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FINANCES

PUBLIQUES
3ème année de la Licence

Dr. MOUSTAPHA SANGARE


Consultant-Formateur UPB
INTRODUCTION A LA NOTION
DE FINANCES PUBLIQUES
Les finances publiques consistent à étudier des phénomènes
financiers liés à la puissance publique. Cette première définition permet
de préciser non seulement l’objet de cette discipline, mais aussi ses
limites ainsi que sa nature.

Pour Gaston Jèze, les finances publiques sont l’étude des moyens par
lesquels l’État se procure les ressources nécessaires à la couverture
des dépenses publiques et en réparti charge entre tous le citoyens.

Pour Pierre La Lumière, les finances publiques sont l’étude des moyens
par lesquels l’État cherche à réaliser des interventions dans le
domaine économique et social.
L’objet des finances publiques:
est souligné dans la définition par les termes : « phénomènes financiers ».
Il s’agit en réalité d’opérations financières : les recettes et les dépenses qui
s’inscrivent dans un cadre financier : le budget. Aussi peut-on dire que les
finances publiques étudient non seulement le budget considéré comme un
cadre financier mais aussi le contenu du budget c’est-à-dire les recettes et
les dépenses.
COMPOSITION DU BUDGET FRANCAIS
En finances publiques ne sont étudiés bien sûr que les budget publics,
celui de l’État, mais aussi ceux des collectivités territoriales et enfin
ceux de la Sécurité sociale.

Ainsi se dessine plusieurs disciplines proches : les finances de l’État, les


finances locales, les finances sociales. Seules seront abordées ici les
premières : les finances de l’État.

Ces règles sont d’abord énoncées dans la Constitution (art 71, 79, 80
et 81 de la Constitution ivoirienne d’Août 2000) qui renvoie à une loi
organique.
L’ÉVOLUTION DES FINANCES PUBLIQUES

Les finances publiques ont évolué dans un triple cadre : politique,


économique et bien sûr financier. Dans chacun de ces trois cadres on
retrouve le clivage traditionnel qui oppose deux grandes catégories : les
finances publiques classiques qui correspondent à la période avant les
deux-guerres et les finances publiques modernes correspondant à la période
contemporaine.
I – Le cadre politique
1 – De l’État libéral à l’État providence
A – L’État libéral
 Les finances publiques classiques se développent dans le cadre d’un État libéral,
c’est-à- dire un État qui laisse le maximum de liberté aux particuliers sur le plan
économique. C’est donc un État « minimalitaire » selon l’expression de Marcel
Prélot.

 En effet, jusqu’à la Première guerre mondiale l’État n’exerce que des compétences
réduites. Celles qui manifestent classiquement la puissance régalienne : les relations
internationales par le canal de la diplomatie ou par le biais des armées ; la sécurité
intérieure grâce à la police et à la Justice.

 En bref, l’État libéral est un État gendarme. L’économie, la culture, le


développement social tous ces secteurs sont laissés à l’initiative privée.
B - L’État providence

 À partir de la guerre de 14-18, et à la suite de la grande crise de 1929, l’État va


intervenir de plus en plus dans le domaine économique comme dans le domaine
social. L’intervention de l’État se fera directement à travers les nationalisations dont
les toutes premières sont liées à la guerre (les mines de potasse d’Alsace et les
chemins de fer de l’Est en France) ensuite plusieurs vagues se succèderont (1936,
1945, 1982).

 Mais c’est de manière indirecte que l’intervention se fera le plus souvent, c’est-à-dire
par le biais de réglementations qui encadrent de plus en plus les activités
économiques et sociales.

 Toutefois depuis une dizaine d’année, la tendance semble s’inverser puisque les
privatisations se multiplient, la déréglementation est à l’ordre du jour.
II– Le cadre économique
1 – La fin de la neutralité des finances publiques

À l’époque classique, les finances publiques sont neutres par rapport à l’économie. Cette
neutralité s’appréciant dans les deux sens.

Ainsi, elles doivent être inactives, c’est dire qu’elles ne peuvent influencer l’économie.
Mais elles doivent aussi être insensibles : l’économie ne devant pas influencer les
finances.
A – La fin du caractère inactif des finances publiques
Les responsables politiques utilisent sciemment les finances publiques pour
produire des effets économiques.

Ainsi les subventions, les avantages fiscaux pour ne citer que ces exemples sont
bel et bien destinés à encourager des activités ou à soutenir des secteurs
économiques.
Le budget est donc devenu un instrument au service de l’économie.
B– La fin du caractère insensible des finances publiques

• Aujourd’hui les moindres variations de la conjoncture économique se


répercutent dans le budget de l’État.

• Ainsi lorsque la croissance redémarre les rentrées fiscales sont beaucoup plus
importantes que les prévisions ne l’indiquaient. Bien sûr la situation inverse est
vraie aussi.

• Mais la sensibilité des différents impôts n’est pas la même. Certains réagissent
plus rapidement que d’autres. La TVA est certainement celui qui est le plus
sensible.
III – Le cadre financier
1 – La fin de l’équilibre budgétaire
A – Le principe de l’équilibre

 À l’époque classique, les finances publiques sont conçues comme les finances
privées. C’est pourquoi, on recommande que les recettes et les dépenses s’équilibrent.

 En conséquence on prohibe le déficit mais aussi l’excédent.

 Le déficit est interdit parce qu’il impliquerait le recours à l’emprunt que l’on estime
immoral. Quant à l’excédent il est proscrit dans la mesure où l’impôt ne peut servir
qu’à couvrir les charges publiques. Il ne peut donc pas financer des réserves.

 Cette règle de l’équilibre qui deviendra un véritable dogme de la pensée financière


classique sera abandonné progressivement.
B – L’abandon de l’équilibre

 C’est John Maynard Keynes qui est à l’origine de ce que l’on va appeler « la
théorie du déficit systématique ».

 Pour cet auteur, l’équilibre économique est plus important que l’équilibre
budgétaire.

 En bref, l’augmentation des dépenses et donc le déficit provoqué va permettre


de relancer l’économie et lorsque l’équilibre économique sera rétabli,
l’équilibre budgétaire suivra. Cette théorie va être appliquée avec plus ou
moins de succès ici et là.
2 – La place de l’impôt
A – L’impôt, moyen de financement privilégié des finances publiques
classiques

• Cette place particulière de l’impôt s’explique par des raisons politiques, mais
aussi par des raisons techniques.

