont une durée de vie
programmée dans leurs statuts .Cette durée est librement fixée
par ses membres, mais ne doit pas excéder quatre-vingt-dix-neuf
(99) ans. A l’expiration du terme prévu, cette durée pourra être
prorogée. La durée de vie des personnes morales de droit public
n’est pas limitée en général.
II – 2 – 3 La fin
La dissolution marque la fin (la mort) de la personne morale. Elle
peut être volontaire (quand les membres de la personne morale
décident de dissoudre cette personne pour motif légitime),
statutaire (quand des causes de dissolution prévues aux statuts
se réalisent) ou judiciaire (quand elle est prononcée par l’autorité
judiciaire pour motif légitime).Sauf disposition contraire de la loi,
des statuts, des actes de fondation ou de ceux des organes
compétents, les biens de la personne morale dissoute sont
dévolus à l’Etat. La dévolution au profit de l’Etat s’effectue,
nonobstant toute autre disposition si la personne morale est
dissoute judiciairement pour but illicite ou immoral.
II – 3 Régime juridique
II – 3 – 1 Identification
La personne morale peut être identifiée par un nom, un domicile
et une nationalité. La dénomination sociale est le nom des
sociétés et des groupements d’intérêt économique et le titre celui
des associations. Ce nom figure dans les statuts de la personne
morale et il est protégé des usurpateurs à travers l’action en
concurrence déloyale exercée devant la juridiction compétente.
Le siège social est le domicile de la personne morale et correspond
généralement au siège principal de ses opérations. Il est précisé
28
dans ses statuts. Les organes assurant la direction et
l’administration de la personne morale résident généralement en
ce lieu.
La nationalité permet de déterminer le droit applicable à la
personne morale .Elle est généralement la nationalité du pays où
se situe son siège social.
II – 3 – 2 Le patrimoine et la capacité
En tant que sujet de droit, la personne morale a un patrimoine
propre car distinct de celui de ses membres. Ce patrimoine est
constitué d’un actif et d’un passif .La personne morale doit
répondre de son passif (dettes ou obligations) sur son actif (biens
ou droits) en principe.
La volonté de la personne morale s’exprime par ses organes. La
désignation et les attributions de ces organes sont prévues dans
ses statuts. La personne morale jouit d’un certain nombre de
droits et peut les exercer .Elle est cependant limitée par le
principe de spécialité car elle ne peut jouir et exercer à titre
professionnel que des droits se rapportant à son objet social
prévu dans ses statuts.

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29
CH II CLASSIFICATION DES DROITS SUBJECTIFS
A partir de la notion de patrimoine, on peut classer les droits
subjectifs en deux grandes catégories : les droits patrimoniaux et
les droits extrapatrimoniaux.
I – La notion de patrimoine
Le patrimoine est l’ensemble des biens ou droits et des obligations
ou dettes actuels et futurs à caractère économique appartenant à
un sujet de droit. Il est constitué d’un actif (biens ou droits) et
d’un passif (dettes ou obligations).Il s’identifie donc à la
représentation économique du sujet de droit. Le patrimoine a les
caractères suivants :
*Il est inhérent à tout sujet de droit : seuls les sujets de droit ont
un patrimoine et tout sujet de droit a un patrimoine. Le
patrimoine est donc inséparable de la personnalité juridique.
Même vide le patrimoine existe car il est considéré comme un
contenant et un contenu en même temps.
*Le patrimoine est unique : le sujet de droit ne peut avoir deux
patrimoines distincts .Les nouvelles acquisitions viennent
augmenter la valeur du patrimoine et les nouvelles obligations
viennent la diminuer. Néanmoins, une personne peut affecter une
partie de son patrimoine à une activité précise.
*Le patrimoine est indivisible : le patrimoine est une unité
juridique constituée d’un actif et d’un passif indissociables. On ne
se saurait exclure un élément de l’autre. Aussi le débiteur devra-
t-il répondre de ses obligations sur tous ses biens en principe.
*Le patrimoine est inaliénable : nul ne peut céder son patrimoine
de son vivant. C’est à la mort du sujet de droit que son
patrimoine intégrera celui de ses ayants droits. Le sujet de droit
peut cependant de son vivant aliéner certains éléments de son
patrimoine mais pas la totalité.

