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Introduction
Principales questions du cours :
• Comment classer les systèmes politiques ?
Chez Hobbes on trouve une définition du système qui deviendra système politique : « ayant parlé
de la Genèse, de la forme et de la puissance d’une République (Res Publica), je suis maintenant
en mesure de parler de ses parties. A commencer par les systèmes qui ressemblent aux parties
similaires ou muscles d’un corps naturel. Par systèmes, j’entends un nombre quelconque
d’Hommes réunis par un même intérêt ou dans une même entreprise. Les uns sont réguliers, les
autres sont irréguliers. Sont réguliers ceux dans lesquels un homme ou une assemblée sont
constitués en représentant du nombre total. Les autres sont irréguliers. » Le Léviathan, Volume II,
Chapitre 22, 1651
Il y a une analogie avec le corps vivant, afin de penser la relation entre les parties et le tout pour la
cohérence de l’ensemble, du système. Hobbes commence à établir une distinction entre les
organisations humaines (réguliers et irréguliers)
Ainsi un système politique est une organisation sociale qui résulte des échanges entre les
différentes unités constitutives de ce système. Il faut penser la science politique comme
l’observation, l’analyse des rapports de forces/relations entre les acteurs du système politique.
Dans les systèmes politiques, il y a de nombreux sous-systèmes sectoriels : éducation, défense,
agriculture… Le système politique est complexe, on aimerait ouvrir les boîtes noires que sont les
institutions (camera obscura)
• Le Politique (Policy)= activité spécialisée qui consiste à lutter pour accéder à des
positions de pouvoirs et s’y maintenir = ne concerne pas que le gouvernement de la société
mais tout rapport de pouvoir. Ainsi tout rapport de force est politique
Le système politique est composé d’institutions formées d’acteurs. La politique étudie les rapports
entre le acteurs de ce système et le rapport entre le système lui-même et les acteurs :
• Institutions : ensemble de règles qui servent à faire fonctionner un groupe
• Régime totalitaire ⇒ pas vraiment de sous-types et en effet définir du régime totalitaire est
compliqué. On utilise 6 critères pour décrire le régime totalitaire (on verra plus tard)
HISTOIRE DES CLASSIFICATIONS DES RÉGIMES :
→ -500 : Hérodote dans son « Enquête sur la Monarchie », distinguait déjà 3 types de régimes :
• Démocratie =individus en nombre qui gouvernent
Il différencie les régimes selon le nombre de gouvernants. Chez Hérodote, la monarchie est une
idée qu’il développe en étudiant la manière dont les Perses sont gouvernés.
Platon a une lecture historique car il considère que ces systèmes se succèdent en se dégradant
(Royauté → Timocratie → Oligarchie → Démocratie puis Tyrannie). C’est la« Stasis », divise ceux
qui gouverne. Il y a une valeur principale dans chaque régime de la Cité :
• Régime idéal est une sorte Royauté avec « philosophe-roi » = la Polythéia (république)
(valeur philosophique).
• Royauté corrompue → Timocratie où gouvernants mû par envie de régner (valeur de
l’envie)
• Dès que ceux qui gouvernent amassent une grande fortune et décident de rester au pouvoir :
Oligarchie (valeur de richesse)
• Oligarchie va scinder la population de la Cité ⇒ risque que les pauvres, plus nombreux, se
soulèvent contre les riches = Démocratie (valeur de liberté)
• Démocratie limitée à un milliers de citoyens ⇒ Tyrannie (valeur de soumettre la
population aux gouvernants)
Platon va ensuite réfléchir à un triptyque : monarchie, oligarchie et démocratie.
Ajd, souvent un petit nombre qui gouverne dans les faits (même en démocratie représentative). La
classification des régimes est donc un exercice ancien mais il s’agit toujours d’un problème actuel.
→ Souvent, on rencontre en réalité 2 types de classifications :
• Classements qui s’intéressent aux modalités de détention du pouvoir (= comment
gouvernant est arrivé au pouvoir ? Comment fonctionne-il?) = Logique juridique ⇒ étude
de la Constitution = facile à comparer.