• Sur le plan politique, c’est la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen


de 1789 (en France) qui par son article 13 fait de l’impôt la seule ressource
concevable puisqu’elle traduit sur le plan financier la philosophie politique de
la participation des citoyens au pouvoir. La Côte d’Ivoire, ancienne colonie
française, a adopté cette même philosophie budgétaire.
B – La variété des procédés de financement dans les finances publiques
modernes

• Dans le cadre des finances publiques modernes l’impôt devient un procédé de


financement parmi d’autres.

• En effet, l’emprunt a pris une place d’autant plus grande que le déficit
augmentait, de plus les cotisations sociales représentent une part de plus en
plus grande.

• pour financer les nombreuses activités économiques de nouveaux prélèvements


voyaient le jour : taxes, redevances, taxes parafiscales.
LA NOTION DE BUDGET DE L’ÉTAT
Un budget est en effet un cadre dans lequel s’inscrivent les recettes et les
dépenses d’une personne pour une durée déterminée.

1 – Une notion générique.


La notion de budget est relativement connue. Pour les personnes privées comme
pour les personnes publiques, le budget est un ensemble de comptes
prévisionnels. Mais pour l’État, il existe plusieurs budgets.
A – Le budget de l’État au sens de la LOLF

• « Le budget est constitué par l'ensemble des comptes qui décrivent, pour une
année civile, toutes les ressources et toutes les charges permanentes de l'État
».

• La loi organique n°59-249 du 31 Décembre 1959 relative aux lois de finances


dans son article 3 reprend : « Le budget englobe la totalité des charges et
ressources de l’État dans un compte unique intitulé budget général ».
Les finances publiques mettent en exergue l’orientation de la gestion des affaires
de l’Etat par l’intérêt prioritaire porté sur la provenance des ressources et son
utilisation.
La provenance des ressources à l’époque classique regardait la gestion interne et
la collecte des fonds auprès du contribuable en d’autres termes les endettements
étaient prohibés.
L’évolution des réalités économiques a entrainé une diversification du domaine
d’intervention de l’Etat et en termes budgétaire, le fonds nécessaire pour ces défis
se présentent notamment en croissance continue.
Ainsi, en plus des fonds internes, l’Etat a également recours à divers fonds
externes.
Dans le même cours, niveau Licence 3, nous allons exposer les offres financières
auxquelles l’Etat à accès et sa relation avec ces partenaires externes.
FINANCES PUBLIQUES
L3
Section I : Les sources intérieures de financement du trésor

1- Les sources à caractère non bancaire


a- Les emprunts intérieurs de l’État
b- Le produit de la privatisation
c- Le stock des arriérés de paiement intérieurs de l’État
2- Les sources à caractère bancaire
a- Le marché obligataire des titres négociables du trésor
b- Les concours financiers de la BCEAO aux Trésors publics
Section II : Les sources extérieures de financement du trésor
1- Les recours aux financements extérieurs directs
a- Les créanciers multilatéraux
b- Les créanciers bilatéraux
c- Les créanciers commerciaux
2- Le recours aux instruments de la gestion active de la dette extérieure
a- Le rééchelonnement
b- La conversion de dette en investissement
c- Le traitement de la dette onéreuse
d- Les opérations de swaps
LES SOURCES DE FINANCEMENT DU TRÉSOR
Pour financer son besoin, le Trésor a recourt à des ressources très variées et en provenance
d’origines très différentes.

Toutefois, quiconque veut connaitre ou analyser avec précision la structure des sources de
financement du Trésor est confronté à un problème de définition en ce qui concerne les
éléments comptables à retenir pour encadrer la structure de ces sources, ainsi que
l’évolution de l’encours de la dette (stocks d’emprunts) qu’elles entrainent.
Cette structure peut être analysée selon différents critères: par groupe de créanciers, par
échéance, par devise, par type de taux d’intérêt, etc. Ceci est particulièrement vrai si on
prend en considération les novations possibles et continues de statut qui affectent certaines
ressources financières devenues aujourd’hui accessibles au Trésor.

Il est donc possible de distinguer entre deux types de sources de financement du Trésor :
des sources intérieures (Section I) et des sources extérieures (Section II).
Section I : Les sources intérieures de financement du trésor

On vise par sources intérieures de financement du Trésor l’ensemble des moyens de


financement offerts sur le marché intérieur en francs CFA.

Ces sources intérieures peuvent être ventilées de différentes manières : selon les
créanciers du point de vue de sa gestion (établissements financiers, bailleurs de fonds,
particuliers, institut d’émission, etc.) ; selon leurs échéanciers (long, moyen et court
terme) ; selon les types de produits (certificats à six mois, adjudications, etc.).

Mais, il est possible de distinguer ces sources de financement selon une classification
qui combine entres ces différents modes de ventilation et les regroupant en deux sous-
ensembles : sources à caractère non bancaire et d’autres à caractère bancaire.
1- Les sources à caractère non bancaire
Ce sont des sources recherchées d’une manière directe ou indirecte en dehors du circuit
monétaire, c’est-à-dire elles ne donnent pas lieu à une création monétaire. Il s’agit
notamment des emprunts intérieurs de l’État (a), du produit de la privatisation (b) et du
stock des arriérés de paiement des dettes de l’État (c).

a- Les emprunts intérieurs de l’État


Les emprunts contractés par l’État constituent des rentrées de fonds dont l’émission
coïncide avec les périodes où le Trésor enregistre un déficit de solde d’exécution de la
loi de finances, c’est-à-dire pour financer un déséquilibre définitif entre charges et
ressources du Trésor. Simplement, leur émission est soumise à certaines conditions (i) et
leur remboursement et suit également des règles de gestion (ii).
i) Les conditions d’émission des emprunts
D’abord, toute émission d’un emprunt public doit être autorisée par la loi de finances de
l’année, conformément aux dispositions de l’article 12 de la loi organique des finances
de 2014.
Le lancement des emprunts suppose une certaine préparation budgétaire et financière.
Quant aux emprunts à long terme on les renvoie à un décret qui, lui-même, renvoie
souvent à un arrêté du ministre chargé des finances/budget, en mentionnant les éléments
suivants:

