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Domaine d’application :

La procédure civile est, comme son nom l’indique, la procédure de la société civile et qui, de ce fait, n’est pas
limitée au droit civil proprement dit. C’est ainsi qu’elle couvre toutes les activités, qu’il s’agisse de celles à
caractère civil, social, commercial et administratif, à l’exception des infractions pénales et militaires. Il va de
soi que le législateur prend soin, lorsqu’il estime nécessaire, de consacrer des dispositions spécifiques au niveau
du code de procédure civile afin de tenir compte des particularités de certaines matières tel que le statut
personnel, social, commercial… La même technique a été suivie par la réforme législative sur les TA. La
procédure civile constitue une technique d’organisation et de procès en ce sens qu’elle permet d’assurer la
conduite d’un procès avec sérénité et sécurité juridique. Sur le plan étymologique du terme, la procédure civile
revêt 2 sens :
- au sens large : elle désigne l’ensemble des formalités devant être suivies pour l’obtention d’un certain
résultat ;
- au sens plus restreint : elle détermine les formalités à accomplir pour saisir valablement une juridiction
donnée. Ainsi, la procédure civile est constituée par l’ensemble des règles qui régissent l’organisation et le
fonctionnement de la justice aussi bien dans les rapports entre les particuliers que leurs relations avec l’État.
Elle permet aux justiciables de s’adresser aux juridictions pour obtenir la reconnaissance de leurs droits et
précise les moyens d’assurer l’exécution forcée des obligations à l’encontre de leurs débiteurs ainsi que les
sanctions appropriées.
La procédure civile comporte 3 types de règles fondamentales : tout d’abord celles relatives à l’organisation
judiciaire, ensuite celles régissant la compétence, et enfin celles concernant la procédure proprement dite.
Quant aux voies d’exécutions, elles constituent le prolongement normal de la procédure civile et peuvent être
définies comme étant des procédures visant l’exécution, soit d’un engagement, soit d’une décision judiciaire.
En fait, seule l’exécution sur les biens constitue actuellement le procédé principal qui est réalisé par les
saisines.
Cadre juridique :
La procédure civile a été régie par le Dahir du 12 août 1913 qui a été remplacé par le Dahir du 28 septembre
1974 et qui a marqué la naissance d’un nouveau code de procédure civile. A son tour, ce dernier a fait l’objet de
plusieurs modifications par plus de 20 textes. La fin de la première décennie du 21e siècle est marquée par un
tournant décisif dans la stratégie et la vision des réformes. C’est ainsi que le discours royal du 20 août 2009,
prononcé à l’occasion de la célébration du 56e anniversaire de la révolution du roi et du peuple, a marqué le
départ d’une réflexion sur une réforme profonde de la justice. Ce discours royal a annoncé 6 domaines
d’actions prioritaires.
Depuis ce discours royal, les services du ministère de la justice se sont activés pour mettre en œuvre des projets
de réforme dans ce sens. Selon le professeur Mohammed Jalal Essaid, il est à reconnaitre que ces travaux
préparatoires étaient éclipsés par la charte de la réforme du système judiciaire daté du mois de juillet 2013. Il
est à rappeler que le rédacteur de cette charte avait dressé un diagnostic des faiblesses du système judiciaire
dont notamment la lenteur, la complexité et le manque de transparence. Cette charte a arrêté 18
recommandations.
A ce jour, les textes importants sur l’indépendance du pouvoir judiciaire ont été adoptés et certains même sont
entrés en vigueur. Ainsi ont été publiées au BO du 18 août 2016 les lois organiques relatives au Dahir du CSPJ
et le statut des magistrats. Il est à noter que les membres du CSPJ ont été déjà installés le 6 avril 2017 et
devront élaborer un code de déontologie en leur qualité de garant des droits des magistrats. Le président
délégué du CSPJ a annoncé en 2017 que 21 dossiers disciplinaires ont été ouverts et 15 ont été retenus (ex. :
certains magistrats ont eu une exclusion de 6 mois sans salaires). Cependant, le conseil a fait bénéficier 340
magistrats d’un avancement de grade.
Par la suite a été promulgué le Dahir du 17 août 2017 relatif au transfert des attributions de l’autorité
gouvernementale chargé de la justice au procureur général du roi auprès de la Cour de cassation en qualité de
chef du ministère public et édictant des règles de présidence du ministère public. Lors de la première édition de
la conférence internationale de la justice tenue à Marrakech du 2 au 4 avril 2018, le Roi a adressé un message
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fort. Au niveau de l’axe de l’efficience, le bilan de 2018 des tribunaux traduit un impact positif des nouvelles
réformes entrées en vigueur. C’est ainsi que 2 901 975 ont été enregistrés dont 85 % attribués aux TPI.
A l’occasion de l’ouverture de l’année judiciaire en janvier 2020, le président délégué du CSPJ s’est félicité du
nombre de jugements rendus par les tribunaux marocains et qui s’élèvent à 3 172 653, soit une moyenne de 1
133 décisions par juge. Au niveau de la Cour de cassation, il a relevé que 51 551 affaires ont été enregistrées,
une augmentation de 2,21 %. Il a également souligné que le nombre d’affaires jugées en 2019 a connu une
augmentation atténuant 46 726 décisions, soit un bond de 17 %, en précisant que la proportion des cas résolus
en moins d’un an s’est établie à 77 %. Le président a rappelé le lancement de l’application de la e-délibération
dans nombres de services de cassation. La dématérialisation des décisions et de l’archivage, outre les projets
techniques, seront lancés en 2020 dans plusieurs circonscriptions judiciaires pilotes avant leur généralisation.
Pour sa part, le procureur général du Roi près de la Cour de cassation et président du ministère public, M. Abd
Nabaoui, a annoncé que la justice est devenue aujourd’hui non seulement indépendante mais a été érigée en 3e
pouvoir. Pour surmonter les difficultés liées au retard des jugements devant la Cour de cassation, il a fait appel
au pouvoir exécutif et au pouvoir législatif afin de mettre en place un dispositif juridique visant à limiter le
pourvoi en cassation et donner la priorité aux affaires les plus importantes. Dans l’attente de la finalisation et
surtout de l’entrée en vigueur de l’ensemble des textes sur les 6 axes principaux cités et surtout de l’av-pr du
CPC intégrant les effets de ces réformes comportant les orientations, la procédure civile demeure régie par le
CPC marocain du 9/1974 tel que modifié comme précisé précédemment. Ce code est composé de 528 articles
répartis en 10 titres.
Titre premier : comporte les dispos° préliminaires et le rôle du ministère public devant les juridictions civiles ;
Deuxième titre : La compétence des juridictions Troisième titre : La procédure devant
les juridictions de première instance ; Quatrième titre : Les procédures en cas d’urgences, et l’injonction de
payer
Cinquième titre : Les procédures spéciales ; Sixième titre : Les procédures devant la cour d’appel, et les
chambres d’appels de 1re instance
Septième titre : La cour de cassation ; Huitième titre : La rétractation ; Neuvième titre : Les voies
d’exécution ; Dixième titre : Dispositions générales
Le conseil du gouvernement du 19 février 2016 a adopté le projet de loi n° 38-15 relatif à l’organisation
judiciaire du royaume. Ce projet de loi intervient dans le cadre du chantier global de la réforme de la justice. Il
insiste en particulier sur le renforcement des droits des justiciables en prévoyant notamment le principe du
bénéfice de l’assistance judiciaire et de la perception de dommages-intérêts en cas d’erreur judiciaire. Aussi, il
accorde une importance à l’exécution des jugements et des procédures auprès des tribunaux de manière à
garantir un procès équitable, ainsi que le respect des droits de la défense et le prononcé du jugement dans un
délai raisonnable. Le projet de loi prévoit également des dispositions tendant à faciliter l’accès à l’information
juridique et judiciaire en permettant aux justiciables de suivre leurs procédures à distance dans le respect des
données personnelles des individus et l’emploi d’un langage accessible. S’agissant des règles de
fonctionnement des instances judiciaires, le projet met l’accent sur la nécessité d’un fonctionnement régulier
des tribunaux permettant d’assurer la continuité des services et la tenue des audiences.
Il confirme la langue arabe comme langue de plaidoirie devant les tribunaux et de formulation des jugements
tout en tenant compte des dispositions constitutionnelles relatives à la mise en œuvre du caractère officiel de la
langue amazighe. Le projet de loi met l’accent sur la nécessité de motiver les jugements qui ne peuvent être
prononcés qu’avant leur rédaction complète. Par ailleurs, les jugements doivent concilier l’avis divergent dans
l’exposé des motifs afin de mieux déterminer les responsabilités au cas où celles-ci sont engagées par suite
d’erreurs judiciaires.
Quant à l’organisation interne, le projet élargie le rôle de l’assemblée générale du tribunal en imposant un
certain nombre de nouveautés dans le cadre de la gestion administrative des tribunaux. C’est ainsi qu’il instaure
l’unification des greffes au niveau du tribunal, la création de la fonction du secrétaire général du tribunal chargé
de la gestion administrative de la juridiction avec la mise en place d’un système de coordination générale. Par
ailleurs, s’agissant des composantes des tribunaux, le projet de loi supprime les chambres d’appels au sein des
TPI et instaure la possibilité de créer, par décret et après consultation du CSPJ, des sections spécialisées en
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matière de justice commerciale et administrative. Il a également élargi le principe du juge unique dans le
domaine de la famille pour inclure notamment les affaires du divorce par consentement mutuel, la pension
alimentaire, l’indemnité pour la garde des enfants…
Enfin, le projet élargit du domaine d’application de la justice collégiale au sein des TPI en incluant les affaires
correctionnelles.
Les caractéristiques générales de la procédure civile :
1) La procédure civile est essentiellement une procédure de type inquisitoire. Dans le cadre de la procédure de
type accusatoire, les parties et leurs mandataires ont la direction du procès en ce sens qu’ils ont l’initiative de
son déclenchement et peuvent le conduire jusqu’à son terme, c’est notamment le cas du système français où le
juge apparaît comme un arbitre passif dont le rôle se limite à rendre le jugement qui tranche le litige. En
revanche, la procédure civile marocaine est une procédure de type inquisitoire, en ce sens que le procès est
dirigé non par les parties et leurs mandataires mais par le juge lui-même. Ce caractère se traduit dans
l’institution du juge rapporteur, aussi bien devant les TPI, les TA et de commerce ainsi que devant la Cour de
Cassation. (Article 334 du CPC) Toutefois, un praticien de droit a noté que, faute de moyens matériels et humains
suffisants, le juge n’est pas toujours en mesure de se consacrer entièrement au rôle véritable consistant à
instruire et à juger l’affaire. En conséquence, il se borne souvent à insister passivement à l’échange
ininterrompu des conclusions entre les parties. De ce fait, certains traits caractéristiques de la procédure
accusatoire ne sont donc pas totalement absents.
2) La procédure civile est un droit servant et sanctionnateur : contrairement au droit civil, la procédure civile
n’est pas un droit substantiel mais un droit sanctionnateur qui n’a pour objectif que la réalisation des droits
subjectifs substantiels. En conséquence, la procédure n’est donc pas une fin en soi, mais elle sert les droits
substantiels. Du fait de son rôle d’auxiliaire aux droits substantiels, la procédure civile dépend de ce dernier et
n’existe que par lui.
3) La procédure civile est un droit indépendant : bien qu’au service du droit substantiel, la procédure civile n’en
concerne pas moins en principe son autonomie, comme en témoigne le fait qu’elle est insérée dans un code
spécifique à savoir le Code de procédure civile.
4) La procédure civile est une discipline technique érigée en véritable science du procès : considérée
traditionnellement comme complexe, trop technique, constituée d’un ensemble de formalités minutieuses et
dissuasives, la procédure civile a progressivement perdu la réputation négative qu’on lui attribuait à tort, elle est
désormais perçue comme une discipline réellement noble et utile. Pendant longtemps, la matière a été négligée
notamment dans l’enseignement. Souvent apparue comme mineure ou secondaire, la discipline procédurale est
désormais incontournable et traite tant de l’action en justice, de la compétence, de l’instance, que du jugement
et des voies de recours. La connaissance des droits substantiels se révèle insuffisante à elle seule et il s’avère de
plus en plus que la maîtrise du droit procédural est indispensable pour assurer leur mise en mouvement et leurs
sanctions. C’est avec l’apparition du droit procédural que la matière a acquis ses lettres de noblesse accédant au
statut de science du procès. En outre, la technique procédurale est étudiée pour elle-même mais également en
lien avec la protection des libertés publiques des justiciables dans le procès.
5) La procédure civile est constituée par des règles procédurales rigoureuses : les règles procédurales se
caractérisent par leur formalisme et leur impérativité.
➢ Le formalisme des règles procédurales se traduit dans le fait que le procès civil obéit à des règles
rigoureuses. Il impose aux justiciables des délais pour agir que ce soit diligenter une action en justice ou
exercer des voies de recours ou constituer un avocat devant les juridictions ou encore pour présenter des
conclusions devant les tribunaux pendant la phase d’instruction. En outre, le CPC requiert parfois des parties la
formulation de leurs prétentions ou de certaines de leurs demandes dans les écrits. Il les contraint également à
respecter un ordre déterminé dans le développement de leurs arguments de défense. Le formalisme du procès
civil s’impose également au juge qui doit rendre un jugement écrit en langue arabe comportant un certain
nombre de mentions sous peine de nullité. Le formalisme du procès civil n’est pas fortuit, il est imposé au
justiciable et au juge d’abord pour donner un cadre précis et prévisible à l’action en justice et ensuite pour
éviter l’arbitraire et assurer des garanties aux justiciables.
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➢ L’impérativité des règles procédurales constitue la deuxième manifestation de cette rigueur, elle s’explique
par le fait que la justice est un service public et qu’il serait anormal d’abandonner au justiciable le choix de la
juridiction à saisir ou le choix d’une procédure. De ce fait, les règles de procédure civile sont impératives et
échappent en principe à la volonté des parties. Toutefois, le caractère impératif ne concerne pas toutes les règles
de la procédure civile, seules les règles relatives à l’organisation judiciaire le sont absolument. Les règles de
procédure civile sont applicables sur l’intégralité du territoire marocain. De plus, lorsque le législateur n’a pas
édicté de règles de droit transitoires, les lois de procédures sont susceptibles de s’appliquer immédiatement aux
instances futures et mêmes aux instances en cours.

