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INTRODUCTION

La justice et la sécurité sont des préoccupations majeures pour les populations des états en
voie de développement. La sécurité dépend de bien plus que le déploiement des forces
armées. Les institutions judiciaires ou quasi judiciaires efficaces sont un moyen important
pour désamorcer conflits sociaux et fournir un moyen de contrôle de l’utilisation de la force
coercitive par l’état. Par ailleurs, le secteur de la justice est au service de l’investissement et
du monde des affaires, car l’amélioration de l’attractivité de l’investissement ne se fait pas
uniquement à travers la prise de mesures économiques et institutionnelles, mais aussi en
favorisant un climat approprié aux activités des entreprises basées sur la confiance et l’esprit
d’initiative. Dans ce sens, le Maroc a accordé et accorde toujours une importance cruciale au
secteur de la justice et est conscient de l’intérêt de la réforme de ce secteur, ainsi, il a parcouru
un long chemin pour matérialiser sur le terrain cet objectif de réforme de la justice. En effet,
l’adoption par le Maroc d’une nouvelle Constitution le 1er juillet 2011 a marqué un tournant
important dans la dynamique de réforme de ses institutions, et tout particulièrement de son
système judiciaire. Le vent contestataire du « mouvement du 20 février » et des mobilisations,
qui s’en sont suivies, dans la lignée des mouvements des « printemps arabes » de 2011, en
réclamant des changements significatifs des institutions et des politiques économiques,
sociales ainsi qu’en matière de justice, y ont grandement contribué. En outre, la réforme de la
justice a constitué l’un des projets structurels inaugurés par le Maroc au début du 3ème
millénaire. Ce projet s’insère dans le cadre des grandes stratégies du royaume pour la
construction d’un Etat de droit et d’institutions. A cet égard, sa Majesté le Roi a insisté au
niveau de ses discours sur la nécessité d’une réforme globale et profonde du système
judiciaire, cette réforme se concrétise en mettant au service du citoyen, la magistrature qui est
considérée comme une forteresse imperméable de l’Etat de droit, un pilier de sécurité
judiciaire, de la bonne gouvernance et un catalyseur de développement. Les principales
actions matérialisant la volonté du Maroc pour réformer son secteur de la justice, surtout après
la constitution de 2011, ont commencé par la création de la Haute instance du dialogue
national sur la réforme de la Justice en 2012, cette dernière, avait pour objectif de dresser les
grandes lignes de la réforme profonde et globale du système judiciaire. Une année après le
lancement de ce dialogue national sur la réforme de la justice, le Maroc a mis en place la
charte de réforme de la justice. En fait, la charte de réforme de la justice a dressé des objectifs
ambitieux et a fixé d’ors et déjà un calendrier. 6 grands objectifs stratégiques, 36 sous-
objectifs et 200 mécanismes de mise en œuvre. Plus précisément, les objectifs de la Charte
consistaient à consolider l’indépendance du pouvoir judiciaire, moraliser le système de la
justice, renforcer la protection des droits de l’Homme et des libertés, améliorer l’efficacité et
l’efficience de l’appareil judiciaire, étendre les capacités institutionnelles du système
judiciaire et moderniser l’administration judiciaire. La Charte comprend aussi une bonne
partie relative au diagnostic de la situation de la justice et aux difficultés qui entravent son
bon fonctionnement, des facteurs ayant régi la conception générale à l’origine de l’élaboration
de la réforme de la justice. En revanche, à partir de l’année 2014, le Maroc a connu les
premiers débats sur un sujet porteur, qui a occupé par la suite une place prépondérante dans le
chantier de réforme de la justice au Maroc, notamment, parce qu’il va contribuer à atteindre le
dernier objectif de la charte de réforme de 2013 (Modernisation de l’administration
judiciaire), nous parlons ici de la digitalisation de la justice au Maroc, ce sujet a été qualifié à
l’époque par certains, de décalé, par rapport aux réalités marocaines, autre ont jugé que le
timing n’était pas propice à ce changement radical de paradigme qui requiert avant tout une
conversion de mentalité. Or, l’adoption des nouvelles technologies au Maroc n’est que le
corollaire d’une certaine conception de la justice, fidèle à ses principes et ses objectifs, mais
qui se donne les moyens d’être en phase avec son époque. A cet effet, les premiers pas vers la
transformation numérique du secteur de la justice au Maroc ont été en 2019, notamment, par
l’établissement de certains projets de loi visant l’échanges électroniques avec les tribunaux, la
simplification des procédures administratives et l’amélioration de la qualité des services
judiciaires en utilisant la voie électronique. Par la suite, le Maroc a réalisé des progrès
considérables dans la transformation numérique de son secteur de justice, notamment, par
l’adoption d’un plan directeur de la transformation digitale, ainsi que le lacement de plusieurs
services numériques en vue de faciliter l’accès de l’ensemble des usagers à ses différentes
prestations. Par ailleurs, il est vrai que le Maroc est actuellement sur la bonne voie et a franchi
plusieurs étapes dans sa nouvelle conception de digitalisation du secteur de la justice,
cependant, le chemin reste encore long, aussi, il est à signaler que ce chemin connait des
obstacles majeurs dont toutes les parties prenantes de ce projet devront unir leur effort pour
surmonter ces obstacles et arriver à atteindre les objectifs tracés par ce chantier royal. De ce
qui précède, nous pouvons déduire que ce sujet revêt une importance cruciale dans la mesure
où il rentre dans les axes phares de la réforme que le Maroc a adopté. Ainsi, nous pouvons
remarquer que ce sujet nous dirige à répondre à la problématique suivante : à savoir si : la
dématérialisation des procédures judiciaires et la digitalisation de la justice permettraient-elles
de redorer le blason du système judiciaire en le rendant plus attractif et efficace pour les
intervenants de la justice qui ne cessent de clamer leur inassouvissement?
Afin de mieux répondre à cette question nous allons commencer par la première partie, par
la suite nous allons voir la deuxième partie la transformation digitale de la justice.