le plus souvent, l’emprunt est fixé à un chiffre déterminé,


les emprunts sont souvent émis au-dessous du pair, c’est-à-dire, au-dessous de la valeur
nominale d’émission du titre (valeur comptable fixée à l’émission). Le prêteur bénéficie
d’une prime de souscription, qui équivaut à la différence entre la somme effectivement
prêtée et la valeur nominale des titres d’emprunt;
le taux d’intérêt offert par le Trésor, sachant que celui-ci dépend du marché financier;
les exonérations fiscales accessibles aux prêteurs, des abattements de timbres, de
l’impôt sur les opérations de bourse, ainsi que dans le cadre de l’impôt général sur le
revenu (IGR) ;
et la durée de l’emprunt.
Enfin la souscription aux emprunts se fait soit à titre volontaire des épargnants soit à
titre forcé par une ou plusieurs catégories d’agents économiques.
Les emprunts souscrits à titre volontaire
On peut citer, notamment, dans cette catégorie les emprunts nationaux et les bons du Trésor
sur formule à six mois:
Les emprunts nationaux
L’émission de l’emprunt national se faisait à une certaine époque trimestriellement et
portait sur les maturités (la durée de vie restant d’un emprunt) à 1 an, 3 ans et 5 ans.
Leur taux est fixé par arrêté du ministre des finances.
Leur émission est souvent programmée selon un calendrier qui coïncide avec
l’amortissement des emprunts antérieurs pour permettre le recyclage voire la
récupération d’une bonne partie des sommes remboursées.
L’emprunt à long terme donne lieu à la délivrance de certificats provisoires; dès que
l’émission est close, elle serait échangée contre des titres définitifs, qui peuvent être
nominatifs ou anonyme. Les titres d’emprunt sont cessibles sauf stipulation contraire.
La cession des titres ne produit son effet qu’à partir de la date où elle a été transcrite au
Trésor. Quant aux titres libellés "au porteur", leur cession se fait par une simple
transmission manuelle.
Les bons du Trésor sur formule à six mois
Ils sont appelés bons sur formule parce que lors de la souscription, une formule
imprimée est remise au souscripteur.

• Les emprunts souscrits à titre obligatoire


Cette rubrique comprend certaines souscriptions obligatoires, telles que: les
"anciennes obligations", les "fonds nationaux d’investissement" alimenté par l’ancien
"impôt sur les bénéfices et profits" (IBP), la "souscription sur salaires et indemnités",
les "bons d’équipement sur réserve d’investissement" passible à tous les redevables
de l’ancien Impôt sur Bénéfice et Profit (IBP).
On peut évoquer deux souscriptions toujours en vigueur dans certains pays comme le
Maroc : les bons sur compte capital et les emprunts obligatoires des banques.
Les bons sur compte capital
Les bons émis en compte capital sont des emprunts à 5 ans réservés aux personnes
résidant habituellement à l’étranger et possédant dans une banque sur le territoire
national des disponibilités non transférables au regard de la réglementation de
changes. Cette souscription forcée à ces bons permet à leurs détenteurs de transférer à
l’échéance les sommes souscrites.
Les emprunts obligatoires des banques
Ce sont des émissions du Trésor auxquelles les banques ont l’obligation de souscrire.
Après la suppression progressive des emprunts au titre du plancher d’effets publics
(reconnaissance de dette émis par l’Etat ou autres organismes publics), le seul emploi
obligatoire restant est l’emprunt à 1 an émis dans le cadre du financement du
programme socioéconomique. Il s’agit donc de bons émis par le Trésor pour le
financement de programme socioéconomiques.
Les banques sont tenues de conserver cette catégorie de bons dans leur portefeuille à
hauteur de 1% de leurs exigibilités.
ii) La gestion du remboursement des emprunts
Dans l’optique des souscripteurs, surtout quand il s’agit des particuliers, l’un des
problèmes essentiels de la gestion financière publique est celui du remboursement de
l’emprunt. Effectué dans le cadre de provisions inscrites dans l’échéancier, le
remboursement apparaît comme critère décisif de l’honnêteté du comportement de
l’État et de la garantie d’une bonne gestion des finances de l’État.

C’est pourquoi, le remboursement de l’emprunt public demeure toujours juridiquement


obligatoire. Les dépenses y afférentes doivent être présentées en deux chapitres : le
premier comporte les dépenses en intérêts et commissions, tandis que le second
comporte les dépenses relatives aux amortissements de l’emprunt à moyen et long
termes.
L’amortissement du capital de l’emprunt
Le remboursement à une échéance donnée en une seule fois du montant de l’emprunt
public entraîne une échéance massive, ce qui est susceptible de perturber la trésorerie de
l’État, ainsi que le bon fonctionnement des marchés monétaire et financier. C’est
pourquoi la gestion financière publique relève des techniques d’amortissement qui
permettent de répartir, sur plusieurs annuités à des échéances convenablement
échelonnées, la charge des opérations de remboursement.
Ainsi, distingue-t-on souvent entre deux techniques d’amortissement :
la technique d’amortissement par annuités terminables et la technique d’amortissement
par séries et tirage au sort.
o La technique d’amortissement par annuités terminables
Dans cette technique, le prêteur reçoit chaque année un versement comprenant à la fois
le montant des intérêts dus et le remboursement d’une fraction de son capital (K+i).

L’amortissement peut être effectué par des "annuités constantes« (remboursement


annuel d’un emprunt avec des intérêts par un montant constant). La part du versement
représenté par le capital remboursé augmente au fur et à mesure que la dernière
échéance de l’emprunt se rapproche: la charge d’intérêt diminue, ce qui est jugé peu
avantageux pour le prêteur.
o La technique d’amortissement par séries et tirage au sort
Dans cette technique, les titres sont repartis en séries égales (une classification égale) et,
à intervalles réguliers, un tirage au sort désigne les séries qui feront l’objet d’un
remboursement. Cette méthode a l’avantage de permettre l’élaboration très rapide d’un
échéancier répartissant convenablement la charge financière de l’amortissement.

L’opération est également sans ambiguïté pour le souscripteur, qui reçoit le montant du
capital prêté en une seule fois sans le capitaliser (sans produire des revenus jusqu’à
l’échéance) au fur et à mesure des échéances comme dans la technique précédente.
Si l’on se place d’un point de vue purement technique, l’amortissement par séries
permet d’obtenir un allégement considérable de la charge constituée par les arrérages
(retard de paiement) de la dette publique, au moins par rapport à la méthode dite de
l’échéance massive" sur une annuité unique.
Les intérêts et commissions
Les intérêts d’emprunt sont payables aux échéances fixées. Il s’agit de dépenses
obligatoires qu’on inscrit traditionnellement dans le budget général de l’État. Les
dépenses y afférents sont payées sans ordonnancement préalable sur simple présentation
des titres ou coupons au comptable ou à une banque agrée.
b- Le produit de la privatisation

Par privatisation, on entend le transfert du capital d’une entreprise publique à des


actionnaires privés. Il s’agit là d’un thème qui est certainement aujourd’hui dans l’air
du temps. Il faisait sans doute l’objet d’un éternel débat entre les protagonistes et
antagonistes de la privatisation. Pour les premiers, la privatisation contribue, entre
autres, à :
- l’optimisation de la modernisation de l’économie ;
- l’allègement des charges du budget de l’État ;
- la plus large ouverture sur l’économie mondiale (mondialisation) ;
- la limitation et la gestion de la concentration capitalistique.