• Classements qui s’intéressent au fonctionnement de la société (= rapport gouvernants-
gouvernés) = Approche sociologique ⇒ étude des institutions = difficile à comparer.
→ Montesquieu en 1748, dans « l’Esprit des Lois », Livre III, Chap.9 disait « il y a 3 espèces de
gouvernement, le Républicain, le Monarchique et le Despotique ». En 1500 ans, aucune
innovation conceptuelle majeure car Montesquieu était lecteur des anciens.
Aspect psychologique de sa classification ⇒ il considère qu’il y a des formes de passion
caractéristiques dans les régime : République (passion de la vertu) ; Monarchie (passion de
l’honneur) ; Despotisme (passion de la crainte)
• République (Grèce Antique) connaît 2 variantes : République démocratique (peuple
monarque et sujet) ; République Aristocratique (puissance souveraine demeure dans les
mains des riches)
• Monarchie : « lorsque un seul gouverne mais par des lois fixes et établies ». Il se réfère au
modèle anglais où le roi doit œuvrer avec des personnes intermédiaires (noblesse..)
• Despotisme : (ex : l’autre, la Turquie) où le gouvernant règne sans partage, obtient une
obéissance immédiate, peut utiliser la violence de manière arbitraire.
→ Rousseau, en 1762, dans « Le Contrat Social » écrivait qu’il y avait 3 types de régimes :
• Démocratie = tout le peuple ou la majeure partie du peuple exerce la souveraineté
• Monarchie = gouvernement dans les mains d’un magistrat unique dont tous les autres
tiennent leur pouvoir
Rousseau commence lui à discuter de dimensions moins abstraites et plus matérielles dans la
comparaison : « en règles générales, la démocratie s’applique dans les États qui sont petits et
pauvres, alors que l’aristocratie s’applique pour les États qui sont médiocres (= moyen) en
grandeur et en richesses et la monarchie est le régime qui convient aux grands États opulents ».
⇒ 2 variables pour Rousseau : la taille du territoire et la richesse du pays
• Aristocratie → Oligarchie
• Monarchie → Tyrannie
Ces auteurs sont conscient de l’évolution des sociétés. Cependant, il n’y a que Platon qui a imaginé
la boucle « positive » de passage de la version corrompue à celle correcte. Rousseau recherche les
conditions optimales de gouvernement de chaque régime
→ Karl Popper, épistémologue (= étude des sciences) et il a aussi tenter d’innover dans le domaine
politique. Au XXe, dans « La Société ouverte et ses ennemis », Popper essaye de rassembler des
typologies existants déjà et estime qu’il existe 2 types de régimes :
Groupe prime
Ex : la Nation, la Religion, la Race = tout ce qui L’individu prime
permet de constituer un groupe doit primer
Mépris pour les prb vécus par les autres Penchant pour l’humanitaire
= sorte d’égoïsme, d’anti-humanitarisme = souci du bien-être des autres
Société Liberticide
Gouvernants ayant tendance à vouloir mettre en Gouvernants ayant tendance à vouloir mettre en
place un système caractérisé par un place une sorte de fraternité humaine = créer
nationalisme totalitaire une société de vivre-ensemble
Scrutin à la proportionnelle Scrutin uninominal à 1 tour
Il présente un dualisme qui serait présent dans toute la société. Selon lui, tous les faits sociaux et
doctrines intellectuelles peuvent entrer dans une typologie à 2 termes
[Culture G ⇒ La Bruyère, dans « Les Caractères » disait « tout est dit et l’on vient trop tard depuis
plus de 7000 ans qu’il y a des Hommes et qui pensent » = difficile d’inventer une nouvelle idée]
CCL : La Constitution dans un État de droit signifie qu’il y a des règles supérieures à l’exercice
du pouvoir politique et aux citoyens, les dirigeants ne peuvent pas les ignorer. L’État de droit est
la suprématie de la règle de droit (C°) . Il y a une mystique de la Constitution dans les pays qui
constitue un référent symbolique de la Nation, unifiant tout le monde. La Constitution est un
ciment social, une gardienne par le biais des juges, de la cohésion sociale.