Partie I : La Réforme Législative du Secteur de la Justice.


L'adage "La Justice numérique : L'Art de l'Équité à l'Ère Digitale" La réforme législative du
secteur de la justice peut inclure des changements dans les lois pour permettre l'utilisation de
technologies numériques au sein de la justice. l'adage souligne l'importance de la
transformation numérique dans le cadre de la réforme législative de la justice, en mettant
l'accent sur l'idée que la technologie qui est un outil puissant pour renforcer l'équité dans le
système judiciaire. De ce fait dans cette partie nous allons entamer dans le premier chapitre
portant sur le contexte juridique de la réforme du secteur de la justice, ainsi dans le deuxième

chapitre l’encadrement juridique de la numérisation des services judiciaires au Maroc .

Chapitre 1 : le contexte juridique de la réforme du secteur de la


justice.
Le Royaume chérifien avait initié un vaste chantier, aux ambitions multiples et
titanesques, de la réforme de l’ensemble de son administration, ses établissements et ses
entreprises publiques, leur développement et le développement des outils et services proposés
aux administrés et aux citoyens de façon général.

En effet le projet d’envergure s’inscrit dans le cadre d’une volonté étatique, en réponse aux
orientations royales qui ont insisté à plusieurs reprises sur la nécessité de faire de la
transformation numérique, dite aussi « transition digitale », un catalyseur de transformation
structurante et à fort impact.

A cet égard les services concernés par la digitalisation sont ceux de l’administration judiciaire
étant donné que Le système judiciaire constitue un pilier pour le respect de l’Etat de droit et la
protection des droits de l’homme. Un pouvoir judiciaire indépendant signifie que les victimes
peuvent demander une réparation, que les auteurs de violations de droits de l’homme sont
traduits en justice, et que toute personne suspectée de crime a le droit à un procès équitable.
En dépit des garanties constitutionnelles de l'indépendance judiciaire et de la séparation des
pouvoirs, le Maroc a longtemps failli à son obligation de veiller à ce que les tribunaux soient
indépendants et non assujettis au pouvoir exécutif , ce qui a poussé le Maroc à penser à une
réforme judiciaire et un projet de numérisation par la suite.
Afin d’encadrer ce chapitre nous allons choisi de procéder dans une première section à
déceler la réalité de la justice avant la charte de la réforme judiciaire, dans une second section
nous évoquerons le contexte juridique global de la transformation numérique de
l’Administration à la lumière des discours royaux, qui est considéré comme un axe majeur de
la réforme judiciaire

Section 1 : la réalité de la justice avant la réforme judiciaire :