II –Typologie
Les droits subjectifs se subdivisent en deux grandes catégories :
les droits patrimoniaux et les droits extrapatrimoniaux.
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II – 1 Les droits patrimoniaux
Ils sont des droits qui ont une valeur pécuniaire c’est-à-dire des
droits qui ont une valeur économique. Ils peuvent donc faire
l’objet d’un commerce juridique car ayant une valeur d’échange.
De ce fait, les droits patrimoniaux sont cessibles entre vifs,
transmissibles, prescriptibles et saisissables. Les droits
patrimoniaux se classent en trois grandes catégories : les droits
réels, les droits personnels et droits intellectuels.
II – 1 – 1 Les droits réels (jus in rem)
Le droit réel est un droit qui s’exerce directement sur une chose
et qui confère à son titulaire des prérogatives plus ou moins
étendues sur la chose objet de ce droit. Dans sa structure, le
droit réel comporte deux éléments : un sujet actif de droit(le
titulaire de ce droit) et une chose (objet de ce droit).Les droits
réels sont opposables à tous, donc ils sont des droits absolus. Le
droit réel confère à son titulaire le droit de suite et le droit de
préférence.
Le droit de suite : les prérogatives du titulaire du droit réel vont
s’exercer sur la chose objet de son droit en quelques mains et
lieux que ce soit.
Le droit de préférence : le titulaire du droit réel va primer sur la
chose objet de son droit toute autre personne qui ne détiendrait
pas sur cette chose un droit réel plus favorable.
Les droits réels se classent en deux groupes : les droits réels
principaux et les droits réels accessoires :
*Les droits réels principaux : il s’agit du droit de propriété et de
ses démembrements.
-Le droit de propriété est le droit de jouir et de disposer des
choses de la manière la plus absolue pourvu qu’on n’en fasse pas
un usage prohibé par les lois et les règlements. Il confère à son
titulaire les prérogatives suivantes : l’usus(le droit d’user de la
chose), le fructus(le droit de percevoir les fruits de la chose) et
l’abusus(le droit de disposer matériellement et juridiquement de
la chose).Le droit de propriété est donc le droit réel le plus
complet possible. Il est un droit exclusif (le propriétaire est seul
maitre de la chose) et absolu (le propriétaire peut exercer sur la
chose les pouvoirs les plus étendus possibles).
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-Les démembrements du droit de propriété : il s’agit de l’usufruit
et de la servitude.
L’usufruit est le démembrement du droit de propriété qui confère
à son titulaire, l’usufruitier, le droit d’utiliser la chose (usus) et
d’en percevoir les fruits (fructus) mais non celui d’en disposer
(abusus) qui appartient au nu propriétaire (propriétaire de la
chose objet du droit de propriété).Il est donc le droit d’user et de
jouir des fruits d’une chose dont la propriété appartient à une
autre personne, à charge d’en conserver la substance. L’usufruit
est un droit viager.
La servitude est une charge imposée à un immeuble bâti ou non
bâti appelé fonds servant pour l’usage et l’utilité d’un autre
immeuble appelé fonds dominant appartenant à un propriétaire
différent. Ex. : la servitude de passage établie sur le fonds
enclavant ou profit du fonds enclavé.
*Les droits réels accessoires : ils accompagnent un droit de
créance pour garantir son paiement On les appelle les suretés. Ils
n’ont pas d’existence indépendante. Il s’agit du gage et de
l’hypothèque. Le gage est un contrat par lequel le constituant
accorde à un créancier le droit de se faire payer par préférence
sur un bien meuble corporel ou un ensemble de biens meubles
corporels présents ou futurs. Le bénéficiaire de ce droit est le
créancier gagiste. L’hypothèque est l’affectation d’un immeuble
déterminé ou déterminable appartenant au constituant en
garantie d’une ou plusieurs créances présentes ou futures à
condition qu’elles soient déterminées ou déterminables. Le
bénéficiaire de ce droit est le créancier hypothécaire.
II – 1 – 2 Les droits personnels (jus in personam)
Le droit personnel ou droit de créance est le droit qui permet à
une personne appelée créancier d’exiger d’une autre dénommée
débiteur et sous la contrainte éventuelle de l’autorité publique
l’accomplissement d’une prestation. Dans sa structure, le droit
personnel comprend un sujet actif de droit(le créancier),un sujet
passif de droit(le débiteur) et une prestation(l’objet de ce droit).Le
droit personnel résulte d’un acte ou d’un fait juridique. Il ne
confère ni droit de suite ni droit de préférence. Il est une créance
pour le sujet actif mais une obligation pour le sujet passif.
32
Les droits personnels correspondent aux obligations imposées au
débiteur et ils sont de plusieurs catégories :
*L’obligation de donner : le débiteur s’engage à transférer au
créancier un droit réel sur une chose lui appartenant.
*L’obligation de faire : le débiteur s’engage à accomplir un fait
positif au profit de son créancier.
*L’obligation de ne pas faire : le débiteur s’engage à s’abstenir
d’un fait au profit de son créancier.
*L’obligation en nature : la prestation du débiteur n’est pas
directement évaluée en unité monétaire.
*Les obligations en argent : le débiteur s’engage à transférer à son
créancier une somme d’argent déterminée.
*L’obligation de moyen : le débiteur s’engage à faire tout ce qui lui
est possible pour atteindre un résultat fixé à l’avance au profit de
son créancier ; dès lors que le résultat n’est pas atteint, le
créancier devra prouver la faute du débiteur pour pouvoir engager
la responsabilité de ce dernier.
*L’obligation de résultat : le débiteur s’oblige à atteindre un
résultat fixé à l’avance au profit de son créancier et il est tenu de
l’atteindre ; dès lors que ce résultat n’est pas atteint, le débiteur
est présumé fautif et sa responsabilité engagée à moins qu’il
prouve qu’il n’est pas fautif.
II – 1 – 3 Les droits intellectuels
Les droits intellectuels ou droit de la propriété incorporelle sont
des droits qui portent sur des choses immatérielles et qui
confèrent à leur titulaire un monopole d’exploitation d’une œuvre
de l’esprit .Ce monopole est protégé par la loi. Ces droits ont une
valeur économique et sont cessibles, transmissibles, saisissables
et prescriptibles. Ils ont également une valeur morale. Il s’agit
essentiellement de la propriété littéraire et artistique (droit
d’auteur) et de la propriété industrielle et commerciale (brevets
d’invention, les marques de fabrique ou de commerce, les dessins
et modèles).
II – 2 Les droits extra patrimoniaux
Les droits extra patrimoniaux sont des droits qui n’ont pas
directement une valeur pécuniaire car n’étant pas susceptibles de
faire l’objet d’un commerce juridique. Ils sont inhérents à la
33
personne humaine et la protègent. Ils se situent donc en dehors
du patrimoine. N’ayant pas de valeur économique, ces droits sont
incessibles, insaisissables, intransmissibles et imprescriptibles.
On peut les classer en deux grandes catégories :
II – 2 - 1 Les droits publics extra patrimoniaux ou droits de
l’homme
Ils sont des prérogatives reconnues à toute personne dans ses
rapports avec l’Etat et ces prérogatives sont également opposables
aux personnes privées. Ces droits sont garantis par la
constitution, les textes internationaux et les lois. Il s’agit des
droits politiques ou civiques (ex. droit de vote) des libertés
publiques (liberté de croyance, liberté de réunion, liberté
syndicale…)
II – 2 – 2 Les droits privés extra patrimoniaux
Ils sont des prérogatives reconnues à toute personne dans ses
rapports avec les autres personnes ; ces prérogatives sont
également opposables à l’Etat. Il s’agit des droits familiaux et des
droits de la personnalité. Les droits familiaux sont des droits
résultant du mariage (obligation de secours, d’assistance, de
fidélité, de cohabitation…) et de la parenté (obligation de
surveillance, d’éducation, administration légale des biens du
mineur…). Les droits de la personnalité sont des droits inhérents
à la personne humaine et sont reconnus à tout individu du seul
fait qu’il est un être humain. Ex. : le droit au nom, le droit à
l’intégrité physique, le droit à l’honneur, le droit au respect de sa
vie privée, le droit à la vie.
La violation des droits extra patrimoniaux peut entrainer des
sanctions civiles et même pénales Une réparation du préjudice
en argent est aussi possible quand bien même ces droits n’ont
pas de valeur monétaire en eux-mêmes.

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CH III CLASSIFICATION DES BIENS
Le bien est une chose qui a une valeur économique et qui est
susceptible d’être la propriété d’une personne .Il est donc tout
droit subjectif patrimonial, toute chose objet d’un droit réel. En
principe le bien est une chose mais il existe cependant des choses
qui ne peuvent être considérées comme biens. Il existe plusieurs
classifications possibles des biens.
I – Les biens meubles et immeubles
I – 1 Les biens meubles ou mobiliers
On peut les classer en trois catégories :
*Les biens meubles par nature : ils sont des corps qui peuvent se
transporter d’un lieu à un autre soit qu’ils se meuvent par eux-
mêmes, soit qu’ils ne puissent changer de place que par l’effet
d’une force étrangère. Ils sont donc des biens qu’on peut déplacer
ou qui peuvent se déplacer. Ex. : les animaux vivants, les choses
inanimées.
*Les biens meubles par anticipation : ils sont des biens
immeubles qualifiés meubles avant qu’ils ne le soient en
réalité .Ex. le minerai non encore exploité ; les récoltes sur pieds.
*Les biens meubles par détermination de la loi : ils sont des droits
c’est-à-dire des biens incorporels portant sur des meubles. Ex. :
les actions et obligations d’une société anonyme, les créances de
somme d’argent.
I – 2 Les biens immeubles ou immobiliers
Ils se caractérisent par leur fixité au sol et se classent en trois
catégories :
*Les biens immeubles par nature : ils sont des choses immobiles.
Il s’agit donc du fonds de terre et de tout ce qui est fixé au sol et y
est attaché. Ils sont donc des biens matériels qui, en raison de
leur lien avec le sol ne peuvent être déplacés et se déplacer. Ex. :
les végétaux, le terrain.
*Les biens immeubles par destination : ils sont des biens meubles
par nature mais qui ont été affectés par leur propriétaire au
service d’un immeuble lui appartenant aussi pour faciliter son
exploitation. Ils sont donc des biens meubles accessoires d’un
bien immeuble. Le bien meuble et le bien immeuble doivent
appartenir à la même personne. On les reconnait par deux
35
critères : l’affectation à l’exploitation et l’attache à perpétuelle
demeure. Ex. : le mobilier d’un hôtel.
*Les biens immeubles par l’objet : ils sont des droits portant sur
un bien immeuble. Ex. : l’hypothèque.
II – Les biens corporels et les biens incorporels
II – 1 Les biens corporels : ils sont des choses qui ont une nature
physique c’est-à-dire des biens ayant une existence matérielle ;
ils sont perceptibles par les sens donc ils sont concrets, on peut
les voir et les toucher. Ex. : une table
II – 2 Les biens incorporels : ils sont des biens immatériels, des
biens abstraits c’est-à-dire des biens qui ne tiennent leur
existence rien que de la construction juridique. Ex. : la clientèle,
le droit d’usufruit.
III – Les biens consomptibles et les biens non consomptibles
III – 1 Les biens consomptibles : ils sont des biens qui ne se
prêtent pas à un usage répété car leur première utilisation
provoque leur destruction physique ou matérielle. Ex. : les
denrées alimentaires, l’argent.
III – 2 Les biens non consomptibles : ils sont des biens qui ne se
détruisent pas en principe à leur premier usage ; on peut donc les
utiliser à plusieurs reprises à priori. Ex. : les effets
vestimentaires.
IV – Les biens fongibles et les biens non fongibles
IV – 1 Les biens fongibles : ils sont des biens qui peuvent être
remplacés invariablement par d’autres biens semblables ; ils sont
donc interchangeables et sont fabriqués en séries. On les appelle
aussi choses de genre. Ex. : les billets de banque, les pièces
détachées d’un véhicule.
IV – 2 Les biens non fongibles : ils sont des biens ayant une
certaine spécificité et par conséquent ne peuvent être remplacés
invariablement par d’autres biens semblables. Ils sont donc
uniques. On les appelle aussi des corps certains. Ex. : un
tableau d’artiste, une bague « magique ».

