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Science politique

1/ La science politique
• Discipline qui étudie les phénomènes politiques
• Résultat de l’institutionnalisation progressive d’un ensemble de champs du savoir (droit, économie, histoire,
sociologie) qui s’intéressent à l’étude du pouvoir par des moyens identiques à ceux utilisés par les sciences.
• L’objet de la science politique est la régulation du conflit par l’utilisation du pouvoir.
• Aucun problème de société n’est par nature politique mais est peut le devenir pourvu qu’un groupe s’en
saisisse

4 sous-disciplines propres à la science politique :


o La Théorie politique : Étude des idéologies justifiant l’action politique ; elle porte sur divers concepts tels
que le pouvoir, la nation, l’État, la mobilisation et cherche à formuler des modèles interprétatifs de la
réalité politique, et à s’interroger sur les méthodologies employées.
o La Sociologie politique : étude des acteurs de la vie politique (institutions, partis, groupes d’intérêt,
personnel politique, forces sociales), des élections, des processus de socialisation, de communication et
d’action collective et des modes de construction des idéologies et des univers de représentations
symboliques ;
o La Gouvernance et les politiques publiques : étude comparée des processus décisionnels dans les
institutions
o Les Relations internationales : étude des rapports interétatiques et des activités des organisations
internationales.

2/ La politique
La politique
Désigne la vie politique, l’arène où les responsables politiques s’affrontent pour la conquête du pouvoir.
La politique
Désigne la manière de gouverner : de droite ou de gauche ; conservatrice, réactionnaire, progressiste, socialiste,
libérale, nationaliste ; expansionniste, colonialiste, impérialiste, interventionniste… Le terme est ici spécifique du fait
des valeurs particulières qui inspirent l’action.
Une politique
Programme d’action mis en place par une institution pour atteindre des objectifs donnés.
Le politique
Celui qui gouverne, qui exerce des responsabilités, qui détient le pouvoir.

3/ La politique publique
3 éléments constitutifs d’une politique publique :
• Les problèmes
• Les solutions
• Les priorités politiques

On peut relever plusieurs scenarii d’émergence d’un problème public (politique) débouchant sur une action publique :
 Le scénario de la mobilisation externe (lanceurs d’alerte, groupes, associations)
 Le scénario de l’offre politique (responsables politiques)
 Le scénario de la médiatisation (médias)
 Le scénario de l’anticipation (l’administration, résolution du problème de manière technique avant que le
« grand public » en prenne conscience)
 Le scénario du corporatisme sectoriel (syndicat, unions de métier)

4/ Le pouvoir politique
Le pouvoir politique recouvre au moins trois facultés :
• Agir par l’entremise d’une autre personne (Hobbs, Weber)
• Empêcher
• Conditionner sa manière de voir ou de se comporter.

Les mots du pouvoir :


ç Du grec :
Archè, celui qui commande, le pouvoir de quelqu’un. Finira par désigner la tête comme dans monarchie ou
oligarchie, renvoie à une approche institutionnaliste du pouvoir que le droit a toujours privilégié.
Kratos, démocratie, aristocratie, bureaucratie. Renvoie au pouvoir sur quelqu’un, c’est-à-dire à une relation
évolutive entre des personnes relevant des représentations mentales.

ç Du latin :
Potestas est l’origine étymologique de notre terme moderne de « pouvoir ». Du verbe potere qui désigne le fait d’être
capable, d’avoir une aptitude. Elle finit donc par désigner la capacité collective d’agir qui se matérialisait dans la
loi ; devint le synonyme du pouvoir légal.
Auctoritas, qualité d’origine divine. Affiliée à des notions comme Auctor, l’auteur, au sens de celui qui a inspiré non
celui qui a construit, ou au titre d’Augustus décerné pour la première fois à l’empereur Octave en 23 avant J-C.
L’origine religieuse de la notion est incontestable.
ç Mots modernes, dans l’œuvre de Max Weber :
Macht, pouvoir, puissance. Il provient de Mögen, möglich possible. Le pouvoir est considéré comme un évènement
possible dont la certitude n’est pas acquise, il n’implique pas l’ordre et l’institutionnalisation mais demeure fragile par
nature.
Herrschaft, domination. Il est largement le décalque de l’Auctoritas. La domination implique une
institutionnalisation puisqu’elle implique une obéissance automatique. Les règles du groupe seront le vecteur de son
affirmation, mélange de conviction et de violence.