Le respect de l’indépendance du pouvoir judiciaire est reconnu dans les Principes


fondamentaux des Nations Unies relatifs à l’indépendance de la magistrature qui prévoient
qu’il est de la responsabilité de toutes les institutions, gouvernementales et autres, de respecter
l'indépendance de la magistrature. Dans ses recommandations pour le Maroc, le Comité des
Droits de l’Homme (CDH), un organe composé d’experts indépendants qui surveille
l’application du Pacte International relatif au droit civils et Politiques (PIDCP) par les États
parties, a exprimé ses préoccupations du fait “que l’indépendance de la magistrature n’est pas
pleinement garantie” et a appelé le Maroc à “prendre les mesures nécessaires pour garantir
l’indépendance et l’impartialité de la magistrature (article 14, paragraphe 1, du Pacte)” . En
effet, il y a toujours eu une disposition constitutionnelle au Maroc sur l’indépendance du
pouvoir judiciaire et la séparation des pouvoirs dans l’article 82 de la Constitution de
1996.Plusieurs obstacles, en droit et en pratique, ont souvent compromis l'indépendance du
pouvoir judiciaire a été aussi mise à mal durant de nombreuses années.

 L’ingérence arbitraire du pouvoir exécutif dans les affaires judicaires. -En outre les
magistrats du parquet restent toujours sous l’autorité du Ministre de la Justice et, par
conséquent, subordonnés au pouvoir exécutif. Cette subordination a eu un impact
négatif sur la conduite d’enquêtes et de poursuites pénales dans les cas des violations
des droits de l’homme, y compris l’appréciation des suites à donner aux plaintes et
dénonciations, le Maroc était très mal noté par les organismes internationaux en
matière de politique criminelle et le droit des accusés en matière pénale.
 Lenteur des procédures : Les procédures judiciaires étaient souvent lentes, ce qui
signifiait que les affaires pouvaient traîner pendant des années, entraînant des retards
et des frustrations pour les plaignants, les accusés et les avocats.
 Manque de transparence : Le système judiciaire était critiqué pour son manque de
transparence, notamment en ce qui concerne les décisions des tribunaux. Les gens
avaient souvent du mal à accéder aux informations sur les affaires en cours et aux
délibérations des tribunaux.
 Insuffisance des moyens :Les infrastructures obsolètes….

Pour remédier à ces manquements, une réforme approfondie du système judicaire a été initié
par les autorités marocaines qui visent à renforcer l'indépendance du pouvoir judiciaire et à
moderniser le système judiciaire.

Section 2 : les fondements pour la transformation numérique de la justice.

- Les Discours Royaux de SM :

-SM le Roi prononce un discours en ouverture des travaux du Conseil supérieur de la


magistrature (CSM) en Mars 2002. La volonté royale de s’attaquer sérieusement à la réforme
et les propos contenus dans ce discours sont les jalons de la feuille de route, affirma-t-il dans
un extrait de son discours:« Il faut poursuivre résolument la réforme judiciaire et lui imprimer
l’orientation judicieuse qui s’impose. En effet, l’obstruction et l’attentisme ne sont plus de
mise. L’hésitation et la frilosité ne sont plus permises. Dans ce contexte, il incombe au
Conseil Supérieur de la Magistrature de consolider les acquis et de s’impliquer plus
clairement et plus fortement dans l’immense chantier de la réforme »..1

-Discours de sa Majesté le Roi à l’ouverture de l’année judiciaire le 29 Janvier2003 à


Agadir : « Nous invitons notre gouvernement à poursuivre les efforts de modernisation de la
justice, en rationnalisant le travail, en simplifiant les procédures et en rassurant la
généralisation de l’informatique » .En application de ces directives Royales, le Gouvernement
a élaboré la loi N° 55.19 relative à la simplification des procédures et formalités
administratives La Loi,. dont la modernisation de la justice s’inscrive. De même, Basée sur les
axiomes de bonne gouvernance et de gestion moderne et sur la mise à profit des technologies
numériques, elle a pour objectif d’instaurer un climat de confiance entre l’administration et
ses usagers.