Pour les seconds, la privatisation est synonyme de la disparition de l’État.

Quel est votre avis?


S’il est vrai que les privatisations constituent des sources de financement du Trésor, la
question de la durabilité de ce financement restent la véritable problématique. En effet,
dans la mesure où cette catégorie de ressources n’étant pas faite pour durer, la question
se pose déjà avec beaucoup d’acuité, de savoir comment va-t-on pouvoir financer les
besoins du Trésor une fois le programme de privatisation mène à son terme.

Si l’on s’accorde à reconnaitre que l’avenir se prépare au présent, autant se pencher


sérieusement sans tarder sur la problématique des ressources de substitution.

D’ailleurs, on a toutes les raisons de croire que l’opération de privatisation obéit pour
l’essentiel à des préoccupations d’ordre budgétaire plutôt qu’à l’impérative, amplement
justifiée, de rationalisation du système économique.
c- Le stock des arriérés de paiement intérieurs de l’État

On entend par arriérés, l’ensemble des sommes dues par l’État vis-à-vis de ses
créanciers (entreprises privées, établissements publics, particuliers) et qui sont en
instance ou dont le paiement est suspendu. Ceux-ci peuvent être considérés comme un
moyen indirect de financement du Trésor, dans la mesure où leur enchevêtrement
général (accumulation) représente en réalité un rééchelonnement indéterminé et imposé
des créances sur le Trésor.
Pis, le recours à ce moyen déguisé pour financer, les déséquilibres de Trésorerie, en
ralentissant le rythme de paiement des dettes de l’État, n’est pas sans être onéreux
(présente des coûts pour l’Etat) , contrairement à ce qu’on peut imaginer. En effet, les
futurs créanciers de l’État ont tendance à réajuster, en amont, leurs offres financières à
l’État en fonction du supplément de coût financier implicite (coût voilé) que les retards
de règlement occasionneraient. Le résultat est qu’un bien ou un service collectif devient
coûteux.
2- Les sources à caractère bancaire
On peut distinguer dans cette catégorie : le financement par le marché obligataire des
titres négociables du Trésor (a) et les concours financiers de la BCEAO (b).
a- Le marché obligataire des titres négociables du trésor

Le marché obligataire présente la voie la plus courte pour drainer de l’épargne et


satisfaire les pouvoirs publics, car il est le support privilégié non inflationniste des
besoins de financement du Trésor. Ici le vocable "obligataire" désigne les instruments
négociables, sous forme d’obligations. Pour le dynamiser davantage, il fallait
développer toute une gamme d’instruments de placement efficace qui s’offre aux
épargnants.
Ce faisant, les pouvoirs publics ont institué, au départ, un marché primaire des titres de
créances négociables (TCN), constitués de bons du Trésor émis par voie d’adjudication
(i), et consolidé par d’autres TCN (ii). Aussi, existe-t-il un marché secondaire pour la
revente et le rachat des titres une fois émis.
i) Le marché des adjudications des bons du Trésor
Dans le cadre de la modernisation des instruments de financement des économies de
l’Union (UEMOA), les marchés financiers ont été identifiés par les autorités de l’Union
comme une source de financement du développement à privilégier. Cette décision a
consacré le Marché Financier Régional comme l’une des principales sources de
financement des besoins des États membres. C’est dans ce contexte et dans l’objectif de
dynamiser le Marché des Titres Publics, pour faire face aux besoins de plus en plus
croissants de financement des économies des États membres de l’Union, que ces
autorités au travers du Conseil des Ministres, ont initié la création de l’Agence UMOA-
Titres « Agence régionale d’appui à l’émission et à la gestion des Titres Publics dans
l’Union» (voir le site pour plus de détails).
Sur Décision N°CM/UMOA/006/05/2012 du Conseil des Ministres, la Banque Centrale
des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), a été autorisée à créer une agence régionale
d’appui à l’émission et à la gestion des Titres publics par les États de l’UMOA
dénommée « Agence UMOA-Titres ». Le Gouverneur de la BCEAO, sur le fondement
de cette Décision du Conseil des Ministres, a procédé à la création de l’Agence UMOA-
Titres (AUT) le 15 mars 2013, sous la forme d’un établissement public international
doté de la personnalité juridique et de l’autonomie financière.
C’est donc à la création de l’Agence UMOA-Titres (AUT) que les pouvoirs publics ont
décidé d’instituer une procédure d’adjudication des bons de Trésor, sous forme d’un
appel à la concurrence convoquant les établissements prêteurs à présenter leurs
soumissions pour acquérir des bons du Trésor. On l’appelle autrement le marché
primaire, parce qu’il concerne les nouvelles émissions.
La procédure d’adjudication
Les émissions de bons et obligations du Trésor des États membres de l’UEMOA sont
réalisées suivant un calendrier annuel, établi et mis à jour trimestriellement par l’AUT.
Le calendrier annuel des émissions est publié sur le site internet de l’Agence et sur celui
de la BCEAO.

L’AUT peut organiser, dans les conditions définies par son Conseil d’Orientation, des
émissions non prévues au calendrier annuel. Dix jours ouvrés au moins avant la date de
l’adjudication, le Trésor public émetteur saisit l’AUT pour l’organisation d’une
adjudication de bons ou d’obligations du Trésor, à l’aide du formulaire de demande.
o Les souscripteurs éligibles au marché primaire
Au terme de l’article 4 du règlement n°06/2013CM/UEMOA sur les Bons et
Obligations émis par voie d’adjudication ou de syndication avec le concours de
l’Agence UMOA-Titres, la souscription primaire des Bons et Obligations du Trésor est
réservée aux:
 Établissements de Crédit,
 Sociétés de Gestion et d’Intermédiation (SGI)
 ainsi qu’aux organismes financiers disposant d’un compte de règlement dans les
livres de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).
 Les autres investisseurs, personnes physiques ou morales, quel que soit l’État sur le
territoire duquel ils sont établis, peuvent également souscrire aux Bons et Obligations
du Trésor sur le marché primaire par l’intermédiaire d’Établissements de Crédit et de
SGI implantés sur le territoire de l’Union.
o La mise en concurrence
La technique de l’adjudication utilisée dans l’émission des bons du Trésor est effectuée
"au prix demandé". Elle met en concurrence les soumissionnaires selon le principe
d’appel d’offres.
Simplement, il y a lieu de distinguer entre les offres compétitives et les offres non
compétitives: les premières concernent les établissements admis qui présentent des
soumissions, en formulant les offres qu’ils effectuent pour leur propre compte et pour le
compte de leur clientèle.
o L’attribution
Les soumissions doivent être centralisées auprès de la BCEAO (structure chargée de la
régulation monétaire). L’Agence UMOA-Titre établit une grille anonyme de
dépouillement, procède à l’analyse des résultats et soumet les propositions de seuils de
décision au Trésor Public de l’État émetteur qui arrête, en dernier ressort, le montant à
retenir pour l’adjudication.

