Marc Millet Licence 1 Semestre 2
Livre I. Introduction – L’approche scienti que du fait politique
*Science politique : savoir savant qui cherche à étudier les phénomènes politiques
 Dimension scienti que en appréhendant des éléments évaluables.
 Statut académique en étant dispensé dans des universités et élaboré dans des laboratoires.
1. Une discipline construite par son objet
 Étudier les faits politiques ≠ droit qui ordonne les règles juridiques qui ont parfois trait à la vie
politique. Ce terme « politique » revêt en réalité plusieurs sens en français. Trois sens * « politique »
≠ sens en français ( inspirés à l’anglais)
- au féminin « politics » = : champ de la société où ont lieu la conquête et l’exercice du
pouvoir (scène) / positions de pouvoir = institutions qui permettent le développement de
cette lutte, cette vie politique.
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- Au masculin « polity » = espace de la société qui vise à réguler les con its et les intérêts
qui s’expriment, terme lié aux prérogatives régaliennes de l’Etat (sécu/ monnaie),
politique comme secteur de la société.
- Au pluriel « policies » = moyens en action qui répondent aux demandes sociales et aux
affaires publiques (programme d’action cohérent aux demandes) = dynamique de
gouvernance : comment le processus de décisions a été modi é pour s’inscrire dans des
démarches pluralistes + participation des citoyens qui interviennent dans la prise de
décision. Ces politiques publics passent par les normes juridiques ( lois).
Politique comme objet multidimensionnel.
a. Recherches à l’aune de l’État souverain
1er enjeu : Différentes visions : science de l’État ≠ science du pouvoir.
Le rôle de régulation est assuré par l’État : question d’organisation étatique/ bureaucratie/ mutations
deviennent centrales  construction de l’État.
Mais il existe aussi des objets politiques en dehors de l’Etat comme le mouvement des « gilets
jaunes » = effets politiques conséquents. L’objet de l’Etat s’appuie avant tout sur une conception
ethnocentrique (vision occidentale) = exclu les structures pol. sans état.
Années 1950 : nouvelles bases de la science politique :
Jaques Lagroye « ce qui se rapporte au gvt d’une société dans son ensemble ».
Montée interrogations  science politique devient la science du pouvoir
Robert Dahl, article The concept of Power, une revue d’épistémologie de 1957, dé nit le
pouvoir comme une interaction : pouvoir avant tout comme une capacité d’agir sur une autre
personne, institution.
« A exerce un pouvoir sur B dans la mesure où il obtient de B une action que
ce dernier n’aurait pas effectué autrement. »
Idée centrale : la contrainte (déf pas politique) + de fait le pouvoir est consubstantiel à la société
( l’école, les entreprises, la famille etc).  objet central de la socio des institutions.  Enjeu de déf.
≠ approche faite du pouvoir : question de la spéci cité du pouvoir ( pas d’équivalent de la régulation
politique )
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b. Possession des instruments de domination politique
2ème enjeu : Question de la détention du pouvoir politique ( caractère démo ou non ) et des
dispositions de l’accession au pouvoir :
- Idéologie marxiste (forte au nv intellectuel ) : l’élite économique homogène déterminerait la
« superstructure politique » = développement du modèle élitiste centré sur l’accaparement du
pouvoir par les élites.
- Charles Wright Mills dans le livre The Power elite : triangle du pouvoir avec trois types
d’élites : hauts fonctionnaires de l’admin / élite éco / l’élite militaire, dans le contexte de la
Guerre Froide ( notamment dans la démocratie US).
- Robert Dahl (méthodes spé pr évaluer la détention du pv pol. L’ouvrage Who Governs ?
(1961) ≠ méthodes qui étudient la manière dont les élites gouvernent
 méthode réputationnelle : intérrogation pop locales pour désigner les perso les plus en
vues. ATT : cette réputation ne fait pas le pouvoir. = enquête menée dans le Connecticut (New
Heaven) => le pouvoir serait alors la capacité d’agir sur la décision par la désignation des
candidats des partis pol. par les individus.
Résultat : la démocratie serait un rituel démocratique, seul un petit nombre de leaders ( =
50aine) : accaparement du pouvoir par une minorité.
+ élites spécialisées ds des domaines = les citoyens interviennent pour une alternance 
incidence indirecte du suffrage universel qui contrôle voire sanctionne ces élites =
« polyarchie » : système de concurrence d’élites rivales spécialisées. ( dimension pluraliste)
 modèle très célèbre années 1970.
c. Conditions d’une puissance durable
3ème enjeu : capacité à se maintenir au pouvoir = qst pouvoir durable question d’un pouvoir durable.
Max Weber : s’intéresse à la capacité de faire durer le pouvoir (travaux publiés posthume) :
Economie et société : opposit° notion puissance (macht) ≠ domination (herrschaft) = pouvoir
comme capacité « de faire triompher au sein d’une relation sociale sa propre volonté, même contre
des résistances, peu importe sur quoi porte cette capacité »
 coercition est centrale dans le phénomène du pouvoir + necéssité d’être acceptée, légitimée = Le
pouvoir est la coercition alors que la domination est l’acceptation de la puissance de l’autre : logique
d’autocontrainte : + un pouvoir est vu comme naturel, + il va être accepté sans résistance.
*Type de domination = moment politique/ type de régime  3 logiques de domination (logique de
légitimité) :
• Domination traditionnelle : « obéissance à des coutumes sanctionnées par leur validité
immémoriale »  respect de dignité du chef repose sur les uses et coutumes (mémoire et
lle du temps. Le roi doit s’assoir sur ses coutumes + traditions sont transmises au-delà du
corps du roi « Le roi est mort. Vive le roi ! » = pv transmis de façon héréditaire avec la
théorie des deux corps du roi.
• La domination légal-rationnelle ( Etat moderne) : logique de dépersonnalisation = corps
de règles abstraites et impersonnelles règle qui dé nissent l’autorité pol. (Droit au
centre) L’action publique est rationnalisée par ce corps de règles juridiques favorisant
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l’émergence d’une bureaucratie / l’Etat moderne doit se soumettre au corps = création de
l’Etat de droit.
• La domination charismatique (transversale aux époques) : repose sur des ressources
extraordinaires au-delà de l’exercice commun du pouvoir. Max Weber parle de « leader »
= terme Führer est employé pour quali er cette autorité politique charismatique bien que
ce terme soit connoté à partir de la seconde moitié du XXème siècle  assise qualités
verbales/ charisme + intervient en temps de crise et n’est pas fait pour durer  leadership
individuel qui s’appuie sur des collectifs « groupe de charisme » ( soutient le leader).
• repris en science politique par la suite.
MAIS le pouvoir s’appuie sur une conjugaison des trois modèles de manière signi cative. Ex :Vème
République  logique traditionnelle ( héritage royal) / domination de l’Etat de droit
( parlementarisme rationalisé)/ personnalité charismatique du président.
Question : Le politique existe-il en l’absence de pouvoir ? Un ethnologue s’est intéressé à des
sociétés amérindiennes dans le début des années 60 (enquêtes d’immersion)  travaux qui
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Discours politiques ≠ discours concurrents :
- Discours journalistique sur le pol. : + compréhensive pour présenter des méca / phéno
- Discours scienti que : explicatif, ne prône aucun engagement .
Cette science sociale du politique comme variante des sciences sociales n du XIXème/ début XXème
de  construction de nouvelles disciplines : sociologie se construisent contre des essais (essayistes
auj.)
Emile Durkheim (enseigne à Bordeaux/ Paris)  principes de méthode en sociologie
a) Des outils analytiques repris à la sociologie
• La lutte contre les préjugés
1985 Les règles de la méthode sociologique  rompt avec les « prénotions » = idées

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démontrent que l’objet du pouvoir ne se résume pas à la politique.
Pierre Clastres : La société contre l’Etat en 1976 sur les relations des indiens Guayaki.
 constate que les sociétés sans Etat moderne ne sont pas une étape vers un développement politique
plus complexe => logique stationnaire : sociétés dont l’organisation refuse la régulation par la
coercition : pas de roi qui règne/ pas de chef avec autorité supérieure aux autres= pas d’obéissance.
« Le chef n’est pas un commandant, les gens de la tribu n’ont aucun devoir
d’obéissance » - Pierre Clastres
MAIS toute socété devant être régulée et étant un société politique, elle doit reposer sur une autres
logique de régulation : chefs ont des fonctions oratoires+ individus délibèrent = logique
d’indifférenciation des fonctions sociales contraint les chefs à devoir convaincre leurs semblables.
Preuve que la cohésion du groupe est essentielle + importance des rituels : l’ordre divin intervient
pour améliorer le ciment social + dynamiques qui assurent le maintien de la cohésion par des luttes
guerrières.
 Le politique est donc plus que l’Etat, moins que le pouvoir et au-delà même du
pouvoir.
d. Une antériorité de l’Etat questionnable
 L’objet politique n’est pas une nature, il s’inscrit dans une démarche constructiviste : les faits
sociaux sont élaborés par la société/ acteurs qui mettent en évidence les ats sociaux « politisables ».
Ex : question de la pédophilie n’a pas été un objet politique – abordée par les affaires publiques sous l’angle du
prédateur sexuel extérieur aux familles – construction du politique aboutie grâce au travail d’association de
protection de l’enfance notamment en France
Politique comme un processus de « labellisation » dans le cadre d’une mobilisation : pour faire
une question de la politique elle doit être traitée par comme une affaire publique  mécanisme des
milieux associatifs = hissent des questions au niveau politique.
Ex : E-U asso des mères de victimes de la route ont politisé l’enjeu de la sécurité routière au travers de la
gure du chauffard. L’association « Madd » projette au centre du débat public cette question en 1960
2. Une discipline construite par son ambition scienti que
préconçues  dévoiler le réel (rupture sens commun) en rompant avec le sens commun.
Ex1 : Le régime de la IVème République est quali é comme le régime des partis politiques : cette
supposition repose sur le fait qu’il y a eu succession de gouvernements (cabinets courts et
nombreux) pv vacant repose sur la responsabilité de l’instabilité des partis MAIS en réalité cette
situation de fait résulte d’une absence de discipline partisane -> Les parlementaires sont le plus
souvent des élites qui disposent de ressources politiques en dehors des partis, qui eux sont incapables
de faire respecter la consigne de vote => régime de gouvernements de corporation politique.
EX2 : Aux élections régionales 2015 : à la une du Journal 20 minutes « 30% des jeunes votent Front
national »  intégration uniquement des 18-25 ans en âge de voter + abstentionnistes exclus ( 63%)
=> rapporté à la classe d’âge 7 à 13% sont allés voter FN -> + juste : 90% ne votent pas FN.
EX3 : Les données électorales font l’objet d’une lecture spéci que : af rmation E. Macron
« président des riches, des élites » méprend deux types d’électorat  interrogation sur l’électorat de
E. Macron proportionnellement : catégories socio-professionnelle + taux de pénétration ( captation
d’un corps social précis) donc remis en chiffres sur 100 personnes Macron capte plus de PCS+
mais la composition n’est pas similaire à la répartition : Benoit Hamon 20% mais de fait Macron a
agrégé divers votes  électorat hétérogène
• Un matériau issu de techniques diverses
Emmanuel Durkheim : le politique doit être observé « comme une chose » = réi cation du fait
politique  nécessité de rompre avec un ordre métaphysique des doctrines. Le fait social doit être
soumis à observation  outils pour rep à l’exigence de véri cation : mode de preuve et de contre-
preuve.
Outre la JP, les enquêtes par sondage avec l’usage de panels suivent un échantillon
représentatif dans le temps, 1978 = enquêtes Ministère de l’Intérieur + laboratoires.
EX : Depuis 40 ans, le Cevipof ( labo de Sc. Po) : enquêtes sur 40 000 personnes.
+ Technique des entretiens signi catifs et enquêtes d’observation font of ce d’enquête de terrain.
Ex : suivre un parlementaire dans ses journées | suivre les séances d’un organe délibératif
• La démarche et le raisonnement scienti que

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La sc. Pol. vise à con rmer des hypothèses ( logique science) : Les chercheurs tentent d’établir des
liens de causalité et de dé nir des inférences -> les faits politiques sont liés au social et non au
hasard.
<3 démarche = appui sur une détermination : élément de régularité qui fait ressortir des lois
tendancielles qui sont observées
Ex : En Fr. il a été établi régulièrement que les catho pratiquants votent à droite modérée (Rép,
UMP)
+ la démarche scienti que comporte une ambition de théorisation : théories basées sur les lois
tendancielles
Ex : la théorie de la mobilisation des ressources considère qu’il n’y a pas d’engagement sans
ressources – ressources multiples ( nancières, organisationnelles…)
ATT : théories qui font l’objet de discussions.
- Courant holiste ( 1er grd mvt théorique ) : l’individu est déterminé par son environnement.
L’appartenance aux groupes sociaux détermine les comportements politiques.
- Courant individualisme méthodologique : c l’individu est premier sur la société. Les
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comportements individuels expliquent les rapports sociaux.
Fin XIXème : débat qui opposait Emile Durkheim à Gabriel de Tarde (magistrat en criminologie).
b) La place de la science politique relativement aux autres disciplines
Années 60 – Jean-Claude Passeron limites à placer la science pol. au mm rang que les autres
sciences. 1er : les lois tendancielles sont toujours dé nies dans un cadre historique ≠ maths,
physiques
Ex : les règles tendancielles françaises ne valent pas celles américaines (vote des catholiques)
2ème : l’enqquête peut produire des effets sur les résultats. Les citoyens réagissent à l’enquête. Cette
dernière peut être biaisée par les mensonges/ dissimulations des personnes interrogées.
3ème : Les « lois probabilistes » véri ent des phénomènes dans la majorité des cas.
Ex : le mouvement des gilets jaunes ne s’est pas appuyé principalement sur des personnes dotées de
ressources et encore moins sur des organisations
3. Une discipline construite par son autonomisation
a) La constitution d’une discipline
À partir de quand est-il possible de parler de science politique ?
Tournant XIXème et du XXème siècle : 1er cours d’histoire et politique vit le jour en 1835 en
Caroline du Sud puis en 1856 à John Hopkins University.
1880 : L’Université de Columbia créa l’école de science politique -> réf. Dans la discipline et publia
un premier journal de science politique : enjeu = introduire une science de l’État.
 Peu à peu séparation de l’économie et de l’histoire : création de l’association américaine de
science politique (APSA) en 1903. L’association se dota dès 1906 d’une première grande revue
professionnelle. L’American Political Science Review (revue majeure dans le monde)
MAIS dès l’ Antiquité : Aristote et Platon constituent des typologies de régime + intérrogations de
Toqueville et Monesquieu=> remise en cause de la contemporanéité de la science politique.
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- Les étapes de la pensée sociologique publié en 1967, Raymond Aron : les sciences sociales (srtt
science politique) s’inscrivent dans des démarches historiques et synthétiques. Mais les
ré exions théoriques de Tocqueville et Montesquieu sont remplacées par une méthode nouvelle
issue d’une démarche empirique porté par Durkheim -> institutionnalistaion de la discipline
sous la volonté des élites.
- 1872 : création Sciences po est créée = nécessité de former des élites nouvelles.
- André Siegfried dans Tableau politique de la France de l’Ouest, en 1913, les premiers travaux
sur l’interrogation sur l’explication du vote
- Woodrow Wilson ( prof sc.pol ; puis PR) : ré échit à la rationalisation des méthodes de
gouvernements  Fct de l’administration dans « The study of administration » en 1889. Cette
science appliquée entend établir une « science de gouvernement ».
- Arthur Bentley dans The process of government qui paraît en 1908 dé nit la pol. comme une
opposition de groupes aux intérêts divergents. Les prémisses de la conceptualisation des lobbys.
Après WW2 : mouv de spécialisation des branches de la discipline. La théorie politique insiste sur les
idéologies justi ant l’action politique ≠ concepts : pv / nation/ Etat.
 La sociologie politique est ancrée dans le social : acteurs de la vie politique/ analyse les
élections/ les processus de socialisation, de communication + mode de construction des idéologies.
 La politique ne peut pas s’expliquer par elle-même : étude de la sociologie électorale
permet de dégager quelques axiomes :
- Branche de l’admin et pol. publique : compartiment de la sociologie politique.
- Branche des RI : approche interétatique à une approche transnationale.
- Branche politique comparée : bloc rocambolesque (Tocqueville)
b) La différenciation de deux disciplines
Autonomisation du droit : développement ds l’école de Chicago, dans les laboratoires de sociologie.
Avant 1945 : les méthodes de la sociologie ont été reprises  FR : dvlpt avec fac de droit = La Revue
du droit public et de la science politique (RDP), montre comment ce sont les juristes qui se sont
emparés de la question en premier : L. Duguit / M. Hauriou / F. Larnaude : liens directs avec sciences
sociales.  Léon Duguit côtoie Durkheim à Bordeaux. Pour ces auteurs le droit est « une des
sciences sociales spéciale » comme le déclare Paul Duguit en 1889. Les sciences sociales regroupe
celles juridique et celles économiques MAIS Emile Boutmy désire qu’il y ait une séparation entre les
deux.
La science juridique est centrée sur les institutions classiques et le droit politique.
L’approche juridique s’est aussi intéressée au droit politique comme le mode de scrutin, aux règles de
nancement de la vie politique. Certains juristes ont employé l’expression « la politique est saisie par
le droit » pour décrire cette relation intime entre les deux. La conception juridique normative
considère que la vie juridique modi e les pratiques politiques.
Ex : modi cation règles de scrutin bouleverse organisation partis
 Les sciences politiques vont au-delà du droit : intérêt pour les stratégies collectives/ l’opinion +
l’interprétation des effets normatifs est nuancée cad que la règle intervient avec d’autres éléments.
Ex : thèse de la bipolarisation de la vie politique sous la Vème République – jusqu’en 2017 la vie
politique était structurée par deux pôles (gauche et droite) – les institutions, notamment l’élection du
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président de la République au suffrage universel direct, ont déterminé cette bipolarisation – jusque
dans les années 90 système multipolaire avec la concurrence du pôle du centre envers le centre droit
 La distinction n’est pas que temporelle : borne chronologique ne fait pas la discipline. L’histoire
s’appuie sur la démarche idiographique qui lui est propre. Les historiens s’appuient avant tout sur
les faits et la véracité historique démontrant l’importance des faits narratifs. Des évènements sont
tirés des spéci cités historiques. Des courants d’idées, des mouvements sont dégagés de multiples
cas concrets.
« L’histoire ne s’intéresse pas à la singularité des évènements individuels
mais à leur spéci cité. »
- Paul Veyne
Or la science politique s’inscrit dans une démarche nomothétique. Il s’agit de dégager des lois
tendancielles, des modèles analytiques en s’appuyant sur des études de cas. Les évènements sont
utilisés à titre illustratif.
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Livre II. L’avènement du citoyen – L’entrée des masses en politique
Question de l’accession à la citoyenneté et appropriation du droit de vote.
1) Les conditions de l’élargissement du corps électoral
Deux interprétations de l’élargissement du corps électoral
a) La démocratisation comme extension continue et inéluctable du droit de suffrage
Démocratisation : extension continue et inévitable du droit de vote  vis° développementaliste.
Depuis milieu XIXème siècle évolut : continue et linéaire :
C° 1793 : SU masculin par l’art. 7 « Le peuple souverain est l’universalité des citoyens français ».
MAIS cette C° n’est jamais entrée en vigueur  De fait, le suffrage universel masculin s’impose
réellement en 1848 en Europe. Cette première phase s’achève 70 voire 80 ans après. Ce suffrage est
diffus au sortir de la Première Guerre Mondiale. C’est le cas au Royaume-Uni en 1918 tout comme
en Pologne. En Finlande le pas est franchi en 1906 et en Norvège en 1897.
Thèse Tocqueville De la Démocratie en Amérique (2 tomes : 1835 / 1840). Aux US il
découvre la vitalité des regroupements, des associations qui forgent la vitalité de la vie politique.
« Passions égalitaires » : barrières de vote disparaissent = tendance d’élargissement inéluctable
« Lorsqu’un peuple commence à toucher au cens électoral, on peut prévoir
qu’il arrivera dans une délai plus ou moins long à le faire disparaître
complètement. »
Nouvel enjeu de l’époque = implantation de la démocratie  le penseur libéral s’efforce de
déterminer comment préserver la liberté avec le développement de l’égalité = con rmation des faits
hist.
• Cens : droit de vote réservé aux riches = degré d’imposit° à partir duquel on accède au vote.
- Restauration : 100 000 électeurs s’acquittent de 300 francs or.
- Monarchie de Juillet : abaissement barre = collège électoral x2
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- RU : avant 1830 environ 10% pop en âge de voter ≠ 1885 : moitié de la pop
masculine  Reform Act de 1832 + loi de 1867 + paquet de lois de 1884-1885 y ont
contribué.
• Les contraintes culturelles s’effacent :
- EU du Sud : niveau de diplôme requis pour voter au début du XIXème
- XXème siècle : accès des femmes au vote + accès jeunes garanti (All/ RU) stratégie
politique qui entraîne l’abaissement de l’âge de majorité. Cela garantie aussi à l’accès
au droits civiques = réponse aux revendications de modernisation de l’espace politique
 En France VGE : abaissement majorité (modernisat°) / lois Veil / construct° Europe
MAIS la démocratisation reste un processus en cours : controverses et débats
• Débat sur l’abaissement de la majorité à 16 ans : idée débattue par le parlement euro, déjà
octroyé entièrement dans certains pays (Am. Lat. / Autriche) ou partiellement en Allemagne
(élections locales et parfois régio)
ATT : cette mesure est cruciale pour les référendums - ex : +16 ont voté qst sortie de
l’Ecosse du RU -> En France cette revendication est faite maj par les partis de gauche (soc /
verts)
2017 : examen loi Egalité, Citoyenneté  pas d’adoption de l’amendement sur la maj à 16
+le syndicat étudiant UNM organise un référendum pr les lycées : 60% en faveur de la mesure
• Débat sur le vote des étrangers : contrainte histo qui lie citoyenneté et nationalité, relativité dans
le cadre de l’intégration européenne qui dissocie les deux termes :
1992 Traité de Maastricht : le citoyen européen peut voter aux élect° locales et européennes
 FR : application en 2001 : 30 000 électeurs non-européens dont 1/3 de portugais
La démocratie participative modi e la conception de la politique : les citoyens peuvent participer à
l’élaboration de la prise de décision  lien avec la démocratie délibérative.
PRINCIPE : la décision est légitime si les cit. ont participé aux débats dans le cadre de l’élaboration.
Conception portée par la gauche et l’extrême gauche dans les années 1970 aux États-Unis =
revendicat° du mvt Students for democratic society  mise en place de procéd. décisionnelles (pays
scandinaves)
EX : Inspiration pour la Convention Citoyenne pour le Climat
 Modèle le plus développé en Islande : crise instit due à la crise nancière mondiale de
2008 -> nvlle constitution : 1000 citoyens ré échissent aux grd lignes + collège de 25 citoyens
élabore la C + référendum consultatif à réponse positive même si le principe n’a pas abouti
 C° FR: principe de participation à l’art. 7 de la Charte de l’environnement de 2004.
b) Les caractéristiques effectives de la démocratisation – Un processus chaotique et con ictuel
• Des trajectoires diverses – Absence de processus linéaire pour tous les pays
Il y a une pluralité des trajectoires des processus : Stein Rokkan établi 2 modèles différenciés :
- Modèle britannique : « progressive improvement » = mvt lent et continu sans retour en
arrière dans le mouvement.
Cas britannique : précocité du renforcement du territoire national dû à l’île + organe de
représentation pérenne ce qui assure la continuité.
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- Modèle français de rupture : régimes politiques instables qui reviennent sur leurs décisions,
histoire constitutionnelle chaotique (pays européens) : re ux de droits politiques
Cas français : suffrage universel masculin instauré en 1848 puis limité par la loi du 31 mai 1850
(restrictions pénales + résidence au même domicile depuis 3 ans) -> chute des électeurs en période
d’exode rural (10>6) // mouvements des territoires dus aux guerres ( Alsace-Moselle )
Cas Finlande : règles et pratiques d’accès au vote sont inégales.
• Des règles et pratiques inégalitaires d’accès au droit de vote
La démocratisation se fait de manière inégale, au détriment de certaines catégories sociales.
- RU : jusqu’à 1860 les juifs sont exclus du dorit de vote
- FR : sous la IIIème les personnels de maisons ne sont pas éligibles uax éléctions locales
- IT : les prostituées ne disposent pas de droit de vote jusqu’en 1945.
La démocratisation mène aussi à favoriser des catégories de population :
- Vote plural : droits politiques supplémentaires au père de famille car position importante –
ex : Belgique en 1893 loi Nyssen permet à des suffrages de valoir plusieurs voix -> vote
familial : père de famille vote pour le reste de la famille (examiné en Fr en 1920, pas
adopté)
- Vote multiple : un seul citoyen exprime sa voix différentes fois pour favoriser l’avis des
capacitaires ( citoyens inégaux) -> système jusqu’au XXème siècle – ex : au RU 7% pop
• Un processus stratégique – L’instrumentalisation de l’extension du droit de suffrage
Moïsseï Ostrogorski La démocratie et l’organisation des partis politiques en 1912 : la loi pr
le droit au suffrage adopté en 1867 par le parti conservateur pour mettre en dif culté le parti libéral
au RU // Fr le suffrage universel masculin est instauré en soutien au régime autoritaire // qst du vote à
16 ans stratégique pour la gauche.