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PARTIE 1 : L’ACTION EN JUSTICE
Chapitre 1 : Les règles générales régissant l’action en justice
Pour qu’une action « da3oua » puisse favorablement aboutir, il est nécessaire qu’elle s’appuie sur un droit
juridiquement reconnu. Dans le droit marocain, il n’existe pas de règles limitant le droit pour une personne de
saisir un tribunal en dehors des conséquences d’un éventuel abus de droit. Il va de soi que si une action peut
effectivement être engagée sans fondement juridique, elle sera vouée à l’échec. A l’inverse, un droit peut
exister sans donner lieu à la mise en œuvre d’une action, ainsi la victime d’un léger dommage pourra juger utile
d’en poursuivre le responsable. Il en résulte que le droit est indépendant de l’action proprement dite.
Quant à la demande « talab », elle constitue l’acte par lequel l’action est effectivement engagée. Elle diffère
toutefois de l’action elle-même en ce sens que son introduction n’épuise pas nécessairement la faculté
d’exercice de l’action par le demandeur. Ceci a d’ailleurs des conséquences pratiques, une demande tendant à la
reconnaissance d’un droit rejetée pour insuffisance de pièces justificatives ou déclarée irrecevable pour des
raisons de forme peut être à nouveau formulée et accueillie si elle est par la suite régulière et assortie des
justifications requises. Par contre, si le tribunal a examiné le fond de la contestation qui lui est soumise et s’il a
rendu une décision sur le fond, l’action ne peut plus être valablement exercée par application de la règle de
l’autorité de la chose jugée.
Une autre conséquence de la distinction entre action et demande se trouve en matière de désistement. Le
désistement sur l’action met fin définitivement aux prétentions du demandeur. En revanche, si ce dernier s’est
désisté seulement sur sa demande sans renoncer à son action, il pourra éventuellement introduire ultérieurement
une nouvelle instance. Toutes les actions obéissent à des règles communes qui s’imposent aussi bien aux
magistrats qu’aux plaideurs.
➢ S’agissant des magistrats, il y a lieu de rappeler un principe juridique fondamental selon lequel le juge ne
peut être dispensé de juger ou de rendre une décision. Ainsi, toute affaire portée devant une juridiction doit
donner lieu à une décision. Cependant, en cas de désistement et s’il n’y a pas d’opposition, l’affaire est radiée et
mention de cette radiation est portée au registre des audiences. De plus, le CPC impose pour le juge saisi de
statuer dans les limites fixées par les demandes des parties et ne peut modifier d’office ni l’objet, ni la cause de
ces demandes. Toutefois, il doit toujours statuer conformément aux lois qui régissent la matière même si
l’application de ces lois n’est pas expressément requise par les parties. Par ailleurs, le CPC interdit à un
magistrat de connaître en appel ou en cassation une affaire dont il a déjà eu connaissance dans une juridiction
de degré inférieur.
➢ Quant aux plaideurs, ils sont tenus d’exercer leurs droits selon les règles de bonne foi conformément à
l’article 5 du CPC. La jurisprudence de la Cour de Cassation est constante dans l’application de ce principe.
Dans un arrêt du 6 Octobre 1999, elle a considéré que l’engagement de l’action devant un Tribunal, du territoire
d’un lieu autre que le domicile réel du défendeur afin de priver ce dernier de son droit de recours, est contraire
au principe de bonne foi institué par l’article 5 du CPC et que ce moyen a une relation étroite avec le principe
des droits de la défense et constitue une règle de fond. Dans un autre arrêt de la Cour Suprême du 26 Octobre
2005, il a été jugé que, constitue une violation du principe de bonne foi, le fait pour une femme d’avoir sollicité
la convocation de son mari dans une adresse autre que celle de son domicile réel qu’elle savait parfaitement
qu’il se situait en Hollande et sur lequel elle avait déjà entamée une action auparavant. L’av-pr du CPC a
institué des sanctions pour non-respect de la condition de bonne foi. Ainsi, il a prévu qu’il sera prononcé à
l’encontre de toute personne qui exerce ses droits de mauvaise foi une amende versée au profit de la trésorerie
générale allant de 500 à 5000 dirhams et ce en plus du dédommagement demandé par la partie lésée.

Section 1 : Les conditions de l’exercice de l’action


L’action en justice peut être librement exercée du fait de l’absence d’une disposition de la procédure marocaine
faisant obstacle à ce qu’un tribunal soit saisi par toute personne sur une prétention de quelque nature que ce
soit. En particulier, la nationalité du demandeur ne constitue pas une condition de l’action. De même, ce dernier
ne devra pas en principe fournir, comme dans certaines autres législations, une caution garantissant le paiement
des frais et des dommages en cas de rejet de ses prétentions. Sous réserve du paiement préalable de la taxe
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judiciaire, l’accès aux tribunaux est entièrement libre mais l’action en justice ne sera recevable que si celui qui
l’exerce justifie de la réunion d’un certain nombre de conditions. L’article premier du CPC énumère ces
conditions en précisant que : « Seules peuvent ester en justice les personnes qui ont qualité, capacité et intérêt
pour faire valoir leurs droits. ». Ces 3 conditions sont d’ordre public (aucune dérogation n’est permise). Le juge
relève d’office le défaut de la qualité ou de capacité ou d’intérêt ou le défaut d’autorisation lorsque celle-ci est
requise. Il met en demeure la partie pour régulariser la situation dans un délai qu’il fixe. Si la régularisation
intervient, l’action est considérée comme valablement engagée. Dans le cas contraire, le juge déclare l’action
irrecevable. La jurisprudence est constante dans l’application de ces conditions et considère aussi que le défaut
de l’une de ces conditions peut être invoqué à tout moment de la procédure. L’av-pr du CPC a donné une assise
légale à cette tendance jurisprudentielle en précisant que le défaut de l’une de ces actions peut être invoqué à
tout moment de la procédure aussi bien en première instance qu’en appel.
I. La qualité
La qualité est le titre qui autorise une personne à exercer en justice le droit qu’elle veut faire reconnaître ou
sanctionner. Celui qui exerce une action doit justifier qu’il est lié par un rapport de droit avec celui qu’il
poursuit. Ce rapport est entendu au sens large, qu’il s’agisse d’un lien contractuel, quasi-contractuel, délictuel
ou quasi-délictuel. La Cour de cassation a jugé dans un arrêt du 26 avril 2012 que le changement de
dénomination d’une société ne constitue pas la création d’une entité juridique nouvelle dès lors que les associés
personnes physiques sont demeurés identiques. De ce fait, ce changement de dénomination ne constitue pas un
défaut de qualité dans le conflit se déroulant devant la justice. En revanche, dans un arrêt de la Cour Suprême
du 28 Mai 2008, il a été jugé que l’appel interjeté à l’encontre d’une personne, dont il a été établi qu’elle était
décédée en cours de première instance, était dirigé contre une personne privée de la qualité juridique.
Cependant, bien qu’elle ne soit pas expressément consacrée par les textes, l’action oblique (c’est l’action qui
permet à un créancier d’exercer les droits sur son débiteur négligeant s’abstenant de faire valoir, comme par exemple
celui de faire inscrire sur les titres fonciers la dévolution successorale sur son profit) est admise par la doctrine et par
la jurisprudence marocaine. En revanche, certaines actions appelées « attitrées » ne peuvent être exercées que
par une personne déterminée (ex. : Mariage).
II. La capacité
Il s’agit évidemment de la capacité juridique. Elle est appréciée différemment selon qu’il s’agit de personnes
physiques ou de personnes morales.
Pour les personnes physiques, le demandeur devra avoir atteint l’âge de la majorité et ne pas être pourvu d’un
tuteur ou d’un administrateur légal. Le mineur ne pourra pas agir lui-même et devra donc être représenté par son
tuteur. L’av-pr du CPC prévoit la possibilité pour le tribunal d’autoriser un mineur à ester en justice lorsqu’il est
dépourvu d’un représentant légal ou n’a pu être représenté. La capacité présuppose l’existence juridique du
demandeur, cela signifie que ne sera pas admise une action exercée au nom d’une personne décédée.
S’agissant des personnes morales, le droit d’ester en justice est subordonné à leur existence en conformité aux
règles légales à savoir le respect des règles juridiques de constitution. Il en résulte que la condition juridique
n’est pas remplie pour une association n’ayant aucune existence légale ou une société irrégulièrement
constituée. Quant aux personnes morales de droit privé en cours de constitution et particulièrement les
associations, la jurisprudence a eu l’occasion de statuer sur leur situation. Dans un jugement du TA de Rabat en
date du 22 Juillet 2014, il a été considéré qu’une association qui ne dispose pas du récépissé provisoire n’est
pas autorisé d’agir en justice du fait qu’elle ne dispose pas de la capacité juridique qui lui attribue cette qualité.
En l’espèce, l’association dénommée « La Liberté Maintenant-Commission de la défense de la liberté de la
presse et d’expression au Maroc » s’est vue refuser le dépôt de son dossier de constitution par le responsable du
bureau d’ordre de la Wilaya. Un recours pour excès de pouvoir a été exercé contre la décision de refus du Wali.
Le trib. AdMv a considéré qu’en l’absence de récépissé provisoire du dépôt, la personnalité morale de
l’association n’est pas constituée ce qui l’a privé du droit d’agir en justice. Cette décision du TA de Rabat ne va
pas dans le sens de la jurisprudence de la Cour de cassation qui a décidée, dans un arrêt du 21 Mars 2013, que
le refus de délivrer un récépissé provisoire de dépôt de constitution d’une association constitue un excès de
pouvoir justifiant la sanction. Enfin pour les personnes morales de droit public, elles sont soumises à une tutelle
administrative et ne peuvent exercer d’action qu’avec l’autorisation de leur autorité de tutelle.
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III. L’intérêt
Cette condition est souvent exprimée sur la forme de l’adage : pas d’intérêt = pas d’action. Avant le code 1974,
cette condition était exigée uniquement par la jurisprudence du fait qu’elle n’était pas expressément prévue par
la loi. Désormais, l’article 1 du CPC du 28 septembre 1974 donne à cette condition une assise légale. L’intérêt
peut être matériel ou moral. Toutefois, il doit être direct et personnel. L’application de ses règles peut
présenter des difficultés lorsqu’il s’agit de demander une réparation d’une atteinte portée à des intérêts
collectifs. A cet égard, l’article 10 du Dahir du 16 juillet 1957 énonce que les syndicats peuvent, devant toutes
les juridictions, exercer tous les droits réservés à la partie civile relatifs aux faits portant un préjudice direct ou
indirect à l’intérêt collectif de la profession qu’il représente. Cette disposition met en relief la condition
essentielle de recevabilité de l’action du syndicat car c’est l’intérêt collectif de la profession qui doit être lésé et
non l’intérêt individuel d’un membre de cette profession.
Aussi, l’intérêt doit être légitime. Ainsi, la Cour de cassation a décidée que lorsqu’une convention à une cause
est contraire aux bonnes mœurs, les contractants qui y ont sciemment participé ne sont pas recevables à fonder
sur elle une action pour obtenir soit l’exécution soit la réparation du préjudice qui découle de son exécution. Le
principe est qu’un intérêt simplement éventuel ne suffit pas à fonder une action, mais ce principe n’est pas
absolu. La loi accorde dans certains cas la possibilité au titulaire de droit, qui peut être éventuel, de saisir les
tribunaux. Il est possible d’obtenir en référé la désignation d’un expert pour faire procéder à des constatations et
évaluer un préjudice même si les droits de celui qui a subi ce préjudice ne sont qu’éventuels. Cette faculté est
d’ailleurs légalement consacrée par le Dahir du 2 Octobre 1984 relatif à l’indemnisation des victimes des
accidents de circulations. Dans tous ces cas, il s’agit de conserver des éléments de preuves qui pourraient avoir
disparu au moment où le droit prendrait effectivement naissance. L’av-pr du CPC a donné aux évolutions
jurisprudentielles une assise légale. Ainsi, l’article 1 al. 2 a été ajouté à l’article 1 précisant que l’intérêt doit
être réel et légitime. Toutefois, un intérêt éventuel peut fonder une action lorsque l’objet de la demande tend à
prévenir un danger imminent et qu’il y ait des craintes sur la disparation des preuves qui le justifie

Section 2 : Classification des actions


I. Action réelle, personnelle, mixte
L’action est dite réelle lorsqu’elle a pour objet la reconnaissance d’un droit réel. Ainsi, l’action du demandeur
qui revendique un objet perdu ou volé est une action réelle puisque son aboutissement consacrera le droit de
propriété du demandeur sur cet objet. De même est l’action tendant à la reconnaissance d’un droit de propriété
ou de tout autre droit réel tel qu’un usufruit, servitude, hypothèque sur un immeuble déterminé.
En revanche, l’action relative à un droit personnel ou un droit de créance est qualifiée comme une action
personnelle, c’est le cas du divorce ou en paiement d’une pension alimentaire ou des dommages-intérêts pour
réparation d’un préjudice.
L’action mixte est celle qui a pour objet d’obtenir à l’encontre d’une personne l’exécution d’une obligation qui
se traduira par le transfert d’un droit réel au profit du demandeur. La distinction entre ces différentes catégories
d’actions a des intérêts multiples notamment pour la détermination de la compétence territoriale de la
juridiction. S’il s’agit d’une action réelle, le tribunal compétent sera celui de la situation de la chose, et en cas
d’action personnelle, ce sera celui du domicile du débiteur, sauf exceptions prévues par la loi. Enfin, en cas
d’action mixte, ce sera l’un ou l’autre de ces deux tribunaux au choix du demandeur. Un autre intérêt réside
dans le fait que l’action personnelle ne peut être exercée qu’à l’encontre du débiteur de l’action. En revanche,
l’action réelle, notamment l’action en revendication de meubles perdus, pourra être dirigée contre tout détenteur
de la chose.
II. Actions mobilières et actions immobilières
Les actions mobilières ont pour objet d’obtenir la sanction d’un droit de créance ou d’un droit sur un bien
mobilier.
Les actions immobilières ont pour objet la reconnaissance d’un droit immobilier, c’est le cas notamment de
l’action tendant à faire juger qu’un droit de préemption sur un immeuble a été valablement exercé, ou l’action
au partage d’un immeuble.
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L’intérêt de la distinction est principalement fondé sur la détermination de la compétence territoriale. L’action
immobilière doit être introduite devant le tribunal du lieu de la situation de l’immeuble, alors que l’action
mobilière relève de la compétence du tribunal du domicile du défendeur, sauf exceptions prévues par la loi.
III. Action pétitoires, actions possessoires
Parmi les actions réelles immobilières, une dernière distinction permet d’opposer l’action pétitoire et l’action
possessoire.
L’action pétitoire permet de constater la propriété d’un bien immobilier par une action judiciaire en
revendication. C’est au juge qu’il revient de déterminer le titulaire de tel droit réel sur un immeuble.
L’action possessoire a pour objet d’assurer la protection du possesseur d’un bien contre les troubles de cette
possession. Il est à noter que la possession est régie par l’article 166 du CPC.