V – Les biens frugifères et les biens non frugifères

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V – 1 Le bien frugifère : il est celui qui procure des fruits (revenus,
produits) à son propriétaire. Ex. : un bâtiment loué, un capital
placé en banque, une poule pondeuse.
V – 2 Le bien non frugifère : il est un bien qui ne produit pas de
revenus à son propriétaire. Ex. : un capital non placé.
VI – Les biens dans le commerce et les biens hors commerce
VI – 1 Les biens dans le commerce sont des biens susceptibles
d’appropriation et dont l’aliénation est autorisée par la loi. Ex. :
un véhicule
VI – 2 Les biens hors commerce sont des biens susceptibles
d’appropriation mais dont le commerce est prohibé par la loi.
Ex. : la drogue
VII – Les choses appropriées et les choses sans propriétaire
VII – 1 Les choses appropriées sont des choses qui ont un
propriétaire.
VII – 2 Les choses sans propriétaire sont des plusieurs
catégories :
*Les choses communes (res communes) : elles sont des choses se
prêtant à l’usage de tout le monde et sur lesquelles personne ne
peut revendiquer un droit de propriété. Elles ne sont pas des
biens. Ex. : l’air naturel, la pluie.
*Les choses sans maitre : elles sont des choses appropriables
mais pas encore appropriées. Elles sont les suivantes :
-les res nullius (choses de personne) : elles sont des choses qui
n’ont jamais eu de maitre mais qui peuvent être appropriées. Ex. :
les animaux sauvages.
-les res derelictae : elles sont des choses volontairement
abandonnées par leur propriétaire.
-les épaves : elles sont des choses perdues mais dont le
propriétaire n’entend pas abandonner.
-les trésors : ils sont des choses cachées ou enfouies sur
lesquelles personne ne peut justifier d’un droit de propriété et qui
sont découvertes par le pur fait du hasard.