Cette décision est communiquée à l’AUT et à la Direction Nationale de la BCEAO de


l’État émetteur.
La BCEAO établit l’état nominatif des résultats de l’adjudication qu’elle communique à
l’AUT et au Trésor Public de l’État émetteur. Elle notifie également à chaque
intervenant ses soumissions retenues.
o Règlement des bons et obligations du Trésor sur le marché primaire
Selon l’article 9 du Règlement n°06/2013/CM/UEMOA, le règlement des achats de
bons et obligations du trésor par les souscripteurs primaires s’effectue par débit de leur
compte de règlement auprès de la Banque Centrale, à la date de valeur de l’émission de
ces titres.
Les souscripteurs directs ne disposant pas d’un compte de règlement auprès de la
BCEAO effectuent, au plus tard à la date de valeur de l’opération, leur règlement de
bons et obligations par ordre de virement ou par chèque libellé à l’ordre du Trésor
émetteur.
Les souscripteurs primaires doivent prendre toutes les dispositions nécessaires pour que
ces comptes soient suffisamment approvisionnés en vue d’assurer le règlement des titres
qui leur sont alloués pour leur propre compte ou pour le compte de leur clientèle. Le
non-respect de cette disposition entraîne l’application des sanctions.
Le premier jour ouvré suivant le règlement, tous les détenteurs de compte reçoivent un
relevé de leur compte titres, confirmant les mouvements et indiquant les derniers soldes.
À la date de valeur de l’émission, le compte ordinaire du Trésor National émetteur
ouvert dans les livres de la BCEAO est crédité :
- Du produit des souscriptions retenues net des intérêts précomptés, pour les bons du
Trésor ; - Du produit des souscriptions retenues, s’agissant des obligations du Trésor.
Les méthodes d’adjudication

o L’adjudication à la Hollandaise
Une adjudication à la hollandaise correspond à une technique d’émission qui consiste à
servir des titres (essentiellement des titres de créance) au prix ou au taux effectif de
soumission. Les offres des soumissionnaires dont les prix sont les plus élevés sont
servies en premier et celles de niveau inférieur le sont ensuite, jusqu’à hauteur du
montant souhaité par l’émetteur. Les participants payent des prix différents,
correspondant exactement aux prix qu’ils ont demandés. L’adjudication à la Hollandaise
est utilisée dans l’UMOA dans le cadre des émissions de bons et d’Obligations du
Trésor.
o L’adjudication à la Française
Après dépouillement des ordres d'achat, l'émetteur fixe le prix minimum à partir duquel
les ordres seront servis. Ainsi, les soumissions retenues seront servies au même prix et
pour le même montant.

En effet, l’émetteur retient les soumissions aux taux les moins élevés jusqu’au total
qu’il se propose de mettre en adjudication. Le taux marginal retenu est le taux appliqué
à l’ensemble des soumissions servies.
ii) Le marché secondaire des titres publics
Le marché secondaire des titres publics est celui sur lequel sont échangés entre
investisseurs des titres financiers déjà créés (sur le marché primaire). En assurant la
liquidité des investissements financiers, le marché secondaire assure la qualité du
marché primaire et l'évaluation des titres financiers. Marchés primaire et secondaire sont
donc très complémentaires. L’instruction n° 004/03/2011 du 18 mars 2011 relative à
l'organisation du marché secondaire des bons de la Banque Centrale des États de
l'Afrique de l'Ouest précise les modalités pratiques de l’organisation du marché
secondaire des bons de la BCEAO.
C’est donc sur le marché secondaire que chaque État membre peut procéder au rachat
anticipé de tout ou partie des titres qu'il a émis, soit en se portant acquéreur directement
sur ce marché, soit en organisant des offres publiques d’achat avec l'assistance de
l'Agence UMOA-Titres. Le rachat direct sur le marché secondaire s’effectue de gré à
gré avec les détenteurs de titres. À cet effet, l’État se fait représenter sur le marché par
ses mandataires, notamment des intermédiaires, à savoir les établissements de crédit, les
SGI ou les SVT. Les opérations d’offres publiques d’achat de titres s’effectuent par voie
d’adjudication, organisée avec l'assistance de l'Agence UMOA-Titres, selon les mêmes
procédures que les adjudications d’émissions de bons et obligations du Trésor.
b- Les concours financiers de la BCEAO aux Trésors publics

Il est de tradition que la Banque Centrale, investie par le pouvoir public du privilège de
l’émission monétaire, consente à l’État des concours financiers afin de lui permettre
d’assurer l’exécution de ses opérations budgétaires. Cet appui financier est d’ordre
statutaire et permet la couverture des besoins monétaires de trésorerie par les découverts
en compte courant et le financement des investissements dans le cadre de l’amélioration
de la production. Ces concours financiers ont été prévus aux articles 14 et 15 des statuts
de la BCEAO. Jusqu’en 1973, la BCEAO pouvait accorder des avances temporaires
pour une durée limitée de 240 jours équivalents à 10% des recettes fiscales du dernier
exercice budgétaire connu.
Lorsque ces deux limites de temps et de montant s’avéraient insuffisantes, seul le
conseil d’administration de la BCEAO est habileté à prolonger le délai ou à augmenter
le montant jusqu’à concurrence de 15% des recettes fiscales. Depuis les réformes de
1973, la BCEAO peut consentir des avances à 12 mois à chaque État membre à
concurrence de 20% du montant des recettes fiscales du dernier exercice connu.
Notons qu’avec la nouvelle réforme de statuts de la BCEAO en 2010 consacre la
suppression du système des avances directes aux États dans son article 36 dans les
termes suivants : « la Banque Centrale ne peut accorder des financements monétaires
aux Trésors publics, aux collectivités locales ou à tous autres organismes publics des
États membres de l’UMOA. ».
Section II : Les sources extérieures de financement du trésor
Les sources extérieures de financement du Trésor désignent les engagements
contractuels de l’État en cours et ayant donnés lieu à un versement par un non-résident
au Trésor ivoirien, comportant une obligation de remboursement du principal avec ou
sans paiement d’intérêts, ou de paiement d’intérêts avec ou sans remboursement du
principal.
La structure de ces sources extérieures du Trésor est diversifiée et admet différentes
formes de ventilation: par groupe de créanciers, par structure de l’encours, par devise,
par type de taux d’intérêt, par type d’engagement, etc. Mais pour en faciliter la
compréhension, il est possible de regrouper ces sources en deux sous-ensembles: d’une
part des sources à caractère traditionnel ou l’État recourt directement à ses bailleurs de
fonds internationaux (§1), d’autre part des instruments plus actifs où l’État cherche un
retraitement de sa dette extérieure (§2).
1- Les recours aux financements extérieurs directs
Traditionnellement, l’État emprunte directement auprès de trois types de bailleurs de
fonds extérieurs : les créanciers multilatéraux (a), les créanciers bilatéraux (b) et les
créanciers commerciaux (c)
a- Les créanciers multilatéraux
Il s’agit des institutions financières internationales. Elles sont dirigées par les États
membres, ce qui équivaut virtuellement à l’ensemble des États du monde. Parmi
lesquelles figurent notamment le Groupe de la Banque Mondiale (i), le Fonds
Monétaire International (ii) et les banques régionales de développement (iii).
i) Le concours financier de la Banque Mondiale (BM)