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Chapitre 2 : La compétence
En terminologie judiciaire, la compétence d’une juridiction peut se définir comme le pouvoir qui lui est reconnu
par la loi de juger le litige qui lui est soumis. Le législateur a institué des règles générales qui s’imposent à
toutes les juridictions civiles, commerciales, administratives, etc. Aussi, sauf dispositions légales contraires, il
est interdit aux juridictions de connaître, même accessoirement, de toute demande tendant à entraver l’action de
l’administration de l’État ou autres collectivités publiques ou à faire annuler un de leurs actes (art 25 du CPC de
1974). Ce principe n’est tenu en échec qu’en matière de voie de fait. L’administration ne saurait se faire justice
elle-même sans commettre une voie de fait que le juge des référés est compétent à faire cesser. Il est à noter que
les dispositions de l’art 25 du CPC n’ont pas été reprises dans l’av-pr du CPC. Toutefois, cet avant-projet
maintient le principe interdisant aux juridictions de se prononcer sur la constitutionalité des lois. Une telle
compétence est dévolue à la Cour constitutionnelle en vertu de l’article 133 du Dahir du 29 juillet 2011. Cet
article dispose que la Cour constitutionnelle est compétente pour connaître d’une except° d’inconstitutionnalité
soulevée au cours d’un procès lorsqu’il est soutenu, par l’une des parties, que la loi dont dépend l’issue du litige
porte atteinte aux droits et libertés garanties par la constitution. Une loi organique fixe les conditions de
modalités d’application de cette disposition. Enfin, il y a lieu de préciser que sous réserve des dispositions de
l’art 149 du CPC, chaque juridiction connaît des difficultés relatives à l’interprétation ou à l’exécution des
jugements ou arrêts, notamment celles relatives aux frais exposés devant elles. Toutefois, il est à souligner que
ne peuvent faire l’objet d’appel les décisions rendues en matière d’interprétation ou d’exécution des jugements
sauf si les jugements intervenus dans les instances principales étaient eux-mêmes susceptibles d’appel.
Section 1 : La compétence d’attribution
I. Détermination de la compétence selon la nature des arrêts
Sous réserve de la compétence spéciale attribuée aux sections de la justice de proximité, le TPI connaît de
toutes les affaires civiles, de familles, commerciales, administratives et sociales, soit en premier et dernier
ressort, soit à charge d’appel.
Il est à noter que cette compétence est d’ordre public car l’article 18 du CPC dispose qu’il est également
compétent, nonobstant toute disposition contraire, même au cas où une loi spéciale aurait dévolu la
connaissance d’une catégorie d’affaire à une autre juridiction.
Il y a lieu de préciser que la détermination de la compétence en raison de la nature doit être appréciée à la
lumière de celle des TA conformément à l’article 8 du Dahir portant promulgation de la loi 41-90 du 10
septembre 1993. Ainsi, à la lumière de celle des tribunaux de commerce définis par la loi 53-95 art 5 à 9.
Il est assimilé que, parallèlement au TPI, le président de ce tribunal dispose d’une compétence spéciale pour
ordonner certaines mesures ou statuer dans certaines matières.
II. Détermination de la compétence selon la valeur du litige
Il est à noter que le taux de la compétence en dernier ressort est déterminé uniquement par le montant de la
demande tel qu’il résulte des dernières conclusions du demandeur, et ce à l’exception des frais de justice, des
intérêts moratoires, des astreintes et des amendes fiscales. Il y a lieu de distinguer selon qu’il s’agit d’une
demande déterminée ou indéterminée.
Pour les litiges à valeur indéterminée, la décision est rendue en premier ressort à charge d’appel.
Pour les litiges à valeur déterminée, il y a lieu de distinguer selon que la demande déterminée est multiple ou
unique. S’il s’agit d’une demande unique, le TPI est compétent en 1er ressort et à charge d’appel devant les
chambres d’appel des TPI pour les demandes d’une valeur n’excédant pas 20 000 DH. En revanche, le TPI est
compétent en 1er ressort et à charge d’appel devant la CA pour les demandes d’une valeur supérieure à 20 000 dh.
L’av-pr du CPC établit une distinction selon les tribunaux et la nature des affaires.
Pour les TPI, le taux de compétence en dernier ressort est abaissé à 5000 DH. Au-delà de cette somme, l’affaire
est jugée en premier ressort.
S’agissant des demandes multiples lorsque, dans une même instance, plusieurs demandes sont formulées par le
même demandeur contre le même défendeur, la décision est prononcée à charge d’appel si leur valeur globale
dépasse le taux du dernier ressort alors même que ces demandes seraient inférieures à cette somme.
9
La demande formulée par plusieurs demandeurs ou contre plusieurs défendeurs collectivement ou en vertu d’un
titre commun est jugée en dernier ressort si la part afférente à chacun des demandeurs ne dépasse pas le taux du
dernier ressort.
En revanche, elle est jugée pour le tout en premier ressort si la part d’un des intéressés excède cette somme.
Toutefois, ces dispositions ne sont pas applicables en cas de solidarité soit entre les demandeurs soit entre les
défendeurs ou lorsque l’objet du litige est indivisible.
Le tribunal connaît de toutes les demandes reconventionnelles ou par compensation ou qui, par leur nature ou
valeur, sont dans les limites de sa compétence.
Lorsque chacune des demandes principales, reconventionnelles ou en compensation dans les limites de sa
compétence en dernier ressort, le TPI se prononce sans qu’il y ait lieu à l’appel.
Si l’une des demandes n’est susceptible d’être jugée qu’à charge d’appel, le tribunal se prononce sur toutes les
demandes qu’en premier ressort.
En matière sociale, le TPI est compétent pour connaître les litiges suivants :
- Les contestations individuelles relatives aux contrats de travail ou d’apprentissage et les différends individuels
en relation avec le travail ou l’apprentissage ;
- La réparation des demandes résultant des accidents de travail et maladies professionnelles (Dahir 1963) ;
- Les contestat° auxquelles peut donner lieu l’applicat° des législations et réglementations sur la sécurité sociale.
Le juge statue en dernier ressort dans la limite de la compétence du TPI fixée à 20 000 DH, et à charge d’appel
si la demande est d’une valeur supérieure ou si son taux est indéterminé.
Toutefois, il statue seulement en premier ressort en matière d’accidents de travail et de maladies
professionnelles ainsi que des pensions servies au titre de la sécurité sociale, à l’exception des contestations
relatives à l’application des astreintes prévues par la législation sur les accidents de travail et les maladies
professionnelles qui sont jugées en dernier ressort même si les demandes sont indéterminées.
Il est à noter que les dispositions relatives aux demandes reconventionnelles sont identiques à celles précisées
précédemment. Enfin, il y a lieu de préciser que les contestations et les différends individuels relatifs aux
contrats de travail et d’apprentissage ou en relation avec ceux-ci doivent faire l’objet d’une seule demande sous
peine d’irrecevabilité. Toutefois, l’irrecevabilité peut être écartée si le demandeur peut justifier que les causes
des demandes nouvelles ne sont nées à son profit et n’ont été connues de lui que postérieurement à
l’introduction de la première demande primitive.
Par ailleurs, demeurent recevable les demandes nouvelles qui sont formées avant que la demande originaire soit
définitivement jugée, auquel cas elles doivent être jointes à la première demande pour qu’il soit statué sur
l’ensemble des demandes par un seul et même jugement.
Il est à noter que l’av-pr du CPC prévoit la suppression de cette dernière disposition.
S’agissant de la compétence matérielle des TA, elle est définie par les articles 8, 9, 20 et 44 de la loi 41-90
instituant les TA promulgués par le Dahir du 10 septembre 1993 tel que modifié et complété. En vertu de cette
loi, les TA sont compétents pour juger en premier ressort des actions suivantes :
• Les recours en annulation pour excès de pouvoir formés contre les décisions des autorités administratives ;
• Les litiges relatifs aux contrats administratifs ;
• Les actions en réparation des dommages causés par les actes ou les activités des personnes publiques, à
l’exclusion toutefois de ceux causés sur la voie publique par un véhicule quelconque appartenant à une
personne publique ;
• Des litiges nés à l’occasion de l’application de la législation et de la réglementation des pensions et du capital
décès des agents de l’État, des collectivités locales, des établissements publics, du personnel de l’administration
de la Chambre des représentants et de la Chambre des conseillers ;
• La législation et la réglementation en matière électorale ;
• La législation et la réglementation fiscale ;
• Le droit de l’expropriation pour cause d’utilité publique ;
10
• Les actions contentieuses relatives au recouvrement des créances du Trésor ;
• Les litiges relatifs à la situation individuelle des fonctionnaires et agents de l’État et collectivités locales,
établissements publics, des fonctionnaires de la Chambre des représentants et de ceux de la Chambre des
conseillers ;
Quant à la compétence matérielle des TC, elle est déterminée par les articles 5 à 9 de la loi 53-95 instituant des
juridictions de commerce promulguée par le Dahir du 12 Février 1997 tel que modifié et complété. C’est ainsi
que les TC sont compétents dans les domaines suivants :
• Les actions relatives aux contrats commerciaux ;
• Les actions entre commerçants à l’occasion de leur activité commerciale ;
• Les actions relatives aux effets de commerce ;
• Les différends entre les associés d’une société commerciale ;
• Les différends relatifs aux fonds de commerce.
Le commerçant peut convenir avec le non commerçant d’attribuer compétence au TC pour connaître les litiges
pouvant les opposer à l’occasion de l’exercice de l’une des activités du commerçant. Aussi, les parties pourront
convenir de soumettre les litiges à la procédure d’arbitrage et de médiation.
Sont exclus de la compétence des TC les affaires relatives aux accidents de circulation.
Il est à noter que les TC sont compétents pour connaître des demandes dont le principal excède la valeur de
20 000 DH. Ils connaissent également toutes les demandes reconventionnelles ou en compensation quelle qu’en
soit la valeur.
Le TC peut allouer une provision lorsque la créance est établie et qu’elle ne fait pas l’objet d’une contestation
sérieuse, et ce à condition de fournir les garanties réelles ou personnelles suffisantes.
Par dérogation des dispositions de l’article 17 du CPC, le TC doit statuer sur l’exception d’incompétence en
raison de la matière dont il est saisi par jugement séparé dans un délai de 8 jours.
Le jugement relatif à la compétence peut faire l’objet d’un appel dans un délai de 10 jours à compter de la date
de notification. Le greffe est tenu de transmettre le dossier à la CA de commerce le jour suivant celui du dépôt
de la requête d’appel.
La cour statue dans un délai de 10 jours à compter de la date à laquelle le dossier parvient au greffe. Lorsque la
CA de commerce statue sur la compétence, elle transmet d’office le dossier au tribunal compétent.
Le greffe est tenu de transmettre le dossier au tribunal compétent dans un délai de 10 jours à compter de la date
à laquelle l’arrêt a été prononcé. L’arrêt de la Cour n’est susceptible d’aucun recours ordinaire ou extraordinaire.
Enfin, il est à noter que le TC est compétent pour connaître de l’ensemble des litiges commerciaux qui
comportent un objet civil.
III. Les sanctions de non-respect des règles de compétence d’attribution
Il est à noter que l’incompétence, en raison de la matière, peut être prononcée d’office par le juge du premier
degré. Toute exception d’incompétence doit être soulevée par les parties avant toute autre exception ou moyen
de défense, c’est dans ce sens qu’a statué la Cour Suprême, notamment dans un arrêt du 31 mai 2007 dans
lequel elle a considéré que l’exception d’incompétence ne peut être retenue dans la mesure où il résulte des
pièces du dossier qu’elle n’a été invoquée qu’après l’étude du litige au fond.
Aussi, la Cour de Cassation a rejeté un moyen tiré de l’incompétence matérielle évoqué devant elle pour la
première fois et ce dans un arrêt du 17 avril 2012.
L’av-pr du CPC impose à la juridiction de première instance de statuer par un jugement séparé et insusceptible
de recours dans un délai de 8 jours depuis la date à laquelle l’exception a été soulevée. Elle ne peut être
invoquée en cause d’appel qu’en cas d’un jugement rendu par défaut.
Le demandeur à l’exception est tenu de faire connaître, sous peine d’irrecevabilité, la juridiction devant laquelle
l’affaire doit être portée. Si l’exception est accueillie, le dossier est transmis à la juridiction compétente qui se
trouve saisie de plein droit et sans frais. Enfin, le tribunal saisi d’une exception d’incompétence doit statuer sur
celle-ci soit par jugement séparé, soit en joignant l’incident au fond.
11
• Compétence des CA et des chambres d’appels des TPI
Sauf disposition légale contraire, les CA connaissent des jugements de première instance ainsi que des appels
des ordonnances rendues par leurs présidents. Par dérogation à cette disposition, la chambre d’appel du TPI
connaît des appels formés à l’encontre des jugements rendus en premier ressort par les TPI dans la limite des
dispositions du paragraphe premier de l’article 19 (jusqu’à la valeur de 20 000 DH).
Il est à rappeler que l’av-pr du CPC et le projet de loi sur l’organisation judicaire prévoit la suppression des
chambres d’appel devant les TPI.
Section 2 : La compétence territoriale
On entend par compétence territoriale celle qui permet à une juridiction déterminée de statuer valablement dans
les limites du territoire constituant son ressort. Le ressort géographique de chaque juridiction est précisé par le
Dahir relatif à l’organisation judiciaire et les textes d’application de ce Dahir. La compétence territoriale du
tribunal saisi d’un litige s’établit à partir de certaines règles juridiques (qui vont être ci-après étudiées).
I. Principe général de la compétence territoriale : le domicile du défendeur
Le principe général est posé par l’article 27 du CPC selon lequel la compétence appartient au tribunal du
domicile réel ou élu du défendeur. En d’autres termes, lorsqu’un litige se produit, le demandeur doit s’adresser
à la juridiction du lieu où habite celui qu’il veut assigner. La raison admise de cette règle est que, aussi
longtemps que le conflit n’est pas déclenché, il existe une certaine situation d’équilibre et que celui qui prend
l’initiative de rompre cet équilibre doit en supporter les inconvénients pratiques, notamment ceux résultant de
l’éloignement de son adversaire.
L’article 519 du CPC donne, pour la première fois dans la législation marocaine, une définition légale du
domicile. Cette définition est reprise par l’av-pr du CPC dans son article 19.
Il y a lieu de définir la notion de domicile et de résidence au sens légal et d’envisager par la suite les cas
particuliers d’élection de domicile, d’absence de domicile et de pluralité des défendeurs.
1) Définition et détermination du domicile légal et de la résidence
• Pour une personne physique, le domicile est le lieu où elle a son habitation principale et le centre de ses
affaires et de ses intérêts.
Cette définition suppose, à première vue, la réunion de deux éléments : l’habitation proprement dite d’une part,
et le lieu habituel d’exercice de l’activité professionnelle et patrimoniale d’autre part.
Si la personne a son habitation habituelle en un lieu et le centre de ses affaires dans un autre, elle est considérée
comme domiciliée à l’égard de ses droits de famille et de son patrimoine personnel, là où elle a cette habitation
habituelle et à l’égard des droits relevant de son activité professionnelle là où elle a le centre de ses occupations
et de ses intérêts, sans qu’aucune nullité soit encourue par un acte de procédure délivré indifféremment à l’une
ou l’autre adresse.
Le domicile légal de l’incapable est fixé par l’article 521 du CPC au lieu du domicile de son tuteur.
Quant au fonctionnaire public, son domicile légal est fixé au lieu où il exerce ses fonctions.
Le domicile se distingue de la résidence qui est définie comme étant le lieu où la personne se trouve
effectivement à un moment déterminé (article 520).
Le marocain qui fixe en pays étranger sa résidence principal ne perd pas son domicile au Maroc s’il exerce dans
le pays étranger une fonction officielle qui lui a été conférée par un organisme public marocain ou international.
Ce domicile est, soit au siège de l’organisme pub. qui l’emploie, soit au siège de son administrat° d’origine ou, s’il est
au service d’un organisme international, le départem. consulaire du ministère des affaires étrangères à Rabat (art 526).
Tout étranger peut posséder une résidence au Maroc en se conformant à la réglementation spéciale régissant
son séjour dans le Royaume.
Les règles déterminant le lieu de son domicile ou de sa résidence sont identiques à celles qui régissent les
nationaux. Sauf preuve contraire, l’étranger remplissant ces conditions est présumé posséder son domicile ou sa
résidence au Maroc. Le présent article ne s’applique pas à l’étranger qui exerce une fonction conférée par un
organisme national ou international (article 525).
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• S’agissant des personnes morales et particulièrement les sociétés, leur domicile est fixé en principe au lieu
où se trouve leur siège social, sauf dispositions légales contraires.
• Moment de la détermination du domicile : qu’il s’agisse des personnes physiques ou personnes morales, le
domicile à considérer est celui existant au moment du dépôt de la requête. Un changement ultérieur de domicile
du défendeur n’aurait donc aucune incidence sur la compétence territoriale du tribunal saisi. Ce principe est
admis sans discussion par la jurisprudence.
2) Les cas particuliers
Les cas particuliers concernent la détermination conventionnelle de domicile, l’absence de domicile et la
problématique de la détermination du domicile en cas de pluralité des défendeurs.
a) Élection de domicile
L’élection de domicile consiste à fixer une fois pour toutes, par convention, un domicile théorique qui peut
d’ailleurs coïncider avec le domicile réel lors de la conclusion de la convention, et qui servira par la suite à la
détermination de la compétence territoriale en cas de conflit. Ceci évite les inconvénients d’un changement
ultérieur de domicile et ses répercussions possibles sur cette compétence territoriale. Selon l’article 524 du
CPC, en cas de conflit, le domicile élu prévaut sur le domicile réel ou le domicile légal.
Les effets de cette élection de domicile se limitent évidemment à l’objet pour lequel elle a été faite. La question
se pose toutefois de savoir si, en cas d’élection de domicile, le demandeur ne peut s’adresser qu’au tribunal du
domicile élu et non à celui du domicile réel. L’utilisation, dans l’article 524 du CPC, du terme « prévaut »
semble impliquer qu’effectivement le demandeur conserve la faculté de saisir le tribunal du domicile réel.
La jurisprudence marocaine s’est prononcée dans ce sens lorsque l’élection de domicile a été faite par une
partie dans l’intérêt de l’autre partie. Elle constitue pour cette dernière un avantage auquel elle a le droit de
renoncer. Si, au contraire, elle a été faite dans l’intérêt réciproque des parties, la partie poursuivante n’a plus
l’option entre le domicile réel et le domicile élu.
b) Absence de domicile
Le justiciable peut n’avoir aucun domicile au Maroc. Toutefois, s’il y possède une résidence, le tribunal
compétent sera alors celui du lieu de sa résidence. S’il n’a ni domicile ni résidence, le principe de l’article 27
cédera la place à des considérations d’ordre pratique et le demandeur pourra s’adresser au tribunal du lieu de
son propre domicile ou de sa résidence ou de celui de l’un d’entre eux s’ils sont plusieurs.
Cette règle permet donc à la partie résidant au Maroc d’obtenir une décision du tribunal marocain même si son
adversaire réside à l’étranger. Il faut cependant remarquer que l’exécution à l’étranger de la décision ainsi
obtenue pourra se heurter à des difficultés. Le tribunal étranger appelé à autoriser cette exécution peut la refuser
s’il estime que sa règle de compétence interne a été violée.
c) Pluralité de défendeurs
Lorsqu’il y a plusieurs défendeurs, le demandeur peut s’adresser au tribunal de l’un d’entre eux à la condition
toutefois que celui dont le domicile détermine la compétence n’ait pas été arbitrairement attrait à la procédure
pour justifier une compétence qui, normalement, aurait appartenu à un autre tribunal.
II. Les dérogations au principe
Le principe de la compétence territoriale du domicile du défendeur comporte un ensemble d’exceptions qui
reposent sur des considérations de natures diverses. Ces considérations peuvent aboutir soit à imposer
la « compétence unique » d’un tribunal déterminé pour des raisons pratiques ou d’ordre public, soit à offrir au
demandeur le choix entre deux ou plusieurs tribunaux « option de compétence ». Cette option sera exercée en
fonction soit de la situation du demandeur qui mérite une faveur particulière, soit du lieu de situation de l’objet
du litige, soit du lieu de création ou d’exécution de l’obligation objet de la contestation.
Ces dérogations sont précisées par les articles 28 et 29 du CPC qui prévoient soit une compétence unique soit
une option de compétence.