****************************************************************
37
CH IV ORGANISATION JUDICIAIRE AU BURKINA FASO
I – Les grands principes
*le principe de la séparation des pouvoirs
Le pouvoir judiciaire est autonome et par conséquent le pouvoir
judiciaire ne peut empiéter sur les prérogatives des pouvoirs
exécutif et législatif. De même les pouvoirs législatif et exécutif ne
peuvent empiéter sur les prérogatives du judiciaire. Ce principe
consacre l’indépendance du juge.
*le principe de l’égalité devant la justice
Tous les citoyens sont égaux devant la justice et peuvent plaider
leurs causes devant les mêmes juridictions et selon les mêmes
règles de procédure sans aucune discrimination .Il n’y a donc
plus de privilège de juridiction.
*le principe de la gratuité de la justice
Les justiciables n’ont pas à payer le juge pour avoir dit le
droit .Celui-ci est déjà rétribué par l’Etat. Ils doivent cependant
s’acquitter des honoraires des avocats à qui ils ont eu recours.
*le principe de la continuité de la justice
Etant un service public, le service judiciaire fonctionne en
continu, sans interruption sauf en principe les dimanches et
jours fériés et durant les vacances judiciaires .Mais en cas
d’urgence il peut même fonctionner durant lesdits jours.
*le principe de la collégialité
Les décisions judiciaires sont rendues en formation collégiale et
par trois juges au moins sauf disposition spéciale. Cela permet
d’avoir une justice mieux éclairée en raison de la pluralité des
avis.
*le principe du double degré de juridictions
En vertu de ce principe le justiciable insatisfait à l’issu de la
décision judiciaire rendue par la juridiction de premier ressort a
la possibilité de s’adresser à la juridiction de second ressort pour
qu’il soit à nouveau statué sur son affaire .Cela traduit une
garantie de meilleure justice .
*le principe de la séparation en matière pénale
38
En matière pénale, le procès connait trois phases confiées à des
autorités différentes : la poursuite est effectuée par le procureur
du Faso, l’instruction appartient au juge d’instruction et le
jugement revient à la juridiction de jugement.
II – Les différentes juridictions
II– 1 Classifications des juridictions
Il existe plusieurs classifications possibles des juridictions
*les juridictions judiciaires et les juridictions administratives
Les juridictions judiciaires tranchent les litiges entre particuliers
et statuent sur les infractions pénales tandis que les juridictions
administratives tranchent les litiges dans lesquels sont impliqués
l’Etat et l’administration publique.
*les juridictions judiciaires civiles et juridictions judiciaires
répressives
Les juridictions civiles connaissent des litiges entre particuliers
tandis que les juridictions répressives ou pénales connaissent des
infractions pénales et prononcent des peines contre ceux qui
enfreignent la loi pénale.
*les juridictions de droit commun et juridictions d’exception
Les juridictions civiles sont de deux catégories : les juridictions de
droit commun et les juridictions d’exception. Les juridictions de
droit commun sont compétentes pour connaitre de toutes les
affaires sauf celles qui ont été expressément attribuées par la loi à
une juridiction d’exception. Par contre juridictions d’exception
sont celles dont la compétence est strictement déterminée par la
loi.
*les juridictions de premier ressort et les juridictions de second
ressort ou d’appel
Les juridictions de premier ressort sont celles qui ont compétence
pour connaitre pour la toute première fois d’une affaire en
justice ; par contre la juridiction de second ressort ou juridiction
d’appel est celle compétente pour connaitre d’une affaire pour la
deuxième fois en justice au cas où le justiciable serait insatisfait
au premier ressort.
*les juridictions de cassation
Elles se placent au sommet de la hiérarchie judiciaire .Elles se
prononcent sur la conformité de la décision judiciaire par rapport
39
à la règle de droit et par conséquent sont des juges du droit.
Elles rendent soit des arrêts de rejet pour confirmer la décision
attaquée soit des arrêts de cassation pour infirmer la décision
querellée. Elles ne jugent donc pas à nouveau une affaire .Il s’agit
essentiellement de la cour de cassation et du conseil d’Etat.
II– 2 Composition et attributions des juridictions
II– 2 – 1 Les juridictions de premier ressort
II– 2 – 1 – 1 Le tribunal départemental ou le tribunal
d’arrondissement
Le tribunal départemental est institué au siège du chef-lieu de
chaque département du Burkina Faso (préfecture) et le tribunal
d’arrondissement au siège de chaque arrondissement des
communes de Ouagadougou et Bobo Dioulasso (arrondissement).
*Composition
Cette juridiction comprend : un président (généralement le préfet
du département ou le maire de l’arrondissement) et un suppléant,
deux assesseurs titulaires et deux suppléants, un secrétaire et un
suppléant.
*Attributions et compétences
Il est compétent pour connaitre
-de toutes les situations non contentieuses relevant de l’état des
personnes : jugements déclaratifs d’état ou supplétifs d’acte de
naissance, de mariage, de décès ; certificat d’hérédité, de tutelle
et d’individualité.
-des litiges en matière civile et commerciale dont le taux évalué en
argent ne dépasse pas 100 000f CFA
-des différends civils relatifs à la divagation des animaux,
dévastation des champs, de récoltes sur pied ou engrangées, bris
de clôture quand le montant de la réclamation n’excède pas
100 000f CFA.
NB : les jugements rendus par le tribunal départemental ou le
tribunal d’arrondissement peuvent faire l’objet d’un appel devant
le tribunal d’instance.
II– 2 – 1 – 2 Le tribunal d’instance
Cette juridiction est créée au siège de chaque tribunal de grande
instance.
*Composition
40
Il comprend un président, un représentant du ministère public et
un greffier en chef.
*Compétences et attributions
Il connait à charge d’appel de tous les litiges en matière civile et
commerciale dont le taux évalué en argent est supérieur à
100 000 F CFA sans excéder 1 000 000 F CFA ;
En matière pénale il connait de toutes les contraventions.
NB : les jugements de cette juridiction peuvent faire l’objet d’un
appel devant la cour d’appel (chambre civile, commerciale ou
correctionnelle). Le tribunal d’instance est également la
juridiction d’appel des jugements rendus par les tribunaux
départementaux et les tribunaux d’arrondissement en toutes
matières. Le jugement ainsi rendu ne peut que faire l’objet d’un
pourvoi en cassation devant la cour de cassation.
II– 2 – 1 – 3 Le tribunal de grande instance
* Composition
Sur le plan humain il comprend un président, un vice-président ,
de présidents de chambre ,de juges d’instruction ,de juges ,d’un
procureur du Faso et de substituts ,d’un greffier en chef et de
greffiers .Sur le plan organique il comprend trois chambres
spécialisées :une chambre civile ,une chambre commerciale et
une chambre correctionnelle .
*Attributions et compétences
**la chambre civile
Elle est compétente pour connaitre de toute affaire civile pour
laquelle compétence n’est pas expressément attribuée par la loi à
une autre juridiction. Elle est compétente exclusivement pour les
affaires suivantes :
-l’état des personnes : mariage, divorce, séparation de corps,
filiation, adoption, absence, disparition, contestation sur la
nationalité ;
-la rectification des actes d’état civil ;
-les régimes matrimoniaux ;
-les successions ;
-les réclamations civiles dont le montant du principal excède
1 000 000 f CFA
-les actions en matière immobilière ;
41
-les actions en matière de droit d’auteur et de propriété
industrielle (brevet d’invention, marque de fabrique, appellation
d’origine) ;
-les actions intentées par ou contre les officiers ministériels en
règlement de leurs frais.
**la chambre commerciale
Elle a la même compétence d’attribution que celle des tribunaux
de commerce. Elle joue le rôle dévolu au tribunal de commerce
dans les localités ou ce tribunal n’est pas encore fonctionnel.
**la chambre correctionnelle
Elle est compétente pour connaitre des infractions pénales
qualifiées délits .Elle est une juridiction répressive, une
juridiction de jugement.
NB : Le juge d’instruction constitue la juridiction d’instruction au
premier degré en matière pénale .Le président du TGI dispose
d’attributions juridictionnelles propres car en cas d’urgence il
peut rendre des ordonnances de référé en prenant toutes les
mesures qui ne se heurtent à aucune contestation sérieuse et des
ordonnances sur requête en prenant des mesures urgentes ne
nécessitant pas une procédure contradictoire .
Les jugements rendus par le tribunal de grande instance sont
susceptibles de faire l’objet d’un appel devant la cour d’appel
(chambre civile, commerciale ou correctionnelle)
II– 2 – 1 – 4 Le tribunal du travail
*Composition
Il comprend un président, de juges, d’assesseurs employeurs et
travailleurs, d’un greffier en chef de greffiers et de secrétaires de
greffe.
*Compétence
Le tribunal du travail est compétent pour connaitre des différends
individuels pouvant s’élever entre les travailleurs, les stagiaires
et leurs employeurs, les apprentis et leurs maitres à l’occasion de
l’exécution de leurs contrats .Il est compétent pour connaitre
également :
-des litiges nés de l’application du régime de sécurité sociale ;
-des différends individuels relatifs à l’application des conventions
collectives de travail et aux arrêtés en tenant lieu ;
42
-des différends nés entre travailleurs à l’occasion du contrat de
travail ainsi qu’aux actions directes des travailleurs contre
l’entrepreneur ;
-des différends nés entre travailleurs et employeurs à l’occasion
du travail ;
-des différends nés entre les institutions de prévoyance sociale et
leurs assujettis ;
-des actions récursoires des entrepreneurs contre les sous-
traitants.
NB : La saisine du tribunal du travail nécessite une tentative
infructueuse de règlement amiable du différend au niveau de
l’inspecteur du travail. Le jugement rendu par le tribunal du
travail n’est susceptible d’appel devant la cour d’appel (chambre
sociale) que lorsque le montant de la réclamation excède 200 000f
CFA ; dans le cas contraire le jugement est rendu en premier et
dernier ressort et ne peut que faire l’objet d’un pourvoi en
cassation devant la cour de cassation (chambre sociale).

II– 2 – 1 - 5 Le tribunal de commerce


Cette juridiction est créée dans le ressort de chaque tribunal de
grande instance.
*Composition
Sur le plan humain, le tribunal de commerce comprend un
président, un ou plusieurs vices présidents, de juges, de juges
consulaires titulaires et suppléants, un représentant du ministère
public, un greffier en chef et de greffiers.
*Compétences et attributions
Le tribunal de commerce est compétent pour connaitre :
-des contestations relatives aux engagements et transactions
entre commerçants, entre établissements de crédit, ou entre
commerçants et établissements de crédit et dont le taux évalué en
argent excède 1 000 000 F CFA ;
-des contestations relatives aux sociétés commerciales ;
-des contestations relatives aux actes et effets de commerce entre
toutes personnes ;
-des procédures collectives d’apurement du passif ;