1
https://diplomatie.ma/fr/discours-royaux Ministère des Affaires Etrangères de la Coopération Africaine et des
Marocains Résidents à l’étranger..
-Notamment son Discours historique du 20 août 2009, dans lequel Il a considéré la Justice
comme un « Garant de l’indépendance du pouvoir judiciaire, Nous veillons tout
particulièrement à ce que ce principe constitutionnel soit placé au service des citoyens, au
service du développement et au service de l’Etat de droit. » sa Majesté veillait ce que la
Constitution affirme expressément l’indépendance du pouvoir judiciaire par rapport aux
pouvoirs législatif et exécutif posé par l’article 107, et crée un Conseil supérieur du pouvoir
judiciaire, placé sous la présidence de sa Majesté et doté d’une totale indépendance .

A consacré un titre particulier au principe de l’indépendance judiciaire qui repose sur deux
principes fondamentaux :-l’indépendance individuelle du magistrat qui a pour objet de
protéger le juge contre toute influence extérieure, elle est garantie par le principe de
l’inamovible et- l’indépendance institutionnelle de la magistrature qui ne peut être total que si
les institutions judiciaires an charge à la fois du conseil supérieur du pouvoir judiciaire et la
présidence du ministère public, soit elles-mêmes indépendante du pouvoir exécutif et
législatif.

En second lieu la présidence du ministère public a été transférée au procureur général du Roi
près la cour de cassation, selon la loi 33-17 (21 décembre 2017) »

Cette institution constitutionnelle plurielle regroupe en son sein des personnalités diverses,
issues du monde du droit, d’organismes de défense des droits de l’Homme, à côté de
magistrats élus. Sa mission consiste à veiller au respect des garanties accordées aux magistrats
dans l’exercice de leurs fonctions et à la gestion de leurs carrières professionnelles.2

Pour réaliser ces objectifs sa Majesté a installé des membres à la Haute Instance du Dialogue
National sur la Réforme du Système Judiciaire (8 Mai 2012) , laquelle avait constitué le
forum effectif du dialogue sur le terrain. Elle a contribué d’une grande part à la dynamisation
de ce dialogue, notamment lors des conférences régionales de dialogue qu’il a été décidé
d’organiser dans plusieurs circonscriptions de cours d’appel à travers le Royaume. La Haute
Instance est parvenue à élaborer un projet de recommandations pour la réforme du système
judiciaire, qu’elle a été honorée de le soumettre à la Haute Appréciation de Sa Majesté le Roi.
Le Souverain a noté avec satisfaction, dans le Discours du Trône, en date du 30 juillet 2013,
je cite : « l’aboutissement à une charte de la réforme du système judiciaire, pour laquelle
toutes les conditions requises sont désormais réunies. Il nous appartient donc à tous de nous
mobiliser pour mener à son terme cette importante réforme ». Une charte de la réforme 2013.
2
Portail national des collectivités territoriales
La charte de la réforme de la justice est une feuille de route dont la mise en œuvre
commençait depuis 2013.

La charte a mis en place les six grands objectifs stratégique pour une réforme judiciaire qui
consistent à :-Premièrement : consolider l’indépendance du Pouvoir judiciaire ;Deuxièmement
: Moraliser le système judiciaire ; troisièmement : renforcer la protection des droits et libertés
par la Justice ;quatrièmement : accroître l’efficacité et l’efficience de la
Justice ;cinquièmement : développer les capacités institutionnelles du système
judiciaire ;Sixièmement : moderniser l’Administration judiciaire et renforcer sa gouvernance
qui se divise en six objectifs dérivés :

-Premier sous-objectif : Mettre en place une administration judiciaire professionnalisée et


qualifiée.

-Deuxième sous-objectif: Instaurer une administration judiciaire fondée sur la


déconcentration administrative et financière.

-Troisième sous-objectif : Mettre en place les prérequis de la juridiction numérique.

-Quatrième sous-objectif : Moderniser les services de l’administration judiciaire et l’ouvrir sur


le citoyen

-Cinquième sous-objectif : Rehausser le niveau de l’infrastructure des juridictions.

Concomitamment à ce qui a été mentionné et afin de donner une nouvelles impulsions à


l’administration publique en particulier en augmentant son efficacité et en promouvant la
qualité des services rendus, et au développement économique globale du royaume. Sa
Majesté, à cet égard, avait précisé dans nombre de ses discours que l’utilisation des nouvelles
technologies contribue à améliorer l’accessibilité et la qualité des services rendus au citoyen,
notamment celui du 14 Octobre 2016, lors duquel Sa Majesté avait dit :

« […] La réforme de l’Administration requiert un changement dans les comportements et les


mentalités et des législations de qualité pour obtenir un service administratif public efficace
au service du citoyen. […] Par ailleurs, l’administration électronique doit être généralisée
selon une approche intégrée permettant aux différents départements et aux divers services
un accès commun aux informations. De fait, l’utilisation des nouvelles technologies contribue
à faciliter l’accès, dans les plus brefs délais, du citoyen aux prestations, sans qu’il soit
nécessaire de se déplacer souvent à l’Administration et de s’y frotter […]. » 3.

