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La reddition des comptes dans

l’administration publique

Plan

Partie 2: Le cas
•Définition
du Maroc
•Origines •Les acteurs marocains
•Raisons incitatives •Le contrôle supérieur des
•Types finances publiques au
•Processus Maroc et la reddition des
comptes
Partie 1: •Les failles du système
marocain
Généralités

Introduction

Les séismes sociétales qu’a connus la région MENA, bien qu’ils soient d’inégale importance, ont
poussé plusieurs pays à repenser leur système politique, économique et social. Ceci à travers l’entreprise
des réformes de grande envergure visant l’instauration d’une véritable démocratie, et plaçant ainsi la
dimension sociale au cœur de ces transformations. Au Maroc, les revendications sociales et économiques
exprimées par plusieurs mouvements sociaux sont à l’origine d’une recrudescence d’exigences liées à
l’application de l’obligation redditionnelle. En témoigne d’ailleurs, le débat sur la scène publique qui ne
cesse de s’amplifier, tout en se focalisant sur la question du rôle du contrôle à l’application du principe
de la reddition des comptes. Ce constat nous amène à poser la question suivante : Dans quelle mesure
les pratiques du contrôle contribuent au renforcement du principe de la reddition des comptes,
notamment à travers la cour des comptes en tant qu’institution supérieur du contrôle des finances
publiques au Maroc ?

Pour apporter des éléments de réponse à notre questionnement, nous allons dans un premier temps
examiner le nouveau cadre de la gestion publique dans lequel évolue ce concept de reddition des comptes
en réponse aux exigences d’un environnement en plein mutation caractérisé par la nécessité de
l’application des principes de la bonne gouvernance financière. Nous allons, également, aborder la portée
d’une reddition de compte efficace. Ensuite, Nous allons aborder la relation théorique entre le contrôle
des finances publiques et la reddition des comptes. Et à la lumière de ces propos, nous allons étudier la
contribution du contrôle supérieur des finances publiques au Maroc, représenté par la cour des comptes,
à la consolidation de ce principe constitutionnel.
Définition
En comptabilité, la reddition des comptes se traduit souvent par des documents comptables, des
bilans, des comptes de résultat, des annexes. Les comptes annuels sont considérés comme le résultat de
la gestion d'un dirigeant et sont présentés annuellement aux associés ou actionnaires.

La reddition de comptes peut également prendre la forme d'un rapport de gestion ou d'un simple
récapitulatif des frais engagés pour le compte du donneur d'ordre.

La reddition des comptes concerne les mandataires, administrateurs, dirigeants...

Rendre compte de sa gestion est le devoir de tous les mandataires. La reddition des comptes implique
les chefs d'entreprise en tant que mandataires sociaux, administrateurs, comités d'entreprise, notaires,
usufruitiers dans certains cas, etc.

Certains contrats (prêts, cautions, nantissements, etc.) peuvent également prévoir cette obligation
déclarative.

Origines

Depuis quelque temps, le terme de reddition des comptes s'est affilé dans l'espace politico-
administratif du royaume. Cependant, ce terme perceptif a suscité un débat très controversé entre le
« surveillants » et le « surveillés » . La reddition des comptes n'est cependant pas un terme galvaudé, si
ce n'est que sa mise en œuvre est souvent « retardée » parce qu'elle obéit à une logique administrative
par ailleurs stricte et impartiale.

Tout dernier gestionnaire public, privé ou parapublic est tenu pour responsable, d'où le terme
d'accomptbilty, sa déclinaison anglaise. Avant de devenir une obligation, la reddition de comptes ou
l'imputabilité était un principe fondamental d'une gouvernance rigoureuse et saine des deniers publics.

Les institutions de Bretton Woods ont fait de l'aide aux pays en développement pour protéger leurs
ressources un passe-temps. Ainsi, ces pays ont été dotés des instruments et d'outils de bonne gouvernance
pour leur permettre de traduire des mécanismes qui ont été testés et appliqués dans les pays développés.

À cet égard, la Banque mondiale a aidé tous les pays sous-développés et en développement à créer
des organes spécialisés de contrôle de l'administration publique.
Naissance des mécanismes de bonne gouvernance au Maroc

L'histoire de la reddition des comptes remonte à loin, en particulier en France, où Napoléon a décidé
le 16 septembre 1807 de créer la Cour des comptes en France comme l'une des premières institutions
supérieures de contrôle au monde.