⇒ Stein ROKKAN a récolté systématiquement le même type d’informations sur différents pays.
Son analyse est dépourvue d’un projet cherchant le meilleur système politique → analyse non
normative et non prescriptive (il ne fait pas de choix, seulement des constats).
Cette théorie a influencé Stein Rokkan dans sa recherche sur les différences entre les systèmes
politiques. Ses recherches sont intéressantes car elles ont inclues les changements de structures
économiques. Il a synthétisé 3 grandes variables de comparaison des systèmes politiques :
Est : économie
Ouest : Économie États de taille réduite protectionniste/agraire =
capitaliste = élite élite rurale
urbaine
États de taille étendue
Exemples :
• Nord-Ouest : États protestants avec grande activité marchande
Son étude est organisée autour de 4 grands clivages qui ont marqué les sociétés occidentales
depuis l'avènement de l’État : Église/État, centre/périphérie, bourgeoisie/ouvriers et élites
rurales/élites urbaines. Stein Rokkan va étudier les 3 variables précédentes pour comprendre la
structure des élites et comment on gouverne les territoires (l’équilibre des pouvoirs et les
libertés publiques ne l’intéresse pas).
Variable culturelle → ciment de la société (= ce que les gens pensent partager les uns avec les
autres): axe Nord-Sud (élites locales ou transnationales)
• Utilisation de la variable religieuse comme critère d’explication.
Cette étude de Rokkan permet de comprendre comment les institutions ont été mises en place et par
qui : c’est une approche socio-historique. Cette vie sociale entre gouvernants et gouvernés permet
la production de normes.
Le courant néo-institutionnaliste
Institutions : ensemble de règles qui encadrent la marche d’un système politique. Aussi, les
partis politiques ou les médias sont des institutions, même si non écrits dans la Constitution, car ils
ont de l’influence sur les décideurs.
Système politique : ensemble d’interactions stables dont le fonctionnement est défini
juridiquement et culturellement.
Après l’analyse socio-historique de Rokkan est née une autre analyse nourrie de sociologie et
d’étude comportementale → le courant néo-institutionnaliste. Ce courant constitue une nouvelle
manière de concevoir les institutions. Il a été très influent parmi la politique dans les années 80-90
et résumé sous le vocable des « trois I » (idées, intérêt, institutions) par Peter HALL.
Ce courant essaie de produire des modèles d’analyse qui soient généralisables = ambition de
pouvoir reproduire le modèle sur d’autres cas.
Selon Harendt, c’est la différence entre ces 2 conceptions du peuple qui expliquerait qu’il y ait deux
types de démocraties en Europe. Cependant, pour le dire, il va développer un modèle de
comparaison pour lequel il va utiliser 10 variables divisées en 2 groupes de 5 variables :
• Groupe lié à l’activité de l’exécutif et des partis polit. (prise de décision au quotidien)
Pour ces 10 variables, Harendt va chercher des effets de corrélation par statistiques. Son ambition
est de pouvoir, avec son modèle, résumer toutes les structures institutionnelles des démocraties
européennes selon leur position sur deux axes (axe fédéral-unitaire + axe exécutif-partis)
Bas gauche : système majoritaire pur (Fr) // Haut droite : système consensuel pur (Belg, Suisse)
Modèle majoritaire
Présentation : se caractérise par le fait qu’en général le vainqueur d’une élection possède l’essentiel
du pouvoir ⇒ tensions fortes entre ceux qui gouvernent et l’opposition.
• 1ère variable : système de partis → souvent bipartite.