Par ailleurs, il a insisté sur la nécessité de généraliser l’administration électronique


selon une approche intégrée permettant aux différents départements et aux divers services un
accès commun aux informations et ainsi bâtir une nouvelle entité s’intitulant
« l’administration digitale », et intégrant4 :

 Une mise en place des infrastructures nécessaires.


 Une meilleure adaptation du cadre réglementaire.
 Les perspectives sectorielles et régionales.
 Une perspective participative et centrée sur l’usager.
 L’Instauration d’une culture digitale dans le pays

Et c’est dans ce même sens, que le nouveau modèle de développement ambitionne de


faire du Maroc une nation numérique, où le potentiel transformationnel des technologies
numériques est pleinement mobilisé. Aussi, l’a-t-il érigé en tant que levier d’amélioration de
la qualité de la relation de l’Administration avec ses usagers et de la restauration de la
confiance du citoyen.

Le développement de l’Administration a été historiquement lié au développement des


moyens servant à fixer et à transmettre l’information. Dans cette logique, et comme étant une
organisation dont la fonction principale est le traitement administratif, le Ministère de la
Transition Numérique et de la Réforme de l’Administration a vu le jour en tant que
département dédié à la gestion de ce chantier structurant. Ce dernier a intégré l’outil
informatique dans sa stratégie du rendement du service public, comme l’un des piliers de la
modernisation de l’action administrative de par sa contribution efficace d’aide à la décision,
de transparence, de gain du temps et d’une meilleure communication interne et externe.

Le législateur marocain, a répondu rapidement pour encadrer ces projets de réformes


structurant et pour leurs tracer une feuille de route mettant le point sur l’outil digital pour
parvenir aux finalités souhaitées. Ainsi, la Loi N° 54.19 portant Charte des Services Publics
fixant le cadre général de gouvernance des Services Publics s’est appuyée sur la digitalisation
3
Extrait du discours royale du 14 octobre 2016 à l’ouverture de la 1ère session de la 1ère année législative de la
10ème législature.
4
Tirée de la Note d’orientations général du développement du digital au Maroc à l’h0rizon 2025 du chef du
gouvernement parut en Mars 2020.
comme pilier pour asseoir un service public de qualité, accessible et transparent. Elle prévoit
la mise en place d’un identifiant unique de l’usager pour bénéficier des services administratifs
et instaure également l'échange électronique des données entre les administrations.

C’est dans ce sens que le Ministère de la Transition Numérique et de la Réforme de


l’Administration s‘est lancé dans la préparation d’une feuille de route à court, moyen et long
terme où s’associe et se complète les différents plans sectoriels de digitalisation des parcours
usagers, citoyens et entreprises, en s’appuyant sur une démarche unifiée centrée sur les
usagers et basée sur les piliers de l’Administration Digitale , et en intégrant dans toutes ses
étapes de réalisation.

Après qu’on a décelé la réalité de la justice avant la réforme et le cadre référentiel sur la base
de laquelle on a opté pour une numérisation des services de la justice, nous allons entamer
dans ce deuxième chapitre de citer les lois, et les normes pour une mise en œuvre des services
judiciaires numériques et qui englobe notamment les instruments juridiques qui régissent le
passage des services judiciaires traditionnels vers des services numérisés.

Chapitre II : l’encadrement juridique de la numérisation des


services judiciaires au Maroc

La digitalisation des services publics, après dix années maintenant d’expérimentation et de


mise en œuvre de projets et programmes portant sur la réforme de la justice au Maroc, a fait
des avancées significatives suite l’adoption du plan directeur de la transformation digitale, et
le lacement de plusieurs services numériques visant à faciliter l’accès de l’ensemble des
usagers aux différentes prestations en lignes.