Au Maroc, il a d'abord été créé en 1960 en tant qu'organe du Conseil national de la comptabilité, qui
a été remplacé par la Cour des comptes en 1979 en vertu de la loi n° 12-79. En 1996, la Cour des comptes
a été élevée au rang d'institution constitutionnelle, et en 2002 la loi n° 62-99, portant Code des
juridictions financières, est entrée en vigueur avant la réforme constitutionnelle de 2011 pour renforcer
la Cour constitutionnelle de justice. Auditeurs.

Avec toutes ces évolutions, la volonté politique du Maroc de mettre en œuvre les dispositions de la
Convention au niveau national s'est traduite par un certain nombre de mesures nationales visant à
moraliser le secteur public et à promouvoir la transparence et la transparence. Divers plans de travail
gouvernementaux et stratégies claires. Ces mesures ont été traduites d'un point de vue opérationnel et
procédural sur le terrain aux niveaux suivants :

Au niveau institutionnel, dans ce contexte, il convient de souligner les principales réalisations du


Maroc dans l'élaboration d'un cadre institutionnel de prévention et de lutte contre la corruption. En
appliquant la loi de prévention et de lutte contre la corruption, de nouveaux systèmes ont été créés et les
systèmes existants ont été renforcés. Crimes dans le développement de plusieurs cours d'appel, du
Conseil de la concurrence, du système de Diwan al- madhalim et du développement des droits du Conseil
consultatif des droits de l'homme par la création du Conseil national des droits de l'homme.

Au niveau juridique, le Royaume a réalisé de nombreuses avancées juridiques dans l'harmonisation


de son système juridique avec les différentes dispositions de la Convention des Nations Unies contre la
corruption. , Textes législatifs et réglementaires visant à améliorer l'intégrité et la transparence de la
valeur.

Raisons incitatives de
reddition des comptes

La reddition de compte est meilleure quand l’incitation est interne

Les managers publics et ceux qui plaident en faveur du renforcement de l’intégrité publique doivent
considérer le fait établi que la reddition des comptes est plus efficace et plus productive quand elle est
l’émanation des managers eux-mêmes, soit dans le cadre de la gouvernance de leurs institutions soit
dans le cadre d’autorégulations sectorielles nationales ou internationales.
Il n’est nullement justifié que la primauté soit donnée dans le débat public à l’incitation externe à la
reddition des comptes qui se matérialise par l’encouragement de la conformité aux dispositions légales
instaurant l’outil ou le processus de redditions de comptes. Cette incitation favorise l’observation d’une
reddition des comptes amputée de sens car motivée par la crainte de perte de statut, de réputation et de
confiance ou par la crainte de la mise à nu de réalisations fallacieuses.

La reddition des comptes est pertinente et crédible quand l’incitation est interne, quand elle est
entendue comme un outil d’apprentissage potentiel et une valeur organisationnelle porteuse de la
performance et de la réalisation de la mission. En conséquence, ce qu’il faudrait revendiquer davantage,
ce n’est pas l’incitation externe à rendre compte, mais l’instauration des cadres de gouvernance qui
favorisent l’autorégulation, l’autocontrôle et les accréditations.

Au Maroc chaque discours du trône, dans lequel le roi évoquait déjà le principe de la « reddition des
comptes », Mohammed VI avait enfoncé le clou dans son allocution d’ouverture de la session
parlementaire le 13 octobre dernier. Le souverain avait appelé à « l’avènement d’une étape cruciale, où
il sera question d’établir une corrélation effective entre responsabilité et reddition des comptes ».

Types et formes de la
reddition des comptes
Lorsque la question de reddition des comptes se pose, nous entendons généralement la responsabilité
des bureaucrates envers le grand public ou la société. Mais les experts de l'administration publique ont
fait des recherches sur ses nombreuses formes ou aspects et nous voulons les éclairer :

Politique :

La reddition des comptes politique est la forme la plus puissante d'administration publique ancrée
dans les principes démocratiques.

On dit que le fonctionnaire est d'abord responsable devant le système administratif parce qu'il
appartient à la fonction publique qu’elle a certaines règles et normes spécifiques. Chaque membre de la
bureaucratie doit respecter ces règles, c'est-à-dire qu'il obéit strictement aux règles. Rien ne peut violer
les règles de l'organisation.