Les composantes du pouvoir politique :


• Légitimité, étymologiquement, renvoie à la confiance, à un crédit socialement acquis. En politique,
conformité du gouvernement d’un pays aux valeurs auxquelles se réfère le régime.
• Max Weber distingue 3 caractéristiques de la légitimité (ou domination) :
ç la légitimité charismatique, repose sur des vertus héroïques, des qualités exceptionnelles du détenteur du pouvoir
ç la légitimité traditionnelle, repose sur le poids du passé, de la tradition, le caractère sacré des coutumes ;
ç la légitimité légale-rationnelle, repose sur la croyance en la légalité des règlements.
• Possibilité d’un choix, pouvoir politique ≠ pouvoir social (relation père/enfant ou Empereur/peuple n’est
pas politique car pas de choix)
• Représentation symbolique, sa forme dépend de la matrice symbolique sur laquelle il repose
• Permanence (Rousseau « le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître s’il ne
transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir » et Machiavel « il ne suffit pas, pour le bonheur
d’une République ou d’une monarchie, d’avoir un prince qui gouverne sagement pendant sa vie ; il en faut
un qui lui donne des lois capables de la maintenir après sa mort »)
• Phénomène collectif, la société s’affirme comme un tout en même temps qu’elle institue le pouvoir.
• Mobilise ≠ types de ressources, coercition, rétribution, conviction

Les modalités du pouvoir politique :


• Le pouvoir d’injonction, logique de la sanction (désobéissance = détérioration de sa situation antérieure)
ç Injonction morale (à l’intérieur d’un groupe social)
ç Injonction légale ou juridique (à l’intérieur de l’État)
• Le pouvoir d’influence, logique de la rétribution (financière, matérielle, morale)
ç Discussion argumentée, logique de la persuasion (légitimité du discours)

5/ Les théories de la souveraineté


Ernst Kantorowicz (1895-1963) : La théologie est à l’origine de l’État. Mouvement multiséculaire
d’élaboration, l’Église détient le pouvoir spirituel et temporel. Division de ce pouvoir au moyen-âge (XII ème, XIIIème s.),
le royaume devient le corps politique (l’État) et le roi est le corps mystique, divin. Le pouvoir du royaume s’autonomise
face au religieux au XVIème s. car il possède un avantage : son pouvoir politique repose sur l’exercice de la force.
Blandine Kriegel (1943-) : L’État moderne nait après la féodalité et procède d’une mise à distance de la guerre au
profit de l’idée d’un royaume fondé sur la loi. L’enjeu n’est pas le droit d’utiliser la force (contrainte) mais
l’exclusivité de ce droit (monopole). Le pouvoir souverain considère les êtres comme des sujets soumis et
protégés par des droits. La souveraineté initie une politique d’émancipation.
Jean Bodin (1530-1596) :
Il est l'un des premiers à établir le concept de la souveraineté qui inspirera Hobbes et Locke :
• Puissance de commandement, le pouvoir le plus élevé, la « summa potestas »
• Puissance absolue, puissance inconditionnelle, indépendante
• Puissance indivisible, pouvoir central normatif, constitutif d’un ordre
• Puissance perpétuelle, la souveraineté déférée temporairement à un dirigeant reste indépendante de sa
personne, elle survit à son détenteur. Principe de la continuité de l’État.
Il est l'un des premiers à établir les notions juridiques relatives à la souveraineté des États : son attribut essentiel et
fondamental est le pouvoir de faire la loi, de l’imposer et de la réviser.
Thomas Hobbes
Le Léviathan, 1651 : « à l’état de nature, l’homme est un loup pour l’homme », chacun est souverain et transforme les
autres en sujet, générant ainsi une guerre permanente potentielle. Pour surmonter cette situation, l’homme doit
raisonner et s’appuyer sur sa volonté de se lier aux autres :
• Pacte de soumission entre les individus = irrévocabilité de la souveraineté
• Attribution à un tiers des pouvoirs que chacun détenait dans l’état de nature = caractère absolue
• Ce tiers sera une personne artificielle unique = indivisibilité
La souveraineté constitue un corps politique, un « peuple ». L’État est la personnification fictive du peuple
souverain.