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L’accès au droit de vote des femmes est conditionné par les 3 critères de droit de vote / éligibilité /
effectivité de l’accès au mandat  trois processus ayant lieux à des moments différents.
• Trajectoire anglo-saxonne et nordique : l’accès au SU est lié au droit de vote des femmes. Au 2) Appropriation du droit de vote
RU les suffragettes s’appuient sur des mobilisations collectives (grèves diverses) : Emmeline Pendant des décennies les partis sont restés en dehors de la compétition politique.
Pankhurst prône une violence militante  sabotages, bombes, enchaînement rails, suicides
EX : suicide militante Emily Davison sous sabots d’un cheval pdt Derby royal d'Epsom en
a) Le vote comme alternative à la violence
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+ Instauration du droit de vote des femmes au RU dans une logique utilitariste : attirer les
L’accès à la citoyenneté = accès à la souveraineté : les moyens de pression physiques sont dès lors
femmes minoritaires sur le territoire
inopérants  paci cation de la compétition politique
• Trajectoire pays latins : accès au droit de vote des femmes en dé corrélation de celui des
Louis blanc : discours révolutionnaire en 1874 « les gouvernants sont les mandataires du
hommes, les avancées ont lieu après WW2 ( It, Belgique, fr). Sur un plan historique, les femmes
peuples » -> revendications/ demandes sociales sont prises en compte « parce que, en permettant à
ont été exclues durablement du pouvoir politique.
chacun de poursuivre le redressement de ses griefs », le suffrage universel « désarme la violence ».
FR : héritage franc du principe de masculinité d’accès au pouvoir + Autres pays : peur des
= droit de vote vu comme un facteur d’ordre, d’avènement de la civilité électorale.
femmes considérées comme conservatrices par essence/ implication de l’Église catholique pdt la
≠ armes uniquement contre les ennemis de la patrie.
messe.
 Nécessité d’éducation par des tracts et des pamphlets / réf gravure de Bosredon de 1848 + autre
MAIS (surtout) absence de mobilisation massive à reativiser :
gravure de Marianne (République) : échange avec un ouvrier, un bulletin de vote contre un fusil
- Olympe de Gouges : « la femme a le droit de monter à l’échafaud, elle doit avoir le droit ( ESP)
de monter à la tribune » dans l’article 10 de la Déclaration des droits de la femme et de la
« Le suffrage universel, en donnant un bulletin à ceux qui souffrent, leur ôte
citoyenne en 1791.
le fusil. » - Victor Hugo
- Création de l’Union française pour le suffrage des femmes cen 1909 et l’Union nationale
pour le vote des femmes, active durant les années 1930 (env. 100 000 adhérentes)
Cas Espagne : période de transition ou si les élections ne sont pas respectées on a le droit aux armes +
Pierre Rosanvallon (syndicaliste, essayiste, professeur au Collège de France) s’intéresse à la lieux de vote sont sacralisés = zones franches  CP : interdiction des menaces aux bureaux de vote ;
conception de la femme dans la société 1852 : opérations électorales protégées par l’interdiction du port d’armes. Lorsque le vote est
perturbé, la violence fait partie du processus électoral avec un droit à l’arme blanche. Plus les
- RU : femmes ayant une identité propres qu’elles revendiquent, pas de fondement dans
l’absence de représentation politique  appel au principe d’égalité résultats sont serrés plus l’utilisation de la violence tolérée.
- FR : conception fonctionnaliste comme fonction de mère sans identité propre, avant de
revendiquer des droits politiques elles doivent revendiques des droits civiques  concept° b) Diffusion progressive de l’intérêt politique et de la participation
fonctionnelle incarnée par Georges Sand qui priorise les conceptions philosophiques et
culturelles. Politisation : capacité à valoriser une politique et à lui accorder de l’importance.

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Comment les citoyens ont-ils utilisé le droit de vote ?
 L’intérêt porté à un objet politique est mesuré à travers la participation électorale.
- Second Empire : tx de participation augmente : 65% en 1852 - + 80% en 1870  historiens
considèrent que la pol part des villes (analphabète en campagne) qui sont plongés dans le milieu
de presse/ notables/ débats politiques ( Eugen Weber La n des terroirs)
MAIS campagnes entrent dans le processus de politisation vers la n de la IIème par des
« sociabilités méridionales » -- Maurice Agulhon dans La République au village (dép. sud-est
fr)
 Logique de rencontre et importance des colporteurs = plantation arbres republicains
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+ années 1950 le catéchisme national à l’usage des diocèses de Fr : « voter pour des hommes
capables et si possible bons chrétiens ».
 Communauté du travail : logique socio-professionnelle -> appartenance au syndicats in uence
l’orientation du vite secret. Au RU le parti libéral s’oppose au vote public, craignant l’in uence des
syndicats. Il préfère le vote individuel rapporte Gladstone, premier ministre de 1868 à 1874.
Questions qui refont surface pour le vote des éléct° législatives et nationales à distance :
Rapport Sénat en 2020 : vives réserves concernant le vote à distance -> pb de mé ance
quant au vote électronique et crainte des votes inauthentiques en famille ( votes souvent similaires)

ATTENTION (à relativiser) : Au début de la IIIème République, entre 1876 et 1889, des disparités se  Communauté élitiste : devoir de loyauté qui empêche l’élection de bons représentants, choisis
manifestent entre les grandes villes. Les grands centres urbains ne votent pas autant que les villes parmi les élites sociales ( souvent conservatrices ) – ex du cas corse : idéal type de cette logique
alentours. La situation s’homogénéise au cours du XIXème siècle et les clivages s’estompent. Alexis de Tocqueville = l’ensemble du village se rend aux urnes derrière lui presque en le indienne.
• Facteurs qui expliquent 1848 : attente de courants progressistes après l’épisode

BAJARD
c) La pratique électorale – Une lente autonomisation révolutionnaire MAIS victoire des républicains conservateurs

Vote = procédé qui vise à désigner les représentants (Sc. Pol. : analogie entre marchés pol. et éco)
Max Weber dans Le marché politique : le marché politique est « une lutte concurrentielle
pour la conquête des positions de pouvoir et de leur usage légitime » en démocratie. L’élection est un
mode de régulation du marché politique.
 Vote pas un ace indépendant -> contraint par des impératifs sociaux -- 3 usages de vote :
• Le vote de transaction
Vote de transaction = vote censitaire d’une période pré-démocratique : restriction de
l’électorat du aux circonscriptions conçues pour favoriser des tendances politiques.
Exemple : jusqu’à 1930 au Ru existence de « rotten borough » - 11 électeurs dans la circ. de Sarum
Monarchie de juillet : un seul candidat dans 70 circonscriptions
+ élections de rati cation pour cautionner le candidat of ciel – ex : sous le Second Empire le matériel
électoral des candidats soutenus par le régime impérial est d’une autre couleur que les autres, quand
ceux-ci sont déjà autorisés à se présenter.
• La construction du vote d’opinion
1880.: Le Manuel de moral et d’instruction civique s’oppose au vote communautaire.
« Bon citoyen » : libre, éclairé, désintéressé // petit paysan « maître en sa cabane (…) doit l’être en
sa commune » avance Léon Gambetta.
 Pression des représentants de l’Etat sur les électeurs dans une vague anticléricale ( 1980)
Plan social : maintien de l’allégeance aux élus notables notamment de grands propriétaires fonciers.
- Résolution de 1989 : ONU fait du vote secret un principe d’honnêteté
- L’« australian ballot », inventé en Australie, est utilisé en Europe occidentale dès la n du
XIXème siècle. Le Royaume-Uni l’introduit en 1872 = garantie anonymat votants
- Loi du 29 juillet 1913 consacre l’honnêteté du vote et entend « assurer le secret et la liberté du
vote ainsi que la sincérité des opérations électorales » via trois dispositifs clefs : la cabine
d’isolement, le bulletin et l’enveloppe uniformes (couleurs et formes) et les scrutateurs qui
véri ent que tout se déroule convenablement.

+ cas des logiques de face-à-face : le statut social est plus connu que l’étiquette politique du La démocratisation passe successivement par l’universalisation du vote, son égalisation et sa
candidat donc le vote est guidé par les intérêts de électeurs = clientélisme (échanges ressources privatisation.
illégales)
EX : XIXème siècle (RU) la circonscription de poche, ou « pocket borough », permet d’acheter les
électeurs : modes de transaction ≠ remise de médailles / dons individuels/ dons collectifs
ATT : pratiques qui ressurgissent  2019 un maire français propose bons d’achat/ baisse d’impôts.

• Le vote communautaire
Le vote communautaire/ d’allégeance = logique d’échanges mais +matérielles (pas de
contrepartie systématique aux octrois)
 Communauté religieuse : Des indications de vote des élus dans le Manuel chrétien d’instruction
civique de 1882 de Rondelet. Lors des prêches électoraux du dimanche = consignes et idées politique
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Notion d’opinion publique apparaît XVIème siècle = croyance partagée par un groupe social ou la
partie d’un groupe au sein de la société  instrument de contrôle social pour la vie privée ( mœurs/
vertus)
Locke dé nit trois grandes lois : loi divine / loi civile / loi de l’opinion publique ( écrits JJ
Rousseau).
XVIIIème siècle : transfert de la notion à la sphère publique  contestation de l’ordre établi
Dû à la désacralisation du roi + montée esprit critique (science, religieux, politique,
culture )
 Jugement qui s’exprime par l’espace public - Jurgen Habermas l’espace public est le « lieu où les
personnes privées font un usage privé de leur raison » : déploiement de l’espace public par les
publicités royales + bourgeois qui se différencient de l’aristocratie : création de salons/ presse etc.
AUJ : modif de l’espace public avec l’accélération des échanges numériques (Facebook/ Twitter)
 Espace public numérique : normes de contraintes abaissées facilitent l’expression = espace sous
forme de mosaïque (pluriels) : chaque forum est dédié à une idée + accès inégal au numérique.

BAJARD Opinion publique : force sociale issue de la raison (pas l’émotion)  logique de délibération qui
construit un contre-pouvoir par le jugement, une force critique – lors de la révolution l’enjeu des
révolutionnaires est d’incarner l’opinion publique, Robespierre comme porte-parole = FAIT POL MAJEUR

• Bryce et la démocratie par l’opinion publique

James Bryce (libéral britannique, député et ambassadeur EU) « La République

Livre III. Construction et usages de l’opinion publique
Américaine » : premier à avoir évoqué la démocratie d’opinion ≠ démocratie représentative.
=> Démocratie par l’opinion publique : le gvt agit sous un contrôle perpétuel des citoyens, par le
biais de l’opinion publique = ajustement de la politique en fonction de l’opinion du peuple.
Selon Bryce la démocratie est le modèle historique de gouvernement le plus avancé, la démocratie
d’opinion succède la démocratie d’opinion « la volonté des citoyens pourra être déterminée à tout
moment »
->Modèle idéalisé et repris : France en 2017 les échos réalisent des sondages en temps réel.
MAIS les éditorialistes et les hommes politiques in uencent fortement l’opinion en org le débat, de
plus selon Bryce l’élection n’est plus le vecteur central de démocratie.

• La question de la mesure de l’opinion au XXème siècle

Lincoln dé ni la démocratie comme « le gouvernement du peuple par le peuple » donc présuppose
l’implication du peuple dans le débat public et G. Burdeau considère l’opinion publique comme
Opinion publique majoritaire fondée sur une logique quantitative -> nbr de personne proportionnel
« force sociale »  lien entre démocratie et liberté d’expression forte
aux estimations : si on sonde une fraction signi cative de la population cela suf t :
*Opinion publique : dans le sens commun comme opinion majoritaire, mais l’opinion publique n’est
pas forcément majoritaire car elle peut être fractionnée (contours ous) et donc clivant. - Introduction des dispositifs de sondages massifs par les EU : grandes urnes/ bulletins à
découper OU en France échos dans les « Référendums » du « Le Petit Parisien » : env. 1mio
de personnes répondent au sondage sur la peine de mort - 1930 « Si la France avait besoin
1. Les conceptions différenciées de l’opinion publique
d’un dictateur, qui désigneriez-vous ? » réponse « Pétain » et « Pierre Laval »
a) L’évolution de la nature de l’opinion publique - Technique de l’échantillonnage représentatif dans les sondages avec l’apparition de
l’impératif de représentativité de la mesure de l’opinion : pop. miniature qui représente
dèlement la population de référence (agrégats d’âga, sexe, cat. socio-p… ) = méthode par

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quotas / méthode aléatoire ( tirage au sort) / méthode probabiliste ( + able, jms utilisée). ATT :
méthode par quotas complexe : sondage à 3000/ 4000 personnes pour la abilité.
Marge d’erreur : l’intervalle de con ance de la valeur concernée -> impact de la taille de
l’échantillonnage. MAIS le résultat obtenu prends la marge d’erreur en considération (env. ¾ points)
ATT : la marge fonctionne que dans la méthode probabiliste PAS méthode par quotas MAIS sondeurs
donnent cette marge pour apparaître professionnels dans leurs sondages par quotas excepté au
Canada.
George Horace Gallup : impulsion pour l’implantation des sondages aux EU pour se servir des
sondages à des ns politiques + création de l’Institut Américain de l’Opinion Publique (1930).
b) La mesure de l’opinion de l’électeur – De l’opinion à l’intention de vote
Mesure de l’opinion d’agir -> « straw vote » par la récolte des bulletins pour simuler le scrutin.
BAJARD
1924 : pas de représentativité mais récolte de masse d’opinion et de vote employée auxEtats-Unis
1936 : Gallup récolte l’opinion de 20mioi d’élécteurs en utilisant la représentativité -> bon résultat
( Roosevelt) -> propagation des sondages en Europe et fondation de l’IFOP en 1938 en France.
En France les sondages osnt essentiels : env. plus de 1000 sondages d’actualité par an
1965 : premières éléctions présidentielles = 14 sondages
1981 : plus de 100 sondages
2017 : plus de 560 sondages
- Essor du à la précision des calculs et au circuit incarnatif ( lien direct président peuple) de la
Vème république qui sollicite plus de sondages.
2. Les débats et controverses sur les sondages
a) Théorie critique des sondages
Hubert Blumer lance la critique ( EU) dès 1948 : considère le dispositif éloigné de la démocratie
d’opinion, voit le sondage comme agrégation d’opinion isolées et l’opinion sondagère correspondrait
à la société de masse -> isole les individus sans que leur opinion soit confrontées.
Pierre Bourdieu considère que l’opinion publique des sondages est arti cielle, il critique l’opinion
sondagière qui selon lui ne correspond pas à l’opinion publique -> 3 fausses évidences :
- Croire que tout le monde à une opinion : les individus répondent selon leur intuitions et non
leur conviction, l’option « ne pas répondre » souligne que les individus ne se sont jamais
posés la question
- Croire que toutes les opinions se valent : le sondage écarte la consistance et l’intensité des
opinions -> présence de leader d’opinions et gens qui suivent
- Le consensus n’existe pas sur certains sujet centraux qui ne se mesurent pas ex : gentillesse
des hommes politiques
Selon Bourdieu les sondages sont un artefact qui imposent la vision « des dominants » aux enjeu
cruciaux de la société, résultat d’un rapport de force dans la société -> sert à légitimer les politiques
publiques qui doivent s’appuyer sur un fait d’ampleur. La vraie opinion publique se manifeste par
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les manifestations/ mobilisations collectives = vision de la sociologie critique, sensibilité progressiste
+ vision complotiste de la « main invisible » des dominants.
b) L’avènement d’une opinion publique supranationale
• Modèle de l’opinion sondagière
1er sondages : réponses à besoin du soutien d’opinion pour la CEE – après le traité de Rome en 1960
relatifs à la construction européenne et diffusés par les institutions euro
1973: création de l’Eurobamètre : technique d’enquête par sondage – instrumentalisé par les instit
euro
->Depuis 1970 : 2 enquêtes par an dans chaque état membre -> justice ou législation européenne.
Question la plus fréquente : « Con ance en l’UE ? » -> réponse négative de dé ance croissante :
passage de 43 à 49% après la crise du Covid. ATT : agrégat de chiffres des sondages nationaux.
2007 : création du Parlemètre (euro) -> perception des citoyens des politiques/ valeur du parlement.
• Modèle de la mobilisation
Mars 2003 : intervention militaire des Etats unis en Irak contre Saddam Hussein  suscite des
mobilisations dans les capitale européennes sur le fondement de valeurs communes + publication des
tribunes communes par les élites éclairées contre l’intervention (Jacques Derrida/ Jurgen Habermas/
Umberto Eco)
 Mouvement conjoncturel contre la politique de Bush + pas d’homogénéité des pop euro (occ/
orient) = absence d’opinion publque européenne.
- La possibilité d’une opinion publique mondiale dans un espace public mondial
Le manifestations prennent place sur la voie publique sur le déclenchement de sujets discutés :
#MeToo contre Harvey Weinstein -> déclenche la parole dans le monde entier.
ATT : opinion publique sur la scène internat (politique étrangère = questions sur les
relations internationales, traités, agissement pays) ≠ opinion publique internationale ( = mouvements
et changements sociaux revendiqués par des organisations transnationales )
Ex : le développement de courant altermondialistes avec les « forums sociaux mondiaux » – le premier s’est tenu à Porto
Alegre au Brésil en 2001
MAIS : les forums ne forment pas une opinion publique mondiale car sont formés de petite
part de population très politisée non représentative de la réalité : PAS de logistique mondiale ≠
forums sociaux et régionaux tentent de compenser la représentation de certaines régions + groupes
privés
c) La critique des dispositifs et nouvelles mesures de l’opinion publique
Critique de Bourdieu sur l’outil même du sondage née 2002
-> non prévision de JMlePen au second tour avec la focalisation Jospin-Chirac
-> 2017 : incapacité de prévoir Trump au pouvoir
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 Marc Millet Licence 1 Semestre 2
-> incapacité de prévoir le Brexit

- Le cas américain Livre IV. Les partis politiques

Phénomène de « l’électeur caché » du aux positions extrêmes des électeurs = « facteur de désirabilité  Processus de création des partis et choix de la structure partisane : les partis
sociale » = crainte des électeurs du jugement de la réponse extrême + effet enquêteur a de l’in uence coïncident avec la naissance des politiques et des courants politiques.
sur la réponse ( ex : effet selon la couleur de peau de celui qui répond)
 transposition en France du phénomène avec la montée du vote identitaire : non-assompt° des 1) L’origine de la forme partisane
posit°
XXème siècle : naissance des partis politiques faiblement institutionnalisés -> oppositions qui ne
Nvlle technique « redressement politique » : sondages fondés sur les votes passés en complément des répondaient pas à des formats précis et encadrés
questions posées = réévaluation des résultats des sondages Début XXème : concurrence des ligues = groupe fondé sur un intérêt particulier / cause spéci ques
➔ Aux Eu : l’échantillon doit être assez représentatif pour que cela marche = prédiction du
Ligues nationalistes/ ligues de combattants/ ligue des patriotes ( 1882 affaire Dreyfus)
résultat de Trump (ex : intégration des réponses internet des vieux )
 Ils sont centrés sur un enjeu comme le décrit la formule « Single issue movement » :
- Structurées autour d’un leader -> maintien en Italie de la ligue du Nord pour Salvini
- Le cas européen
BAJARD
Positionnements instables (volatilité électorale) : bloc de gauche et des droit très perméables.
MAIS les choix demeurent volatiles au sein des blocs : volatilité infra-bloc = dur à estimer !
≠ mouvement En Marche (initiales EM) : s’intéresse à l’ensemble des pb sociétaux
Maurice Duverger : étudie scienti quement les partis dans l’après-guerre = création de typologies,
classi cations dans l’ouvrage Les partis politiques, paru en 1961.
Ex : passage de socialiste, à communiste, à écologiste au sein du bloc de gauche
a) La typologie de Maurice Duverger – les deux types originaires de création de parti
 Primaire Républicaine de 2021 où la question a été posée aux sympathisants et non aux votants.
politique
Le sondage sur les sympathisants donnait Xavier Bertrand en tête bien qu’il ait ni 3ème.
Avec la montée du système parlementaire => création des partis d’origines électorale et parlementaire
- La réinvention des sondages
par la rencontre des groupes parlementaires et des comités électoraux
Contextualisation des questions ; orientation par essence :
*Factions = regroupement autour de leaders au sein des chambres
Ex : « Est-il légitime qu’un maire prenne un arrêté pour interdire la mendicité dans sa commune ? »
RU milieu du XIXème siècle : club des libéraux Réforme Club (puis Whigs) et club des conservateurs
 méthode du sondage rolling ( 2022) = modi cation de l’échantillon représentatif d’un jour à
Carlton club  les 1ère structures pol. ne poussent pas à voter ≠ comités électoraux qui poussent les
l’autre par son caractère continu : lissage des effets de la conjoncture en excluant les évolutions
citoyens à voter et s’inscrire sur les listes électorales.
brusques ( suivi plus stable et en temps réel) ≠ baromètre classique : discontinuité car intervalle
régulier
Duverger dé nit les partis crées dans une logique institutionnelle = naissance de structures
- cluster d’opinion (institut Cluster 17) : distingue 16 courants pour observer les changement préexistantes avec une assise sociale –associations ou sociétés de pensée non tournées vers l’élection
d’idée politique par échantillonnage représentatif classique
- Émergence des partis de création extérieure
- « sondage délibératif » : question autour d’une thématique, discussion avec experts avant
RU : création en 1906 du Labour party (gauche) parti travailliste par cercles intellectuels et syndicats.
de refaire le sondage qui apporte de la modération -> logique hybride ( EU/ criminalité)
ALL : création en 1870 de la droite Zentrum conservatrices par les associations catholiques
 questions de société srtt – ex : résultat box of ce- lm en comparaison aux tweets générés
- Ligues se transforment en partis :
FR : Loi d’interdiction des ligues en 1936 en réaction à l’agression de Léon Blum -> ligue Crois-de-
CONCLUSION
feu ( 1mio adhérents) devient le Parti social français.
Il n’existe AUCUNE dé nition essentialiste de l’opinion publique. Elle ne prétend pas être stabilisée,
une lutte étant menée quant aux moyens pour la mesurer. La croyance en l’opinion publique est bien
- Croisement des deux idéotypes :
FR : Parti républicain radical et radical-socialiste en 1901 né d’institutions locales et rencontre
plus tangible que l’opinion publique elle-même qui produit des effets sur la vie publique et politique.
d’associations avec les ligues – ex : En Marche né du type extérieur par la volonté d’EM mais appuyé
à l’origine sur des parlementaires du partis socialiste (Collomb / Castaner)