La responsabilité est au cœur de la bonne gouvernance. Tenir les élus et les fonctionnaires
responsables revient à mesurer leur performance par rapport à des objectifs définis et à évaluer
l’efficacité avec laquelle ils utilisent les ressources mises à leur disposition pour mener leur mission.

Les citoyens demandent des comptes à leurs représentants lorsqu’ils votent pour eux et pour elles ;
les membres des conseils locaux et les parlementaires convoquent les gouvernements pour qu’ils rendent
compte de leurs actes, et des entités de contrôle fiscal indépendantes vérifient que la gestion financière
respecte des règles et des normes établies. Mais la responsabilité concerne également la voix citoyennes,
il s’agit de donner aux citoyens, à la société civile et aux médias le droit, l’espace et la liberté d’exprimer
leurs préoccupations, de surveiller leur mise en œuvre des projets et d’offrir des points de vue divergent

Juridique :

La reddition des comptes juridique dépend des relations entre les membres du gouvernement et les
législateurs. Le législateur peut imposer des sanctions légales ou des arrangements contractuels formels.
Il convient de souligner que la relation est différente entre la relation entre le supérieur et le subordonné
dans la responsabilité des administrateurs, qui est fondamentalement une relation hiérarchique. En ce
qui concerne la responsabilité juridique, les deux parties sont indépendantes l'une de l'autre et la question
implique un accord juridique entre les législateurs et les employés du gouvernement

Des administrateurs :

Le mode traditionnel de relation de commandement et de contrôle fonctionne entièrement sous la


responsabilité des administrateurs. Le gestionnaire des agences gouvernementales doit se concentrer sur
les priorités de ceux qui sont plus élevés que lui sur l'échelle de carrière. La mise en œuvre du système
de responsabilisation des administrateurs nécessite une relation organisée et légitime entre le
gestionnaire et le subordonné dans laquelle le suivi des ordres n'est pas un sujet à discuter. Selon cette
approche, la reddition de comptes des administrateurs passe par des stratégies, des règles de gestion, des
révisions budgétaires ou des systèmes de gestion des performances

Gestion :

La gestion désigne l’utilisation des ressources d’une manière raisonnable et optimale afin de réaliser
les objectifs fixés et atteindre la performance et cette dernière comporte trois étapes à savoir : prévoir,
réaliser et corriger et lorsque arrive à l’exécution de budget dans le cycle de gestion la notion de reddition
de comptes intervient pour vérifier le degré de gouvernance et transparence des opérations effectuées

Interne

L’évaluation des résultats et l’appréciation de la performance de l’administration sont, dans un


premier temps, présentées à l’interne. Des bilans peuvent être élaborés pour consigner les résultats et les
évaluations.

Externe

Le rapport de gestion est l’élément clé de la reddition de comptes, il est donc essentiel que
l’information qu’il renferme soit de qualité pour évaluer la performance.
Les principes d’une
reddition de comptes
efficace

Clarté des rôles et des responsables :

Les rôles et les responsabilités des parties doivent être bien compris et convenus.

Clarté des attentes en matière de rendement :

Les objectifs poursuivis, les réalisations attendues et les contraintes de fonctionnement à respecter
doivent être explicites, compris et convenus.

Équilibre entre les attentes et les capacités :

Les attentes en matière de rendement doivent être clairement reliées la capacité de chaque partie à les
réaliser et mises en équilibre avec elle.

Crédibilité de l’information :

Une information crédible et actuelle doit être communiquée pour faire la preuve de ce qui a été réalisé,
du caractère adéquat des moyens et des leçons qui ont été tirées.

Examen raisonnable et ajustement :

Les parties doivent effectuer un examen et de reconnaitre les réalisations et difficultés, prendre des
mesures correctives appropriées et appliquer les conséquences qui s’imposent aux personnes
responsables.

Le processus de
reddition des comptes
Le rapport de gestion est une pièce majeure du processus de reddition de comptes. Il importe donc de
comprendre où se situe le rapport de gestion dans ce processus qui peut se découper en quatre phases.

1. S’engager

La mission de l’entreprise est sa raison d’être; sa vision est la représentation de l’avenir auquel elle
aspire; sa stratégie, une expression de la façon dont elle a l’intention de réaliser cet avenir et de s’engager.
La mission, la vision et la stratégie d’une entreprise constituent avec ses valeurs éthiques l’essence de
son identité : c’est ce qui explique l’intérêt que leur portent les membres du conseil d’administration
dans le cadre de leur responsabilité d’administrateurs.