Cours du 07/11/2019
• 4ème variable : le gouvernement domine la procédure législative → le cabinet est à
l’initiative des lois et puisqu’il y a une forte majorité, une grande part des projets est
adoptée car la majorité parlementaire soutient le Gouvernement
Ex : WHIP
• 5ème variable : organisation pluraliste des groupes d’intérêts → dialogue et jeu
d’influence. Pressions sur le Gouvernement viennent de toute part car pas de
coordination des groupes d’intérêts. C’est un mécanisme de limitation du pouvoir de la
majorité. Souvent la concertation entre partenaires sociaux dans un système majoritaire
n’est pas traditionnelle car il y a des luttes d’échange dans les médias, dans la rue et quand
la pression monte, le gouvernement doit faire une médiation.
Ex : organisations patronales ; organisations syndicales ; associations ; lobbys ;
gouvernement
• 6ème variable : la majorité absolue (51%) suffit. La super-majorité (majorité qualifiée →
ex : 3/5 pour révision d’une loi) n’est pas nécessaire car on n’a pas inscrit dans les textes le
seuil nécessaire pour changer le système politique
Ex : Congrès à Versailles utilise la majorité absolue alors que le Conseil de l’UE (réunion
des ministres) nécessite une double majorité qualifiée (= 2/3 des pays membres doivent
voter + ces 2/3 Tiers doivent représenter au moins 60 % de la population européenne)
• 7ème variable : parlement est en général monocaméral
Ex : UK, certes 2 chambres mais en réalité la Chambre des Lors ne peut intervenir dans
l’adoption des lois que grâce à un droit de veto suspensif très faiblement utilisé. Ainsi il n’y
a que la Chambre des Communes qui a véritablement un pouvoir politique.
• 8ème variable : l’État est en général unitaire et peu centralisé. Il y a nécessairement des
représentants du pouvoir central qui ont des pouvoirs au niveau local (État
déconcentré).
◦ Nuance : cela n’empêche pas dans certains pays unitaires (Espagne, UK) de procurer
une certaine marge d’autonomie à des entités composant le territoire national (ex :
Ecosse ou Catalogne), cette autonomie s’incarnant surtout dans le domaine fiscal car
elles peuvent décider de la création de certains impôts ou de l’allocation de ces mêmes
impôts pour des projets qui ne concernent qu’eux.
◦ En France, toutes les régions ont les mêmes prérogatives pour un même domaine.
Cependant développement d’une identité régionale à certains endroit.
• 9ème variable : contrôle constitutionnel fortement restreint / l’action du législateur ne
connaît pas beaucoup de limites
◦ Nuance : limite de la CEDH ou de l’architecture juridique communautaire. Ainsi au
niveau de l’UE, les règlements sont directement applicables dans le droit national. Les
directives, elles, doivent être transcrites dans le droit national.
Transition : Le système consensuel ne requiert pas forcément une alternance aussi forte.
Modèle consensuel
Exemple de la Belgique :
la fédéralisation qui y est appliquée depuis 1993 montre bien à travers les 10 variables comment
fonctionne un tel système.
• 1ère variable : exécutif parcouru par des divisions = gouvernement de coalition
Ex : En Belgique il faut une majorité de 2/3 dans chacune des Chambres pour modifier la
Constitution. De même dans les régions, il faut aussi une majorité de 2/3 pour changer les
règles de pilotage de la région.
• 9ème variable : contrôle constitutionnel très fort
Ex : 1984, Belgique → création d’une Cour d’arbitrage devant veiller à une bonne
répartition des pouvoirs entre le Gouvernement, les Régions et les Comtés.
• 10ème variable : la BC est en principe indépendante, ce qui contribue à la fédéralisation et
fait dire à certains spécialistes de l’UE que l’UE ressemble à une fédération puisque la BCE
est indépendante
CCL : cette grille de lecture que nous propose Lijphart est particulièrement stimulante et est
rigoureuse car en plus d’inclure son analyse des institutions formelles, elle intègre des critères
d’analyse des institutions qui sont informels (rapports de force entre groupes d’intérêts, cadre
de l’action public) qui sont des indicateurs concrets d’analyse du système politique. Il a crée
son analyse en réunissant ces informations à propos d’une vingtaine de pays européens.
Transition : On a accepté l’idée que les sociétés étaient clivées et fondées sur des divisions
profondes. On va désormais étudier la théorie des clivages