13
1) Compétence unique
– en matière immobilière, y compris les actions pétitoires ou possessoires, le tribunal compétent est celui de la
situation des biens litigieux ;
– en matière de travaux publics, l’action doit être portée devant le tribunal du lieu où les travaux ont été
exécutés ;
– en matière de contrats dans lesquels l’État ou une autre collectivité publique est partie, la compétence
appartient au tribunal du lieu où le contrat a été signé ;
– en matière d’impôts directs et de taxes municipales, le tribunal compétent est celui du lieu où l’impôt ou la
taxe est dû ;
– en matière de succession, l’action est exercée devant le tribunal du lieu où la succession est ouverte ;
– en matière de société, le tribunal compétent est celui du lieu du siège social. Les articles 5 et 11 précités :
Article 5, al. 1er (paragraphe 4) : « Les TC sont compétents pour connaître des différends entre associés d’une
société commerciale » ; Article 11 (paragraphe 1). La loi n° 53-95 instituant des juridictions de commerce
précise que « Par dérogation aux dispositions de l’article 28 du CPC, les actions sont portées, en matière de
sociétés, devant le TC du lieu du siège social de la société ou de sa succursale » ;
– en matière d’assurance portant sur des immeubles ou des meubles par nature, la compétence est attribuée au
tribunal du lieu de la situation des objets assurés ;
– en matière de sécurité sociale, la compétence revient au tribunal du domicile du défendeur. Toutefois, la
compétence revient uniquement au tribunal de Casablanca lorsque le domicile de l’assuré est situé à l’étranger ;
– en matière de prévention et de traitement des difficultés des entreprises, devant le tribunal du lieu du principal
établissement du commerçant ou du siège social de la société, article 566 du CC. Il est à noter que le tribunal
qui a ouvert la procédure de traitement est compétent pour toutes les actions qui s’y rattachent. A cet effet, le
législateur précise qu’il est considéré comme particulièrement action relevant de cette compétence, celle se
rapportant à l’administration de la procédure ou celle dont la solution requiert l’application des procédures de
traitement. Lorsqu’il se révèle que la procédure doit être étendue à une ou plusieurs entreprises par suite de
confusion de leur patrimoine, le tribunal initialement saisi reste compétent. Désormais, depuis la réforme de
2014, l’expression de difficultés de l’entreprise a été remplacée par celle de procédures de prévention et de
traitement des difficultés de l’entreprise.
2) Les options de compétence
– en matière mixte portant à la fois sur la contestation d’un droit personnel et d’un droit réel, l’action peut être
portée devant le tribunal de la situation des lieux des objets ou celui du domicile ou de la résidence du
défendeur ;
– en matière de pension alimentaire, le tribunal compétent est celui du domicile ou de la résidence du
défendeur ou du demandeur, au choix de ce dernier ;
– en matière de prestations de soins médicaux ou de nourriture, l’action peut être exercée soit devant le tribunal
du lieu où les soins ont été prodigués, soit celui du lieu où la nourriture a été fournie ;
– en matière de réparations de dommages, le tribunal compétent est celui du lieu où le fait dommageable s’est
produit ou celui du domicile du défendeur, au choix du demandeur ;
– en matière de fournitures, travaux, locations, louages d’ouvrages ou d’industrie, l’action peut être portée
devant le tribunal du lieu où la convention a été contractée ou exécutée lorsque l’une des parties est domiciliée
en ce lieu ; à défaut, devant le tribunal du lieu du domicile du défendeur ;
– en matière de contestations relatives aux correspondances, objets recommandés et envois de valeurs déclarées
et colis postaux, le tribunal compétent est celui du domicile de l’expéditeur ou celui du domicile du
destinataire, au choix de la partie la plus diligente ;
– en matière d’incapacité, d’émancipation, d’interdiction ou de révocation d’un tuteur datif ou testamentaire,
l’action peut être portée soit devant le tribunal du lieu d’ouverture de la succession, soit celui du domicile de
ceux qui sont frappés d’incapacité, au choix de ceux-ci ou de leur représentant légal. S’ils n’ont pas de domicile
au Maroc, l’action est portée devant le tribunal du lieu du domicile du défendeur ;
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– en toute autre matière commerciale, le demandeur peut, au choix, porter son action soit devant le tribunal du
domicile du défendeur, soit devant celui dans le ressort duquel l’exécution devait être effectuée ;
– en matière d’assurances, dans toutes les instances relatives à la fixation et au règlement des indemnités dues,
l’action peut être portée devant le tribunal du domicile ou de la résidence de l’assuré ou devant le tribunal du
lieu où s’est produit le fait dommageable ;
– en matière de contrat de travail et d’apprentissage, le tribunal compétent peut être celui du lieu de la situation
de l’établissement lorsque le travail a lieu dans un établissement ou celui du lieu où l’engagement a été
contracté ou exécuté pour le travail en dehors de l’établissement ;
– en matière d’accidents du travail, le tribunal compétent est celui dans le ressort duquel s’est produit
l’accident. Toutefois, lorsque l’accident s’est produit dans le ressort d’un tribunal autre que celui dans lequel
réside la victime, celle-ci ou ses ayants droit peuvent opter pour le tribunal de leur résidence. Si l’accident du
travail s’est produit hors du Maroc, la compétence revient au tribunal de la résidence de la victime ou de ses
ayants droit.
– en matière de maladies professionnelles, celui de la résidence du travailleur ou de ses ayants droit. Toutefois,
lorsque le domicile du travailleur ou de ses ayants droit est situé à l’étranger, la compétence revient au tribunal
du lieu où la déclaration de la maladie a été déposée.
3) Les demandes complémentaires
Les demandes en garantie et autres demandes incidentes, les interventions et les demandes reconventionnelles
doivent être portées devant le tribunal saisi de la demande principale, sauf à ce tribunal, s’il apparaît, de toute
évidence, que la demande initiale a été portée devant lui pour traduire la partie appelée hors de sa juridiction
normale, à renvoyer le demandeur à se mieux pourvoir.
Section 3 : les prorogations de compétence
On entend par « prorogation de compétence » le fait de donner à une juridiction le pouvoir de juger un litige
qui, normalement, excéderait les limites soit de sa compétence d’attribution, soit de sa compétence
territoriale. Cette prorogation de compétence peut découler d’une décision judiciaire lorsque, sur renvoi après
cassation, une juridiction autre que celle qui aurait été territorialement compétente pour statuer est désignée par
la Cour de cassation pour trancher à nouveau le litige au fond. Elle peut aussi résulter d’une convention des
parties. Celles-ci décident, d’un commun accord, de porter un litige déjà né ou un litige à naître devant une
juridiction autre que celle qui devrait normalement être saisie.
I. Prorogation de compétence d’attribution
Le principe est que les règles de compétence d’attribution sont d’ordre public et qu’il n’est pas possible d’y
déroger par convention. Les parties ne peuvent pas décider de soumettre au TC ou au TA un litige qui relève de
la compétence du TPI en raison de sa nature ou de sa valeur. Inversement, un demandeur ne peut présenter au
TPI une affaire qui, de par sa nature ou son taux, relèverait de la compétence du TC ou du TA. De même, les
parties ne peuvent pas décider de soumettre directement à la CA un litige relevant du TPI : on ne peut pas
déroger à l’ordre normal des juridictions. Enfin, on ne peut pas soumettre directement à la Cour de cassation un
litige qui n’a pas été tranché en dernier ressort par le juge du fond.
II. Prorogation de compétence territoriale
Les clauses de prorogation de compétence concernent principalement la compétence territoriale. Elles sont
souvent utilisées en pratique. On en trouve de nombreuses applications, particulièrement dans les contrats
établis par les sociétés financières notamment celles qui pratiquent le crédit à la consommation et dont les
services contentieux sont centralisés dans certaines grandes villes.
Les clauses de ces contrats attribuent souvent compétence au tribunal du lieu du siège social de ces sociétés qui
peut ne pas être celui du domicile du défendeur. La question se pose de savoir si le juge est tenu d’accepter
cette prorogation de compétence. Elle est résolue par différentes dispositions légales : tout d’abord l’article 27
du CPC selon lequel la compétence territoriale appartient au tribunal du domicile réel ou élu du défendeur.
Ensuite l’article 524 du CPC selon lequel lorsqu’il a été fait élection de domicile, ce domicile prévaut sur le
domicile réel ou le domicile légal. Cela implique nécessairement que cette prorogation conventionnelle de
15
compétence territoriale s’impose au juge. Ceci est confirmé l’article 16 du CPC, dernier alinéa, qui dispose que
l’incompétence en raison de la matière peut être prononcée d’office par le juge du premier degré.
A contrario, cela implique que l’incompétence territoriale ne peut pas être soulevée d’office par le juge. De ce
fait, si les parties se sont accordées pour choisir un juge territorial autre que celui normalement compétent,
celui-ci ne pourra pas soulever d’office son incompétence.
Section 4 : la solution des conflits de compétence
Les conflits de compétence peuvent surgir à différents stades de la procédure. Un défendeur peut tout d’abord
opposer une exception d’incompétence. Ensuite, il peut y avoir conflit, soit positif, soit négatif, entre les
décisions rendues sur le même litige par des juridictions différentes qui se seraient prononcées en sens contraire
sur leur compétence respective.
I. L’exception d’incompétence
Il y a lieu de distinguer entre l’incompétence d’attribution et l’incompétence territoriale.
La principale différence réside dans le fait que le juge peut soulever d’office l’incompétence d’attribution sans
même qu’une partie l’ait invoquée. En revanche, le juge ne peut soulever d’office l’incompétence
territoriale. Le dernier alinéa de l’article 16 du CPC est, à cet égard, formulé d’une manière particulière. Il
dispose que l’incompétence en raison de la matière peut être prononcée d’office par le juge du premier degré.
Il résulte d’une lecture littérale de cette disposition que l’exception d’incompétence d’attribution ne peut pas
être soulevée d’office devant la juridiction du second degré.
Il s’agit en réalité d’une hypothèse théorique puisque le litige ne devrait normalement pas être soumis à la
juridiction du second degré mais tranché en premier et dernier ressort par le TPI. Toutefois, la problématique
reste posée dans le cas où un TPI se déclare incompétent sur une contestation qui ne relève pas de sa
compétence pour des raisons d’ordre public. C’est notamment le cas s’il statut sur une demande tendant à
annuler un acte de l’administration ou d’une collectivité publique en violation de l’article 25 du CPC, et si
l’incompétence du tribunal n’avait pas été soulevée, la CA peut néanmoins statuer sur la question sans soulever
d’office son incompétence. Si l’incompétence du tribunal n’a pas été soulevée, la CA devra statuer sur la
question sans pouvoir soulever d’office son incompétence. Voir projet de CPC.
II. Les règlements de juges
Dans des cas très exceptionnels, les conflits de compétence peuvent aboutir à des conflits de juridiction, soit
négatifs, soit positifs. Ainsi, si le tribunal a fait droit à une exception d’incompétence et si la juridiction de
renvoi qu’il a désignée se déclare à son tour incompétente, il y aura conflit négatif. Ces conflits négatifs ou
positifs donnent lieu à la procédure particulière de règlement de juges. Ces cas sont régis par les articles 300 à
302 pour la CA, et d’autre part par les articles 388 à 390 pour la Cour de cassation.
L’article 300, consacrant la jurisprudence, dispose qu’il y a lieu à règlement de juges lorsque, dans un même
litige, plusieurs juridictions ont rendu des décisions irrévocables par lesquelles elles se déclaraient également
compétentes ou incompétentes. Il en résulte qu’il doit s’agir d’un même litige qui oppose les mêmes parties
avec le même objet et la même cause. Par ailleurs, les décisions rendues doivent être irrévocables.
Lorsque ces conditions sont réunies, la demande en règlement de juges doit être portée par requête devant la
juridiction immédiatement supérieure commune aux juridict° dont les décisions sont attaquées, et devant la Cour
de cassation lorsqu’il s’agit de juridict° n’ayant au-dessus d’elles aucune autre juridiction supérieure commune.
La requête devant la CA est examinée en chambre du conseil, sans la présence des parties ou de leurs
mandataires. Devant la Cour de cassation, cette requête est notifiée dans les mêmes conditions qu’un
pourvoi. Deux phases sont prévues. La juridiction saisie peut estimer qu’il n’y a pas lieu à règlement de juges.
C’est le cas si l’une des décisions n’est pas irrévocable ou si les décisions sont relatives à des litiges différents.
Dans ce cas, la Cour rendra un arrêt de rejet qui doit être motivé. Cet arrêt peut faire l’objet d’un pourvoi en
cassation. En revanche, si la juridiction saisie estime qu’il s’agit d’un cas de règlement de juges, elle renvoie
l’affaire au magistrat rapporteur pour qu’il soit statué dans les formes ordinaires. Les délais prévus par la loi
étant toutefois réduits de moitié. Cette décision suspend, à sa date, toute poursuite et procédure devant le juge
du fond.
16
A l’exception des actes simplement conservatoires, tout acte qui viendrait à être accompli en violation du sursis
accordé serait entaché de nullité.
La décision qui statue à l’issue de la deuxième phase va devoir, soit désigner la juridiction compétente, soit, si
elle estime qu’aucune des juridictions saisies n’était compétente, inviter le demandeur à se pourvoir devant
celle qu’elle estime devoir saisir. Si l’une des deux juridictions était bien compétente, on peut se demander si le
principe de l’évocation obligatoire, tel qu’il est posé par l’article 146 du CPC, devrait alors s’appliquer lorsque
l’affaire est en état d’être jugée. Le texte ne le prévoit pas expressément, mais rien ne s’y oppose, semble-t-il.