La Banque Mondiale constitue un groupe d’institutions qui accordent des prêts qualifiés
de crédits ou de garanties. Il s’agit, d’une part de la Banque Internationale pour la
Reconstruction et le Développement (BIRD) qui accorde aux Gouvernements des
prêts portant intérêts à des taux normaux (proches de ceux du marché) pour l’exécution
des projets économiques prioritaires. Toutefois, la BIRD ne peut accroitre le volume de
ses garanties, participations et prêts directs au-delà du montant de son capital souscrit,
diminué des pertes et augmenté des réserves.
Il s’agit, d’autre part de l’Association Internationale de Développement (AID), qui a
pour mission d’octroyer des crédits à des conditions très concessionnelles aux pays
pauvres. Les prêts de l’AID sont assortis d’un taux d’intérêt nul. En principe, l’attention
de la Banque devait être souvent portée sur l’impact économique des projets en termes
de développement du pays ou de bien-être des citoyens plutôt que sur les grands
équilibres macroéconomiques. L’intervention intense de la Banque témoigne, d’ailleurs,
le degré de sa coopération au financement des besoins des pays débiteurs.
ii) Le concours financier du Fonds Monétaire International (FMI)
Le FMI a pour mission principale d’assurer la stabilité du système monétaire
international et faire de sorte que les liquidités internationales disponibles permettent la
croissance continue de l’économie mondiale.

Il vise donc essentiellement à s’assurer de l’équilibre des balances de paiements. Un


pays membre peut solliciter une aide financière du FMI s’il constate un besoin de sa
balance de paiements; c’est-
à-dire dans les cas où il ne peut pas obtenir de financements suffisants à des conditions
abordables pour régler ses paiements internationaux.
Mais pour l’essentiel, le FMI n’est pas considéré comme un organisme de financement,
mais comme un organisme de régulation; il ne disposait que de moyens propres réduits
et n’accordait, jusqu’à la fin des années 70 que des concours à très court terme à des
conditions proches du marché.

C’est ce schéma qui s’est appliqué, en général, avec succès, durant les trois premières
décennies où l’activité du FMI a été essentiellement tournée vers les pays industrialisés.
Jusqu’en 1975, la part des pays en développement dans les activités du Fonds est restée
marginale; elles ne sont devenues significatives qu’après 1975.
Après 1980, le FMI ne s’est pratiquement occupé que des pays en développement. En
effet, face aux difficultés persistantes du problème de la dette, le FMI et la Banque
Mondiale ont dû accroitre leurs modalités d’intervention, en jonglant avec leurs propres
règlements pour éviter les situations de rupture et en soutenant finalement les initiatives
de réduction de la dette.

Au départ, les prêts accordés par le FMI sont limités par le montant des quotes-parts.
Jusqu’à une date récente, aucune accumulation d’arriérés et aucun rééchelonnement
n’étaient tolérés. La justification avancée tient, d’une part au statut spécial du fonds
comme prêteur en dernier ressort, d’autre part au maintien d’un rating optimal pour la
Banque Mondiale.
Par la suite, l’adaptation des conditions de financement aux problèmes de la crise s’est
faite progressivement par la création au fil du temps d’un certain nombre d’instrument –
ou "facilités" – de prêt qui sont adaptés aux conditions spécifiques de ses divers pays
membres: un prêt du FMI facilite les politiques d’ajustement structurel (PAS) et de
réforme qu’un pays doit mettre en œuvre pour corriger ses déséquilibres de paiements
et restaurer les conditions d’une croissance économique durable.
De même, les pays à faible revenu peuvent emprunter à des taux concessionnels
(inférieur au taux du marché) par l’intermédiaire de la facilité pour la réduction de la
pauvreté et pour la croissance (FRPC).
Les prêts non concessionnels relèvent de quatre grandes facilités : accords de
confirmation; mécanisme élargi de crédit; facilité de réserve supplémentaire (FRS) ;
facilité de financement compensatoire (FFC). Le FMI propose aussi une aide
d’urgence, parfois assortie de taux d’intérêt concessionnels, à l’appui des programmes
de redressement des pays ayant subi une catastrophe naturelle ou un conflit.
iii) Le concours des banques régionales et sous régionales de développement
Les banques régionales de développement (BRD) constituent aujourd’hui de puissantes
forces dans la communauté financière internationale, ayant accordé pour plus de 100
milliards de dollar US de prêts au pays en développement au cours du dernier demi-
siècle.
Les BRD les plus importantes avec lesquelles la Côte d’Ivoire entretient des relations de
coopération considérables sont :
o Banque Africaine de Développement (BAD)
La mission de la BAD est de stimuler la croissance économique et le progrès social
en Afrique. Résumant les examens qui ont été faits des portefeuilles de chaque BRD
en faveur de la Côte d’Ivoire, il est remarqué que la BAD est la BRD la plus présente
en Côte d’Ivoire.
o Banque Ouest Africaine pour le Développement (BOAD)
o Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC)
o Banque islamique de développement (BID)
o Banque Européenne d’Investissement (BEI)
La BEI est l’institution financière de l’Union Européenne, créée par le Traité de Rome.
En dehors de l’Union, la BEI intervient principalement sur ses ressources propres, mais
aussi sur mandat, à partir de ressources budgétaires de l’Union ou des États membres.