b) Les nouveaux partis contemporains

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1er trait spéci que : la typologie de création extérieure devient le modèle de création des nouveaux
mouvements – ex : mouvement 5étoiles ( 2009) crée par humoriste ne s’intéressait pas au débat
public 2ème trait spéci que : les partis gurent + comme l’aboutissement de luttes politiques –
mouvement « Nous pouvons » crée en Espagne après les protestation de a crise éco des Subprimes /
parti pirate en Allemagne issu du milieu numérique.
3ème trait spéci que : création par fusion ou par scission – rapprochement doctrinaux en France vont
vers l’évolution de structures, ex : parti gaulliste converge avec le parti de droit libéral + création
d’intergroupes parlementaires par le vote similaire des textes par des candidats – Ru : parti liberal
démocrats (1988) dissidents pro-européens du partis travailliste et ancien membres du Whigs.
Déf. classique des partis politique par Joseph LaPalombara et Myron Weiner dans Political Parties
and Political Development en 1966  un parti est distingué d’une Ligue/ faction par quatre critères :
- Organisation durable qui se maintien après la disparition de son leader
- Organisation rami ée entre le niveau local et national
- Présence d’un soutien populaire par les élections
- Objectif de conquête et exercice du pouvoir
2) Les fondements du système de parti – La compétition partisane
BAJARD
La notion de « système de parti » = dynamique de conquête et d’exercice du pouvoir ce qui
correspond à l’ensemble des partis en interaction qui structurent la vie politique d’une nation.
 Pluralisme est essentiel et les règles juridiques ont des effets importants.
a) L’effet de la variable institutionnelle
Les partis politiques sont façonnés par le mode de de scrutin ou les règles su système électoral  lois
tedancielles et de détermination posée par « lois de Duverger ».
- Le mode de scrutin majoritaire uninominal à un seul tour tend au dualisme de partis :
Deux partis s’opposent alternativement et forment les principaux partis de gvt (logique E-U/ RU/
Canada)  « winner takes all » ATT : les mouvement divisés risquent de perdre.
Maurice Duverger  le scrutin majoritaire engage les « tendances politiques voisines à se regrouper
sous peine d’être écrasée » / depuis 1950 : les maj prlmt d’un parti sont fabriquées par la loi
électorale.
- Le mode de scrutin majoritaire à deux tours tend à un système de partis multiples/souples:
Interaction des organisations : rétractation si le deuxième tour est pas franchi  création d’alliances
(logique LREM allié au Modem) – Règle de l’électeur : 1er tour choix / 2nd tour vote négatif
(élimine).
- Le mode de scrutin proportionnel tend à un système de partis rigides et indépendants :
Tous les partis ont intérêt à demeurer indépendants pour posséder des élus (seuil xé à 5%) – grd
succès dans l’avant-guerre / Italie conserve jusqu’en1990 avec de nombreux partis politiques.
Contrepoids à ces tendances (Maurice Duverger) : le contrepoids des suffrages en sièges est
extrêmement inégalitaire dans l’ensemble des modes de scrutin -> le parti en tête obtient une prime
signi cative, surévaluant les victoires électorales dans les partis démocratiques – RU : 1951 majorité
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des sièges pour le parti conservateur mais pas la majorité des voix car mauvaise répartition dans le
territoire / 2017 : LREM obtient - de 30% des suffrages au 1er tour mais large majorité
parlementaire.
 Observations dans 120 pays de ces effets
 le mode de scrutin joue surtout sur les coalitions gouvernementales
ATT : le pluralisme est la règle, tous les systèmes de partis l’appliquent, le bipartisme n’existe pas !!
Ex : le parti écologiste présente souvent un candidat ou une candidate aux Etats-Unis
+ partis régionalistes font perdurer le pluralisme (parti écossais au RU : 48 sièges avec 3,9% des
voix)
+ oppositions politique se corrigent par des éléments conjoncturels : évolution des coalitions malgré
le même mode de scrutin – ex : effet modéré du mode de scrutin du aux coalition durables en All.
b) Le fondement des clivages partisans nationaux – La naissance des « familles
politiques »
FR : pas de partis régionaliste d’ampleur nationale – parti breton épiphénomène/corse à effet
insulaire
Pourquoi une famille politique nait dans un Etat-Nation et pas dans un autre ?
 Question de la naissance des États-Nation : Seymour Martin Lipset et Stein Rokkan ont établi un
modèle fondé sur la logique partisane qui considère que la structure sociale et les logiques
con ictuelles aboutissent à créer des différences : éléments histo qui prouvent la rupture des
précédentes formes de pouvoirs.
Révolution industrielle : commune à tous les États, conduisent à des con its spéci ques ≠ qui eux-
mêmes conduisent à la formation de clivages = pôles d’opposition  2 clivages / 8 familles
politiques
- Révolution nationale : clivage entre Église et l’Etat centré autour de la création de l’Etat
nation : certains pays connaissent le renforcement de l’Etat-Nation par le pouvoir
confessionnels ≠ autres pays connaissent un affrontement entre partis laïcs et partis
confessionnels (France : parti républicain pop. vs parti démocrate-chrétien pdt l’après-
guerre).
- Révolution nationale : clivage entre le centre et la périphérie  les velléités politiques sont
corrélées à l’indépendance économique des régions – ex : parti catalan ≠ Italie aucun parti
indépendantiste car le centre politique est le même que le centre économique = FR
- Révolution agro-industrielle : clivage entre possédants et non possédants autour de la tension
entre propriété et travail (en aval des théories marxistes) – n XIXème partis ouvriers
sociaux-démocrates vs fédération républicaine  la révolution internationale prolonge la
révolution industrielle : scission du parti socialiste en parti communistes après la révolt°
russe.
- Cadre de l’industrialisation : clivage entre ruralité et urbanité notamment au niveau de la
participation des élites rurales à l’exercice du pouvoir central.
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Les partis prennent donc en charge différents clivages = familles politiques se construisent sur les
points d’affrontement : agents paci cateurs de la vie politique en prenant en charge les revendications
– Rokkan et Lispset démontrent l’ambivalence de ces structures : Parti socialiste comme porte-parole
du clivage bourgeois/prolétariat ET clivage entre Eglise/Etat.
ATT : les clivages mis en lumière par le modèle de Lipset et Rokkan ne dépasse pas les années 1920
 « Gel des clivages » : perdurance des clivages traditionnels au renouvellement des
organisations.
- 1ère approche : liens tissés entre clivages et les nouveaux partis crées à l’aune des clivages
qui ont été stabilisés (mais tjr présents) -> naissance du parti du à l’éclatement d’une famille
dans le segment d’un clivage – ex : All scission SPD conduit à la naissance Die Linke en
2007
+ Clivage latent jamais pris en compte : questions du clivage des territoires -> apparition
avec le mouvement Chasse Pêche Nature et Tradition (CPNT) en 1989 qui obtient 6%
voix aux élections européennes.  Chasseurs poids électoral conséquent : 1mio de voix en
BAJARD
2002 au présidentielles, soutiennent auj. notamment l’UMP puis le LR
+ Apparition nouveaux clivages : Ligue Nord en Italie ( 1991) prends en considérations le
clivage centre-périphérie = régions Nord contre régions Sud « assistées » / s’oppose à
l’interventionnisme de l’Etat et à l’immigration ( siège à coté du FN au parlement européen)
- 2ème approche : nouveaux courants sans lien direct avec les clivages anciens, idée de
l’émergence de nouveaux partis dus à des nvlls révolutions similaires à la rèv indus/
nationale.
Ronald Inglehart théorise en 1977 une « révolution silencieuse » : les demandes matérielles
des citoyens ont été développés avec la société de consommation = soc. post-matérialiste ->
tensions de valeurs/identités apparaît à la n de cette révolution – explosion des droits
subjectifs, reconnaissance des minorités ( LGBT+) et revendications environnementales.
 Aboutissement à la création de partis clivage industrialistes/écologistes (parti écolo en
EU)
= valeurs post-matérialistes quali ées de « Contre-révolution silencieuse »
+ nouveau clivage entre théories libertaires/ autoritaires (mvt extrême droite)
- Question européenne aboutit à un clivage géopolitique = partis fav/défav à la question euro
ATT : pas de parti structuré uniquement autour de cet enjeu  les partis européens sont des
fédération de partis « partis parapluie » ≠ PAS de création de partis nationaux à partir de la scène
européenne.
Ex : Les Républicains font partie du Parti Populaire Européen (PPE)
 les partis dominants ne traitent pas ce sujet par les tensions qu’il existe au sein même de ces
organisations // exception = partis pro-européens ou souverainistes
*Enquête sur l’importance de ces questions dans les campagnes nationales (FR/RU) => révèle que la
question est traitée de manière indifférenciée ( +/- selon les périodes ) – 10% des débats concernent la
question euro (MAIS au Ru présence du parti Ukip en faveur de l’indépendance) + aucun groupe
parlementaire n’est fondé sur la question.
2017 : premier candidat qui s’af che ouvertement comme pro-européen et aborde les thématiques par
le prisme européen / sociologie électorale = carte implantation géographique de LREM re ète les
résultats du référendum français sur le traité établissant une constitution pour l'Europe en 2005.
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3) L’adaptation des organisations politiques – Une évolution des catégories de partis
politiques (XIXème – XXIème siècle)
 Rôle de médiation = interface entre les citoyens et la politique.
 S’insèrent dans le processus de socialisation politique en formant par exemple des militants +
visent à structurer la vie politique en présentant les candidats.
MAIS périodes différentes La science politique a tenté de caractériser ces périodes.
a) Une première période de démocratisation de 1880 à 1960
Maurice Duverger : développement des partis de masse au détriment des partis de cadre
- Parti de cadre = parti de notables (essentiellement élus) dotés de ressources nancières qui
n’ont pas besoin de s’appuyer sur beaucoup de militants/ adhérents.
- Parti de masse = parti qui s’appuie sur la population (nbreuse) pour se nancer, leur projet
politique est central et leur permet d’attirer des militants => puissance de l’appareil qui
domine les élus et les militants : encadre la vie des militants et adhérents à travers des
organisation satellites (orga sportives/ syndicats) – partis très structurés (ex : parti fasciste).
MAIS -> NOUVELLE PERIODE
1960 : avènement du « catch-all party » cad parti « attrape tout » :
➔ Organisation qui se détachent d’un segment ou d’une clientèle pour faire un lien direct avec
l’électorat – ex : slogan SPD « parti du peuple tout entier »
➔ Centrés sur les choix rationnels lors du moment électoral -> déclin de la fonct°
programmatiq
1970 : développement du « parti de cartel » Richard Katz et Peter Mair -> crise des partis qui
correspond à la diminution des relations avec les citoyens : baisse très forte adhérents mais
renforcement du lien avec l’Etat et vus comme « semi agent-publics », ils tiennent leur nom de leur
position de dominants qui les pousse à etblir une entente avec des règles qui leur sont favorables.
➔ Grandes lois sur le nancement des parties adoptées et multipliées dans les années 1980
Loi du 11 mars 1988 (réformée 2013) : transparence nancière de la vie politique
➔ Les partis deviennent dépendants du nancement public (env. 40/50% du nancement) + le
montant est établis selon le nombre de voix et députés au parlement (min. 1% // 1 député
dans 50 circ. => éligibilité au n. public)
➔ Les organisations politiques tendent à se professionnaliser (+ salariés) et concernent les
règles de communication et de démocratie de plus en plus
XXIème siècle : essor des « partis plateforme » à rebours des bureaucraties partisanes – « La France
insoumise » / « La République en Marche » s’appellent mouvements.
➔ L’adhésion se fait à travers le numérique
➔ Logiques d’horizontalité = la mise en place de communautés d’adhérents. Malgré cette
logique coopérative, les prises de décisions sont fortement centralisées.
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Marc Millet Licence 1 Semestre 2
➔ Marqués par des des leadership, notamment pour déterminer les candidats.

CONCLUSION
Les partis naissent de la nécessité d’organiser l’exercice du droit de suffrage dans le dernier
tiers du XIXème siècle. La pérennisation de la forme partisane est fondée sur sa capacité de résilience
et son adaptation fonctionnelle dans son rapport avec la société et l’État. La crise de l’adhésion
partisane ne remet pas en cause leur caractère indépassable à ce jour. L’organisation partisane
demeure essentielle pour structurer l’action politique.

BAJARD

Livre V. La politique comme profession

Introduction
Question soumise à des transformations : EM appelle « sa révolution »  comment est née la
politique comme profession ? Conséquences ? Caractéristiques ? L’élection d’EM est-elle une
rupture ?

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 Marc Millet Licence 1 Semestre 2
La professionnalisation politique recouvre des mêmes caractéristiques que les autres professions qui
sont spécialisées, principale et de fait rémunéré. De plus elle nécessité des compétences qui sont
déterminées par les règles juridiques relatives aux conditions d’accès aux professions politiques.
Avènement homme politique moderne 3/3 du XIXème siècle + élection de 1876 est très
signi cative.
Max Weber « Le savant et le politique » : la politique constitué une profession secondaire pour les
grands propriétaires fonciers ou pour les industriels jusqu’au tournant.
 Logique de professionnalisation suppose de « vivre pour la politique et vivre de la politique ».
1) La n de l’amateurisme en politique ou l’avènement de « l’Homme politique
moderne »
a) Les conditions de la professionnalisation
BAJARD
Démocratisation + avènement SU = transformations l’identité du personnel qui se fait élire
 processus de professionnalisation qui transforme les règles électorales « Homo novus » selon
Gambetta en 1872 avec une couche sociale nouvelle de candidats issus de la classe populaire/
moyenne.
Les candidats développement alors des programmes politiques pour attirer leurs électeurs ce qui
entraîne un mouvement global de professionnalisation des candidats = construct° du métier politique.
DE PLUS la législation des libertés publiques est favorable = 1881 liberté de presse permet l’essor
des campagnes – tracter et placarder les af ches  Spécialisation de l’activité politique :
- Spécialisation principale : dissociation fonctions administratives (fonctionnement de l’Etat) et
publiques (conquête du pouvoir)
 Éthique de conviction ≠ éthique de responsabilité des fonct°admin = voie de concours
- Spécialisation fondée sur une rationalisation des pratiques : travail politique + technique
 Évolution du débat politique : organisation du débat parlementaires -> rallongement du travail sur
un sujet pour af ner la spécialisation par la création des commissions permanentes entre 1890 et
1910.
Vème Rép : réduction du nombre à 6 puis augmentation du nombre de commissions à 8 sous NS (≠
25 commissions au Bundestag / Italien/ E-U) MAIS les parlementaires dvlpt des compétences
accrues.
 Augmentation du temps de l’activité politique : les parlementaires siégeaient (FR) que durent deux
sessions puis avènement de la session unique qui s’impose + sessions extraordinaires AN –
proposition de LREM pour mettre n au sessions extraordinaires et à la césure estivale.
 Apparition de la rémunération du personnel politique : les postes permanent des partis politiques
sont rémunérés dans le cadre des partis de masse – 1000 permanent au SPD – considérés comme
fonctionnaires de partis et sont fondamentaux dans la compétition électorale (personnel formé).
 Rémunération de l’activité parlementaire ( con its politiques autour de ce débat en 1789) : pour
éviter de tomber dans une « ploutocratie » et que le pv appartienne aux plus fortunés, rémunération
qui se stabilise sous la IIIème république – « querelle des 15 000 » en 1906 revendicat°
augmentation.
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+ 2017 : campagne de Fillon interroge la rémunération de ces professionnels
Loi pour la con ance dans la vie politique 15 septembre 2017 : modi cation du régime de
remboursement des frais de mandat – justi catifs pour l’utilisation de l’enveloppe d’indemnités
même sir les contrôles restent faibles (tirage au sort) + l’enveloppe augment de 15% en 2020
b) Les mutations de l’activité politique
Bousculement de l’activité politique, mutations des compétences dans ces conditions remplies
1er temps : art oratoire et rhétorique comme critère d’excellence politique
Roberto Michels « Les partis politiques » (début du XXème siècle) : enjeu de la création
des partis politiques => grands discours/ verbe juste sont essentiels comme moyen de
communication.
« C’est principalement sinon exclusivement par le don oratoire que les chefs ont réussi, à
l’origine du mouvement ouvrier à gagner la suprématie sur les masses. » -R. Michels
Début 1950 avènement technocratie et saut qualitatif = l’excellence se fonde sur les compétences
techniques, développement de l’idéologie de compétence (valeurs sociales transposées en politique),
augmentations recours à l’économie et aux chiffres.
+ « l’énarchie » entrée dans le champ politique des diplômés de l’ENA (élite administrative) pour la
modernisation du pouvoir – VGE 1er diplômé à se présenter aux législatives en 1956 – participation
de plus en plus active des énarques à la compétition politique ( cabinets ministériels puis acteurs gvt)
ATT : sur les 4000 élèves seuls 7% rentrent en politique et la maj. ont des postes d’admin. civ. / env.
20 à 30% des membres du gouvernement.
EXEMPLE : Sous EM les 2 gouv d’Édouard Philippe sont managérial (carrière dans le privé) et
hybrides (carrière public)
+ essor fonction auxiliaires au travail politique (métiers qui gravitent autour des partis) :
- Journalisme politique et presse d’opinion au XIXème
- Fonction de communicant : mvt crée autour de 1950 par l’inspiration de Michel Bongrand des
techniques américaines, repris en 2021 avec une campagne riche en techniques
 Ces fonctions sont assurées par des salariés non élus qui ne pourvoient pas les postes mais
participent à la compétition, on retrouve des « entourages » de trois types : permanents politiques /
membres cabinets exécutif / collaborateurs d’élus
Remarque : apparition des collaborateurs d’élus tardive – 1953 : création du poste de dactylographie
qui consiste en la réponse du courrier – 1975 : postes d’assistants parlementaire par Edgar Fauré –
2017 : interdiction de collaborateur de famille suite au scandale Pénélope Fillon par la loi de
con ance dans la vie publique (amende 45 000€ famille proche) – Auj : vu comme poste tremplin
pour travailler dans les cabinets ministériels et aucun niveau de diplôme est requis même si ¼ ont une
licence.
FR : travail de circonscription et de terrain, 1/3 travaillent pour les parlementaires
ALL : chaque membre du Bundestag 5 collaborateurs ( éco/ juristes haut niveau)
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 Marc Millet Licence 1 Semestre 2
MAIS en réalité le milieu s’est enfermé sur lui-même : monopolisation par des professionnels de la
politique qui entrainent une logique de carrière + fermeture sociologique : pro l social des élus peu
représentatif de la population qui vote : « représentation substantielle » qui instaure un critère de
miroir entre les élus et le peuple et doivent re éter les revendications ( pb de légitimité car peu de
représentat°)
2) L’autonomisation du champ politique
 Règles de sélection d’accès à la carrière : lières d’accès à la politique
a) Les lières d’accès à la profession
*notable : personne politique qui appuie son pouvoir sur des ressources extra-politiques ( fortune)
 pratique de la politique dilettante/ en amateur des grands proprio fonciers MAIS disparition à
partir de la IIème république.
MAIS professionnalisation des notables qui transforment leur manière de faire de la politique –
exemple du Baron de Mackau (IIIème) : devient Pr du grp parlement d’Union des droites et réalise
un travail d’assistanat social à travers sa présence sur le terrains, aux élections lèg de 1889 il mène
une équipe de campagne. L’arrivée des couches sociales nouvelles est doublée d’une
professionnalisation des notables. Ces deux processus sont concomitants. La n des notables n’en
était pas vraiment une.
b) Les logiques sociales de sélection à la carrière

≠ trajectoires professionnelles : Clôture sociale de la politique  barrière à l’accès de la scène politique.

1ère lière ascendante : mandat local comme conseiller municipal/ départemental/ régional puis Robert Michels publie en 1911 « Les partis politiques, essai sur les tendances oligarchiques
mandat national – hommes qui disposent d’un ancrage local – lière reprise au « cursus honorum » des démocraties » : accaparement du pouvoir par une petite élite peut être mesurable en identi ant le

BAJARD
très pratiquée sous la IIIème république qui perdure sous la Vème – exemple de Jean-Pierre Raffarin.
2ème lière militante : ascension ascendante précoce (jeune) au sein d’un parti – ne passe pas par la
détention de mandat/ressources sociales/capital culturel donc sont limités – moins diplômés souvent
permanent/collaborateurs avant d’être élu – exemple de Benoît Hamon/Manuel Valls
3ème lière descendante : acquisition de postes au pouvoir central pour ensuite s’implanter
localement – participation aux cabinets ministériels si majorité/ direction de l’organisation si
opposition – élection est secondaire et con rme la carrière de l’individu – capital culturel essentiel
dans le parachutage : apparition sous la Vème république (parti gaulliste) – ATT : le parachutage local
est quand même soutenu par l’origine des députés qui viennent de ces circonscriptions – idéal typique
E. Macron
parti qui se revendique comme une organisation démocratique – ex SPD qui se dit démo mais dont
un petit groupe accapare le pouvoir  Loi d’airain de l’Oligarchie : toute organisation aboutit
irrémédiablement à l’accaparement des postes de pouvoir par une petite minorité
Étude (11 pays) : Entre 1848 et 2000 les chambres basses ont jms été représentatives
 Tendance historique quali ée de « courbe en U » = surreprésentation de la fonction publique :
Années 1860 : 60% des députés ont fait carrière dans la fonction publique
1900 : 20% des députés ont fait carrière dans la fonction publique
Années 1960 : 45% des députés ont fait carrière dans la fonction publique
+ pas les mêmes fonctionnaires à chaque fois : magistats et militaires à la n du XIXème siècle et
professeurs tout au long du XXème siècle (Albert Thibaudet - La République des professeurs en
1927)

b) Le processus de fermeture et d’allongement des carrières politiques
Ces logiques de carrière instaurent un processus de fermeture et d’allongement des carrières :
 Exclusion des non-professionnels dans la logique du primo-sortant qui favorise l’entre-soi – pdt
la IIIème 60% des sortants sont élus + la majorité des députés est maintenue – dernièrement plus de
2/3 des sortants sont réélus -> Hommes politiques se connaissent tous entre eux depuis des décénnies
ATT : en cas de changement de régime la reconduction reste plus faible et en
 les novices sont rares : élections législatives de 1962 7% de novices et 5% dernières décennies
mais cela cordonne avec le fait qu’il faut de plus en plus de temps pour devenir député (env.10 ans)
3) Une clôture sociale de la profession politique
 « Aristocratie élective » : répartition inégale de la représentativité alos que avec la
démocratisation on pensait que le phénomène inverse allait se produire.
MAIS progressivement les catégories populaires ont disparu des chambres basses : 1900-1940 : 15%
élus socialistes alors que 35% de la population est ouvrière – Années 2000 : deux députés ouvriers à
l’AN, élus communistes qui s’étaient professionnalisés – les couches populaires sont tt de même fav.
RU principe de la sélection inversée pour le parti communiste : les individus de milieux
iasés ne peuvent pas candidater
+ disparition des personnes à faible capital culturel des chambres basses
DE PLUS les femmes accèdent tardivement – 1973 : 1,6% femmes AN ≠ 2012 : 26,9% femmes AN
 Augmentation débats = Loi sur la parité juin 2000 instaure l’égal accès de f/h aux mandats
électoraux et aux fonctions électives qui impose une liste divisée à 50% des f/h + alternance noms +
sanctions nancières pour les partis qui n’ont pas 50% des femmes => logique incitative
->mise en ouevre compolique car les aprtis veulent pas prendre de risque à remplacer les
hommes bien implantées par des femmes et donc contournent la loi (surtout droite)