Pour accompagner ce grand chantier de moralisation du secteur de la justice, et en application


des hautes instructions de sa Majesté en la matière, plusieurs actions et mesures ont été mises
en œuvre tant par le législateur marocain que par son gouvernement à savoir.

SECTION I : Fondement constitutionnel et législatif du chantier de


digitalisation de la justice au Maroc
1. L’adoption des dispositions constitutionnelles 5
La constitution 2011 notamment à travers ses articles 120 et 154 stipulent respectivement :

L’Art 120 stipule « Toute personne a droit à un procès équitable et à un jugement rendu dans
un délai raisonnable. Les droits de la défense sont garantis devant toutes les juridictions. ».

L’Art 154 de la constitution dispose également : « Les services publics sont organisés sur la
base de l'égal accès des citoyennes et citoyens, de la couverture équitable du territoire national
et de la continuité des prestations.

Ils sont soumis aux normes de qualité, de transparence, de reddition des comptes et de
responsabilité, et sont régis par les principes et valeurs démocratiques consacrés par la
Constitution. ».

2. Dispositions législatives :
Ensuite la mise en application des objectifs et recommandations l’adoption de lois visant à
simplifier les procédures et mesure administratives et l’amélioration des services publics et ce,
suite à travers les loi 55-19 simplifier les procédures et mesure administratives et loi 54-19
portant Charte des services publics.

En effet, la loi 55-19 à travers au moins 2 articles dédiés à la numérisation de ces services,
procédures et mesures à savoir, notamment l’article 4 et l’article 25. Ce qui illustre bien la
volonté du législateur à améliorer la relation usager/administration et ce, à travers l’adoption
d’un certain nombre de principes généraux de transparence et de bonne gouvernance visant à
améliorer cette relation par tous moyens y compris numériques.

Il s’agit tout d’abord de l’article 4 al. 2 qui stipule : « la transparence des procédures et des
formalités liées à la réception, au traitement et à la délivrance des actes administratifs, à
travers notamment, leur formalisation, transcription et approbation et l’information des
usagers de leur contenu à travers leur publication, en veillant à en faciliter l’accès par tous les
moyens appropriés, notamment les moyens électroniques ; ».

5
Constitution marocaine de 2011
Ensuite, et dans l’objectif toujours de simplifier les procédures, l’article 25 al. 1 de cette
même loi, stipule : « Les administrations doivent procéder à la digitalisation des
procédures et formalités liées au traitement et à la délivrance des actes administratifs
relevant de leur domaine de compétence ainsi que celles relatives au paiement des frais
administratifs y afférents et ce, dans un délai de 5 ans à compter de la date d’entrée en vigueur
de la présente loi.

Bref, la loi N° 55.19, relative à la simplification des procédures et des formalités


administratives, vise la réalisation du principal objectif entre autres suivant : la digitalisation
des procédures et des formalités relatives aux actes administratifs.

En plus de la loi précitée, une autre loi à savoir la 54-19 portant charte des services publics,
stipule dans son article 5 al 5 « Les services publics sont soumis aux principes suivants : « …
l’adaptabilité, à travers l’amélioration continue de l’organisation et de la gestion des services
publics, ainsi que des prestations qu’ils délivrent, en réponse aux besoins croissants des
usagers et aux évolutions de l’environnement de ces services, notamment celles
technologique, économique et sociale ; » ;

L’article 9 al. 2 de la même loi stipule également : « Les services publics renforcent la
convergence de leurs programmes, la mutualisation de leurs moyens et la délivrance de leurs
prestations de manière intégrée, à travers : «….l’échange des informations par les différents
moyens, y compris les moyens électroniques »

Ensuite, l’article 24 dispose : « Les services publics communiquent régulièrement sur leurs
missions, leurs programmes, leurs activités et sur les prestations qu’ils délivrent, et ce par les
moyens de communication disponibles, notamment les moyens électroniques, y compris les
sites électroniques conçus à cet effet. »

Enfin l’article 28 al. 3 stipule : « Les services publics améliorent les prestations qu’ils
délivrent aux usagers, notamment à travers : «… la mise à disposition des prestations et
l’élargissement et la diversification de leurs modes de délivrance, notamment à travers
l’utilisation des technologies de l’information et de communication. ».
SECTION II : Autres sources subsidiaires instituant la numérisation du
secteur de la justice au Maroc

1- L’application des Hautes Directives Royales,


Le discours du 14 octobre 2016 de constituent à leur tour, en effet sa Majesté a : « Tous ces
services ont pour finalité de permettre au citoyen de régler ses affaires, dans les meilleures
conditions et les plus brefs délais possibles, et aussi de simplifier les procédures et de rendre
les services et les prestations de base plus proches du citoyen. »

Les orientations royales objet des discours de Sa Majesté le Roi Mohamed VI, que Dieu le
Glorifie, notamment à l’occasion de l’ouverture de la 1ère session de la 1ère année législative
de la dixième mandature et lors des fêtes du Trône des années 2018 et 2019, ont constitué un
levier important du chantier de la réforme de l’administration marocaine.