La connaissance de l’environnement :
L’environnement externe de l’entreprise sert essentiellement à comprendre le contexte et à établir les
enjeux pour dégager les possibilités et les menaces. L’environnement interne correspond à la capacité
organisationnelle dont l’analyse permet d’évaluer les forces et les faiblesses de l’entreprise.

Donc il faut mettre en œuvre Des mécanismes continus de veille stratégique afin de suivre l’évolution
de l’environnement. En plus de tenir compte des effets des facteurs externes et internes pour l’entreprise,
les éléments de contexte doivent être définis ainsi que les enjeux qui devraient être décrits dans le plan
stratégique.

Le plan stratégique :

Le plan stratégique doit comporter une description de la mission, le contexte dans lequel évolue
l’entreprise et les principaux enjeux auxquels elle fait face, les orientations stratégiques, les objectifs,
les résultats visés ainsi que les indicateurs de performance utilisés pour mesurer l’atteinte des résultats.

Les plans d’action :

Les plans d’action sont essentiels pour toute entreprise qui souhaite réaliser son plan stratégique et
atteindre ses objectifs. L’entreprise doit ainsi traduire les orientations stratégiques en actions annuelles.
Les plans d’action précisent les orientations, les objectifs, les étapes à franchir et les activités à réaliser,
les ressources disponibles, les responsables et l’échéancier.

Les attentes signifiées convenues avec les personnes :

Les attentes définissent la contribution des employés à l’atteinte des objectifs et des résultats de
l’entreprise. La direction traduit les objectifs et les cibles des plans d’action de l’entreprise et en attentes
pour le personnel.

2. Réaliser

Cette phase prend toute sa signification au moment de la reddition de comptes en raison de son apport
considérable à l’atteinte des résultats.

La mise en œuvre des plans

C’est à travers la mise en œuvre du plan stratégique et des plans d’action que l’entreprise voit si ses
choix de gestion permettent d’atteindre les objectifs et les résultats fixés. La direction joue un rôle
particulier par l’affectation des ressources de soutien et par un encadrement approprié. Ainsi, Elle
effectue des suivis et contrôle les activités tout au long de la période de réalisation afin de s’assurer du
bon déroulement des opérations. Elle suit également la progression des résultats à l’aide d’indicateurs
de gestion et procède aux modifications nécessaires en cours d’exercice.
Le suivi à l’aide d’indicateurs

En cours d’exercice, la mesure à l’aide d’indicateurs permet de suivre la progression des activités
vers l’atteinte des résultats. Les indicateurs mesurent différents paramètres des activités et des résultats
et sont utilisés pour répondre aux besoins de gestion. La direction suit la progression des résultats à l’aide
de systèmes de mesure et utilise les données produites au moyen des indicateurs pour constater le degré
d’atteinte des résultats et des objectifs et intervenir lorsque nécessaire. Elle s’intéresse aux écarts par
rapport aux plans mais aussi aux causes qui s’y rattachent.

3. Rendre compte

La reddition de comptes démontre l’adéquation entre la mission, le plan stratégique, les obligations
législatives, les capacités organisationnelles et les résultats atteints. Des explications accompagnent les
résultats afin de mettre en contexte ce qui aura permis de les atteindre ou de les dépasser ou, au contraire,
ce qui aura empêché de les atteindre.

L’évaluation des résultats :

L’évaluation des résultats détermine le degré d’atteinte des objectifs et des cibles. Les indicateurs
associés aux objectifs et aux cibles des différents plans sont utilisés pour mesurer et évaluer les résultats
et apprécier la performance. La direction procède périodiquement et en fin de période à l’évaluation des
résultats mesurés à l’aide des indicateurs. Elle interprète également les résultats par rapport aux objectifs
fixés et explique les écarts. Elle détermine les mesures correctives à apporter et apprécie la contribution
des individus aux résultats en fonction des attentes qui leur ont été signifiées en début d’exercice.

Une reddition de comptes à l’interne :

L’évaluation des résultats et l’appréciation de la performance de l’entreprise sont, dans un premier


temps, présentées à l’interne. Des bilans peuvent être élaborés pour consigner les résultats et les
évaluations. Ces bilans serviront à alimenter la reddition de comptes externe et à justifier les
changements qui devront être apportés. La direction apprécie la performance de l’entreprise et de chaque
unité administrative et fait ses recommandations en vue de l’amélioration.