17
Chapitre 3 : Les actes de procedure et leurs notifications
Les actes de procédure intervenant à chaque étape du processus sont soumis à des règles de forme qui
répondent à une double préoccupation : celle de leur conférer la valeur probante qui peut leur être nécessaire, et
celle d’assurer au justiciable les garanties fondamentales auxquelles il a droit. Elles seront plus ou moins
impératives suivant la matière et l’objet de l’acte.

Section 1 : Les différents actes de la procédure selon leur auteur


I. Les actes des parties
1) Les actes introductifs d’instance
Aux termes de l’article 31 du CPC, le TPI est saisi, soit par requête écrite et signée du demandeur ou de son
mandataire, soit par la déclaration du demandeur comparant en personne dont le PV est dressé par l’un des
agents assermentés du greffe. Cette déclaration est signée par le demandeur ou mention est faite qu’il ne peut
pas signer.
Il en découle que les actes des parties lors de l’introduction de l’instance sont constitués par des actes écrits ou
par déclarations verbales. L’acte écrit est constitué par la requête, c’est-à-dire la demande, présentée au
président de la juridiction.
La requête, comme les conclusions, est signée par le demandeur ou par son mandataire. Le tribunal peut
également être saisi par simple déclaration du demandeur comparant en personne. Dans ce cas, un PV de cette
déclaration est dressé par l’un des agents assermentés du greffe. La déclaration est signée par le demandeur ou
mention est faite qu’il ne peut pas signer.
Dans l’av-pr du CPC, la formulation de cet article 31 a changé dans les termes suivants :
Le TPI est saisi par requête écrite et signée par un avocat inscrit au barreau du Maroc en prenant en
considération les conventions internationales et les dispositions spéciales des juridictions de
proximité. Toutefois, le demandeur et le défendeur peuvent plaider personnellement sans l’aide d’un avocat
dans les cas suivants :
– Mariage, la pension, le divorce amiable et la pension alimentaire ;
– Les procédures devant les TPI en statuant sur des jugements en premier et dernier ressort conformément à
l’article 19 ci-dessus ;
– Les procédures relatives à l’état civil ;
– Si l’une des parties est juge ou avocat, elle pourrait agir personnellement ;
– Les procédures prévues par la loi.
Dans le CPC actuel, la requête ou PV de déclaration doivent être inscrits sur un registre, par ordre de
réception et de date avec indication du nom des parties ainsi que la date des convocations, et ils sont cachetés
par le greffe. Dans l’avant-CPC, il est précisé que l’enregistrement des procédures est fait au secrétariat greffe
dans des dossiers spéciaux sur support papier ou numérique par ordre chronologique, ainsi que les noms des
parties et l’objet de la poursuite.
Dès leur enregistrement, le président du tribunal désigne, selon le cas, un juge rapporteur ou un juge qui sera
chargé de l’affaire. Dans l’avant-CPC, il est précisé que, dès le dépôt de la requête au secrétariat greffe, il est
procédé à la désignation du juge rapporteur ou le juge chargé de l’affaire et à la fixation de la date d’audience
dans le cadre d’un programme numérique spécial sous la supervision du président du tribunal ou de son adjoint.
Il peut être procédé à leur modification en cas de nécessité.
Contenu des actes des parties :
Aux termes de l’article 32, la requête ou le PV de déclaration doivent indiquer les noms, prénoms, qualité ou
profession, domicile ou résidence du défendeur et du demandeur, ainsi que, s’il y a lieu, les noms, qualité et
domicile du mandataire du demandeur. L’avant-CPC ajoute à ces mentions l’indication, le cas échéant, de
l’adresse électronique.

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Si l’une des parties est une société, la requête ou le PV de déclaration doivent indiquer la dénomination sociale,
la nature et le siège de la société. L’avant-CPC vise, en plus des sociétés, toute personne morale. Par ailleurs, il
impose la précision de la forme juridique de ces institutions, leur siège social ou celui de leurs filiales, sauf
dispositions légale contraire.
A la différence du CPC français, il n’est pas imposé l’obligation de préciser le nom du représentant légal de la
société ou de la personne morale. Par ailleurs l’av-pr du CPC impose aux parties l’obligation d’informer le
tribunal de tout changement d’adresse ou d’élection de domicile.
Dans le CPC comme dans l’av-pr du CPC, la requête doit, en outre, énoncer sommairement l’objet de la
demande, les faits et moyens invoqués. Les pièces dont le demandeur entend éventuellement se servir doivent
être annexées à la demande contre récépissé délivré par le greffier au demandeur mentionnant le nombre et la
nature des pièces jointes. L’av-pr du CPC attribue la valeur de récépissé à toute requête revêtue du cachet de
dépôt au tribunal et indiquant la date et le nombre des pièces jointes à cette requête. Si la demande est formulée
par requête écrite contre plusieurs défendeurs, le demandeur devra déposer autant d’exemplaires qu’il y a de
défendeurs en cause.
Sanctions de non-respect des mentions obligatoires
Le juge rapporteur ou le juge chargé de l’affaire fait préciser, le cas échéant, les énonciations omises ou
incomplètes et demande la fourniture d’un nombre suffisant de copies de la requête, et ce dans le délai qu’il
fixe, sous peine d’irrecevabilité de la demande.
Conditions spécifiques aux requêtes présentées par un mandataire
Si la requête est présentée par un mandataire, ce dernier doit être domicilié dans le ressort de la juridiction. Aux
termes de l’article 33, la constitution d’un mandataire vaut élection de domicile chez celui-ci. L’av-pr du CPC
détermine les modalités d’élection de domicile par le mandataire avocat selon les règles suivantes :
Article 33 : L’avocat est tenu d’élire son domicile professionnel dans la circonscription de compétence de la
CA du ressort de l’ordre des avocats dont il est inscrit. A défaut, sera considéré comme valablement effectuée
toute notification faite au secrétariat greffe du tribunal. Pour toute représentation devant un tribunal en dehors
de la compétence de la juridiction visée à l’alinéa précédent, il sera tenu d’élire domicile auprès d’un cabinet
d’avocat dans le ressort de ladite juridiction. Il est également tenu, lors de toute représentation devant une
juridiction spécialisée ne se trouvant pas dans le ressort de la juridiction de sa circonscription, d’élire un
domicile auprès d’un avocat dans le ressort de la CA de la juridiction spécialisée en question.
Par ailleurs, le mandataire qui ne jouit pas, par profession, du droit de représentation en justice, ne peut être que
le conjoint, un parent ou allié en ligne directe ou en ligne collatérale jusqu’au troisième degré inclusivement
(article 33 dernier alinéa). Le mandataire autre que celui qui, par profession, jouit du droit de représentation en
justice doit justifier de son mandat soit par acte authentique, soit par un acte sous seing privé dûment légalisé,
soit par la déclaration verbale de la partie comparaissant avec lui devant le juge.
S’agissant des administrations publiques, elles sont valablement représentées en justice par un de leurs
fonctionnaires ayant reçu délégation à cet effet. L’av-pr du CPC ajoute à moins de représentation par un avocat.
Aussi, il précise que les mandataires peuvent être convoqués dans leur adresse électronique. Si elle n’a pas été
fournie, sera considéré comme valablement effectuée toute notification faite au secrétariat greffe du tribunal.
L’article 35 du CPC exclut certaines personnes de la qualité de mandataire, à savoir :
1) L’individu privé du droit de témoigner en justice ;
2) Celui qui a été condamné irrévocablement soit pour crime, soit pour délit de faux, vol, abus de confiance,
escroquerie, banqueroute simple ou frauduleuse, extorsion de fonds ou tentative d’extorsion de fonds ;
3) Le mandataire professionnel qui, par mesure disciplinaire, est privé du droit de représentation en justice ;
4) Les adouls ou notaires destitués.
Cette dernière catégorie a été supprimée de l’av-pr du CPC en élargissant la troisième catégorie à tous les
membres des professions libérales.

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2) Les autres actes de procédure
Constituent également des actes des parties les conclusions qu’elles déposent au dossier qui consistent en
mémoires résumant les éléments de fait et les moyens de droit du litige et qui sont versées soit en réponse à la
requête, soit en réplique à d’autres conclusions. Par ailleurs, constituent des actes entraînant des conséquences
juridiques et procédurales les déclarations que les parties pourront faire elles-mêmes en se présentant devant le
juge, soit lorsqu’elles agissent en personne, soit lorsque leur comparution personnelle a été ordonnée.
Il en est de même du serment que prêtent les parties si elles ont été requises de le faire. Tel sera également le
cas des déclarations faites par l’intermédiaire de leurs avocats lorsqu’elles se désistent, à l’audience, de tout ou
partie de leurs prétentions ou lorsqu’elles interjettent appel d’une décision rendue en première instance.
Dans tous ces cas, ces actes nécessiteront toutefois, pour produire tous leurs effets, qu’ils soient dressés PV par
le greffier habilité à les recueillir et à les authentifier.
Enfin, peuvent également être considérés comme actes verbaux les plaidoiries prononcées en audience par
les avocats. Celles-ci peuvent intervenir en procédure écrite comme en procédure orale. Le CPC énonce à leur
propos certains principes : elles doivent être exprimées avec modération et ne pas manquer au respect dû à la
justice, faute de quoi, elles peuvent donner lieu à une amende maximale de 60 DH, prononcée par le président.
Le président peut toujours, en cas de trouble ou scandale, ordonner l’expulsion tant d’une partie ou du
mandataire représentant ainsi que de toute personne présente à l’audience.
• Si les personnes dont l’expulsion est ainsi ordonnée résistent ou reviennent, le président peut procéder,
conformément aux prescriptions du CPP art 32.
• Dans le cas d’insultes ou d’irrévérences graves envers le tribunal, le président de l’audience dresse PV qui est
immédiatement transmis au parquet pour être procédé comme en matière de flagrant délit.
• Dans le cas où des discours injurieux, outrageants ou diffamatoires sont tenus par des mandataires qui ont, par
profession, le droit de représentation en justice, le président de l’audience dresse PV qu’il transmet au parquet
et, s’il s’agit d’un avocat, au bâtonnier de l’ordre (article 44 du CPC).
Il est à noter que dans le cas où des discours injurieux, outrageants ou diffamatoires seraient tenus par des
avocats, devant la CA, la juridiction en dresse un PV qu’elle transmet au bâtonnier et au procureur général du
Roi aux fins de prendre les mesures qui seraient nécessaires.
II. Les actes des greffiers
Les greffiers jouent un rôle important dans la mise en état des procédures, de même que dans la notification et
l’exécution des décisions de justice. Ils enregistrent la requête lors de son dépôt, constituent le dossier dont elle
fera l’objet qu’ils transmettent au président de la juridiction. De plus, ils établissent, sur les instructions du
juge, les convocations et font le nécessaire pour leur transmission de même que pour celle des requêtes et des
conclusions ultérieures.
Ils sont présents à l’audience et sont chargés de la tenue du registre des audiences appelé « plumitif ». Ils notent
les décisions qui sont prises : renvoi, désistement, jugement. Lorsqu’une enquête ou une comparution a été
ordonnée, ils en transcrivent le PV. Ils participent également à la mise au point définitive des jugements, en
rédigeant les « qualités », c’est-à-dire en reprenant les noms et adresses des différentes parties en cause et de
leurs mandataires, parfois le résumé de la requête et des conclusions échangées. Ils reçoivent également les
déclarations des parties lorsqu’elles constituent l’accomplissement de la formalité prévue pour l’exercice d’un
recours tels que l’appel, pourvoi en cassation. Enfin, ils sont chargés des PV de constat, de sommation, de
saisie et de notification des jugements.
Les actes des greffiers sont des actes authentiques qui font foi de leur date et de leurs énonciations jusqu’à
inscription de faux.
III. Les actes des juges
Ces actes, comme ceux des parties, peuvent être verbaux ou écrits. Les actes verbaux consistent essentiellement
dans les décisions qui se rattachent à la conduite des audiences : renvois, mises en délibéré, radiations. De
même, c’est habituellement sous la dictée du juge que le greffier, lors des audiences d’enquête ou de
comparution, prendra note des déclarations faites par les parties ou par les témoins.
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Quant aux actes écrits, ils sont nombreux. Le juge adresse aux parties des correspondances, habituellement
dénommées « soit-transmis », pour les convoquer à l’audience, leur transmettre les requêtes et les conclusions,
les inviter à y répliquer, à fournir leurs pièces et justifications, ainsi que tous autres documents dont il estimerait
la production nécessaire.
Il leur communique ses ordonnances par lesquelles il peut prescrire soit une mesure d’instruction (enquête,
expertise, comparution) et par laquelle il constate que les délais accordés pour la mise en état du dossier sont
expirés (l’ordonnance de dessaisissement).
L’acte essentiel reste bien entendu le jugement qui fera l’objet d’une étude particulière dans la partie qui lui est
consacrée.

Section 2 : La notification des actes de procédure


La protection du justiciable impose qu’il soit informé en temps utile de l’existence et du déroulement de toute
procédure intentée contre lui. C’est pour répondre à cette exigence que la loi organise un système
de notification des principaux actes de procédure selon des modalités précises. Les actes soumis à ces
formalités sont la requête introductive d’instance et les conclusions échangées par les parties, lorsque la
procédure est écrite, et d’une façon générale les convocations aux audiences, les avis adressés par le juge aux
parties, et enfin les décisions.
Les règles prévues visent les personnes qui sont chargées d’effectuer les notifications, les modalités selon
lesquelles la notification peut être accomplie, les personnes qui ont qualité pour les recevoir et les solutions en
cas de refus que ces dernières pourraient opposer.
Au préalable, il y a lieu d’examiner les instruments de la notification et les règles de forme auxquels ils sont
soumis.
I. Instruments de la notification
La notification consiste, matériellement, dans la remise d’un pli à son destinataire ou à la personne qui a qualité
pour recevoir ce pli en son nom. Les règles prévues concernent le pli lui-même et le document qui constate
cette remise.
1) Le pli de notification : contenu et enveloppe
Le pli peut contenir une convocation à l’audience, le texte d’une assignation ou de conclusions, l’expédition du
jugement rendu… Le contenu de la convocation est précisé par l’article 36 du CPC dans les termes suivants :
Le juge convoque immédiatement, par écrit, le demandeur et le défendeur à l’audience au jour qu’il indique. La
convocation écrite mentionne :
1) Les noms, prénoms, professions, domicile ou résidence du demandeur et du défendeur ;
2) L’objet de la demande ;
3) La juridiction qui doit statuer ;
4) Le jour et l’heure de la comparution ;
5) L’avis d’avoir à faire, s’il y a lieu, élection de domicile au lieu du siège du tribunal.
L’av-pr du CPC ouvre la possibilité d’adjoindre des données supplémentaires, le cas échéant, liées aux moyens
modernes de communication.
Dans tous les cas, il s’agit d’un document privé qui ne concerne que son destinataire. La confidentialité du
contenu doit en conséquence être assurée. A cet effet, l’acte doit être remis dans une enveloppe fermée qui ne
mentionne que le nom, prénom usuel, adresse de la partie et la date de la notification suivie de la signature de
l’agent et du sceau du tribunal (article 38 dernier alinéa, CPC).
Selon le modèle en usage, cette enveloppe comporte une formule imprimée mentionnant que la remise du pli
qu’elle contient vaut notification d’un acte de procédure conformément à la loi en vigueur et que la date qui y
sera apposée sera celle prise en considération pour le calcul des délais.