2- L’application des recommandations émanant du nouveau modèle de


développement6
Le numérique constitue un véritable levier de changement et de développement. Il convient de
lui accorder un intérêt particulier au plus haut niveau de l’Etat comme catalyseur de
transformations structurantes et à fort impact. En effet, le numérique est un moyen efficace
pour augmenter la confiance entre le citoyen, les entreprises et l’Etat, en aidant à ce que la
relation Etat-Citoyen et Etat entreprise soit plus fluide et transparente, à travers des
procédures simplifiées et clarifiées, et des services de meilleure qualité. En particulier, et
moyennant une infrastructure de qualité sur l’ensemble du territoire, l’approche de
plateformisation des services permet de faciliter l’accès à l’information, contribue à
responsabiliser les acteurs vis à avis de l’opinion publique, et offre de nouveaux canaux de
services et de participation. Le numérique pourrait aussi transformer de manière radicale
l’accès et la qualité des services publics, en particulier dans les zones reculées et être ainsi un
outil d’inclusion économique, sociale et territoriale. Les paiements mobiles constituent
également une opportunité d’inclusion économique et sociale des populations vulnérables, à
majorité non bancarisée, en facilitant la réalisation de transactions commerciales et de
services.,

6
Rapport « LE NOUVEAU MODELE DE DEVELOPPEMENT » pages 151
Cinq principaux défis sont à relever pour assurer une mobilisation pleine du potentiel des
technologies numériques dans les chantiers de développement du pays :

• Adopter une stratégie de transformation numérique, portée à haut niveau. Une équipe de
mission sous forme de délégation interministérielle, orientée résultats et dotée de ressources
humaines expertes pourrait être mise en place pour disposer de la légitimité technique et
institutionnelle indispensable à la conduite de ce chantier de transformation transversale. Elle
assurerait la coordination avec l’ensemble des administrations et structures concernées et
s’appuierait sur l’ADD pour la mise en œuvre.

• Mettre à niveau les infrastructures numériques de haut-débit et très haut débit fixe et mobile
et leur extension à l’ensemble du territoire, assurant un droit d’accès à tous les citoyens. Il est
nécessaire et urgent de lancer une opération de couverture en haut débit de tout le territoire, y
compris dans les zones blanches, pour réduire la fracture numérique révélée par la crise
Covid-19, et donner accès, partout dans le pays, à une connexion de qualité et au débit
suffisant pour les usages devenus essentiels, tels que l’enseignement à distance. La connexion
de l’ensemble des équipements publics sur tout le territoire, tels que les hôpitaux et les écoles,
doit être assurée et fonctionnelle, y compris en milieu rural. Afin de réduire le coût des
investissements numériques pour la collectivité, et accélérer leur déploiement, il est également
recommandé de favoriser la mutualisation des infrastructures entre opérateurs, y compris les
réseaux de fibre optique détenus par les entreprises publiques. Enfin, il est également
recommandé de renforcer le niveau de concurrence sur le marché du haut débit fixe et mobile,
sous le contrôle effectif de l’ANRT, potentiellement via l’entrée de nouveaux acteurs
opérateurs d’infrastructure ou fournisseurs d’accès à Internet. Un tel rattrapage au niveau des
infrastructures de connexion devrait être soutenu par le Fonds de développement du service
universel des télécommunications (FDSUT).