b- Les créanciers bilatéraux


On peut distinguer deux types de créanciers bilatéraux : les États membres du Club
de Paris i) et les autres États créanciers ii).
i) Les États membres du Club de Paris
Le Club de Paris est essentiellement constitué de nations créancières riches faisant
également partie de l’Organisation de Coopération et de développement économique
(OCDE). Il s’agit, en fait, d’un groupe informel de créanciers publics, dont le rôle est de
trouver des solutions coordonnées et durables aux difficultés de paiement de nations
endettées. Les créanciers du Club de Paris conviennent de rééchelonner les dettes qui
leur sont dues.
Encore faut-il souligner que les liens entre le Club de Paris et le FMI, qui sont
extrêmement étroits; ils se matérialisent par le statut d’observateur dont jouit le FMI
dans les réunions – confidentielles – du Club de Paris.

Le FMI joue, en effet, un rôle clé dans la stratégie de la dette mise en œuvre par le Club
de Paris, qui s’en remet à son expertise et son jugement macroéconomique pour mettre
en pratique l’un des principes essentiels du Club de Paris ; la conditionnalité.
Réciproquement, l’action du Club de Paris préserve le statut de créancier privilégié du
FMI et la conduite de ses stratégies d’ajustement dans les pays en voie de
développement.
De même, les créanciers du Club de Paris conviennent sur un certain nombre de règles
et principes qui garantissent l’efficacité de l’accord, à la fois entre pays créanciers et
pays débiteurs :
- aucune décision ne peut être prise en Club de Paris si elle ne reflète pas un consensus
des pays créanciers participants ;
- le Club de Paris prend ses décisions au cas par cas de façon à ajuster aux situations de
chaque pays débiteur;
- les traitements de la dette ne s’appliquent qu’aux pays qui ont besoin d’un
rééchelonnement et qui se soumettent à la conditionnalité de mettre en œuvre les
réformes destinées à résoudre leurs difficultés de paiement ;
- les créanciers conviennent solidairement de mettre en œuvre les termes agréés dans le
cadre du Club de Paris ;
- le Club de Paris préserve la comparabilité des traitements entre les différents
créanciers ; le débiteur ne pouvant octroyer à un autre créancier des conditions moins
favorables pour le débiteur que celles octroyées dans le cadre du consensus au Club de
Paris.
ii) Les autres créanciers bilatéraux
Les autres bailleurs de fonds de la Côte d’Ivoire ne faisant pas partie du Club de Paris
en l’occurrence les États arabes, la Chine, etc. qui accordent des prêts principalement
concessionnels par l’intermédiaire d’institutions spécialisées, telles que le Fonds d’Abu
Dhabi de développement, le Fonds koweïtien pour le développement économique, etc.
c- Les créanciers commerciaux
Ce sont les banques commerciales privées qui consentent des prêts à taux d’intérêt
commercial (au prix du marché). Les négociations et renégociations de dettes se font au
sein des comités consultatifs que les milieux médiatiques les assimilent généralement
comme des "accords du Club de Londres".

Il s’agit, en fait, des banques "chefs de file" qui négocient pour le consortium parfois
composé de certains établissements financiers à la fois l’accord conclu, chacune des
banques créancières doit l’approuver. L’accord n’entre en vigueur que lorsqu’un
pourcentage préalablement fixé des créanciers aura signé l’accord et que les autres
conditions à remplir ont été satisfaites (par exemple le paiement des arriérés).
2- Le recours aux instruments de la gestion active de la dette extérieure
De nouveaux instruments de la gestion active de la dette extérieure sont adoptés par le
Trésor, afin d’alléger le coût de son financement ; il s’agit notamment du
rééchelonnement (a), de la conversion de dette en investissement (b), du
refinancement de la dette onéreuse (c) et des opérations de swaps (d).
a- Le rééchelonnement
Le rééchelonnement est une technique selon laquelle le contrat d’emprunt est modifié
pour étaler l’échéancier des paiements d’intérêts et du capital dus aux créanciers. En
d’autres termes, le rééchelonnement consiste à modifier les conditions d’amortissement
de la dette existante, en poussant dans le futur les échéances d’un prêt.

Il faut noter également que le rééchelonnement se fait par le biais de la capitalisation


des intérêts dus, au principal de la dette, à des taux d’intérêt plus élevés que ceux
affectés aux emprunts anciennement contractés et à accorder des délais de
remboursement pour le tout. Le rééchelonnement peut concerner en totalité ou en partie
la dette. Quant aux délais de remboursement, ils sont généralement de huit, neuf et
exceptionnellement dix ans.
Aussi, convient-il de souligner que le traitement de la dette qui s’effectue par
rééchelonnement, que ce soit avec les créanciers publics (Club de Paris) ou avec les
créanciers privés (Club de Londres), est conditionné par un accord préalable avec le
FMI, qui se fonde sur l’élaboration d’un programme économique et financier censé
permettre le retour à la solvabilité.

En raisonnant en termes de gains et pertes d’un cycle du rééchelonnement, il faut


souligner, toutefois, que le succès du rééchelonnement de la dette passe par la
production et la suppression du déficit de la balance des paiements, qui nécessitent la
mise en œuvre d’un ajustement en vue de dégager des moyens de paiements
transférables à l’étranger.

Ces transferts se traduisent – toutes choses étant égales par ailleurs – par une
contradiction de même montant du revenu national disponible, ce qui permet de dégager
un surplus d’exploitation prélevé sur la consommation.
Or en poussant le service de dette dans le futur pendant une période donnée, le
rééchelonnement risque d’en alourdir davantage le coût : il permet de dépasser des
"pics" ; il ne s’attaque pas à la racine du problème. Si les recettes futures ne permettent
pas d’assurer le service de la dette après rééchelonnement, le problème n’est que
repoussé de quelques années. Sinon on tomberait dans des pratiques qui semblaient
auparavant inacceptables pour des créanciers (rééchelonnement d’intérêts,
rééchelonnement de montants déjà rééchelonnés, etc.).