6/ La souveraineté est consubstantielle à l’État


3 éléments principaux pour définir un État :
• Un élément matériel, le territoire
• Un élément personnel, la population
• Un élément formel, une autorité politique commune

Territoire
Limites territoriales d’un État :
• Frontières terrestres = limites naturelles ou artificielles reconnues par les traités internationaux.
• Propriétaire de son sous-sol pour les usages commun : l’exploitation des ressources minières et gazières, les
servitudes d’utilité publiques (câbles électriques, canalisation, métro…).
• Espace aérien se limite à l’espace atmosphérique.
• Les frontières maritimes, 12 milles nautiques avec la possibilité d’opérer des contrôles sur une zone de 12
milles au-delà. Convention internationale de 1959 : zones économiques allant jusqu’à 200 milles des côtes
(pétrole)
Des États sans territoire : invasion du territoire, occupation totale
• La Corée fut annexée par le Japon de 1910 à 1945
• La Pologne fut partagée entre le IIIe Reich et l’Union soviétique en 1939
• Les États baltes furent annexés par l’URSS en 1940 jusqu’en 1991
• Le Koweït fut envahi par l’Irak en 1991
Des territoires sans États :
• Antarctique, traité de Washington, 1959, zone internationale démilitarisée à vocation scientifique.
• Kurdistan, peuple kurde étalé sur plusieurs pays (Iraq, Iran, Syrie, Turquie) mais non établi en tant qu’État.

Population
L’histoire de la nationalité est un conflit entre les principes du droit du sol (jus soli) privilégiant la résidence et le droit
du sang (jus sanguinis) privilégiant la filiation :
• Ancien régime, droit du sol
• Napoléon et le Code civil de 1804, droit du sang
• Loi de 1889, réattribution du droit du sol due à un besoin en soldat d’origine étrangère qui pourrait combattre
pour la France (de nombreuses pertes à la suite de la guerre contre la Prusse et la défaite de 1870)
Individus assujettis au droit de l’État = ressortissant + résidents
Les différents mécanismes pour devenir français sont la naissance, la filiation, le mariage, la naturalisation.

Autorité politique commune


• Cadre juridique, pouvoir de coercition de l’État
• Adhésion à l’autorité politique sur le plan interne
• Reconnaissance de l’État sur le plan international
• Personnalité juridique de l’État

Les facteurs de développement de l’État :


 Économique (la dynamique concurrentielle, théorie de Norbert Elias)
 Militaire (les conflits et leur règlement)
 Religieux
 Culturel

Les 5 étapes du développement des États :


 XVIIème et XVIIIème s. : Angleterre, USA, France
 XIXème s. : chute des Empires (SERG, napoléonien, espagnol), Japon, Allemagne, Italie, États d’Amérique
latine
 2 GM du XXe s. : démembrement Empire Austro-hongrois et Empire ottoman et reconfiguration des Balkans
 Décolonisation après 1945 : fin des Empires coloniaux britannique et français
 Chute du mur de Berlin et implosion de l’empire soviétique : Europe centrale et orientale, résurgence des Pays
Baltes, réunification allemande, émergence des États aux marges de la Russie (Géorgie, Ukraine, Kazakhstan,
Ouzbékistan…) et implosion de la Yougoslavie.

7/ Totalitarisme

Émergence dans les années 20 en Italie dans le champ politique :


Mussolini, (discours du 12 mai 1928) : « pour le fasciste, tout est dans l’État et rien d’humain ni de spirituel n’existe en
dehors de l’État. En ce sens, le fascisme est totalitaire »
Sigmund Neumann (politologue américain d'origine allemande, Permanent Revolution, 1940) développe la notion
et analyse la primauté de la dimension politique : conflit entre l’État (la bureaucratie), le parti et le peuple qui n’est
résolu que par la fonction charismatique du chef.
Cohésion d’une classe dominante qui intègre notamment l’armée et la grande industrie et impose son mode vie à la
classe dominée par la terreur et un droit dirigiste.
Neumann conclut que le totalitarisme n’est pas une nouvelle forme d’État mais plutôt la disparition de l’État : « une
forme de société dans laquelle les groupes dominants contrôlent directement le reste de la population, sans la
médiation de cet appareil rationnel bien que coercitif connu jusqu’ici sous le nom d’État ».