a) La thèse de la « n des notables » ENFIN l’âge des élus est élevé  portrait type député de la Vème avant 2017 : homme caucasien,
quinquagénaire, diplômé du supérieur, longue expérience politique ( mandat locaux/entourage élus)
Daniel Halevy expression « n des notable » en 1930 Il est issu de la fonction publique, de l’enseignement ou d’une profession libérale.
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4) La remise en cause des logiques par les élections de 2017
Remise en cause dans le cadre d’un discours idéologique = nouvelle G de EM en politique qui
s’ancre dans la société  monde entreprise et société pro doit être représenté.
INVERSION de la tendance : + de 70% sont des nouveaux élus / 27% députés novices /23% députés
reconduits (134 /577) / + 38% sont des femmes / l’âge moyen est en dessous des 50 ans.
DE PLUS les E ont une représentation supérieure (200 députés sont actionnaires) et 35 députés sont
issus des « minorités » MAIS catégories socio pro surreprésentées avec 70% des députés diplômés
 Autonomisation du politique vis-à-vis de la sélection sociale mais la clôture politique favorisait
une ascension sociale paradoxalement. En 2017, l’ouverture du champ politique accentue donc la
fermeture sociale = simplement nvlle tendance qui reste à con rmer mais les règles soc. ont pas
changé.
Livre VI. La transition démocratique
Apparition études comparées  1980 étude du changement politique se focalise sur le passage des
régimes autoritaires à des régimes démocratiques.
Guillermo O’Donnel et Philippe Schmitter – 1986 Transitions from Authoritarian rule :
BAJARD
comparaison passage démo en Europe avec les pays sud-américains.
1928 à 1974 : régime portugais dit de « Salazar »
1936 à 1978 : le régime espagnol de « Franco »
1967 à 1974 : junte militaire du régime dit « des colonels » en Grèce
Fin 1990 : anciennes Républiques sœurs de l’ex-URSS ont terminé leur transition
1991 : chute bloc soviétique permet la démocratisation des régimes populaires d’Europe centrale
En 2011, les « printemps arabes » ont réanimé l’étude des phénomènes de démocratisation. Seule la
Tunisie, avait obtenu une démocratie imparfaite mais depuis quelques mois, les prises de contrôle du
président, montre son incapacité à se stabiliser.
BUT : montrer les apports et limites des modèles d’analyses des processus démocratiques
1) Le passage à la démocratie comme analyse de conditions structurelles
a) L’héritage politique et institutionnel (le rapport au passé)
Analyse qui s’inspire du modèle de l’économie politique et qui démontre les dépendances des
processus
> Expression « path dependancy » : impact de la culture et de l’éco sur la scène politique, la
culture démocratique est nécessaire pour que la population soutienne le régime.
Ex : en 1931 la République essaie de s’instaurer en Espagne – la République est éphémère et ne tient que 5 ans –– monarchie
constitutionnelle de la n du XIXème jusqu’en 1923 – beaucoup de fraudes électorales donc régime vu négativement (aucune référence) |
- La durée du régime est signi cative : les régimes autoritaires ont tendance à s’éroder après
quelques décénnies et déclinent avant le processus de démocratisation
Ex : 1989 en RDA la société civile s’est mobilisée – prise de parole des écolos et des églises protestantes –
voix qui s’expriment avant la démo alors que 98% de voix favorables au parti communiste aux élections
locales
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Licence 1 Semestre 2
- Développement de la société civil favorable à la démocratisation : nécessaire temporalité par
des revendications successives et régulières
Ex : le cas polonais (début 1980) le syndicat ouvrier « Solidarnosc » (solidarité) a regroupé jusqu’à dix
millions de membres. Le mouvement a été interdit puis a ensuite participé au mouvement de démocratisation.
Mais la société doit être organisée avec des interlocuteurs -> ref thèse marxiste du rôle de
l’Avant-garde qui serait chargée de guider la masse prolétarienne.
b) Les conditions socio-économiques
Enjeu éco  les dif cultés économiques sont déterminante pour l’effondrement du régime
autoritaire.
Ex : l’arme économique est utilisée pour déstabiliser le régime russe en 2021
> Crise d’approvisionnement : manifestation mécontentement des pop carences
alimentaires
> Le niveau d’endettement entraîne des répercussions sur le marché intérieur avec l’in ation
Thèse 1 : Lien net établi entre départ des dictateurs et ralentissement croissance éco
Thèse 2: la croissance serait un facteur de modernisation et donc de pression du pays, l’accès aux
biens garantit la satisfaction de la population avec l’émergence de demandes post-matérialistes.
Nouvelles analyses : mise en avant du critère psychologique comme critère principal = la perception
de la situation socio-économique des niveaux de vie des populations crée la crise politique
James Davies (1960) : les révolutions politiques naissent dans un contexte de tensions très
fortes : décalage entre les aspirations des populations et la satisfaction de leurs demandes -- « Des
Révolutions risquent d’éclater lorsqu’une période de progrès matériel, tant économique que social,
est suivi d’une brève période de récession aiguë. » - Davies  Modèle « courbe en J inversée » :
fossé satisfactions/aspirations devient intolérable.
Philippe Schmitter : Importance de la situation économique en période de transition et non
forcément celle du régime autoritaire – s’appuie sur le cas portugais ( militaires ont porté la démo) –
selon lui lorque la situation éco est défavorable, il y une tendance de retour en arrière.
La réforme doit-elle accompagner la transition ou est-elle une contrainte qui doit être différée ?
 La réforme économique peut aussi bien être un facteur de transition qu’une contrainte.
ESP : 1931 instauration république accompagnée d’un redistribution agraire pour la consolidation du
régime mais si trop de bousculements il faut attendre.
EU centrale : dynamique positive des réformes éco années 1990 concomitantes aux réformes des
régimes même si des études montrent que la démocratisation est plus tardive.
c) Le contexte international
Guerre interétatique et décolonisation-> déstabilisation du régime autoritaire (impact budget de l’Etat
Ex : En France, le régime du second empire s’effondre à partir de la défaite militaire face à la Prusse.
 « Démocratie par irradiation » = in uence du centre sur la périphérie qui modi e l’équilibre par
la circulation des populations, le contact avec d’autres pop. offre un autre imaginaire.
Ex : in uence des États-Unis sur l’Amérique latine
 « Démocratie par imitation » : passage à la démocratie d’un modèle voisin produit des effets
politiques, modèle repris par le pays d’Europe centrale – « théories des dominos » comme effet
mécanique -> passage démo crée une in uence avec un possibilité d’interférences.
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 Marc Millet
ATT : cette théorie a été remplacée par la théorie de la prise de risque : l’in uence peut ne pas être
ef cace, il faut voir si la mobilisation est possible.
« Doctrine Brejnev » : en cas de crise d’une République sœur, l’URSS interviendrait militairement
+ la démocratisation de la Hongrie crée un espace de circulation et l’effondrement de la RDA est en
partie dû au processus Hongrois.
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La libéralisation peut mener à la démocratie quali ée de « breakthrough of democracy » --
phénomène au cœur de l’enjeu de la transitologie – double tandem : opposition entre modérés (fav à
la démo) et durs / les réformistes s’opposent aux radicaux (favorables à une rupture immédiate)
 La réussite de la démocratisation dépend de qui gagne entre ces quatre acteurs et le succès est lié à
un compromis entre les acteurs.
MAIS le risque de retour en arrière plane tjr donc des initiatives d’éducation populaire ont vu le jour

1) L’analyse de la « transitologie » - Le rôle conféré aux rapports entre acteurs • La consolidation

4 trajectoires à partir de deux critères : acteurs (place des masses/foules) – répression Phase de stabilisation de la démocratie – établissement d’un seuil pour les démocraties
représentatives :
a) Les quatre modes de transition Vision minimaliste :
- La matérialisation des institutions permet la démo ( éléct°/ gouv/parl) – le caractère libéral des
élections distingue la démocratie
Compromis Violence
- L’alternance politique agit comme un gage pour que le pouvoir ne soit pas accaparé – même si

BAJARD
Élites Multilatéral Unilatéral dans certains pays il n’y a pas beaucoup d’alternances
- Samuel Huntington : le désintérêt et rebondissement de la population aux idées politiques
Pacte Transition octroyée marque la démocratie – les mobilisations se tournent vers un d’autres thèmes comme les
questions économiques et sociales – distanciation marquée par l’abstention.
Masse Réforme Révolution - Les surmontassions des pressions autoritaires marque la consolidation – résistance du retour
aux pouvoir de l’extrême droite ou des marxistes.
Sans coercition Usage de la force
1ère trajectoire : : transition par accord entre les élites = négociations entre les gouvernants – modèle Vision extensive :
qui se caractérise par le compromis comme prévention à la violence – processus de démocratisation - Le « paradigme transitologique » comme idéologie/ outil au service des institutions – les
qui n’inclus pas les masses  processus de pacte conclu pdt les rencontres. politologues sont érigés comme des conseillers en transition démocratique – les phase de
2ème trajectoire : intervention des citoyens comme « forces contestataires » : mobilisations collectives démocratisations deviennent des passages obligatoires
Ex : manifestation du 17 novembre 1989 en Tchécoslovaquie / ALL : cas hybride Ex : Fonds monétaire international et l’Organisation mondiale du commerce
3ème trajectoire : démocratie octroyée, imposée par le haut et par la force = coup d’Etat militaire, - Modèle occidentalo-centré : certains pays ne peuvent pas appliquer ce modèle ( pas de
Ex : Portugal « révolution des Œillets » presse/ société civile) – pays d’Asie ou d’Afrique ou transition démocratie n’a pas
4ème trajectoire : transition liée à des actions violentes contre le pouvoir sans compromis fonctionnée.
Ex : première révolution russe en février 1917
Philippe Schmitter : transition est « l’intervalle entre un régime politique et un autre » c) L’analyse des régimes hybrides – Le modèle de l’autoritarisme compétitif
Le modèle de la « transitologie » a essayé de déduire des phases.
« Zones grises » : régime qui mêle dispositifs de l’autoritarisme et de la démocratie mais le pv est
b) Les phases de la transition concentré  émergence de démocratie à adjectifs : illibérales/ coercitives / dénégative où les
pouvoirs sont concentrés dans les mains de l’exécutif=> régime transitoire qui s’est stabilisé avec les
• La libéralisation élé autoqui restent centraux. Ex : absence de droit de vote des minorités – instance de contrôle
Ouverture partielle du système : nouveau moyen d’expression et levée de la césure religieux
Ex : Gorbatchev mène la Glasnost pour plus de transparence / Perestroïka
 Verrou mental saute et diminue la peur => lien entre libéralisation et démocratie : la libération Seven Levitsky et Locan A. Way - ouvrage sur le régime hybride où la dévolution du
permet la diminution de l’arbitraire et la coercition décroit en même temps que la militarisation pouvoir est bien organisée par les élections
s’estompe MAIS ce processus ne s’accompagne pas forcément d’un gain de libertés !!! ➔ Responsabilité politique engagée par le processus électoral
Ex : nouvelle politique en URSS est une parenthèse et est suivie de la répression ➔ Apparences du régime démocratique « régime civil dans lequel les institutions
démocratiques formelles existent mais ne sont pas démocratiques du fait des règles du
• La percée démocratique inégales qui favorisent le pouvoir en place ».
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 Marc Millet Licence 1 Semestre 2
➔ L’opposition sous contrainte : accès faible aux outils de communication : l’opposition
russe est éclatée et pas cohérente
➔ Idée de pop : personnalisation extrême des dirigeant qui permettent résoudre les crises,
leadership qui est octroyé par des élections même si la compétition politique est fortement
inégale – forces de coercition pas encadrées avec notamment des arrestations d’opposant.
Ces régimes se situent dans un entredeux durable.
d) Le modèle des vagues révolutionnaires (XVIème - XXIème siècle)
Les processus révolutionnaires ne sont jamais anticipés (analyse a posteriori)
Colin Beck : toute analyse est fondée sur une conception nationale -> il faut produire une
correspondance des facteurs – la vague révolutionnaire survient le plus souvent dans le cadre de
« système d’Etats » = échanges économiques, démographiques, culturels, idéologique qui
déclenchent les révolutions « évènements culturels profonds » – contradiction entre modèle de
BAJARD
gouvernance mondiale qui domine face à des pratiques locales.
Vagues révolutionnaires comme vagues d’expansion culturelle (démocratique) -> étude de Colin
Beck entre 1492 à 1992 : identi cation de 12 vagues rév / 56 situations marquantes/ et trois très
illustratrices :
Il quali e 56 situations révolutionnaires qui ont marqué l’histoire. Trois vagues sont particulièrement
➔ « Révolutions dites Atlantiques » (Jacques Godechot) =>évènements révolutionnaires en
Amérique Latine avec la Révolution française : traités philosophiques/ écrits scienti ques
➔ Révolution par les aspirations nationales et politiques des peuples (1848)
➔ « Printemps arabes » : mobilisations transnationales par l’action d’acteurs sub-nationaux
Ex : même personnes présentes aux places de mobilisations de différents pays
CONCLUSION
 La typologie classique des régimes politiques mérite d’être revisitée : démocratie représentative/
les régimes autoritaires (compétition n’impacte pas la dévolution du pouvoir et la coercition) /
systèmes totalitaires (1930 à 1953) / « régimes hybrides » stabilisés entre démocratie et
autoritarisme.
Livre VII. Nouvelles familles et tempéraments politiques
Chute adhérents partis/ faibles enjeux doctrinaux et idéologiques/ questionnement des rapports de la
société par rapport à l’environnement et rapport à l’Etat pendant le Covid / disparition des courants
des droites d’Etat comme le gaullisme  renouvellement de la théorie politique et l’histoire des idées
- Histoire conceptuelle : compréhension de la politique et de la construction des doctrines
(Pierre Rosanvallon)
- Histoire contextuelle : appréhension de l’histoire des idées uniquement à l’aune des
évènement politiques (Quentin Skinner) – prise de connaissance de l’intention des acteurs
dans la création d’idées plus que les concepts eux-mêmes
- Histoire sociale : appui sur l’environnement social et économique pour la description des
courants qui produit des effets sur les idées politiques.
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Au conservatisme (Angleterre) et au libéralisme politique (années 1830 en France) s’ajoute la social-
démocratie  trois socles ont organisé la vie politique mais sont en crise aujourd’hui
Ex : transformation de la gauche modérée par un nv courant international « l’Alliance
Démocratique »
1) La radicalité en politique comme nouveau rapport au peuple
Le rapport aux extrêmes gauche/droit à fait débat => apparition des « partis populistes ».
a) L’enracinement de l’extrême-droite post-industrielle
Après WW2 : disparition quasi-totale de l’extrême droite et très peu structurée électoralement
Années 1980 : émergence dans le démocraties occidentales (FN en France/ Republikaner en ALL)
 Présence dans 2/3 des pays de l’UE avec des scores électoraux notables (seuil franchi en 2014 aux
élections européennes en France et Danemark) et implantés dans les coalitions de neuf pays en
Europe centrale et orientale (coalition Ligue et droit modérée en Italie)
 Pays imperméables : immunité en Espagne et au Portugal, est la règle face aux courants radicaux
Familles ≠ d’extrême droite :
- Groupuscules néo-fascistes : courants d’avant-guerre et relativement modestes – souvent
interdits auj. (Fr : les lois de dissolution) – moyens d’actions comportant la violence.
- Extrême-droite post-industrielle : organisations diverses -> la quali cation de ces courants a
mis du temps
 « Droite radicale » : courants ultra-conservateurs des Républicains spéci ques aux E-U
faisant référence au courant Maccarthysme (1950) basée sur l’opposition au communisme.
 « Parti national populiste » : utilisé par des universitaires pour les partis de l’avant-guerre :
courant qui accepte la démocratie représentative en passant par les urnes – ne prônent pas
l’usage de la force pour l’arrivée au pouvoir – favorisés par les courants post matérialistes et
par la situation économique et sociale (choc pétrolier et U)
Ralph Dahrendorf défends grâce au clivage entre « société ouverte » et « société
fermée ».
MAIS vision erronée : les partis se fonde sur des enjeux identitaires et non-éco, se basant
sur le rejet de l’immigration extra-européenne/ rejet structures supranationales/ rejet islam
(récemment) => Pays-Bas parti des Libertés Coran « d’ouvrage comparable à Mein
Kampf ».
EN OUTRE il existe différents modèles européens :
- Groupe « Identité et Démocratie » : FN/ ligue / PVV
- Groupe « des conservateurs et réformistes euro » : eurosceptiques Vox d’Espagne/ pro-Brexit
 Ces groupes ne privilégient pas tous le même rôle de l’Etat pour la régulation sociale et
économique
Ex : le parti populaire est favorable à l’Etat providence et est anti-immigration alors que le parti
Independance party UK est anti-immigration et libre-échangiste / JM le Pen appelle à limiter
l’interventionnisme
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Marc Millet Licence 1 Semestre 2
Fareed Zakaria (journaliste) : exprime l’avènement de l’illibéralisme -> régimes spéci ques
qui ressemblent mutatis mutandis, aux régimes hybrides donc des démocraties illibérales
≠ oppose à la thèse de la « n de l’histoire » par Francis Fukuyama : la démocratie représentative
libérale n’est plus concurrencée par d’autres régimes politiques – modèle universel qui se détahe de
certains modèles religieux ou communistes qui ne sont pas universels – critique de sa thèse qui serait
ethnocentrée : démocratie illibérale rejette la démocratie libérale comme n de l’Histoire
*Illibéralisme : possibilité aux démocraties d’exister sans le primat libéral, présence d’un pluralisme
politique, une partie des libertés est nécessairement limitée par la suprématie de la concept° politique
 Vision téléologique : la nalité l’emporte sur le fonctionnement effectif, le juste et les libertés
individuelles sont secondaires face au « bien commun » -- dé ni par le leader qui limite les lib.
Force politique contre le constitutionnalisme et l’Etat de droit : souveraineté du peuple, électorale,
s’oppose à l’État de droit et le citoyen est opposé au juge.
 Tradition nationale fait primer les valeurs individuelles : drts jamais universels mais contextualisés
BAJARD
Edmond Burke reprend cette lecture s’oppose à la RF car elle fait primer des drts
universels
*Parti anti- scaliste (Parti du progrès) : contre la scalité trop forte
*Les nationaux-conservateurs : défense de l’économie de marché – capitalisme patriotique
conservateur face aux questions sociales et sociétales – tradition de L’Etat-protecteur (FN).
*Le nationalisme-séparatiste : volonté d’indépendance et d’autonomie (Ligue du Nord)
*Les eurosceptiques : anti-immigration (vrais Finlandais)
b) Le renouveau de l’extrême-gauche – La gauche « anticapitaliste »
Repositionnement des mouvements communiste suite à l’effondrement de l’URSS  deviennent des
courants non plus révolutionnaires mais radicaux appelés « anti- capitaliste » – refus du compromis
entre l’Etat et le marché mais accepte a démocratie représentative
1er courant : « courant des héritiers » correspond aux partis communistes / petits partis avec une
orthodoxie marxiste qui considère essentielle la révolution prolétarienne – - de 10% aux élections lèg.
2ème courant : modèle de l’alliance rouge et verte : courants anciennement communistes qui se sont
alliés aux courants écologistes – mvt parti de l’Europe du Nord (refondation de l’idée communiste et
environnaliste) – modèle qui se diffuse avec l’intégration européenne et rencontres au parlement : les
partis écolo étaient opposés à l’intégration euro ( aile gauche) et s’allient avec les partis réformateur
communistes du Parlement – Groupe écolo classique : gauche radicale et gauche verte nordique
3ème courant : courant de la gauche de la gauche : scission entre social-démocratie et gauche modérée
4ème courant : « Mouvement social » = gauche libertaire appuyée sur la société civile et asso/
syndicats ; mouvement communistes appuyés sur classe moyennes et étudiants – idées
altermondialistes.
⇨ Ces extrêmes gauches se sont implantés de façon extrêmement variée. De l’après-guerre à
2009, des études donnent une vision de l’évolution de ces mouvements. Dans l’Europe du
Sud, la moyenne électorale des concurrents à la sociale démocratie s’est maintenue vers
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20% tandis qu’en Europe continentale ce chiffre a rencontré des dif cultés à dépasser les
5%.
e) Le populisme – Une catégorie générique ?
 Le populisme est un trait de discours mais il est possible de dresser le pro l d’un parti populiste
• Le populisme des anciens : en faveur du peuple s le pouvoir est accaparé par une élite dans
le cadre d’un régime autoritaire – présent dans les sociétés agraires avec services peu
developpés ( RU/Amérique sud) – socle en russie qui dessine des véritables programmes rev.
• Le populisme des modernes : vertus du peuple contre les élites et dépends de l’existence de
la démocratie – primauté du peuple sur toutes les autres formes d’expression – contre
démocratie représentative + rhétorique de dé-légitimation des acteurs politiques traditionnels
– slogans simples et mouvement personnalisés avec leadership fort.
=>Point commun : conception exclusiviste du peuple qui caractérise ce mouvement – à droite peuple
fondé sur la logique ethnique et identitaire ≠ à gauche peuple comme demos donc classe sociale
soustrayant le plus bourgeois.
2) De nouveaux courants politiques
a) L’écologie politique
Idée d’écologisme pour souligner un courant à part entière à l’instar du socialisme
Ernst Haeckel est le premier à utiliser le terme écologie 1897
- 1ère « pensée verte » : la pensée scienti que a alerté quant à la limite des ressources naturelles
(pensée diagnostic) – 1972 : Rapport Meadows dans le cadre de l’OCDE – impact
démographique « bombe P » en 1968 – origine de la pensée catastrophiste et de la
collapsologie qui prévoit l’effondrement de libertés  conservateurs contre la croissance et la
sur-conso
- 2nde « pensée verte » : pensée social-libertaire fondée sur la critique du dvlpt politique –
moins techniciste mais met en cause la société industrielle – Ivan Illich suggère un modèle de
convivialité pour promouvoir les liens sociaux – principe de précaution Hans Jonas pour
prévenir des risques incertains
- 3ème « pensée verte » : la pensée personnaliste pour restituer l’individu dans son evt –
favorable au développement humain dans son environnement – Jacques Ellul ré exion sur la
relation entre science et nature et pour la promot° des « zones à défendre occupées pour
empêcher l’altération du vivant.
Quelle est la structuration de l’écologie politique ?
• Le courant plutôt libertaire (mai 1968) et courant plutôt environnementaliste (défense de
la faune et de la ore) => trajectoires nalement similaires avec l’apparition d’une écologie
électorale = apprentissage électoral des écologistes par la participation à la compétition
éléctorale de groupes d’intérêts -> création de coalitions « biodégradables »
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Marc Millet Licence 1 Semestre 2
➔ René Dumont 1974 premier écologiste à se présenter aux élections présidentielles (2%)
Les courant écologistes se caractérisent par
- Refus de l’organisation = rebours du parti traditionnel : pas de leadership ni poste de
direction/ contraignent à la stratégie politique / différents porte-parole / pas de
personnalisation du chef de l’Etat + égalité femmes/hommes
- Procédure délibérative = décisions prises à l’issue de discussions argumentées -> congrès
interminables, problème d’effectivité
Ils oscillent dans la stratégie du positionnement politique :
- Stratégie de l’indépendance : refus du clivage gauche-droite pour former un courant ad hoc
- Mouvement libertaire qui s’ancre à gauche contre le capitalisme
FR : 1984 à 1994 les verts choisissent l’indépendance / 1990 : ancrage à gauche durable
 Peut conduire à des tensions politiques et scissions + les résultats électoraux sont aléatoires :
jamais plus de 5% nationalement et 13% aux européennes
 Peut conduire à des alliances gouvernementales hétérogènes : Allemagne alliance CDU et verts
• BAJARD
Courant de l’écologie profonde « deep ecology » : homme n’a pas de droit supérieur sur les
autres espèces – courant anti-spéciste qui refuse la supériorité de l’Homme – oragnisations
comme l’Earth rt au RU
Etude 1960 -2010 : les parti traditionnels reprennent des thématiques écolo favorable électoralement
– appropriation par la gauche (en premier) et la droite purement stratégique – les partis traditionnels
captent cette thématique quand ils sont en danger
b) Les courants modérés et progressistes
Courant modéré et progressiste : mouvement propre à l’Europe => courants qui se veulent être des
nouvelles forces : luttes contre la corruption avec la loi pour la con ance dans la vie politique adoptée
en 2017 et tous pro-européens – Centre droit implicite => boutures du libéralisme du centre droit au
niveau européen donc pas une nouvelle famille politique
 Adhèrent au même groupe parlementaire Libéraux et démocraties d’Europe (ALDE)
Ex : LREM adhère et pas les partis de la gauche modérée
 Au niveau national le courant est niveau – conception Saint-Simonienne (scinece)
 Logique entrepreneuriale (= libéraux britanniques Whigs)
Conclusion
L’extrémisme politique dé nit une véritable « galaxie radicale ». Des extrémismes
relativement différenciés coexistent au sein même des courants de droite et de gauche. La logique
« populiste » dé nit un rapport fermé au peuple, un peuple-frontière. Le macronisme un « courant »
encore incertain s’étant limité pour l’instant à recomposer le centre droit bien que visant l’avènement
d’un nouveau
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Livre IX. Action collective – La violence politique
La violence politique a connu un renouveau dans les actions collectives. Le mouvement des
Gilets Jaunes, mouvement social cyclique, est parti de revendications anti- scalistes en novembre
2018. Cette mobilisation de 250 000 personnes en moyenne intervient sur trois lieux : les ronds-
points, les lieux de prestige et de pouvoir comme les Champs-Elysées et les centre urbains. Le
recours à la violence est un phénomène relativement faible dans les actions collectives de la période
contemporaine. Environ 5% des manifestations dans les années 1980 sont des actions collectives
violentes. Les chiffres sont à peu près équivalent sur la même période dans les pays voisins. Or avec
les Gilets Jaunes, plus de 43% des manifestations ont été violentes. Le mouvement des Gilets Jaunes
a été le mouvement le plus violent depuis l’Après-Guerre. Cela s’inscrit dans un usage accru à la
violence.
Une équipe de chercheurs a examiné l’usage de la violence de 1986 à 2017. Plus de 6000
actes ont été décomptés lors des mobilisations syndicales. Plus de 40% des violences socio-
professionnelles en manifestations ont eu lieu depuis 2014. Le terrorisme djihadiste qu’a connu la
France peut faire l’objet d’analyses explicatives. La violence politique peut être quali ée comme une
atteinte aux biens et aux personnes menées par l’Etat ou établies par des groupes protestataires qui
entendent agir contre l’Etat. Les violences de groupes en con its vis-à-vis d’un ordre de vie sont
susceptibles de produire des effets sur la société.
Xavier Crettiez a dégagé une typologie des dimensions de la violence politique. La
violence instrumentale, première dimension, est une action collective qui utilise la violence comme
une ressource en vue d’atteindre un objectif. La violence passionnelle, seconde dimension, résulte
d’une émotion et est par conséquent abrupte. Elle survient lors de la dérive d’un processus et fait
référence à des passions. Des manifestations paci ées se transforment en émeutes.
Ce type de violence en action collective a été caractérisé dès la n du XIXème siècle par
Gustave le Bon dans Psychologie des foules qui paraît en 1895. Son ouvrage n’est pas scienti que.
Son essai n’intervient pas dans le cadre de la sociologie naissante. L’ouvrage a quali é un certain
nombre de processus. Gustave le Bon a un avis extrêmement critique des logiques émeutières et
prend une position politique contre l’entrée des masses en politique. Il s’oppose aux syndicats, aux
partis de masse. Il est souvent cité pour avoir insisté sur le phénomène de contagion des violences
passionnelles. Ce phénomène mimétique conduit certains individus à copier les comportements
violents de d’autres individus. Il relève l’importance des meneurs, qui seraient aujourd’hui appelés
entrepreneurs de violence, de radicalité qui essaient d’orienter les manifestations.
« La foule est un troupeau qui ne saurait se passer de maître. »
- Gustave le Bon
La violence identitaire assigne une identité disquali ante à des populations subissant la
violence explique Xavier Crettiez qui l’illustre par le massacre des Tutsis par les Hutus au Rwanda.
Une identité peut être érigée par la violence. Le recours à la violence forge l’identité des acteurs tels
que des groupes terroristes indépendantistes. Le groupe terroriste séparatiste basque, ETA, et les
suprémacistes blancs aux Etats-Unis s’inscrivent dans cette logique.
La violence est un moyen pour faire pression sur le pouvoir. Donatella Della Porta a retenu
deux critères pour quali er l’usage de cette violence. La première variable, celle de l’organisation, et
la seconde, celle du degré d’intensité de la violence, donnent un panorama de l’usage de la violence
comme action collective. Le premier type de violence, inorganisée de bas niveau, correspond aux
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 Marc Millet
manifestations violentes lors de marches de rues. Le deuxième type de violence, organisée de bas
niveau, se retrouve auprès des types d’intérêts. La violence de haut niveau comme les émeutes est
inorganisée contrairement au terrorisme qui est organisé.
Il s’agira de déterminer les modalités de la violence protestataire, d’examiner la
spécificité du terrorisme djihadiste, et de présenter des modèles explications du
recours à la violence politique.
1) La violence protestataire – Conditions et modalités
Cette violence d’interpellation vise à interpeller l’Etat et à faire pression lors de
négociations. Cela correspond au moins à trois des quatre types relevés par Donatella Della Porta.
Elle est utilisée par les mouvements sociaux pour faire pression sur l’Etat. Elle peut être portée par
des groupes d’intérêts comme les syndicats dans des processus de revendications. Plusieurs sources
pèsent et induisent cet usage de la violence. Une menace qui pèse sur le statut d’un groupe dans son
environnement, par exemple quand une activité socio-professionnelle est en péril, amène des
Licence 1 Semestre 2
Ted Robert Gurr a détaillé ce modèle dans Why men rebel ? en 1970. Il considère que la
violence est liée au degré de frustration partagé au sein d’une société ou d’un groupe social. Il
approfondit le modèle de Davies sur les révolutions. Il estime que plus le sentiment de frustration est
fort, plus la probabilité d’une action collective violente est forte. La frustration individuelle devient
collective. Elle résulte d’un décalage entre les aspirations légitimes d’un groupe et la capacité, la
réalisation de ces attentes par ce groupe. Son modèle est théorisé comme le modèle de la frustration
relative. Cette frustration est relative s’agissant d’un sentiment. Ce sont rarement les populations les
plus paupérisées qui se révoltent mais plutôt des personnes précarisées. Les populations insatisfaites
se révoltent. De plus, la frustration se réalise par comparaison. Les individus dénoncent ce qu’ont
obtenu d’autres groupes sociaux. Les mobilisations de commerçants et artisans sont intervenues en
1954 après celles des fonctionnaires en 1953.
La dynamique de frustration est alimentée par le pouvoir d’achat, la condition matérielle
mais aussi par la prise de conscience de la faible capacité à impacter le pouvoir politique. Gurr
évoque la frustration du déclin ou la frustration de crise. Ce premier cas de gure suppose que les