La reddition de comptes externe et la communication des résultats :

Le rapport de gestion est l’élément clé de la reddition de comptes. Il est donc essentiel que
l’information qu’il renferme soit de qualité, de manière à permettre l’évaluation de la performance. À
défaut d’être suffisamment et bien informé, le lecteur ne peut tirer des conclusions valables. Le rapport
de gestion fait état des résultats atteints par rapport aux objectifs prévus dans le plan stratégique.
4. Apprendre et s’adapter

Tous les membres de l’entreprise prennent en compte les nouvelles connaissances acquises à partir
des résultats obtenus. Cet apprentissage sert à réviser le contenu des plans subséquents de même que les
façons de faire pour mieux répondre aux attentes des citoyens.

La direction reçoit les constatations et les mesures correctrices proposées par les gestionnaires qu’elle
autorise, après analyse, à mettre en œuvre. Par la suite, elle assure leur intégration dans les plans
subséquents.

Les acteurs
marocains
1. La cour des comptes :1

La nouvelle Constitution de 2011 érige la Cour des Comptes en « institution supérieure de contrôle
des finances publiques du Royaume », dont elle garantie l’indépendance.

La Cour des comptes a pour mission principale de s'assurer du bon emploi de l'argent public et d'en
informer les citoyens. Juridiction indépendante, elle se situe à équidistance du Parlement et du
Gouvernement, qu’elle assiste l’un et l’autre, conformément à l'article 47-2 de la Constitution.

Les quatre missions de la Cour :


• Juger

La Cour juge les comptes des comptables publics. Sa compétence s’exerce sur environ un millier de
comptes. Historiquement, il s’agit d’une des premières missions de la juridiction. Elle peut conduire à
mettre en jeu la responsabilité personnelle et pécuniaire d’un comptable public (ou d’un comptable de
fait, c’est-à-dire une personne qui manipule de l’argent public sans en avoir le droit) si un déficit ou un
manquement ont été constatés, si une recette n’a pas été recouvrée ou si une dépense a été irrégulièrement
payée. La Cour vérifie que les organismes publics tiennent correctement leur comptabilité. Il s’agit d’une
vraie enquête. Les rapporteurs ont accès à l’ensemble des documents administratifs et comptables des
organismes audités.

• Contrôler

En pratique, partout où de l’argent public est engagé, la Cour veille à la régularité, à l’efficience et à
l’efficacité de la gestion. Pour ce faire elle contrôle l’État et ses opérateurs, les organismes de sécurité
sociale, les entreprises publiques, les organismes bénéficiant de dons ainsi que les établissements et

1 https://www.ccomptes.fr/fr/cour-des-comptes/role-et-activites
services médico-sociaux (ESMS) et les cliniques privées. Ses observations sont communiquées aux
institutions et organismes contrôlés, ainsi qu’à leurs autorités de tutelle.

• Certifier

Chaque année, la Cour certifie les comptes de l’État et du régime général de la sécurité sociale. Cette
mission, confiée par la loi organique relative aux lois de finances de 2001 et par celle relative aux lois
de financement de la sécurité sociale de 2005, garantit aux citoyens une information financière et
comptable plus claire, lisible, et une image plus fidèle de la réalité financière de l’État et de la sécurité
sociale.

Conformément à la convention signée le 23 juillet 2013 par le Premier président, le Président du Sénat
et le Président de l’Assemblée nationale la Cour certifie chaque année les comptes des deux assemblées.
Cette mission, qui vise à apprécier la conformité des états financiers au référentiel comptable de chaque
assemblée, ne porte pas sur la gestion des moyens, matériels et humains, mobilisés pour assurer leur
fonctionnement.

En outre, conformément à l’article 110 de la loi portant sur la Nouvelle organisation territoriale de la
République (NOTRe) la Cour des comptes conduit, en liaison avec les chambres régionales des comptes,
une expérimentation de dispositifs destinés à assurer la régularité, la sincérité et la fidélité des comptes
des collectivités territoriales et de leurs groupements. Cette expérimentation doit permettre d'établir les
conditions préalables et nécessaires à la certification des comptes du secteur public local, qu'il s'agisse
de la nature des états financiers, des normes comptables applicables, du déploiement du contrôle interne
comptable et financier ou encore des systèmes d'information utilisés.