Peu à peu, il est donc apparu que le diagnostic d’illiquidité qui avait été porté sur la
crise est erroné. L’économie d’endettement international où les nouveaux crédits
permettraient d’assurer le service de la dette s’est effondrée. C’est la raison pour
laquelle d’autres modalités plus actives de renégociation de la dette ont été
recherchées, telles que la conversion de dette en investissement.
b- La conversion de dette en investissement
Ce mécanisme a été, au départ, arrêté lors du cinquième et sixième accord de
rééchelonnement de la dette à l’égard des pays créanciers membres du Club de Paris.
Mais pour des fins d’une gestion active de la dette, ce mécanisme s’est étendu à d’autres
pays créanciers en définissant, dans un cadre conventionnel, le principe (i) et les types
de conversion possibles (ii) ainsi que les modalités de mise en œuvre (iii).
i- Le principe de conversion
La conversion de la dette est un mécanisme financier qui permet à la fois d’alléger la
dette de l’État et d’encourager les investissements étrangers au pays débiteur. Les
entreprises souhaitant investir au pays débiteur peuvent ainsi réduire le coût de leurs
investissements en capital en bénéficiant de monnaie locale à des conditions
avantageuses.
Ce mécanisme de conversion-investissement permet au pays débiteur de racheter par
anticipation, avec décote et en monnaie locale, sa dette vis-à-vis d’un pays créancier à
des investisseurs, qui l’ont préalablement achetée au pays créancier et cherchaient à la
convertir en projets d’investissements locaux. Les créances sont cédées à des
investisseurs privés et revendus à l’investisseur à un prix convenu entre le pays
créancier et le pays bénéficiaire (ce prix est appelé le taux de redénomination), en
échange d’un montant en monnaie locale à investir dans le pays.
L’État débiteur peut, grâce au mécanisme de conversion de créances, racheter sa dette en
bénéficiant d’une décote de marché agréée avec le pays créancier. Aussi, l’opération
permet-elle aux entreprises de réduire le coût de leurs investissements en bénéficiant de
monnaie locale à des conditions avantageuses. L’investisseur bénéficie, en effet, d’une
marge résultant de la différence entre le prix d’achat de la créance et le prix de rachat de
cette créance par le pays débiteur, marge qui vient conforter la rentabilité du projet
d’investissement.
ii- Les types de conversion
On distingue deux types de conversion : la dette convertie en investissement public et
celle convertie en investissement privé.

• La conversion de dette en investissements publics Il s’agit d’annuler par les pays


créanciers de la dette en contrepartie de l’affectation par le pays débiteur du produit
ainsi annulé pour la réalisation de projets
d’investissements publics.
• La conversion de dettes en investissements privés Il s’agit de l’achat par l’investisseur
étranger, dont le projet est agréé, de la dette auprès du pays créancier et sa cession au
pays débiteur moyennant des décotes.
iii- Les modalités de mise en œuvre du mécanisme de conversion
En se référant à certaines conventions relatives aux mécanismes de conversion, les
modalités de mise en œuvre de ce mécanisme peuvent être décrites comme suit :

- D’abord, deux conditions d’éligibilité doivent être satisfaites :


Premièrement, le mécanisme de conversion de dette en investissement est
exclusivement réservé aux étrangers résidents ou non-résidents en Côte d’Ivoire, ainsi
qu’aux résidents ivoiriens à l’étranger. Deuxièmement, les investissements éligibles
sont des investissements en capital bénéficiant à tous les secteurs d’activité économique
pour financer un projet nouveau, l’extension d’un projet existant, ou des prises de
participation dans les entreprises ivoiriennes.
Par la suite, tout investisseur ayant obtenu l’agrément écrit de la part des autorités
ivoiriennes et désireuses de procéder au rachat d’une créance du pays créancier sur la
Côte d’Ivoire, dans le cadre du mécanisme de conversion de cette dette en
investissement, doit présenter sa demande de rachat aux autorités du pays créancier
selon les modalités qui seront définies par ce dernier.

Enfin, après la notification par le pays créancier du paiement à son Trésor de


l’investissement, le Trésor Ivoirien versera dans un compte bancaire en Côte d’Ivoire,
désigné par l’investisseur, la contre-valeur en CFA de la valeur nominale de la créance
exprimée en monnaie du pays créancier multipliée par le taux de redénomination retenu
dans l’agrément. Le taux de change retenu est le taux de change "achat" coté
par la BCEAO à la date de paiement des créances étrangères sur la Côte d’Ivoire par
l’investisseur.
c- Le traitement de la dette onéreuse
Certains prêts contractés au moment où les taux d’intérêt prélevant sur le marché
financier international étaient élevés, peuvent sembler pénalisantes lorsqu’ils
engendrent des charges en intérêts supérieurs à celle que la Côte d’Ivoire pourrait
obtenir en se finançant aux conditions actuelles du marché.
À cet effet, les pouvoirs publics doivent, d’abord, explorer toute une base de données de
la dette et l’utilisation des techniques actuarielles pour déterminer le potentiel de la dette
onéreuse. Ensuite, ce travail préliminaire nécessite une évaluation du gain actualisé et
du potentiel de réduction annuelle des charges générées par l’opération.
En outre, il y a lieu d’identifier et choisir les ressources de financement qui peuvent être
mobilisées, ainsi que les conditions financières y afférentes.

Enfin, il faut analyser les clauses contractuelles de prêts pour déterminer la


conditionnalité de chaque possibilité ; c’est-à-dire opter soit pour le remboursement
anticipé (i), soit pour le refinancement (ii).
i- Le remboursement anticipé
Il s’agit d’un versement partiel ou total du montant du prêt ou du solde avant la date
d’échéance, afin de déduire le montant des frais d’intérêts.
Le recours au remboursement anticipé de la dette pourrait créer des économies à l’État
débiteur et réduire considérablement son stock et son service, surtout lorsque le prêt en
question a été contracté avec des conditions non concessionnelles. Il constitue aussi un
indicateur du pays vis-à-vis de ses créanciers.
Simplement, la négociation d’un paiement anticipé n’est pas toujours systématique,
même avec les créanciers bilatéraux. Par exemple, régler par anticipation une dette d’un
pays membre du Club de Paris exige également l’accord des autres pays membres du
Club ; décision dans cette enceinte, quant à la suite à donner à la demande du pays
débiteur étant prise par consensus.
Conclusion

La financement du Trésor public demeure un grand un défi dans la gestion


d’un Etat au regard des différentes priorités socio-économiques et surtout
le souhait de maintenir un développement certain et durable dans le temps.
L’existence des instruments de financement internes et externes sont des
recours disponibles, mais les exigences des bailleurs fonds et les Etas
créanciers posent encore des inquiétudes.
Le cas des Etats très endettés et notamment pauvres font l’objet de
discussion au niveau des créanciers multilatéraux et bilatéraux quant aux
solutions appropriées à adopter dans ce contexte délicat.

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