BAJARD
individus à être violents.
Ex : viticulteurs lorsque les exportations de vins ont diminué – Hérault | les métallurgistes dans les
années 1980 en France et au début du mandat de Margaret Tchatcher au Royaume-Uni
Le type de revendications peut être source de recours à la violence. Lorsque les revendications sont
inacceptables, intransigeantes, les acteurs publics et privés ne peuvent les accepter. Deux tiers des
mobilisations violentes relèvent de cette hypothèse.
Ex : destruction d’emplois – reprise de l’activité
Certains groupes sociaux ont une culture ou une tradition de la manifestation violente. Se rejouent
historiquement de manière cyclique les évènements fondateurs du groupe.
Ex : groupes d’intérêts tel les mouvements étudiants qui rejouent le mythe fondateur de Mai 68 avec
des blocages
La tradition anti scaliste, forte chez les commerçants et les artisans a conduit à la montée du
poujadisme à la n de la IVème République. Pierre Poujade incarne ce refus des contrôles scaux au
sein de l’UDCA qui sera le fer de lance du mouvement poujadiste. Ce mouvement a recours à des
violences émeutières en séquestrant de collecteurs d’impôts. Après cette mobilisation violente, le
mouvement présente des candidats aux élections législatives. De nombreux députés sont élus dont
Jean-Marie le Pen. Le jeu électoral est acceptée. Cette tradition réémerge régulièrement comme lors
du mandat de François Hollande.
Quatre groupes ont un fort potentiel d’usage de la violence de négociation. Les agriculteurs
notamment les éleveurs et producteurs de lait ainsi que les marins pêcheurs sont particulièrement
mobilisés sur ce terrain. Les indépendants dont l’activité est en déclin parmi lesquels les artisans et
commerçants font pression si leur activité est menacée. En n, les groupes à tradition con ictuelle
comme les mouvements étudiants et les groupes séparatistes revendiquent l’accès à des droits
spéci ques. Le mouvement corse se réactive de manière récurrente.
Pourquoi ces mouvements de violence interviennent-ils à ces moments précis ?
2) Les conditions de l’engagement dans la violence protestataire
De nombreux travaux ont tenté d’expliquer les raisons d’engagement dans la violence
protestataire. Plusieurs modèles explicatifs ont été mis aux jours.
a) Le modèle des ressorts psycho-sociologiques
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aspirations et les attentes sont plutôt stables mais que la réalisation obtenue décline. Cette frustration
prend place dans un contexte de crise pour un groupe social spéci que. Les personnes précarisées ne
se sont pas mobilisées en 2018 lors du mouvement Gilets Jaunes. Les sociologues parlent de budgets
contraints pour ces personnes dont la situation s’est dégradée. Une enquête a été réalisée in situ pour
arriver à une coloscopie du mouvement. Les mobilisés ont un revenu médian supérieur à celui
médian de la population française. Très peu de personnes issues des quartiers populaires ne sont
présentes.
Dans le contexte de frustration des attentes, le pouvoir d’achat ne baisse pas. Ce que
souhaite le groupe social augmente. Ce modèle correspond à un modèle d’aspiration. Cette situation
est parfois occasionnée lors d’une période de croissance économique ou de réforme économique. Les
agriculteurs utilisent la violence au début de la Vème République pour protester en saccageant des
préfectures. Le pic a eu lieu en 1973. Les émeutes sont régulières. La situation économique des
agriculteurs ne s’est pas améliorée au début des années 1980 alors que les violences cessent. En
réalité, dans les années 1960 les grandes lois agricoles de remembrement conduisent à la disparition
de la paysannerie. Avec l’augmentation des rendements, les agriculteurs prennent connaissance du
décalage entre leur niveau de vie et celui des populations urbaines. Par ailleurs, l’exode rural massif a
conduit à des revendications de reconnaissance sociale. Dans les années 1970, les attentes sont bien
moins fortes. En réalité, alors que les attentes ont augmentées, les violences étaient importantes.
La frustration de rupture donne naissance aux situations les plus violentes comme
l’explique la théorie de Gurr. Tandis qu’avant la croissance de la réalisation des attentes était similaire
à celle des attentes, des dif cultés conduisent à ce que la réalisation décline. Cette situation
correspond à la « courbe en J inversée » produite par Davies qui soutient que les révolutions
politiques naissent dans un contexte de tensions très fortes. Le mouvement indépendantiste basque
Euskadi ta Askatasuna, qui a existé de 1959 à 2018, se montre le plus violent lors de la transition
démocratique avec deux cents assassinats en trois ans. Jusqu’alors ce chiffre s’élevait à quelques
dizaines par décennie. Le mouvement est désavoué du fait de l’usage de la violence alors même qu’il
s’était battu contre le franquisme avec acharnement. À l’absence de reconnaissance sociale s’ajoute
l’absence de reconnaissance institutionnelle.
Gurr insiste également sur la justi cation de l’usage de la violence. Pour que la violence
politique soit utilisé il faut qu’elle soit légitimée relève-t-il. La justi cation normative nécessite que
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 Marc Millet Licence 1 Semestre 2
la violence soit justi ée par des normes morales, des doctrines politiques, des valeurs sociales. La
justi cation utilitaire rend possible la violence en en montrant les effets positifs. Toutefois ce modèle
reste assez théorique et est fondé sur des éléments subjectifs pour dé nir la variable pertinente
d’autant plus que toute violence peut être justi ée par une frustration.
b) La structuration sociale de la con ictualité
Anthony Oberschall publie l’ouvrage social con ict and social movements en 1973. Les
auteurs américains n’a pas été traduit alors même que bien de ces explications ont été reprises.
Oberschall cherche à comprendre les mobilisations collectives. Son objectif est bien plus générique.
Il entend découvrir ce qui détermine le choix de la violence. Aussi s’intéresse-t-il à la strati cation de
la société. Il retient deux variables. La première, le degré de structuration dans la société vise à
mettre en exergue les liens entre les communautés, les organisations. L’importance des associations et
du tissu associatif dans la paci cation de la société est mis au jour. Le second indicateur important, le
degré de cloisonnement de la société ou de segmentation de la société s’intéresse au lien entre d’un
côté les élites, les gouvernants et de l’autre les groupes qui composent la société. La capacité des
BAJARD
populations à faire remonter leurs revendications importe dans cette perspective verticale. Ce
cloisonnement de la société n’écarte pas tout lien entre les groupes sociaux dans cette logique
verticale.
Ces deux dimensions permettent de distinguer six situations. Ce modèle précise les modes
d’action collective dans un système politique et permet de comprendre les formes d’action collective
dans les différents secteurs. Il est possible d’identi er les cas où l’action collective est violente.
Lorsqu’une société est très organisée, les revendications sont facilement portées. Plus la con ictualité
est structurée et plus se réduit la potentialité de violence. Lorsque des relais existent avec le pouvoir
et que des organisations canalisent la violence, celle-ci est minime.
Ex : service d’ordre des syndicats
La probabilité d’usage de la violence est augmentée en situation d’absence de relation directe avec le
pouvoir et de faible de gré d’organisation. Plus généralement, en société segmentée, les mobilisations
protestataires sont nombreuses, fortes et structurées.
Dans les années 1960, aux Etats-Unis, les mobilisations contre les lois ségrégatives sont de
deux natures. Dans le Midwest et dans le Nord du pays, la violence a été prégnante contrairement au
Sud où la violence était minime. Cet élément peut semble paradoxal étant donné que les Etats du Sud
étaient davantage ségrégatifs. À Détroit et à Chicago de grandes émeutes ont eu lieu en 1967. Or
Oberschall constate que le maillage associatif est faible dans le Nord contrairement au Sud où une
classe moyenne afro-américaine s’est constituée dans les villes. Martin Luther King ainsi que
l’Eglise protestante ont également participé à contenir les débordements au Sud.
En France, une des caractéristiques inédites du mouvement des Gilets Jaunes a été
l’absence d’organisation. Ce mouvement horizontal n’a pas été épaulé par des syndicats qui n’ont en
rien encadré les manifestations. Les participants se coordonnent entre pairs, notamment via des
groupes Facebook. En outre, les participants sont pour l’essentiel des primo-manifestants. Ces
nouveaux acteurs de l’action collective représentent 46% des participants sur les ronds-points et 49%
dans les manifestations. Ce chiffre ne tombera jamais en-dessous d’un tiers par la suite.
c) Le rôle des interactions avec les forces de maintien de l’ordre
Cette question a été extrêmement renseigné par la littérature américaine depuis les années
1970. La violence n’est jamais prédéterminée. La violence est processuelle. Le processus crée la
violence au cours de la mobilisation. En démocratie, la violence d’Etat est un enjeu particulièrement
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important. Lors de la naissance des régimes démocratiques, l’ordre prime sur la liberté. La question
de l’ordre est premier dans la manière de gérer les libertés. En France, sous la IIIème République, les
populations ne sont pas perçus par les gouvernants comme des citoyens mais comme une foule
agissante. Les dispositifs de maintien de l’ordre public sont con és aux forces de sécurité.
Les mobilisations sont particulièrement réprimées, aboutissant à des décès. En France, en
1891, à Fourmies, des conscrits de l’armée gèrent le maintien de l’ordre. Ils tirent sur la foule, tuant
des dizaines de manifestants qui réclament la limitation de la journée de travail à huit heures. Le
mouvement de paci cation est d’abord parti du Royaume-Uni. La violence d’Etat est paci ée autour
de la spécialisation et de la professionnalisation des forces de maintien de l’ordre. L’armée est
dissociée de la police. La protection de l’intérieur du territoire est séparée de la défense de l’intégrité
des frontières. Dans les années 1920 sont ainsi mis en place les Pelotons de Gendarmerie mobile
(EGM). Les Compagnies républicaines de sécurité (CRS) sont créées quant à elle à la Libération, au
retour à la démocratie en 1944.
Se développe alors le modèle de maintien de l’ordre à la française. L’emploi de la force est
limité. La possibilité du maintien de l’ordre est rendue visible. La force est montrée pour ne pas avoir
à l’utiliser. La paci cation est privilégiée en nouant des liens en amont des mobilisations. De plus,
des exactions sont laissées dans des zones tampons pour éviter des faits plus graves. Un changement
est intervenu au tournant du siècle, au début des années 2000. La violence au sein des manifestations
croit alors. Du côté des manifestants la violence a été réactivée avec la résurgence de la participation
d’entrepreneurs sociaux. Les black blocks, mouvement anarchiste, atteignent les biens. La
manifestation est également pratiquée par des personnes expérimentées. Ils ne connaissent pas les
règles du maintien de l’ordre. L’usage des forces de police classique s’est accentué dans le cadre du
maintien de l’ordre. Les Brigades anticriminalité (BAC) sont mobilisées pour encadrer les
mobilisations. Les pratiques sont assez contrastées selon les forces de police. Durant le mouvement
des Gilets Jaunes, le dispositif des lanceurs de balles de défense, qui peut conduire à des
éborgnements et des invalidités graves, a été utilisé seulement dans 7% des cas par les corps de
maintien de l’ordre habituel.
d) Le modèle de la violence politique stratégique
Ce modèle considère que ce qui compte avant tout est l’usage instrumental de la violence.
La violence procède d’un choix rationnel. L’avantage est comparé aux coûts. Selon les facteurs
politiques, la violence sera choisie ou non. La violence suppose qu’il soit mis à l’agenda politique des
thématiques ou des intérêts. Il est imposé au politique le traitement d’un problème public. La violence
vise les médias. Les participants sont conscients que la violence s’accompagne d’une médiatisation.
L’usage de la violence est modélisé en considérant que moins les revendications sont prises en
compte et moins il y a de relais institutionnel et moins le risque de l’usage de la violence est fort.
Contrairement à ce modèle fermé, lorsque les revendications sont prises en compte, les
logiques de violence baissent. Les mobilisations anti-nucléaires dans les années 1970 ont ainsi été
paci ées dans certains pays et violentes dans d’autres. En France, dans le Larzac, des violences
conséquentes ont eu lieu.
3) La violence terroriste – Le terrorisme fondamentaliste
La violence terroriste a connu un grand essor en France depuis une décennie. Les actes
terroristes visent à blesser ou tuer des civils ou des populations non combattantes a n d’intimider une
population pour contraindre un gouvernement ou une organisation internationale à agir ou à ne pas
21
 Marc Millet Licence 1 Semestre 2
agir. Le terrorisme a une nalité politique, s’appuie sur la peur et constitue une pression indirecte sur
le pouvoir. La cible et la victime sont dissociées.
Le djihadisme appartient terrorisme de type fondamentaliste. Ce type de terrorisme n’est
pas propre à l’islam radical. Ce terrorisme fondamentaliste connaît une résurgence depuis les années
1980. Ce terrorisme fondamentaliste est particulièrement violent. Non transactionnel, il ne s’inscrit
que très faiblement dans une logique de négociation. Dans le monde, 8% des actes terroristes sont
fondamentalistes alors que 30% des victimes du terrorisme sont visées par le fondamentalisme.
a) Le djihadisme comme phénomène polymorphe
Multiple, ce terrorisme prend plusieurs formes. Visibilisé par les attentats du 11 septembre
2001 aux Etats-Unis, ce terrorisme revendique sa haine de l’Occident. Al Qaeda, appelée la « base »,
est née en 1986 en réaction à l’invasion de l’Afghanistan. Cet islamo-nationalisme est réorienté par
Ben Laden contre les intérêts occidentaux dans les années 1990. Ce djihadisme international essaime
ensuite en Europe occidentale avec les attentats de Madrid en mars 2004 et de Londres en mai 2005
qui occasionnent des centaines de morts de blessés.
BAJARD
La mise en place de Daesh en Irak et en Syrie conduit à des attentats commandités ou
revendiqués en 2015 et par la suite. Ce djihadisme offensif est exporté contrairement au djihadisme
défensif pensé comme tel dans des pays « en terres d’Islam ». Les renseignements des différents Etats
et les médias ont étudié sous deux angles ce processus. La méthode qualitative avec des entretiens
menés en prison avec des djihadistes produit un panorama des pro ls bien qu’il n’y ait pas de pro l
type. La base de la Fondation Jean Jaurès en partenariat avec Sciences Po Saint-Germain a répertorié
163 djihadistes impliqués dans des affaires terroristes de 2014 à 2018. D’après ces travaux, plus de
80% des djihadistes offensifs sont des hommes. Aucune femme n’a participé à un attentat qui n’a pas
été déjoué. De plus, ces hommes sont assez jeunes, moins de 15% d’entre eux ayant moins de 35 ans.
L’expression de « homeground terrorisme » expose comment les sociétés occidentales sont capables
de fabriquer des terroristes. Par ailleurs 80% des djihadistes ont une famille musulmane. Le pro l du
converti est assez rare. Les situations d’éducation sont également plurielles. Certains ont obtenu un
diplôme du supérieur. Lors des attentats du 11 septembre 2001, de nombreux informaticiens étaient
impliqués. En n, si la plupart sont issus de zones urbaines périphériques, ils sont nombreux à venir
de toutes petites villes ou de zones rurales.
b) Les trois thèses de l’avènement du phénomène djihadiste
La première thèse centrale insiste sur l’importance des doctrines. Elle considère que la
doctrine est primordiale. D’après cette thèse, le terroriste est fondé sur un fondamentalisme religieux.
La violence politique naît de la doctrine. Avec cette lecture, l’interprétation guerrière conduit à une
logique violente. La matrice égyptienne en est révélatrice. Sayyid Qutb, essayiste et journaliste,
exécuté par Nasser en 1966, a ainsi conceptualisé le djihad. Membre des Frères musulmans, son
mouvement prend de l’ampleur comme celui de la matrice afghane avec les interventions
occidentales. Gilles Kepel a étudié l’Islam politique en Egypte. Il quali e ce phénomène de violence
politique comme la « radicalisation de l’Islam ». La doctrine radicale fabrique la violence.
Au contraire la thèse de l’identité radicale, portée en France par Olivier Roy, chercheur qui
a vécu en Afghanistan, a voulu produire un répertoire des pro ls. L’hypothèse doctrinale est faible.
Les courants rigoristes ultra-orthodoxes s’intéressent à la doctrine civile. Ils distinguent le temporel
du spirituel. Certains avancent que la doctrine rigoriste prévient les attentats. Il n’y a pas à se
préoccuper de l’identité des politiques. Ces courants apolitiques bien que s’inscrivant dans un cadre
métapolitique, ont été portés par les sala stes. Un Islam politique porté par des courants
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ultraconservateurs est retrouvé dans certains pays. Olivier Roy considère que l’essentiel des
djihadistes ont une très mauvaise connaissance du Coran. Ces individus cherchent une cause radicale
pour échapper à leur vécu, à leur mode de vie. Le discours politico-religieux est en réalité totalement
arti ciel. Olivier Roy considère que pour les djihadistes le Coran est un justi catif comme pour les
jeunes défendant la lutte armée des prolétaires. En France, Action directe est dissoute en 1987 mais
mène des actions en collaboration Fraction armée rouge . Olivier Roy préfère donc l’expression
« d’islamisation de la radicalité ». La violence est instrumentale et identitaire.
La troisième lecture s’appuie sur la violence comme acte rationnel. Il s’agit d’une politique
réactive. Le djihadisme serait vécu comme une réponse à l’impérialisme occidental. Une continuité
est parfois faite entre les mouvements anticolonialistes et les mouvements djihadistes. Cette lecture
qui n’est pas du tout majoritaire a été avancée dans le cadres des attentats de Paris de novembre 2015.
Cette attaque a été présentée comme des représailles à l’opération Chammal en Irak et aux frappes
aériennes françaises. La politique étrangère fait la violence terroriste d’après les djihadistes.
c) Les processus d’entrée en djihadisme
Le terrorisme solitaire avec la gure du loup solitaire a été rendu visible lors d’un discours
de Barack Obama en 2011. Les renseignements français reprennent cet élément de langage en 2012
après les attentats opérés par Mohammed Merah. Le modèle du loup solitaire est historiquement
ancien. Il a été théorisé dans les mouvances d’extrême droite américaines dans les années 1960 puis a
été reprise dans les années 1990. Ce mode d’action permet aux suprémacistes blancs d’échapper aux
radars. Cette « résistance sans leader » vise les institutions fédérales, s’oppose à la mixité sociale et
se veut en réaction au communisme. Des loups solitaires ont frappé aux Etats-Unis en 1995 à
Oklahoma City et à Oslo en Norvège en 2011. Anders Behring Breivik a été condamné à la réclusion
criminelle à vie.
Le 14 juillet 2016, une personne a utilisé un poids lourd pour faucher les passants. Cette
gure du loup solitaire demeure malgré tout l’exception, demeurant un concept ou. Les actions
individuelles sont de plus en plus importantes mais correspond à moins de 3% des actions terroristes
djihadistes dans la période récente. L’acte est peut être individuel mais la mobilisation est collective.
Ces personnes qui agissent seules ont été familiarisées à la violence par leur proche, leur entourage.
Parfois, une aide logistique a été fournie par un groupe.
Le processus de passage à l’acte par une radicalisation autonome s’appuie sur les réseaux
sociaux. L’usage d’Internet est important dans ce processus de terrorisme djihadiste. Internet fournit
des informations politiques, soit des éléments de connaissance, des enjeux géopolitiques. Il s’agit
également d’une boîte à outils sur le maniement des armes par destination.
Ex : utilisation du poids lourd – fabrication d’explosifs
Internet est le premier vecteur de socialisation au passage à l’acte. Ce réseau permet de créer des
contacts. Nonobstant il est couplé à d’autres formes de socialisation. Il est rarement unique. Des
Canadiens ont répertorié 4000 articles qui traitent du terrorisme parmi lesquels 600 qui évoquent la
socialisation par les médias sociaux. L’usage de ceux-ci ne se fait jamais indépendamment de d’autres
sources.
La Rand corporation montre trois processus classiques d’usage d’Internet. Internet est un
prélude à une rencontre physique. Autre trajectoire, la radicalisation est parfois en couple. En n, la
dernière trajectoire, beaucoup commentée par les médias, suppose que l’usage d’internet est
conditionné par des voyages en Syrie. Les attentats de Boston ont été menés par deux frères
tchétchènes qui s’étaient rendus en Tchétchénie. L’autoradicalisation est donc un mythe. Le poids des
22
 Marc Millet
réseaux sociaux est surévalué. Par la socialisation politique, des individus acquièrent des valeurs,
intériorisent des conceptions de la société. Or la famille, l’incarcération et la participation à des
combats sont des processus de socialisation à la violence politique.
Conclusion
Le terrorisme est un processus polymorphe. Les modèles analytiques proposés par la
sociologie politique permettent de comprendre l’évolution de ces actions collectives violentes et
dévoilent les trois ressorts du renouveau de la violence de protestation. L’absence de tradition
manifestante des Gilets Jaunes n’a pas abouti à la structuration du mouvement. La radicalisation des
interaction avec les forces de maintien de l’ordre a impulsé une ré exion au niveau européen quant à
une transformation de celles-ci. En n, la justi cation normative renforce le degré de frustration. La
perception des positions des gouvernants alimente les mouvements sociaux.
Ex : les petits phrases d’Emmanuel Macron « les gaulois réfractaires » « traverser la rue pour
trouver un travail »
Licence 1 Semestre 2
pour que l’Etat social démocratique fonctionne, les citoyens doivent largement participer à la vie
publique. Les individus doivent également s’engager dans des associations et en dehors des
échéances électorales au risque de voir advenir un Etat omnipotent, nommé Etat Léviathan.
Des éléments ont été mis en place pour faciliter le vote. Le vote obligatoire a été imposé
dans de nombreuses démocraties comme la Belgique et le Luxembourg. En Europe, ces Etats ne sont
que des petits pays. Mais en Amérique Latine, le Brésil, grand pays, a instauré un vote obligatoire.
Les dispositifs de contrôle sont très variés. Les sanctions nancières existent parfois bien qu’elles ne
soient pas appliquées. La Grèce a par ailleurs un temps interdit de sortie de territoire les personnes
se soustrayant au vote, leurs papiers n’étant pas alors un jour.
Une seconde approche considère qu’une grande abstention ne conduit pas à un
dysfonctionnement de la démocratie. Après l’instauration d’une démocratie, l’apprentissage des
rituels électoraux conduit à une élévation progressive de la participation. Samuel Huntington pour
sa part considère qu’une fois une démocratie établie de longue date, les citoyens s’investissent
autrement que par le vote, étant conscient du bon fonctionnement général du pays.