Apogée avec le succès public d’un ouvrage en trois volets : Les Origines du totalitarisme par Hannah Arendt en
1951 (1 : Sur l’antisémitisme, 2 : L’impérialisme, 3 : Le Système totalitaire).
Théorie : les lois du mouvement, la loi est sans cesse modifiée de manière arbitraire pour servir les intérêts de l’idéologie
totalitaire. Implosion des régimes classiques (régimes sans lois / régimes soumis à des lois) et dont la finalité est la
production d’une nouvelle humanité plus pure.
Le totalitarisme est la logique de destruction de l’humanité institutionnalisée (nazi, fasciste ou communiste).

Les critères
ç Unité absolue, recherche effrénée de l’unité. Cela conduit à l’absorption de la société civile par l’État et à la
disparition de l’autonomie des pouvoirs politique, économique, sociaux.
ç Déshumanisation, négation de l’autonomie humaine, l’individu doit être un objet malléable, un rouage, une
machine décervelée qui doit se conformer à une réalité présentée comme objective.

8/ Régimes autoritaires

Concepts classiques

Tyrannie
Déviation des monarchies civilisées procédant d’une usurpation. Du grec « turannos », le maître absolu. Utilisé sous la
Grèce antique par Platon et Aristote. Se définit comme le commandement d’un seul homme imposant une
servitude généralisée, usurpation du pouvoir conduisant le tyran à gouverner pour son seul intérêt, en méprisant
lois et coutumes.

Despotisme
ç Concept historique : déviation des monarchies barbares, propres à des êtres qui sont par nature esclaves et qui se
soumettent volontairement à un pouvoir absolu. C’est donc une forme politique « normale » pour des êtres inaptes
à la liberté.
Sera défendu comme une forme « normale » de gouvernement pour les vainqueurs d’une guerre « juste » qui se
solde par une conquête (colonisation)
ç Concept contemporain : antithèse de l’État de droit. Caractéristique de l’absence de lois et règne de l’arbitraire.

Dictature
Du latin « dictatura » qui signifie « ce qui parle ». A l’origine, ce concept romain désignait le fait de conférer, pour
une période limitée, tous les pouvoirs à un seul dirigeant dans des situations d’urgence.
ç Sens contemporain : régime de concentration des pouvoirs aux mains d’un homme, d’une assemblée, d’un
parti qui l’exerce alors de manière arbitraire et sans limite, et qui pallie sa faible légitimité par l’exercice abusif
de la force.

Concepts modernes

Def : Rapport gouvernants-gouvernés qui repose sur la force plutôt que sur la persuasion et qui ne permet ni le pluralisme
politique ni la liberté d’expression.

≠ avec le totalitarisme
ç Pas de recours au discours de l’idéologie politique car pas de volonté de création d’un homme nouveau.
ç Ne cherche pas à fusionner la société et l’état et à éradiquer les particularismes socio-culturels
ç Existence d’une « opposition », contrôlable et légitimant le pouvoir par l’acceptation d’un pluralisme de façade

Classification sociologique

• Autoritarisme patrimonial (Weber)


• Oligarchie clientéliste (surtout présente en Amérique du Sud)
Servitude « institutionnalisée » entre un petit groupe de propriétaires ruraux éduqués et un vaste groupe qui se
caractérise par la pauvreté et l’isolement au sein de microsociétés segmentées et dépourvues d’une réelle unité
• Bonapartisme et dictatures populistes
ç État tutélaire dégagé des contraintes partisanes et parlementaires car prééminence absolue de l’Exécutif.
ç Souci de la « défense sociale » : nationalisme exacerbé
ç Pratique répétée du suffrage universel de type plébiscitaire
• Bureaucratie autoritaire
Autoritarisme moderne et rationnel dans les États conservateurs, corporatistes ou socialistes . Ce type de régime survit dans
les satellites de l’ex-URSS notamment en Asie centrale (Kazakhstan, Uzbekhistan, Turkmenistan) mais aussi en Chine
après Mao.

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