• Développer des plateformes numériques pour tous les services au citoyen et à l’entreprise,
ainsi que les plateformes de participation au niveau central et territorial. Il est urgent
d’accélérer la digitalisation de l’administration à travers une plateforme numérique unique,
permettant à chacun d’accéder à tous les services administratifs nécessaires à sa vie
quotidienne. La digitalisation des services de l’Etat et de l’administration a connu des progrès
récemment, avec l’adoption de lois pour la simplification administrative, Bien engagé, le
chantier de la digitalisation de l’administration se doit d’être accéléré, avec notamment
l’adoption et la mise en œuvre immédiate des lois sur l’administration numérique, sur la
simplification administrative et sur la cybersécurité, sans oublier la numérisation de
l’administration de la justice et de ses services au citoyen.

• Former des compétences en nombre suffisant, à même de porter et de mettre en œuvre cette
transformation numérique sur le terrain. Ces compétences sont aujourd’hui formées en
nombre nettement insuffisant, autant pour les besoins du secteur privé que pour les besoins de
l’administration. Il est important de renforcer les effectifs formés dans le numérique, sur
l’ensemble des niveaux de qualification, du technicien au doctorant. La formation massive de
jeunes en compétences numériques permettrait également de favoriser leur inclusion et leur
accès à l’emploi dans le contexte économique post Covid-19.

• Parachever le cadre légal visant à assurer la confiance numérique des utilisateurs et la


souveraineté numérique du Royaume. Il s’agit notamment d’accélérer la production des textes
de loi et décrets d’application sur la cybersécurité, la propriété intellectuelle, et la gestion des
données personnelles et de mettre également le cadre institutionnel permettant la pleine
reconnaissance juridique des interactions numériques et la valeur juridique des documents
digitaux, à travers la signature électronique et l’identifiant citoyen unique numérique, dans le
respect des garanties sur la protection des données personnelles.

3- La mise en œuvre des recommandations de la haute instance du dialogue


national sur la réforme de la justice à travers la charte de la réforme du
système judiciaire :
Dans le cadre de l’objectif sixième de la charte, à savoir moderniser l’administration
judiciaire et renforcer sa gouvernance, plusieurs sous objectifs ont été fixée tels que :

A- Mettre en place les pré-requis de la juridiction numérique, notamment en : 7


 Elaborant le schéma directeur pour la mise en place de la juridiction numérique, à l’effet de
renforcer l’infrastructure technologique de l’administration judiciaire, en fournissant les
systèmes informatiques sécurisés et les programmes relatifs à la gestion des affaires et des
procédures, tout en mettant à niveau les ressources humaines et en fixant les délais
d’exécution
 Amendant les dispositions juridiques, notamment procédurales, en vue de permettre
l’usage de la nouvelle technologie dans le traitement des affaires devant les juridictions, et en
supprimant la concrétisation matérielle des formalités et des procédures judiciaires ;

7
La Haute Instance du Dialogue National sur la Réforme du Système Judiciaire/ Charte De La Réforme du
Système Judiciaire
B- Moderniser les services de l’administration judiciaire et l’ouvrir sur le citoyen
en :
 Créant le portail de l’administration judiciaire, en renforçant les sites électroniques des
juridictions et en orientant leurs services gratuits et réguliers vers les citoyennes et citoyens ;
 Fournissant l’information juridique et judiciaire aux citoyennes et citoyens et en leur
facilitant l’accès gratuit à l’information juridique et judiciaire
 Modernisant les services du casier judiciaire et les fournissant à distance au profit des
citoyennes et citoyens qu’ils soient l’intérieur de la patrie ou hors de cette dernière ;
 Mobilisant les professions judiciaires et juridiques pour adhérer au projet de la juridiction
numérique, communiquer numériquement avec les juridictions et bénéficier des services
judiciaires en ligne.

Le progrès réalisé en matière de digitalisation, par le secteur de la justice en particulier,


s’inscrit dans un contexte où le citoyen de manière générale, devient de plus en plus exigeant
envers l’administrations.

C’est ce qui explique pour conclure ce chapitre, que l’expérience d’ailleurs, de la


digitalisation de la justice au Maroc est le résultat de plusieurs programmes et projets mis en
place dans le cadre de partenariat publics – privés mais aussi de semainières et tables rondes
visant, entre autres, à moraliser le secteur de la justice au Maroc sans oublier les
recommandations de la Cour des comptes qui met le citoyen au centre des services publics et
recommande par la même occasion de focaliser les efforts sur les services en ligne les plus
demandés.
Sites exploités :

La justice marocaine accélère la digitalisation de ses services , H24info

Maroc : Quid de la réforme de l'administration publique? - YouTube

Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (cspj.ma)

ISM

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