BAJARD
La violence politique parfois payante. L’usage instrumental de la violence politique produit
des effets sur la politique gouvernementale comme l’énonce William Gamson.
Ex : écotaxe – portique bretons poids lourds abandonné | Gilets Jaunes ont obtenu un grand débat
national – Convention citoyenne pour le Climat – mise en place de mesures d’urgences économiques
et sociales (novembre 2019) | mobilisations de rue ont remis à l’agenda la question de l’autonomie
corse
Sujet : Livre X.
Date : 07/04/22
Livre X. Comportements politiques – Les analyses du vote
La participation électorale et l’orientation du vote sont principalement étudiées par la
science politique. Il s’agit de déterminer qui se mobilise et de mettre en évidence des modèles
explicatifs du vote.
1) La participation électorale
Pour évaluer la participation électorale, un taux de participation est mesuré. Ce taux est le
rapport entre le nombre de votants et le nombre d’inscrits sur les listes électorales. Naturellement, le
taux d’abstention correspond au nombre de non-votants par rapport au nombre d’inscrits. Ces taux
sont donnés en général en pourcentage. L’inscription sur les listes électorales revêt un rôle majeur.
Les abstentionnistes sont répertoriés par le ministère de l’Intérieur à partir du nombre d’inscrits et
non de la population électorale. Le nombre de non-inscrits s’élevait à environ 10 à 12% de la
population électorale jusqu’à récemment. Lors des soirées électorales ce chiffre n’est pas pris en
compte.
Le rapport au vote dé nit l’adhésion au système politique. Des sociétés où les individus ne
se déplacent pas signi ent qu’une distance s’est installée entre les citoyens et la scène politique. Une
première thèse avance que ne pas participer représente un véritable risque pour le système politique
et la démocratie. Cette vision de la participation comme une abstention est vue comme une passivité
des citoyens dans une lecture assez négative. Ne pas participer est appréhendée comme une crise.
L’apathie citoyenne avait été relevée dès le XVIIIème siècle par Alexis Tocqueville qui considère que
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a) Les mutations de l’abstention
Il est possible de dégager des cycles de la participation électorale. De l’Après-Guerre
jusqu’aux années 1970, la participation électorale n’a pas cessé de progresser en Europe. En
Allemagne, pour les élections législatives des années 1960, l’abstention ne dépassait pas la barre des
10%. Depuis les années 1970, la tendance s’est inversée. Le cas français le caractérise très bien avec
une démobilisation qui devient la règle. La démobilisation atteint toute l’Europe occidentale y
compris les pays de forte participation.
Désormais dans une période de stabilisation, il semble que le pic d’abstention soit passé.
Dans le cas de l’Allemagne, entre 2005 et les dernières élections des membres du Bundestag,
l’abstention est restée stable, stationnant autour de 23%. Les remobilisations conjoncturelles sont
liées à des évènements particuliers, relativisant la tendance de démobilisation. Au Royaume-Uni, lors
des élections de 2017, la participation a été bien plus élevée, bondissant de dix points par rapport à
la période pré-Brexit.
Malgré ces grandes tendances historiques, la participation n’est pas équivalente selon les
pays. Les pays où le vote est obligatoire sont les plus participatifs tout comme les pays scandinaves
où la population se déplace largement. En Allemagne, au Royaume-Uni et en Italie, le taux de
participation reste très élevé. Plus des deux tiers des inscrits votent. Au contraire, une tendance
signi cative de baisse de la participation est à noter dans certains pays. En France, chaque élection
enregistre un nouveau record d’abstention. Lors des élections départementales et régionales plus
d’un inscrit sur deux ne se déplace pas. Premier record signi catif, lors des élections municipales et
communautaires, l’abstention s’élevait à près de 59% au second tour en 2020. En 2009, lors des
élections européennes, ce taux se hisse à 57% et lors des élections législatives de 2017 à 57%. La
situation est relativement nette. L’enjeu est alors la faible légitimité des élus qui ont été élus à la
majorité relative des inscrits posant problème dans la mise en œuvre des politiques publiques. Depuis
l’accession à la démocratie, les pays d’Europe orientale comme la Bulgarie ou la Pologne n’ont
jamais connu une grande participation.
En n la participation doit être examinée selon les différents types d’élections. Les élections
qui mobilisent le moins mal sont décisionnelles. Les électeurs considèrent à tort ou à raison que ces
élections déterminent les politiques publiques de façon signi cative. Dans les régimes parlementaires
classiques, les électeurs se déplacent en priorité lors des élections législatives. La comparaison entre
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 Marc Millet Licence 1 Semestre 2
les pays pour les mêmes types d’élection est dif cile. En France, l’élection présidentielle fait of ce
d’élection décisionnelle. Elle est très mobilisatrice du fait de la forte personnalisation du vote. Bien
qu’il y ait eu des cas de faibles participations à certaines élections, celle-ci dépasse souvent les 80%.
Lorsque l’offre est limitée, la participation est très élevée. En 1969, deux candidats de la droite et du
centre s’opposent. Avec son slogan, le célèbre «Bonnet blanc, blanc bonnet», le Parti communiste
appelle à s’abstenir lors du second tour.
Lorsqu’il y a des dif cultés à se positionner, les électeurs se déplacent moins. Lors des
élections avec le plus grand nombre de candidats en 2002, l’abstention a été de 28%. L’électorat de
gauche se démobilise également généralement quand le second tour oppose un candidat de droite et
un candidat d’extrême droite. En France, les élections municipales sont les deuxièmes élections les
plus mobilisatrices. Les Français sont très attachés à leur maire. Excepté l’élection de 2020,
marquée par la situation sanitaire, cette élection est très suivie en France contrairement aux autres
pays.
b) Les fondements de l’abstention
BAJARD
Comme tout phénomène politique, beaucoup de variables entrent en jeu. La littérature a
toutefois relevé trois séries de facteurs. Première variable, les caractéristiques sociologiques
permettent d’expliquer la mobilisation électorale. Les personnes issues des catégories
socioprofessionnelles les plus élevées et qui sont les plus diplômées ont la plus grande propension à
aller voter. La position sociale et l’avancement scolaire sont déterminants comme le montrent les
dernières élections. Les ouvriers et les chômeurs sont ceux qui vont le moins voter. Lors des élections
présidentielles de 2017 ces catégories étaient un tiers à ne pas se rendre aux urnes, soit bien au-
dessus de la moyenne nationale. Néanmoins cette logique sociologique aurait pu être modi ée au
cours du temps du fait de l’élévation du niveau de vie depuis 1945. De même, la part de diplômés n’a
pas cessé de croitre. En 2009, le taux de bacheliers s’élevait à près de 80% contre 4,4% en 1946.
Malgré tout, en 2017, 30% des étudiants ne sont pas allés se déplacer. Jusqu’à 20% des Bac+3 ne se
sont pas déplacés non plus. Cette loi tendancielle mérite d’être complétée.
Il a donc été suggéré qu’il apparaîtrait une nouvelle citoyenneté qui produirait des effets
sur le vote. Il est constaté que le niveau d’information a cru considérablement depuis 50 ans. Les
citoyens ont donc de nouvelles attentes. Une crise de con ance a éclaté envers le système politique et
ses acteurs. Le baromètre Cevipof mis au point par Sciences Po met en évidence que 85% de la
population estime que le personnel politique ne se préoccupent pas d’eux. Cette dé ance
s’accompagne paradoxalement d’un soutien extrêmement fort aux institutions politiques. Plus de
90% des personnes interrogées dans les enquêtes considèrent que la démocratie est le meilleur des
régimes. La dé ance au politique est supérieure à celle du politique.
L’acte électoral ne se distingue alors que comme une forme de la participation politique.
Cette dernière est plurielle. Les formes d’actions collectives comme les manifestations ou les grèves
sont désormais particulièrement légitimes. La sacralisation du vote prend de fait un coup. Le devoir
civique n’est ainsi plus aussi fort dans les nouvelles générations. En conséquence, l’abstention est
devenue un acte comme un autre. La pratique abstentionniste est devenue la norme. Certains
personnes votent ainsi à l’un seul deux votes d’une élection ou pour certaines élections marquant
l’avènement de l’abstentionnisme intermittent. L’abstentionnisme subi est déterminé par des
trajectoires ou des conditions sociales et diffère d’une autre pratique abstentionniste qui est
protestataire et volontaire. Leur rapport au vote est différent. L’abstentionnisme subi devient
structurel touchant des populations qui votent que très peu.
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Au contraire les abstentionnistes contestataires ne sont pas contraints et sont
remobilisables. Ils peuvent revenir aux urnes selon la conjoncture. En 2002, lors de l’élection
présidentielle, l’effet du 21 avril, qui caractérise la première percée de l’extrême droite a mené à une
forte remobilisation. De nombreux d’électeurs de gauche ne s’attendaient pas à la quali cation au
second tour du candidat d’extrême droite. La participation a grimpé de huit points. En 2015, lors des
élections régionales, le Front national est arrivé en tête dans six régions sur treize. La participation a
bondi de près de dix points dans le Grand Est, en Provence-Alpes Côtes d’Azur et dans les Hauts de
France. Se pose la question de la remobilisation en 2022. Certains observateurs estiment que la
situation n’est plus la même.
Les derniers types de facteurs sont liés à des données politiques et à des éléments
juridiques. Ces facteurs contextuels ont été présentés comme des éléments de facilitation du vote ou
de restriction du vote. Ils sont susceptibles d’accélérer ou désinciter la participation électorale. Cette
dernière peut être particulièrement élevée selon le personnel politique. Si le nombre de candidats est
trop faible ou au contraire trop élevé, l’abstention peut se manifester puissamment.
Outre ces éléments politiques, des conditions juridiques pèsent sur le taux d’abstention.
Les dispositifs d’inscription sur les listes électorales produisent immanquablement des effets sur
l’abstention. L’inscription se fait d’of ce et sans que les électeurs n’aient à s’en préoccuper dans le
modèle universel. L’inscription est réalisée automatiquement selon ses déclarations d’habitation en
Europe du Nord. Le second modèle, dit volontaire, est la norme et présent dans beaucoup de
démocraties. Le citoyen doit fournir un effort notamment en Amérique du Nord. Aux Etats-Unis,
l’inscription électorale a été facilitée et moins contraignante. Plus d’une trentaine d’Etats américains
autorisent l’inscription sur les listes électorales moins d’un moins avant le scrutin. Certains Etats
comme le Wyoming ont autorisé l’inscription jusqu’au jour du vote. Le Voter registration Act a
modi é en 1993 aux Etats-Unis ces modalités d’inscription. S’est développée la pratique du vote à
distance mais également par anticipation quelques jours avant celui du vote. Le vote peut se faire sur
place comme par correspondance. En n dans le modèle volontaire contraignant, l’inscription sur les
listes électorales devient une contrainte. L’inscription devient une barrière au vote. Il faut faire une
démarche dif cile qui n’est ni aisée dans le temps ni dans les formalités.
Ces dif cultés ont eu pour conséquences d’augmenter le nombre de non-inscrits ou de mal-
inscrits dans ces pays comme en France. L’électorat potentiel en est diminué. Plutôt récemment a été
découvert que ces contraintes d’inscription créent une situation de mal-inscription. Cette situation
était jusqu’alors mal renseignée. Cette mal-inscription correspond à une distance physique
signi cative entre le lieu de vote et le lieu de résidence. Ces personnes habitent loin de leur bureau
de vote. Ils hésitent à se déplacer voire à ne pas le faire. Lors des élections de 2012, 10 à 12% de la
population électorale était mal inscrite. Les salariés mobiles comme des représentants de commerce
ou des gens du voyage sont impactés. Les étudiants sont également mal-inscrits réalisant leurs études
loin de leur lieu de résidence. La mal inscription est un des enjeux de la forte abstention des jeunes.
Les catégories populaires qui parfois déménagent au sein de la même commune, ne changent alors
pas leur bureau de vote. À l’inverse, les biens inscrits ont tendance à se déplacer bien plus et à ne
pas pratiquer cet abstentionnisme structurel.
À partir de ce constat, des réformes ont été menées. Des rapports d’experts ont essayé de
mettre au jour ce phénomène. Le premier cycle de réformes mené en 1997 prévoit l’inscription
automatique sur les listes électorales de toutes les personnes accédant à la majorité. Toutefois cela
laisse sur le côté toutes les personnes qui n’étaient pas inscrites toutes les personnes qui n’étaient
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 Marc Millet
pas inscrites en 1997. De plus, les jeunes qui ont quitté le domicile familial ne sont pas bien-inscrits.
En n chaque déménagement nécessite toujours de réaliser les démarches d’inscription. Sous le
mandat de François Hollande, un second cycle de réformes a mis en place un répertoire électoral
unique. Jusqu’alors les communes étaient chargées de radier les électeurs ayant déménagé. Les
procédures ont été facilitées. L’Insee a désormais en main la gestion de ces listes. Il est également
possible de s’inscrire en ligne. Jusqu’en 2019, il fallait s’inscrire jusqu’au 31 décembre de l’année
précédant le vote. Beaucoup de personnes peu politisées ne s’intéressaient aux enjeux du scrutin que
dans les dernières semaines de campagne. Désormais il est possible de s’inscrire jusqu’à un mois et
demi avant le premier tour. En 2022, les effets sont palpables. Le nombre de non-inscrits a chuté de
façon historique en France où 48 millions de personnes sont inscrites. Seul 5% de la population
électorale n’est toujours pas inscrite.
En France, la révision constitutionnelle qui a instauré le quinquennat en 2000 a réduit le
mandat présidentiel de sept à cinq ans. Cette réforme institutionnelle produit des effets sur la
participation électorale. Les élections législatives et présidentielles sont quasiment
Licence 1 Semestre 2
Dans les années 1960, Philip Converse publie une contre-enquête appelée The American
voter unabridged edition. Il réalise avec l’université du Michigan des questionnaires adressés à
toute la population américaine. Son équipe met en évidence l’af liation partisane dans le cadre du
« Modèle explicatif de Michigan ». La culture familiale conduit à ce que la génération précédente
transmette ses choix partisans. L’alternance est faible.
En n à partir des années 2000 s’est développé dans les travaux anglo-américains l’idée
que le vote est interrelationnel. L’acte de vote n’est pas un acte individuel. Il existe des leaders
d’opinion qui produisent un effet sur leurs relations sociales. C’est vrai au sein de l’entreprise comme
au sein de cercles d’amis. Cet enjeu a été présenté dans les années 2000 avec l’importance du vote en
couple. Les personnes viennent le plus souvent voter à deux lorsqu’elles sont en couples, produisant
des effets sur le vote.
Ces enjeux ont été retraduits dans la culture européenne. La tradition par héritage partisan
n’a pas été réutilisée en France du fait du système politique européen et français. Le multipartisme
et la diversité des courants politiques en est la cause première. Dans le cas français, l’af liation