• Évaluer

La Cour assiste le Parlement et le Gouvernement dans l’évaluation des politiques publiques. Elle
cherche à vérifier si les résultats d’une politique publique sont à la hauteur des objectifs fixés, et si les
moyens budgétaires sont utilisés de manière efficace et efficiente. Le rôle de la Cour n’est pas de
commenter les choix faits mais d’évaluer les conséquences et de formuler des recommandations pour
atteindre les objectifs votés par le Parlement. Les pouvoirs publics peuvent ainsi fonder leurs décisions
sur des analyses objectives.
2. Inspection générale de l'administration territoriale2

L'inspection générale de l'administration territoriale peut être chargée de toute mission d'étude ou de
réflexion. Un inspecteur général est chargé par arrêté du ministre d'Etat à l'intérieur de la gestion et de
la coordination des services de l'inspection générale de l'administration territoriale.

Ministère de tutelle:

Ministère de l'Intérieur

Missions:
• Contrôler et vérifier la gestion administrative, technique et comptable des services relevant du
ministère de l'intérieur, des collectivités locales et de leurs groupements.
• Procéder, sur instructions du ministre, à des inspections dans les provinces, préfectures, cercles
et circonscriptions.
• Auditer les documents financiers et comptables des collectivités territoriales que sont les régions,
les préfectures, les provinces, les communes et leurs groupements et démembrements.
3. Inspection générale des finances3

L'I.G.F est un corps supérieur d'inspection des finances publiques créé par un texte de loi du 14 avril
1960 qui fixe de manière précise ses attributions, missions et prérogatives. Placée sous l'autorité directe
du Ministère de l'Economie et des Finances, l'I.G.F exerce de larges prérogatives en matière de contrôle
et d'audit.

Ministère de tutelle:

Ministère de l'Economie et des Finances.

Missions:
• Effectuer les vérifications des services de caisse et de comptabilité, deniers et matières, des
comptables publics et, de façon générale, des agents de l'Etat, des collectivités locales, des
établissements et entreprises publics et de tout organisme public ;
• Contrôler la gestion des comptables publics, des ordonnateurs, des contrôleurs et de tout
administrateur pour s'assurer de la régularité, de la sincérité, et de la matérialité des opérations
enregistrées dans leurs comptes ;
• Contrôler la gestion des entreprises et des établissements publics.
• Contrôler la gestion des sociétés concessionnaires ou gérantes d'un service public de l'Etat ou
d'une collectivité publique ;

2 https://www.ccomptes.fr/fr/cour-des-comptes/role-et-activites
3 https://www.ccomptes.fr/fr/cour-des-comptes/role-et-activites
• Contrôler la gestion des sociétés, syndicats, associations ou entreprises de toute nature et d'une
façon générale les personnes morales qui bénéficient du concours financier de l'Etat, des collectivités
publiques ;
• Auditer et émettre une opinion sur les comptes des projets financés par les Gouvernements
étrangers ou par des organismes financiers internationaux ou régionaux dans le cadre de la
coopération bilatérale ou multilatérale ;
• Procéder, à la demande du Gouvernement ou du Ministre des Finances, à l'évaluation de
politiques publiques à caractère financier ou budgétaire ;

Le contrôle supérieur des


finances publiques au Maroc et
la reddition des comptes

L’instauration d’une culture de reddition des comptes: un défi relevé par la


cour des comptes.

La cour des comptes s’est fixée comme objectif la généralisation du principe de la reddition des
comptes à travers la sensibilisation de l'ensemble des gestionnaires publics à l’obligation d’application
dudit principe. Ces gestionnaires sont tenus par l’obligation de produire leurs comptes de gestion à la
cour des comptes en tant qu’institution supérieure chargée du contrôle de l’exécution de la loi des
finances. A cet égard, notre étude qualitative menée à travers l’analyse documentaire des rapports, nous
a permis de nous renseigner profondément sur la contribution du contrôle au renforcement des principes
de la bonne gouvernance financière, notamment celui de la reddition des comptes. L’analyse des rapports
examinés a montré qu’aucun défaut de retard dans la production des comptes des organismes soumis au
contrôle de la cour n’a été relevé dans le dernier rapport examiné, au moment où certains responsables
ne produisaient jamais leur compte de gestion dans le passé4 . Cet état actuel est dû essentiellement aux
actions et mesures répressives entreprises par cette instance de contrôle pour faire face à la situation de
non respect de l’obligation redditionnelle. Ce qui dénote une large prise de conscience de la part des
gestionnaires de l’importance du respect de l’obligation redditionnelle. En outre, la cour des comptes est
investie d’une deuxième compétence juridictionnelle en matière de Discipline Budgétaire et Financière
(DBF). Il s’agit d’une compétence qui revêt un caractère répressif et réparateur le cas échéant. Cette
approche de contrôle concorde parfaitement avec les lignes directrices issues des normes internationales
en matière du contrôle supérieur des finances publiques, et qui stipulent que le contrôle exercé par les
ISC a pour but d’identifier les principaux dysfonctionnements, préciser les responsabilités, et prendre