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2) Le certificat de remise
C’est l’accusé de réception du pli. Il s’agit d’une pièce importante car elle atteste la régularité de la notification.
Il fait partie du dossier du tribunal et appartient à ses archives. Il consiste en un imprimé qui est rempli au
moment de la notification. Il doit mentionner la date à laquelle la remise du pli a été effectuée, le lieu où elle est
intervenue, l’identité de la personne à laquelle a été faite et, bien que le texte ne le précise pas, sa qualité par
rapport au destinataire quand la notification n’est pas faite à personne, afin qu’il soit établi qu’elle était
habilitée à la recevoir.
Ce certificat doit également être revêtu de la signature de l’agent notificateur et de la personne qui a reçu le pli,
ou de l’indication qu’elle ne peut pas ou ne veut pas signer.
L’av-pr du CPC ajoute deux mentions complémentaires qui doivent figurer dans ce certificat à savoir :
1) Le numéro de la CIN, le cas échéant tout autre moyen d’identification équivalent, de la personne recevant la
convocation ;
2) L’heure de remise ou de refus de réception de la convocation ;
Le certificat est déposé au greffe du tribunal.
Si la remise de la convocation par l’agent chargé de la notification ou l’autorité administrative n’a pu être
effectuée, la partie n’ayant pas été rencontrée, ni personne pour elle, à son domicile ou à sa résidence, un avis
en est immédiatement affiché dans un endroit apparent dans le lieu de la notification et une mention en est faite
sur le certificat lequel est retourné au greffe de la juridiction intéressée. L’av-pr du CPC ajoute que le certificat
attestant de difficulté de notification doit comporter les mentions supplémentaires suivantes, à savoir : le
numéro du dossier, la nature du pli, le lieu, la date et l’heure de l’affichage de l’avis.
Par la suite, le greffe adresse à la partie la convocation sous pli postal recommandé avec avis de réception.
La cour de cassation, dans son arrêt N°1884/2012 du 03/04/2012, a considéré que le retour du courrier portant
la mention « non réclamé » n’est pas considéré comme une notification. Si le domicile et la résidence d’une
partie sont inconnus, le juge nomme, en qualité de curateur, un agent du greffe auquel la convocation est
notifiée.
La CA commercial de Casablanca, dans son arrêt N° 1593/2009 du 17/03/2009, a considéré que le curateur est
désigné lorsque la résidence de la partie est inconnue.
En revanche dans le cas où l’adresse est incomplète, il est nécessaire d’appliquer les dispositions de l’article 32
du CPC. Ce dernier précise que le juge rapporteur ou le juge chargé de l’affaire fait préciser, le cas échéant, les
énonciations omises ou incomplètes. Le curateur recherche la partie avec le concours du ministère public et des
autorités administratives et fournit toutes pièces et renseignements utiles à sa défense, sans que, toutefois, le
jugement puisse, en raison de ces productions, être déclaré contradictoire.
Si la partie dont le domicile et la résidence sont inconnus vient à être découverte, le curateur en informe le
juge qui l’a nommé et avise cette partie, par LR, de l’état de la procédure. Son mandat prend fin dès
l’accomplissement de ces formalités.
L’av-pr du CPC introduit une nouvelle procédure préalable à la saisine du curateur. Dans tous les cas où
l’adresse du défendeur est inconnue ou que ce dernier ait déménagé, l’agent chargé de la notification est tenu de
présenter une demande de renseignement relative à l’adresse du défendeur à l’autorité locale, laquelle est tenue
de fournir une réponse dans les 48 heures suivant le dépôt de la demande.
Il ajoute que si l’autorité locale fournit la nouvelle adresse du défendeur, l’agent chargé de la notification
informe le tribunal pour que la convocation ait lieu à cette nouvelle adresse.
Si l’autorité locale ne dispose pas des renseignements demandés, elle informe l’agent chargé de la notification
que la personne à convoquer a quitté sans avoir laissé d’adresse ou que cette dernière demeure inconnue.
L’agent chargé de la notification dresse un PV portant sur les actions menées par lui et comportant le numéro
du dossier, la nature du pli, la date de dépôt de la demande de renseignements, la date de réponse de l’autorité
et les résultats des procédures accomplies.
Le tribunal statue par défaut sur l’affaire, à l’expiration d’un délai de deux mois, à compter de la date de
rédaction du PV mentionné ci-dessus.
22
Enfin, l’av-pr du CPC prévoit que le demandeur, son avocat ou son mandataire peut, à la fixation de la date de
l’audience, recevoir les plis relatifs à la convocation et à toute autre procédure judiciaire liée au dossier afin de
les remettre au défendeur ou toute personne ayant intérêt faisant partie de l’assignation, et ce à travers un
huissier de justice.
Le problème se pose de savoir quelle est la date qui doit prévaloir lorsqu’il y a divergence entre celles
respectivement apposées sur l’enveloppe de notification ou le certificat de remise.
Dans un arrêt du 27 juin 1975, la CA de Rabat avait jugé que la mention de la date sur l’enveloppe de
notification n’était pas prévue à peine de nullité et qu’il y avait donc lieu de ne prendre en considération que
celle figurant sur le certificat de remise. Cette décision avait été critiquée au motif que l’enveloppe de
notification est le seul document daté restant entre les mains de la personne qui reçoit la notification et, par voie
de conséquence, le seul qui lui serve de référence pour déterminer le délai dans lequel elle peut agir. De plus,
l’enveloppe porte une mention imprimée qui précise que la date apposée marque le point de départ du délai.
Dans un arrêt du 18 décembre 1985, la CA de Casablanca est revenue sur cette jurisprudence et a décidé, à très
juste titre, que la date de notification est une mention essentielle qui doit figurer sur l’enveloppe de notification,
et qu’à défaut de cette mention, la notification est nulle et le recours est réputé avoir été exercé dans les délais
légaux. Cette position jurisprudentielle a été confirmée par l’av-pr du CPC qui prévoit que la convocation est
remise lorsqu’il figure le sceau du tribunal et la date de notification suivie de la signature de l’agent ou de
l’autorité qui a la remise.
II. Personnes qui effectuent les notifications
Aux termes de l’article 37 du CPC, la convocation est transmise par l’un des agents du greffe, l’un des huissiers
de justice, la poste par LRAR ou voie administrative à savoir par les préposés habilités à le faire tels que
cheikh, mqadem, gendarmes, policiers.
La jurisprudence s’est montrée stricte sur l’exigence de la précision sur le certificat de remise de la qualité de la
personne qui effectue la notification. C’est ainsi qu’un arrêt de la Cour de cassation du 10 juin 2010, N° 536
dossier social 974/5/1/2009, a décidé que le certificat de remise doit comporter le nom et la qualité de l’agent
notificateur. Dans le cas de l’espèce, la partie demanderesse n’a pas pu se défendre en première instance du fait
que le jugement a été rendu par défaut au nom de ses héritiers. Aussi, elle a invoqué en appel la nullité des
procédures de notification de la convocation en première instance en sollicitant la transmission à nouveau du
dossier au TPI pour respecter les dispositions légales. Elle a fondé sa demande sur le fait que la convocation
transmise aux héritiers comporte uniquement le nom de l’agent notificateur sans préciser sa qualité s’il s’agit
d’un agent du tribunal, auquel cas il est nécessaire d’apposer le cachet du secrétariat greffe à côté de son nom et
sa signature.
Au cas où il s’agit d’un huissier de justice, il est nécessaire de préciser sa qualité. Enfin, s’il s’agit d’un agent
administratif, il est nécessaire de préciser l’administration concernée.
Il a conclu que la convocation qui ne comporte pas la qualité de l’agent notificateur est considéré comme nulle.
La Cour de cassation a jugé que la décision de la CA qui a omis de répondre à ce moyen a violé les dispositions
à caractère légal ainsi que les droits de la défense.
L’av-pr du CPC consacrant la pratique dominante actuelle établit une priorité dans l’ordre de transmission
selon les termes suivants : « La convocation est transmise par l’un des huissiers de justice ».
Le tribunal peut décider, le cas échéant, de transmettre la convocation soit par l’un des agents du greffe, soit par
voie administrative, soit par tout autre moyen de transmission. Il découle de ce qui précède que l’av-pr du CPC
a posé le principe de la notification par les huissiers de justice.
Par ailleurs, il a donné au tribunal la faculté de recourir soit aux agents greffe, soit à la voie administrative, soit
à tout autre moyen de transmission. Ainsi, l’av-pr du CPC ne fait plus référence à la transmission par LRAR.
Toutefois, il a élargi la quatrième catégorie de notification en faisant référence à tout autre moyen de
notification. Cette notion large peut englober la transmission par LRAR ou les nouveaux moyens de
transmission par voie électronique.
Dans le cas où le destinataire réside dans un pays étranger, la notification est transmise par voie hiérarchique
pour être acheminée par la voie diplomatique aux autorités judiciaires du pays concerné chargées de l’exécuter,
23
à moins qu’elle ne puisse s’accomplir selon les formes prévues par les conventions judiciaires bilatérales
lorsqu’il en existe.
Ainsi, en exécution de la convention judiciaire franco-marocaine du 11 juin 1957, la notification d’une requête
et d’une convocation à l’audience ou d’un jugement concernant une partie domiciliée en France sera
régulièrement effectuée par un huissier selon les modalités prescrites par la loi française. Inversement, une
assignation déposée ou un jugement rendu en France contre une partie domiciliée au Maroc pourront être
notifiés à celle-ci par l’intermédiaire du bureau des notifications et exécutions judiciaires marocain.
Afin de renforcer la protection des justiciables, l’av-pr du CPC a introduit 2 nouvelles règles :
 En premier lieu, il a défini la période journalière au cours de laquelle la convocation doit être notifiée. Ainsi,
aucun pli judiciaire ne peut être transmis avant 7 h ou après 20 h, sauf en cas de nécessité et après autorisation
écrite et motivée par le Président du Tribunal saisi de l’affaire ou par le juge d’exécution selon les cas (article
37-1).
 En second lieu, il a établi une règle d’impartialité pour les agents du greffe en prévoyant que les salariés du
greffe ne peuvent entamer un travail, dans le cadre de leurs fonctions liées à leur assignation en justice, pour
toute personne ayant un lien de parenté ou d’alliance jusqu’au quatrième degré inclusivement.
III. Délai de notification
Aux termes des articles 40 et suivants du CPC, un délai minimum doit séparer la date de la notification de la
convocation et le jour fixé pour la comparution.
Ce délai est de 5 jours si la partie est domiciliée ou en résidence dans le lieu où siège le TPI ou dans une
localité limitrophe.
Il est de 15 jours si elle se trouve dans tout autre endroit sur le territoire du Royaume.
Ces délais sont fixés à peine de nullité du jugement qui serait rendu par défaut. Cependant, ces délais ordinaires
sont applicables, sauf au juge à les proroger, aux convocations remises à personne, au Maroc, encore que la
partie n’y ait ni domicile ni résidence. L’av-pr du CPC ajoute que si la partie comparait, malgré le non-respect
du délai précité, et sollicite la prorogation du délai, l’affaire est reportée à une autre audience, et si alors cette
partie ne se présente pas, elle doit être convoquée à nouveau.
Lorsque celui qui est convoqué n’a ni domicile ni résidence dans le ressort des juridictions du Royaume, le
délai de comparution est de :
– 2 mois s’il demeure en Algérie, Tunisie ou dans un État d’Europe ;
– 3 mois s’il demeure dans un autre État d’Afrique, en Asie ou en Amérique ;
– 4 mois s’il demeure en Océanie.
L’av-pr du CPC a unifié ces délais de comparution à 3 mois pour les personnes qui n’ont ni domicile ni
résidence sur le territoire du Royaume. Il a ajouté que ces délais ordinaires s’appliquent aux convocations
notifiées au Maroc à toute personne qui n’a ni domicile ni résidence, sauf pour le juge à les proroger.
IV. Les personnes habilitées à les recevoir
Aux termes de l’article 38 du CPC, la convocation et les documents sont remis à l’un des 6 cas suivants : 1) à
personne ; 2) à domicile ; 3) en son lieu de travail ;
4) en tout autre lieu où la personne concernée pourrait se trouver ; 5) la remise peut également être effectuée au
domicile élu ; 6) la résidence, à défaut de domicile au Maroc, vaut domicile.
1) La notification à personne
Elle doit être remise à la personne indiquée dans l’enveloppe de convocation qui doit mentionner : « les noms,
prénoms, professions, domicile ou résidence du demandeur et du défendeur » (article 36) et qui doivent être
précisées dans le certificat de remise. Si la personne est incapable, l’article 516 CPC impose la même règle que
celle des personnes morales en exigeant que la notification soit faite au représentant légal.
Dans le cas des personnes morales, l’article 516 du CPC précise que les notifications doivent être adressées à
leurs représentants légaux pris en cette qualité. Cette règle s’applique aussi bien aux sociétés, aux associations
24
et, d’une manière générale, à toute personne morale. La jurisprudence considère à juste titre que le représentant
légal n’est pas nécessairement l’administrateur ou le président de la société, mais toute personne habilitée à le
représenter, notamment le directeur ou le fondé de pouvoirs, et que les employés présents dans les bureaux de
la société, considérés comme personnes habitant avec le destinataire, peuvent valablement recevoir la
notification pour le compte de la société. Ainsi, la Cour de Cassation a considéré dans son arrêt N° 481 du
03/05/2012 le refus par l’employé de recevoir le pli de la notification est considéré comme une notification
valable et produit tous ses effets.
L’av-pr du CPC apporte des précisions complémentaires sur les cas de notification aux personnes morales en
visant aussi bien les personnes morales privées que publiques.
La notification des personnes morales, des administrations, des établissements publics, des collectivités
territoriales et de toute autre personne de droit public a lieu par la remise de la convocation à son représentant
légal, son mandataire ou en signant le certificat de réception par bureau d’ordre auquel elle est rattachée.
Dans la pratique, l’enveloppe et le certificat ont soulevé des difficultés relativement à la portée et à la force
probante des mentions qui y sont apposées. Il a notamment été jugé que la mention portée par l’agent notificateur
selon laquelle le pli avait été notifié à personne se suffisait à elle-même. Il est vrai qu’en l’espèce celui qui
contestait avoir apposé sa signature sur le certificat n’établissait pas et n’offrait pas d’en établir la fausseté.
2) Notification à domicile
Si la notification n’a pas pu être faite à la personne elle-même, elle est valablement effectuée à son domicile,
selon l’article 38 du CPC, entre les mains d’un parent, serviteur ou de toute autre personne habitant avec le
destinataire. Dans cette hypothèse, le certificat de remise doit, sous peine de nullité, indiquer l’identité de la
personne à laquelle le pli de notification a été remis et la date de sa remise.
Dans son arrêt N° 131 du 09/01/2008, la Cour Suprême a considéré que l’article 38 exigeant l’indication de
l’identité de la personne n’impose pas pour autant la précision du N° de la CIN de la personne qui a reçu le pli
de notification ni de s’assurer de son identité par deux témoins présentant leur CIN.
Il en résulte que la précision de l’identité de la personne sur le pli de notification par l’huissier de justice qui l’a
délivré à la personne concernée suffit à elle-même pour considérer que l’indication de l’identité de la personne
a été observée.
Toute contestation doit être établie par une action en faux par l’intéressée.
L’article 38 du CPC qui énumère les personnes qualifiées pour recevoir cette notification a modifié les
dispositions de l’ancien article 56 du Dahir de 1913. Ce dernier prévoyait que, d’une part, la notification
pouvait être faite au concierge et que, d’autre part, elle pouvait être faite à toute personne habitant la même
demeure. Le texte de l’article 38 est plus restrictif. Il ne suffira pas d’habiter le même bâtiment mais il faudra
justifier d’une cohabitation véritable avec l’intéressé.
Il en résulte que sera nulle (comme elle l’était déjà sous l’empire du texte antérieur) la notification faite à un
voisin du destinataire.
La jurisprudence de la Cour de cassation a admis que la notification à un mineur est valable car le texte n’exige
pas la majorité pour la validation de la notification (décision N° 246 publié à la revue de la jurisprudence de la
Cour suprême en arabe page 30 et suivante). Toutefois, la notification faite à l’épouse au domicile du conjoint
emprisonné est considéré comme valable en absence d’une disposition qui considère la prison comme domicile
en remplacement du domicile réel (arrêt de la CS du 04/01/2011 N° 79).
Par ailleurs, la jurisprudence n’a pas considéré comme une notification, conforme aux articles 38 et 39, le
certificat de remise dont l’huissier de justice s’est contenté de préciser qu’il a trouvé une femme qu’il a
considéré personnellement comme la conjointe de la personne et a notifié que cette femme a refusé de donner
son nom et de signer le certificat de remise. De plus, l’huissier n’a pas respecté les obligations légales de
notification lui imposant de préciser son nom et d’apposer sa signature sur le certificat de remise, arrêt de la CS
du 11/03/1981 N° 158.
Enfin, la notification effectuée au frère de la personne concernée dans une adresse autre que celle figurant dans
les pièces du dossier n’est pas considérée comme valable, surtout que cette adresse ne constitue pas le centre
des affaires concernée (arrêt de la CS du 02/02/2005 N° 89).
25
En revanche, la notification au frère de la personne concernée dans l’adresse de son fonds de commerce, objet
de contestation, est considérée comme valable conformément aux dispositions de l’article 8 du CPC qui n’exige
pas que la personne notifiée soit majeure (arrêt 13/05/2009 n° 767).
Aussi, la jurisprudence de la Cour de cassation dans un arrêt du 31/10/2018 a considéré non valable la
notification faite à une tante paternelle dans son domicile personnelle et non celui des héritiers.
Dans le cas d’espèce, la tante était en conflit personnel avec les héritiers et elle a refusé de recevoir la
notification. La partie adverse s’est fondée sur le refus de la tante pour obtenir, à l’expiration du délai légal du
secrétariat greffe, le certificat de non opposition et de non appel. Sur la base de ce certificat, elle a ouvert le
dossier d’exécution à l’encontre des héritiers en entamant les procédures de vente judiciaire de leur villa. Le
TPI ainsi que la CA ont donné droit à la partie adverse en considérant que la notification est régulière. La Cour
de cassation a infirmé la décision de la CA au motif que cette dernière n’a pas recherché la réalité de la
notification qui a été effectuée au domicile de la tante paternelle et non à celui des héritiers. De ce fait, il n’a
pas été établi que le refus de notification provenait des héritiers eux-mêmes et ne pouvait produire les effets
juridiques à leurs égards, d’autant plus qu’ils étaient en mésentente avec leur tante paternelle.
L’av-pr du CPC (article 38) apporte des précisions plus explicites sur la convocation à personne dans les termes
suivants : dans le cas où la personne n’ayant pas été rencontrée à son domicile réel ou élu, l’agent peut remettre
la convocation à une personne désignée par elle ou à celle ayant qualité de son mandataire, de son employé,
d’un des habitants du domicile soit conjoint, proche, ou ayant un lien d’alliance et majeur, pourvu que l’intérêt
de la personne convoquée ne soit pas contradictoire avec l’intérêt de ce dernier.
Ainsi, on constate que l’av-pr du CPC a remplacé le terme « serviteur » par celui « d’employé ».
Par ailleurs, il a précisé davantage la notion de parent en visant expressément conjoint, proche ou ayant un lien
d’alliance et en exige qu’il soit majeur.
S’agissant particulièrement du conjoint, il est à noter que l’av-pr du CPC entérine la jurisprudence constante
dans ce domaine et qui été notamment confirmée par un arrêt de la Cour suprême en date du 29/03/2006.
Ce dernier a considéré que la notification à l’épouse est valable en se fondant sur le fait qu’elle rentre dans la
catégorie des personnes habitant la même demeure que la personne destinataire de la notification. Elle a justifié
sa position par le fait que le domicile principal de l’épouse est censé être celui de l’époux, à moins qu’il y ait
conflit conjugal établi.
Enfin, l’av-pr du CPC donne plus de précision sur le document accompagnant la convocation en visant
expressément et spécialement la requête introductive d’instance qui se substitue au terme plus général de
document.
3) Notification au lieu de travail
La notification sur le lieu de travail peut s’opérer à l’intéressé lui-même ou à toute personne travaillant avec
lui. On rappellera que par son arrêt N° 481 du 03/05/2012, la Cour de cassation a jugé que le refus de la
notification par l’employé est considéré notification et produit tous ses effets à l’expiration du délai légal… Par
ailleurs, la notification effectuée dans le lieu du travail de l’épouse n’est pas considérée comme régulière dans la
mesure où ce lieu ne peut être assimilé au domicile réel de l’intéressée (Cour suprême du 15/05/1997 N°2965).
4) Notification en tout autre lieu où la personne concernée pourrait se trouver
Cette formulation très large permet la notification de la personne en quelque lieu qu’elle soit, mais encore faut-
il qu’il n’y ait pas contestation sur son identité.
5) Notification à domicile élu
Toute notification faite à domicile élu, notamment à l’avocat régulièrement constitué d’une partie, est valable
puisque le Code non seulement le permet, mais dans un cas précis (résidence à l’étranger) impose l’élection de
domicile. Il faut toutefois préciser que le CPC opère une distinction difficilement justifiable entre les
notifications des jugements rendus par le TPI et celles des arrêts de la CA.
La notification à domicile élu du jugement de première instance fait courir le délai d’appel conformément à
l’article 134 al. 4 qui précise que le délai court à compter de la notification à personne ou à domicile réel ou
élu ou de la notification à l’audience lorsqu’elle est prévue par la loi.
26
En revanche, la notification de l’arrêt à domicile élu ne fait pas courir le délai de pourvoi en cassation. L’article
358 al. 1 du CPC ne faisant courir ce délai qu’à compter de la notification à personne ou à domicile réel. Le
domicile élu reste valable aussi longtemps que la partie n’a pas informé son adversaire de son changement
d’avocat. Si elle omet de le faire, la notification de la décision au domicile de son précédent mandataire est
néanmoins régulière.
6) Notification à la résidence
On rappellera que, conformément à l’article 38 al. 2 du CPC, à défaut de domicile au Maroc, la résidence vaut
domicile.
V. Modalités de notification
1) La notification par la poste
L’article 37 du CPC prévoit la possibilité d’une notification par la voie postale par LR. Cette possibilité existe
depuis le Dahir du 5 mai 1920 qui a modifié à cet effet l’article 55 de l’ancien Code. Le texte n’a cependant
jamais été interprété par la jurisprudence comme permettant d’utiliser immédiatement les services postaux.
La notification par poste est soumise à la condition, précisée (par l’ancien article 57, analogue) à l’article 39, à
savoir que la partie intéressée n’a pas été trouvée par l’agent de notification, à son domicile ni elle-même ni
personne pour elle ou à sa résidence. C’est seulement dans ces conditions que cette forme de notification
devient alors une étape obligatoire.
Dans cette hypothèse, l’agent chargé de la notification doit mentionner cette impossibilité sur le certificat de
remise, et c’est alors seulement que le greffe adresse la convocation sous pli postal recommandé avec avis de
réception. Il n’y aura pas dans ce cas de certificat de remise, c’est l’accusé de réception postal qui en tiendra
lieu. Dans la pratique, ces notifications par voie postale soulèvent des difficultés tenant au fait que, très
souvent, les récépissés de remise ne comportent pas les indications suffisantes permettant de s’assurer que le pli
a effectivement été remis à son destinataire.
La jurisprudence considère que l’avis de réception postale est considéré comme un écrit officiel constituant une
preuve des faits relatés par l’agent public de la poste jusqu’à recours pour faux. Elle a conclu que la simple
contestation de la signature est insuffisante pour conclure au défaut de notification (arrêt de la CS du 04/04/88
N° 904).
Par ailleurs, la CS considère que le retour du pli recommandé avec la mention « non réclamée » est soumis à
l’appréciation des juridictions du fond pour admettre la validité ou non de la notification selon chaque cas
d’espèce (CS 22 juillet 88 N° 4908).
On rappellera que l’av-pr du CPC a supprimé la référence expresse à cette modalité de notification en lui
substituant la notion large de « tout autre moyen de transmission ».
2) Notification au greffe
L’article 330 du CPC, réglementant la procédure devant la CA et qui régit aussi la procédure écrite en première
instance, précise que :
« Toute partie domiciliée en dehors du ressort de la juridiction saisie de l’appel est tenue de faire élection de
domicile au lieu où siège ladite juridiction. Toute communication adressée à une personne non encore appelée
en cause contient, s’il y a lieu, avis d’avoir à faire cette élection de domicile. A défaut de cette élection, toute
communication, toute notification, même celle de l’arrêt définitif, est valablement faite au greffe de la CA ».
La jurisprudence de la CS était amenée à se prononcer sur la sanction applicable au non-respect de la
désignation du domicile dans le ressort de la CA. Elle a considéré que le défaut de désignation du domicile élu
dans le ressort territorial de la CA n’entraîne pas pour conséquence l’irrecevabilité mais simplement la validité
de toute notification effectuée au secrétariat greffe de la CA conformément à l’article 330 du CPC.
L’av-pr du CPC a non seulement repris cette règle mais a étendu son champ d’application au cas où le domicile
désigné est incomplet ou faux au point qu’il est impossible de procéder à la notification ou si le mandataire ou
l’avocat n’ont pas de domicile réel ou élu dans le ressort du tribunal.