BAJARD
systématiquement couplées. Ce choix politique pris en 2000 par la gauche plurielle de placer
l’élection présidentielle juste avant l’élection législative entend préserver la lecture gaullienne de la
Vème République. Cette logique produit un effet sur la participation électorale aux élections
législatives. L’augmentation de l’abstentionnisme est liée à l’instauration du quinquennat. Les
personnes battues ne veulent ni soutenir leur camp politique ni s’opposer au président nouvellement
élu. Les élections législatives marquées par une remobilisation électorale sont toutes antérieures à la
réforme constitutionnelle. En 1997, le regain de participation était lié au fait que ces élections soient
encore décisionnelles.
2) Les conditionnements de l’orientation du vote
Cette question introduit celle des préférences électorales. Naturellement la science
politique s’y est intéressée. Après 1945 s’est développée la sociologie électorale formant une sous-
discipline. Cette analyse des comportements politiques se focalise particulièrement sur les
comportements électoraux.
Trois modèles explicatifs ont été successivement développés pour analyser le vote. Le
premier est intervenu aux Etats-Unis dans le cadre français puis européen. Les premiers travaux
portaient avant tout sur l’effet de la communication sur le vote, sur l’in uence des slogans sur les
choix. Paul Lazarsfeld qui enseigne à l’université de Columbia qui a donné, au terme de la Seconde
Guerre Mondiale, son nom à son modèle. Dans l’ouvrage The people’s choice se fonde sur un panel
d’électeurs à partir d’une étude locale dans le Comté de l’Ohio. Les chercheurs interrogent durant
toute la campagne les électeurs quant à leurs choix. Les résultats sont désabusés. L’électeur parfait,
du citoyen dynamique et politisé est quasiment introuvable. Le citoyen américaine est peu informé,
peu mobilisé. Ceux dont le vote est le plus stable sont ceux qui sont les plus informés.
Les résultats vont également à l’encontre de ce qu’ils pensaient. Ils découvrent que la
campagne électorale ne produit que très peu d’effets. Le choix du candidat n’évolue presque pas
entre le début de la campagne et le jour du scrutin. Lazarsfeld relève que le milieu social produit des
effets. Le modèle de Columbia dé nit les principaux agrégats du vote. Les catégories socio-
professionnelles les plus élevées, qui sont plutôt protestants et qui habitent dans des zones rurales ont
une plus grande propension à voter pour le Parti républicain. Dans cette perspective, les
caractéristiques sociales semblent déterminer les caractéristiques politiques.
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possible par tempérament politique. Dans un parti il est nécessaire de regarder les effets de ces
variables.
a) L’effet des déterminants sociologiques – Les variables lourdes
Dans le cadre français européen, les politistes se sont intéressés au poids des milieux
sociaux. Les clivages se retrouvent dans l’orientation du vote. Ces invariantes originaires du vote se
sont véri ées de l’après-guerre jusqu’aux années 1980 avant que des modi cations signi catives
soient provoquées. Les plus fortunés votent pour des partis de droite au conservateur tandis que les
moins aisés pour des partis de gauche. Le revenu serait ainsi retenu naturellement. Pourtant l’impact
du revenu est négligeable. Pour des revenus établis entre 2000 euros et 3000 euros, le revenu est très
peu déterminant. Au second tour de l’élection présidentielle en 2012 l’écart était assez élevé, 58%
d’entre eux votant pour Nicolas Sarkozy. Les autres écarts ne sont pas signi catifs.
Le facteur n’est pas une variable suf sante puisque des éléments corrigent le revenu. C’est
le cas pour les personnes dont le patrimoine est conséquent. La propriété d’un logement hérité peut
conduire à voter plus à droite. Cet effet patrimoine est devenu une logique politique au Royaume-Uni
où le Parti conservateur a développé un capitalisme populaire qui puisse permettre aux classes
populaires d’accéder à la propriété. Les courants à droite préfèrent un accès à la propriété plutôt
qu’un accès à des logements sociaux. Les ouvriers propriétaires d’un logement avaient ainsi
davantage tendance à porter pour les Tories.
Les catégories socio-professionnelles appelées « PCS » par l’Insee sont des agrégats qui
retiennent des batteries de critère. Cette distinction retient la quali cation, le revenu, le type d’activité
et la position sociale. Cet agrégat permet de mesurer les intentions du vote. Les catégories socio-
professionnelles les plus élevées ont eu tendance à voter pour la droite modérée dans les pays voisins
comme en Allemagne dans les années 1970. En France, le parti socialiste a su capter les couches
moyennes salariées à partir du milieu des années 1960. Les oppositions de classe sociale ont
également été relevées.
Le vote de classe davantage étudié en Europe Occidentale qu’en Amérique du Nord repose
la doctrine marxiste. Le rapport à la production est fondamental distinguant les titulaires des moyens
de production de ceux qui apportent leur force de travail. L’orientation des choix politiques s’inscrit
dans une logique con ictuelle. La classe sociale est considérée comme un acteur collectif. Se dessine
en trame de fond l’appartenance de classe. L’opposition entre les ouvriers, particulièrement de
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 Marc Millet Licence 1 Semestre 2
l’industrie et les autres catégories salariées et non salariées a structuré le vote. La sociologie
britannique a développé un indice de classe pour observer l’orientation du vote.
« Le vote de classe est la base du vote britannique »
Une af liation forte aux deux principaux partis se dégagent également en France où 50% à 60% des
ouvriers votaient pour le Parti communiste français. Cette logique a été marquante jusqu’à
l’alternance de 1981 qui est fondée sur la captation de ce vote. Plus les personnes ont des attributs
ouvriers plus elles votent à gauche. Le fait que son conjoint, qu’un parent soit ouvrier conduit à voter
à gauche. Le sentiment d’appartenance à la classe ouvrière a joué en faveur du vote à gauche pendant
des décennies. Les personnes se pensant ouvrières ont une plus grande propension à voter à gauche.
À l’opposé, le vote des salariés non ouvriers a été éclaté. À l’autre bout, les indépendants
comme les commerçants, les artisans, les exploitants agricoles et les entrepreneurs ont une plus
grande propension à voter à droite. Cette catégorie recueille le plus de personnes qui n’ont jamais
votées à gauche. En 2012, les indépendants ont voté à 70% pour Nicolas Sarkozy. Une enquête
menée par le Cevipof révèle qu’en 2017 49% des indépendants s’auto-positionnaient à droite.
BAJARD
La variable religieuse produit des effets différents selon les pays. En France,
l’appartenance à la religion catholique conduit classiquement à voter pour les partis de droite
modérée. Au Royaume-Uni, les catholiques ont durablement tendance à voter pour le Parti
travailliste. Les catholiques ont été majoritairement des familles irlandaises qui avaient des liens
générationnels avec l’Irlande. Aussi le statut de l’Irlande du Nord est un enjeu important pour eux,
conduisant à ce qu’ils s’opposent au parti conservateur favorable à l’intégration de l’Irlande au
Royaume-Uni. Aux Etats-Unis également, le vote catholique est un vote de minorité qui les pousse à
voter pour les démocrates. Donald Trump a toutefois su capter le vote catholique de façon
conjoncturelle en 2016. La tendance lourde s’est à nouveau appliquée en 2020, 52% des catholiques
votant pour Joe Biden, lui-même catholique.
La véritable variable du vote en matière de religion se situe en réalité dans la pratique
religieuse. En France, les catholiques pratiquants ont tendance à se tourner vers les partis
conservateurs. Nicolas Sarkozy a capté 80% des catholiques pratiquants. En 2017, François Fillon a
ainsi capté le plus grand nombre de catholiques pratiquants. Les partis de gauche ont capté les « sans
religions » qu’ils soient athées ou agnostiques. En 2017, Jean-Luc Mélenchon a capté 30% des sans
religions. Néanmoins il ne faut pas se tromper. Les catholiques pratiquants ne votent pas pour
l’extrême droite. Le Front national a obtenu des scores chez les catholiques pratiquants réguliers
toujours inférieurs qu’à ceux obtenus toutes catégories confondues. La conférence des évêques a pris
position jugeant le vote des extrêmes comme incompatible avec la foi.
D’un côté l’ouvrier laïc ou sans religion a une propension à voter communiste. De l’autre
les indépendants catholiques pratiquants ont une grande propension à voter pour la droite modérée.
Les logiques s’étaient assez stabilisées. Mais à la sortie des années 1980, les catégories se sont
brouillées. Du fait d’une transformation quantitative des populations confessionnelles en France, le
vote s’est transformé. Le nombre de pratiquants a eu tendance à décliner en Europe occidentale avec
la sécularisation. Jusqu’aux années 1990 et 2000, les « sans-religions » étaient numériquement
inférieures aux catholiques. Historiquement, cette évolution démographique a été une révolution. Les
catholiques pratiquants réguliers ne sont plus que 2% désormais.
Malgré tout, de nouvelles pratiques de la religion ont été observées avec une pratique
différenciée non institutionnelle et donc plus individuelle. La foi peut être observée de façon seule.
Selon ces critères, un quart de la population serait catholique pratiquante de façon hétérodoxe. Pour
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d’autres courants comme les protestants l’af liation a été moins forte. L’effet de la variable est
toujours important. Être pratiquant continue à être la variable la plus discriminante. Simplement le
poids électoral de ces catholiques pratiquants a fondu comme neige au soleil. Bien que l’intensité de
la variable ait perduré, l’impact sur les résultats ont pour leur part largement décru. En outre, les
catholiques votent de plus en plus pour l’extrême droite. Lors des élections présidentielles de 2017,
38% des catholiques non pratiquant ont voté pour Marine Le Pen alors même qu’elle avait recueilli
34,5% des suffrages.
De l’autre côté de l’échiquier, la part des ouvriers dans la population a chuté de 10 points
entre 1980 et aujourd’hui passant de 30% à 20%. Capter le vote ouvrier n’est plus autant essentiel.
Être ouvrier incline bien moins à voter à gauche. Le monde ouvrier s’est droitisé en Europe. Lors de
l’élection présidentielle de 2002, le candidat du Parti communiste français capte 6% du vote ouvrier.
Cette désaf liation touche également les partis de gouvernement. Lionel Jospin ne capte que 15% du
vote ouvrier. En 2012, Jean-Luc Mélenchon a rencontré des dif cultés à capter l’électorat ouvrier.
Ces évolutions sont dues aux transformations du monde ouvrier. Le monde ouvrier qui vote n’est
plus le même que dans les années 1980. Le sentiment d’appartenance au milieu ouvrier a décliné très
largement. Cette logique de classe sociale a décliné. Structurellement également, l’ouvrier de
l’industrie a disparu, remplacé par l’ouvrier de l’artisanat comme les jardiniers ou les travailleurs du
bâtiment. Les ouvriers du domaine des services comme ceux de la manutention sont moins encadrés
par des syndicats.
Cet éclatement des positionnements ouvriers répond à des logiques variables dans le
temps. De plus en plus, cette catégorie s’abstient conduisant à une désaf liation. Les ouvriers se
désalignent électoralement. Ils continuent à voter à gauche mais ce n’est plus af lié. Leur vote est
variable. Désormais, les ouvriers peuvent voter à gauche, parfois s’abstenir, parfois voter au centre
conduisant à d’importantes uctuations. Excepté en 2002, les ouvriers continuent à voter gauche
malgré tout. En n, les jeunes ouvriers assez isolés votent à l’extrême droite. En 1995, pour la
première fois, l’ouvrier-lepéniste a été aperçu par les études sociologiques. Ce vote se retrouver aussi
avec le FPO, le Parti libéral autrichien. Marine Le Pen a capté 39% du vote ouvrier alors que Jean-
Luc Mélenchon moins de 30%.
La dernière transformation signi cative concerne les indépendants qui se répartissent
équitablement entre en 2017 entre quatre candidats. Cette désaf liation est historique. Ces variables
lourdes qui ont été durables ont connu d’importantes remises en cause. Il est légitime de s’interroger
si de nouvelles variables structurent le vote. La question géographique et l’opposition public-privé
ont été centraux.
Sujet : Suite Livre X.
Date : 14/04/22
En 1969, le champ politique était relativement réduit au second tour entre Poher et
Pompidou qui étaient respectivement de centre-droit et de droite. En 2002, les seize candidatures
n’ont pas contré l’abstention massive. Celle-ci s’élevait à 26% en 2022, année marquée par une
vague d’inscription sur les listes électorales. La sociologie est con rmée avec une forte abstention
chez les ouvriers et chez les 18-34 ans. Chez les jeunes, la politisation se fait en dehors des élections.
La ligne de clivage géographique de l’extrême droite est con rmée. À l’est de la ligne Le Havre-
26
Marc Millet
Perpignan, le Rassemblement national est bien implanté. Le vote Rassemblement national progresse
vers l’Ouest avec des percées en Dordogne et dans le Gers.
Aucune enquête à la sortie des urnes n’a été faite à cette élection mais il a tout de même été
mis en évidence que la gauche ne capte plus le vote ouvrier. Entre 36% et 42% des ouvriers ayant
voté ont adressé leur vote à Marine Le Pen, entre 20% et 25% à Jean-Luc Mélenchon et entre 15% et
17% à Emmanuel Macron. La captation des indépendants par la droite modérée ne semble également
plus être d’actualité avec l’éclatement de leur vote. Cette tendance avait commencée en 2017.
D’après une étude du Cevipof en partenariat avec Science Po, un tiers des artisans et commerçants
ont voté à gauche.
b) De nouveaux clivages électoraux
Une force électorale régionaliste s’est récemment imposée au Royaume-Uni. Le Parti
national écossais a percé tout comme le parti nationaliste gallois. Dans les circonscriptions
écossaises, les partis traditionnels ont disparu. Le Parti national écossais qui existe depuis les
années 1990 a capté 80% des sièges depuis 10 ans. Le Parti conservateur n’a plus du tout d’ancrage
Licence 1 Semestre 2
d’ascension sociale, elles continuaient à voter démocrate. Cette dynamique a été observée avec la
moyennisation de leur statut social qui aurait du leur permettre de voter pour d’autres partis. De fait,
le vote ethnique est une variable pertinente aux Etats-Unis. Ce vote ethnique est diffus. Les
populations asiatiques et latino-américaines donnent leur vote au Parti républicain.
Ces données ont été validées en 2016. Plus de 88% des personnes afro-américaines ont
voté Hilary Clinton. Pendant les mids-terms, plus de 90% des afro-américains ont voté démocrate.
Ce chiffre s’élevait à 87% en 2020. La démographie transforme la population électorale. Aux Etats-
Unis, 16% de la population électorale est latino-américaine. La population hispanique devrait être à
hauteur de 40% de la population en 2040. Sans modi cation programmatique ou du discours, le
Parti républicain serait ainsi repoussé durablement dans l’opposition du fait de la modi cation de la
population électorale.
En France, aucun travaux n’a pu être mené. Du fait de la conception de la République,
aucune communauté n’est reconnue interdisant les statistiques ciblées quant aux éléments ethniques.
De plus, sous l’occupation diverses populations ont fait l’objet de chages. Mais depuis quelques

BAJARD
local. Avec 4% des voix, le Parti national écossais (SNP) obtient 48 sièges. En parallèle, avec 11,6 %
des suffrages, le parti libéral n’obtient que 11 sièges.
Un clivage s’est également dessiné entre le secteur public et secteur privé au Royaume-
Uni. Les fonctionnaires votaient pratiquement tous dans les années 1980 et 1990 pour le Parti
travailliste laissant penser que ce clivage s’imposerait comme l’unique. Ce clivage a été
particulièrement marquant en France en 2012 où les indépendants votaient à 70% pour Nicolas
Sarkozy et 60% des fonctionnaires pour François Hollande. Néanmoins ce clivage a été
conjoncturel. Il ne s’est pas du tout con rmé dans les périodes suivantes. Peu discriminant en 2017,
ce facteur a conduit à un éclatement équilibré du vote des fonctionnaires entre Macron, Le Pen et
Mélenchon.
Malgré tout, il y a eu des transformations au sein même de la fonction publique. Le vote
des enseignants était par exemple jusqu’à présent capté à gauche. Désormais, beaucoup plus
d’enseignants se positionnent au centre ou à droite. De plus, l’extrême droite a percé dans certaines
catégories de la fonction publique notamment dans la fonction publique hospitalière et les entreprises
publiques. Les professions régaliennes soit les policiers et les militaires se positionnent à plus de
70% comme proches du Rassemblement national.
Les Etats-Unis étant un pays d’immigration et ayant connu l’esclavage ainsi que la
ségrégation, la doctrine américaine s’est intéressée très tôt au clivage ethnique. Dès les années 1980
des chercheurs se sont penchés sur le vote des afro-américains. Ces interrogations se sont étendues
aux personnes latino-américaines puis aux autres minorités. Les afro-américains ont d’abord voté
pour le Parti républicain qui était, avec Abraham Lincoln, le parti pro-abolitionniste. Sous
Roosevelt, du fait des politiques interventionnistes, le vote afro-américain bascule à gauche dans les
années 1930. Ces populations se sentent comme une minorité opprimée. Des décennies après
l’esclavagisme, une mémoire collective conduit à un vote de communauté pour des partis qui
prennent leur défense. Le vote de ceux qui sont derrière la mule signi e qu’historiquement les
caucasiens étaient sur la mule et que les personnes afro-américaines marchaient sur le côté. Il
existerait bien un vote ethnique aux Etats-Unis.
Toutefois, certains estiment que le vote des minorités serait lié à une variable sociale. Le
vote ethnique serait causé par les conditions sociales, les populations afro-américaines étant
davantage paupérisées. Lorsque les populations afro-américaines avaient une trajectoire
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années, en partenariat avec l’Insee, des recherches ont tenté d’éclairer le vote des français issus de
l’immigration extra-européenne. Ces derniers ont une proximité partisane avec les formations de
gauche. Il en est de même avec les français issus de l’immigration européenne. Plus de 70% des
votants musulmans donnent leur voix aux partis de gauche. Les populations immigrées non
musulmanes dé nissent leur vote selon une variable identitaire et non religieuse. Les jeunes issus de
l’immigration extra-européenne s’abstiennent et votent à gauche contrairement aux jeunes chômeurs
ou aux jeunes ouvriers manutentionnaires qui s’abstiennent ou votent à l’extrême droite.
La dimension spatiale a aussi été explorée. Le vote du centre urbain a été confronté au vote
de la périphérie lointaine depuis une dizaine d’années. Dans des villes moyennes et dans les
territoires ruraux, le Rassemblement national enregistre ses meilleurs résultats. Les territoires situés
à plus de 30 voire 50 kilomètres d’un centre culturel ou politique voteraient aux extrêmes. Les
mobilisations des Gilets Jaunes reprennent cette dichotomie. Le vote évoluerait en fonction de la
distance aux grandes agglomérations. En 2017, Marine le Pen dépasse Emmanuel Macron entre 20
et 90 kilomètres. Ce critère de la distance kilométrique ne fait que mesurer de manière spatiale des
données sociologiques. La zone périurbaine reprend les critères de la variable lourde du vote. Les
données sont simplement territorialisées.
Par ailleurs, cette variable ne distingue pas les types de territoire. Il existe différents types
de périurbains, certains étant choisis et d’autres contraints. Les premiers, dont les moyens nanciers
sont élevés, ont désiré s’éloigner tandis que les autres n’ont pas eu d’autre possibilité. Dans la ville
de Villers-Cotterêts en Seine-et-Marne, Marine le Pen fait plus de 35% des voix au premier tour de
l’élection présidentielle de 2022. Son score a frôlé la majorité absolue en 2015, la mairie ayant
basculé à l’extrême droite un an plus tôt. Le transport soit la capacité de mobilité est un enjeu
important du vote. En Seine-et-Marne, le Rassemblement national rencontre davantage de succès
lorsque les bureaux de vote sont éloignés des dessertes ferroviaires.
Lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2022, un clivage générationnel a été
relevé. Les plus de 65 ans et a fortiori les plus de 70 ans ont voté à plus de 40% Emmanuel Macron.
Une partie de la doctrine avance qu’il s’agirait d’un vote de classe caché. En effet, les plus de 70 ans
ont un patrimoine bien plus élevé que les moins de 35 ans. Toutefois, dans sa dernière vague
d’enquête, le Cevipof relève que les retraités votent pour Macron indépendamment des catégories
socio-professionnelles.
27
 Marc Millet
3) L’effet du moment électoral
À la n du XXème siècle, ces modèles explicatifs ont été concurrencés par d’autres modèles.
Les alternances ont empêché de mesurer les électorats. Le clivage salarié, indépendants, est moins
marqué. De même le clivage entre gauche et droite est moins prégnant. Immanquablement la
campagne électorale peut provoquer des effets. La médiatisation de thématiques, des évènements ont
des effets évidents.
a) Un vote sur enjeux
Pendant des décennies, en Europe occidentale a prédominé un vote d’af liation jusque
dans les années 1990. Les variables lourdes jouent un rôle important dans ce vote d’attachement. Le
vote est désormais d’évaluation. Ce vote rétrospectif conduit à des situations électorales contrastées.
La situation est évaluée par rapport à l’action publique, aux programmes appliqués. Ce vote
rétrospectif a donné un vote con rmatif. En Allemagne, le vote durable en faveur de la CDU a
reconduit pendant plus de vingt ans Angela Merkel.
Licence 1 Semestre 2
limitées. Dans une logique matériel, le tractage et l’af chage jouent des rôles centraux. Des années
1960 aux années 1980, la période moderne est marquée par l’allongement de la durée des
campagnes. Ces dernières sont centralisées et coordonnées au niveau national. Le microciblage tend
à viser certaines populations précises démontrant une professionnalisation. Depuis les années 1990,
la période post-moderne est marquée par une campagne permanente. Les activités sont spécialisées.
Des spécialistes de la publicité, du marketing sont appelés en renfort. Des entreprises privées
s’occupent de l’af chage. L’usage des réseaux sociaux augmente.
Malgré tout, la continuité prévaut dans les manières de faire campagne. Il n’y a pas eu de
révolution internet dans la manière de faire campagne. Il s’agit toujours de tenir les murs, de serrer
des mains. Il ne faut pas surévaluer l’importance des réseaux sociaux dans les élections américaines.
Le rôle des réseaux sociaux a été signi catif mais n’a pas été décisif dans l’élection d’Obama en
2008. Des enquêtes ont montré que les réseaux sociaux ont surtout été utilisés dans le cadre d’une
campagne de collecte de dons. Pour le reste, la campagne matérielle a été centrale. Dans les Swing
states, dont le vote n’est pas stable, Obama a déployé énormément de bureaux et d’équipes de

BAJARD
Les médias parlent de vote sanction. Le « politique en négatif » suppose une grande
abstention et un vote par opposition contrairement à un vote par attachement. De même, un vote
contestataire, nationalpopuliste, a cru de façon considérable. En 2012, plus de 55% des électeurs
d’Hollande au second tour ont déclaré vouloir faire barrage à Sarkozy. En 2017, seulement 16%
déclaraient avoir voté pour Emmanuel Macron pour son programme. Le vote d’af liation semble
reculer. Dès lors, cette réalité a amené à s’interroger quant à une nouvelle posture de l’électeur, dit
rationnel. Celui-ci agirait de façon individualiste. Comme un consommateur, il réaliserait une
balance coût-avantages. Certains enjeux sont vus comme plus importants que d’autres. Cet électeur
stratège a été caractérisé pour la première fois en 1988 du fait de la dif culté de relever des
variables dé nissant le vote. De nombreux votants ont donné leur suffrage à un candidat de droite
avant de se rabattre sur François Mitterand.
Certains enjeux conjoncturels ont eu des effets. Premier cas signi catif, lors des élections
régionales de 2015, la sécurité n’a d’abord pas été un élément central du débat public. À la n de
l’été 2014, la question du chômage était au centre des intérêts. Seuls 9% des interrogés déclaraient la
menace terroriste être d’après eux le problème le plus important. Mais passé les attentats de
novembre 2015, 62% des interrogés le citaient comme l’enjeu le plus important. Or il s’agissait
d’une thématique privilégiée dans les discours d’extrême droite. De fait, passé les enjeux ont basculé
entre la pré-campagne et le scrutin. La littérature induit de l’électeur stratège un électeur compétent,
très informé. Mais seule une in me partie de la population électorale est réellement bien informée.
En réalité, seule une partie minime de l’électorat peut être quali ée de stratège. La stratégie de
l’électeur intervient en complément des facteurs sociaux. Ce correctif ne se substitue pas aux
variables lourdes du vote. Comme une logique d’entonnoir, des déterminants sociaux préexistent à
des éléments stratégiques qui réorientent le vote à la marge. Il s’agit de la dynamique d’entonnoir du
vote.
b) Les campagnes électorales
La campagne correspond à une forme d’action qui vise à rallier des suffrages. Le terme
campagne suppose de faire campagne. Cette action précède le vote et s’inscrit dans un cadre
temporel précis de plusieurs mois. Cette temporalité a été posée par une chercheuse américaine,
Pippa Norris, qui a quali é plusieurs périodes. Durant la période prémoderne qui s’étend de 1850
aux années 1950, les campagnes sont légères et peu couteuses. L’utilisation des médias est plutôt
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campagne. Dans l’Etat de l’Ohio, 120 bureaux ont été déployés. Son équipe a battu campagne. En
Europe des études récentes ont montré que les partis politiques ont pu utiliser des textos pour
mobiliser des électeurs. Les équipes tentent de faire se déplacer les électeurs par le porte-à-porte.
En France, en 2012, l’intégralité des grandes rencontres électorales sont retransmises sur
les chaînes nationales et sur les réseaux sociaux. Les meetings des candidats sont largement
commentés et visionnés. La campagne ne sert pas à faire la même chose pour l’électeur que pour le
candidat. Pour les citoyens, elle permet de prendre connaissance de l’offre politique représentée par
les différentes candidatures. Les études américaines parlement de « personal vote ». L’électorat de
2007 voyaient l’arrivée de deux nouvelles personnalités au second tour. Ségolène Royal devait
montrer qu’elle avait une stature de présidente.
Pour les candidats, faire campagne leur permet de contrôler l’information et donc à
contrôler ce que le public perçoit par les médias. La campagne électorale est « une compétition pour
l’emprise des perceptions publiques ». Elle permet d’informer les citoyens, de leur communiquer des
informations quant à leur motivation. Leur orientation politique est mise en forme. Les thématiques
sont hiérarchisées par les médias qui privilégient certains enjeux de l’agenda politique. Les
candidats ou les compétiteurs mettent en avant certaines thématiques. L’agenda du public
correspond aux enjeux privilégiés par la population électorale de manière globale. L’enjeu de la
campagne consiste pour les candidats à essayer de façonner l’agenda médiatique. Une campagne
électorale n’est pas en mesure de modi er « ce que pensent les citoyens ». La campagne ne sert pas
tant à convaincre.
Ex : Emmanuel Macron ne peut pas pousser un Gilet jaune à voter pour lui.
Il s’agit d’imposer des thématiques. La campagne est cependant en mesure de changer «
ce à quoi pensent les citoyens » ce qu’ont très bien compris les experts de la communication
politique. Des thématiques sont plus favorables à certains camps politiques qu’à d’autres. Certains
enjeux produisent des effets sur l’électorat. Les questions de sécurité ont par exemple tendance à
favoriser les formations de la droite modérée au Royaume-Uni. Lorsque le thème de la sécurité était
élevé, les conservateurs en pro taient quelque soit les politiques publiques menées. Cette logique a
été utilisée stratégiquement lors de la campagne présidentielle de 2002. La thématique de la sécurité
a été mise à l’agenda par les médias dès la n de l’année 2000. Durant la cohabitation de la gauche
28
 Marc Millet
plurielle, Jacques Chirac tente de faire vivre des polémiques sécuritaires de l’été 2001 jusqu’à
l’élection présidentielle.
En 2007, la gauche modérée a soutenu l’augmentation des impôts sur la consommation
pour nancer le régime de sécurité sociale et permettre la compétitivité des entreprises. Cette « TVA
sociale », martelée au second tour des élections législatives, suppose l’augmentation des prix et a fait
perdre un ou deux points à la droite. En 2012, les thèmes ont été multiples et traités de façon
cyclique. En 2017, l’affaire Fillon a brouillé l’agenda. En 2022, des stratégies d’imposition
d’agenda ont opérées avant le premier tour. L’emploi de cabinets de conseil et notamment le recours
aux conseils du cabinet McKinsey a été instrumentalisé par la gauche qui a ressorti les conclusions
du rapport sénatorial. L’interdiction de la chasse le week-end et pendant les vacances, portée par le
candidat d’Europe-Ecologie Les Verts, a obligé chaque candidat à se positionner sur cette question
pendant quelques jours. De même le con it en Ukraine n’a été que peu porté comme enjeu s’effaçant
progressivement. Selon leur af liation, les électeurs ne portent pas le même intérêt aux sujets.
c) L’opinion sondagière et décision électorale
Licence 1 Semestre 2
de tester l’image du candidat et ses prises de position. Cette importance se retrouve dans le coût des
sondages dans les comptes de campagne. En 2017, Emmanuel Macron a déboursé 325 000 euros
d’enquêtes et François Fillon 199 000 euros.
Sans doute le moins mesurable, l’effet des sondages sur les électeurs est évalué en leur
posant des questions. Il existe des préconditions pour que les sondages aient des effets. Il faut être
exposé à ces sondages, s’intéresser aux campagnes et aux élections et ne pas avoir une attache forte
à un candidat. Les sondages ne produisent des effets que sur une partie de l’électorat. De plus, les
conséquences des sondages n’atteignent pas les sondages. Le principe du « tier person effect »
suppose que les sondages ne soient pas suivis.
Malgré tout deux effets ont été relevés. L’effet Bandwagon signi e rattraper le train en
marche. Jusque dans les années 1960, les candidats américains sillonnaient le pays en train. Cet effet
suppose que les candidats en croissance dans les sondages créent une dynamique. Les électeurs se
rattachent au train de la victoire. En 2022, cette dynamique a été présentée dans la perspective du
vote utile. Dans une logique de majorité, le plus grand nombre se range derrière le candidat ayant le