4 La cour a recensé 3 082comptes de service de l’Etat non produits pour les exercices de 2003 à 2006, outre
les organismes publics qui n’ont jamais produit leurs comptes pour des raisons inexpliquées (Rapport annuel de
la cour des comptes de 2006, p295 302)
les mesures nécessaires pour réparer et limiter les différentes anomalies. A cet égard, les arrêts prononcés
par le juge des comptes relèvent des cas où les personnes poursuivies sont acquittées, sanctionnées par
des amendes 5, ou condamnées au remboursement des sommes correspondant à la perte causée à
l’organisme public. Il est à signaler que la publication desdits arrêts revêt une importance cruciale dans
la mesure où elle vise à la sensibilisation des différents gestionnaires aux principaux dysfonctionnements
en matière de la gestion financière publique. Cette pratique récente de publication des arrêts en matière
de DBF, ambitionne d’ancrer une jurisprudence dans le domaine de la responsabilité des gestionnaires
publics, et de consolider la mise en œuvre du principe constitutionnel de corrélation entre la
responsabilité et la reddition des comptes.

La reddition des comptes : Vers une démarche qui répond à la nouvelle


gestion publique.

A la lumière des exigences de la nouvelle gestion publique, un processus de reddition des comptes
ne peut être efficace que s’il est accompli par des ajustements ayant pour objectif l’amélioration du
rendement. C’est dans ce cadre que la cour des comptes s’est orientée davantage vers une démarche de
contrôle intégré, favorisant l’aspect de performance au lieu du simple volet de conformité. A cet égard,
la cour des comptes effectue chaque année en moyenne une vingtaine de missions de contrôle de la
gestion, soit auprès des différents organismes, ou des missions thématiques visant à examiner une
problématique d’ordre économique, ou sociale. Par conséquent, la publication des résultats des travaux
sous formes de rapports particuliers ou thématiques, permet à la cour de fournir des informations
importantes aux différentes parties prenantes afin qu’elles puissent évaluer le rendement des
responsables publics concernés. A l’issue de chaque mission de contrôle, la cour des comptes émet des
recommandations aux fins d’apporter les ajustements nécessaires pour un meilleur rendement. Toutefois,
la majorité de ces recommandations ne sont pas concrétisées par des mesures correctives vu que leur
application dépend de plusieurs facteurs notamment ceux liés aux Ressources, autorité de tutelle,
amendement des lois….A toutes ces raisons, s’ajoute le fait que la cour des comptes n’est qu’un
intervenant parmi d’autres dans le périmètre des finances publiques.

Les failles du système marocain

En général, le modèle marocain comporte les éléments essentiels d’un dispositif normatif et
institutionnel moderne et avancé, mais bien sûr la question de l’efficacité reste posée et reconnue par
tous les acteurs institutionnels et sociaux, cela s’explique par les points essentiels suivants :

5 Il est à noter que, pour les personnes sanctionnées, la fixation du montant de l’amende dépend des
circonstances atténuantes ou aggravantes. Voir La cour des comptes. « Jurisprudence de la Cour des comptes
du Royaume du Maroc. Recueil de règles dégagées des arrêts rendus par la chambre de discipline budgétaire
et financière ».Février 2018 Revue du Contrôle de la Comptabilité et de l’Audit ISSN: 2550-469X Numéro 11 :
Décembre 2019 Hosting by DAOJ www.revuecca.com Page 980
- Une transparence limitée par rapport à quoi? qui? et comment? des rôles et responsabilités des
acteurs chargés de mettre en œuvre les principes et valeurs de la responsabilité et de reddition des
comptes traduite par un déficit de communication adéquate avec l’opinion publique.

- Une multiplicité excessive des instances de contrôle en l’absence d’un cadre institutionnel de
coordination et de collaboration, de même qu’une visibilité et une stratégie d’ensemble.