43
-des contestations entre associés pour raison d’une société de
commerce ou d’un groupement d’intérêt économique.
Les jugements du tribunal de commerce peuvent faire l’objet d’un
appel devant la cour d’appel (chambre commerciale).
II – 2 – 1 – 6 Le tribunal administratif
*Composition
Il comprend un président, un commissaire du gouvernement et
un greffier.
*Attributions et compétences
Il connait du contentieux administratif ; le tribunal administratif
connait des recours en interprétation et en appréciation de la
légalité des actes administratifs, des recours en annulation des
règlements et des actes des diverses autorités administratives
pour excès de pouvoir ou violation de certaines formalités ; il
connait également du contrôle de la régularité et de la
transparence des élections locales. Certaines décisions du
tribunal administratif sont susceptibles de faire l’objet d’un appel
et d’autres d’un pourvoi en cassation devant le conseil d’Etat.
II– 2 – 1 – 7 Le juge des enfants
Il est institué au siège de chaque tribunal de grande instance.
*Composition
La juridiction du juge des enfants comprend un président, un
représentant du ministère public, un greffier en chef et de
greffiers.
*Compétences et attributions
Le juge des enfants est compétent pour connaitre des
contraventions et des délits commis par des mineurs âgés de
moins de 18ans ; il est également compétent pour ordonner toute
mesure utile quand le mineur âgé de moins de 18 ans est en
danger .Il instruit les crimes commis par ces mineurs. Les
décisions rendues par le juge des enfants peuvent faire l’objet
d’un appel devant le tribunal pour enfants.
II– 2 – 1 – 8 Le tribunal militaire
Il est une juridiction répressive d’exception.
*Composition
Le tribunal militaire comprend un président (juge militaire ou de
l’ordre judiciaire), trois juges militaires non professionnels, un
44
magistrat de l’ordre judiciaire, un commissaire du gouvernement,
un service du greffe.
*Compétences et attributions
En temps de paix ce tribunal connait des infractions pénales de
droit commun commises par les militaires et assimilés dans les
établissements ou services militaires ainsi que des infractions
purement militaires telles que la désertion.
En temps de guerre il connait des infractions commises par les
prisonniers de guerre, des infractions à la législation sur les
armes et de toute infraction dans laquelle se trouve impliqué un
militaire ou assimilé.
En période d’état de siège et d’état d’urgence il connait des
infractions à ces états.
Les décisions de ce tribunal autres que celles rendues par défaut
ou par contumace ne peuvent faire l’objet que d’un pourvoi en
cassation devant la cour de cassation.
II– 2 – 1 – 9 La haute cour de justice
Elle est compétente pour juger les personnalités politiques.
*Composition
Elle comprend des députés de l’assemblée nationale élus à cet
effet et de magistrats désignés par le président de la cour de
cassation .Elle élit son président parmi ses membres.
*Compétence et attributions
Elle connait des actes commis par le président du Faso dans
l’exercice de ses fonctions et constitutifs de haute trahison,
d’attentat à la constitution ou de détournement de deniers
publics .La mise en accusation du président du Faso doit être
votée à la majorité des quatre cinquième (4/5) des voix des
députés de l’assemblée nationale.
Elle est également compétente pour juger les membres du
gouvernement en raison des faits qualifiés crimes ou délits
commis dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs
fonctions. Dans les autres cas ces personnes seront justiciables
devant les juridictions de droit commun et les autres
juridictions .La mise en accusation des membres du
gouvernement doit être votée à la majorité des deux tiers (2/3)
des voix des députés de l’assemblée nationale.
45
II– 2 – 2 Les juridictions de second degré ou les juridictions
d’appel
II – 2 – 2 - 1 La cour d’appel
Il existe deux cours d’appel au Burkina : une à Ouagadougou et
l’autre à Bobo .Elle est la juridiction de droit commun de second
degré.
*Composition
Sur le plan humain la cour d’appel comprend un président, un
vice-président, de présidents de chambre, de conseillers, un
procureur général, des avocats généraux et de substituts
généraux et d’un greffe.
Sur le plan organique elle comprend six chambres spécialisées :
une chambre civile, une chambre commerciale, une chambre
sociale, une chambre correctionnelle, une chambre d’accusation
et une chambre criminelle.
*Attributions et compétences
La cour d’appel est la juridiction d’appel des décisions rendues en
matière civile, commerciale correctionnelle et de simple police par
les tribunaux d’instance, les tribunaux de grande instance, les
tribunaux de commerce et en matière sociale par les tribunaux
du travail. En matière criminelle elle statue en premier et dernier
ressort.
La chambre d’accusation a pour fonction essentielle le contrôle
au second degré des actes d’instruction et des actes de juridiction
du juge d’instruction sur appel de l’inculpé ou du ministère
public. Elle instruit obligatoirement en second degré les crimes.
Elle exerce un contrôle sur les activités des officiers de police
judiciaire. Quand l’instruction est terminée, la chambre
d’accusation rend soit un arrêt de non-lieu (affaire terminée), soit
un arrêt de mise en accusation en cas de crime, soit un arrêt de
renvoi en cas de délit ou contravention. La chambre d’accusation
est une juridiction d’instruction.
La chambre criminelle est la juridiction de jugement en matière
criminelle sans charge d’appel. Elle est saisie par un arrêt de
mise en accusation de la chambre d’accusation. L’arrêt rendu par
la chambre criminelle peut faire l’objet d’un pourvoi en cassation
devant la cour de cassation.
46
II– 2 – 2 – 2 Le tribunal pour enfants
Cette juridiction est créée au siège de chaque cour d’appel.

*Composition
Le tribunal pour enfants comprend un président, deux juges,
deux assesseurs titulaires et deux suppléants, un représentant
du ministère public, un greffier en chef et de greffiers.
*Attributions et compétences
Le tribunal pour enfants est compétent pour connaitre en appel
des décisions rendues par le juge des enfants.
Il est compétent en premier et dernier ressort pour connaitre des
crimes commis par les mineurs de moins de 18 ans.
Les décisions rendues par le tribunal pour enfants peuvent faire
l’objet d’un pourvoi en cassation devant la cour de cassation.
II– 2 – 2 – 3 Le tribunal d’instance
Il est la juridiction d’appel des jugements rendus par les
tribunaux départementaux et les tribunaux d’arrondissement en
toute matière. La décision ainsi rendue peut faire l’objet d’un
pourvoi en cassation devant la cour de cassation.
II– 2 – 3 Les juridictions supérieures
Il s’agit de la cour de cassation, du conseil d’Etat, de la cour des
comptes et du conseil constitutionnel.
II– 2 – 3 – 1 La cour de cassation
Elle est la juridiction supérieure de l’ordre judiciaire .Il n’existe
qu’une seule cour de cassation au Burkina Faso .Elle siège à
Ouagadougou.
*Composition
Sur le plan humain elle comprend un premier président, des
présidents de chambre, des conseillers, un procureur général, un
premier avocat général, des avocats généraux, un greffier en chef
et des greffiers de chambre.
Sur le plan organique la cour de cassation comprend une
chambre civile, une chambre commerciale, une chambre sociale
et une chambre criminelle