BAJARD
Les sondages font-ils l’élection ?
Les sondages ne font pas l’élection. Certains hommes politiques décident leur présentation
comme candidat en évaluant le score que leur attribuent les sondages. Cet effet sur la sélection des
candidatures a construit aux Etats-Unis la gure des présidentiables où les primaires sont plus ou
moins marquées par une propension à se comparer dans les sondages. En période de cohabitation,
Edouard Balladur qui est Premier ministre depuis 1993, se présente contre Jacques Chirac étant très
haut dans les sondages. Sa candidature a été fabriquée par les sondages. En 2007, Ségolène Royale
est la candidate socialiste la mieux élue durant les élections régionales dans le Poitou-Charentes.
Les sondages et les médias imposent sa personnalité. Elle devient une personnalité prépondérante
pendant l’année 2006. Sa candidature est devenue potentielle au vu des soutiens politiques récupérés
et de sa progression dans les sondages.
Dans cette logique, les sondages sont également des dispositifs de véto à des candidatures.
En 1965, la gauche se cherche un candidat. Une opération stratégique est montée pour trouver le
candidat ayant toutes les qualités possibles. Le magazine L’Express égrène les qualités du meilleur
candidat alors appelé « Monsieur X » et qui serait le plus à même de concurrencer de Gaulle. Le
nom de Gaston Deferre, socialiste et maire de Marseille est donné. Mais l’opération n’aboutit pas.
Personnalité locale clivante, il n’est crédité que de 15% d’intentions de votes dans les sondages.
Lors de l’élection présidentielle de 2002, les écologistes sont assez hauts dans les sondages. Le parti
propose Alain Lipietz. Mais ce dernier ne sera pas candidat ne pouvant pas incarner le « potentiel
vert ». De même certains candidats ont pu se maintenir grâce au sondage. En 2017, malgré les
dif cultés liées à l’affaire des emplois ctifs, François Fillon conserve de nombreux soutiens ne
s’étant pas effondré dans les intentions de vote. Son décrochage est très vite compensé.
Les sondages ont également un effet sur la stratégie des hommes politiques qui déclarent ne
pas s’y er. Mais en réalité les sondages produisent des effets sur leurs tactiques. Lors de l’élection
présidentielle de 2002, Jacques Chira a avancé sa candidature. Ses intentions de vote déclinant, il a
été obligé d’entrer en campagne. Parmi les cas les plus explicatifs, en 1995, la campagne d’Edouard
Balladur a été modi ée par les sondages qui le présentaient comme le candidat des élites et des
classes bourgeoises. Il transforme sa façon de faire campagne. Il monte sur des tréteaux lors d’un
meeting et est pris en covoiturage par un militant. Toutefois, cela a entraîné des conséquences
négatives. En outre, des sondages non-publiés, réalisés à partir d’entretiens de groupes, permettent
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plus de chances de réussite. L’effet positif ou « bookmaker » valorise le vote pour celui le candidat
en tête dans les sondages. Des personnes mentent, disant avoir voté pour le vainqueur. Quand les
intentions de vote se croisent, le candidat étant en dynamique ne cesse de grimper.
L’effet underdog implique que des électeurs votent pour le candidat étant en berne dans les
sondages. Ces votants offrent leur vote au candidat ayant le moins de chance. Aux Etats-Unis, lors
des primaires démocrates, des afro-américaines se sont positionnés pour un candidat afro-américain,
Jessie Jackson qui ne pouvait pas espérer être candidat.
Sujet : Conclusion et Focus
Date : 21 /04/22
Conclusion – Etat des lieux du système politique en France
Le système de parti est-il transformé de façon historique ? S’agit-il d’une transformation structurelle
du système politique ou d’une mutation électorale conjoncturelle ?
Quelle est la nature du nouveau système partisan et politique ?
1) L’apport de la théorie des réalignements
La période est propice à des changements radicaux. Depuis une dizaine d’années, ces
mutations ne sont pas propres à la France. Ce phénomène bien plus global touche le système de
parti qui correspond à l’ensemble des partis en interaction qui structurent la vie politique. Les
familles traditionnelles ont disparu de la scène politique. En Grèce le parti PASOK qui représentait
le socialisme a du se refondre après avoir ses scores s’effondrer. Les partis de gouvernement
traditionnels sont également affaiblis dans de nombreux pays européens.
En observant le score cumulé, agrégé de ces partis sur deux périodes distinctes, il est mis
en évidence que les principaux courants de la droit modérée et de la social-démocratie sont en
déclin. Ce ne sont plus les forces dominantes et ont perdu leur statut historique. Sur dix ans en Grèce,
les deux partis en alternance qui représentaient 77% des suffrages aux élections législatives en 2009
sont arrivés à 47% en 2019. En France, en 2012, le Parti socialiste, EELV ainsi que Les
Républicains rassemblaient 84% des voix contre 34% en 2017.
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 Marc Millet Licence 1 Semestre 2
Des réalignements électoraux ont lieu conduisant à des transformations structurelles. Ces
bouleversements sont bien plus signi catifs qu’une alternance. Un chercheur de Grenoble a
complexi é le modèle des réalignements électoraux. Il soutient qu’il existe des périodes ordinaires
qui correspondent à un rapport de force stabilisé de part et d’autre d’un point. La compétition
électorale est marquée par une alternance. Mais il existe également des situations de réalignement
qui refondent la vie politique. Les changements brutaux remettent en cause les rapports de force. Le
réalignement électoral est une « séquence temporelle durant laquelle le système est déstabilisé ». Il
ne s’agit pas d’une transformation purement électorale. Le rapport de force des votes évolue.
Toutefois, les thèmes débattus ne sont plus les mêmes. De même, les partis politiques sont
transformés tout comme la relation entre les élites et les citoyens. Cette fenêtre de réalignement est
ouvert par une élection de rupture. Cette période extraordinaire se clôture par des élections de
con rmation après une période instable et d’incertitude.
Le réalignement intervient au terme d’un régime établi de longue date. L’environnement
sociétal produit des effets sur la vie politique. L’histoire a montré que l’économie comme lors de la
BAJARD
crise des Subrprimes en Grèce ou des évènements extérieurs comme la Guerre d’Algérie au terme de
la IVème République font pression sur le système politique. Les partis politiques sont inaptes à
répondre à de nouvelles demandes qui sont souvent sociales. Dans les années 1890, sous la IIIème
République, les mouvements ouvriers se développent. L’industrialisation est accompagnée de
revendications nouvelles. De nouveaux partis politiques prennent en charge ces questions.
Depuis 1870, cinq phases de réalignement ont été décelées. La dernière en date, au début
des années 1980, est remarquable de par l’élection de rupture de Mitterand qui introduit une
alternance. En 1984, l’élection européenne con rme ce bouleversement. Depuis lors, jusqu’en 2017,
des thématiques ont été stabilisées parmi lesquelles la domination du paradigme des lois du marché.
Les sociaux-démocrates se convertissent au social-libéralisme avec Tony Blair et avec le tournant de
la rigueur en 1983. L’Etat-providence reste omniprésent dans les débats avec notamment le
nancement des pensions de retraite. La question migratoire avec la domination de la logique de
fermeture des frontières a été lancée sous le septennat de Giscard d’Estaing qui met un terme à
l’immigration économique.
En plus de ces thématiques, le système politique est transformé. Le système politique
précédent, intervenu avec la cinquième République est marqué par l’absence d’alternance. Stabilisé
à partir de 1984, le système politique est spéci ée par une alternance chronique. Immanquablement,
le vote sanction a empêché toute reconduction de majorité politique excepté en 2007. Sarkozy se
positionne en réalité en rupture avec Jacques Chirac. De fait, le rapport de force électoral est
marqué par une bipolarisation gauche-droite et l’entrée en jeu d’un parti d’ultra-droite avec le Front
national. Les socialistes dominent sur les courants de la gauche radicale. Le Parti communiste
français s’effondre.
Deux hypothèses ont été formulées sur un nouveau réalignement électoral. L’hypothèse
d’un réalignement électoral est intervenue en 2007 lors de l’élection présidentielle. Certains
commentateurs considèrent assister à une élection de rupture. Pour la première fois depuis une
vingtaine d’années, le candidat de la droite modérée arrive à recapter une partie de l’électorat de
l’extrême droite. Cette hypothèse s’est cependant révélée être erronée. Ce mouvement de ralliement
n’a pas été con rmé. L’électorat frontiste s’est retourné vers le Front national. Pour comprendre un
réalignement électoral, il faut un temps de latence. Il faut poser un regard rétrospectif.
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L’année 2017 ouvre une phase de réalignement électoral. L’élection présidentielle de 2017
est belle et bien de rupture comme le révèle la géographie électorale. L’électorat du centre-droit et de
la démocratie chrétienne, majoritairement issu des Pyrénées orientales s’agrège à l’électorat du
Parti socialiste comme la Corrèze, la Dordogne qui étaient du bastion du parti. Les villes
universitaires comme Lyon, Nantes, Paris ont largement voté pour Emmanuel Macron. De plus, les
thématiques climatiques font en n surface. En 2022, l’élection présidentielle con rme les résultats
de 2017. Ce processus n’a pas été éphémère. La République en Marche a été mise en minorité lors
des élections locales de 2020 et 2021 bien qu’Emmanuel Macron ait amélioré ses scores du premier
tour. Par ailleurs, les partis structurant de la Vème République, le Parti socialiste et Les Républicains,
n’ont recueilli que 6% des suffrages.
Il faut attendre les résultats du second tour de l’élection présidentielle pour con rmer ces
résultats et même le début du quinquennat pour quali er le réalignement. Ce dernier correspond à
l’af rmation d’un nouveau courant politique avec l’arrivée de La République en Marche et la
recomposition du système de parti. À la sortie du nouveau quinquennat, si Emmanuel Macron est
réélu et que la force politique qui le soutient ne survive pas au quinquennat de son leader, le parti La
République en Marche aura davantage été, de fait de sa personnalisation, une ligne qu’un parti.
Dans ce cas, le centre-droit serait refondu sous la Vème République sous l’égide d’Edouard Philippe
et à l’image du Mouvement républicain populaire (MRP). Dans une autre hypothèse, la hiérarchie
des partis au sein de la droite et du centre pourrait être transformée. Le point de gravité pourrait être
au centre-droit de façon inédite, remplaçant la droite dite républicaine.
2) La nature du système politique
Il s’agit d’évaluer les conditions de cette transformation. Une première lecture estime que
la scène politique est marquée par des idées modérées portées par Emmanuel Macron. Le « en même
temps » est érigé en règle d’or. Paradoxalement, le système partisan est caractérisé par la
radicalisation du système politique. Il est possible d’envisager qu’Emmanuel Macron est plus à
droite que Les Républicains ou plus à gauche que le Parti socialiste. En 1976, Giovanni Sartori
explique dans Partis et système de partis que deux systèmes de parti dans les démocraties
européennes. Le système pluraliste modéré est opposé au système pluraliste polarisé.
Dans le premier, la distance idéologique entre les différents partis est relativement réduite.
Les différences ne sont pas telles qu’elles empêcheraient des alliances ponctuelles. La compétition
politique nit toujours par se jouer au centre. Pour l’emporter, il est nécessaire de modérer le
discours. Cette logique centripète est présente en Suisse, en Belgique. Le système allemand
caractérise ce système politique pluraliste modéré. En Allemagne, le parti libéral FDP s’allie de
façon alternative avec le SPD et le CDU-CSU durant les années 1970 et les années 1980. En
Allemagne, les fossés idéologiques n’empêchent pas de former des pactes qui réunit les partis les
plus importants. De grandes coalitions ont eu lieu en 1966, en 2005 et en 2013 en Allemagne.
Dans un système pluraliste polarisé, des distances idéologiques très fortes existent entre les
blocs. Dans ce système, des partis antisystème sont souvent opposés aux partis de gouvernement et
désirent changer de régime. Dans la logique centrifuge qui s’y applique suppose une tendance vers
les extrêmes. Ce système éclaire la bipolarisation qui régnait sous la Vème République jusqu’à
présent. Il est aussi possible que la position au centre soit tenue. La polarisation est encore plus forte
au sein des partis politiques qui ne peuvent pas faire d’alliance avec des partis d’une même tendance
politique. Les différences idéologiques sont telles que les partis extrémistes ne peuvent pas faire
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Marc Millet
alliance. Il est impensable que l’extrême gauche et l’extrême droite forment des coalitions. En Italie,
la démocratie chrétienne a ainsi tenu des positions centristes. Sous la IVème République, la troisième
force réunit entre 1947 et 1951 la SFIO, l’UDSR et le MRP.
En 2017, le système pluraliste polarisé avec un centre tenu prend place. La victoire d’un
courant modéré s’accompagne d’un mouvement de radicalisation. Le modèle de Sartori explique
cette logique de tensions. La montée des extrêmes est aussi un sous-produit du système partisan et
n’est pas uniquement due à la politique menée, à la crise sociale et politique. Le système de parti
produit des effets sur la vie politique.
Focus – Les élections européennes
1) Panorama – Données générales
Les dernières élections ont eu lieu en 2019. Il s’agit de comprendre les évolutions d’un
modèle explicatif. Les premières élections européennes en 1979 au suffrage universel direct est une
Licence 1 Semestre 2
électeurs. La loi de juillet 1977 instaure cette circonscription unique à liste nationale. En 2003, la loi
du 11 avril essaie de rapprocher les citoyens des institutions et donc des élus en mettant en place de
grandes circonscriptions régionales. Les fonctions sont largement repersonni ées. Cette
européisation des élections n’a en réalité pas in échit l’abstention avec de nombreux parachutages.
La loi du 25 juillet 2018 rétablit les dispositifs antérieurs avec un retour à une circonscription unique.
La dimension nationale de l’élection signi e que les questions nationales dominent la
campagne électorale alors que les questions devraient être relatives aux directives européennes, aux
réformes institutionnelles. Les discours sur le vote tendent à donner une signi cation à l’acte
électoral. Le vote est construit socialement. Les discours tentent de quali er l’importance du vote.
Les sondeurs construisent l’idée qu’il n’y aurait pas d’enjeu européen en tant que tel. Les questions
nationales compteraient avant tout. Durablement, les instituts de sondage ont quali é les élections
européennes de vote d’évaluation des gouvernants.
Les médias sont également des acteurs importants en relayant les sondages. Ils présentent
les européennes comme des élections sans enjeu. L’immigration, le chômage et la sécurité sont le

BAJARD
première mondiale. Pour la première fois, des électeurs de différents pays désignent les membres
d’une assemblée commune de façon directe. Cette première élection supranationale au suffrage
universel direct se fait sur plusieurs jours. Les résultats ne paraissent pas la même journée. Les
citoyens méconnaissent ces élections. Au Royaume-Uni, un tiers des personnes interrogées
déclaraient ne pas connaître le fonctionnement et les compétences des institutions européennes.
En France, ce scrutin proportionnel dans une circonscription unique est inédit. Puisque ce
mode de scrutin n’est pas à deux tours, les forces politiques ont pu s’autonomiser. Le Parti socialiste a
pu ne pas faire alliance avec le Parti communiste français en 1979. Le Parti socialiste ne s’appelait
pas tant socialistes que comme des personnes à sensibilité de gauche non-communiste. Les résultats
électoraux ont été relativement stables jusqu’en 2014. Les sociaux-démocrates du Parti socialiste
européen et la droite modérée du Parti populaire européen ont toujours eu la majorité à eux deux. Ils
se sont opposés mais ont dominé les élections jusqu’en 2019. La République en Marche émerge. Pour
la première fois, les partis traditionnels n’ont pas la majorité au Parlement européen. Les partis des
pays d’Europe centrale et orientale (PECO) ne se sont pas réunis en une même formation qui aurait
aboutie à un clivage entre partis des pays orientaux et des pays occidentaux. L’axe Rome-Tallin n’a
pas vu le jour lors des élections de 2004.
2) Le modèle des « élections de second ordre »
Quelle est la place de ces élections dans le paysage politique national ?
Des auteurs allemands se sont essayés à modéliser la spéci cité des élections européennes.
Jusqu’à présent, l’expression « élections intermédiaires » permettaient d’expliquer les élections
locales ou de mi-mandat. Ces élections n’aboutissent pas à une transformation de la politique
nationale sauf lorsque ce sont des élections de con rmation. De plus, elles sont extrêmement peu
mobilisatrices, étant marquées par l’abstention. En 2014, le taux d’abstention s’élève à 57% des
inscrits en moyenne. L’abstention n’a cessé de grimper passant de 39,3 à 57%. L’abstention est très
forte pour les pays d’Europe centrale et orientale. Les PECO connaissent une abstention qui s’élève à
hauteur de 70%. Dans certains pays, 80% de la population électorale s’abstient.
L’abstention est plus forte chez les pays qui n’ont pas été historiquement liés à l’intégration.
La faiblesse de l’implantation démocratique joue sur cette désaffection des élections. En France, des
remèdes ont été recherchés. Le mode de scrutin a été vu comme un moyen de remobiliser les
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plus souvent évoqués. En 2014, les grands médias nationaux ont refusé d’organiser un débat entre les
candidats à la présidence de la Commission européenne estimant que les sous-titrages conduirait à
un faible audimat. En 2014, dans une grande émission, les leaders nationaux qui n’étaient pas
candidats ont débattu. En 2019, La République en Marche a appelé à ce que les thématiques
européennes soient traitées par les médias.
De même, l’offre politique participe à la nationalisation des thématiques. Des candidatures
de convenance ont été mises en place. Les têtes de liste sont des leaders nationaux et démissionnent
après leur élection. Ils ne siègent pas après leur élection.
Ex : Jacques Chirac personni e les enjeux de l’élection avant de conserver ses fonctions originelles
Par ailleurs, les élections européennes ont servi de façon signi cative à placer les personnalités
politiques battues ou sans poste dans une logique d’attente. Une formule caractérisait les élections
européennes comme le « Pôle emploi des politiques ». Le parti offre un strapontin à des gures qui ne
connaissent pas ces dossiers.
Ex : Benoît Hamon à gauche en 2004 | Rachida Dati à droite
Des personnalités qui ne tirent pas leur célébrité de la politique sont placées sur les listes pour en
faire la publicité. Il peut s’agir de grands sportifs comme d’artistes de renom.
Dans certains pays, les élections européennes sont couplées avec d’autres élections. Dans
les Etats baltes, l’élection européenne a été placée le même jour qu’un des tours de l’élection
présidentielle. L’élection européenne est alors nationalisée. Durant la crise des Gilets Jaunes, l’idée
de placer un référendum lors des élections européennes a été étudiée. Historiquement, les élections
européennes ont été appréciées dans la logique des élections intermédiaires. En 2014, le Parti
socialiste qui arrive troisième derrière le Front national et Les Républicains avec 14% des suffrage est
sanctionné.
En parallèle, des formations politiques qui n’existaient pas dans le système politique voient
le jour dans le cadre de ces élections. En 1984, apparaît comme force durable le Front national. Pour
la première fois sous la Vème République, l’extrême droite réalise un score à deux chiffres. En 1979,
Jean-Marie Le Pen n’était pas parvenu à nancer sa campagne. En 1989 apparaissent sur la scène
politique les écologistes qui dépassent la barre des 10%. Les Verts s’implantent durablement.
3) Le modèle revisité » - Une normalisation des européennes
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Le modèle est-il toujours valable dans la période récente ?
Ces élections ne sont plus exceptionnelles. Le constat de 1979 n’est plus le même en 2019.
La nouveauté n’est pas la baisse de l’abstention après le pic d’abstention en 2014. L’abstention
intermittente est devenu relativement ordinaire. La spéci cité européenne n’en est plus une. Ce qui
était une exception est devenue la norme.
En outre, l’élection est en phase d’être européaniser. La prédominance des problématiques
nationales dans le débat est remise en question. Parmi les citoyens européens, les deux tiers sont
intéressés aux enjeux européens d’après les enquêtes d’opinion. Le problème ne vient pas des
électeurs mais des institutions médiatico-politiques. Les listes qui enregistrent les meilleurs scores
sont celles qui se sont positionnées quant aux enjeux européens et ne sont pas restées oues. Ainsi,
en 2009, François Bayrou a réalisé une percée tout comme les listes identitaires. Lors de la
consultation du référendum sur le Traité établissant une Constitution pour l’Europe, la
participation a été conséquente. L’ensemble de ceux qui ont voté simplement « NON » équivaut à
ceux qui se sont déplacés aux élections suivantes en 2009. Les élections européennes peuvent
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transnationales. Le modèle de désignation du président de la Commission européenne n’est pas
stabilisé.
Les partis critiques de l’intégration européenne jouent un rôle dans l’européanisation des
débats centrant leurs discours sur l’Europe. En 2014, l’af che du parti UKIP dénonce les méfaits des
directives de l’Union européenne. Les partis extrémistes européanisent le débat en remplissant une
fonction euro-tribunitienne. George Lavau a mis en évidence le rôle ambivalent du Parti
communiste français. Membre du PCF, il déclare que le ce parti désire la révolution prolétarienne en
prenant en charge les revendications de la classe ouvrière. Les modalités d’action du mouvement vont
à l’encontre de son objectif. Les ouvriers ne veulent plus la révolution en prenant part aux élections.
La prise en charge d’une tension diminue celle-ci. Les partis anti-Union européenne participent
paradoxalement à l’européanisation du débat en parlant beaucoup d’Europe.
Désormais le vote sanction n’est plus la norme. Il s’agit d’un élément parmi d’autres. En
2009, un vote sanction est détectable dans dix pays sur 27 et en 2014 dans douze sur 28. En 2019, le
Rassemblement national s’est plutôt bien maintenu. Ce troisième trait a décliné. Logiquement

BAJARD
mobiliser comme le montre les chiffres de participation qui s’élèvent à 70%. apparaissent de nouvelles formations politiques. En 2014 de nouveaux courants percent sur le plan
Le Parlement européen a toujours cherché à accroitre son pouvoir. Outre les traités électoral, leur permettant de s’implanter dans le paysage national. L’Afd obtient 7% des suffrages en
originels, des traités sont intervenus pour modi er le fonctionnement de l’Union européenne. En Allemagne, le Mouvement cinq étoiles 21% en Italie, SYRIZA 26% en Grèce. Au Royaume-Uni,
2009 entre ainsi en vigueur le Traité de Lisbonne. Ce Traité modi e les règles de désignation du pour la première fois un autre parti que le Parti travailliste et le Parti conservateur, UKIP, remporte
président de la Commission européenne. Il s’agit de mobiliser les citoyens en démocratisant les des élections nationales avec 26% des suffrages.
élections. Jusqu’alors, dans une logique de double investiture, les chefs d’Etat ou de gouvernement La normalisation des élections européennes est bien en marche. Le « modèle des élections
proposent un président dont la nomination est ensuite rati ée par le Parlement européen. Désormais, de second ordre » méritse d’être revisité. L’européanisation n’est cependant toujours pas acquise.
les chefs d’Etat doivent proposer un président en conformité avec les résultats des élections
européennes comme le prévoit l’article 17 alinéa 7 du Traité de l’Union européenne.
L’interprétation a minima suppose que les dirigeants dussent tenir compte des résultats
aux élections européennes et donc des courants du pôle qui arrive en tête. Ils ont une liberté dans le
choix de la personne. Les tractations diplomatiques se font à huis-clos. Au contraire, il est possible
d’imaginer que les chefs de gouvernement dussent désigner la personne qui a été voulue par le parti
arrive en tête. Les jeunes des différents partis pro-européen ont soutenu cette piste. Cette mobilisation
s’effectue à partir de 2009 pour essayer d’imposer cette idée. Les élections européennes deviennent
un moment de campagne pour la désignation du président de la Commission européenne. Les
élections européennes désignent la principale gure du gouvernement. Dans cette perspective, il est
nécessaire de parler de l’orientation politique de l’Europe. Un visage est mise sur cette dernière
contribuant à personni er l’élection. Ce deuxième a été quali é du spizenkandidat, du candidat
désigné qui peut être tête de liste dans un des Etats membres.
Dans certains pays, des débats télévisés ont eu lieu entre les différents candidats proposés.
Jean-Claude Juncker, luxembourgeois représentait en 2014 le PPE, Martin Schulz, allemand, le PSE,
Guy Verhofstadt, belge l’ADLE, Ska Keller, allemande le PVE et Alexis Tsípras, grec le PGE. Aussi,
le système du spizenkandidat a prévalu pour la première fois en 2014 avec la nomination de Jean-
Claude Juncker au poste de président de la Commission européenne. Or, cette désignation n’est pas
inscrite dans les traités. Tout dépend de l’interprétation qui en est faite. Entre temps est intervenue
une nouvelle élection européenne. En 2022, la présidente, Ursula von der Leyen de la Commission
européenne est issue du PPE qui est encore en tête mais n’était pas tête de liste lors de la campagne
électorale. Emmanuel Macron était contre considérant qu’il manquait pour cela des listes

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