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La constitution d’un mandataire qualifié vaut élection de domicile chez celui-ci. Le mandataire n’est
valablement désigné que s’il a lui-même domicile réel ou élu dans le ressort.
Deux conditions sont donc nécessaires : d’une part que la partie concernée réside en dehors du ressort du
tribunal, et d’autre part qu’elle ait été avertie. Lorsque l’assignation lui a été signifiée pour la première fois, elle
a l’obligation d’élire domicile dans ce ressort.
Cette modalité de notification semble rarement utilisée en pratique. Cependant, lorsqu’elle a eu l’occasion de le
faire, la jurisprudence a strictement appliqué le texte en décidant que les délais d’appel couraient à compter du
jour de la notification faite au greffe du jugement de condamnation vis-à-vis du défendeur condamné, dûment
averti de la nécessité d’élire domicile et qui s’était abstenu de le faire.
De même, la jurisprudence considère que celui qui n’a pas fait élection de domicile conformément à l’article
330 du CPC n’est pas fondé à soutenir que les résultats d’une enquête ne peuvent lui être opposés faute de
convocation régulière. Le problème se pose actuellement de savoir si cette disposition, qui est visée uniquement
par les textes concernant la procédure écrite, peut être utilisée en matière de procédure orale. La loi ne le
prévoit pas expressément.
Selon la doctrine, il n’est pas logique, dès lors que la procédure orale est censée devoir se dérouler plus
rapidement que la procédure écrite, d’imposer le respect du délai de distance pour toutes les convocations qui
seront successivement adressées aux parties résidant à l’extérieur de la juridiction. Il est normal que la loi
accorde un délai au justiciable éloigné pour préparer sa défense. Mais lorsqu’il a négligé de le faire, il ne doit
pas continuer à bénéficier de délais supplémentaires en procédure orale et non en procédure écrite.
3) La notification par curateur
C’est le Dahir du 27 avril 1920 qui a institué cette notification à curateur. Elle a pour objet de permettre le
déroulement normal d’une procédure lorsque l’une des parties se trouve être sans domicile ni résidence connus
au Maroc ou partout ailleurs. La condition essentielle pour que la désignation du curateur puisse intervenir est
donc l’impossibilité de déterminer l’adresse de la partie. Cette impossibilité doit être réelle et doit découler du
caractère infructueux des tentatives de notification faites par le greffe et par la poste.
Le curateur est en principe désigné par le juge chargé du dossier à la demande de l’autre partie. Il s’agira d’un
agent du greffe qui, selon les termes de la loi, a pour mission de rechercher la partie avec le concours du
parquet et des autorités administratives. Si ces recherches aboutissent, il en informe le juge et avise la partie
découverte, par lettre recommandée, de l’état de la procédure, ce qui marque la fin de son mandat.
Si elles n’aboutissent pas, l’instance peut néanmoins se dérouler sous cette réserve que le jugement n’est pas
contradictoire. Il peut néanmoins, et c’est l’intérêt essentiel de ce mode de notification, devenir exécutoire après
l’accomplissement d’un certain nombre de formalités qui seront examinées à l’occasion de l’étude de
l’exécution des jugements.
Dans son arrêt N° 215 daté du 16/01/2008, la Cour suprême a considéré non conforme à la loi le fait pour une
juridiction de procéder à la désignation d’un curateur et rendre son jugement sans respecter la procédure
prévue par l’article 39 du CPC qui impose au curateur de rechercher la partie avec le concours du ministère
public et des autorités administratives et de fournir toutes pièces et renseignements utiles à sa défense.
VI. Cas particulier du refus de recevoir la notification
Aux termes de l’article 39 al. 4 du CPC : « Si la partie ou la personne ayant qualité a refusé de recevoir la
convocation, mention en est faite sur le certificat. La convocation est considérée comme valablement notifiée
le 10e jour qui suit le refus opposé par la partie ou la personne ayant qualité pour recevoir pour elle la
convocation ».
Il semble que l’on puisse également étendre la même règle au refus de recevoir une notification par poste. Mais
cette situation a soulevé des difficultés en jurisprudence.
La question se pose notamment de savoir si l’on peut assimiler au refus, le fait courant dans la pratique, que le
facteur laisse au destinataire absent une convocation l’invitant à retirer l’envoi recommandé par la poste, mais
que ce dernier s’abstient d’opérer ce retrait. Les dernières décisions de la haute juridiction ont tendance à
admettre que, dans ce cas, la notification n’est pas effectivement intervenue. Ces décisions sont contraires à la
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ligne directrice suivie par la haute juridiction antérieurement à 1965 et qui considéraient qu’il ne saurait
dépendre de la volonté d’une partie d’empêcher un délai légal de courir contre elle. Enfin, il est à rappeler que
l’article 39 al. 6 du CPC dispose que le juge peut selon les circonstances proroger le délai de 10 jours et
ordonner une nouvelle convocation. Cette disposition ne peut toutefois s’appliquer qu’aux convocations aux
audiences et non aux notifications des jugements.
Par suite de nombreuses difficultés pratiques posées par la notification, l’av-pr du CPC a réaménagé totalement
cet article dans sa formulation et dans son fond et ce dans les termes suivants :
A la convocation est annexé un certificat de remise qui doit contenir les dispositions suivantes :
1) nom et prénom, numéro de CIN ou tout autre document équivalent de la personne qui reçoit la convocation ;
2) la date et l’heure de la remise ou de son refus ;
3) la signature de la partie convoquée ou de la personne qui reçoit la convocation, avec précision de la nature de
sa relation avec le convoqué, justifiant sa qualité pour la recevoir.
Si celui qui reçoit la convocation ne peut ou ne veut signer le certificat, mention en est faite par l’agent ou
l’autorité qui assure la remise. Cet agent ou cette autorité signe, dans tous les cas, le certificat et le fait parvenir
au greffe du tribunal. Si la partie ou la personne ayant qualité, selon les dispositions de l’article 38 ci-dessus, a
refusé de recevoir la convocation, mention en est faite sur le certificat, en déclinant son identité et en donnant
son signalement physique, avec l’aide si besoin, du Ministère Public.
VII. La notification par moyen technologique en droit marocain et comparé (Canada)
L’av-pr du CPC a admis la possibilité de notification électronique. Dans l’attente de son entrée en vigueur, le
1er Président de la Cour de cassation avait déclaré en février 2015 dans le journal « Maghreb Lyaoum » que le
plan quinquennal 2013-2017 de la réforme judicaire a planifié de grands défis pour l’année 2017, dont la
question de la notification qu’il a qualifiée de grand désastre qui fait obstacle au fonctionnement normal de la
justice. Il a annoncé son remplacement par la notification électronique qui facilitera la fluidité du traitement des
dossiers. Aussi, il a souligné que la Cour de cassation a statué sur 80 % des dossiers au cours de l’année 2014 et
que le retard dans les 20 % restant est lié aux difficultés des notifications qui constituent une problématique
majeure aussi bien pour les tribunaux marocains que pour la Cour de cassation, d’autant plus que cette dernière
doit procéder à cette formalité sur tout le territoire du Royaume.
Le 1er Président de la Cour de cassation a souligné que la résolution du problème de la notification permettra de
statuer sur les 100 % des affaires soumises à la Cour de cassation. Il a annoncé qu’une convention sera signée
avec les barreaux des avocats afin de donner un fondement juridique à la notification électronique. Il a souligné
que, dans l’attente de l’intervention législative dans ce domaine, il sera procéder aux notifications selon les
méthodes classiques notamment par les huissiers de justice.
Il a rappelé que le plan quinquennal de la réforme judiciaire qui s’étend de 2013 à 2017 devait aboutir à son
terme à la gestion immatérielle des dossiers à savoir le jugement électronique des dossiers, ce qui constitue un
gain de temps et de frais.
S’agissant de la notification, la gestion électronique permettra d’effectuer cette formalité pour un avocat à
Laâyoune en 30 secondes contrairement à la notification classique qui nécessite plusieurs mois.
En droit comparé, depuis l’entrée en vigueur au Canada du nouveau CPC, la notification par moyen
technologique est maintenant possible dans certaines circonstances dans le respect des règles énoncées par
la loi concernant le cadre juridique des technologies de l’information. La notification par un moyen
technologique se fait par la transmission du document à l’adresse que le destinataire indique être l’emplacement
où il accepte de le recevoir ou à celle qui est connue publiquement comme étant l’adresse où il accepte de
recevoir les documents qui lui sont destinés, dans la mesure où cette adresse est active au moment de l’envoi.
Cependant, la notification par un tel moyen n’est admise à l’égard de la partie non représentée que si celle-ci y
consent ou que le tribunal l’ordonne. Un document technologique est présumé transmis, envoyé ou
expédié lorsque le geste qui marque le début de son parcours vers l’adresse active du destinataire est accompli
par l’expéditeur ou sur son ordre et que ce parcours ne peut être annulé ou, s’il peut l’être, n’a pas été annulé
par lui ou sur son ordre.
29
Le document technologique est présumé reçu ou remis lorsqu’il devient accessible à l’adresse que le
destinataire indique être l’emplacement où il accepte de recevoir le document ou celle qu’il représente
publiquement être un emplacement où il accepte de recevoir les documents qui lui sont destinés, dans la mesure
où cette adresse est active au moment de l’envoi. Le document reçu est présumé compréhensible, à moins d’un
avis contraire envoyé à l’expéditeur dès l’ouverture du document.
Lorsque le moment de l’envoi ou de la réception du document doit être établi, il peut l’être par un bordereau
d’envoi ou un accusé de réception ou par la production des renseignements conservés avec le document
lorsqu’ils garantissent les dates, heure, minute, seconde de l’envoi ou de la réception et l’indication de sa
provenance et sa destination ou par un autre moyen convenu qui présente de telles garanties.
La désignation de l’adresse de notification technologique : en droit canadien, l’utilisation de services gratuits de
messagerie (Hotmail, Gmail, Yahoo Mail, etc.) est considéré ne pas convenir à la pratique du droit pour les
raisons énoncées dans le Guide TI du Barreau puisque ces services n’offrent généralement pas les garanties
nécessaires pour protéger la confidentialité et la sécurité des informations des clients. Cette règle vaut
évidemment pour les notifications mais également pour l’ensemble des communications électroniques avec les
clients.