*Compétences
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La cour de cassation est compétente pour statuer sur les pourvois
en cassation formés contre les arrêts et les jugements en dernier
ressort rendus par les juridictions de l’ordre judiciaire .Elle ne
statue qu’en droit c'est-à-dire qu’elle juge des décisions
judiciaires par rapport à leur conformité à la règle de droit .Elle
ne connait pas du fond des affaires .Elle rend soit des arrêts de
cassation pour infirmer la décision attaquée ,soit des arrêts de
rejet pour confirmer la décision attaquée .
La cour de cassation est également compétente pour connaitre
des demandes en révision en matière pénale, du règlement des
juges, des récusations, des contrariétés d’arrêts ou de jugements
en dernier ressort entre les mêmes parties sur les mêmes moyens
entre différentes juridictions, de toutes procédures pour
lesquelles la loi lui donne compétence.
II– 2 – 3 – 2 Le conseil d’Etat
Il est la juridiction supérieure de l’ordre administratif. Il siège à
Ouagadougou.
*Composition
Le conseil d’Etat comprend un président, des présidents de
chambre, de conseillers, un commissaire du gouvernement, un
greffier en chef et de greffiers.
Sur le plan organique il comprend une chambre du contentieux et
une chambre consultative.
*Attributions et compétences
Le conseil d’Etat est le juge d’appel des décisions rendues en
premier ressort par les tribunaux administratifs. Il statue sur les
pourvois en cassation formés contre les décisions rendues en
premier et dernier ressort, par les tribunaux administratifs et les
juridictions spécialisées. Il connait en premier et dernier ressort
des recours en annulation pour excès de pouvoir formés contre
les décrets, les actes administratifs dont le champ d’application
couvre le ressort de plus d’un tribunal administratif. Quand il
statue en premier et dernier ressort, sa décision peut faire l’objet
d’un pourvoi en cassation devant la formation en chambres
réunies. Il donne également des avis sur les projets de décrets et
autres actes administratifs .Il joue donc les rôles de juridiction de
base, de juridiction d’appel et de juridiction de cassation.
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II– 2 – 3 – 3 La cour des comptes
Elle est la juridiction supérieure de contrôle des finances
publiques.
*Composition
La cour des comptes comprend un président, de présidents de
chambre, de conseillers, un procureur général, de commissaires
du gouvernement, un greffier en chef et de greffiers.
Sur le plan organique elle comprend trois chambres spécialisées :
-une chambre chargée du contrôle des opérations de l’Etat ;
-une chambre chargée du contrôle des opérations des collectivités
territoriales ;
-une chambre chargée du contrôle des entreprises publiques, des
institutions de sécurité sociale, des projets de développement
financés sur ressources extérieurs et tout organisme soumis au
contrôle de la cour.
*Attributions
Elle statue sur les comptes des comptables publics, prononce des
condamnations à l’amende, sanctionne les fautes de gestion.
II– 2 – 3 – 4 Le conseil constitutionnel
*Composition
Le conseil constitutionnel comprend les anciens chefs de l’Etat du
Burkina ,3 magistrats nommés par le président du Faso sur
proposition du ministre de la justice ,3 personnalités nommées
par le président du Faso dont au moins un juriste, 3
personnalités nommées par le président de l’Assemblée nationale
dont au moins un juriste, 3 personnalités nommées par le
président du sénat dont au moins un juriste
*Attributions et compétences
Il statue sur la constitutionnalité des lois, des ordonnances et la
conformité des traités et accords internationaux avec la
constitution ; il interprète les dispositions de la constitution ; il
contrôle la régularité, la transparence et la sincérité du
référendum, des élections présidentielles, législatives et est juge
du contentieux électoral. Il proclame les résultats définitifs des
élections présidentielles, législatives et locales.

49
Les décisions du conseil constitutionnel ne sont susceptibles
d’aucun recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics et à
toutes les autorités administratives et juridictionnelles.
III– Les règles de compétence et les voies de recours
III – 1 Règles de compétence
La compétence d’une juridiction est l’aptitude de cette juridiction
à connaitre d’une affaire .On distingue la compétence matérielle
de la compétence territoriale.
*La compétence matérielle
La compétence matérielle ou compétence d’attribution ou encore
compétence ratione materiae permet de déterminer la juridiction
ayant qualité pour connaitre d’une affaire selon la nature même
de cette affaire et ou son importance en terme d’argent.
Ex : le tribunal d’instance est compétent pour connaitre des
affaires civiles dont le taux du principal évalué en argent excède
100 000 FCFA sans dépasser 1 000 000 FCFA.
*La compétence territoriale
La compétence territoriale ou compétence ratione loci permet de
déterminer parmi les juridictions matériellement compétentes
pour connaitre d’une affaire sur le territoire national celle qui
sera géographiquement saisie pour statuer.
En principe le tribunal territorialement compétent est le tribunal
du domicile du défendeur (la personne contre qui l’action est
intentée en justice).Il existe cependant des exceptions à ce
principe : ex : en matière réelle immobilière le tribunal compétent
est celui du lieu de situation de l’immeuble (lex rei sitae) ; en
matière de succession le tribunal compétent est celui du lieu de
son ouverture ; en matière délictuelle le tribunal du lieu du fait
dommageable est compétent.
NB : Les juridictions de droit commun ont une compétence de
principe c'est-à-dire quelles sont compétentes pour connaitre
d’une affaire sans qu’un texte spécial ne leur confère cette
compétence ; elles connaissent donc de toutes les affaires sauf
celles qui leur sont retirées par la loi. Les juridictions d’exception
n’ont pas de compétence de principe car elles ne sont
compétentes que pour connaitre des affaires qui leur ont été

50
expressément confiées par la loi ; leur compétence est strictement
définie par la loi. Ex : le tribunal militaire, le tribunal du travail.
III– 2 Les voies de recours
Elles sont des moyens mis à la disposition des plaideurs pour
leur permettre d’obtenir un nouvel examen du procès ou de faire
valoir les irrégularités observées dans le déroulement de la
procédure .On distingue deux catégories de voies de recours :les
voies ordinaires de recours et les voies extraordinaires de
recours .
III– 2 – 1 Les voies ordinaires de recours
Ces voies de recours ont un effet suspensif et un effet dévolutif .Il
s’agit de l’opposition et de l’appel.
*L’opposition : cette voie de recours permet à la partie défaillante
dans un jugement ou un arrêt rendu par défaut de demander à la
même juridiction ayant rendu la décision la rétractation de ladite
décision. Cette voie de recours remet en question devant le même
juge les points jugés par défaut pour qu’il soit à nouveau statué
en fait et en droit (effet dévolutif).Un jugement est rendu par
défaut quand l’assignation n’a pas été délivrée à personne et que
le défendeur n’a pas comparu.
Le délai imparti pour former opposition est de 15 jours à partir de
la signification de la décision. L’opposition est formée par
assignation signifiée par acte d’huissier à la partie adverse. La
personne qui se laisserait juger une seconde fois par défaut n’est
plus admis à former une nouvelle opposition.

*L’appel
Il est la voie de recours tendant à faire réformer ou annuler par
la juridiction d’appel les décisions rendues en premier ressort par
les juridictions de premier degré.
L’appel peut être interjeté par toute partie qui y a intérêt si elle
n’y a pas renoncé (la partie qui s’estimerait lésée). La partie qui
interjette appel est l’appelant et la partie adverse l’intimé.
Le délai d’appel est de 2 mois et court pour les jugements
contradictoires à compter du prononcé de la décision et pour les