- Des difficultés et des confusions à propos des passerelles entre les résultats de contrôle et la mise
en œuvre effective de la reddition des comptes et de la sanction par extension.

-Une culture de régularité et de conformité basée sur le culte de la pièce et la règle écrite au détriment
du résultat et de la performance.

- Un système de responsabilité toujours en décalage par rapport aux développement récents et à


venir concernant la nouvelle gestion publique (New public management).

- Le contrôle interne et externe du secteur public (les IGM, IGAT et IGF d’une part et la Cour des
comptes et le Parlement d’autre part) peine encore à trouver une ligne de conduite concertée et intégrée
traduite par une procédure de communication fluide.

- Les rapports des instances de contrôle et de lutte contre la corruption avec la justice ne sont pas
clairement définis et suscitent toujours des questionnements sur les suites pénales données aux affaires
appréhendées.

- L’immunité des ministres dans leur gestion administrative et financière devant la Cour des comptes
en matière de discipline budgétaire et financière pour les faits incriminés bien que ne revêtant pas un
caractère pénal.

- Le manque de retour d’information et de saisines de la part des juridictions judicaires vers les
juridictions financières.

- Le risque de la propagation du slogan dangereusement erroné: soit l’impunité soit le tout pénal.
Conclusion
Une reddition de comptes efficace s'appuie par ailleurs sur cinq principes : rôles et responsabilités
clairs, attentes de rendement claires, équilibre entre attentes et capacités, crédibilité de l'information
communiquée, et enfin la volonté de toutes les parties d'effectuer un examen raisonnable et d'apporter
les ajustements nécessaires. Plus ces principes sont appliqués avec rigueur dans une relation
redditionnelle, plus la reddition des comptes est efficace.

Toutefois, le processus de reddition des comptes ne peut être efficace sans l’implication et
l’engagement de l’ensemble des parties concernées, notamment les organes législatif, exécutif,
judiciaire, ainsi que les organismes contrôlés. Cette implication est appelée à être accompagnée d’un
dispositif de coordination, entre les différents acteurs, en l’absence duquel le contrôle exercé par la cour
des comptes demeure limité, et ce malgré son importance.

Aujourd’hui la cour des comptes, met annuellement à la disposition du public des informations
pertinentes reflétant l’état de gouvernance des finances publiques. Ces informations constituent une
source précieuse permettant d’enrichir et de promouvoir un débat constructif visant l’amélioration de la
performance de l’action publique. Il est très important de signaler que depuis presque une dizaine
d’année, plus précisément avant que la cour ne publie ses travaux, il était très difficile d’avoir accès à ce
type d’information.

Devant cet état de fait, on ne peut ignorer l’apport considérable de cette institution dans le
renforcement de la transparence et la reddition des comptes ces dernières années, mais on peut très bien
imaginer en l’absence de cette ISC le nombre d’anomalies et le degré de dilapidation ainsi que le coût
de gaspillage qui aurait pu être si les gestionnaires publics s’assurent qu’ils n’existe pas une instance
indépendante à qui ils doivent rendre compte régulièrement, ou qu’ils ne puissent jamais être soumis à
un contrôle à n’importe quel moment.

De ce fait, il serait judicieux de penser à des méthodes permettant de rendre le processus de reddition
des comptes plus efficace, et ce à travers une exploitation optimale des différents rapports de la cour des
comptes, afin que ces derniers aient des effets directs sur la qualité de la gestion de la chose publique, et
par conséquent le vécu ressenti du citoyen.

Bibliographie
& Webographie
Berraou Mohammed, (2017), « La responsabilité des acteurs de la gestion publique devant la cour
des comptes : Le modèle marocain», Editions l’Harmattan. 2017. p15
Jean-Pierre Chauffour, «Le Maroc à l’horizon 2040 : Investir dans le capital immatériel pour
accélérer l’émergence économique». Résumé Washington, DC : La Banque mondiale. DOI : 10.1
596/978-1-4648-1066-4. Licence : Creative Commons Attribution CC BY 3.0 IGO. 2017. P79

La cour des comptes. « Jurisprudence de la Cour des comptes du Royaume du Maroc. Recueil de
règles dégagées des arrêts rendus par la chambre de discipline budgétaire et financière ». Février 2018.

https://zenodo.org/record/3609430

https://www.caaf-fcar.ca/images/pdfs/research-publications/APRCA-FR.pdf

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