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Chapitre 4 : Les délais de procédure
Les délais de procédure sont ceux accordés aux différentes parties dans un procès pour accomplir un acte de
procédure donné. Ils répondent à une double nécessité. La première réside dans le fait de garantir au justiciable
un temps suffisant pour faire valoir ses moyens ou organiser sa défense. La seconde a pour objectif d’éviter que
les litiges se prolongent indéfiniment et que les voies de recours soient ouvertes pour un temps limité.
Nous en examinerons successivement ces différents types, la sanction de leur inobservation, les modalités de
leur computation et les cas d’interruption et de suspension.

Section 1 : Les différents types de délais et leurs sanctions


I. Délais de comparution - délais de distance
On peut distinguer 3 grandes catégories :
- les délais de comparution et de distance ;
- les délais de mise en état ;
- les délais d’exercice des recours et droits procéduraux.
Il y a lieu de se reporter aux développements précédents sur cette question. On rappellera que les articles 40 et
41 ont prévu 2 catégories de délais à l’intérieur du Maroc (5 et 15 jours) et 3 délais à l’étranger (2, 3 et 4 mois)
selon la distance géographique. L’av-pr du CPC a maintenu les délais au niveau du Maroc et uniformisé les
délais à l’étranger pour une durée de 3 mois sans distinction géographique.
Le délai de comparution est le délai incompressible de préavis que le juge doit accorder à la partie qu’il
convoque. Il est fixé par la loi (article 40 du CPC) à :
- 5 jours au minimum si celle-ci est domiciliée dans le ressort du tribunal ou dans une localité limitrophe ; si
elle est domiciliée ou si elle a une résidence dans un tout autre endroit sur le territoire du Maroc ;
- 15 jours si elle n’a ni domicile ni résidence au Maroc, ce délai va augmenter avec la distance qui l’en sépare ;
- 2 mois pour ceux qui habitent l’Algérie, la Tunisie ou un État d’Europe ;
- 3 mois pour ceux habitant un autre État d’Afrique, l’Asie ou l’Amérique ;
- 4 mois pour ceux qui habitent l’Océanie.
Par ailleurs, l’av-pr du CPC a comblé le vide sur les sanctions applicables en cas de non respect du délai de
comparution.
Si la partie comparaît malgré le non-respect du délai précité et qu’elle en demande la prorogation du délai,
l’affaire est reportée par le juge à une date ultérieure. Il en résulte que malgré le caractère impératif du délai, la
sanction de son inobservation n’est pas nécessairement la nullité de l’acte.
Toutefois, si la partie n’a pas comparu et que le tribunal statue au fond par défaut à son encontre, elle pourra
faire prononcer la nullité du jugement irrégulièrement rendu, soit par la voie de l’opposition si ce recours lui est
ouvert, soit par celle de l’appel.
Par ailleurs, la jurisprudence a considéré dans son arrêt de la Cour de cassation N° 473 du 31/03/2011 que, dans
le cadre de la défense à exécution et en cas d’extrême urgence, il est possible de renoncer à la convocation du
défendeur ou de ne pas respecter le délai de 5 jours entre la date la réception de la convocation et le jour de
l’audience.
II. Les délais de mise en état
Ils comprennent aussi bien les délais fixés par des dispositions légales que ceux décidés par le juge lui-même de
sa propre initiative et à son appréciation dans le but d’arriver rapidement à la solution du litige. Certains d’entre
eux sont impartis au juge. C’est notamment le cas prévu par l’article 97 du CPC qui oblige le juge rapporteur
ou le juge chargé de l’affaire à parapher, dans les 8 jours, la pièce arguée de faux déposée au greffe et rédiger
un PV précisant l’état de la pièce ou de son original en présence des parties ou après leur convocation d’une
manière légale.

31
C’est également le cas de l’article 147 du CPC relatif à la défense à exécution provisoire qui impose à la
juridiction saisie de statuer dans le délai de 30 jours à partir du moment où elle est saisi. Il en est de même de
l’article 296 du CPC relatif à la récusation qui accorde au juge récusé un délai de 10 jours pour prendre
position.
En général, c’est au juge qu’il appartient de fixer le délai qu’il accorde pour consigner les frais d’une mesure
d’instruction (article 56 CPC) pour répondre à la demande ou à la réplique ou pour conclure après dépôt d’un
rapport d’expert ou d’un PV d’enquête.
D’autres délais concernent les auxiliaires du juge. Ainsi selon l’article 281 du CPC en matière d’expertise
médicale, l’expert doit déposer son rapport dans un délai maximum de 1 mois depuis la date de la notification
de l’ordonnance ou la décision qui a ordonné l’expertise.
Enfin, certains délais concernent les parties et peuvent être fixés par la loi. C’est notamment le cas du délai de 5
jours accordé aux parties pour faire connaître leurs témoins (article 72 CPC),
En dernier lieu, les parties concernées doivent déposer le mémoire en réplique ainsi que les pièces auxquels
elles font référence dans le délai de 30 jours à partir de la date de notification (article 365 CPC).
Sanction : Ces délais n’ont pas un caractère impératif et leur inobservation ne vicie pas nécessairement l’acte
accompli après le délai. Ainsi, même si en matière de défense à exécution provisoire la juridiction saisie statue
après le délai de 30 jours fixé par la loi, sa décision conservera son plein effet.
De même si en matière d’accidents du travail le rapport d’expertise médicale doit être déposé dans le mois, l’on
ne peut en déduire que le rapport déposé hors délai serait nul ; il faudrait alors une nouvelle expertise et un
allongement de la procédure, que l’article 281 qui édicte ce délai a précisément pour objet d’éviter. Tout au
plus, dans ces cas, le justiciable pourrait-il valablement se plaindre à l’autorité compétente de la négligence du
juge ou de l’expert. Ces dispositions ont seulement pour intérêt de faire en sorte que ceux qu’elles concernent
se sentent effectivement tenus d’accomplir le devoir qui leur incombe aussi rapidement que possible.
Il en est de même des délais accordés aux parties pour déposer des conclusions, des pièces, une liste de
témoins, une provision : celles-ci pourront en obtenir la prorogation si leur retard a une cause justifiée.
Le juge reste libre d’apprécier les conséquences du fait que le délai a été dépassé ; et ce n’est qu’en cas de
défaillance avérée qu’il pourra sanctionner la partie en se dessaisissant du dossier, par exemple, ce qui rend
irrecevable la production de conclusions ou de pièces nouvelles, ou en passant outre à la mesure d’instruction
ordonnée et en statuant en l’état.
III. Délais d’exercice des droits procéduraux et des voies de recours
Le CPC fixe différents délais selon la nature de la procédure.
– L’opposition à un jugement par défaut, lorsqu’elle est possible, doit être faite dans le délai de 10 jours à
compter de la notification.
– L’opposition à une ordonnance d’injonction de paiement doit être faite dans le délai de 15 jours depuis la date
de notification avec mise en demeure de la partie adverse. Le défaut d’opposition dans le délai précité est
sanctionné par la forclusion (article 161 du CPC tel que modifié par le Dahir de 6 mars 2014).
Le jugement d’opposition peut faire l’objet d’appel dans un délai de 15 jours depuis la date de sa notification
(article 164 du CPC tel que modifié par le Dahir de 6 mars 2014).
– Le recours contre une ordonnance de référé doit s’effectuer dans un délai de 15 jours depuis la notification de
l’ordonnance.
– Le recours contre une ordonnance de rejet en matière d’ordonnance sur requête doit être exercé dans le délai
de 15 jours du prononcé.
– La récusation d’un expert doit être faite dans les 15 jours de la notification de sa nomination.
– L’appel interjeté contre un jugement de première instance doit intervenir dans un délai de 30 jours depuis la
date de la notification à la personne concernée à son domicile réel ou élu ou de la notification à l’audience si
cela a été prévu par la loi.
Le délai d’appel est réduit à 15 jours pour les affaires relatives à la famille, article 134 du CPC.
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Le pourvoi en cassation doit être relevé dans le délai de 30 jours depuis la date de notification de la décision
contestée à la personne concernée ou à son domicile réel.
Pour les décisions rendues par défaut, le délai ne court qu’à partir du jour où l’opposition ne peut être
recevable.
Il est à noter que le délai de pourvoi est suspendu depuis le jour du dépôt de la demande d’assistance judiciaire
au secrétariat greffe de la Cour de cassation.
Le délai reprend son cours à nouveau depuis la date de la notification de la décision du bureau de l’assistance
judicaire au mandataire désigné d’office et du jour de la notification de la décision du refus au demandeur
(article 358 du CPC).
Tous ces délais ont une portée fondamentalement différente de ceux des deux premières catégories.
Ils ont un caractère d’ordre public et, de ce fait, s’imposent au juge et aux parties qui ne peuvent renoncer à
s’en prévaloir. Ce principe est posé par l’article 511 du CPC selon lequel tous les délais fixés pour l’exercice
d’un droit sont impartis à peine de déchéance. L’irrecevabilité d’une voie de recours exercée hors délai peut
donc être soulevée d’office par le juge.

Section 2 : Computation des délais


Les questions de computation, de suspension et d’interruption des délais concernent essentiellement les délais
d’exercice d’un droit procédural ou d’un recours.
• Computation : l’article 512 énonce une règle fondamentale selon laquelle tous les délais prévus au présent
code sont des délais francs. Ainsi, le jour de la remise de la convocation, de la notification, de l’avertissement
ou de tout autre acte fait à personne ou à domicile ainsi que le jour de l’échéance n’entrent pas en ligne de
compte.
D’autre part, le Code a également simplifié le système antérieur : tous les délais sont comptés en jours et non,
comme c’était le cas pour certains, en mois.
• Prolongation : jours fériés, samedi et dimanche : selon l’article 512, si le jour de l’échéance est un jour férié,
le délai est prorogé jusqu’au premier jour non férié.
L’article 513 précise que « Sont considérés comme jours fériés pour l’application du présent code tous les jours
déclarés tels par une disposition légale 170 ».
L’av-pr du CPC apporte une réponse claire sur la portée juridique de la notification à l’égard de celui qui en est
l’auteur.
C’est ainsi qu’il a précisé que le délai court à l’égard du demandeur de la notification depuis le jour où celle-ci
a été effectuée à son initiative. En cas de pluralité des défendeurs, le départ de délai a été fixé depuis la date de
notification du premier d’entre eux.

Section 3 : Interruption et suspension des délais


Les délais de procédure ne sont pas normalement susceptibles d’être interrompus et se distinguent en cela des
délais de prescription puisqu’ils ne sont pas affectés par les causes ordinaires de suspension ou d’interruption
prévues par le DOC.
Il existe toutefois 2 cas particuliers de suspension des délais d’appel et de pourvoi. Précisons au préalable qu’il
s’agit d’une suspension au sens juridique du terme. En conséquence, lorsque la cause de suspension a pris fin,
ce n’est pas un nouveau délai intégral qui commencera à courir mais seulement la fraction de délai non couru
avant la survenance de cette suspension.
Le premier cas est relatif au délai d’appel, qui est suspendu, selon l’article 137 du CPC, par la mort de l’une ou
l’autre des parties, au profit des héritiers, et ne reprend son cours qu’à l’expiration de la quinzaine qui suit la
notification du jugement faite aux héritiers au domicile du défunt. Cette notification peut être faite aux héritiers
et représentants légaux collectivement et sans désignation des noms et qualités.
De même, l’article 139 décide que s’il se produit au cours du délai d’appel une modification dans la capacité de
l’une des parties, le délai est suspendu et ne recommence à courir que 15 jours après la notification à celui qui a
qualité pour la recevoir.
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Aucune disposition analogue n’existe, ni pour le délai d’opposition à un jugement par défaut, ni pour le délai de
pourvoi en cassation. Cette apparente contradiction entre les différents recours peut s’expliquer par le fait qu’en
principe l’opposition n’est ouverte que dans un nombre limité de cas portant sur des litiges de peu d’importance
; de même le recours en cassation est un recours exceptionnel de sorte qu’il n’y a pas lieu de prolonger les
délais pendant lesquels ces recours sont possibles. A l’inverse, l’appel est la voie de recours normale et, en
principe, d’ordre public. Il n’y a pas lieu de priver les héritiers ou les incapables de la possibilité de l’exercer en
leur opposant une notification qu’ils pourraient avoir ignorée.
Le second cas de suspension concerne le pourvoi en cassation. Selon l’article 358 du CPC, le délai de recours
est suspendu à compter du jour du dépôt au greffe de la Cour de cassation, de la demande d’assistance
judiciaire ; ce délai court à nouveau du jour de la notification de la décision du bureau d’assistance judiciaire au
mandataire commis d’office et, en cas de rejet, du jour de la notification à la partie de cette décision de rejet.

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