51
jugements réputés contradictoires et par défaut à compter de la
notification de la décision.
III – 2 – 2 Les voies extraordinaires de recours
Il s’agit de la tierce opposition, du recours en révision et du
pourvoi en cassation.
*La tierce opposition
Cette voie de recours tend à faire rétracter un jugement qui
préjudicie aux droits d’une personne qui n’y a pas été partie. Elle
est ouverte à tous les tiers lorsque ni eux, ni leurs auteurs ou
ceux qu’ils représentent n’ont été appelés au procès. La tierce
opposition n’est soumise à aucun délai mais cesse d’être
recevable quand celui qui a intérêt à la former a exécuté le
jugement ou l’a ratifié implicitement. Le tiers opposant qui
succombe est condamné à une amende de 5000 à 50 000 francs
sans préjudice des dommages et intérêts s’il y a lieu.
*Le recours en révision
Il tend à faire rétracter une décision passée en force de chose
jugée pour qu’il soit à nouveau statué en fait et en droit .Il ne
peut être demandé que par les personnes qui ont été parties ou
représentées au jugement. Il n’est ouvert que dans des cas prévus
par la loi.
Ex : - quand il y a eu fraude de l’une des parties de nature à
avoir déterminé la conviction du juge ;
- Si depuis le jugement il a été recouvré des pièces décisives
qui avaient été retenues par le fait de l’une des parties.
Le délai est de 2 mois à compter du jour ou la partie a eu
connaissance de la cause de révision qu’elle invoque. Il est
introduit devant la même juridiction qui a rendu la décision
attaquée. Il est formé par citation.
*Le pourvoi en cassation
Cette voie de recours tend à faire annuler par la juridiction de
cassation les décisions juridictionnelles définitives en dernier
ressort rendues par les cours et tribunaux. Le pourvoi n’a pas
d’effet dévolutif.
Le pourvoi n’est ouvert qu’à ceux qui ont été parties au procès et
à leurs héritiers et successeurs .Le pourvoi n’est ouvert que dans
les cas suivants :
52
Violation, fausse interprétation ou fausse application de la loi ;
Excès de pouvoir et incompétence des juges du fond ;
Violation des formes prescrites par la loi, défaut, absence ou
insuffisance de motifs ;
Contrariété de jugements.
Le pourvoi ne peut être formé que dans les deux mois à compter
du prononcé de la décision contradictoire ; pour les décisions
rendues par défaut, le délai court à partir du jour ou l’opposition
ne sera plus recevable. La juridiction de cassation est la cour de
cassation pour les décisions de l’ordre judiciaire et le conseil
d’Etat pour les décisions de l’ordre administratif. Le juge de
cassation ne statue qu’en droit c'est-à-dire qu’il juge des
décisions de justice par rapport à leur conformité à la règle de
droit ; la juridiction de cassation rend soit un arrêt de cassation
pour infirmer la décision attaquée soit un arrêt de rejet pour
confirmer la décision attaquée.
IV – Le personnel judiciaire
IV – 1 Les magistrats professionnels
Il existe deux catégories de magistrats professionnels : les
magistrats du siège et les magistrats du parquet.
*Les magistrats du siège
On les appelle également magistrats assis car à l’audience ils
exercent leurs fonctions dans la position assise. On les appelle
aussi juges car ils ont pour mission de rendre la justice c'est-à-
dire trancher les contentieux qui leur sont soumis en y
appliquant la règle de droit. Ils bénéficient des principes de
l’indépendance et de l’inamovibilité. Le principe de l’indépendance
signifie que le juge n’est soumis qu’à l’autorité de la loi quand il
tranche un litige. Le principe de l’inamovibilité signifie que le juge
ne peut être déplacé, suspendu, révoqué ou mis à la retraite
prématurément que dans les cas et conditions prévus par la loi.
Les présidents des juridictions sont généralement des magistrats
du siège.
*Les magistrats du parquet
On les appelle aussi magistrats debout car à l’audience ils se
lèvent pour requérir au nom du pouvoir exécutif l’application de
la loi .Ils constituent le ministère public .Il s’agit du procureur du
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Faso et de ses substituts. Ces magistrats ne sont pas des juges
car leur mission ne consiste pas à juger. Ils ne sont pas
indépendants car le ministre chargé de la justice leur donne des
ordres dans l’accomplissement de leurs activités.
IV – 2 Les juges occasionnels
Il s’agit d’un certain nombre d’agents chargés occasionnellement
de rendre la justice .Ces juges occasionnels sont les maires et
préfets en tant que présidents des tribunaux d’arrondissement et
tribunaux départementaux. On retrouve également ces juges au
niveau de certaines juridictions supérieures tels que le conseil
d’Etat et la cour des comptes.
IV – 3 Les auxiliaires de justice
Ils participent au fonctionnement du service judiciaire sans
exercer une fonction juridictionnelle.
* les auxiliaires du juge
- Le greffier
Il est un agent public chargé d’assurer le service administratif des
cours et tribunaux .Il tient la plume à l’audience, enrôle les
affaires, convoque les témoins, conserve les minutes, délivre les
expéditions, tient le casier judiciaire et le registre du commerce et
du crédit mobilier. Le corps des greffiers est hiérarchisé : au
sommet on a les greffiers en chef, ensuite les greffiers, puis les
secrétaires des greffes et parquets.

-Le personnel de la police judiciaire


Il s’agit d’agents et officiers de la police nationale et de la
gendarmerie nationale chargés de constater les infractions à la loi
pénale, d’en rassembler les preuves, d’en rechercher les auteurs.
La police judiciaire fait une enquête préliminaire avant la saisine
du juge d’instruction. Elle agit spontanément ou à la requête du
procureur du Faso.
-Les experts judiciaires
Ils sont des spécialistes à qui le juge a recours pour avoir un avis
technique dans une affaire nécessitant l’éclairage d’un spécialiste.
Ex : le psychiatre, le médecin légiste, le géomètre.
-Les administrateurs et liquidateurs judiciaires

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Leur mission consiste à garder, gérer ou liquider le patrimoine
d’autrui. L’administrateur judiciaire est un mandataire chargé
par décision judiciaire d’administrer les biens d’autrui ou
d’exercer les fonctions de surveillance dans la gestion de ces
biens.
Le liquidateur judiciaire est chargé par décision de justice de
représenter les créanciers et de procéder éventuellement à la
liquidation de la société dans les conditions prévues par la loi.
*Les auxiliaires du justiciable
-Les huissiers de justice
Ils sont des officiers ministériels agissant à la demande du
justiciable ou même du juge. Leur rôle consiste à signifier les
actes de procédure (ex : assignation), assurer l’exécution des
actes comportant la formule exécutoire, procéder à la saisie des
biens, faire des constats à la requête des parties ou du juge,
procéder au recouvrement des créances .Les huissiers
audienciers assurent la police des audiences. Ils jouent dans
notre pays le rôle de commissaire-priseur.
-Les avocats
Ils exercent une fonction libérale soit individuellement soit en
société civile. Ils ont pour rôle la consultation c'est-à-dire donner
des avis ,rédiger des actes juridiques, l’assistance c'est-à-dire
plaider la cause de ses clients devant les juridictions, la
représentation ou la postulation consistant à effectuer des actes
de procédure et déposer par écrit la position de ses clients dans
les conclusions. Les avocats sont organisés en barreaux qui
forment l’ordre des avocats administré par le conseil de l’ordre
ayant à sa tête un bâtonnier.
-Les notaires
Ils sont des officiers ministériels chargés de conférer le caractère
authentique aux actes instrumentaires et de conseiller les
particuliers .La profession de notaire peut être exercée à titre
individuel ou dans le cadre d’une société civile.

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CH V LES CONTRATS

I – La notion de contrat
I – 1 Définition
Le contrat est une convention par laquelle une ou plusieurs
personnes s’obligent envers une ou plusieurs autres à donner,
faire ou ne pas faire quelque chose. Il est donc une manifestation
de volonté destinée à créer des effets de droit. Le contrat est un
acte juridique et constitue la principale source des obligations.
I – 2 Classification
Il existe plusieurs classifications possibles des contrats.
I – 2 – 1 Selon la règlementation
*les contrats nommés : ils sont des contrats ayant une
dénomination précise et étant spécialement règlementés par le
législateur.
*les contrats innomés : ils ne sont pas prévus spécialement par la
loi (contrat sui generis).
I – 2 - 2 Selon le mode de formation
*les contrats consensuels : ces contrats se forment par le simple
échange de consentement des parties sans qu’aucune forme
précise ne soit exigée.
*les contrats solennels : ils sont des contrats dont la formation
est subordonnée, à peine de nullité absolue, à l’accomplissement
de formalités à savoir la rédaction d’un écrit.
*les contrats réels : ils sont des contrats qui exigent pour leur
formation la remise de la chose sur laquelle ils portent. Ex : le
gage
*les contrats de gré à gré : ils sont des contrats dans lesquels les
parties ont la possibilité d’en discuter les clauses.
*les contrats d’adhésion : ils sont des contrats conclus entre deux
parties dont l’une ne peut en fait discuter les différentes clauses
et n’a que la liberté d’accepter ou de refuser le contenu global de
la proposition.
*les contrats individuels : ils sont des contrats qui ne sont formés
qu’avec une seule personne.
*les contrats collectifs : ils sont des contrats conclus entre deux
parties mais engageant des collectivités entières d’individus.
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I – 2 – 3 Selon le contenu
*les contrats synallagmatiques ou bilatéraux : ils sont des
contrats qui créent des obligations interdépendantes entre les
parties de telle sorte que chacune est en même temps créancière
et débitrice envers son partenaire.
*les contrats unilatéraux : ils sont des contrats qui ne font naitre
des prestations qu’à la charge d’une seule des parties.
*les contrats à titre gratuit ou contrat de bienfaisance : ils sont
des contrats qui ne procurent d’avantage qu’à une seule des
parties
*les contrats à titre onéreux : ils sont des contrats qui procurent
des avantages à chacune des parties ; chacune des parties va
consentir un sacrifice pour obtenir en contrepartie un avantage.
*les contrats commutatifs : ils sont des contrats à titre onéreux
dans lesquels les parties connaissent avec certitude l’importance
de leurs prestations réciproques au moment de leur conclusion.
*les contrats aléatoires : ils sont des contrats à titre onéreux dans
lesquels l’existence ou la valeur de la prestation d’une des parties
dépend d’un évènement futur incertain. Ex : la loterie
I – 2 – 4 Selon le mode d’exécution
*les contrats instantanés : ils sont des contrats dont l’exécution
est mise en œuvre par une seule prestation sur le simple échange
des consentements.
*les contrats successifs : ils sont des contrats dans lesquels
l’accomplissement des prestations des parties a un caractère
répétitif car échelonné dans le temps.
*les contrats à durée déterminée : ces contrats comportent un
terme (durée, date, évènement quelconque) ; les parties savent à
l’avance quand prendra fin ce contrat.
*les contrats à durée indéterminée : ils sont des contrats qui ne
comportent pas de terme et par conséquent peuvent prendre fin à
tout moment par la volonté de l’une quelconque des parties.
II Formation
La formation du contrat nécessite le consentement des parties, la
capacité des parties, un objet et une cause.
II - 1 Le consentement des parties

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Le consentement des parties n'est acquis qu'à la suite d'une offre
de contracter et une acceptation.
L'offre de contracter ou la pollicitation est une manifestation
unilatérale de volonté suffisamment ferme, précise et dépourvue
d'équivoque pour que l'acceptation de la personne à qui elle est
destinée suffise à former le contrat. Elle peut être expresse ou
tacite.
L'acceptation est toute déclaration ou tout autre comportement
du destinataire indiquant qu'il acquiesce la pollicitation. Elle doit
être pure et simple. En principe le silence à lui seul ne vaut
acceptation.
Le consentement exprimé par les parties doit être intègre et
sincère c'est à dire libre et sain; il ne doit donc pas être entaché
de vices. Les vices de consentement sont l’erreur, le dol et la
violence.
-l'erreur est une représentation inexacte de la vérité; elle n'est un
vice de consentement que lorsqu'elle porte sur la personne (dans
les contrats intuitu personae), la substance ou une qualité
essentielle de la chose.
-le dol consiste en des mensonges; des tromperies, des
manœuvres frauduleuses ou des mises en scène qu'une partie
utilise pour obtenir le consentement de l'autre.
-la violence est toute contrainte physique ou morale qu'une partie
exerce sur l'autre en vue d'obtenir son consentement. Elle doit
être illégitime.
NB: ces vices de consentement peuvent entrainer la nullité du
contrat.
II - 2 La capacité des parties
Elle est l'aptitude à avoir des droits et à les exercer soi même. Elle
dépend de la nature du contrat à former .Les parties doivent avoir
donc la capacité de contracter. Toute personne peut contracter si
elle n'est pas déclarée incapable par la loi. En règle générale, la
capacité d'exercice est reconnue au majeur capable et au mineur
émancipé. Cette capacité n'est donc pas reconnue au majeur
incapable et au mineur non émancipé.
II - 3 L'objet

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Il est la chose qu'une partie s'oblige à donner, faire ou ne pas
faire c'est à dire la chose sur laquelle porte le contrat.
L'objet doit être possible c'est à dire réalisable. Autrement dit il
doit être à la portée de l'homme car à l'impossible nul n'est tenu.
Il doit être licite c'est à dire autorisé par la loi. Il doit être moral
c'est à dire conforme à l'ordre public et les bonnes mœurs .Il doit
également être certain c'est à dire déterminé ou déterminable.
II - 4 La cause
Elle est la raison qui amène les parties à contracter c'est à dire ce
qui motive les parties à s'obliger. L e contrat doit avoir une
cause .La cause doit être réelle, licite et morale.
III – Les effets de la validité des contrats
III – 1 Les effets du contrat entre les parties
Le contrat produit force obligatoire entre les parties car les
conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les
ont faites. Ce principe repose sur le respect de la parole donnée,
l’autonomie de la volonté et la nécessité d’assurer la sécurité
juridique. Le contrat est donc obligatoire entre les parties .Il ne
peut être révoqué que de commun accord ou pour des causes que
la loi autorise. De même le contrat ne peut être modifié que de
commun accord en principe. Il arrive cependant des cas où le
législateur ou le juge révise un contrat en cours.
III – 2 Les effets à l’égard des tiers :la relativité des conventions
Les conventions n’ont d’effet qu’entre les parties contractantes ;
elles ne nuisent point au tiers et elles ne lui profitent que dans le
cas prévu par la loi. Les obligations générées par le contrat sont
donc limitées aux parties. Les tiers ne sont donc pas concernés.
III – 3 Les effets de l’inexécution du contrat
En cas d’inexécution des obligations contractuelles, la
responsabilité contractuelle du débiteur est engagée. Celui-ci
devra donc réparer le dommage causé au créancier. Le défaut
d’exécution peut être total, partiel ou tardif. La responsabilité
contractuelle du débiteur ne sera engagée que lorsque les
éléments suivants sont réunis :
Un fait générateur : il s’agit de la faute contractuelle qui consiste
en l’inexécution, la mauvaise exécution ou le retard dans
l’exécution de l’obligation contractuelle.
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Un dommage : il est le préjudice subi par le créancier. Il peut être
matériel, moral ou corporel.
Un lien de causalité entre la faute contractuelle et le dommage.
Le débiteur pourra cependant s’exonérer de toute responsabilité
en justifiant que le dommage est causé par un cas de force
majeure, le fait du tiers ou le fait du créancier.

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